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Blog de Jean-Claude Grosse

Le poème de ceux qui partent

Rédigé par grossel Publié dans #pour toujours, #poésie

Tu sais, je t'entends, je ne suis pas loin, je suis là, juste de l’autre coté. Ainsi parlent Michel, Cyril, Annie, Mamie Guiguite, Papi Jean, le Père, maman.
Tu sais, je t'entends, je ne suis pas loin, je suis là, juste de l’autre coté. Ainsi parlent Michel, Cyril, Annie, Mamie Guiguite, Papi Jean, le Père, maman.
Tu sais, je t'entends, je ne suis pas loin, je suis là, juste de l’autre coté. Ainsi parlent Michel, Cyril, Annie, Mamie Guiguite, Papi Jean, le Père, maman.
Tu sais, je t'entends, je ne suis pas loin, je suis là, juste de l’autre coté. Ainsi parlent Michel, Cyril, Annie, Mamie Guiguite, Papi Jean, le Père, maman.
Tu sais, je t'entends, je ne suis pas loin, je suis là, juste de l’autre coté. Ainsi parlent Michel, Cyril, Annie, Mamie Guiguite, Papi Jean, le Père, maman.
Tu sais, je t'entends, je ne suis pas loin, je suis là, juste de l’autre coté. Ainsi parlent Michel, Cyril, Annie, Mamie Guiguite, Papi Jean, le Père, maman.
Tu sais, je t'entends, je ne suis pas loin, je suis là, juste de l’autre coté. Ainsi parlent Michel, Cyril, Annie, Mamie Guiguite, Papi Jean, le Père, maman.
Tu sais, je t'entends, je ne suis pas loin, je suis là, juste de l’autre coté. Ainsi parlent Michel, Cyril, Annie, Mamie Guiguite, Papi Jean, le Père, maman.

Tu sais, je t'entends, je ne suis pas loin, je suis là, juste de l’autre coté. Ainsi parlent Michel, Cyril, Annie, Mamie Guiguite, Papi Jean, le Père, maman.

Ne reste pas là à pleurer devant ma tombe. Je n'y suis pas, je n'y dors pas... Je suis le vent qui souffle dans les arbres. Je suis le scintillement du diamant sur la neige. Je suis la lumière du soleil sur le grain mûr. Je suis la douce pluie d'automne... Quand tu t'éveilles dans le calme du matin Je suis l'envol de ces oiseaux silencieux Qui tournoient dans le ciel... Alors ne reste pas là à te lamenter devant ma tombe Je n'y suis pas, je ne suis pas mort ! Pourquoi serais-je hors de ta vie simplement Parce que je suis hors de ta vue ? La mort tu sais, ce n'est rien du tout. Je suis juste passé de l’autre côté. Je suis moi et tu es toi. Quelque soit ce que nous étions l'un pour l'autre avant, Nous le resterons toujours. Pour parler de moi, utilise le prénom avec lequel tu m'as toujours appelé. Parle de moi simplement comme tu l'as toujours fait. Ne change pas de ton, ne prends pas un air grave et triste. Ris comme avant aux blagues qu'ensemble nous apprécions tant. Joue, souris, pense à moi, vis pour moi et avec moi. Laisse mon prénom être le chant réconfortant qu'il a toujours été. Prononce-le avec simplicité et naturel, sans aucune marque de regret. La vie signifie tout ce qu'elle a toujours signifié. Tout est toujours pareil, elle continue, le fil n’est pas rompu. Qu'est-ce que la mort sinon un passage ? Relativise et laisse couler toutes les agressions de la vie, Pense et parle toujours de moi autour de toi et tu verras, tout ira bien. Tu sais, je t'entends, je ne suis pas loin, je suis là, juste de l’autre coté

poème de Mary Elizabeth Frye (1932)

 

Quand je meurs : Poème de Rûmi (1207-1273)

Quand au jour de ma mort on apportera ma bière (cercueil),

Ne va pas t'imaginer que je pleure sur ce monde.

Ne t'afflige pas pour moi, ne dis pas : " Malheur, malheur ! "

Tu tomberais dans le piège du démon, cela, c'est le malheur.

