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Blog de Jean-Claude Grosse
Articles récents

une histoire de la vraie vie / 60 ans après / la fermière du Calvados

24 Septembre 2021 , Rédigé par grossel Publié dans #histoire, #vraie vie, #écriture, #poésie, #pour toujours

gîte la petite forge à Gonneville sur Honfleur

gîte la petite forge à Gonneville sur Honfleur

cela m’est arrivé le 16 septembre 2021 à 14 H 14 via le formulaire de contact de mon blog

 
Sujet 
Fils de Colette Groult 

Message 
Bonjour Mr Grosse
Si vous avez dormi dans un camion environ un mois fin des années 1950 début des années 1960 chez Claude et Colette Groult à Clecy dans le Calvados (14) 
si vous vous reconnaissez vous pouvez prendre contact soit par mail avec moi ou appeler ma mère Colette 
Elle a encore des lettres que vous leur aviez envoyées 
Cordialement 
B Groult
 
j’ai répondu me reconnaître
 
et le 17 septembre, 1/2 H d’échanges avec Colette Groult au téléphone, 84 ans soit 3 ans de plus que moi
voix vive, enjouée
Claude son mari est parti, il y a 22 ans; deux fils, l’un agriculteur, 59 ans, en couple depuis 2 ans, l’autre mécanicien-marine de bateaux de pêche, 56 ans, célibataire
la ferme de Clécy a été vendue
ils sont installés dans une ferme du côté de Honfleur, chacun sa maison à Gonneville sur Honfleur, 873 habitants
avec un gite pour couple La petite forge et un autre gîte rural de 6 places, Le pastel
on trouve sur internet gîte Colette Groult
 
Colette ne veut rien connaître du monde d’internet
ce qui l’intéresse ce sont ses amis et amies de proximité, sa famille, les réunions associatives
Colette me dit son bonheur d'avoir une vie de routine sans ennui, sobre et tournée vers le bonheur des gens qui l’entourent

sur le site de la commune Gonneville sur Honfleur, j’ai trouvé cette annonce : 

LDC

Nous sommes une quinzaine, qui jouons à la coinchée, belotte, scrabble, rumycube, dominos, triomino et... depuis cette année, au tarot. Nous nous réunissons tous les jeudis après-midi, notre rencontre se termine par un goûter, et nous faisons une sortie restaurant avant les vacances d'été.

Le bureau se compose ainsi :  - présidente : Mme Colette Groult

                                                 - secrétaire : Mme Odile Pivet

                                                 - trésorier : M. Jacques Eudeline

                                                 - trésorière-adjointe : Mme Renée Eudeline

elle a conservé mes lettres et poèmes dont un qui lui est dédié, elle a même une lettre d’Annie 
(j’ai demandé que son fils prenne une photo du poème et de la lettre)
à l’époque, 1960-1961, j’avais fait la connaissance de Babette
j’ai une photo où on me voit au sommet d’un gros rocher dominant l’Orne et une autre de Babette
 
Je pensais souvent à ce couple de fermiers heureux, avec lesquels j’avais beaucoup sympathisé
 
et 60 ans après …
 
 
poème du 18 août 1961, sans doute en lien avec le personnage de Gilles de Rais, maréchal de France devenu tueur d'enfants

poème du 18 août 1961, sans doute en lien avec le personnage de Gilles de Rais, maréchal de France devenu tueur d'enfants

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une histoire de la vraie vie / détours avant retour

14 Septembre 2021 , Rédigé par grossel Publié dans #JCG, #ateliers d'artistes, #développement personnel, #écriture, #vraie vie, #histoire

le domaine Carabin à Caudeval Lambronne où Vita Nova a détourné son séjour de retour; de SCEA, le domaine devient une SAS et se transformera en éco-lieu agriculturel avec poterie, culture de céréales bio et fabrication de pain bio, élevage de moutons, danse, fabrication de papier à base de végétaux locaux, un grand potager bio...; un séjour dans un an permettra de se rendre compte des changements, avec moins d'animaux
le domaine Carabin à Caudeval Lambronne où Vita Nova a détourné son séjour de retour; de SCEA, le domaine devient une SAS et se transformera en éco-lieu agriculturel avec poterie, culture de céréales bio et fabrication de pain bio, élevage de moutons, danse, fabrication de papier à base de végétaux locaux, un grand potager bio...; un séjour dans un an permettra de se rendre compte des changements, avec moins d'animaux
le domaine Carabin à Caudeval Lambronne où Vita Nova a détourné son séjour de retour; de SCEA, le domaine devient une SAS et se transformera en éco-lieu agriculturel avec poterie, culture de céréales bio et fabrication de pain bio, élevage de moutons, danse, fabrication de papier à base de végétaux locaux, un grand potager bio...; un séjour dans un an permettra de se rendre compte des changements, avec moins d'animaux
le domaine Carabin à Caudeval Lambronne où Vita Nova a détourné son séjour de retour; de SCEA, le domaine devient une SAS et se transformera en éco-lieu agriculturel avec poterie, culture de céréales bio et fabrication de pain bio, élevage de moutons, danse, fabrication de papier à base de végétaux locaux, un grand potager bio...; un séjour dans un an permettra de se rendre compte des changements, avec moins d'animaux
le domaine Carabin à Caudeval Lambronne où Vita Nova a détourné son séjour de retour; de SCEA, le domaine devient une SAS et se transformera en éco-lieu agriculturel avec poterie, culture de céréales bio et fabrication de pain bio, élevage de moutons, danse, fabrication de papier à base de végétaux locaux, un grand potager bio...; un séjour dans un an permettra de se rendre compte des changements, avec moins d'animaux
le domaine Carabin à Caudeval Lambronne où Vita Nova a détourné son séjour de retour; de SCEA, le domaine devient une SAS et se transformera en éco-lieu agriculturel avec poterie, culture de céréales bio et fabrication de pain bio, élevage de moutons, danse, fabrication de papier à base de végétaux locaux, un grand potager bio...; un séjour dans un an permettra de se rendre compte des changements, avec moins d'animaux
le domaine Carabin à Caudeval Lambronne où Vita Nova a détourné son séjour de retour; de SCEA, le domaine devient une SAS et se transformera en éco-lieu agriculturel avec poterie, culture de céréales bio et fabrication de pain bio, élevage de moutons, danse, fabrication de papier à base de végétaux locaux, un grand potager bio...; un séjour dans un an permettra de se rendre compte des changements, avec moins d'animaux
le domaine Carabin à Caudeval Lambronne où Vita Nova a détourné son séjour de retour; de SCEA, le domaine devient une SAS et se transformera en éco-lieu agriculturel avec poterie, culture de céréales bio et fabrication de pain bio, élevage de moutons, danse, fabrication de papier à base de végétaux locaux, un grand potager bio...; un séjour dans un an permettra de se rendre compte des changements, avec moins d'animaux

le domaine Carabin à Caudeval Lambronne où Vita Nova a détourné son séjour de retour; de SCEA, le domaine devient une SAS et se transformera en éco-lieu agriculturel avec poterie, culture de céréales bio et fabrication de pain bio, élevage de moutons, danse, fabrication de papier à base de végétaux locaux, un grand potager bio...; un séjour dans un an permettra de se rendre compte des changements, avec moins d'animaux

le paradoxe de l’écriture d'un livre d’éternité est que remplir

800 pages en format 16 X 24 pour 80 ans de commerie

vide totalement de son énergie,

le scripteur ;

un feu intérieur le consume, particulièrement agressif

au niveau de la peau qui le dé-mange,

écorché vif

déquasmant = démasquant

ses écailles et peaux mortes ;

le scripteur ignore comment l'homme va ressortir

de ces vases communicants

de sa Vie à son Livre

de son Livre à sa Vie

VIDE ?

à moitié vide, à moitié plein,

oscillant de moitié en moitié

sans retrouver l'UN

=

en langage des oiseaux

VIE D'EUX

=

VIE 2

comme maladie = mal a dit

comme soigné = soi nié

comme guérir = gai rire


le livre d'éternité s'achève dans le rire

pour passer à une vie étrange

comme étrange = être ange

le texte ci-dessous semble inaugurer une nouvelle façon de rendre compte de l'amour de la vie (dans les deux sens, aimer la vie, être aimé par la Vie) ou comment après s'être dépouillé de ses vieilles peaux en écrivant pendant 9 mois (13 décembre 2020-13 septembre 2021), les 800 pages correspondant à 80 ans de commerie, on semble renaître (voir le focus auteur ci-dessous)

il y avait un grand flou pour ce retour d’été 2021

détour par Cuba ou pas pour un anniversaire d’il y a 20 ans
la disparition de Cyril et de Michel, le neveu et l'oncle
partis en avion, le 11 septembre 2001, pour toujours le 19 septembre 2001
pas de Cuba en fin de compte
et aucune urgence à rentrer pour l'éditeur que je suis
les livres à paraître sortent entre le 17 septembre et le 27 septembre
Il faudrait plus qu’un édito de Gilles Cailleau 
Concertina d’Isabelle Forno
Le siècle de Marcel Conche
L’âme et le corps  de Marcel Conche
 
l’idée d’aller voir comment s’installent deux amis "alternatifs" Aïdée et Stéphane après l’échec d’un projet d’éco-lieu agriculturel à 4 du côté de Belbèze en Comminges (domaine préempté par la Safer, hostile aux néo-ruraux) me vient tout naturellement
donc détour d’abord par Campagne sur Aude 
7 septembre, départ de Corsavy à 14 H 30, arrivée à 17 H 30 par la route Corsavy, Perpignan, Estagel, Maury, Saint Paul de Fenouillèdes, Quillan, la route des châteaux cathares, Aguilar, Quéribus, Peyrepertuse, Puilaurens, Termes, Puivert…
acheté deux bouteilles de Maury de 2014 qui peuvent être bues dans un siècle, le siècle de...
Campagne sur Aude où Aïdée et Stéphane ont acheté une maison au bord de l’Aude, tout près, tout près, à finir (j’arrive en pleine finition du carrelage du RDC, à l’étage 50 m2 de parquet posé par Aïdée; ça craque) avec grand garage devenu le nouvel atelier de 85 m2 de camigraphie expressive (déjà un stage réalisé, plein d’autres prévus)
baignade dans l’eau vive de l’Aude à Campagne sur Aude, très belle promenade aménagée depuis peu avec l’allée des poètes où sont affichés des poèmes sous plastique sur un grillage de clôture, poèmes caustiques
 
le 8 vers 12 H, direction Caudeval en passant par l’intérieur, montagnes et vallées, 45‘ de routes tortueuses, beauté partout
du 8 au 12 matin, domaine Carabin Caudeval Lambronne, occupé depuis début août, acheté en SAS par 8 personnes à un proprio solitaire qui largue tout (terres, troupeaux, matériel agricole, butins de toutes sortes) à 60 ans après 20 ans à créer et gérer ce domaine 
le groupe était en recherche d’un éco-lieu depuis janvier, choix finalisé en avril pour installation début août
le plus difficile c’est la constitution du groupe et son fonctionnement;
là, on a des gens déjà expérimentés dans la délibération par consentement (comment réaménager la maison pour 3 couples, 2 solitaires), l’horizontalité…
je développerai une autre fois car ce genre d’écotopie mérite le partage, eux disent le passage (certains sont responsables dans des réseaux d’éco-lieux)
le domaine est à 10‘ de Mirepoix, 60 ha, des chevaux magnifiques séparés de l'étalon et sa mule, des vaches et le taureau, des ânes, des chèvres et le bouc, des oies, des poules et le coq, une maison labyrinthe extraordinaire, une étable, un hangar avec des chauves-souris protégées, un hangar à foin...un quasi-ranch va devenir un lieu de culture aux sens agricole et artistique
le soir, repas à 10
 
le lendemain, 9 après-midi, baignade au lac de Montbel
visite de Mirepoix, le quartier des Halles, particulièrement typé; on est en pays cathare 
 
le soir, repas apéro à Carabin avec saucissons et saucisses sèches d’Ariège, fromages d'Ariège et vins de Gérard Bertrand (le rugbyman, vigneron de la biodynamie)
le 9 dans la nuit, pluie, orage et une partie du 10; l’étang aux oies a bien remonté: carpes visibles parfois; j’ai écouté la pluie pendant au moins 1 H 1/2 l'après-midi
balade le matin dans les collines et bois de Carabin; ça grimpe sec
après-midi, Chalabre, la voie verte, ancienne voie ferrée arrêtée en 1973, 75 kms du canal du midi à Montségur 
j’ai fait 4 kms dont 300 ou 400 m de tunnel, le tunnel de Falgas, à produire le son primordial aum
visite de Chalabre, chef lieu de canton SVP me dit un vieux monsieur, avec théâtre municipal, une sculpture de Quichotte et Sancho, remarquable, une sculpture de Vierge à l’enfant assise
sur la voie verte, magnifique sculpture en métal, façon osier, de deux chevaux dressés l’un contre l’autre, s’affrontant, jouant ? de Laurie Dizengremmel
 
10 septembre au soir, anniversaire du départ de Cyril et Michel pour Cuba, soirée saucisson + gewurtraminer et cigares cubains de la cave à cigares de l’ex proprio (Hubert C.)
11 au matin, je pense à il y a 20 ans, les twin towers, changement d’ère ?, l’axe du bien contre le mal ? (dixit Bush junior) 
je passe la matinée sous le chêne rouge d’Amérique, encore vert, à lire Racines familiales de la « mal a dit » de Gérard Athias (la bibliothèque est évidemment très riche en livres d’éveil, de quête, de sagesse, d’écologie, d’huiles essentielles…)
lire en compagnie de toute la volaillerie (deux groupes d’oies hostiles, poules de deux espèces, coq royal), c’est être distrait du livre et présent à la vie caquetante, voletante; j’ai attrapé des fous-rires avec les oies; 
quant au livre, passionnant: le langage des oiseaux, la rencontre avec Jodorowski, avec Joseph, le médecin-man; les cas évoqués sont passionnants
(le 16 à 14 H 30, j’ai RV avec une kinésiologue; je pense avoir des éclaircissements sur la mal a dit attrapée en écrivant le livre d’éternité)
le 11 après-midi, à nouveau Montbel, baignade et promenade sur la piste faisant le tour du lac, 16 kms, dans la forêt, j’en ai fait 4 de la digue de Léran au barrage
le soir, apéro ariégeois; pas en état de fumer le cigare cubain, ni le 10 ni le 11; ce sera pour une autre fois; embrassades d’au-revoir
 
le 12, retour
bon retour; à Lançon, noir de véhicules brillants sous le soleil écrasant dans le sens des remontées vers Lyon, Paris et l’Afrique
parti à 8 H 35 en rencontrant juste avant le pont de la voie verte, l’ami Christophe de Carabin
arrivée à La Seyne à 13 H 35; 3 arrêts; jusqu’à 31°
envie de mer (quelle idée) => direction Pin Rolland pour baignade
jamais vu autant de monde; sous la pinède, ça pique-nique, ça joue aux boules, ça parle, ça vit, c’est familial, amical
impossible d’avoir à l’esprit et dans l’oeil, un regard hostile, négatif, genre on est toujours dans le consumérisme qui va nous conduire dans le mur
c’est un regard de plaisir sur cette ambiance  de bonheur simple avec les joies simples de la vie; aucun masque, aucun pass
puis Les Sablettes
très difficile de trouver une place pour se garer et un monde fou dans l’eau, sur la plage; ce n’est pas aussi familial mais un constat, chacun joue sa partition dans l’eau, personne ne se gêne, personne ne s’insulte (tu prends ma place); là aussi, je vois d’un autre oeil; ma matrice est en train de changer (ne plus voir en noir, en critique, en négatif)
marche dans l’eau jusqu’au ventre et même jusqu’au cou à un moment, de Saint-Elme à Mar Vivo
nouvelle baignade à Mar Vivo
rentrée au Revest vers 18 H 15
 
c’est à Carabin (et pas à Corsavy) que je monterai le projet artistique pluri-dimensionnel, l’été prochain, annoncé dans un mail précédent
le thème pourrait être et si tout était inter-connecté (tout est inter-connecté)
 
 
 
et pendant que je préparais le 6 à Corsavy mes détours avant retour du 7 au 12, c’était la disparition de Philippe Borel, le père d’Émilie Borel (les secrets de l’olivier), apprise le 13 septembre à 11 H 22
 
Cher Jean Claude,

Mon père est parti lundi 6 dernier à la suite d'un covid sévère. Il était au Liban, à Beyrouth et il n'a pas survécu malgré ses vaccins, malgré sa forme olympique, malgré un hôpital et des médecins compétents. Ma sœur qui était auprès de papa a procédé à son rapatriement  et nous l'attendons en Corse dès que les autorités le permettent.

Nous sommes dévastées,

Emilie
j’ai répondu à Émilie
 
je comprends et ressens votre dévastation
 
et ce qui est devant vous, le soin à prendre de votre maman car avec elle, c’est encore la vie comme on l’aime corps et âme
 
la consolation que j’ai pratiquée c’est l’acceptation et le rôle d’épitaphier 
(pour Cyril d’abord; en publiant Le Peintre, roman inachevé trouvé dans son ordinateur
Michel maintenant: vient de sortir 20 ans après, le port-folio de ses 50 gouaches réalisées à Cuba, accompagnées de poèmes d’un ami; 
avec le livre d’éternité, la légende, c’est l’épousée); 
ce ne sont pas des attitudes qui s’installent facilement mais c’est possible
(fabriquer la légende de votre père est une voie, une voix); 
 
Philippe, haut-fonctionnaire a été chargé de programmes alimentaires pour le compte de l’ONU (FAO) dans plusieurs pays du monde particulièrement violents
 
et Beyrouth, le Liban, c’est un signe, au pays hier de l’alliance (?) ou tolérance (?) entre communautés débouchant sur une guerre civile entre milices, des assassinats, une reconstruction délirante, une corruption paralysante, une explosion dans le port dont les cicatrices sont encore vives, un pays où je suis allé 2 fois et où j’avais un ami poète Salah Stétié et un ami prophète Kalil Gibran
 
je vous souhaite de vivre pleinement le moment du retour, du recueillement comme ouverture et pas comme fin
 
il m’avait envoyé ce texte après les écritures sur l’olivier à Tourris, le 16 mai 2021, L'insoutenable violence pour tous.
 
 
 

 

 

Le 4 septembre 2021, vers 15 H, Lui-Je est allé spécialement à Céret, ville importante par les artistes qui y ont séjourné dans les années 1920-1940.

Il voulait recopier le poème L'olivier écrit par Manolo Hugué à Céret, en 1921 :

Je sais, enfin, pourquoi

arbre aimé de Minerve

tes rameaux s'entrelacent

autour des fronts superbes.


Sophocle s'en para,

Eurypide aussi.

Car au coup de vent

quand la rose frémit,

et les faibles roseaux

ont des murmures mystiques,

le souffle, dans tes branches,

prend des accents tragiques.

Ce poème accompagne une scupture en fer honorant Manolo Hugué et 32 artistes avant-gardistes passés par Céret. Ce monument est à côté d'une sculpture de Manolo Hugué : La catalane assise, dédiée au compositeur Deodat de Séverac.

