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Blog de Jean-Claude Grosse
Articles récents

D'une métaphysique pour vivre vraiment

26 Novembre 2006 , Rédigé par Jean-Claude Grosse Publié dans #essais

DU CHOIX D’UNE MÉTAPHYSIQUE
POUR DONNER DE LA VALEUR À SA VIE


Notre monde, notre époque, post-modernes pour certains, se caractérisent par la perte du sens et de la valeur. Le nihilisme et le relativisme conjuguent leurs effets dévastateurs sur les esprits qui ne croient plus à rien si ce n’est au triomphe du rien. Il y a là quelque chose qui semble profondément vrai : tout ce qui existe est voué à disparaître, ne laissant à terme aucune trace. Il n’y a pas d’être, il n’y a que l’apparence absolue, tout étant voué à la mort, au néant. Ainsi donc, il y a un nihilisme ontologique indépassable. Mais il ne se déduit pas de ce nihilisme que, tout étant voué au rien, rien n’a de valeur. Paradoxalement, cette destinée, cette destination n’influent pas sur ma liberté : voué au rien, mais vivant , pour un certain temps, inconnu de moi, j’ai toute latitude pour vivre ma vie, un don, comme je l’entends. La fin, connue, anéantissement, néantisation, ne détermine en rien mon chemin, mon parcours : c’est moi qui le dessine et rien ni personne, même si aucune trace ne subsiste, ne pourront faire que mon dessin n’a pas été dessiné. Cette métaphysique de l’apparence ne m’affaiblit pas, ne me mutile pas.
Au contraire, je découvre que la valeur et le sens de ma vie, c’est moi qui en décide : je peux être cause de moi-même, dessiner mon parcours même si je sais qu’il peut être interrompu à tout moment, brutalement. Je peux décider de devenir ce que je suis, de développer mes dons (ce dont la Nature m’a fait don, ne serait-ce que cette faculté commune à tous les hommes : penser). Il y a là une posture tragique : affirmer ma vie et mes dons, malgré la mort qui me guette, qui n’est pas dans l’air du temps. On aurait plutôt tendance à baisser les bras, à se laisser aller, à se laisser vivre. Tel n’est pas mon choix : malgré les terribles épreuves infligées par la mort, j’ai fait choix de travailler à la mémoire des disparus, d’inscrire ce travail dans un travail plus vaste de partage de ce dont je suis convaincu et que j’appelle pour le moment : gai savoir mais que je devrais appeler : sagesse tragique. J’invite ceux qui se sentent un peu dans cet état d’esprit à lire, méditer:

Jean-Claude Grosse

Ce portrait de Marcel Conche est dû à Jean Leyssenne.
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Bocal agité sur la mer

7 Mai 2006 , Rédigé par Jean-Claude Grosse Publié dans #bocals agités

Bocal agité sur la mer
le temps de l'écriture
Bocal agité du 6 mai au Café-Culture de Toulon, de 10 H à 16 H.
Thème : la mer.
En partenariat avec le Café-Culture, l’atelier d’écriture : cafetière à plume ,
avec la participation d’Alain Juillet, photographe (exposition  visible jusqu’au 12 mai au Café-Culture et le 13 mai à Saint-Mandrier ; et diaporama sur des pêcheurs au Sénégal),
en relation avec la fête du nautisme de Saint-Mandrier, le 13 mai, toute la journée, quai Séverine.
13 participants plus quelques visiteurs-spectateurs.
Déroulement :
présentation d’un diaporama par Alain Juillet
diaporama
consignes : distribution de 4 photos de mers du monde (photos de  JCG) par participant
                   distribution d’un livre sur Les représentations de la Méditerranée (10 livres, 10 pays du pourtour de la Méditerranée, 2 auteurs par pays : 1 romancier ou poète, 1 historien)
                   distribution de grands poèmes sur la mer de Valéry, Saint-John Perse, Odysseus Elytis, Lorand Gaspar, Yannis Ritsos, JMG. Le Clézio, Salah Stétié, Supervielle, Pablo Neruda, Jean Cocteau
                   lecture de 3 textes : Rimbaud, Cyril Grosse et JCG
production d’un texte d’une page à partir de ces matériaux
repas en commun avec ce que les participants avaient apporté
que faire des textes ?
mise en bouche et en espace des restes avec utilisation des textes du matin
bilan de la journée.
le temps de la lecture mise en espace

Le souffle du matin traverse, onde troublante
L’eau claire et endormie
Barque échouée, solitaire
Aux rives du Levant.
Le silence absolu m’étreint et l’horizon
Masque de l’infini les promesses joyeuses.
Mer porteuse de rêves
Navires transparents et galions orgueilleux
Poursuivant leurs chimères sur l’écume des Dieux.
Mer d’aquarelle
Noire, blanche ou bleue.
Dans la magie du soir
Tu épouses lascives les criques assombries
Et laisse dans le flot indolent
Ouverte la porte à ces départs oiseaux
Dans lesquels chacun, tel un Ulysse charmé
Par le chant de brume de sirènes enchanteresses
S’échappe loin, au-delà d’un horizon en mouvance
Qui recule à nos pas, qui s’éloigne
Inaccessible à nos avances.
Mer paresseuse, femme habillée d’écume
Ou gorgone tempétueuse qui crache ses embruns
Mère dont les flots protègent nos corps heureux
Et dont l’infini porte en son ventre arrondi
Nos échappées les plus belles
Nos sourires intérieurs
Ceux qui glisseront flamboyants
Sans quitter le port.
Annie
collage d'Odysseus Elytis pour son Sappho

La mer

D’où vient l’échec de ce qu’on désire ? Voir plus loin, voir plus vrai ?
La mer n’est pas le lieu où je viens chercher la sécurité. Elle ne l’a jamais été. Elle est autre, étrangère, presque dangereuse. Ses appels m’ont longtemps obsédée comme une non réponse, une envie de partir parce que plus rien ne retient à la terre. S’échapper dans cette mer blanche, pour qui cherche le blanc. Blanc comme le deuil dont on se pare pour oublier qu’il existe encore des possibilités de départ, d’infinis moments d’absence où se retirer.
Est-il suffisant d’avoir une carte d’identité pour se sentir attachée à sa terre ? Je ne pense pas mais à force de se sentir étrangère partout, on finit par l’être aussi dans ses rêves de départ.
La notion d’étrangeté remplace alors l’autre et le désir devient un leurre comme l’ombre du photographe sur la falaise dominant la mer ou la lumière du soleil se reflétant dans la vague avant qu’elle ne s’écrase sur la grève. Mes envies de départ sont comme l’hiver, métallique et lisse. Rien qui raccroche, qui laisse une prise. Juste un bruit de drisses qui susurre l’indécision, le manque. Perdue dans cette immensité, je m’acharne à transformer le livre en paroles vives, et ces paroles en se multipliant me rendent peu à peu muette et sourde.
En me retournant un peu, comme ça, l’espace d’un secret, je revois d’autres mers, d’autres rives, coulée d’or ou d’ambre, feu de pourpre et de sanguine incarnadin, mouvement d’indigo ou de violine. Je revois mes rêves de voyage échoués, inaboutis, fragments de vies inachevées et multiples qui m’ont faite, moi !
En m’imposant aujourd’hui le silence, sorte de couvre feu de ce qui aurait été, je pense avoir oublié cette attirance pour le danger. Je me sens soudain tel ce bibliothécaire arrachant les livres aux naufrages, grattant le papier et recollant les tranches pour un lecteur qui ne viendra pas. Vaine !
A moi de sortir de ce cadre comme la Vénus qui aurait bien offert son bras par amour s’il ne s’en était allé. A moi d’y croire encore, non comme un aboutissement mais seulement pour sortir mes pieds de la vase dans lequel le ras le bol finit par me happer.
Sylvie
collage d'Odysseus Elytis pour son Sappho

A cette photo floue d’autres doux visages se superposent, toutes ces femmes qui passent et qui m’échappent, comme le reflux des vagues laisse l’écume

De toujours, j’ai rêvé de tour du monde, d’images de rencontre et de solitudes. Il est comme l’horizon vers lequel on avance sans cesse, je le connais ce but ultime, ce cercle nu, sans bruit, sans vagues, ce miroir dans lequel je m’enfoncerais.

Suis-je responsable du temps, aurais-je le choix de prendre à droite de m’accorder cette trêve, de saborder le bateau.

Je veux encore des petits matins, l’étrave vers l’horizon contempler ces rivages prometteurs de visages souriant, de bonnes pêches pour flouter ce rêve et garder la distance.

Une mère m’a donnée la vie, je la rendrais à la mer, quand j’aurais épuisé tous ces bras aimant.
Yves

La mer vivante, féminine capricieuse, voluptueuse, tumultueuse, rageuse.

Tu frémis, tu palpites, tu rugis, d’autre fois langoureuse, caressante tu t’abandonnes sur le sable, tu en baves de plaisir, joie de rencontrer la terre.

T abandonnes sur le sable d’étranges arabesques, hiéroglyphes des dieux, d’autre fois folle de rage, tu délègues tes vagues et c’est la chevauchées fantastique, elles se poursuivent l’une l’autre avec frénésie.

Il ne fait pas bon t’approcher, pour ne pas subir ton courroux. Tu te répands en écume irradiant de ton haleine parfumée et étincelante tes amoureux qui voudraient t’admirer de trop près.
Cornélie

Un instant au goût d’éternité.