Quand tu verras mon cadavre, ne t'écrie pas : " Parti, parti ! "

L'union et la rencontre seront miennes à prises.

Quand tu me confieras à la tombe, ne dis pas : " Adieu, adieu ! "

Car la tombe est un voile cachant l'assemblée du Paradis.

Après avoir vu la descente, contemple l'ascension.

Pourquoi le coucher de la lune et du soleil leur causerait- il du tort ?

Ce qui te parait un coucher en réalité est une aurore.

Bien que la tombe te semble une prison, c'est la libération de l’âme.

Quelle graine fut semée dans la terre qui n'ait poussé ?

Pourquoi avoir ce doute au sujet de la graine qu'est l'homme ?

Quel seau n'a été plongé dans l'eau sans ressortir débordant ?

Pourquoi le Joseph de l'esprit se plaindrait-il du puits ?

Puisque tu as fermé la bouche de ce côté, ouvre-la de l'autre

Afin qu'au-delà de l'espace retentisse ton cri de victoire.

 

 

When I die.

When I die when my coffin is being taken out you must never think i am missing this world   don’t shed any tears don’t lament or feel sorry i’m not falling into a monster’s abyss   when you see my corpse is being carried don’t cry for my leaving i’m not leaving i’m arriving at eternal love   when you leave me in the grave don’t say goodbye remember a grave is only a curtain for the paradise behind   you’ll only see me descending into a grave now watch me rise how can there be an end when the sun sets or the moon goes down   it looks like the end it seems like a sunset but in reality it is a dawn when the grave locks you up that is when your soul is freed   have you ever seen a seed fallen to earth not rise with a new life why should you doubt the rise of a seed named human   have you ever seen a bucket lowered into a well coming back empty why lament for a soul when it can come back like Joseph from the well   when for the last time you close your mouth your words and soul will belong to the world of no place no time.

 

- Poem by Rumi

 

 

شعر: جلال الدين الرومي ترجمة: خالد البدور عندما يحملون نعشي إلى الخارج لا تفكروا أبدا أنني سأشعر بفقدٍ لهذا العالم. لاتذرفوا الدموع لاترثوني ولا تشعروا بالحزن فأنا لا أسقط في الهاوية المرعبة. عندما ترون جثماني محمولاً لا تبكوا لأنني أرحل أنا لا أرحل أنا أصل إلى الحب الخالد. عندما تتركوني في القبر لا تقولوا وداعاً تذكروا أن القبر ليس سوى ستارة وأن الفردوس يكمن خلفها. أنتم فقط ترون أني أهبطُ القبرَ الآن انظروا إليّ ارتفعُ كيف تكون هناك نهاية حين تغرب الشمس أو يغيب القمر. إنها تبدو كالنهاية إنه يبدو كالغروب ولكن في الحقيقة هو الفجر، عندما يقفل عليك القبر في ذلك الوقت تتحرر روحكَ هل سبقَ أن رأيتم بذرة تُدفن في الأرض ولا تنبتُ في حياةٍ جديدةٍ لماذا تشكّوا في النمو في بذرة إسمها الإنسان. هل سبق أن رأيتم دلواً يوضعُ في البئر ويأتي فارغاً لماذا نرثي روحاً سوف تعود مرة أخرى كما عاد يوسف من البئر. عندما ستغلق فمكَ آخر مرة ستنتمي كلماتك و روحك

 

Le poème de ceux qui partent
Le poème de ceux qui partent

Le 14 février 2028, 64 ans après 1964,

devant un cadre sans photo, blanc.

Le répondeur – En mon absence, si tu veux bien me laisser ton message pour l'éternité

Le vieil homme – j'ai bien fait de t'enregistrer avant ton départ ; je peux entendre autant que je veux ta voix sur le répondeur ; l'autre, le Répondeur avec un R, l'opérateur Tout-Puissant avec majuscules, il avait réussi à nous priver de la voix de notre fils.

Aujourd'hui est un grand jour pour nous deux.