Lui-Je fera parvenir ce poème à Émilie Borel.

(extrait du Livre d'éternité à paraître le 29 novembre 2021)

 

 

 

une voie possible de consolation, devenir l'épitaphier du disparu; ce port-folio des 50 gouaches réalisées à Cuba par Michel Bories alias Pof, inventeur du Pof-Art a été conçu 20 ans après sa disparition; merci à Gilbert Desclaux et Michel Gorsse; Le Peintre, roman inachevé trouvé dans l'ordinateur de Cyril Grosse, publié un an après sa disparition
une voie possible de consolation, devenir l'épitaphier du disparu; ce port-folio des 50 gouaches réalisées à Cuba par Michel Bories alias Pof, inventeur du Pof-Art a été conçu 20 ans après sa disparition; merci à Gilbert Desclaux et Michel Gorsse; Le Peintre, roman inachevé trouvé dans l'ordinateur de Cyril Grosse, publié un an après sa disparition

une voie possible de consolation, devenir l'épitaphier du disparu; ce port-folio des 50 gouaches réalisées à Cuba par Michel Bories alias Pof, inventeur du Pof-Art a été conçu 20 ans après sa disparition; merci à Gilbert Desclaux et Michel Gorsse; Le Peintre, roman inachevé trouvé dans l'ordinateur de Cyril Grosse, publié un an après sa disparition

lac de Montbel / Chalabre la voie verte / Campagne sur Aude / la robe-peau réalisée par Aïdée Bernard, camigraphiste en papier végétal
lac de Montbel / Chalabre la voie verte / Campagne sur Aude / la robe-peau réalisée par Aïdée Bernard, camigraphiste en papier végétal
lac de Montbel / Chalabre la voie verte / Campagne sur Aude / la robe-peau réalisée par Aïdée Bernard, camigraphiste en papier végétal
lac de Montbel / Chalabre la voie verte / Campagne sur Aude / la robe-peau réalisée par Aïdée Bernard, camigraphiste en papier végétal
lac de Montbel / Chalabre la voie verte / Campagne sur Aude / la robe-peau réalisée par Aïdée Bernard, camigraphiste en papier végétal
lac de Montbel / Chalabre la voie verte / Campagne sur Aude / la robe-peau réalisée par Aïdée Bernard, camigraphiste en papier végétal
lac de Montbel / Chalabre la voie verte / Campagne sur Aude / la robe-peau réalisée par Aïdée Bernard, camigraphiste en papier végétal
lac de Montbel / Chalabre la voie verte / Campagne sur Aude / la robe-peau réalisée par Aïdée Bernard, camigraphiste en papier végétal

lac de Montbel / Chalabre la voie verte / Campagne sur Aude / la robe-peau réalisée par Aïdée Bernard, camigraphiste en papier végétal

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Cahier des Futurs Désirés à Corps Ça Vit

29 Juillet 2021 , Rédigé par grossel Publié dans #Corsavy, #Le Revest-les-Eaux, #agoras, #bocals agités, #cahiers de l'égaré, #engagement, #écriture, #FINS DE PARTIES, #voyages, #pour toujours

deux cahiers format 21 X 29,7 avec deux pages de notes, une formule très pratique pour stimuler
deux cahiers format 21 X 29,7 avec deux pages de notes, une formule très pratique pour stimuler

deux cahiers format 21 X 29,7 avec deux pages de notes, une formule très pratique pour stimuler

de retour à Corsavy depuis le samedi 24 juillet 7 H 44 après 4 H 40 d'autoroute depuis Le Revest (450 kilomètres et deux pauses de 10', partis à 3 H 04), j'ai vite constaté la présence de nouveaux bancs, plus d'une dizaine pour un village de 217 habitants recensés plus les gens au camping, dans les résidences secondaires, le contraire de ce qui se fait dans les villes, genre Toulon (3 bancs, place de la Liberté, tout est fait pour dissuader SDF, marginaux, paumés); déjà de nombreuses rencontres, discussions (faut dire que j'ose m'adresser aux gens, même les inconnus; ma gueule de moine zen, crâne rasé, barbe rasée tous les 10 jours donc tantôt vieux, tantôt gamin semble favoriser les échanges) et une surprise: l'enseignante de français à l'université de New York qui vient l'été à Corsavy avec son mari, professeur de sport à l'université aussi, m'a dit qu'elle traduisait ma pièce Histoire de places, offerte il y a deux ans (l'été dernier, ils n'étaient pas venus) et qui avait été créée en Avignon off en 2016; pour vous allécher, sachez que Dennis Meadows (Halte à la croissance, club de Rome, 1972) avait acheté le mas de la Taillède avec un scientifique hollandais Hubert de Vries (je les avais rencontrés tous les deux; leur projet refusé par la direction départementale de l'agriculture les a amenés à revendre le mas, aujourd'hui néo-zélandais)

je profite de mes déambulations pour proposer le Cahier des Futurs Désirés, issu de deux réunions d'intelligence collective en août-septembre 2020

venir cet été à Corsavy, à 800 m d'altitude
le camping est ouvert
on peut s’installer ailleurs (en hauteur ou en cours d’eau) pour les sauvages; faut du matériel de camping, léger
ou au gîte de Batère à 1500 m
y a des balades horizontales ou pentues vers en haut, vers en bas
la piscine est fermée
les 3 restaurants sont ouverts (les filles, la crêperie, le camping)
la fromagerie de la Cazette (le maire est éleveur et fromager) est ouverte
les brebis bêlent et font du lait et 
les soeurs, filles du maire, font d’excellentes brousses, yaourts, tomme de brebis au lait cru, caillé, fromage à pâte molle avec beaucoup de caractère, à boire avec le vin du canigou qui n'existe pas ou un caramany…
l’épicerie (restaurant des filles, d'autres), une institution, est d’excellente qualité
 
une dizaine de bancs nouveaux ont été installés, utilisés par personne
pas comme dans les villes où on les retire pour se protéger des paumés
cela dit, la vie sociale n'existe quasiment plus; les réunions sur les padriss le soir en été c'est fini depuis au moins 10 ans, femmes sur l'un, hommes sur un autre, parfois mixtes; seuls les "sénateurs" se réunissent tous les matins sur la terrasse des filles (une majorité de chasseurs, des propos de cafés du commerce = commentaires sur ceci ou cela, tiré de l'actualité); ne pas chercher à s'asseoir à leur table; les boules, le soir 
 
Corsavy, pays de guérison pour quelques traumatisés (ce n’est pas le mot juste, "rescapés") de la vie (en face de chez moi, G., 17 ans de rue, à Corsavy depuis 9 ans ou M.,  une sacrée estropiée, métamorphosée)
 
quelques manifestations artistiques
concert de jazz de clôture de Jazz en Tech, le 6 août à 21 H avec un quartette féminin, au parc communal
conférence sur l’histoire ancienne de Corsavy, le 22 août à 17 H 30
concert classique par les stagiaires internationaux, de haut niveau, de Vilalte, le 30 août au parc communal
 
évidemment, si vous êtes du genre tête baissée sur votre smartphone, vous serez surpris par la très mauvaise desserte aussi bien en internet qu’en téléphonie mobile
ça a un charme fou
même au-dessus du cimetière, ça passe pas
le caveau de Cyril Grosse et de sa mère Annie Grosse-Bories

le caveau de Cyril Grosse et de sa mère Annie Grosse-Bories

Comme la démarche initiée en 2020 est dans la perspective d’un changement de paradigme, voici trois textes de lumière pouvant nous éclairer :

 

PAR LES VILLAGES
Joue le jeu. Menace le travail encore plus. Ne sois pas le personnage principal. Cherche la confrontation. Mais n'aie pas d'intention. Évite les arrière-pensées. Ne tais rien. Sois doux et fort. Sois malin, interviens et méprise la victoire. N'observe pas, n'examine pas, mais reste prêt pour les signes, vigilant. Sois ébranlable. Montre tes yeux, entraîne les autres dans ce qui est profond, prends soin de l'espace et considère chacun dans son image. Ne décide qu'enthousiasmé. Échoue avec tranquillité. Surtout aie du temps et fais des détours. Laisse-toi distraire. Mets toi pour ainsi dire en congé. Ne néglige la voix d'aucun arbre, d'aucune eau. Entre où tu as envie et accorde toi le soleil. Oublie ta famille, donne des forces aux inconnus, penche toi sur les détails, pars où il n'y a personne, fous toi du drame du destin, dédaigne le malheur, apaise le conflit de ton rire. Mets toi dans tes couleurs, sois droit, et que le bruit de feuilles devienne doux. Passe par les villages, je te suis." PETER HANDKE.

 

«Les biologistes ont découvert qu'à l'intérieur des cellules du tissu de la chenille, il y a des cellules appelées cellules imaginatives. Elles résonnent sur une fréquence différente. De plus, elles sont si différentes des autres cellules de vers que le système immunitaire de la chenille les prend pour des ennemis et tente de les détruire. Mais de nouvelles cellules imaginatives continuent d'apparaître, et de plus en plus... Soudain, le système immunitaire de la chenille ne peut plus les détruire assez vite et elles deviennent plus fortes en se connectant les unes aux autres pour former une masse critique qui reconnaît leur mission de réaliser l'incroyable naissance d'un papillon. 
En 1969 Margaret Mead a déclaré : "Nous ne devons jamais douter qu'un petit groupe de citoyens motivés et déterminés puisse changer le monde. Ce sera certainement ainsi que, malgré tout, nous nous sommes trouvés. Je crois fermement, comme beaucoup d'autres, qu'il y a une effervescence évolutive dans le tissu de la société actuelle. Malgré la clameur de la peur, de la cupidité, de la surconsommation et de la violence qui s'exprime à travers le tissu social, il existe une union d'hommes et de femmes que nous pouvons appeler des cellules imaginatives, qui révèlent un monde différent, une transformation, une métamorphose. 
Le poète uruguayen Mario Benedetti a écrit : "Que se passerait-il si un jour, au réveil, nous réalisions que nous sommes la majorité? Je prétends que les cellules imaginatives domineraient et feraient sortir le papillon d'un monde de vers. C'est le temps de l'éveil. Des groupes de cellules imaginatives se rassemblent partout ; elles commencent à se reconnaître ; elles développent les outils d'organisation pour augmenter le niveau de conscience, afin que la prochaine étape de notre société humaine se manifeste, pour créer une nouvelle société qui cessera d'être une chenille et deviendra un papillon. Une nouvelle dimension de la Vie, une société plus compatissante et plus juste, une humanité enracinée dans le bonheur et la compréhension mutuelle... 
Soyez des cellules enthousiastes ! Connectez-vous avec les autres, rassemblez-vous, rassemblez-vous... et unissons-nous tous pour construire une Humanité Nouvelle !» 

(On dit qu’il faut être 7% de créatifs culturels, de cellules imaginatives pour faire muter le système de l’intérieur). DEEPAK CHOPRA

Et pour les 5 enfants de Corsavy ayant participé le 27 août 2020

"Das Lied vom Kindsei" ("Lorsque l’enfant était enfant"), Peter Handke

Lorsque l’enfant était enfant,

Il marchait les bras ballants, Il voulait que le ruisseau soit une rivière

Et la rivière un fleuve, Et que cette flaque d’eau soit la mer.

Lorsque l’enfant était enfant,

Il ne savait pas qu’il était enfant, Pour lui, tout avait une âme

Et toutes les âmes n’en faisaient qu’une.

Lorsque l’enfant était enfant,

Il n’avait d’opinion sur rien, Il n’avait pas d’habitude

Souvent, il s’asseyait en tailleur, Partait en courant,

Il avait une mèche rebelle, Et il ne faisait pas de mines quand on le photographiait.

Lorsque l’enfant était enfant, vint le temps des questions comme celles-ci : Pourquoi est-ce que je suis moi et pourquoi est-ce que je ne suis pas toi ? Pourquoi est-ce que je suis ici et pourquoi est-ce que je ne suis pas ailleurs ? Quand a commencé le temps et où finit l’espace ? La vie sous le soleil n’est-elle rien d’autre qu’un rêve ? Ce que je vois, ce que j’entends, ce que je sens, n’est-ce pas simplement l’apparence d’un monde devant le monde ? Est-ce que le mal existe véritablement ? Est-ce qu’il y a des gens qui sont vraiment mauvais ? Comment se fait-il que moi qui suis moi, avant que je le devienne, je ne l’étais pas,

Et qu’un jour moi qui suis moi, je ne serai plus ce moi que je suis ?

[…] Lorsque l’enfant était enfant, Il s’est réveillé un jour dans un lit qui n’était pas le sien Et maintenant, ça lui arrive souvent. Beaucoup de gens lui paraissaient beaux Et maintenant, avec beaucoup de chance, quelques-uns. […]

Lorsque l’enfant était enfant, Le jeu était sa grande affaire Et maintenant, il s’affaire comme naguère Mais seulement quand il s’agit de son travail.

Lorsque l’enfant était enfant, Les pommes et du pain lui suffisaient comme nourriture, Et c’est toujours ainsi. […]

Au sommet de chaque montagne, il avait le désir d’une montagne encore plus haute,

Et dans chaque ville, le désir d’une ville encore plus grande, Et c’est toujours ainsi. […] Un inconnu l’intimidait, Et c’est toujours ainsi. Il attendait la première neige et toujours il l’attendra.

Lorsque l’enfant était enfant, il a lancé un bâton contre un arbre, comme un javelot Et il y vibre toujours.

Pendant ce mois d'août 2021, je vais tenter de réunir quelques filles et quelques garçons de 10 à 13 ans et leur proposer d'écrire une légende pour Corsavy. L'idée m'en est venue quand Rosalie, 13 ans, m'a demandé de lui raconter une histoire. Ça a donné ceci : une sirène, va savoir pourquoi, s'était égarée dans les bois, une forêt immense avec au milieu une petite mer. La sirène  s'accrocha aux branches, sauta de branche en branche et finit par s'arrimer au mât d'un trois mâts sans matelots ni capitaine. Une violente tempête provoquée par des vents violents fit couler le trois mâts et la sirène retrouva son élément. Là, Rosalie en quelques minutes, démonta ce récit, m'en montra les illogismes. 

Cahier des Futurs Désirés à Corps Ça Vit

25 participants à la réunion du 27 août 2020, salle des fêtes de Corsavy, 5 enfants, 20 adultes dont 2 « touristes » qui ont fait secrétaires de séance

de 8 à 85-86 ans

des habitants permanents et secondaires du village et des habitants de mas (5)

3 élus dont le maire 

 

déroulement:

- présentation de la soirée: 

réunion d’harmonie et d’harmonisation pour des futurs désirables pour Corsavy

réunion visant à produire par écritures individuelles des scénariis de futurs désirables

les textes écrits seront rassemblés dans un classeur mis à disposition des gens à la mairie

les textes écrits seront édités d’ici un an, avec d’autres éventuellement à venir, par Les Cahiers de l’Égaré, maison d’édition animée par JCG depuis 1988

ce livre sera vendu à prix coûtant (5 €) dès l’été 2021 et fera ainsi trace

 

- 2 temps d’écriture à partir de 18 H 10

        - 1° travail d’écriture, coeur ou raison: en quelques points, pas plus de 10, en faisant abstraction de vos peurs, de ce que vous croyez être des limites, que souhaitez-vous le plus, que désirez-vous le plus pour le futur à 6-10 ans pour Corsavy ; faites parler votre cœur, votre imagination mais si vous préférez la raison que souhaitez-vous de plus raisonnable pour Corsavy ?

 

- restitution à partir de 18 H 30 par chacun de son travail, sans discussions, ni commentaires

 

        - 2° travail d’écriture, jeu avec l’inconscient, si puissant, générer des coïncidences, poser des intentions

1 mettre Gratitude en acrostiche, soit 9 lignes puis un mot par lettre. 

2 chacun choisit 2 mots de son acrostiche

3 chacun relie ses 2 mots par à, de, par, pour ou sans. Cela devient le titre de son texte 

4 écrire son texte en incluant rêve, désir, gratitude, corsavy et les autres mots de l’acrostiche 

 

- restitution par chacun, à partir de 19 H 40, de son acrostiche, sans discussions ni commentaire

 

- remarque: un participant, le plus ancien, n’a pas « joué » le jeu des écritures; 

il a cependant pris longuement la parole pour dire ce qu’il souhaitait partager; 

ce fut le moment respect de la « différence »

 

- fin de réunion, 20 H 15

ma participation

  • Jean-Claude, 79 ans : futurs désirables pour Corsavy ; gratitude envers ce qu'offre Corsavy c'est-à-dire « profiter » de ce que nous donne Corsavy avec en retour se demander ce que l'on peut offrir (pas seulement « consommer » bon air, beau ciel étoilé, tempêtueux ciel orageux, beaux paysages, gibier, champignons, truites, saucisse catalane, escargots grillés, viande d'agneau et fromages de brebis, de chèvres, miels, mûres et framboises mais aussi remercier en paroles, en actes) ; retrouver ou trouver une nouvelle agriculture nourricière sur les terrasses inexploitées en pratiquant la permaculture (légumes, fruits, céréales, plantes médicinales, châtaignes, vers à soie...) ; retour partiel à la terre avec des jeunes ou familles passionnées par la sobriété heureuse ; favoriser des implantations en télé-travail. Gravitation Réalité Altitude Terre Interaction Temps Uchronie Démocratie Elévation. Réalité de l'élévation. Corsavy est territoire de gravitation et terre de magnétisme. Montagnes, vallées, torrents pèsent lourds et attirent-repoussent. Corsavy est terre d'altitude. Tout y est vivant, puissant, sacré, en interaction. Corsavy par ses estives est terre de libre pâturage, terre de démocratie, d'égalité entre règnes minéral, végétal, animal et espèces. Nous humains ne devons plus nous mettre au centre mais trouver notre place sans supériorité. Corsavy est terre de Vie, de temps immémorial, d'Eternité. Corsavy est terre d'uchronie (de fictions, de légendes écrites, de légendes non formulées, latentes, à écrire), propice aux rêves, aux désirs d'harmonie, d'élévation. Corsavy est propice à la pratique de l'essentielle solitude pour « communier » avec tout ce qui existe, sans dispersion, sans distraction.

  • (Parenthèse de JCG : Le passage de la "tête" au "coeur", de la mise en valeur à la mise en vie, ça c'est le plus difficile à comprendre pour les gens. Se déposséder de toute attente personnelle pour laisser vivre, indépendamment de soi. D'où la difficulté de la projection dans le futur car "on n'y sera plus". Aller du centre à la périphérie. Peut-être formuler une consigne dans ce sens. L'humain n'est plus au centre de Corsavy. Il regarde, il vit Corsavy dans une harmonie avec l'ensemble du vivant. Comment pourrait-il définir sa place, son identité, dans un système où l'oiseau, la vache, l'herbe, auraient la même valeur que lui?  Actuellement l'humain ne voit qu'à travers lui. Son environnement n'est qu'utilitaire, même du point de vue de la beauté, c'est un beau décor. On en profite. Reconsidérer tout cela. Se placer dans la peau d'un arbre pourquoi pas ? Un de ces vieux qui en a vu depuis des siècles et qui vit en parfaite symbiose avec son entourage. 