Elle sortit de la maison de pierres. Elle était très vieille. Le poids du temps s’appuyait sans scrupules sur ses frêles épaules. Elle marchait à petits pas saccadés, minuscule. Aussi petite que dans les champs des souvenirs de son enfance, toute voûtée.
La vie lui avait ôté tous ceux qu’elle chérissait. Mais elle, elle était debout. Après bien des tempêtes, elle se sentait enfin sereine. Debout, et elle entendait son cœur battre doucement.
La vie lui avait tout volé. Tout, sauf cette immense dame bleue, cette grande amie fidèle, ce premier souffle qu’elle observait et sentait depuis tant d’année sans se lasser chaque fois qu’elle ouvrait ses volets lourds, si lourds. Cette compagne fidèle qu’elle n’avait traversée que dans ses rêves, imaginant ses riches récits et les parfums de liberté qui étaient arrivés jusqu’à sa porte mais qui n’avaient fait que frôler ses narines.
Et aujourd’hui, ce petit bout de femme écoutait une fois de plus le clapotis des vagues, émerveillée, comme si c’était la première fois.
Elle l’avait aimée cette Méditerranée, bercée dans les draps de son lit de mystères. Elle avait vu les algues et les poissons se déchaîner dans des courants bleus poétiques.
Sous le soleil brûlant, elle s’allongea sur le sable fin et écouta… Les grises profondeurs lui renvoyaient des échos d’éternité. Un chant d’enfance qu’elle avait presque oublié. Le vent salé épousa ses larmes. Elle savoura ce pur instant de nostalgie, consciente qu’elle vivait là sa dernière minute de bonheur. Heureuse, car la mer ne se tairait jamais…
Carole

Bocal agité, eau et sable mêlés, eau salée bien sûr. Le bocal est posé sur la table, le sable se dépose, les algues se collent à la paroi.
Fallait-il la bouger la mer ? Sûrement pas !
Suis-je responsable des mouvements de lune ? Et des courants de la mer ? disait Cyril.
Je n’ai pas choisi, ni les photos, ni les livres, ni le rivage où je suis née. C’est le destin qui a guidé ma main vers la Turquie et le poète grec, frères ennemis. Mer au milieu des terres, voie royale des échanges des conquêtes, tu nous relies, tu nous écartes, tu es là immobile, présente, attirante. On te chante et on te fuit comme le mouvement des vagues. Neptune est ton roi et on le craint. Vite, je saisis le bocal et je cours vers toi te rendre la mer et le sable qu’on t’avait pris. Came-toi, ce n’est rien, c’était juste pour un instant de rêve et d’écriture. Repars vers les hauts fonds, laisse les hommes s’agiter sur tes rives, s’aimer et se haïr depuis la nuit des temps. Ils t’ont remplacé depuis longtemps par un dieu d’amour. Te eaux bleues sont rouges de sang et d’ordures mêlées.
J’emprunte au poète ses derniers vers :
À présent le déclin des Dieux
À présent la cendre de l’homme
À présent, à présent le néant
Et à jamais l’univers, l’infime, l’insondable.



Combien de temps encore pourrons-nous manger du poisson ?
Tous ces peuples qui vivent de pêche, que deviendront-ils ?
Le monde change avec la pollution. Ce n’est pas naturel.
Tous les pays du monde devraient être d’accord pour soigner la planète jour après jour, la surveiller sérieusement et trouver des solutions efficaces pour qu’elle aille mieux.
Combien de temps encore pourrons-nous faire des châteaux de sable sans que le sable soit pollué, courir sur la plage sans peur, respirer l’air du large, se faire bronzer sans risque.
Nous avons du mal à respirer.
L’être humain na va pas bien.
Nous survivons ?
Lidia


Alors que nous sommes là, assis, le crayon à la main, il y a quelque part et partout des endroits merveilleux.
C’est dommage que l’on ne puisse pas en profiter. Quoi de plus beau que le crépuscule sur la mer qui vire du bleu au violet puis au noir profond. Et l’aurore, quel enchantement ! Hélas, peu de personnes ont le plaisir d’assister au lever du soleil à l’horizon. Le ciel se pare de tons pastel. Tandis que l’astre amorce son ascension, la mer se pare de paillettes d’or à en faire pâlir le ciel.
La vie reprend, les algues se balancent dans le bleu de l’eau, les petits poissons engourdis s’éloignent, les rochers brillent et semblent se pâmer sous la caresse des vaguelettes.
Je suis née au bord de la Méditerranée, je la voyais chaque jour, chaque heure dans tous ses états. Lorsque l’on m’a obligée à m’en éloigner, je n’ai pensé à rien d’autre qu’à revenir près d’elle et j’ai tout quitté une seconde fois. Je me suis réfugiée dans sa vie, son odeur, son ciel et son soleil où dit-on la misère est moins cruelle.
Elle est la seule à calmer mes angoisses.
Mon vœu le plus cher est de mourir près de la mer et d’y reposer pour l’éternité.
Nicole


Elle est retrouvée, quoi ?
L’éternité
C’est la mer allée avec le soleil

Plongeons dans la vague éternelle. Plongeons au sein des marées.
Mare nostrum : toute une troupe de joies fidèles ressort de mes pensées.
De quand j’étais enfant jusqu’à adulte je devins, une tonne de poissons entre les mains.
L’eau me fit vivre une perpétuelle renaissance du cimetière marin de Sète aux sources de Djerba. L’oasis de Gabès me laissa pantoise car elle est faite d’eau douce et d’eau de mer. Un paradis !
Ainsi mer de chez nous on te dit bleue, noire et même blanche chez les arabes.
On a de toutes façons peur que tu te déshabilles à travers toutes les batailles livrées sur les rives. Rappelons un moment l’épopée grecque et Pénélope restée auprès des oliviers et puis aussi la puissance byzantine restée accrochée aux marches des églises de Venise. Quelle splendeur !
Danièle
sauf indication contraire, les photos sont de JCG

Seul, assis sur les galets de la grève, le regard perdu au loin, Christophe rêvait.


Il voyait sur le vaste océan, une caravelle naviguer vers des terres inconnues.

Son père lui racontait souvent les aventures des marins partis au loin. Les exploits intrépides de ces hommes, l’évocation de terres où coulaient l’or et le miel, Ulysse bravant les vents et les sirènes, avaient bercé ses rêves enfantins.

Il savait tout du grec, de Carthage, des phéniciens et des barbares qui tout au long des siècles avaient laissé leurs empreintes tout autour de la méditerranée .

Mais, cette mer fermée, berceau des civilisations,était trop petite pour lui.

En un court voyage, de Gènes à Séville, se décidait l’avenir de peuples inconnus.

Trois caravelles partirent

Ouragans, vagues énormes qui ballottaient les bateaux tels fétus de paille, et la faim, et la soif.

Un jour, la terre.

Sur le rivage, de petits hommes couleur pain d’épice.

Et, dans cette vallée de douceur, descendit l’exterminateur.

L’homme blanc s’installa, et, avec lui, ce furent le sang, la cendre et le pillage.

Les rêves d’ailleurs toujours plus beaux, le flux les emporte, le reflux les rapporte.

Mer d’hier, nourricière de rêves et de poissons, aujourd’hui tu accompagnes les marées de touristes tristes qui te violent et te salissent.

Mais, dans un petit village de pêcheurs préservé du temps, un petit Christophe, en réparant ses filets, rêve lui aussi d’horizons lointains.

« Que sont les siècles pour la mer » ‘(Victor Hugo)

L’homme orgueilleux, qui de son passage veut laisser la trace, oublie que les vagues effacent ses traces.
Hélène

Il n’y a pas de hasard….
Ce texte devant moi : éblouissant qui jaillit comme un dard planté dans le cœur.
Cet inconnu qui me parle. Ses mots sont si beaux que je ne peux plus en inventer d’autres ;
ce serait inélégant.

Il parle : « des rues qui sont des ports », « des instants navires », des mouvements de lunes », « de l’horizon inachevé ».

Il a compris la mer sous toutes ses formes.
La fuite, le rêve, les départs intérieurs que l’on ne perçoit pas physiquement mais qui secouent l’être avec une force immense, pour l’abandonner pantelant au bord de le grève.
Je vais donc « prendre à droite », comme il me le conseille.

J’ai choisi la photo d’un « phare ».
La lumière qui guide les hommes de la mer pour ne pas se fracasser sur les rochers.
Et qui guide aussi les hommes de la Terre pour ne pas perdre espoir dans la tempête de la vie.
Françoise


La lumière est tombée.
Elle a fait un grand « sfloc » par terre, un « sfloc » mouillé, vaguement dégoûtant. Elle s’est étalée, un peu par ici, un peu par là, irrégulière comme une carte. Oubliant, par ci, par là, un creux, une roche, une herbe.
La lumière est tombée, et les femmes sont en noir. La terre là bas se peuple de sirènes, silhouettes jetées comme des tâches d’encre à contre jour. La lumière étendue n’a pas de prise sur elles, qui marchent légères sans laisser d’empreintes. Ni sur la terre, ni sur le sable, ni sur l’eau.
Et cette foule qui bruisse, cette foule qui se masse, qui grossit et qui roule. Cette foule sombre qui gronde maintenant, et dont j’ai peur qu’elle crie,
Qu’en faire sinon attendre, se cacher derrière la dune ou la vache immobile couchée là depuis le commencement des temps ?
Qu’en faire sinon attendre, et voir enfin venir l’une contre l’autre et s’affronter ces deux forces, l’une qui rampe et l’autre debout, l’une qui se tait et l’autre qui hurle ?
Dieu a abandonné le gouvernail, et la terre roule et tangue, elle aussi incertaine, elle aussi emportée. Et la lumière et l’ombre, et la vache couchée, et moi cachée derrière, muette.
Véronique



Pour rappel,
bocal agité : Toulon


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BOCAL AGITÉ TOULON

20 Février 2006 , Rédigé par Jean-Claude Grosse Publié dans #bocals agités

Prochains bocals agités: le jeudi 15 avril 2006 au collège de La Farlède, avec une classe de 3°, sur le thème: Famille, je vous haime!
                                           le samedi 6 mai 2006 au Café-Culture de Toulon, sur le thème de la mer.

