L'Origine du monde/ Le Jardin d'épices/ Le Jardin des Délices
allez, je sors du purgatoire cet article du 27 janvier 2009, écrit 7 ans après la création de Père de Strindberg au Gymnase à Marseille le 22 février 2002, il y est question du Jardin des délices de Bosch, de l'Origine du monde de Courbet; j'ai rajouté des photos de Orlan (l'origine de la guerre, le baiser de l'artiste) et de Deborah de Robertis (le miroir de l'origine) et une captation de la rencontre entre Marina Abramovic et Ulay au MoMa en 2010; voilà de quoi inspirer les couples séparés
Courbet, Orlan, l'affiche de Père au théâtre 71 à Malakoff, Deborah de Robertis, Ya.Smine, le couple du Jardin des délices
performance initiée par Deborah de Robertis, le 15 décembre 2018 sur les Champs-Elysées; qui a la trique ?; le mot trique étant évidemment polysémique, offrant à chacun un petit miroir pour voir ce qu'il croit entendre; un face à face sans regard vers l'autre, deux mondes avant la guerre civile aboutissement de la guerre des classes que livre les hauts mineurs aux bas majeurs; imaginons comme en Russie, la Marianne a un miroir devant son visage, comment réagit l'effrontée qui lui fait face ?
Le spectacle a bien été créé mais pas dans la mise en scène de Cyril, disparu le 19 septembre 2001 à Cuba.
Les comédiens choisis par Cyril, François Marthouret, Anne Alvaro, Éléonor Hirt, Frédéric Poinceau, Victor Ponomarev, ... qui avaient déjà fait un travail à la table de 3 jours avec Cyril, début septembre 2001, n'ont pas renoncé au projet et Père a été créé comme prévu, joué dans la traduction de Cyril et Gunnila Nord, dans une mise en scène de Julie Brochen.
Plus de 70 représentations ont eu lieu dans une quinzaine de villes de France.
Merci à eux, 7 ans après.
Le Jardin des Délices ou le règne de l'amour
de Hieronymus Bosch
Le Peintre a été édité par Les Cahiers de l'Égaré, le 22-02-2002, pour la création de Père au Théâtre du Gymnase à Marseille.
Huit heures quarante. Zéro-huit-quatre-zéro. Il se souleva. Ses genoux lui faisaient de plus en plus mal. Articulations : métal rouillé qui pourrit. Il quitta la bibliothèque en boitant, traversa le couloir et pénétra dans son cabinet de travail. L’édition de luxe du Jardin des délices, ouverte à la page huit cent trois, l’attendait ainsi que ses lunettes, sur le bureau en chêne massif. Des corps nus et colorés grouillaient toujours dans l’eau du lac, mais ses yeux ne distinguaient que des taches, un mouvement abstrait. Il chaussa ses lunettes – car il goûtait l’expression – et fut surpris par le sexe des personnages, leurs ébats l’étonnaient. Peut-être parce qu’il était nu, et que son corps lui apparaissait dans sa réalité effrayante et sans appel. Alors qu’il avait passé de longues heures à scruter les détails de ce jardin, c’était la première fois qu’il le voyait avec une telle précision : corps blancs, corps sans âge, des sexes de bambins, un érotisme froid. Aucun homme ne bandait. Des peaux lisses, sans bourrelets, sans replis, sans veines ni sang, une jeunesse éternelle. Et il fixa encore son couple fétiche. Mélancolie oui, mélancolie de la vieillesse, peur de la mort. Une illumination matinale, fatigue, irrationnel. Voilà d’où vient leur effroi. Diurne, nocturne. Et sans s’en rendre compte, il ouvrit la bouche et se mit à respirer comme un cardiaque. (page 64)
Madelaine Musique d'après Lecture d'une femme de Salah Stétié, par L'Insolite Traversée, en 1993, au WOOLOO MOOLOO, dans une mise en scène de Cyril Grosse, filmé par Michel Bories, artiste-pe...
à partir de 3'30, Laurent Chouteau (Thomas Quyncett) évoque le couple du Jardin des délices de Bosch
Performance de Marina Abramovic au MoMA en 2010
Des visiteurs du musée viennent s'asseoir face à elle, pour qu'elle les regarde en silence pendant 60 secondes. Jusqu'à l'arrivée à son insu d'Ulay, un artiste allemand avec lequel elle partag...
Des visiteurs du musée viennent s'asseoir face à elle, pour qu'elle les regarde en silence pendant 60 secondes. Jusqu'à l'arrivée à son insu d'Ulay, un artiste allemand avec lequel elle partageait sa vie dans les années 70 et qu'elle n'avait pas revu depuis 23 ans.... Lors de cette performance, Marina Abramovic est restée assise à une table pendant 736 heures et 30 minutes. Près de 1400 personnes. Tel est le nombre de visiteurs qui se sont assis face à Marina Abramović lors de sa performance The Artist is Present en 2010. Pendant trois mois au total, huit heures par jour et six jours par semaine, l'artiste serbe restait assise en robe rouge sur une chaise, sans manger ni boire, devant les spectateurs qui se succédaient de l'autre côté de la table en bois, sans un mot. Devant ce tableau vivant mais silencieux, certains restaient quelques minutes, d’autres plusieurs heures. Si la séquence puissante entre l'artiste et son ex-compagnon et collaborateur Frank Uwe Laysiepen (dit Ulay), venu à son tour affronter son regard, a marqué les mémoires, un documentaire réalisé par Matthew Akers a fait entrer cette performance dans les annales, au point que celle-ci devienne l'une des œuvres les plus populaires de l'artiste révélée dans les années 70. Douze ans après l'avoir dévoilée au public, Marina Abramović rejoue The Artist is Present à New York et met deux places aux enchères pour collecter des fonds en soutien à l'Ukraine. Car pour l'artiste serbe, l’intime d’une performance est politique. Née en ex-Yougoslavie en 1946, Marina Abramović avait pour parents des leaders communistes impliqués dans l’offensive de Belgrade, visant à reconquérir la ville détenue par la Wehrmacht lors de la Seconde Guerre mondiale. C’est dans cet esprit d’engagement que l’artiste a construit sa vie et son œuvre. En octobre 2021, elle a notamment érigé un mémorial public à Babyn Yar (Kiev) où des milliers de juifs furent exécutés par les Nazis durant la guerre. Un an plus tard, l’artiste dénonçait les exactions russes dans une vidéo publiée le 24 février : “L'année dernière, j'ai travaillé en Ukraine et j'ai appris à connaître les gens là-bas…Je suis pleinement solidaire d'eux en ce jour impossible. Une attaque contre l'Ukraine est une attaque contre nous tous. C'est une attaque contre l'humanité et il faut y mettre fin.”