Trouver un autre vocabulaire, qu’on soit dans une démarche de gratitude, de respect du vivant

Pour une chose obtenue, retirée, extraite, une action de grâce-une offrande comme autrefois dans les sociétés animistes ; hier, les récits fondateurs du passé mythique éclairaient, organisaient le présent et le futur (oracles, offrandes…) ; aujourd’hui, si on ne veut pas que les dystopies de catastrophe (cinéma américain évidemment) se réalisent, il nous faut écrire les histoires d’un futur désirable ; évitons le vocabulaire de la maîtrise : pas de mise en valeur, d’exploitation du territoire ; parler de terreau, d'humus, plus que de territoire.

 

un parmi la cinquantaine de documents que j'ai rassemblés sur le changement de paradigme nécessaire; en cours de lecture Réparons le monde de Corine Pelluchon qui vient de recevoir le prix de la pensée critique Günther Anders (l'auteur essentiel de l'obsolescence de l'homme)

Notre capacité à relever le défi climatique et à promouvoir plus de justice envers les autres, y compris envers les animaux, suppose un remaniement profond de nos représentations sur la place de l’humain dans la nature. Dès que nous prenons au sérieux notre vulnérabilité et notre dépendance à l’égard des écosystèmes, nous comprenons que notre habitation de la Terre est toujours une cohabitation avec les autres. Ainsi, l’écologie, la cause animale et le respect dû aux personnes vulnérables ne peuvent être séparés. De plus, la conscience du lien qui nous unit aux autres vivants fait naître en nous le désir de réparer le monde et de transmettre une planète habitable. C’est à cette éthique qui n’a rien à voir avec des injonctions moralisatrices et culpabilisantes que ce recueil ouvre la voie.

Notre capacité à relever le défi climatique et à promouvoir plus de justice envers les autres, y compris envers les animaux, suppose un remaniement profond de nos représentations sur la place de l’humain dans la nature. Dès que nous prenons au sérieux notre vulnérabilité et notre dépendance à l’égard des écosystèmes, nous comprenons que notre habitation de la Terre est toujours une cohabitation avec les autres. Ainsi, l’écologie, la cause animale et le respect dû aux personnes vulnérables ne peuvent être séparés. De plus, la conscience du lien qui nous unit aux autres vivants fait naître en nous le désir de réparer le monde et de transmettre une planète habitable. C’est à cette éthique qui n’a rien à voir avec des injonctions moralisatrices et culpabilisantes que ce recueil ouvre la voie.


Publié dans #agora, #cahiers de l'égaré, #écriture, #JCG

un mois d'intelligence collective : 19 août-19 septembre 2020 ont abouti à Corps Ça Vit au Cahier des Futurs Désirés, 48 pages au format 21 X 29,7

un mois d'intelligence collective : 19 août-19 septembre 2020 ont abouti à Corps Ça Vit au Cahier des Futurs Désirés, 48 pages au format 21 X 29,7

19 août 2020, lettre d’appel à la réunion du 27 août 2020

- 19 septembre 2020, réunion conclusive

217 habitants recensés, 105 votants aux municipales de mars 2020 

40 participants aux réunions conflictuelles sur l’emplacement de l’antenne 4G, mercredi 29 juillet et lundi 3 août 2020

(en 2021, de ces réunions conflictuelles, sont sorties des réunions de concertation entre les différentes parties et un consensus s'est fait sur l'emplacement le plus approprié, celui du Pla de Couma comme proposé par les opposants et pas au-dessus de la Tour de Corsavy)

(je ne suis pas aller voir si les deux slogans antagonistes ont été effacés sur le mur à l'entrée du village : Non à l'antenne / Non aux doryphores. Oui à l'antenne)

25 à la réunion d’harmonie et d’harmonisation du 27 août 

8 à la réunion conclusive du 19 septembre =>

une radiographie de Corsavy aujourd’hui

pendant ce mois de pratique d’intelligence collective, un seul geste d’hostilité (l’enlèvement d’une affiche plastifiée sur un portail « privé » ai-je appris plus tard où étaient déjà affichés des documents) ; beaucoup de silence (quelques personnes sont venues à ma rencontre pour me parler ou me communiquer leurs propositions : Thierry, François, Elisabeth, Charlène, Jean, Rolande, Mireille, Roland, Antoine, Denise) ; des gens se sont excusés de ne pouvoir venir ; sur une liste de plus de 60 adresses mails, 3 à 4 retours à mes messages d’appels ou de compte-rendus => une radiographie de Corsavy aujourd’hui

8 personnes à la réunion conclusive = 8% des 105 votants = le % de créatifs culturels, de cellules imaginatives nécessaire pour que des changements s’opèrent, même minimes. Des graines ont été semées qui se développeront pendant que d’autres s’épuiseront avant terme.

C’est la Vie à Corps Ça Vit

Ce 2° Cahier après celui sur Qui est Antigone aujourd'hui ? est disponible depuis le 22 octobre 2020.

ISBN 978-2-35502-121-3, format 21 X 29,7, 48 pages, PVP : 5 €

 gravure de Michel Bories, artiste peintre, enfant du village, 1972, décédé à Cuba avec son neveu Cyril Grosse, autre enfant du village, écrivain, comédien, metteur en scène, le 19 septembre 2001

gravure de Michel Bories, artiste peintre, enfant du village, 1972, décédé  avec son neveu Cyril Grosse, autre enfant du village, écrivain, comédien, metteur en scène, le 19 septembre 2001 à Cuba au triangle de la mort; j'avais envisagé de célébrer les 20 ans de leur disparition (3 semaines du 10 au 30 septembre 2021) avec un réalisateur de FR3 Perpignan, Alain Sabatier  (son idée et envie) mais la situation sanitaire ne permet pas cette aventure qui aurait été artistique et littéraire et aurait donné naissance à un film, un peu comme j'ai fait en 2010 en allant avec des artistes au Baïkal, là où Cyril avait créé son dernier spectacle;  titre : (c'est possible) ça va ou l'un de nous est en trop (comprenne qui pourra mais le spectacle s'il ne fournissait aucune explication faisait ressentir vivement toutes les émotions éprouvées lors d'un exil comme lors d'un deuil)

Ce 19 septembre 2020, de 19 à 21 H, deuxième réunion sur quels futurs désirés pour Corsavy, le jour du 19° anniversaire de la disparition à Cuba, au triangle de la mort à Jaguëy-Grande de Cyril Grosse et Michel Bories, le neveu et l'oncle, tous deux artistes à se consumer. 19-19-19, insistance du 19, y compris dans la Covid 19. Leur âme participera de la créativité de la rencontre.

 gravure de Michel Bories, artiste peintre, enfant du village, 1973, décédé à Cuba, le 19 septembre 2001

gravure de Michel Bories, artiste peintre, enfant du village, 1973, décédé à Cuba, le 19 septembre 2001

Ce 15 octobre 2020 vers 11 H, discussion avec le maire du Revest, informé de la démarche effectuée à Corsavy.

- c'est une démarche intéressante. Dommage que ça ne mobilise pas davantage

- dans l'état actuel des consciences, ça ne peut pas mobiliser beaucoup, ça mobilise au mieux les créatifs culturels, les cellules imaginatives

- ça a au moins eu le mérite de décrisper la situation provoquée par l'emplacement de la 4G ; avec la 5G, on va être confronté à un sacré problème ; comme les antennes font moins de 15 m, les fournisseurs n'auront pas besoin de demander une autorisation ; la seule façon que nous aurons de réagir sera d'empêcher le raccordement sur le réseau électrique; action en justice du fournisseur...

- quand tu penses que ça sera pour voir des films, des séries, du porno sur son smartphone

- oui et pour jouer; plus de vie sociale, le confinement permanent dans sa bulle

dans le sillage de Baïkala, testament amoureux de JCG, reproduit sur papier de dentelles végétales par Aïdée Bernard, 5 m de long sur 12 cm, 1 exemplaire d'artiste acheté par la médiathèque Méjanes d'Aix-en-Provence; la subway dress réalisée par Aïdée Bernard; la jupe de correspondance réalisée par Aïdée Bernard (1 jupe achetée par la médiathèque d'Albi); la robe-peau d'Aïdée Bernard
dans le sillage de Baïkala, testament amoureux de JCG, reproduit sur papier de dentelles végétales par Aïdée Bernard, 5 m de long sur 12 cm, 1 exemplaire d'artiste acheté par la médiathèque Méjanes d'Aix-en-Provence; la subway dress réalisée par Aïdée Bernard; la jupe de correspondance réalisée par Aïdée Bernard (1 jupe achetée par la médiathèque d'Albi); la robe-peau d'Aïdée Bernard
dans le sillage de Baïkala, testament amoureux de JCG, reproduit sur papier de dentelles végétales par Aïdée Bernard, 5 m de long sur 12 cm, 1 exemplaire d'artiste acheté par la médiathèque Méjanes d'Aix-en-Provence; la subway dress réalisée par Aïdée Bernard; la jupe de correspondance réalisée par Aïdée Bernard (1 jupe achetée par la médiathèque d'Albi); la robe-peau d'Aïdée Bernard
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dans le sillage de Baïkala, testament amoureux de JCG, reproduit sur papier de dentelles végétales par Aïdée Bernard, 5 m de long sur 12 cm, 1 exemplaire d'artiste acheté par la médiathèque Méjanes d'Aix-en-Provence; la subway dress réalisée par Aïdée Bernard; la jupe de correspondance réalisée par Aïdée Bernard (1 jupe achetée par la médiathèque d'Albi); la robe-peau d'Aïdée Bernard

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une histoire de la vraie vie / Croix de Vie

17 Juillet 2021 , Rédigé par grossel Publié dans #poésie, #voyages, #écriture, #notes de lecture

la fontaine aux bretons, le dolmen de Prédaire, carrelets sur le sentier littoral de La Bernerie
la fontaine aux bretons, le dolmen de Prédaire, carrelets sur le sentier littoral de La Bernerie
la fontaine aux bretons, le dolmen de Prédaire, carrelets sur le sentier littoral de La Bernerie
la fontaine aux bretons, le dolmen de Prédaire, carrelets sur le sentier littoral de La Bernerie
la fontaine aux bretons, le dolmen de Prédaire, carrelets sur le sentier littoral de La Bernerie
la fontaine aux bretons, le dolmen de Prédaire, carrelets sur le sentier littoral de La Bernerie

la fontaine aux bretons, le dolmen de Prédaire, carrelets sur le sentier littoral de La Bernerie

tu pars en famille pour une semaine, pour un mariage en Vendée, en plein premier week-end de vacances juillettistes; 9 h d'autoroute avec 2 h 30 pour sortir de Paris contre 1 h 15 normalement; le retour des jours heureux a dit le résident de la Rance
tu ne vas pas au mariage, tu ne connais pas cette famille
mais à 5, on a 5 jours d'escapades à inventer; évidemment les propositions via internet sont on ne peut plus variées; le plus difficile est d'être à l'écoute des désirs de chacun et de concilier les sorties communes et les sorties à moins de 5
y a tant de choses à voir dit la chanson
en réalité, ce n'est pas vrai 
 
balade à 4 du dimanche 11 juillet 2021 du côté de La Bernerie; tu t'adresses à certaines des personnes que tu rencontres; et du charme, de la beauté, de la réflexion s'ensuivent, justement sur la beauté devant un des dolmens du site de Prédaire te dit une jeune mère de famille, tu es étonné, la beauté d'une tombe, d'un monument funéraire dont on ne connaît pas bien les fonctions, le symbolisme; beauté comme émotion subjective, goût personnel et ou formaté, Beauté éternelle, beauté sublime de la nature en paix, en colère, sublime dynamique, beauté de la laideur; revue cinq heures après à Pornic, près des glaces de La Fraiserie, une institution, la dame te dit qu'elle réfléchit encore à ce qui s'est échangé
 
lundi 12 juillet, parcours à 3; 28 kilomètres pour faire le Grand Chemin (mal balisé, on s’est perdu deux fois donc retards), partis à 17 h 15, arrivés à 23 H 45 et au gîte loué à 1 h 30 du matin; parcours sans attrait bucolique (pub des offices de tourisme), avec embûches glissantes sur les pistes de VTT (deux chutes dans la gadoue); c’est sur une partie de ce parcours qu’a été filmée le film Le grand chemin avec Anémone et Richard Bohringer en 1987 (Jean-Loup Hubert); sur ce parcours, tu vois ce qu'est l'élevage intensif, grosses fermes à viande (porcs, poulets en batterie, vaches et veaux en prairies, champs de maïs et autres céréales; Vendée et Bretagne sous cet angle ne sont guère enviables et ce n'est pas demain que cette agriculture se transformera)
les 2 qui ne sont pas venus auraient eu du mal à finir ce parcours
 
 
 
mardi 13 juillet, le lac de Grand-Lieu) à 4
 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Lac_de_Grand-Lieu

 
 
au pavillon de chasse de Jean-Pierre Guerlain au lac de Grand-Lieu
j'ai consulté longuement un fabuleux livre numérique de 35 pages sur contes et légendes, appelé légendaire du lac de Grand-Lieu, commençant par la conférence des oiseaux d'Attar (1177), passant par l’eau et les rêves de Bachelard (1942), citant La quête de joie d’un poète que j’avais lu et perdu de vue, Patrice de la Tour du Pin, poème écrit en 1933, à 19 ans; ressurgit à cette occasion, un autre poète lu et perdu de vue Henri Pichette et Les épiphanies
ajoutez l’expérience olfactive des odeurs, l’expérience auditive des cris, chants, l’expérience visuelle à la jumelle des vols de milan et autres prédateurs, des envols des aigrettes, des glissades de canards, des poses de hérons, et ... soudain tu réalises: chez ces volatiles, les mâles paradent et la femelle choisit ou chez les mammifères les mâles se battent et le mâle dominant prend possession de la horde, de la harde, de la meute; il te semble que chez l'homme depuis l'origine quelque chose a dévié, engendrant le patriarcat et cette déviation est de loin, la plus nocive, la domination masculine est inscrite très loin dans le temps, striatum oblige; là encore malgré des avancées, des recherches (Sébastien Bohler, Ivan Jablonka), ce n'est pas demain que ça changera 
 
le 14 juillet, on a fait à 5, 3 H de bateau électrique sur une rivière à Port Saint-Père, expérience d’immersion dans un milieu préservé, travaillé, exploité autrement, jouxtant le lac de Grand-Lieu; on était pourtant près du Puy du Fou; on a refusé cette proposition
 
15 juillet
discussion à 5
que fait-on ?
V. émet l’idée de l’océan, aller à l’océan
K. cherche dans un rayon de 30 Kms ce qui se propose
j’avais souhaité pas plus de 30 Kms 
(ils m’appellent pépé Catherine = je me déplace sans rien comme la Deneuve, je me fais tout payer)
elle tombe sur Saint-Gilles Croix de Vie
tilt
j’associe immédiatement avec Marina Tsvetaeva qui y a séjourné en 1926
je sais qu’il y a une statue monumentale d’elle assise sur un banc, 
un bronze du sculpteur Zourab Tsereteli, inauguré le 16 juin 2012, don du peuple russe au peuple français signé Vladimir Poutine, 
poétesse honorée en 1993 par la venue d’Alexandre Soljenitsyne
 
journée très chargée émotionnellement
cette escapade rêvée il y a 3 ans, devenait réalité
j’ai dit un poème de Marina, un poème d’amour bien sûr 
un poème d’un homme adressé à l’aimée qu’il remercie de ce qu’elle lui apporte
 
Je ne scruterai pas tes voies,
Mon aimée : tout s'est accompli.
J'étais nu-pieds, tu me chaussas
De cheveux et de larmes -
De leur pluie.

Je ne demande pas combien
T'auront coûté ces huiles.
J'étais nu - alors tu m'as ceint
Des vagues de ton corps,
Comme une île.

Plus légers que l'herbe mes doigts
Vont effleurer ta nudité.
Tu m'appris - moi qui étais droit -
La tendre inclinaison, en tombant à mes pieds.

Dans tes cheveux laisse m'enfouir,
De lin ne m'enveloppe pas trop.
Myrrhophore ! à quoi bon la myrrhe ?
Tu m'as baigné toi-même,
Telle un flot.