Consignes pour le
bocal agité

sur le thème du Printemps des Poètes

Le chant des villes
Les chants de Toulon


Samedi 28 janvier 2006 en partenariat avec
le Café-Culture de Toulon


1- Trouvez 10 mots ou expressions qui caractérisent, d’après vous, Toulon
2- Trouvez 3 mots ou expressions équivalentes pour vous à Toulon, Tout-en-long ; vous pouvez être dans le registre péjoratif ou au contraire laudatif ou encore les deux
3- Trouvez 5 personnages connus, évocateurs pour vous de Toulon
4- Quelle est la date la plus importante qui d’après vous, caractérise Toulon
5- Si Toulon était un homme, qui ?
6- Si Toulon était une femme, qui ?
7- Si Toulon avait un enfant adultérin, de qui ? qui serait cet enfant ?
8- Si quelqu’un faisait un enfant dans le dos à Toulon, qui serait-ce ? et quel serait cet enfant ?
9- À quelles chansons connues pensez-vous pour évoquer Toulon ? en bien, en mal ?
10- Quel site ou monument évoque Toulon pour vous ?
11- Quand vous pensez à la marine, quelle image vous vient à l’esprit ?
12- Trouvez un adjectif pour qualifier le dernier voyage du Clémenceau

Vous avez tous les ingrédients pour fabriquer votre chant de Toulon : ce peut être une chanson, un poème, un court texte dramatique avec des personnages, une courte nouvelle avec un début et une chute, un bref récit d’initiation ou d’apprentissage de la ville. Inventez votre forme qui ne devra pas dépasser 25 lignes, en intégrant un plus ou moins grand nombre des éléments dégagés précédemment.

L’agitateur: grossel

Voici les textes produits le matin et présentés en fin d'après-midi.


Un autre bocal a été programmé, au Café-Culture,  pour le 6 mai 2006 sur le thème de: La mer. Inscriptions auprès du Café-Culture, 2 rue Baudin à Toulon.

Je n'aime pas Toulon

Si le thème de cet atelier est Toulon, ce que je crois comprendre, bien que parfois je ne me soucie pas du thème et qu’il me sert à écrire « à côté », ou bien « contre », je dois dire qu’ici Toulon ne m’inspire pas. Et que, déjà que je ne chante pas, je n’y trouve rien à louanger. Alors, pourquoi pas, critiquons.
Je n’aime pas Toulon, elle s’attache à de tristes souvenirs : grise, sale, froide, moche, embouteillée, polluée, fermée, mal aimée, à refaire, à fuir. Et en plus, il y pleut, beaucoup, souvent, tellement qu’on y pressent la mousse et le lichen vert de gris, et que les balcons s’effondrent sur les passants.
Qu’elle soit tout en long, ça s’explique finalement : on n’y entre que pour en sortir, et malheureusement il faut du temps et de la patience pour accomplir ces deux actes erronés. Car la ville, qui refuse le monde, bloque l’entrée autant que la sortie. Cheminement du bol alimentaire, ça entre et ça sort comme ça peut.
Puisque Régine m’y fait penser, je ne vois qu’un homme important ou connu natif je crois de Toulon, c’est Raimu. Tristes statues également, et tristes places publiques, vides, malodorantes et mal-aimées, désertées par leur population.
Je ne connais pas de date, et je ne vois pas qui Toulon pourrait-elle être, je ne le souhaite à personne. Ni qui pourrait lui faire un enfant, je n’envisage pas un tel accident génétique…
Chanson, n’en parlons pas.
Le seul monument qui me revienne à la mémoire comme ça, c’est « cul vers ville ». Je ne sais plus son nom d’origine, ni d’ailleurs s’il en a un.
La marine est grise, et le Clemenceau, malgré son dérisoire, arrive à m’étonner.

Véronique
Souvenirs de Toulon


Son baptême se fit sous le signe de Telo et Martius, dieux de l’eau et de la fertilité

Louis XI la fit Française

François I° la vendit à Barberousse

Bonaparte la sauva des Anglais

De son port, partirent des armées, qui à la conquête de l’Egypte,
Qui à la colonisation de l’Algérie.

Ville de tous les temps,
Ville à contre temps.
Ville lâche, qui de la grande peste les juifs accusa et brûla
Ville courageuse, qui par un capitaine rebelle sa flotte saborda pour à l’ennemi ne point donner de ses navires le fleuron.

Ville d’accueil : Marins venus de tous horizons,
Peuples de toutes terres échouent ici à Toulon.

Port vers lequel, le reflux du temps ramenait les descendants pieds noirs à la terre de leurs ancêtres.

La cité, un triste soir de mai, trahissait la république dans le lit
d’un borgne haineux.

Des galères aux porte-avions, du bagne à l’arsenal, de la colère des ouvriers et des syndicats enfin unifiés en un combat commun à la scission de ses communautés, Toulon porte en elle l’histoire universelle de l’humanité.

Et, dans ses flancs, en un indécent voyage empoisonné, le « clem » emporte sur son pont les heures de gloire de la marine et
dans ses cales, le souvenir de son port d’attache, qui pour oublier son passé ne se construit pas d’avenir.

Hélène


C’est en 1965 à la clinique Saint-Michel à Toulon que j’ai pointé le bout de mon nez. Ah, il était heureux le paternel. Déjà deux pisseuses qu’il avait. Ne dit-on pas jamais deux sans trois ? Même si il était sacrément déçu, il m’a été rapporté qu’il n’a pas oublié d’arroser mon arrivée.

Toulon… Ce que j’allais t’aimer. Ce n’est qu’à l’aube de mes quarante ans que je me rends compte à quel point. Je lui ai fait un sacré enfant dans le dos à la ville natale en me fixant dans un village, charmant avouons-le, dans la vallée du Gapeau. Et Toulon ne m’en a jamais voulu m’accueillant toujours comme il se doit à chacun de mes passages.

Que de souvenirs d’enfance… Hier en écoutant un vieux tube des Bee Gees des tas de détails me sont revenus. Nous étions dans les années quatre-vingt. C’était l’époque de la folie du film « La fièvre du samedi soir ». J’habitais à la rue d’Antrechaus et les murs de ma chambre étaient recouverts de posters de John Travolta. Un peu qu’il était beau ! Avec mon amie Nathalie qui venait souvent chez moi et qui résidait à la rue des Boucheries, nous passions en boucle le quarante-cinq tours vinyle sur l’électrophone et à force le disque était rayé. Je devais mettre une pièce de vingt centimes sur le bras du pick-up pour que la chanson fasse un parcours sans faute. « Ah, Ah, Ah, Ah, Staying aliiiiiiive ». Dieu ce que nous chantions faux toutes les deux. Et mon père gueulait avec toujours beaucoup d’élégance dans la salle de séjour qui était tout à côté : « Putain, mais baissez moi ce son, bordel ! » C’était ça la jeunesse. Irrespectueuses, insolentes, arrogantes, nous perturbions ainsi le paternel qui préférait écouter le rossignol de Luis Mariano. J’en avais plus qu’assez d’entendre piailler son oiseau !

Nous résidions au quatrième étage d’un vieil immeuble. Mon beau siamois à force de jouer à chat perché avait fini par se retrouver aplati comme une crêpe au rez-de-chaussée. On dit qu’un chat retombe toujours sur ses pattes, mais c’est le bide bien gras de mon minet qui a amorti la chute. Mort sur le coup…

Nous n’avions pas de chance avec les animaux. Dans ce même appartement, ma tortue Sophie avait également rendu l’âme. Elle était sortie au début d’un printemps de son état d’hibernation, avec une bien mauvaise mine. On aurait dit qu’elle avait fumé la moquette. Pauvre Sophie !

Et notre saucisson à pattes. Lulu comme nous l’appelions. « Carole descends faire pisser le chien ». Non de non, les quatre étages à remonter avec l’escalier en colimaçon, ce n’était pas de la tarte. Lorsque je croisais Juliette, la voisine du troisième, je la saluais poliment. Mes parents m’avaient appris qu’il fallait toujours faire preuve de courtoisie à l’égard des personnes âgées. « Bonjour Madame BECH ». Et la vieille taupe aigrie ne me répondait jamais. Alors je me vengeais en marmonnant dans ma barbe « BECH la bêcheuse ».