Voilà, mon p'tit chat, ton bouquet de roses blanches. Pour tes 80 ans.

J'aime bien penser à vous, les éternels. Et à nous, les éphémères.

Le 28 mars, roses rouges pour ta petite fille qui aura 20 ans.

Le 13 avril, roses blanches pour les 57 ans de notre fils.

Le 29 juin, roses rouges pour notre fille qui aura 60 ans.

60 + 20 = 80. Ah la ronde des chiffres ronds.

Moi, je vais vers mes 88 ans.

J'ai remplacé vos dates de départ par vos dates d'arrivée.

Cuba c'est fini.

Finis 11 septembre, 19 septembre, 28 septembre, 29 novembre.

Finies vos morts. Éternelles, vos vies passées.

C'est le cadeau que tu nous as fait avant ton départ, le dévoilement des évidences du Temps.

Je ne suis pas trop parti pendant ces 18 années à la recherche du temps perdu.

Je n'ai pas trop cherché à remonter le temps, revivre nos vies.

Je préfère les échanges nourriciers avec toi au jour le jour.

Le répondeur – En mon absence, si tu veux bien me laisser ton message pour l'éternité

Le vieil homme – Où vais-je passer, m'as-tu demandé avant de passer. Ce que tu m'as fait découvrir, avant de passer, c'est que le temps ne se perd ni ne se retrouve. Notre temps fini de vie passe. Mais chaque instant qui passe ne s'efface, il s'inscrit comme vérité dans le temps de l'éternité, enregistré pour toujours. Puisque rien ne peut faire qu'il n'ait pas eu lieu.

Éternellement vraies les traces de chair, les effluves de caresses, les signatures de mains tendres que tu as laissées dans ton cahier d'amour sans mots ni chiffres.

Pour tes 80 ans, je lève la coupe de notre promesse :

à notre amour, jour après jour jusqu'à ce que, moi passant aussi, j'espère sans douleur, en douceur, ça fasse Toujours, Pour Toujours. 23115 jours aujourd'hui, mon p'tit chat !

L'été prochain, je repartirai au Baïkal retrouver notre isba de Baklany.

Pendant les quatre jours et quatre nuits de transsibérien,

dans le wagon de queue, par la porte donnant sur la voie, je regarderai le temps s'enfuir.

Devant, le train avalera le temps présent, traverse par traverse.

Moi, je regarderai les traverses arrières s'éloigner.

Quelques centaines de mètres après, quelques secondes plus tard,

je ne les verrai plus mais elles ne disparaîtront pas pour autant.

Le bruit solidien du train sur les joints des rails, à 80 kilomètres à l'heure,

ta dak ta dak, ta dak ta dak, ta dak ta dak

me dira le temps qui passe tous les 18 mètres, parfois tous les 36 mètres.

C'est au Baïkal que je me sens au plus près des évidences du Temps :

Le contraire de ce que j’ai pensé trop longtemps,

non la mort de tout, le refroidissement éternel, l’oubli perpétuel,

le Jamais Plus, Plus jamais, nevermore

mais tout coule, chaque seconde passe,

se métamorphosant en éternité

d’une seconde Bleu Giotto, forever.

Face au cadran électronique du four électrique, je regarde fasciné,

les 60 secondes bleu Giotto

de la minute à venir qui vient de s'afficher,

de 23 H 59 à minuit.

Je les regarde s'évaporer never more

et s'éterniser for ever,

une à une,

laissant de petites fluorescences bleues comme queues de comètes.

Je compte : 33 285 628 minutes, 1 997 136 680 secondes bleu Giotto.

Ça m'enveloppe, Ça me submerge, Ça m'immerge dans le Ventre-Mère, matrice d'Infini, de Vie,

arriver

là où ça prend fin

avec des bras remplis de rien ...

comme tu m'as écrit au commencement de nos étonnements.

La petite fille – pépé, mamie a écrit riens avec s ; pourquoi t'enlèves l's ?

extrait final de L'éternité d'une seconde Bleu Giotto de Jean-Claude Grosse

(Les Cahiers de l'Égaré, 2014)

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