26-31 août 1923         
 
cela fut fait le 15 juillet 2021, 45 jours avant la pendaison de Marina, le 31 août 1941, il y a 80 ans
 
elle avait écrit à Boris Pasternak
“Toi et moi, nous n’avons jamais cru à une rencontre ici-bas, pas plus qu’à une vie ici-bas, n’est-ce pas ?” 
 
lire la fabuleuse correspondance à 3 (Marina, Boris, Rainer Maria) et Ma soeur, la vie de Boris Pasternak
 
merci la Vie
 
un ami me demande si le panneau La Vie est barré; en entrée de ville, le nom n'est pas barré, en sortie de ville, le nom est barré; là, il s'agit d'une rivière, le nom n'est barré nulle part; sans doute parce qu'une rivière s'écoule, jamais deux fois la même, et parce que La Vie est éternelle
 
 
le magnifique livre numérique de 35 pages qui mériterait d'être accessible par internet pour s'y attarder
le magnifique livre numérique de 35 pages qui mériterait d'être accessible par internet pour s'y attarder
le magnifique livre numérique de 35 pages qui mériterait d'être accessible par internet pour s'y attarder

le magnifique livre numérique de 35 pages qui mériterait d'être accessible par internet pour s'y attarder

le pavillon de chasse du parfumeur Jean-Pierre Guerlain, aujourd'hui lieu de propositions artistiques surprenantes; rencontre avec la poétesse Marina Tsvetaeva à Saint-Gilles; natuno de l'artiste colombienne Lucy Pereyra
le pavillon de chasse du parfumeur Jean-Pierre Guerlain, aujourd'hui lieu de propositions artistiques surprenantes; rencontre avec la poétesse Marina Tsvetaeva à Saint-Gilles; natuno de l'artiste colombienne Lucy Pereyra
le pavillon de chasse du parfumeur Jean-Pierre Guerlain, aujourd'hui lieu de propositions artistiques surprenantes; rencontre avec la poétesse Marina Tsvetaeva à Saint-Gilles; natuno de l'artiste colombienne Lucy Pereyra
le pavillon de chasse du parfumeur Jean-Pierre Guerlain, aujourd'hui lieu de propositions artistiques surprenantes; rencontre avec la poétesse Marina Tsvetaeva à Saint-Gilles; natuno de l'artiste colombienne Lucy Pereyra
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le pavillon de chasse du parfumeur Jean-Pierre Guerlain, aujourd'hui lieu de propositions artistiques surprenantes; rencontre avec la poétesse Marina Tsvetaeva à Saint-Gilles; natuno de l'artiste colombienne Lucy Pereyra
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le pavillon de chasse du parfumeur Jean-Pierre Guerlain, aujourd'hui lieu de propositions artistiques surprenantes; rencontre avec la poétesse Marina Tsvetaeva à Saint-Gilles; natuno de l'artiste colombienne Lucy Pereyra

le pavillon de chasse du parfumeur Jean-Pierre Guerlain, aujourd'hui lieu de propositions artistiques surprenantes; rencontre avec la poétesse Marina Tsvetaeva à Saint-Gilles; natuno de l'artiste colombienne Lucy Pereyra

le 16 juillet, jour du retour, on fait le choix de la proximité, la forêt d'Aizenay, un massif de 450 hectares avec quelque part à l'intérieur  un étang et le sentier du souvenir, le crash d'un bombardier US, le 27 mars 1944; le cratère creusé par l'appareil déjà explosé, les inscriptions sur les ailes de l'avion = moment d'émotion et conscientisation d'une coïncidence :
Marcel Conche a 22 ans ce jour-là; il raconte dans plusieurs récits sa traversée d'une clairière où se bafrent des nazis, ce qui explique leur désintérêt pour ce jeune homme qui tente de passer le plus normalement possible;  il ne sait pas que ce sont ceux de la 2° division SS Das Reich qui a pendu 99 hommes sans rapport avec la résistance à Tulle le 9 juin 1944, en a envoyé 149 à Dachau avant le massacre d'Oradour-sur-Glane, 642 victimes en moins de 3 h, le 10 juin 1944
 
 
nous n'avons pas trouvé le parking du souvenir; garés dans une zone artisanale, nous tombons sur des pruniers chargés de petits fruits, rouges, jaunes, rosés; ils sont délicieux
le sentier du souvenir à Aizenay
le sentier du souvenir à Aizenay
le sentier du souvenir à Aizenay
le sentier du souvenir à Aizenay

le sentier du souvenir à Aizenay

tu as quand même réussi à lire, tu as choisi des lectures estivales

Sur le peu de révolution de Bernard Noël et Michel Surya, 71 pages

Liberté, Égalité, Fraternité avec Mona Ozouf, Michelle Perrot, Cynthia Fleury, 75 pages

êtes-vous par l'ardeur à comprendre emportés ?

une chose te frappe : ces écrits, ces entretiens s'appuyant sur l'histoire, la sociologie, intégrant la longue durée chère à Braudel, ne te paraissent pas suffisamment prendre en compte un universalisme plus englobant que celui des droits de l'homme (droits de la Terre, droits du Vivant, de tous les vivants), te paraissent aveugles à ce qui a nom la domination masculine et à ce qui se développe en réaction à cette domination, en particulier, les techniques de développement personnel, d'éveil spirituel (travail sur soi, très méticuleux, au millimètre, avec dans le collimateur la source de toutes les tensions: le jugement; prise de conscience aussi de la place majeure que doit jouer l'Amour inconditionnel, l'agapé; ce que tu ramènes au pharmacon: tu es aimé, tu es mon bien-aimé, objet du roman Alors, ton livre d'éternité, tu le rends quand ?)

un livre édité par La Nerthe, à Toulon, un livre édité par Les éditions de l'aube à la Tour d'Aigues
un livre édité par La Nerthe, à Toulon, un livre édité par Les éditions de l'aube à la Tour d'Aigues

un livre édité par La Nerthe, à Toulon, un livre édité par Les éditions de l'aube à la Tour d'Aigues

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en attendant je pleure

7 Juillet 2021 , Rédigé par grossel Publié dans #pour toujours, #écriture, #FINS DE PARTIES

dibujodos par Lucy Pereyra, artiste colombienne

dibujodos par Lucy Pereyra, artiste colombienne

mardi 6 juillet 2021, nous fûmes 3 dans un appartement de Saint-Denis, vers 21 H 30, à être cueilli par la présentation de sortie de résidence au Begat Theater à Gréoux-les-Bains de Katia Ponomareva (la fille qui adore son père et réciproquement) et son équipe

 
lecture du texte et présentation d’un teaser de en attendant je pleure
un texte essentiel d’après moi sur la vie, la mort à partir de donner la vie, du désir de donner la vie
 
donner la vie, c’est la survie de l’espèce, c’est très banal, très courant, très fréquent, très normal, on n’y prête pas attention, on voit des ventres arrondis, des accouchements sans douleur, des accouchements préparés, accompagnés, des naissances enchantées, des péridurales, des césariennes, du forceps…
avec son humour d’empereur, Napoléon avait dit après une bataille particulièrement meurtrière une nuit de Paris suffira à repeupler tout cela
 
et voilà un texte qui nous met le nez dessus, dedans, le pipi, le caca, le sang, la perte des eaux…
 
- donner la vie c’est aussi donner la mort puisque ce vivant nouveau-né est mortel, putain de souffle du début, putain de souffle de la fin 
- et porter une vie, c’est parfois, c’est souvent très compliqué, un vrai parcours de combattante, fausse couche, mère mourant en couche, stérilité provisoire, incompatibilité, PMA, enceinte avec déni de grossesse, anorexique en sainte, obèse enceinte…
- et porter une vie, c’est peut-être trimballer des vies antérieures, être inscrite consciemment mais surtout inconsciemment dans de l’héritage familial, de l’héritage sociétal, du karmique comme on dit, de la répétition
 
écriture au scalpel, rien ne nous est épargné, 
ou tu restes ou tu sors
 
et c’est une histoire qui nous est racontée, qui nous met en contact immédiat avec des ressentis 
(pas des idées, des pensées, 
mais du corps, du corps à corps, du corps à coeur parce que la combattante a le coeur bien accroché pour vivre ce qu’elle vit, les efforts pour transmettre la vie au risque de la vie et sans trop bien savoir, comprendre ce qui se passe  parce que transmettre la vie ce n’est pas passer comme une lettre à la poste; 
bien que ce soit sous contrôle médical, « scientifique », il y a tellement d’aléas, de mystère; 
toute naissance est un miracle malgré les docteurs, grâce aussi à leur accompagnement, souvent malveillant (le pouvoir du pseudo-savoir), parfois bienveillant (l’humilité de l’ignorant)
il y a celles pour qui c’est sans problème et celles pour qui c’est compliqué)
 
j'en arrive à me demander si ce n'est pas l'enfant qui choisit ses parents, sa mère, sa porteuse, lui étant soit un enfant intérieur blessé, soit un enfant solaire, divin
 
l’image de la femme en noir portant sa charge de mannequins blanc sur le dos, sur une sente de colline forestière, filmée de dos
l’image de la femme remontant le courant du Verdon et s’y noyant, toujours filmée de dos (montrer son dos, le contraire du face public si narcissique; comment m’avez-vous trouvé ?)
l’image de la femme immergée dans la piscine, de dos en corps 
l’eau, l’eau du ventre-mère, du ventre-mer
l’image du tracteur sans chauffeur traversant si lentement (à la Angelopoulos) un champ de lavande, avec sa charge de cadavres blanc
c’est de l’épure, du symbole, du ressenti, de l’immédiat 
(ça fait tilt ou pas) 
ce n’est surtout pas du mental, de la rationalisation, de la philosophie 
 
merci pour ce grand moment (durée 15’ à 20' de texte, 5’ de teaser) qui m’a fait être-devenir femme en sainte, être-devenir femme dans sa spécifié, sa singularité de porteuse; 
texte et teaser invitant à de l'hyper-empathie, un moment intense de présence au moment présent
comme constate Françoise Héritier ce n’est pas parce que les femmes font des enfants qu’elles sont mises en tutelle, mais parce qu’elles font des fils !
 
après viendra et puis, j’ai souri
on s’attend à de la résilience, à de la renaissance après la sidération
j’attends l’apparition de chats, les vrais maîtres zen comme le constate Eckhart Tolle dans le pouvoir du moment présent
 
en aparté, je pense au désintérêt de certains professionnels pour ce travail
c’est donc qu’il est nécessaire (sauf exception, la création-le créateur n’est pas reconnu; ça ne passe pas par l’institution; tout le monde le sait; on a donc des repères pour reconnaître les créateurs; 
on préfère ce qui fait consensucemoibienlenoeud dans les goûts dominants; 
un créateur, c’est un univers, une langue, un style reconnaissables entre tout)
c’est le cas de Katia; ces vidéos le révèlent
 
je me dis que ces professionnels ne méritent pas ce travail, cette oeuvre en gestation depuis 8 ans
(je refuse le mot spectacle)
j’aime ces gens qui se mutilent eux-mêmes par fermeture d’esprit et surtout de coeur en toute inconscience et inconsistance; 
je les vois dans leur enfer, passant à côté de tant de choses vraies, de tant de vies possibles
 
le travail de Katia Ponomareva fera son chemin comme il le fera
il se montrera sans le miroir déformant et formatant de la profession
vive la création indocile, mue par sa seule nécessité vitale
 
JCG
3 livres illustrés sur les chats de sagesse et le chat Socrate, sculpture de Michel Gloaguen
3 livres illustrés sur les chats de sagesse et le chat Socrate, sculpture de Michel Gloaguen
3 livres illustrés sur les chats de sagesse et le chat Socrate, sculpture de Michel Gloaguen
3 livres illustrés sur les chats de sagesse et le chat Socrate, sculpture de Michel Gloaguen
3 livres illustrés sur les chats de sagesse et le chat Socrate, sculpture de Michel Gloaguen
3 livres illustrés sur les chats de sagesse et le chat Socrate, sculpture de Michel Gloaguen

3 livres illustrés sur les chats de sagesse et le chat Socrate, sculpture de Michel Gloaguen

esquisse de Et puis après j’ai souri qui viendra après en attendant je pleure  
Et puis après j'ai souri [A Nouveau, fragments 5], l’esquisse 
Un projet conçu et réalisé par Katia Ponomareva dans le cadre du Master Pro Mise en scène et Dramaturgie de Paris X - Nanterre, présenté au Théâtre Bernard-Marie Koltès, le 25 Juin 2015
6 ans déjà
j’étais à cette présentation du 25 juin 2015 en présence d’un jury de professionnels de haut vol, mention TB avec une note supérieure à 18
6 ans après, toujours pas de producteurs ou co-producteurs
deux ascensions en 4 et 5
une traversée horizontale déjà à la Angelopoulos en 6°position
et la séquence sonore en 3° position maman, maman particulièrement touchante pour moi
découvrez un univers, une langue, un style
 
et ce texte de Cyril
Hier, dans ma voiture, une amie Hongroise que je connais depuis deux ans, m’a raconté la mort de sa grand-mère. Le jour tombait, presque insensiblement. Son français maladroit, ses chuchotements et ses gestes suspendus glissaient avec les couleurs, la forme mouvante du ciel. Et je pensais à ma grand-mère. Lorsqu’elle eut fini, nous sortîmes. Silence, mer, nuit. Nous avons marché face à la mer, en silence. Les néons bleus du restaurant Le hasard se reflétaient sur le sable, les algues mouillées accompagnaient nos pas. Je fixais son visage, la gravité soudaine de ses traits et je me disais que sans la présence de la mort, rien ne vaut la peine d’être raconté, aucune histoire, aucun livre, aucun théâtre. Silence, mer, nuit. Lumières clignotantes de la ville. Le reste est silence, autour et devant nous. Cyril Grosse

je viens du soleil flavio cabobianco

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La nature et l'homme / Marcel Conche

30 Juin 2021 , Rédigé par grossel

Publié dans #cahiers de l'égaré, #philosophie, #JCG

La nature et l'homme

PHILOSOPHIE. « La Nature et l’Homme », de Marchel Conche

Né en 1922, le philosophe Marcel Conche a eu 99 ans le 27 mars. Cela ne l’empêche nullement de réfléchir, ni d’écrire. Pour preuve cette série de 109 fragments où se répondent, comme autant de courts chapitres, interrogations métaphysiques et souvenirs d’une vie. Il est ici question de la nature qui doit remplacer Dieu, d’Héraclite et du changement universel, des femmes aimées, des amis présents ou perdus, des souvenirs toujours vifs d’une enfance rurale – entre autres et tour à tour. Par-dessus tout, avec humour ou gravité, se trouve célébrée la philosophie, considérée comme vocation et choix de vie originaire. Un petit paysan fit à 13 ans des Pensées de Pascal son livre de chevet, ne put aller au lycée, apprit tard le latin et le grec, édita finalement Héraclite aussi bien qu’Epicure et devint professeur à la Sorbonne. La recherche de la vérité organise cette existence, ce qui constitue une rareté. R.-P. D.

compte-rendu du Monde des Livres, rédigé par Roger-Pol-Droit, publié jeudi 6 mai 

Est paru, le 27 mars 2021, pour ses 99 ans, le dernier livre de Marcel Conche : La nature et l'homme.

ISBN : 978-2-35502-123-7

192 pages / 19 €

référencé et distribué par Soleils Diffusion, 3 rue Jean Dollfus, 75018 Paris

Avant-propos

La nature est le lieu sans limites où naissent et persistent des mondes innombrables. On peut parcourir indéfiniment la nature : elle est donc in- définie. Mais elle est aussi infinie, car on ne peut rien lui ajouter qui ne serait pas naturel. Un monde est une totalité structurée. Une grenouille perçoit d’innombrables excitations. Ces excitations ne forment pas un ensemble disparate : elles ont une unité car la grenouille est une, l’ensemble des excitations est donc une totalité structurée, un monde. C’est le monde de la grenouille. La grenouille ne peut sortir de son monde, pas plus que le serpent du sien. Autant d’êtres vivants, autant de mondes qui mutuellement s’ignorent. Aucun être vivant ne peut se mettre à la place d’un autre pour percevoir la nature comme il la perçoit. Autant d’êtres vivants, autant de perceptions différentes de la nature. Autre est la cour de la ferme pour le canard, autre pour le crapaud, autre pour le hérisson. Le canard ne peut se mettre à la place du hérisson pour voir la cour de la ferme en hérisson. Mais l’homme non plus ne le peut. La nature se diversifie selon la diversité des êtres qui vivent et la perçoivent. Encore en est-il de même pour la diversité des humains. La forêt n’est pas la même pour le charbonnier, pour le chasseur qui dans les bêtes innocentes voit des proies, pour le peintre ou le poète, et pour le philosophe amateur des chemins qui ne mènent nulle part. Que faire d’autre que d’avancer comme on peut dans l’obscurité des choses ? Depuis quand cette obscurité s’est-elle éclaircie ? Nous sommes, humains, sur la planète Terre. Par quelle cause ? Selon la théorie de la panspermie, les germes de vie sont venus de l’espace, apportés par des météorites ou des comètes. Cela explique le comment. Reste le pourquoi. Après la cause qui explique vient la raison qui justifie. Justifier et montrer que ce qui a lieu est bon, existe en vue du bien. L’homme est sur cette Terre pour faire être le bien, pour agir en vue du bien. « L’homme » ce sont les hommes, les nations, les États. Chaque chef d’État doit avoir en vue, non pas seulement l’intérêt de son État, mais l’intérêt de l’ensemble des États, qui est de réaliser la paix universelle, préface à l’amour universel.

 

LXVI
Le non engagement

Si l’on considère l’ensemble de ma vie, on peut dire que j’ai choisi le non engagement.

Mon cousin germain Fernand s’est engagé dans l’armée. Il est venu à Altillac se montrer chez mes parents, avec son bel uniforme de sergent-chef. Je n’ai pas vu en lui un exemple à suivre et je ne l’ai pas admiré. Mais j’ai souffert lorsqu’il a été tué à la guerre.

Je n’ai combattu pour aucune cause : ni la cause politique, car je n’ai adhéré à aucun parti, ni la cause nationale, car je ne me suis pas engagé dans la Résistance, contrairement à Marie-Thérèse et à mon père, ni la cause internationale.

Nous vivons tous une brève vie. Il ne faut pas par imprudence, la raccourcir encore – en fumant la cigarette, en buvant des apéritifs alcoolisés, en pré- férant trop souvent le vin à l’orangina, en fatiguant son corps par des efforts excessifs. Il faut surtout ne pas risquer de la raccourcir en s’engageant dans des actions où l’on risque sa vie.

Je pense aux guerres de 14-18 et de 39-45. Je n’ai pas participé à la guerre de 39-45. Il est certain que je n’aurais pas participé à celle de 14-18. Cette certitude tient à la conscience que j’ai de moi-même.

« Connais-toi toi-même » : telle est la leçon des Grecs. Je me connais en ce sens que je sais ce que je veux et aussi ce que je peux vouloir et ne vouloir pas.

Je sais que je ne peux rien vouloir de ce qui porterait préjudice à ceux que j’aime, à mes amis, à mon pays, et qu’au contraire, je veux travailler de façon à réaliser une œuvre qui ait de la durée.

Vienne la nuit sonne l’heure Les jours s’en vont je demeure

Certes, je vais mourir. Mais mon âme ne meurt pas, car mon âme est dans les livres. Et comme auteur de mes livres, mon nom est dans le dictionnaire Larousse, lequel ne disparaîtra qu’avec la civilisation.

Ne pas s’engager c’est ne pas risquer de faire naufrage, c’est ne pas susciter des rivaux et des jalousies, c’est préserver ses forces comme Napoléon le faisait de sa garde. Ne pas s’engager, c’est aussi laisser les événements suivre leur cours, sans intervenir plus que sur des phénomènes météorologiques.