Tiens, « Les marchés de Provence ». C’est Gilbert Bécaud qui chante. Il passe ça sur Radio Nostalgie ? Sacré Cours Lafayette à l’époque quand j’accompagnais maman au marché, j’adorais tirer son caddie. « Laisse-moi faire maman ». Par contre, lorsque nous remontions vers le boulevard de Strasbourg et que le caddie était plein à craquer, je ne me faisais pas prier pour lui céder le fardeau !
Quel bonheur ! Quelles bonnes odeurs sur ce beau marché! Que de couleurs ! Que de brouhaha ! Je revois le visage de la grosse Adèle, la marchande d’olives qui était l’amie d’enfance de ma mère. Maman était très discrète et Adèle une vraie « poissonnière ». Mais il est bien connu que les contraires s’attirent, se complétant ainsi.

Je me souviens également des longues promenades les soirs d’été sur le port en compagnie de mes deux sœurs aînées. « Quiou, Quiou… » Les cris des mouettes, les pompons rouges des casquettes des marins qui dansaient et ce sacré Cuverville toujours tourné vers l’avenir et il a totalement raison entre nous !

En période de fin d’année, ma mère avait, un après-midi, fait la rencontre du père noël en personne sur la Place Puget. J’ai toujours le cliché sur lequel dans un long manteau matelassé, un petit sac serré contre moi, je suis collée contre un grand monsieur qui peut être est mort aujourd’hui, allez savoir ! J’ignore quelle était la couleur de ce manteau, la photo étant en noir et blanc. Mon sourire est de loin le plus « bécassou » de la Terre.

En remontant la rue d’Alger ce matin, j’ai revu le Monoprix, la rue qui grouillait de monde lorsque nous descendions en ville le samedi après-midi et une bonne odeur de beignets et de pralines est venue chatouiller mes narines.

Papa, tu n’es plus là mais tous nos bons moments font leur plus beau bras d’honneur aux images noires de la maladie et c’est de ma classe de musique de quatrième au collège Peiresc, sous le regard attentif de mon professeur, Madame CHOUETTE, que je te joue une délicieuse mélodie à la flûte…

Carole

Si Toulon

Des milliers de spectateurs, hier sur les plages du Mourillon, ont pu assister à la scène la plus spectaculaire, du dernier film de Georges Lucas. A grand renfort d’effet spéciaux, de fumigène, d’explosions et d’attaque simulée d’avions de l’aéronavale. Le porte-avion « Clemenceau » à été coulé au beau milieu de la grande rade en face de la batterie basse. Parmi les spectateurs les trois mille supporters britanniques venus encourager leur équipe pour la demi-finale de la coupe d’Europe de rugby qui aura lieu demain entre le RCT et les WAPS de Londres, ont été médusés par cet évènement exceptionnel du grand réalisateur américain.
Les clubs de plongée de la région se réjouissent déjà de cette nouvelle attraction qui devrait attirer grand nombre de touristes par 30 mètre de fond.

Tandis que Tom Cruise et Bruce Willis, les vedettes de cette super production signaient des autographes sur la terrasse du Chantilly, les nombreuses admiratrices envahissaient la petite place Puget pour contempler un instant leurs idoles.
Au lendemain de l’inauguration du deuxième tube du tunnel et de la nouvelle gare TGV, on peut vraiment dire que Toulon a retrouvé le bon sens.

Yves

La traversée de Toulon, ce n’est pas du gâteau. Surtout comme aujourd’hui où la pluie tombe sans discontinuer. Les voitures roulent au pas et plus que jamais, les automobilistes « inventent » leur propre code de la route. Heureusement que j’écoute la chanson de Gilbert Bécaud : « Les Marchés de Provence ». Dans ces fameux marchés, très colorés, les gens s’interpellent à haute voix et dans le vieille ville, grouillent des cafés où la population cosmopolite, échange, dans diverses langues, ses idées et ses souvenirs.
Vivement que le soleil revienne. Un bon mistral chassera nuages et pluie et bientôt, le beau temps arrivant, les cigales chanteront à nouveau.
Ma voiture passe devant le Lycée Bonaparte et la porte de l’Arsenal ne se trouve pas très loin. A cet instant, je repense au sabordage de la flotte de Toulon. J’ai tout le temps pour laisser vagabonder mon imagination. Toulon, ma foi, serait une belle ville, si en se promenant, il ne fallait pas baisser la tête pour éviter les crottes de chiens. Un Martien devrait nous envoyer un gentil génie pour mettre un peu d’ordre dans Toulon et améliorer sa mentalité. Pourtant, depuis mon arrivée dans cette ville en 1965, j’ai appris à l’aimer. Il y a beaucoup de choses à voir et les touristes qui passent par Toulon, vont souvent visiter le Mémorial du Mont Faron.
La circulation n’avance pas. A la radio, on évoque le dernier voyage du Clemenceau et, instinctivement, l’adjectif « scandaleux » me vient à l’esprit. Chirac, à Paris, n’aurait-il pas dû éviter cela ?
Tout en continuant d’avancer lentement, deux figures légendaires mais différentes me viennent en tête : l’ancien maire de Toulon Maurice Arrecks, qui malgré ses magouilles, a fait beaucoup pour sa ville, et Danièle De March, dans l’opposition, femme dynamique, intègre et sincère.
Comment faire encore plus aimer et embellir Toulon ? J’imagine Vénus sortant des eaux et étendant ses longs cheveux sur la ville pour lui apporter beauté et douceur. Quant à celui qui pourrait la bénir avec patience et persévérance, cette ville qui m’a adopté, ce serait pour moi, le Rabbi Baal Shem Tov, homme très pieux et qui était persuadé que la foi faisait des miracles. Pourquoi ne pas y croire et espérer ? Tout n’est pas utopie !

Bijou


Une ville en bordure de la mer, étalée tout en long avec des quartiers en ordre dispersé.

Dans cette ville se mêlent diverses influences, la marine militaire qui occupe une partie de la rade, le port abrité des vents et du bruit, le cosmopolitisme de la population venue de divers horizons. L’ombre des anciens personnages qui ont marqué la ville de leur empreinte, Clemenceau, qui a laissé son nom à des rues et à un bateau, Raimu qui a sa statue près de l’opéra, Félix Mayol, l’artiste qui a laissé son nom à un centre commercial, Jean Aicard qui a écrit le personnage de Maurin des Maures, Thyde Monnier qui a décrit Toulon et ses environs dans ses romans. Enfin en 1962 l’arrivée massive des pieds-noirs, chassés de l’Algérie devenue indépendante, a apporté un souffle nouveau à la ville.

Si Toulon était un homme ce serait Raimu, qui a su laisser un souvenir inoubliable en tant qu’acteur

Si Toulon était une femme ce serait Ginette Leclerc qui a joué des personnages de femmes cherchant la nouveauté et la diversité.
Gilbert Bécaud évoque aussi les marches de Provence
Le site du Mont Faron qui surplombe Toulon symbolise le rôle de surveillance de la ville. L’opéra, pôle artistique, ambassadeur de la culture et enfin la marine évoque la protection militaire et les échanges commerciaux et touristiques, ainsi que le dernier voyage du Clemenceau fort difficile et très contesté.

Corinne



J’ai vu un kaléidoscope sans âme
Où se tressait en filigrane des amitiés inachevées.
J’ai vu des rues désertées et sales
Dès que le jour tombait.
J’ai écouté un accent qu’on m’a raconté chantant,
Je l’ai trouvé vulgaire !
J’ai touché la mer d’un doigt
En laissant mes empreintes sur le sable
Et je ne les ai pas retrouvées.
J’ai senti le vent sur ma peau
Chassant les nuages et le gris,
Longtemps j’ai rêvé qu’il m’emporte loin d’ici.
J’ai senti l’amertume de ces inconnus
Déposés aux pieds d’une Mairie
Triangle étrange de haines localisées
Se jurant qu’on ne les y reprendrait plus.
J’ai goûté la solitude des anges exilés,
Ceux qui font silence quand le rideau glisse
Attendant quelque argent
Pour reprendre la route.
J’ai aimé reconstruire cette ville,
Ecouter son histoire
Avant d’y caser la mienne.
Je ne m’y sens pas mieux pour autant
Mais le jour s’est levé sur cette étrange idée !

Sylvie

LE CHANT DE TOULON

Pardonnez-moi, je ne suis pas inspirée par le sujet de ce jour.
Je suis depuis peu dans cette ville, je n’ai pas encore eu le temps d’aller à sa découverte. Je l’ai programmée le 8 Février avec un guide local.
Je marche beaucoup.
Premier constat, ville toute en longueur (d’où son nom)
L’agrément, la mer, les odeurs, le soleil toute l’année et pas de moustiques ou si peu.
Je commence à parler avec Monsieur ou Madame tout le monde et je suis reconnue : la dame en rouge. Peu à peu je me fonds dans le paysage. On me demande parfois les directions ou les rues. A me voir l’accent ne compte pas.
Point particulier, le maire de Toulon, Monsieur FALCO a pris ses fonctions le jour de mon arrivée, c’est devenu un lien entre nous.