 

 

LXXIV
Le moi et Héraclite

Puisque « tout s’écoule », selon Héraclite, le moi, comme toutes choses doit s’écouler. Pas plus que le fleuve dans lequel on entre à midi n’est le même que celui dans lequel on est entré ce matin, le moi qui s’éveille le jeudi matin ne saurait être le même que celui qui s’est endormi le mercredi soir. Cependant la carte d’identité me dit que c’est la même personne. Si la société devait tenir compte du fait que chaque personne varie sans cesse, l’ordre social serait impossible, et même l’ordre familial. Le père reste le « père », le fils reste le « fils », l’oncle reste « l’oncle », même si chacun a beaucoup changé. Certes rejoignant Alfred après plusieurs années où il était au Maroc, je puis dire : « Comme il a changé ! ». Je le reconnais néanmoins. Nous faisons continuellement abstraction des changements que nous constatons chez les personnes, nous rangeant au point de vue de la société qui veut qu’elles soient les mêmes. Le « tout s’écoule » d’Héraclite est une vérité philosophique qui contredit l’expérience et la vie quotidiennes. Pour Héraclite, le fixe n’est qu’une apparence. Il n’y a rien de fixe. Même la tour Eiffel bouge quelque peu. Or, l’homme agit, et il ne pourrait agir si son action ne pouvait s’appuyer sur des choses fixes, telles que la charrue, la bicyclette, le tracteur, les outils (du menuisier, du charpentier, etc.). La philosophie fait voir les choses en profondeur et dans ce qu’elles ont d’éternel. Mais l’on vit dans le présent et l’écoulement, entre le passé, écoulé et voué au non-être, et l’avenir, non encore écoulé. Sous la fixité des apparences, la mouvance maintient son règne. Car tout se meut, s’écoule et, écoulé, va au néant. De toutes les actions de l’homme, de toute l’histoire humaine, que peut-il rester au bout de 10milliards d’années ? Mais l’âme n’est pas à oublier. La religion et certains philosophes disent qu’elle est immortelle. Mon âme est dans mes livres. Ai-je une âme autre que celle qui est dans mes livres ? Je n’incline pas à le croire – tout en suspendant mon jugement.

note de lecture de Gérard Lépinois

Matois / Nu / Vieil enfant (neuf).
Matois, coquin, Marcel, vif, philosophe du (toujours plus) nu, simple d'apparence : plus rien à perdre ni à gagner que la notation du jour, crépusculaire ou pas (long nocturne dans le jour où revenir en boucle, en variations musicales de visages bues, de situations...). Mais non moins au plein jour, à l'instant présent, à la petite bête s'il en est. La Nature donc, une philosophie décidément nue, pudique, "présocratique", philosophie concentrée d'un paysan ayant été professeur de Sorbonne (stucs...). La Nature est la nécessité du nu, simple d'apparence, du nu de chaque monde, l'enveloppe totale inenvisageable, contrairement à Émilie, déesse corse fort concrète, concrètement disparue. Donc finalement philosopher une vie, son jardin, la position de celui-ci dans une totalité ressentie, pas seulement postulée, son ordonnancement par un infini, clef de voûte hors de portée de descriptions ou analyses de détail, grâce à lui harmonieuses, y compris de devoir s'éteindre et de sourire aussi de soi, narquois Marcel, pas ironique, jamais méchant, mais amusé, un vieux gosse, un jeune vieux, toujours et à nouveau le petit avec sa route qui tourne, foin de la Sorbonne et de son labyrinthe, son père qui le prive innocemment de lycée et les Pensées de Pascal à treize ans dans les bois, araignée page onze.

note de lecture de Jacques Larrue

30.- CONCHE, LA BELLE NATURE - Je me demande bien aujourd'hui qui vais-je intéresser avec macronique ? C'est pas que je sois bien sûr de posséder le moindre pouvoir d'attractivité habituellement. Mais là si je vous dis Marcel Conche ! Vous allez rester coi et vous exclamer : Marcel quoi ? Si, peut-être vais-je emmener Francis le Corrézien, natif tout proche d'Altillac qui me confessait ne le connaître que de nom et quand même aussi de réputation. Jean-Claude, que tout m'aurait porté à connaître bien avant que je ne m'échappe du Var, si seulement j'avais sacrifié au rite culturel élémentaire en me rendant à la Maison des Comoni au Revest ou au moins en feuilletant les jolis Cahiers de l'Égaré. Zaza, qui vient de se joindre à ce petite cercle de Résistants fleurant bon le maquis provençal et la farigoulette. Et mon épouse... qui n'a pas le choix !
Chapeau Marcel !
Remarquez, c'est pas moi qui vais jeter la pierre à ceux qui ont déjà décroché ou qui ont la main près de la poignée du parachute. Les philosophes m'emmerdent aussi. Pire, les contemporains me dérangent à toujours s'écouter penser et à oublier parfois de baisser le son. Je ne commettrais pas l'indélicatesse d'en jeter quelques-uns dans la fosse au lions incultes. Et aux insultes. Mais je me sens un peu de leur côté. Celui des béotiens. Respectant en cela la consigne d'Héraclite : " Connais-toi toi même ". Les plus érudits objecteront que ce principe sensé conduire à la raison appartient à Socrate. Certes, mais c'est tout de même son aîné d'Éphèse qui proposa : « il faut s'étudier soi-même et tout apprendre par soi-même ». Sans vouloir balancer, cela ressemble fort à du plagiat ! Mais foin de procès, y a prescription !
N'empêche qu'en m'abonnant aux Cahiers de l'Égaré (au fait j'espère que ça y est, vous les avez envoyé vos soixante balles au collègue Grosse du Revest !) je ne pensais pas en prendre à ce point plein la tronche. Lorsque je suis allé mesurer le pedigree du fameux Conche, je n'ai pas été rassuré. Héraclite donc, mais aussi Montaigne et Heidegger. Bon Heidegger, il fait ce qu'il veut Marcel, mais enfin Heidegger n'a jamais trop cherché querelle à Hitler et si vous voulez, avec mes a priori à la con, ça me perturbe. Tout comme d'ailleurs Conche lui même qui, à 23 piges, s'est planqué pour ne pas monter au font de1939 - bon d'accord ce fut un bide, d'où vient d'ailleurs peut-être l'expression "avoir le rouge au front " - et "oublia" ensuite de rejoindre la Résistance. Il était trop occupé nous dit-il (!) et puis, toujours pareil, qu'aurions nous fait à sa place ? En 40, des Jean Moulin il n'en tournait pas tant que ça au vent de la colère ! L'important c'est qu'il ne soit pas rallié au FFI en 1944 comme tant d'autres...
Je connaissais aussi "Montaigne Pyrénées" que chantent magnifiquement quelques chœurs basques, mais pour ce qui est de son œuvre... Aucun rapport non plus avec le rugby même s'il doit sa réputation à une farandole d'Essais. Et pour m'être risqué à jeter un œil dans l'un de ses textes originaux, je vous assure que je m'en suis promptement écarté. D'ailleurs Marcel Conche, qui a justement perdu la vue d'un côté, pense que cela remonte à sa jeunesse mal éclairée par une lampe à pétrole, mais qui sait si ce n'est pas pus tôt ce Montaigne qui serait la cause de la cécité partielle de son disciple ?
J'y suis pourtant allé sans crainte. Plein de curiosité et de considération. Si je ne vous l'ai pas encore révélé, ce docteur en philosophie, double lauréat de l'Académie française boucle depuis le 22 mars sa dernière année afin de rejoindre le cercle encore restreint des centenaires. En sorte que j'eus parfois le sentiment de posséder entre les mains un testament philosophique et littéraire. Pour le coup un vrai privilège ( ah ! qu'est ce que j'ai bien fait de m'abonner ).
Souvent les philosophes me semblent boursouflés de leur propre connaissance et, ce qui m'étonne toujours, de ce qui ressemble fort à des certitudes. N'était cette obsession à rappeler dix fois au moins, au fil des pages, que le nom de Marcel Conche figure dans le Larousse et que cela lui ouvre les portes de l'infini - grand bien lui fasse ! - je me suis laissé entraîner sans lassitude dans ces pérégrinations intellectuelles pleines de bonté et tenez-vous bien, de bons sens.
C'est l’œuvre d'un philosophe-paysan des bords langoureux de Dordogne, d'un enfant orphelin par sa maman qui la perdit en lui donnant la vie, d'un éternel amoureux confiant ses secrets sans jamais les trahir, d'un contemplateur imprégné de nature : " Dieu était un principe de bonté. Ce principe de bonté est maintenant la nature. La nature est vie et toute vie est bonne." Et l'homme qui "est sur Terre pour faire être le bien, pour agir en vue du bien. "L'homme", ceux sont les hommes, les nations, les États. Chaque Chef d'État doit avoir en vue, non seulement l'intérêt de son État, mais l'intérêt de l'ensemble des États, qui est de réaliser la paix universelle, préface à l'amour universel."
De la cueillette des noix aux Présocratiques, des bastes vigneronnes de la Patraquerie à la métaphysique, l'agrégé de la Sorbonne se livre généreusement à travers CIX (109) petits fragments d'une pensée apaisée et intacte.
Vienne la nuit, sonne l'heure,
les jours s'en vont, je demeure *
Et en bout de lecture, les bouquins de l'Égaré ont aussi ça de magique qu'ils nous effleurent les mains avec délicatesse, presque une sensualité qui vous frustre un brin lorsqu'il faut les refermer. Mais qu'à cela ne tienne. Je vais sûrement relire ce dernier Conche. A moins qu'il ne me fasse mentir et qu'il remette à cent ans le métier sur l'ouvrage.
Et comme l'espérance est violente. *
Et puis si ce n'est de lui, il y en aura d'autres. L'éditeur est toujours jeune. A peine quatre-vingts !
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La Nature et les mondes / Marcel Conche

5 Octobre 2020 , Rédigé par grossel Publié dans #agoras, #amitié, #amour, #développement personnel, #essais, #jean-claude grosse, #notes de lecture, #vide quantique

une branche d'olivier et ses fruits pour illustrer ce nouvel opus de Marcel Conche

une branche d'olivier et ses fruits pour illustrer ce nouvel opus de Marcel Conche


La Nature et les mondes

Marcel Conche

HDiffusion, septembre 2020

 

Le dernier livre de Marcel Conche est paru courant septembre 2020, 182 pages, 89 entrées.

On retrouve le Marcel Conche des livres précédents, à la fois le même (ce qu'il appelle la fixité relative, rendant possible l'établissement d'une carte d'identité, page 163) et autre : le Marcel qui change comme tout ce qui vit et qui passe jusqu'à ce que cesse la vie, un Marcel qui ne se voit pas changer, passer car la Nature aime à se cacher ; la Nature est mouvement, changement mais imperceptible, l'herbe pousse mais on ne la voit pas pousser, l'arbre se développe mais on ne le voit pas se développer, Marcel vieillit, ses souvenirs n'ont plus la même précision, flou et oubli sont son lot en lien avec un désinvestissement, une indifférence à l'égard du monde actuel ; il est un vieil homme, par choix, (page 128) du monde d'avant la télévision, d'avant internet, d'avant les smartphones ; il n'éprouve aucune nécessité de se mettre aux goûts du jour ; il est le paysan d'hier et évoque, ne cesse d'évoquer des moments de sa jeunesse paysanne ; il est aussi philosophe, s'est choisi philosophe en vue de chercher la vérité (qu'y a-t-il après le tournant ?) et soucieux d'une œuvre qui fasse référence donc qui durera après lui, au moins un temps (ce qui n'est pas le cas des romans, dit-il, sauf exception).

Un proverbe africain dit bien ce caractère imperceptible du changement, de la créativité de la Nature : Quand un arbre tombe, on l'entend ; quand la forêt pousse, pas un bruit.

Ce qui me frappe dans cet opus, c'est la turbulence de que j'appelle la CAC 40, la conscience analytique cérébrale, puissance 40, ce que d'autres appellent le mental, chez Marcel comme chez tout un chacun, la CAC 40 aussi toxique que le CAC 40, cette ritournelle incessante de miettes de pensées (il dit brins de pensées), miettes de souvenirs, miettes de désirs, miettes de regrets, ritournelle diurne, nocturne qui nous pollue et qu'il est très difficile de faire taire, de mettre en veilleuse, de regarder en témoin sans s'y impliquer.

Il m'a fallu découvrir certaines pratiques de développement personnel pour réussir parfois à vivre le moment présent, à être pleinement dans le moment présent, dans l'accueil de l'abondance qui s'offre à nous quand on n'attend rien, quand on lâche prise. La concentration sur la respiration (en cohérence cardiaque), la méditation d'un sûtra (celui du cœur par exemple), la pratique du mantra so hum, les mudrâs sont des outils puissants pour ressentir (ressentir, ça se passe plutôt au niveau du ventre, le 2° cerveau), pas penser, (penser, ça se passe au niveau du cortex pré-frontal, on a affaire aux idées, aux concepts et à l'agitation qui est derrière la pensée claire, page 172) la créativité du Vide, du Silence, du Soi, de la Vie, de la Nature (j'ignore à cette étape si ces 5 mots sont compatibles entre eux). Alors coïncidences et synchronicités s'offrent à nous et ce qui paraissait disparate, sans lien se trouve connecté, inter-connecté, l'était de fait mais soudain on réalise, ce qu'on appelait hasard ne l'était pas. Je n'ai entrepris cette démarche que depuis 5 ans, et depuis 2 ans de façon pratique, plutôt assidue et je remercie ceux qui m'ont initié.

Marcel, de façon empirique, flirte avec ces pratiques par la contemplation de ce qu'il a sous les yeux, le cerisier en fleurs, les nuages, la colline, par sa sensibilité à la beauté de ce que crée la Nature, par son respect de tout ce qui est vivant, par ses choix de vie saine, décroissante (la sobriété heureuse), par son refus de la violence, son pacifisme, son amour de la paix, son rejet de la guerre, sa bonté. Marcel est taoïste en pratique, par son attitude d'ensemble d'amour de la vie et de non-intervention, de non-agir. « Je fais mien ce qui est le but des mouvements taoïstes. Il faut éviter tout ce qui fait le jeu de la mort. N'est-ce pas dire qu'il faut vivre en sage, ce qui signifie mener une vie retirée à la campagne ou dans une petite ville. Le sage s'abstient de tout ce qui le lie à des conventions ou à des règles particulières. » page 171.

La beauté de tout de ce qui est vivant, principe d'harmonie et d'équilibre, est inhérente, constitutive de chaque être vivant, propre à chaque être vivant, différente de l'un à l'autre. Il y a donc autant de beautés offertes qu'il y a d'êtres vivants, expressions de la créativité de la Nature. Les beautés sont données, offertes à qui sait les voir, les ressentir, à qui est disposé à les accueillir par un refus d'un usage utile de ces êtres vivants. Pas question de jeter l'anguille vivante dans la poêle. Pas question d'égorger le cochon.

Marcel est sensible à la sensibilité animale, ce que Hegel a décrit comme le magnétisme animal et qui a été repris, développé par François Roustang, d'abord psychanalyste lacanien puis hypnothérapeute. Aujourd'hui, hypnose et auto-hypnose sont des pratiques répandues mettant hors-jeu le mental, la CAC 40 et permettant à une personne de se repositionner, de sortir des schémas répétitifs qui provoquent le mal-vivre, le mal-être de beaucoup de gens. La volonté, la raison sont impuissantes à modifier, apaiser ces schémas souvent destructeurs, auto-destructeurs (genre victime-bourreau ou comme Marcel allant de non-baiser en non-baiser sauf rares cas, avec Claire ou Marie ; c'est ce qu'il appelle son côté négatif, son côté de « perdant » page 140). Marcel est fin psychologue mais sa psychologie est rationnelle et ancienne, même s'il n'ignore pas le ça et le sur-moi freudien ; elle ignore les neurosciences. Il croit au pouvoir de la volonté, au pouvoir de la raison. Il croit à la différence essentielle entre l'homme qui pense et l'animal qui ne pense pas. L'absence d'animal genre chat et chien devenant compagnons de vie, avec lesquels il commercerait, qu'il caresserait, leur donnant du plaisir qu'ils savent prendre, ce qui est leur façon de rendre le compagnon heureux est peut-être une expérience qui lui manque, l'expérience de la présence de tout l'animal au seul moment présent, même si je l'ai vu s'occuper de chats SDF venant réclamer leur gamelle à La Maisonneuve. Mais sans affection. Par solidarité morale ou éthique avec le vivant.

Ce qui m'étonne aussi, c'est sa limitation du vivant au végétal, à l'animal. Le minéral en est exclu, une pierre est de la matière et la matière c'est la mort. Et pourtant, comment ne pas être interpellé : « Si un jour, tu vois qu'une pierre te sourit, iras-tu le dire ? » Guillevic. A-t-il besoin de sortir le minéral du vivant pour récuser le matérialisme ? Lui qui est sensible à la beauté des montagnes, des collines, des rivières et ruisseaux doit sentir, ressentir le travail du temps éternel, travail d'érosion, travail quasi-invisible mais sculptant tant des paysages que nous contemplons ; je pense aux gorges de l'Ardèche du côté du Vallon Pont d'Arc ou aux gorges du Tarn. Paysages à couper le souffle, inspirants, magnétiques, obligeant presque à une méditation métaphysique sur le temps destinal, « destructeur ». Évidemment, dans de tels paysages, il y a les amateurs de sensations extrêmes comme ces alpinistes à mains nus (tel Patrick Edlinger) ou ce sportif de haut niveau, Dan Millman, qui a inspiré le film Le guerrier pacifique, (quel oxymore !), performants parce que dans un état qu'ils appellent le flow ; le flow est un état totalement centré sur la motivation. C'est une immersion totale, qui représente peut-être l'expérience suprême, employant les émotions au service de la performance et de l'apprentissage. Dans le flow, les émotions ne sont pas seulement contenues et canalisées, mais en pleine coordination avec la tâche s'accomplissant. Le trait distinctif du flow est un sentiment de joie spontané, voire d'extase pendant une activité. Marcel est dans cet état de concentration extrême, de joie quand il recompose Héraclite, sa dernière œuvre. Il sait se mettre dans le flow des grands sportifs, en athlète de la pensée. «  C'est en joie constante que j'ai écrit les Fragments recomposés d'Héraclite ». (PUF, 2017), page 155.

Le ressassement du passé, surtout décevant, désespérant, par exemple avec Émilie, ne peut lui procurer que tristesse, amertume. On voit avec la succession de ses livres qu'il change par rapport à elle, il n'est plus dans une forme d'amour inconditionnel. « Ma vie est vécue sous le règne du rationnel. Pourtant, j'ai été amoureux, j'ai même aimé, aimé Emilie. Par quelle aberration ? (Car je n'eus que la désespérance). Sans doute ai-je vu en elle la beauté et donc ce que j'ai aimé c'est la beauté. On ne peut aimer que la beauté et inversement, ce que l'on aime nous semble beau. » page 174. S'agit-il d'un jugement définitif ? D'une réaction d'humeur ? Du jugement de ce jour d'après le 13 mai 2020 ? Aucune satisfaction possible à tenter d'expliquer (page 140, 3 explications possibles mais aucune certitude, Marcel est dans l'interprétation, rationnelle mais nullement fiable) alors même qu'il sait qu'il lui est impossible de comprendre l'attitude d'Émilie, ne le remerciant même pas pour sa dédicace dans son livre précédent La Nature et la beauté. « Ai-je été amoureux d'elle ? Je ne sais. Le Temps qui a la puissance du destin a appauvri ma mémoire et délaie mes souvenirs. Pourquoi tenter vainement de me souvenir d'Émilie ? C'est que la multitude d'émotions que j'ai eues avec elle a laissé une trace dans mon âme. » page 124. Par contre, satisfaction possible à essayer de se comprendre lui (page 128), il se voit, se comprend comme vivant dans son monde, un monde choisi, cohérent ; ça lui importe plus que d'être compris d'autrui ou de comprendre autrui. Se connaître soi-même fait partie de la vie, se réfléchissant elle-même, faisant le point, s'essayant, essayant des possibilités, jusqu'à trouver ce qui nous convient, ce qui est conforme à notre nature, à notre mission de vie, ce qui donne sens à notre vie parce que visant au-delà de notre vie. Marcel ne pouvait s'essayer que comme philosophe.

Page 153, il cite André Gide, d'après son agenda du 15 octobre 1957 (quel archiviste !) pour marquer sa différence : « Connais-toi toi-même, maxime aussi pernicieuse que laide. Quiconque l'observe arrête son développement. La chenille qui chercherait à bien se connaître ne deviendrait jamais papillon. » Aujourd'hui on sait comment la chenille devient papillon. « Les biologistes ont découvert qu'à l'intérieur des cellules du tissu de la chenille, il y a des cellules appelées cellules imaginatives. Elles résonnent sur une fréquence différente. De plus, elles sont si différentes des autres cellules de vers que le système immunitaire de la chenille les prend pour des ennemis et tente de les détruire. Mais de nouvelles cellules imaginatives continuent d'apparaître, et de plus en plus. Soudain, le système immunitaire de la chenille ne peut plus les détruire assez vite et elles deviennent plus fortes en se connectant les unes aux autres pour former une masse critique qui reconnaît leur mission de réaliser l'incroyable naissance d'un papillon. » Deepak Chopra.

La question pour moi est que faire d'un amour non-réciproque ? Réactiver les émotions passées qui passent, se délaient, s'estompent relève du mental, de la CAC 40, activité toxique, source de souffrances, de regrets, de tristesse, de ressentiment éventuellement. Seul est réel, le moment présent. Le passé n'est plus, le futur pas encore. Étant créateur, écrivain, philosophe, Marcel ne devrait selon moi se poser que cette question : pourquoi cette jeune et jolie femme a-t-elle été placée sur mon chemin, pour quelle expérience de vie pouvant contribuer à me nettoyer de quelles répétitions ? Il ne connut même pas un baiser sur la joue. L'écart d'âge n'est pas suffisant pour expliquer ce manque d'empathie, cette absence de générosité, cette froideur. Malgré cela, Marcel lui a été longtemps fidèle, longtemps fidèle à cette histoire dont il n'évoque aucun échange y compris philosophique. Ils mangeaient souvent ensemble mais de quoi parlaient-ils ? Se contentait-il de la contempler, de contempler sa beauté ? Cela peut suffire à combler un amoureux. Le généreux, l'ouvert, l'accueillant fut bien Marcel, payé d'ingratitude et de froideur. Il vécut chose semblable avec Chaïmaa et avec bien d'autres. Il reste Corsica et Le silence d'Émilie, la médiatisation romanesque de cette histoire étant passée. Mais ce ne sont pas des œuvres de référence. N'est-il pas temps pour Marcel de tirer un trait, de cesser de ressasser sauf à tenter de répondre à la question : pourquoi tant de déceptions amoureuses ? Qu'est-ce qui chez moi, Marcel, provoque le « ratage », pourquoi me vis-je comme un « perdant » sur le plan amoureux ? Car, il n'est pas question dans ce genre de questionnement de rejeter la « faute » sur l'autre.

J'ai vécu durant 3 ans une histoire d'amour non réciproque, j'en ai fait une œuvre théâtrale Your last video (porn theater). Ce ne sera pas une œuvre de référence. Juste une catharsis. L'acceptation joyeuse de ce qui s'est passé comme ça s'est passé au terme de 3 ans, d'abord de souffrance intense, puis d'apaisement et enfin de joie, de gratitude.

Sur la conception des mondes de Marcel, mondes structurés, cohérents, clos, sans communication entre eux, j'ai signalé dans ma note de lecture sur La Nature et la beauté en quoi elle ne me paraissait pas en accord avec les connaissances que nous avons aujourd'hui, en particulier du règne végétal. Le règne végétal est caractérisé par son immobilité, il ne peut se déplacer. Il a donc développé de formidables capacités à s'informer sur les variations de son environnement et à y répondre par des techniques de coopération, plus que de compétition, en quoi le monde végétal se distingue du monde animal et du monde humain où règnent prioritairement la prédation et la domination. Animaux et humains sont en mouvement, peuvent fuir ou faire face selon. Des millénaires de pratiques et techniques de survie qui ont programmé un organe comme le striatum peuvent-ils être contrebalancés en quelques années par des méthodes de développement personnel, une éducation à la joie, à la paix ? À nous d'avoir conscience des enjeux, de faire nos choix.

Marcel, homme par choix, d'un monde en retrait du monde virtuel, est en prise directe avec le nécessaire changement de paradigme révélé par la crise sanitaire mondiale de la Covid 19. Depuis déjà longtemps, Marcel est un décroissant, depuis déjà longtemps, il sait que le jour d'après ne peut être comme le jour d'avant. Ce n'est pas le cas de la grande majorité des gens qui ont repris leurs habitudes comme avant. Y aura-t-il assez de créatifs culturels, de cellules imaginatives (7 à 8%) pour constituer la masse critique nous permettant de vivre autre chose que l'effondrement ? J'ai cité Marcel comme une de mes Antigones d'aujourd'hui dans le Cahier des futurs désirés, à paraître.

Le Bug humain de Sébastien Bohler : (sous-titré Pourquoi notre cerveau nous pousse à détruire la planète et comment l'en empêcher) montre comment la programmation de notre cerveau non seulement nous pousse vers les satisfactions immédiates (nourriture, sexe, pouvoir, information), mais aussi nous incite à en vouloir toujours plus et à nous détourner des comportements qui nous frustreraient parce qu'ils limiteraient nos désirs. Dans ce livre, l'auteur analyse la crise écologique massive générée par l'humanité au travers du prisme des neurosciences. Selon lui, les processus de destruction de l'environnement s’expliquent en grande partie par des mécanismes cérébraux archaïques : le striatum, notamment, et les circuits neuronaux de récompense, qui par le biais de la dopamine, incitent l'homme à assouvir continuellement et exponentiellement cinq besoins fondamentaux : manger, se reproduire, asseoir du pouvoir, acquérir de l'information, et fournir le moindre effort. L'auteur évoque ensuite le rôle du cortex préfrontal, qui permet au contraire au cerveau de planifier, prendre du recul par rapport à ces injonctions de l'instant. Ce qui lui permet d'exposer les possibles contrepoids à ces déterminismes : l'éducation (valoriser les comportements écologiques) et la méditation pleine conscience.

Sans connaître les travaux de ce chercheur, Marcel Conche, par son propre cheminement, participe, contribue depuis déjà longtemps au changement de paradigme nécessité par les dégradations peut-être irréversibles que nous avons causées en quelques secondes à l'échelle de l'histoire de l'univers. En s'essayant comme philosophe, en s'essayant comme décroissant conscient, responsable, Marcel Conche sème, a semé des graines dont certaines germeront, dont d'autres se stériliseront. Il est ainsi co-créateur du monde qui vient, qui verra des gestes de profonde humanité comme des comportements profondément inhumains. Ainsi va la Vie.

Jusqu'à la cessation de la vie (Marcel signale que « l'idée de mort n'ajoute rien à l'idée de la cessation de la vie », page 133), de sa vie. Dans nos échanges téléphoniques, à peu près tous les 15 jours, j'exprime nettement notre souhait à quelques-uns de fêter ses 100 ans, le 27 mars 2022, lui disant que ce futur désiré s'inscrit déjà dans le présent, notre présent. Il semble y croire et mène la vie qu'il faut pour que ce futur désiré se réalise (il a la sagesse de se résigner à ce qui adviendra, nous aussi mais l'oeil fixé sur cet horizon) : dormir (beaucoup), déjeuner, parler avec les gens de la maison, téléphoner, écrire (page 128), ménager son œil encore valide, rigoler (m'a-t-il dit) (je rajouterai : de soi), être de bonne humeur (page 49), la première des vertus, vertu sociale selon Démocrite, celle qu'il faut pratiquer avec autrui (je rajouterai : avec soi). Il m'a exprimé le souhait plusieurs fois de boire du Dom Pérignon. Va pour le Dom Pérignon, déjà au frais.

 

Le Revest, le 2 octobre 2020

Jean-Claude Grosse

 

 

Suite à la grande librairie du mercredi 20 mai 2020, avec entre autres Aurélien Barreau et Baptiste Morizot, et au visionnement dans l'après-midi de deux visioconférences de Marc Halévy, je constate la diversité des approches concernant où on en est mondialement et planétairement avec la crise de la covid19 et où on souhaite aller, individuellement et collectivement, dans la mesure où ce serait encore possible. Barreau et Morizot plaident pour un changement radical d'attitude envers le vivant, une attitude de cosmopolitesse selon un néologisme d'Alain Damasio, où l'homme reconnaît en quoi tout le vivant contribue à la vie de tout le vivant; trois exemples, sans les plantes, pas d'air respirable, sans les bactéries du microbiote intestinal, pas de fonctions assimilatrices et évacuatrices (le ventre, notre 2° cerveau avec plus de bactéries fort anciennes qui nous colonisent pour notre bien que de cellules n'arrêtant pas de se reproduire à l'identique de notre corps, tout neuf, tous les 6 mois), sans la pollinisation, plus de vie en très peu de temps. Il apparaît que notre ignorance, par hubris, est incommensurable. Nous serions incapables de nommer 4 insectes voletant dans notre jardin, d'en nommer 10 plantes. Et même si nous avions beaucoup de connaissances sur ce qui est notre milieu nourricier (pas que pour nous, pour tout ce qui existe, sans hiérarchie), cela ne changerait pas grand chose car l'espèce mouche dont je vais connaître le monde, l'umwelt, ce n'est pas la mouche qui vient de se poser sur ma table et dont je ne connaîtrai jamais, le for intérieur, pas plus que je ne connais le for intérieur de mon chat ou de moi-même, a fortiori, ton for intérieur, toi que j'aime et qui m'envahit. On est donc amené à une grande humilité, un sens du mystère, conduit à sacraliser (comment), à imaginer des rituels de remerciements et de reconnaissance comme le fait l'animisme. 

J'ai noté le rejet de la collapsologie, perçue comme trop négative; évidemment, un usage positif de cette "science" n'est pas envisagé, comme le fait Pablo Servigne, avec la collapsosophie. Et pourtant, plein de pistes intéressantes sont proposées dont l'éco-féminisme, la place des femmes, au sens de détentrices des savoirs instinctuels, des sorcières (mot nullement péjoratif), du féminin sacré dans cette recherche d'équilibre, d'harmonie avec la Nature, avec le reste du vivant, du Vivant.

Quant à Marc Halévy, très intéressant par ailleurs, il me semble rester dans le paradigme techno-scientifique, évoquant l'inéluctabilité suite à la robotisation de la transformation-disparition de quantité de métiers, médecins, avocats..., évoquant la possibilité via la fusion d'accéder à des petits soleils chez soi (le rendement de la fusion serait, dixit Barreau, de 3%, les 97% restants servant à faire fonctionner l'énorme machinerie accompagnant cette production). Son éloge du capitalisme entrepreneurial me semble aussi discutable. C'est exactement ce que le 1° de cordée a fait croire avec son programme de révolution de la start-up France. On voit où cette conception managériale d'un pays nous a conduits.

Comme le temps nous est compté et conté (car c'est nous qui nous racontons les histoires, c'est nous qui les écrivons, et ce faisant nous nous racontons des histoires, car raconter une histoire c'est se raconter une histoire, on y croit et pourtant ce n'est pas croyable, ce qui n'enlève rien au pouvoir sans doute considérable des croyances), il faut bien opter pour une histoire. 

J'opte à cette étape pour celle-ci : moi (petit moi, tout tout petit moi), l'individu JCG, je n'ai aucune raison d'être qui me serait extérieure, je suis arrivé au monde avec un donné initial issu de toutes sortes d'histoires, familiales, nationales, culturelles, je suis mortel et tant que je suis vivant, je suis unique; dans cet horizon de ma mort, que puis-je faire d'autre que vivre ma vie au sens où l'ami Montaigne l'entendait (pour moi, donc j'aime la vie, tout bon, il a fait tout bon; notre grand et glorieux chef d'oeuvre c'est vivre à propos; toutes autres choses, régner, thésauriser, bâtir n'en sont qu'appendices et adminicules pour le plus). Je vais essayer d'être de plus en plus cosmopoli. Courtois avec tout ce qui vit, pierres y comprises, et paysages. Visages aussi.

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La nature et la beauté / Marcel Conche

21 Mai 2020 , Rédigé par grossel Publié dans #JCG, #notes de lecture

Pour le philosophe, la vérité est au bout d’un long chemin – de réflexions, de méditations, d’analyses. Mais il y a ce qui lui est offert dès qu’il ouvre sa fenêtre le matin : la nature et, avec la nature, la beauté – beauté du ciel et des paysages, des fleuves et des étangs, beauté de la nature elle-même en sa splendeur calme. La vérité est un point d’arrivée, la beauté est un point de départ, car la découverte des beautés du monde est sans fin.
Pour le philosophe, la vérité est au bout d’un long chemin – de réflexions, de méditations, d’analyses. Mais il y a ce qui lui est offert dès qu’il ouvre sa fenêtre le matin : la nature et, avec la nature, la beauté – beauté du ciel et des paysages, des fleuves et des étangs, beauté de la nature elle-même en sa splendeur calme. La vérité est un point d’arrivée, la beauté est un point de départ, car la découverte des beautés du monde est sans fin.
Pour le philosophe, la vérité est au bout d’un long chemin – de réflexions, de méditations, d’analyses. Mais il y a ce qui lui est offert dès qu’il ouvre sa fenêtre le matin : la nature et, avec la nature, la beauté – beauté du ciel et des paysages, des fleuves et des étangs, beauté de la nature elle-même en sa splendeur calme. La vérité est un point d’arrivée, la beauté est un point de départ, car la découverte des beautés du monde est sans fin.
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Pour le philosophe, la vérité est au bout d’un long chemin – de réflexions, de méditations, d’analyses. Mais il y a ce qui lui est offert dès qu’il ouvre sa fenêtre le matin : la nature et, avec la nature, la beauté – beauté du ciel et des paysages, des fleuves et des étangs, beauté de la nature elle-même en sa splendeur calme. La vérité est un point d’arrivée, la beauté est un point de départ, car la découverte des beautés du monde est sans fin.

La nature et la beauté

Marcel Conche

HD essais, Janvier 2020

Marcel Conche, âgé de 97 ans, aveugle d'un œil, diminué de l'autre œil, écrit presque chaque jour, à la main, à l'aide souvent d'une loupe mais aussi en sentant le tracé des lettres et leur succession. Il livre ses pages d'écriture à une amie lointaine qui les relit, les déchiffre et les tape à l'ordinateur. C'est elle qui lui a proposé ce service.

De quoi s'agit-il ? D'une discipline d'écrivain ? D'une hygiène intellectuelle ? D'une envie de poursuivre une œuvre très abondante ? D'un besoin de continuer à user de sa raison en vue de la vérité ? D'un désir de se souvenir, de se raconter, au fil des humeurs ? 

Marcel Conche est conscient que son œuvre est derrière lui, que quelques livres resteront parce que ce sont des références, ses Fragments d'Héraclite traduits et commentés 1986, son Anaximandre 1991, son Parménide 1996, son Héraclite recomposé 2017. Viennent après, dans son jugement, son Lucrèce, son Épicure, ses 2 Montaigne. Il n'évoque pas sa propre philosophie dont Orientation philosophique 1974 et Présence de la Nature 2001 renvoient à ses deux métaphysiques.

Depuis quelques mois, après la série des Journal étrange (6 volumes) où déjà l'écrivain prenait le pas sur le philosophe, Marcel nous livre des essais de 1 à 3 pages dans l'esprit de Montaigne, « c'est moy que je peins » : Regain en août 2018, Regard(s) sur le passé en février 2019, La nature et nous en août 2019.  

La nature et la beauté, aujourd'hui, février 2020. 82 essais pour ce livre comme pour le précédent.

Comme je ne manque pas de lire tout ce que je reçois de Marcel, je suis bien obligé de constater que reviennent les mêmes souvenirs, les mêmes personnes, les mêmes épisodes, les mêmes récits, les mêmes lieux, les mêmes rêves, les mêmes désirs, les mêmes regrets. Radote-t-il ? Se répète-t-il ? Non, il n'y a pas deux feuilles d'un arbre identiques. Il n'y a pas deux Marcel identiques d'un récit à l'autre qui semble lui ressembler. Ressemblance mais aussi dissemblance, le Marcel qui écrit étant dans deux états d'esprit différents à deux ou quelques jours d'intervalle. On n'est plus au niveau d'idées qui s'exposent, s'articulent, on est en présence d'un homme toujours le même et à chaque fois différent. Si on est sensible aux humeurs qui sous-tendent ces récits, toujours très courts, c'est comme si on était plongé dans le fleuve héraclitéen de la vie et que parfois, on ressorte la tête pour une bouffée d'air, pour un regard sur tel aspect autour de soi ou en soi, le cerisier en fleurs, la rivière dans laquelle il trempe ses pieds nus, une pluie de baisers. Sur le baiser, Marcel s'attarde. On pourrait tenter une phénoménologie du baiser chez Marcel. Deux êtres jeunes, une rencontre entre un beau jeune homme et une belle jeune fille, une attirance réciproque ou une audace venue soit du garçon, soit de la fille, des lèvres fraîches et douces qui se rencontrent, des langues qui se cherchent... En ce qui concerne Marcel, le non-baiser obtenu de Marie-Noëlle, celui obtenu de Claire, pas même un baiser sur la joue de la part d'Émilie... car un baiser entre une jeune femme et un vieil homme est inconcevable. On comprend qu'avec Marcel, on est loin des pratiques d'aujourd'hui, on appelle ça rouler des pelles. L'éducation sexuelle et sentimentale fort variable selon les époques, les sociétés, les milieux est déterminante dans nos rapports à l'autre ou même sexe (Marcel n'envisage pas cette 2° possibilité). Personnellement, je suis touché par l'extrême retenue de Marcel dans ces domaines. 

Pour ma part, je prends un vif plaisir à lire ces courtes chroniques, livrant un homme dans sa réalité d'être changeant et constant car comme le dit Montaigne, se peignant, il peint non l'état mais le changement.

Je laisse à chacun des lecteurs le soin de vivre ses propres humeurs au contact des humeurs de Marcel, humeurs qui le mènent sur des chemins qui ne mènent nulle part comme il les affectionne. Aucune utilité à ces livres. Aucun apport au monde des idées. Des instants de vie d'hier revivifiés sur papier d'aujourd'hui avec l'humeur d'aujourd'hui. De la fugacité à tous les étages, passé, présent, futur. 

Tentons tout de même de trouver une unité de pensée au travers de la fluidité de la sensibilité. Tout ce que crée la nature est beau et bon affirme-t-il car fait pour vivre (et mourir). Un mouton à 5 pattes ne serait pas viable. Un crocodile qui ne ferait pas crac ne survivrait pas, il serait croqué. La beauté de chaque être fait partie intégrante de lui, structure, forme, fonction, symétrie, harmonie. Ce n'est pas une qualité surajoutée ni une qualité en lien avec le regard de l'observateur. L'observateur peut évidemment savourer, apprécier cette beauté, s'en émerveiller, à condition d'être dans la contemplation, sans visée utilitariste, genre chasseur, pêcheur, paysan. Cette beauté émerveillante ne peut être appréciée que par l'homme, être pensant, pensant et accueillant dans l'Ouvert. Les animaux, les végétaux sont dans leur monde, fermé, leur umwelt. Ces mondes ne communiquent pas entre eux. Cette incommunicabilité des mondes va jusqu'au monde singulier de chaque animal. Il y a le monde de l'araignée qui n'est pas celui du serpent. Il y a le monde arachnéen de cette araignée, son for intérieur, inaccessible à telle autre araignée et à l'observateur. Devant cette impossibilité de comprendre ces mondes, l'attitude juste, humaine est la bienveillance. On sort délicatement l'araignée qui s'est nichée dans un coin.  La bienveillance intègre le respect de la vie. Marcel détestait le boucher venant  égorger le cochon dont les cris le faisaient pleurer ou garde un très mauvais souvenir de l'anguille jetée vivante dans l'eau bouillante et dont les cris, les pleurs, la douleur étaient poignantes pour lui, pas pour son père, pêcheur ni pour sa tante, cuisinière.