Grâce à nous…..la ville est rénovée, la propreté faite, mise en état des voies, des places, changement de bus, développement des activités touristiques, exécution de travaux ébauché par l’ancienne municipalité ? Mais, également, guerre qui ont envahi la cité, en particulier aux environ du port.
Je vous précise, il s’agit des rats et des souris, des tonnes d’insecticides ne suffiront à les exterminer.
Pour moi Toulon est une nouvelle vie.
En cinq ans j’ai pu constater son évolution : la gare routière, progrès important pour la circulation, resteront les problèmes de parking et le deuxième tunnel.
J’allais oublier le Clemenceau fleuron de notre pays, qui nous quitte.
Quelque soit l’évolution de la ville, il y aura toujours des contents et des mécontents, la discussion engendre le progrès.
Que suis-je venue chercher ici ? Un renouveau, une fin de vie, l’Amour….. Et pourquoi pas ? Le plaisir de vivre, m’intégrer, partager mes connaissances et me faire accepter par mon environnement
Le café culture est ma dernière découverte.
Je l’apprécie beaucoup, on m’a tendu la main en toute simplicité, sans chercher d’où je venais. Pour cela aussi je vous remercie.

Edwige

Ô Toulon, ça sonnerait presque comme une chanson de Nougaro mais quand on prête l’oreille c’est plutôt la guimauve de Patricia Carli qui parlerait de la Perichole. Voila ce que m’inspire Toulon, une fille de joie de la rue Chevalier Paul à la grande époque de la marine triomphante et internationale. Cette fille de joie qui s’est envoyé en l’air avec le loup à poil brun puis est finalement retournée dans les bras de son amant régulier, héritier des années folles des marchés publics frelatés.
L’image des cartes postales qui montrent la rade la plus belle d’Europe selon la prose des dépliants touristiques, le marché provençal chanté par Bécaud. Cuverville regarde vers le grand large tandis que Raimu adossé au théâtre écoute les roucoulements de Francis Lopez.
De Vauban à Bonaparte jusqu’au sabordage de la flotte, les bombardements alliés pour ouvrir un boulevard à Leclerc puis pour finir en beauté une dernière croisière empoisonnée du Clemenceau sur l’air du crépuscule des dieux.
Enfin Toulon, je t’aime moi non plus.
Patrick
Toulon, la pathétique

Le Clémenceau - Hier, majestueux, glorieux, craint, respecté sur toutes les mers du monde, amarré, aimanté à Toulon.
Aujourd’hui, largué, sabordé, pris d’assaut, amianté, apatride.
200.000 dollars pour franchir le canal de Ferdinand. Pas arriver à Alang. Revenir à Brest  par le Cap de Bonne-Espérance: un comble!
Que d'argent, de déshonneur!

Voyage au bout de l’enfer pour ma grosse carcasse méprisée.
Honte aux décideurs, aux  galonnés, à la France. Au tour de l'ex-France! Puis ce sera le tour du de Gaulle avec ses réacteurs...


L'amiral de Saborde, photo du bas à gauche.

de Laborde  -  Ne rompez jamais les amarres.Ne prenez jamais le large.

Rivés à vos rivages à jamais, prêts à vous saborder, bateaux de guerre de la Royale, restez fidèles au Maréchal.

Le Strasbourg, navire amiral labordé sur ordre de l'amiral de Saborde, abordé par un char de la Wermacht.

Dumont d'Urville  -  Taratata. Entendez l’appel du large. À la découverte. À la conquête.

À l’assaut. Colonisez l’Algérie, les îles à paradis.

Vauban 
-  Toulon, mon port de guerre pour la plus belle rade d’Europe.

Écoutez ma chanson : Trois petites notes de musique………militaire pour effrayer l’ennemi, soumettre l’infidèle, civiliser le sauvage, plaire aux femmes à matelots, mettre en rangs les matelots sans femme.

Raimu - Et Pomponnette dans tout ça ? Pourquoi, elle vadrouille sous les étals du cours Lafayette, dans les rues de Chicago, sur les toits du Mourillon.


Hugo Galèje, va, avec l’accent. Quels yeux as-tu pour ne pas voir les Misérables, ceux du bagne, ceux des cités : La Beaucaire, Le Guynemer, Les Œillets ? Ils ne veulent plus de cette ville en archipel avec ses bourgeois au Faron, ses amiraux au Cap Brun, ses SDF à la gare, ses matelots à la colline Saint-Pierre, ses gitans à La Ripelle, ses fous à l’Arthémise, ses fans au Zénith Oméga, ses supporters à Mayol, ses branchés à Châteauvallon, ses ringards à l’Opéra.

Ce qu’ils veulent, c’est Tous ensemble, place de la Liberté, au rendez-vous de la fraternelle Égalité.

L'homme de là-haut
- Ville immobile, impossible. À la remorque des loosers sans envergure auxquels elle se donne.


La tragédienne est venue
- Là-haut sur la colline inspirée, j’ai interprété la tragédie d’Eschyle : Les villes mortes se ramassent à la pelle. J’étais semblable à Cassandre : personne n’a entendu ma voix, emportée par le mistral déboulant du mont Caume.


Cuverville
-  Au cul, Toulon. Regarde au-delà de l’horizon.

Les photos du sabordage de la flotte à Toulon, le 27 novembre 1942, ont été réactualisées avec un N° spécial des Cahiers de l'Égaré, édité pour le Théâtre à vif - Agora du 27 novembre 2002 à La Maison des Comoni, le théâtre du Revest. Ce N° est épuisé mais, on trouvera sous peu sur ce blog des documents issus de cette soirée qui rassembla 150 personnes et dura 3 H. Soirée non annoncée par Var-Matin.
Maurice Hubert


Photo JCG prise au Cape of Good Hope, été 2003. L'autruche fera l'autruche quand passera Le Clémenceau et qu'un sous-marin inconnu le coulera dans les eaux profondes.



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BOCAL AGITÉ VIEMORTMÊLÉES

13 Février 2006 , Rédigé par Jean-Claude Grosse Publié dans #bocals agités

BOCAL AGITÉ VIEMORTMÊLÉES
Bocal agité du 11 décembre 2005 aux Chantiers de la Lune à La Seyne
 
Delaviedelamortmêlées

Consignes :

1- Énumérez 10 souhaits de vie. Donnez une explication pour un seul des 10
2- Énumérez 10 peurs de mourir. Donnez une raison pour la dernière
3- Mêlez vos deux énumérations (l’alternance n’est pas nécessaire)
4- Rédigez votre épitaphe en 70 à 100 signes en disant Je , une autre en disant Tu, une dernière en disant Il ou Elle
5- Racontez une anecdote de vie en 100 signes que vous aimeriez marbrer dans le grave
6- Quelles premières paroles aimeriez-vous avoir prononcées
7- Quelles dernières paroles aimeriez-vous prononcer
8- Quelle est la parole, réelle ou imaginaire, dont vous êtes le plus fier
9- Quelle est la parole, réelle ou imaginaire, dont vous êtes le moins fier
10- Rédigez l’épitaphe en 70-100 signes de votre père qui vous battait, puis de votre mère qui vous gavait, puis de votre mari ou femme qui vous trompait, enfin de votre enfant qui vous a déçu. Vous finissez, une fois sur deux, par : je te pardonne ou je ne te pardonne pas
11- Listez les 10 choses que vous aimeriez faire avant de mourir
12- Il vous reste 1/4 H à vivre. Que faites-vous ?

 

Quelques résultats de ce bocal :

1- j’aimerais vivre en bonne santé jusqu’à l’arrêt cardiaque
2- j’ai peur de mourir en souffrant
3- j’aimerais continuer à vivre avec toi
4- j’ai peur de mourir abandonné
5- j’ai peur de mourir avant toi
6- j’aimerais que notre amour du premier jour dure jusqu’à notre dernier jour qui sera le même dernier jour
7- j’aimerais vivre dans un monde plus juste,plus égal, plus fraternel
8- j’ai peur de mourir de mort horrible infligée par la folie froide des hommes de pouvoir et de guerre, au gaz, au feu, au froid, au napalm, à la fragmentation, à l’irradiation
9- j’ai peur de mourir dans une guerre civile, par déchaînement de haine, épuration, exécution sommaire
10- j’aimerais que les Etats-Unis soient punis par le dieu qu’invoque Bush
11- j’aimerais que la planète se rebelle, qu’il y ait plus de catastrophes naturelles dans les îles à cocotiers et dans les paradis fiscaux
12- j’ai peur de mourir d’une pandémie, contaminé par des virus, des microbes, des bactéries, bouffé par prolifération de l’infime métastasant et mutant
13- j’aimerais que les Français se ressaisissent :ils sont en train de déconner un max
14- j’ai peur de mourir chaque jour un peu plus

Première parole : C’est un peu tôt, je ne suis pas prêt
Dernière parole : C’est un peu tôt, je ne suis pas prêt

Épitaphes : J’ai vécu ma jeunesse/ ma vieillesse/ aimant et simple/ j’ai eu mal au monde/ je m’en suis détaché
Tu as été un éclair/ un amer/ un fanal/ un carrousel/ un aimant
Il est apparu à son insu/ il a disparu à son insu/ sorti du paradis des innocents/ il a rejoint l’enfer des coupables

Épitaphes :
Papa
Je voulais pas faire de premiers pas
Pourquoi tu m’as tendu tes bras
Pourquoi tu m’as ensuite battu
Je t’ai pas pardonné
Pourquoi tu t’es pendu

Maman
Tu m’as gavée
Suis devenue oie
Pas devenue moi
T’ai répété toi
Te pardonne pas

Mon homme
Par d’autres femmes
Tu t’es fait sauter
Mais tu me souriais
C’était si doux
Je te pardonne

Mon fils
Tu étais mon espoir
Ingénieur ingénieux
Je te voyais
D’overdose t’as fini
Te pardonne pas

Avant de mourir, je voudrais retirer mon argent de la banque et le planquer dans le jardin :ça les ferait chier tous ceux qui me voient déjà crevé pour hériter. J’aimerais écrire une lettre d’injures au maire, au président français, au président américain.J’aimerais me laver les dents, me raser, prendre une douche, faire un repas sympa, boire un coup en disant à votre santé et claquer. J’oubliais : pisser un coup et chier aussi une dernière fois en lisant le Financial Times.
Victorine Engel

10 souhaits de vie

1° Je souhaite faire envie parce que c’est toujours agréable d’être en complicité, en connivence, en phase, en forme.

2° Je souhaite garder le sourire parce que c’est très lourd le repli, la sale gueule, le silence, l’ailleurs, le rejet, l’absence quand on est là.

3° rassembler parce que c’est ennuyeux d’être seul, de ne plus être, d’avoir été, de ne pas mourir à ses certitudes, de ne pas déranger ses opinions, parce que c’est salutaire de se nourrir.

4° Agencer la beauté parce que c’est le bordel d’enjamber, de chercher, de se faire bouffer par les souris et emmerder par les mites.

5° Accepter de redécouvrir et rechercher encore ceux qui me sont donnés, ceux qui sont là, ceux que je suis allé rejoindre.

6° Apprendre pour ordonner ma tête et agrandir mes champs, pour parler les langages des autres, des mondes éloignés de ma culture.

7° Harmoniser pour la paix intérieure, pour la paix des voisins, pour la paix familiale.

8° Rencontrer pour être surpris, pour me renouveler, pour écouter.

9° Je voudrai accueillir pour partager.

10° Je voudrai être à l’aise, dans mon élément, dans ma liberté, dans ma joie, dans la création.



10 peurs de mourir

1° J’ai peur de mourir en étant désagréable, en ronchonnant.

2° J’ai peur de mourir en regrettant.

3° J’ai peur de mourir avec les malentendus.
4° J’ai peur de mourir seul.
5° J’ai peur de mourir longtemps.
6° J’ai peur de me scléroser et de juger.
7° J’ai peur d’être surpris au milieu d’une préparation sans queue ni tête pour le garde – champêtre, pour l’aide ménagère, pour les enfants.
8° J’ai peur de mourir défiguré.
9° J’ai peur de mourir maintenant alors que nous n’en sommes qu’à la deuxième consigne.
10° J’ai peur de mourir pendant que la bourse baisse et que les loyers augmentent parce que je n’arrive pas à oublier que le fruit des années, c’est ce qu’on peut donner, c’est ce qu’on peut transmettre, que j’aime la plus-value alors que j’ai promis publiquement de me dépouiller pour aller trouver la richesse ailleurs que dans le porte - feuilles, que j’ai dépossédé du bonheur.


Mêlon des 20 phrases

Je souhaite garder le sourire parce que c’est très lourd le repli, la sale gueule, le silence, l’ailleurs, le rejet, l’absence quand on est là.

J’ai peur de mourir en étant désagréable, en ronchonnant.

Je veux rassembler parce que c’est ennuyeux d’être seul, de ne plus être, d’avoir été, de ne pas mourir à ses certitudes, de ne pas déranger ses opinions, parce que c’est salutaire de se nourrir.

J’ai peur de mourir longtemps. Je veux accepter de redécouvrir et rechercher encore ceux qui me sont donnés, ceux qui sont là, ceux que je suis allé rejoindre.

J’ai peur de me scléroser et de juger.

Je veux agencer la beauté parce que c’est le bordel d’enjamber, de chercher, de se faire bouffer par les souris et emmerder par les mites.

J’ai peur de mourir défiguré. Je veux apprendre pour ordonner ma tête et agrandir mes champs, pour parler les langages des autres, des mondes éloignés de ma culture.

J’ai peur de mourir maintenant alors que nous n’en sommes qu’à la deuxième consigne. Je voudrai accueillir pour partager.

J’ai peur de mourir pendant que la bourse baisse et que les loyers augmentent parce que je n’arrive pas à oublier que le fruit des années, c’est ce qu’on peut donner, c’est ce qu’on peut transmettre, que j’aime la plus-value alors que j’ai promis publiquement de me dépouiller pour aller trouver la richesse ailleurs que dans le porte - feuilles, parce que j’ai dépossédé du bonheur.

Je souhaite faire envie parce que c’est toujours agréable d’être en complicité, en connivence, en phase, en forme.

J’ai peur de mourir en regrettant.

Je veux harmoniser pour la paix intérieure, pour la paix des voisins, pour la paix familiale.

J’ai peur d’être surpris au milieu d’une préparation sans queue ni tête pour le garde – champêtre, pour l’aide ménagère, pour les enfants.

Je veux rencontrer pour être surpris, pour me renouveler, pour écouter.

J’ai peur de mourir avec les malentendus.
Je voudrai être à l’aise, dans mon élément, dans ma liberté, dans ma joie, dans la création.

J’ai peur de mourir seul.

 
Consigne n°4 La parole dont vous seriez le plus fier

Je t’aime

Consigne n°5 La parole réelle ou imaginaire dont on a honte

Un jour, je te promets que je t’aimerai, un jour. Je sens que cela vient.

Consigne n°6 Quelles ont été mes premières paroles

Vous ne pourriez pas mettre mon petit lit dans une autre chambre ?
Avec du recul, ça ne devait pas être aussi simple.

Consigne n°7 Quelles seront les dernières paroles qu’on aimerait dire ?

Vous ne pourriez pas venir faire du théâtre, de la peinture, de la musique dans ma chambre ; avec cette perfusion, ça ferait un peu misère de mettre mon lit dans la cuisine.

Consigne n°8 Son épitaphe entre 66 et 103 signes

Je suis encore sur le fil tendu en espérant qu’au loin il peut vibrer une musique

Tu es descendu funambule, la corde raide joue encore pour une nouvelle partition

Jean fait rire, Michel fait pleurer depuis le début jusqu’à toujours. Souviens-toi des larmes de joie

Consigne n°9 L’épitaphe pour mon père, il m’a battu et cela m’a marqué

Tu m’as battu en intransigeance tu n’y as pas gagné en estime
Tu es pardonné parce que je ne suis pas encore au bout du chemin.

Pour ma mère qui m’a gavé

Tu m’as refilé le cholestérol
Du service de la viande au souper j’ai gardé le plaisir de la chair
C’est toi qui juges

Pour votre amour qui vous a trahi

Tu as cru m’aimer plus que tout autre, ça fait très mal
Je ne te pardonne pas d’avoir eu raison

D’un de mes enfant qui m’a déçu

Tu aurais pu manger davantage
On aurait continué pour de vrai à s’engueuler et à s’adorer
Je te pardonne


Consigne n°10 Les 10 choses que l’on aimerait faire avant de mourir

Prendre mon petit - enfant dans mes bras puis par la main
Avoir un beau potager fleuri
Ne plus dire « Ah, ce n’était pas avec toi ? »
Aimer sans mesure
 
janmichmuch
 
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BOCAL AGITÉ TERRE MANGÉE

13 Février 2006 , Rédigé par Jean-Claude Grosse Publié dans #bocals agités

Bonjour,

Un bocal agité est une forme imaginée par Moustapha Aouar de Gare au théâtre et expérimentée un bon nombre de fois.
Un bocal n'est pas nécessairement thématique; c'est moi qui ai proposé à Mouss d'expérimenter cette formule avec le bocal agité algéro-varois de juin 2002 dont il reste une trace imprimée, un livre publié par Gare au théâtre. Le thème avait été: 40 ans après l'indépendance de l'Algérie, 40 ans après le retour des Pieds-Noirs avec 10 écrivains de théâtre, algériens venus d'Algérie et pieds-noirs venus de France.
Pas de bocal sans agitateur et pour être agitateur, il faut avoir participé à plusieurs bocals comme auteur.
Un bocal se déroule en 3 temps:
- le temps de l'écriture où l'agitateur propose des consignes à ceux qui sont volontaires pour écrire un texte de 5 à 10 minutes, sur un thème ou pas: les écrivents.
- le temps de la mise en jeu par ceux qui ont envie de participer au jeu: les actants, au nombre de 2 ou 3 par texte, qu'ils aient ou non de l'expérience, inventent entre eux ou avec l'aide d'un regard extérieur la forme qu'ils vont donner au texte qu'ils n'ont pas choisi car c'est l'agitateur qui répartit les textes
- le temps de la présentation au public et du bilan avec tous les participants et le public, suivi d'un temps de convivialité.