Cette vision des mondes animaux et végétaux correspond-elle à ce que la science nous décrit aujourd'hui, des arbres en particulier, des échanges souterrains et aériens entre eux, même espèce ou espèces différentes. Je suis porté à croire qu'il y a des inter-relations, des inter-connections, des échanges complexes, subtils entre les mondes soi-disant fermés. Le monde végétal, tel que décrit par Emanuel Coccia, m'en semble la preuve, monde profondément lié au soleil (héliotropie nourricière) et à la terre comme sous-sol (également nourricier). La pollinisation est de ce point de vue, un phénomène de toute beauté et de toute nécessité (de transfert, de transport, de transformation). L'écologie met l'accent sur les connexions, les liens, les inter-actions en chaîne, chaînes alimentaires de prédation et dévoration, chaînes de coopération; la notion d'éco-système met en évidence que chaque élément dépend des autres, agit sur les autres. Je pense donc que la vision des mondes proposée par Marcel ne correspond plus à ce que nous apprend la science et que savaient déjà les permaculteurs, apiculteurs et autres praticiens respectueux et connaisseurs empiriques du fonctionnement de l'environnement. Aujourd'hui, on a pris conscience des dégâts provoqués par l'activité humaine industrielle sur l'environnement (océans, eaux terrestres, air, sous-sols, climat... avec les risques d'effondrement, de collapse, d'ailleurs en cours). Et ce que la collapsologie montre, c'est l'effet domino, enchaînement des effets provoqués par l'hubris masculin. 

La beauté contemplée par Marcel, du cerisier, de la rivière, des différentes lunes, du vent, de l'araignée est source d'émotions, elle mobilise la sensibilité, favorise l'apaisement, sollicite l'imagination, propose des comportements en lien avec une éthique (refus de la viande, de l'alcool, de la cigarette, rituel de la dégustation de la figue) et une morale, la morale universelle des droits de l'homme, étendus, universalisés à tout ce qui vit. Peut-elle être dite, décrite,  exprimée ? ou suffit-il de la vivre, de la ressentir ? Marcel ne s'aventure pas sur le terrain du dire, de l'expression sauf deux poèmes mais cela ne vaut pas les merveilleux vers de Rimbaud (Sensations par exemple ou Les chercheuses de poux). Dire la beauté de la nature, c'est l'affaire sans doute de certains artistes et de certaines pratiques, musique, peinture et poésie. Marcel n'évoque pas ces prolongements artistiques.

Dans l'essai Septembre 2019, pages 91-92, Marcel apprend avec 7 ans de retard, le suicide, le 8 octobre 2012, à 44 ans, de Bibiane, professeur de philosophie suisse qui l'avait invité et accueilli à Saint-Maurice dans le Valais, les 15 et 16 septembre 2007, pour une conférence sur La Beauté et sa signification. Depuis Le Revest, j'étais allé chercher Marcel à Treffort dans l'Ain et nous avions embarqué un de ses amis, philosophe italien. Voyage dans des paysages somptueux à allure modérée pour profiter des paysages et de mes compagnons. Visite de Saint-Maurice. J'ai filmé la conférence. On y voit Bibiane. Retour vers Treffort puis redescente en solo vers le midi. J'ai dû chanter tout au long de l'autoroute. Paix à Bibiane. 4 vidéos.

Jean-Claude Grosse, 26 février 2020

https://www.dailymotion.com/video/x307wa

https://www.dailymotion.com/video/x308bm

https://www.dailymotion.com/video/x308ju

https://www.dailymotion.com/video/x30ahm

https://blogs.mediapart.fr/yvon-quiniou/blog/200220/marcel-conche-decidement

http://les4saisons.over-blog.com/2019/09/la-nature-et-nous/marcel-conche.html

 

Suite à la grande librairie du mercredi 20 mai, avec entre autres Aurélien Barreau et Baptiste Morizot, et au visionnement dans l'après-midi de deux visioconférences de Marc Halévy, je constate la diversité des approches concernant où on en est mondialement et planétairement avec la crise du covid19 et où on souhaite aller, individuellement et collectivement, dans la mesure où ce serait encore possible. Barreau et Morizot plaident pour un changement radical d'attitude envers le vivant, une attitude de cosmopolitesse selon un néologisme d'Alain Damasio, où l'homme reconnaît en quoi tout le vivant contribue à la vie de tout le vivant; trois exemples, sans les plantes, pas d'air respirable, sans les bactéries du microbiote intestinal, pas de fonctions assimilatrices et évacuatrices (le ventre, notre 2° cerveau avec plus de bactéries fort anciennes qui nous colonisent pour notre bien que de cellules n'arrêtant pas de se reproduire à l'identique de notre corps, tout neuf, tous les 6 mois), sans la pollinisation, plus de vie en très peu de temps. Il apparaît que notre ignorance, par hubris, est incommensurable. Nous serions incapables de nommer 4 insectes voletant dans notre jardin, d'en nommer 10 plantes. Et même si nous avions beaucoup de connaissances sur ce qui est notre milieu nourricier (pas que pour nous, pour tout ce qui existe, sans hiérarchie), cela ne changerait pas grand chose car l'espèce mouche dont je vais connaître le monde, l'umwelt, ce n'est pas la mouche qui vient de se poser sur ma table et dont je ne connaîtrai jamais, le for intérieur, pas plus que je ne connais le for intérieur de mon chat ou de moi-même, a fortiori, ton for intérieur, toi que j'aime et qui m'envahit. On est donc amené à une grande humilité, un sens du mystère, conduit à sacraliser (comment), à imaginer des rituels de remerciements et de reconnaissance comme le fait l'animisme.

J'ai noté le rejet de la collapsologie, perçue comme trop négative; évidemment, un usage positif de cette "science" n'est pas envisagé, comme le fait Pablo Servigne, avec la collapsosophie. Et pourtant, plein de pistes intéressantes sont proposées dont l'éco-féminisme, la place des femmes, au sens de détentrices des savoirs instinctuels, des sorcières (mot nullement péjoratif), du féminin sacré dans cette recherche d'équilibre, d'harmonie avec la Nature, avec le reste du vivant, du Vivant.

Quant à Marc Halévy, très intéressant par ailleurs, il me semble rester dans le paradigme techno-scientifique, évoquant l'inéluctabilité suite à la robotisation de la transformation-disparition de quantité de métiers, médecins, avocats..., évoquant la possibilité via la fusion d'accéder à des petits soleils chez soi (le rendement de la fusion serait, dixit Barreau, de 3%, les 97% restants servant à faire fonctionner l'énorme machinerie accompagnant cette production). Son éloge du capitalisme entrepreneurial me semble aussi discutable. C'est exactement ce que le 1° de cordée a fait croire avec son programme de révolution de la start-up France. On voit où cette conception managériale d'un pays nous a conduits.

Comme le temps nous est compté et conté (car c'est nous qui nous racontons les histoires, c'est nous qui les écrivons, et ce faisant nous nous racontons des histoires, car raconter une histoire c'est se raconter une histoire, on y croit et pourtant ce n'est pas croyable, ce qui n'enlève rien au pouvoir sans doute considérable des croyances), il faut bien opter pour une histoire.

J'opte à cette étape pour celle-ci : moi (petit moi, tout tout petit moi), l'individu JCG, je n'ai aucune raison d'être qui me serait extérieure, je suis arrivé au monde avec un donné initial issu de toutes sortes d'histoires, familiales, nationales, culturelles, je suis mortel et tant que je suis vivant, je suis unique; dans cet horizon de ma mort, que puis-je faire d'autre que vivre ma vie au sens où l'ami Montaigne l'entendait (pour moi, donc j'aime la vie, tout bon, il a fait tout bon; notre grand et glorieux chef d'oeuvre c'est vivre à propos; toutes autres choses, régner, thésauriser, bâtir n'en sont qu'appendices et adminicules pour le plus). Je vais essayer d'être de plus en plus cosmopoli. Courtois avec tout ce qui vit, pierres y comprises, et paysages. Visages aussi.

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le jour d'après/nature et culture/JCG

12 Avril 2020 , Rédigé par grossel Publié dans #SEL, #jean-claude grosse, #écriture

Claude Lévi-Strauss, Françoise Héritier, Rousseau, Marshall Sahlins, Pierre Clastres, Sébastien Bohler, Marcel Conche, David Bohm
Claude Lévi-Strauss, Françoise Héritier, Rousseau, Marshall Sahlins, Pierre Clastres, Sébastien Bohler, Marcel Conche, David Bohm
Claude Lévi-Strauss, Françoise Héritier, Rousseau, Marshall Sahlins, Pierre Clastres, Sébastien Bohler, Marcel Conche, David Bohm
Claude Lévi-Strauss, Françoise Héritier, Rousseau, Marshall Sahlins, Pierre Clastres, Sébastien Bohler, Marcel Conche, David Bohm
Claude Lévi-Strauss, Françoise Héritier, Rousseau, Marshall Sahlins, Pierre Clastres, Sébastien Bohler, Marcel Conche, David Bohm
Claude Lévi-Strauss, Françoise Héritier, Rousseau, Marshall Sahlins, Pierre Clastres, Sébastien Bohler, Marcel Conche, David Bohm
Claude Lévi-Strauss, Françoise Héritier, Rousseau, Marshall Sahlins, Pierre Clastres, Sébastien Bohler, Marcel Conche, David Bohm
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Claude Lévi-Strauss, Françoise Héritier, Rousseau, Marshall Sahlins, Pierre Clastres, Sébastien Bohler, Marcel Conche, David Bohm

Claude Lévi-Strauss, Françoise Héritier, Rousseau, Marshall Sahlins, Pierre Clastres, Sébastien Bohler, Marcel Conche, David Bohm

Voilà ce que propose « Le Jourd’après_01 » : non pas une plateforme collaborative de propositions de ceci ou de cela, mais un gigantesque atelier d’écritures, un cahier ouvert d’expériences et de rêves, un champ de possibles où butiner, etc.

Une prolifération. Un arbre à palabres où chacun.e doit se sentir autoriser à déposer une graine.

Tout est à inventer. Avec le ressac de certaines voix du passé, aussi bien. Dans la houle de ce Tout-monde dont nous parlait Édouard Glissant.

Un concile éclairant pour nous préparer à gouverner le futur, dans la biodiversité de nos existences et le respect de la planète qui nous offre l’hospitalité.

Nous ne voulons plus rien conquérir d’autre que la dignité d’être.

En confinant les indices de performance qui réduisent le sens du vivant à peau de chagrin, nous entendons écrire la constitution de ce qui nous constitue.

Ce « jour d’après », nous ne le connaissons pas encore. Voilà pourquoi il est urgent et nécessaire, en voix brassées, d’où qu’elles viennent, d’en faire le récit.

L’imaginaire n’est pas performant, il est créatif.
Imaginons-nous.

le blog au jour d'après avait fait un appel à texte pour le 10 avril sur nature et culture; j'ai donc rédigé ce pensum; JCG

 

Nature et culture

 

distinction venue de l'anthropologie : la culture s'oppose à la nature ; la culture caractérise les sociétés humaines ; la fondation des sociétés humaines repose sur le tabou, la prohibition universelle de l'inceste faisant passer de l'état de nature à l'état de culture

Lévi-Strauss et Françoise Héritier sont indispensables pour assimiler cela avec des différences notoires

Lévi-Strauss découvre que la prohibition de l’inceste est universelle – avec des modalités différentes selon les sociétés, une extension différente – et qu’elle a une valeur positive, qui est de contraindre les « hordes primitives », comme on dit, à sortir de la consanguinité en choisissant des conjoints à l’extérieur du groupe, ce qui a pour effet d’instaurer le social par un climat de paix et d’échange. Ce sont les hommes qui échangent entre eux leurs filles et leurs sœurs entre groupes pour concrétiser ces alliances. La prohibition de l’inceste entraîne l’exogamie – qui est un rapport entre groupes – et le mariage est par conséquent une institution qui est à entendre pour ce qu’elle est : une institution qui unit des groupes. Il nous reste des traces de cet aspect dans le fait que c’est un des rares contrats qui soit toujours accompagné du constat familial. En plus de cela, ajoute Lévi-Strauss dans un texte fameux qui s’intitule « La famille », il ne suffit pas de garantir la stabilité de cette union entre groupes ; il faut aussi garantir la stabilité de l’union entre individus. La répartition sexuelle des tâches, affirme-t-il, sert à cela ! Chacun des individus est alors dépendant de l’autre : l’homme chasse et la femme cueille. Telle est la théorie lévistraussienne.

Françoise Héritier :

Qu’est-ce qui fait que, dès l’origine, les femmes ont été considérées comme mineures ? Je reprends ici, parce qu’ils me conviennent parfaitement, les propos d’une philosophe du XVIIème siècle, Gabrielle Souchon, qui souligne que les femmes ont été de tout temps privées de la liberté d’usage de leur corps, privées de la liberté d’accès au savoir, et privées de la liberté d’accès au pouvoir. On ne peut pas mieux résumer ! C’est bien de cela qu’il s’agit, et dans tous les cas, le premier pas concerne la possibilité de disposer de son propre corps. Ce qui nous ramène à Lévi-Strauss, et au fait que ce sont les hommes qui disposent du corps de leurs filles et de leurs sœurs.

Lévi-Strauss l’a considéré comme une donnée naturelle. Je l’ai au contraire considéré comme un donné construit par l’esprit et questionnable. La différence est là. Lévi-Strauss a eu ce point d’aveuglement, et j’ai certainement les miens qui seront vus dans vingt ou trente ans par quelqu’un d’autre ! Simone de Beauvoir a eu les siens, également : elle ne voit pas que ce n’est pas parce que les femmes font des enfants qu’elles sont mises en tutelle, mais parce qu’elles font des fils ! Si les hommes faisaient leurs fils, ce serait différent !

Les prohibitions de l’inceste elles-mêmes sont sous-tendues par de « grands schèmes universels d’organisation » – l’identique et le différent – qui constituent la base des catégories mentales qui nous servent à penser. La négation impossible de la différence des sexes (la différence des sexes est un butoir ultime pour la pensée) fait de la symbolique élémentaire de l’identique et du différent une symbolique universelle.

 

on connait le mythe du bon sauvage, cher à Rousseau ; à l'état de nature l'homme est bon, c'est la société qui le corrompt ; et c'est la propriété qui est l'origine des inégalités ; le livre âge de pierre, âge d'abondance de Marshall Sahlins a montré comment les sociétés de l'âge de pierre étaient en symbiose avec la nature même hostile ; la connaissance des sociétés premières montre comment monde matériel et monde spirituel s'articulaient, à 50%/50% : pour un animal prélevé, une offrande etc...; le chamanisme régulait les relations avec les esprits qui sont dans chaque être animé, inanimé ; de telles sociétés étaient des sociétés contre l'état (Pierre Clastres); pour Marcel Conche, l'homme aussi est naturellement bon, c'est l'inégale répartition des ressources qui engendre la violence;  bon, il ne faut pas l'entendre au sens moral, généreux, ouvert, il faut l'entendre dans le sens d'adapté à son environnement, équipé pour pouvoir y vivre (Robinson illustre bien cette capacité, il est équipé pour s'adapter à sa nouvelle vie de naufragé, réussit à survivre puis à vivre); un bon lion est un lion qui couvre 40 fois par jour ses lionnes qui chassent pour lui...

 

Françoise Héritier voit bien que la différence des sexes est un butoir de la pensée et que ça fait des millénaires que la domination masculine s'est installée, pas prête à se remettre en cause car c'est dans le cerveau par apprentissage inconscient depuis si longtemps ; 

un livre me semble à lire sur les millénaires qu'il faudra pour éventuellement en finir avec la domination masculine à cause du striatum ;

la seule façon de s'en sortir, d'après moi, c'est par le travail sur soi, en conscience et la méditation est un outil précieux dans ce travail sur soi, commençant par la respiration consciente ; mais quand 7 milliards d'humains se mettront-ils à méditer ?