CONSIGNES POUR LE BOCAL AGITÉ DU 12 novembre 2005
AU LYCÉE AGRICOLE D’HYÈRES AVEC MALTAÉ

THÈME : LA TERRE MANGÉE


- Utilisez les objets et documents fournis comme des personnages
- Donnez - leur un âge, un sexe, une taille et une corpulence, beauté-laideur ?, couleur des cheveux ?, les ongles ?, l’odeur ou le parfum ?, une posture corporelle, la voix ?, la parole ?, un tic, un nom, une position sociale, un ancrage géographique, un lieu d’habitation, un trait de caractère, un sentiment dominant, un fétiche ou un emblème, une valeur ou non-valeur les caractérisant
- Vous pouvez ne retenir que deux éléments si vous le souhaitez
- Vous expliciterez cette caractérisation que vous intègrerez à votre texte soit en didascalie initiale, soit au fur et à mesure des besoins de votre texte
- Attribuez arbitrairement une couleur à 3 de vos personnages
- Vous avez droit de mettre en jeu les 3 personnages colorés : décrivez la situation colorée qui permet leur rencontre colorée, leur affrontement ou leur rapprochement coloré, l’enjeu étant La terre mangée
- Vous avez droit à 12 répliques soit 4 par personnage coloré
- Le premier personnage coloré à s’exprimer sera la photo
- Le troisième coloré qui aura le dernier mot sera le sachet de terre
- La solution sera le légume ou le fruit attribué à chaque écrivent
- Vous ponctuerez le texte en choisissant pour le point, la virgule, le point-virgule, le point d’exclamation, le point d’interrogation, un couple de mots pris dans le répertoire
- Vous donnerez à votre texte un titre : vous choisirez pour titre un couple de mots pris dans le répertoire, sans rapport avec votre histoire
- Vous finirez votre travail d’écriture en évoquant sous la forme de votre choix : invocation, appel, interpellation… la terre mangée.Ce sera la fin de votre texte.
- Vous n’êtes pas obligé de suivre l’ordre des consignes ni la totalité des consignes mais vous devez en respecter au moins deux. Et conserver l’esprit donné par l’ensemble.

L’agitateur
Jean-Claude Grosse

CONSIGNES POUR L’APRÈS-MIDI

- Lecture par les auteurs de leur texte, lecture blanche, non-interprétative
- Distribution aléatoire des textes aux groupes de 3 nécessaires pour la mise en jeu
- Les écrivents peuvent être aussi actants mais dans un groupe ne portant pas leur écriture
- Les actants utiliseront une des contraintes proposées pour mettre en jeu leur texte, à savoir: avec un porte-voix, en chantant Les mots bleus ou une autre chanson populaire, en hurlant ponctuellement, en déclamant à un moment du texte une liste de 20 mots du répertoire, en sifflant d’admiration pour ponctuer le jeu, en sifflant de rejet, en imitant la sirène des pompiers : pimpom, en faisant au pas de course le tour du plateau, en faisant des mouvements de gymnastique, en faisant silence à un moment clef…

L’agité du bonnet

Bocal agité du 12 novembre 2005 au lycée agricole d’Hyères
La terre mangée

Photo JCG: en s'arrêtant à Beyrouth.

Quelques résultats
Texte de Tonton
Cabanes et cabanons

Personnages :
- plan de masse, en gestation, sexe inconnu malgré échographies à répétition, beauté froide de papier glacé, amateur de plus-value, tatouage du billet vert sur le nombril
- l’aménageur, cadre sorti de HEC (ou comment prendre les gens pour des cons, (ce qu’ils sont déjà), nageur en eaux troubles, au service des nantis, avec retombées sur ses comptes secrets, calculette est son instrument pour l’enculette
- sachet de terre dit grand sachem, très ancien représentant de la terre mère, anonyme, ouverte à l’accueil de ce que les vents transportent, bon grain, ivraie, muette et obstinée, de partout et de nulle part, fertile ou stérile selon les saisons, les climats, le travail


Plan masse : Quand vais-je arriver à terme Accès à la mer

L’aménageur : On a un problème Apprivoiser le rivage Les côtes sont prises d’assaut Apprivoiser le rivage Il n’y a plus de terrain où te réaliser Apprivoiser le rivage


Plan masse : Je veux voir la mer à mes pieds Apparition du complexe


L’aménageur : Arrête d’exiger Apparition du complexe


Plan masse : Augmente les lots Apparition du complexe Diminue les prix Apparition du complexe Ne cible pas que les nantis Apparition du complexe Pense aux petits qui n’ont qu’une envie territoire à enjeux imiter les nantis Apparition du complexe Partage bétonnage de la côte nageur en eaux troubles Apparition du complexe

L’aménageur : Oui bétonnage de la côte mais le terrain Accès à la mer

Plan de masse : Délocalise Apparition du complexe dans les îles à cocotiers Apparition du complexe


L’aménageur : Submersibles par les minatsu Apprivoiser le rivage

Plan masse : Tsunami Apprivoiser le rivage Oui bétonnage de la côte il faut se méfier Apprivoiser le rivage La mer à ses pieds bétonnage de la côte c’est bien Apparition du complexe La tête sous les eaux bétonnage de la côte c’est pas sain Apparition du complexe

L’aménageur : C’est la ruine Apparition du complexe

Plan masse : Que faire Accès à la mer

Sachet de terre dit Grand sachem : Marcher pieds nus sur la terre sacrée Apprivoiser le rivage Cueillir la lavande à sa portée Apprivoiser le rivage S’enivrer Apprivoiser le rivage

Cueillez, cueillez la lavande. Dansez, dansez la farandole. Enivrez-vous. Vous finirez en poussière. La terre vous mangera. Vous voulez l’aménager. Elle ne vous ménagera pas. Sous terre, vous finirez.

Texte de Marie Arizi

Un personnage grand, mince, de sexe masculin,cheveux en broussaille comme s'il venait juste de se lever, le visage carré et sanguin, les yeux enfoncés, un gros nez, des habits pas très propres, ses mains épaisses avec des doigts boudinés aux ongles sales.

Homme : Qu'est-ce que vous faites ici bon air c'est une propriété privée Estagnol
Femme: Nous cherchons des champignons bon air mais je ne savais pas que c'était privé Estagnol
Fille : Maman viens on s'en va Estagnol
Homme : Y a rien à voir ici bon air foutez-moi le camp Estagnol
Femme : Pa strès agréable bon air viens Louise on s'en va Estagnol
Fille : Tu sais Maman bon air il m'a fait peur le monsieur Estagnol
Femme : Tu crains rien ma chérie bon air d'ailleurs Papa n'est pas loin Estagnol
Homme : Hé ! Ohé! Vous deux bon air revenez bon air j'en ai trouvé un mais je ne sais pas s'il est bon Estagnol
Femme : Vous pouvez vous le garder bon air et le mangerEstagnol Vous verrez bien s'il est bon Estagnol
Papa : Que se passe-t-il Estagnol
Homme : Je suis gêné bon air tellement de gens viennent sur ma propriété bon air ils me saccagent tout bon air donc si j'ai un peu bon air été grossier avec votre dame bon air je m'en excuse Estagnol Pour me faire pardonner bon air je vous autorise le cueillette des champignons Estagnol
Femme, homme, fille : Merci beaucoup Estagnol
Fille : Maman pipi Estagnol
Papa : Va donc dans le fourré Estagnol
Homme : Attention aux sangliersbon air y en a pas mal dans le coin Estagnol
La fillette s'en va. Quelques instants plus tard.
Fille : Papa bon air Maman bon air venez vite bon air y a tout plein de champignons Estagnol
Papa : C'est formidable Estagnol Le panier va vite être rempli Estagnol
Femme : Vite mon couteau Estagnol
Elle se penche et coupe un champignon couleur orange, un safrané. De la terre est restée collée sur le pied. Elle le porte à son nez en fermant les yeux.
Femme : ça sent bon le terre et le champignon. L'automne, c'est la saison où l'on ressent toutes les odeurs. C'est magnifique, toutes ces couleurs. On en prend plein les yeux et plein les narines.


Texte de Murielle Gébelin
Champ chamboulé chant sans boulet

Bureau deTara, femme d'affaires. Elle est de mauvaise humeur mais reste sûre d'elle, de sa capacité à tout résoudre avec le temps. Elle a 55ans, porte un tailleur marine mais malgré son acharnement au travail, elle aime être à l'aise, c'est pourquoi elle s'est déchaussée et décoiffée. Elle passe régulièrement la main dans sa chevelure, se décoiffe de minute en minute.

Sa secrétaire, Pomme, 30 ans, prête à tout pour Tara, porte une robe de velour rouge, un violent parfum, un ineffaçable sourire énigmatique et ambigu, une maladresse trompeuse. On la sent volontaire, naïve, assez primaire.

Entrée de Bill, chef de chantier, quarantaine séductrice un peu stupide. Il est vêtu d'une élégante veste de peau brune dont il relève mécaniquement le col. Il est prétentieux, un peu « con ».

Bill : Tara sel je suis venu te dire que ça n'avance pas Frontière
Tara : Tiens donc Bill abattoir Aurai-tu enfin des scrupules ou des états d'âme mur ça me fait presque plaisir frontière Pomme abattoir
Pomme renverse une énorme pile de dossier sur Bill. Elle va lentement les ramasser. La discussion se poursuit.
Bill : Ce chantier sel c'est l'avenir sel la résolution des transportssel le renouveau économique sel sel des affaires sel du fric sel de la vie quoi abattoir Et toi tu freines pour des idées vertes sel des espaces verts sel des petits hommes verts Mur
Pomme (intervient sans que personne ne le lui demande) : Elle n'a jamais été d'accord Frontière Que des pépins ce truc sel excusez-moi Abattoir (Elle continue de s'affairer puis : ) Je vous sers un jus de pomme Mur un potage Mur un bouillon de 11 heures Mur
Bill : Un projet mûri sel grandiose sel extraordinaire sel un symbole de la civilisation pour l'avenir frontière Tu y penses à l'avenir Mur
Tara : L'avenir sel je ne pense qu'à ça sel tu m'entends Mu Ton projet sel il a poussé trop vite frontière C'est pas lui qui est mûr c'est toi Abattoir Le problème avec les crétins de ton espèce c'est qu'ils ne savent pas s'arrêter frontière Je leur donne l'occasion de creuser un trou sel et ils m'en font dix sel persuadés de me faire plaisir Abattoir
Pomme : (pour Bill exclusivement) Depuis le temps qu'on vous épluche le dossier sel vous devriez comprendre Abattoir ( Maternelle, elle lui tourne les pages d'un énorme cahier)
Tara : (expliquant comme à un gosse pas sage) Si ce projet ne fleurit pas comme tu le souhaites, c'est que je le sabote Frontière Mes pouvoirs sont immenses sel anciens sel mais tu ne t'en rends pas compte Frontière Les ambitieux comme toi sel je les mets entre les mains de Pomme sel ils ne résistent pas Abattoir
Pomme : (réjouie, fait craquer ses jointures) Qu'est-ce que j'en fais Mur Lavage de cerveau Mur Traitement de choc Mur Thérapie eugénique Mur
(Tout en parlant, elle commence à s'emparer de Bill qui se défend comme il peut)
Bill : Mais Frontière Frontière Frontière Voyons Frontière Frontière Frontière Tara Abattoir Vous la laissez faire Mur Pomme sel d'habitude vous êtes si aimable sel si charmante sel si Frontière Frontière Frontière comme j'aime Abattoir
Pomme : Je vois Abattoir La méthode douce Abattoir (A Tara) Plus long mais plus efficace avec le temps Frontière Alors Mur
Tara : Si ce n'est qu'une question de temps Frontière Frontière Frontière
(Elle regarde sortir Pomme et Bill, l'une traînant l'autre)
Tara : Quel appétit insatiable ! Mais quand s'arrêteront-ils ? Quand ?

Texte de Raymonde Le Pezeron
Aérogare-Camelle

Apolline :
25 ans, enceinte, sort d'une rupture sentimentale, vit en Bretagne et vient dans le midi en vacances une fois par an chez Terriane.

Terriane :
30ans, célibataire, passionnée de chevaux, habite dans un mas provençal, une exploitation qu'elle dirige avec Sacha, elle loue aussi des chambres d'hôtes.

Sacha :
48 ans, travaille dans l'exploitation avec Terriane, pas très grand, visage rond, lunettes d'écaille, toujours poli, très doux, sait s'imposer dans son travail. Ami avec Terriane et amoureux en secret d'Apolline.


Apolline : Bonjour Terriane accès à la mer Heureuse de revenir en vacances chez toi accès à la mer
Terriane : Mais je vois que tu m'apportes une bonne nouvelle amer
Apolline : Oui tu vois bien amer J'attends un bébé pour septembre accès à la mer l'année prochaine nous viendrons à trois amer
Terriane : Viens accès à la mer on va annoncer la bonne nouvelle à Sacha qui doit être dans ses serres d'oeillets amer
Elles sortent toutes les deux.
Sacha : Bonjour accès à la mer Terriane et Apolline amer
Terriane : Ouh ouh amer Bonjour Sacha accès à la mer tu as bronzé amer
Sacha : C'est à force de rester au soleil amer Apolline accès à la mer content de te voir amer Que fais-tu là amer
Apolline : Je vais passer quelques jours de vacances à la campagne au soleil accès à la mer car la Bretagne en ce moment amer
Sacha : Je vois que tu nous a fait une belle surprise amer ça s'est arrangé avec Claude amer
Apolline : Oui accès à la mer je crois amer Mais je suis seule pour passer mes vacances amer ça me fera du bien
Sacha : Si tu veux accès à la mer on peut faire ce soir un repas tous les trois accès à la mer n'est-ce pas Terriane amer
Terriane : Volontiers amer Je ferai un bon gratin de pommes de terre du jardin amer Et Apoliine nous fera sa tourte aux fruits de mer amer
Sacha : Je ferai une tarte aux pommes rouges accès à la mer avec un bon vin blanc accès à la mer ça terminera bien le repas amer Je suis vraiment heureux de te revoir Apolline amer

Tous les trois finiront cette soirée dans le mas d'Apolline, qui l'a baptisé « Terre mangée », où les petits plats se cuisinent avec les produits du terroir, cultivés sans produit chimique, juste avec leurs mains et leur sueur, qui ont suffit pour en faire profiter des milliers de générations.










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Commencement et fin

2 Février 2006 , Rédigé par Jean-Claude Grosse Publié dans #essais

Commencement et fin
Commencement et fin

Comment ça commence ?

Comment ça finit ?

 
Un mot-objet de Pof, très représentatif du Pof-Art.
Mot tiré du livre: 30 mots pour maman, aux Cahiers de l'Égaré.


Que dire sur le commencement?

Quand un commencement commence

 

un chemin se met à cheminer

 

jusqu'à une fin qui y met fin.

Le commencement contient-il                                                 le chemin                                         et la fin?

Il y a des tenants de cet abrutissement.

La fin
           révèle-t-elle ce que fut le chemin

et donne-t-elle son sens (double sens)
au commencement?

 


Il y a des tenants de cet abrutissement.


Si le commencement ne contient rien

 

 

et si la fin ne dit rien

 

y a-t-il encore chemin?

 

 

 

 

 

 

Tout commencement est arbitraire.
Il n'y a pas de point zéro.
Tu ne peux tout réinventer, tout recréer.
Pars de ce qui t'es donné
et que tu ne peux refuser.
Pars de cette violence qui t'est faite
et que tu peux organiser.

Dieu nous a donné la terre.
Nous la lui rendrons retournée, cultivée.
Il a fait l'animal humain.
Nous lui rendrons l'Homme. (1966)

 

 

J'ai osé cela, il y a 40 ans. Osé mêler Dieu à notre aventure terrestre et cosmique. Osé évoquer par trois fois un "nous", espoir d'unité et d'élévation très affirmé. Deux ans après, c'était 1968. Beaucoup, aujourd'hui, critiquent. Je souhaite aux jeunes et moins jeunes de connaître ce que nous sommes beaucoup à avoir vécu: un temps de parole, de propositions, de décisions et d'actions. J'ai peut-être eu la chance d'être bien placé: professeur dans le nord et doctorant  à Nanterre. Membre élu du comité de grève du lycée et membre du comité de grève de la ville. Le nouveau pouvoir, pendant trois semaines, ce fut l'assemblée générale quotidienne rassemblant 700 personnes en moyenne et qui décidait des tâches du jour pendant qu'au lycée, on jetait les bases, on posait les principes d'autres relations professeurs-élèves  et aux savoirs dont on percevait avec acuité les contenus idéologiques. Et quand j'allais à Nanterre, c'était pour retrouver un grand professeur, Henri Lefebvre et quelques leaders du mouvement du 22 mars dont Cohn-Bendit que j'ai longuement interviewé et enregistré sur magnétophone à bandes (où les ai-je mis pour l'Histoire?). Qui oserait 40 ans après, croire au "nous"? Je vois triompher le "moi". Du "nous" exacerbé au "moi" enflé, tel est notre trajet.

Dans l'état actuel des connaissances, il semble qu'aucun Dieu n'a de projet pour l'Homme, que la Terre et le Cosmos n'attendent rien de l'Homme. L'humanité est vouée à disparaître. Puis la Terre. Puis le Soleil. Règnent le hasard et le chaos, avec de ci de là, dans le désordre universel, quelques zones d'ordre éphémère. Cela, nous pouvons en être à peu près sûr malgré tous les créationnistes.
Dans l'état actuel de la pensée, il semble que des preuves n'existent ni pour une philosophie ni pour une religion.
Pour une religion, on a affaire à des croyances intimes ou forcées par coutumes et traditions.
Pour une philosophie, on a affaire à des convictions argumentées mais qui ne peuvent convaincre que celui qui veut être convaincu.
Donc, ma recherche de la vérité, but de la pensée et expression de ma liberté, ne peut être  qu'une recherche ininterrompue jusqu'à ma mort. Cela ne veut pas dire que je change de convictions comme il peut m'arriver de changer d'opinions plus fluctuantes parce que sans doute anecdotiques. Mais, il peut y avoir des tournants dans notre manière de voir, de sentir, de penser le monde.

 

 

Tout commencement est de hasard.
Ainsi de la vie.
Malgré code et programme bien établi
combien d'aléas.
Ainsi de la parole.
Tu ne peux tout réinventer, tout recréer.
Pars de ce qui est donné
de ce qui est là peut-être pour toi
si tu veux l'accueillir
et qui s'en va sans se soucier de toi
tu peux aussi le refuser
en tout ou partie sans que ça le dérange.
Toute fin est de hasard.
Ainsi de la mort.
Tu peux mettre le point final  (1996)

Le point final, je ne l'ai pas mis

 

 


10 ans après, je dirais les choses différemment.
Je renvoie au court essai:
D'une métaphysique pour vivre vraiment

 

 

La fin est connue: ma mort, ta mort, sa mort, notre mort, votre mort, leur mort.
 Ce destin ne décide pas du dessin de ma vie, de ta vie, de sa vie, de notre vie, de votre vie, de leur vie.





 

 

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