 

Le Bug humain de Sébastien Bohler

Plus qu’un moment critique nous vivons une véritable tragédie. Surpopulation, surpoids, surproduction, surconsommation, surchauffe, surendettement, nous avons basculé dans l’ère de tous les superlatifs qui mène l’humanité tout droit à sa perte. Si la capacité des ressources de la planète sont comptées, alors nos jours aussi le seront… Inéluctablement.
Mais alors que la situation empire heure après heure, aucune réponse collective tangible ne vient. Nous voyons le mur se rapprocher et nous ne faisons rien. La conscience de ce qui nous attend ne semble avoir aucun effet sur le cours des événements. Pourquoi ?
Sébastien Bohler docteur en neuroscience et rédacteur en chef du magazine 
Cerveau et psycho apporte sur la grande question du devenir contemporain un éclairage nouveau, dérangeant et original. Pour lui, le premier coupable à incriminer n’est pas l’avidité des hommes ou leur supposée méchanceté mais bien, de manière plus banalement physiologique, la constitution même de notre cerveau lui-même.
Au cœur de notre cerveau, un petit organe appelé striatum régit depuis l’apparition de l’espèce nos comportements.  Il a habitué le cerveau humain à poursuivre 5 objectifs qui ont pour but la survie de l’espèce : manger, se reproduire, acquérir du pouvoir, étendre son territoire, s’imposer face à autrui. Le problème est que le striatum est aux commandes d'un cerveau touours plus performant (l’homme s‘est bien imposé comme le mammifère dominant de la planète) et  réclame toujours plus de récompenses pour son action. Tel un drogué, il ne peut discipliner sa tendance à l’excès. À aucun moment, il ne cherche à se limiter. Hier notre cerveau était notre allié, il nous a fait triompher de la nature. Aujourd’hui il est en passe de devenir notre pire ennemi.
 (Livre d'Yvon Quiniou en cours d'écriture : L'inquiétante fascination de la démesure (de l'antiquité à aujourd'hui)

 

au sens anthropologique et ethnologique la culture c'est le système de parenté, tout ce qui concerne les soins du corps, la cuisine (qui a l'art de se diffuser, se créoliser, s'hybrider, s'universaliser ; exemples : la pizza, le couscous...), les techniques au sens de Leroi-Gourhan, la langue, les représentations symboliques, mythes, récits, légendes ; la culture en ce sens-là déborde et de loin ce qu'on appelle la culture, les arts et les lettres, ce qui fut appelé le supplément d'âme et dont les gens de culture veulent que ce soit accessible au plus grand nombre, démocratisation de la culture (maximum 10%) ; je préfère ne pas aborder ce sujet tellement l'appauvrissement du milieu culturel devenu entreprise de formatage culturel, administration des esprits au service du pouvoir est indécent ; j'ai dit ce que j'avais à dire dans de l'impasse à la traverse en 2003

 

si j'essaie de placer la discussion au niveau de la métaphysique de la Nature de Marcel Conche, je serai amené à dire que l'homme est une création de la Nature, que les cultures sont les mondes créés par les sociétés comme il y a le monde de la mouche, le monde de l'araignée ; les cultures sont les umwelt (les environnements) des hommes regroupés en sociétés ; l'Histoire (récit humain a posteriori = présent se racontant son passé = en fonction donc des oeillères du présent et pas en vue de la vérité historique), les histoires des sociétés sont aussi à considérer comme la Nature à l'oeuvre, pour une très grande part inconscientes, même si l'homme croit être le maître et possesseur de la nature, maître de son récit historique ; il y a donc la nature naturée, ce qui apparaît, disparaît, par le cycle des saisons par exemple, soumis à l'impermanence et, essentiel, à la mort (justice cosmologique selon Anaximandre, réparer en mourant l'injustice faite à ceux qui dans la course à l'ovule, n'ont pu naître => heureusement qu'on meurt; acceptation de la mort, ça ce n'est pas évident pour la plupart des humains), et il y a la Nature naturante, l'englobant universel, la Nature éternelle, infinie, créatrice ; la Nature créatrice-la phusis qui aime à se cacher (Héraclite) est un enfant qui joue ; l'unité des contraires est le moteur du panta rhei, du tout change (mais prétentieux celui qui prétendrait parler de lois de l'histoire, de lois de la nature, de lois de l'évolution, de l'évolution des espèces, voulant y mettre ordre et raisons, causes et effets ; chaos et ordre plutôt et ce jeu de l'enfant ne garantit pas l'éternité à l'espèce humaine) ; depuis la bombe atomique, on sait l'espèce humaine mortelle et pas seulement les civilisations et depuis, les menaces se sont multipliées, amplifiées ; l'enfant qui joue, la Nature créatrice, crée selon de légères déviations, le clinamen d'Épicure avec ce résultat, il y a plus d'effets que la cause ou déviation initiale donc imprévisibilités, surprises ; les virus sont un exemple caractéristique de ces déviations ; non vivants, les virus de l'ordre d'une molécule, existent depuis 3 milliards et demi d'années, nous depuis 350 000 ans, 1000 fois moins et on veut leur faire la guerre ; les virus sont des moteurs de l'évolution, réservant plein de surprises ; la Nature créatrice est à imaginer comme une grande tapisserie sans unité d'ensemble, sans plan d'ensemble, comme unité inassemblable de morceaux, un puzzle ; il n'y a qu'à penser aux univers, galaxies, étoiles, soleils (des milliards de galaxies et d'étoiles et nous avec nos instruments en connaissant 100000 peut-être ; quel prétentieux veut voir un plan là-dedans ?)

 

cette métaphysique me semble intéressante parce qu'elle oblige à faire silence, à accepter de ne pas savoir, à prendre le mystère comme un mystère, sacré ou pas, chacun fait en conscience ; cette humilité devant le mystère nous protègerait de l'hubris, de la démesure qui caractérise hommes de sciences (pas tous bien sûr mais l'institution techno-scientifique), hommes d'argent (si peu philanthropes) et hommes de pouvoir (si addicts à cette jouissance), alliés contre la Vie, contre l'humanité mais Nature aura raison d'eux en ayant raison de nous tous, sauf à nous mettre debout, corps, esprit, âme. Pas gagné du tout.

il me semble donc que pour vivre, penser, imaginer, rêver ce qui vient, il est bon de remonter au premier philosophe, Anaximandre et lui associer Héraclite, Parménide; il sera bon de méditer les traductions, commentaires qu'en a fait Marcel Conche, collection Epiméthée aux PUF

 

http://les4saisons.over-blog.com/page-4418836.html

 

cette métaphysique est-elle compatible avec ceux qui croient qu'il y a une Conscience, un Souffle, un Soi, un Vide créateur ; je ne suis pas en mesure de trancher et le faut-il ?

je vois deux courants : 

- un courant qui pense comme Jung qu'il y a un Soi, un inconscient collectif, des archétypes et symboles agissant à l'insu des gens sauf des chercheurs de coïncidences, de synchronicités, les fouilleurs de rêves, de liaisons, de connexions irrationnelles souvent; le monde magique des enfants ne connaît pas les barrières et séparations que très vite les adultes s'imposent; ils voyagent légers, fluides dans des mondes réels, imaginaires, passant d'un état à un autre, très quantiques si l'on veut (Chesterton demandait pourquoi les anges volent-ils ? parce qu'ils se prennent à la légère; l'esprit de sérieux plombe le présent et l'à-venir); Jodorowsky me semble un exemple puissant de ce courant avec la psychomagie 

- un courant de la conscience qui se nourrit de traditions et pratiques d'éveil spirituel, préconisant par la méditation, par le pouvoir du moment présent de nous aligner sur la Vie, de nous installer dans l'être plus que dans le faire, de nous débarrasser tant que faire se peut de l'ego, du mental (la ritournelle qui, 24 H sur 24, nous fait ressasser le passé, craindre demain...) pour devenir co-créateurs conscients de ce qui advient

je pense que, outre le retour aux philosophes anté-socratiques, rêver ce qui vient et qui donc influe, fait advenir l'à-venir, suppose une réflexion sur les groupes et sociétés basée pour partie sur la pyramide des besoins de Maslow et pour partie sur la spirale dynamique à l'oeuvre dans l'organisation des sociétés humaines d'après le livre de Frédéric Laloux étudiant 10000 ans d'organisations humaines; de même que l'essentiel d'une culture est d'ordre inconscient, des structures agissantes à notre insu, l'essentiel dans les organisations humaines échappe aux exécutants comme aux décideurs qui décident en toute méconnaissance de causes et d'effets; on croit savoir ce qu'on décide (pour les grandes décisions, en général il y a autant d'arguments pour que d'arguments contre et le décideur choisira à l'intuition car impossible de trancher rationnellement, il n'y a pas de balance pour les bonnes décisions) et on gère des effets secondaires et pervers

https://martouf.ch/2016/12/notes-resume-du-livre-reinventing-organizations-de-frederic-laloux/

 

dernier point, s'équiper d'un modèle mental ne semble pas une mauvaise chose

https://www.cairn.info/revue-developpements-2009-2-page-49.htm

https://ucan.blog/interets-composes/

https://ucan.blog/effet-lindy/

L’effet Lindy — Modèle Mental

L’effet Lindy est un modèle mental introduit par Nassim Nicholas Taleb dans son livre Antifragile. Voici ce dont il s’agit :

Si une entreprise existe depuis quarante ans, on peut s’attendre à ce qu’elle existe toujours dans quarante ans. Mais si elle survit une décennie de plus, elle devrait toujours être là dans cinquante ans.

Les choses qui existent depuis longtemps ne vieillissent pas comme les personnes, mais vieillissent à l’inverse : chaque année qui passe sans extinction augmente leur espérance de vie. Ceci est un indicateur de robustesse. La robustesse d’une entité ou d’un objet qui répond à cette loi est proportionnelle à sa durée de vie.

En d’autres termes, les choses qui ne sont pas vivantes — les religions, les technologies, les entreprises, etc. — et qui existent depuis longtemps peuvent être considérées comme plus robustes — ou antifragiles, pour reprendre le terme de Taleb — et sont donc susceptibles de continuer à exister plus longtemps que les nouvelles choses qui n’ont pas encore passé l’épreuve du temps.

Plus quelque chose est ancien, plus il y a de chances pour qu’il soit résistant, et chaque année qui passe augmente de la même durée ses probabilités de survie dans l’avenir. L’effet Lindy n’est pas une règle scientifiquement prouvée, mais un modèle mental qui nous permet d’apprécier la robustesse d’une entité en s’affranchissant de calculs de probabilités complexes.

https://ucan.blog/ligne-rouge/

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avec une telle métaphysique, comment vivre ? avec quelle sagesse ? une sagesse épicurienne

En quoi consiste cette sagesse ? À devenir soi, en usant de sa raison et de sa volonté pour se libérer des désirs vains de pouvoir, de richesse, de gloire et même d'amour charnel, pour ne satisfaire que des désirs simples, naturels, et l'essentiel désir de philosopher qui l'a saisi très tôt quand il a voulu aller voir à 6 ans si le monde continuait après le tournant de la route. Marcel Conche ne cède pas aux sirènes de la consommation, du tourisme, des voyages, de la « culture » spectaculaire, de la mode (des effets de mode, y compris intellectuelles). Il juge par lui-même en argumentant, contre-argumentant, ce qui le conduit à des positions singulières, les siennes, et singulières par rapport à l'esprit du temps (sur l'avortement, sur la guerre en Irak, les interventions des pays démocratiques en Libye, en Syrie, sur le suicide en fin de vie, sur la grandeur ou petitesse des hommes politiques).

Marcel Conche, l'Épicure d'Altillac, n'a pas de disciple, c'est un solitaire aimant la discussion épisodique avec des amis, (ses amis les plus fidèles sont des philosophes grecs : Héraclite, Parménide, Anaximandre, Épicure, Lucrèce, et Pascal, Montaigne ; il a dû renoncer à écrire sur Empédocle), aimant la nature, les paysages de Corrèze, les flots toujours renouvelés de la Dordogne, les figuiers qu'il a plantés et arrose, les chats errants qu'il nourrit sans s'attacher à eux. Sa maison d'enfance n'est plus celle qu'il a connue, elle a été transformée, il s'en accommode. Marcel Conche est un insoumis qui réussit à avoir avec son œuvre une audience et sans doute une influence ne dépendant pas des médias.

"À l'écart de l'agitation, dans le Jardin d'Épicure où sont cultivés les désirs naturels et nécessaires, la sagesse, l'amitié et l'absence de superstitions, s'épanouit une joie qui n'attend pas... L'épicurisme fleurit ainsi dans un coin perdu de Corrèze. Nous sommes chez Marcel Conche, la table est mise pour un banquet épicurien. Des amis y conversent comme dépourvus d'avenir, tant la minute présente leur paraît complète ; tels « des humains vivant la même vie dans le même esprit, et complices de leur mutuel bonheur. » Les Belles Lettres.

superbe extrait de Lucrèce : De la nature

https://soundcloud.com/editionslesbelleslettres/lucrece-de-la-nature

 

 

Jean-Claude Grosse, Le Revest, 10 avril 2020

pour rêver le jour d'après en remontant très loin dans le temps
pour rêver le jour d'après en remontant très loin dans le temps
pour rêver le jour d'après en remontant très loin dans le temps
pour rêver le jour d'après en remontant très loin dans le temps
pour rêver le jour d'après en remontant très loin dans le temps
pour rêver le jour d'après en remontant très loin dans le temps

pour rêver le jour d'après en remontant très loin dans le temps

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Le jour d'après / JCG

6 Avril 2020 , Rédigé par grossel Publié dans #JCG, #Le Revest-les-Eaux, #poésie, #écriture

25 mars 17 H, le Mont Caume depuis chez moi, au Revest-les-Eaux

25 mars 17 H, le Mont Caume depuis chez moi, au Revest-les-Eaux

Voilà ce que propose « Le Jourd’après_01 » : non pas une plateforme collaborative de propositions de ceci ou de cela, mais un gigantesque atelier d’écritures, un cahier ouvert d’expériences et de rêves, un champ de possibles où butiner, etc.

Une prolifération. Un arbre à palabres où chacun.e doit se sentir autoriser à déposer une graine.

Tout est à inventer. Avec le ressac de certaines voix du passé, aussi bien. Dans la houle de ce Tout-monde dont nous parlait Édouard Glissant.

Un concile éclairant pour nous préparer à gouverner le futur, dans la biodiversité de nos existences et le respect de la planète qui nous offre l’hospitalité.

Nous ne voulons plus rien conquérir d’autre que la dignité d’être.

En confinant les indices de performance qui réduisent le sens du vivant à peau de chagrin, nous entendons écrire la constitution de ce qui nous constitue.

Ce « jour d’après », nous ne le connaissons pas encore. Voilà pourquoi il est urgent et nécessaire, en voix brassées, d’où qu’elles viennent, d’en faire le récit.

L’imaginaire n’est pas performant, il est créatif.
Imaginons-nous.

like to think of the suicidal acrobats and tight-rope walkers training those bonzais over hundreds of years

like to think of the suicidal acrobats and tight-rope walkers training those bonzais over hundreds of years

Que peuvent dire les poètes par temps de détresse ? 

Que peuvent dire les poètes, par temps de détresse, de catastrophe ou d’épidémie ? 

Ce qu’ils disent déjà, par temps ordinaire : écoutez, regardez, soyez attentif…

Regardez bien ce qui apparaît dans les apparences, ressentez ce qui donne l’être à tout ce qui est là, donné...

Si cela est possible, regardez vos propres yeux, puis ce qui leur permet de voir… 

Ce n’est pas une idée que vous avez derrière la tête, une pensée préconçue ou préétablie, vous avez une lumière derrière la tête…

Regardez toutes choses dans cette lumière. 

Dans cette lumière qui vient de derrière la tête, vous voyez toutes choses plus belles et plus terribles que ce que vous pouvez en percevoir, en pensée ou en imagination ; vous voyez les choses telles qu’elles sont, tellement là, fugaces et insaisissables…

Regardez, écoutez, soyez attentif : le monde est plein de cris, écoutez celui qui crie au cœur de tous ces cris…

Vous entendrez un insondable silence, la nostalgie insoutenable d’une pure Présence. 

Le poète ne dit pas grand chose, il n’explique rien, il ne juge pas, il montre ce qui est là.

Et tout est là.

Jean-Yves Leloup, mars 2020

Notre esprit est encombré de fausses questions, de toutes sortes de soucis, peut être que la méditation est une forme de diète. Écouter en nous ce qui est l’essentiel et le nécessaire.

Épicure proposait des méditations pour calmer l’esprit, pour qu’il y ait en nous moins de pensées et d’avantage de lumière 

« La vie simple ou le Jardin d'Épicure » Jean Yves Leloup, in Les Odyssées de la Conscience

La photo de Hans Domenig s’intitule : La voie s’écarte du bon chemin (1990);  proposé par l'ami de confinement François Carrassan

La photo de Hans Domenig s’intitule : La voie s’écarte du bon chemin (1990); proposé par l'ami de confinement François Carrassan

Le jour d'après

Le jour d'après sera un jour calendaire, un jour naturel après une nuit naturelle, selon le rythme nycthéméral (temps cyclique), un jour humainement compté par les calendriers inventés par les hommes c'est-à-dire un jour daté (temps linéaire arbitraire en horaire d'été).


Le jour d'après sera un jour daté, décrété, un jour officiel, un jour politique, un jour décidé par des autorités politiques et publiques, ayant décidé de nous sortir du confinement, ce jour-là.


Le jour d'après sera un jour où des hommes politiques s'appuyant sur des experts d'hommes et de virus auront décidé dans le confinement de leurs bureaux que la guerre est finie. La guerre contre le virus. Contre le virus nommé couronne, coronavirus 2019, COVID 19, chakra coronal, vide, 19.
Comme l'a remarqué le virus, le chiffre 19 tombe bien : CAC 40 – COP 21 = COVID 19.


19, m'a dit le virus, signifie que vous ne devez pas attendre d’aide de l’extérieur, mais commencer votre voyage par vous-même, et cela vous mènera à de la satisfaction. Votre attitude positive ne sera pas utile que pour vous, mais aussi pour les autres. 19 vous demande de servir l’humanité de toutes les manières possibles. Votre but dans la vie est plus élevé que ce que vous recherchez. En aidant les autres, vous compléterez votre mission d’âme.


Donc tous les confinés ont pris conscience de leur mission d'âme, oeuvrer pour l'achèvement d'un cycle, ouvrant la voie à un nouveau cycle, indéfini, inconnu. Ils ont compris que le virus 19 comme le nombre 19, nombre d'abandon, sont un chiffre et un virus annonçant de bonnes nouvelles.


Au petit matin du jour d'après, je me suis réveillé comme d'habitude, sans réveil, normalement, naturellement, selon mon horloge biologique. Assis sur le rebord du lit, j'ai dit merci la nuit, à la prochaine nuit, bonjour le jour de maintenant.


Je n'ai pas fait de différence. J'ai pris mon petit-déjeuner habituel, j'ai humé la peau de la mandarine quotidienne qui m'évoque le soleil comme ce fameux 19, seul nombre divisible par lui-même et par 1, le 1 qui vibre d'unicité, d'indépendance, le 9 qui mène à l'illumination, à l'éveil, à l'inspiration. Dans la Kabbale, le 19 invite à reconnaître la beauté cachée des êtres ou des circonstances difficiles à accepter. Il est une aide précieuse pour voir et aimer le Divin en chacun et en Tout. Il est une puissance de purification, de transmutation. L'amour absolu. J'ai pensé au préfet Didier Lallement et j'ai ri. Une heure après, calmé, j'ai essayé de lui envoyer de l'amour inconditionnel depuis le cœur.


Ayant incorporé par méditation et respiration contrôlée et relâchée alternativement, étant là et à côté de moi, là et au dessus de moi, là et en dessous de moi, étant moi et dissous de moi, ayant incorporé l'amour comme puissance, comme force, comme énergie universelle, je ne me suis pas posé de questions philosophiques ou existentielles. Très calme à l'intérieur de moi, très brûlant du regard, le cœur et les poumons regorgeant d'amour, rayonnant d'une aura portée comme couronne de feu solaire, j'ai laissé monter, j'ai laissé venir, j'ai laissé diffuser, immobile, yeux fermés, ouverts.


J'ai été traversé par les cris de joie, les désirs de vivre, de jouir, de faire la fête. J'ai été secoué par les cris de rage, les désirs de vengeance, de justice, de nouveau monde. J'ai vu le blanc, j'ai vu le noir, je n'ai pas vu la balance qui pèse, je n'ai pas vu l'épée qui tranche.


Je suis allé faire quelques courses au village, du pain, des légumes et des fruits. J'ai repris un café, dehors sous les platanes, comme avant. Poli comme avant, tout sourire comme avant, avec un signe ou un mot pour chacun rencontré, sans précipitation, donnant à chaque moment son temps, recevant sans commentaires ni jugements les rêves et espoirs des uns, les colères et peurs des autres.


À mon retour, deux heures après, sur le palier, en haut des 53 marches, j'ai regardé les falaises à pic du Mont Caume qui se jettent sur le village. J'ai fermé les yeux, j'ai dit : je te livre espoirs et craintes de mes frères et sœurs. Transmutons-les en nuages féconds. J'ai expiré, un expir prolongé, harmonieux. J'ai inspiré une longue goulée de prana.


Jean-Claude Grosse, 6 avril 2020, Le Revest-les-Eaux, Villa Joie.

enfin ! όσο διαρκεί ! pourvu que ça dure ! s'exclament les atlantes, sans doute aussi les cariatides

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