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Blog de Jean-Claude Grosse

Regard(s) sur le passé/Marcel Conche

23 Mars 2019 , Rédigé par grossel Publié dans #notes de lecture

couvertures des deux derniers livres de Marcel Conche; photo à l'origine de la couverture de Regard(s) sur le passé, prise près de la chapelle des pénitents à Beaulieu sur Dordogne, photo François Carrassan (droits réservés)
couvertures des deux derniers livres de Marcel Conche; photo à l'origine de la couverture de Regard(s) sur le passé, prise près de la chapelle des pénitents à Beaulieu sur Dordogne, photo François Carrassan (droits réservés)
couvertures des deux derniers livres de Marcel Conche; photo à l'origine de la couverture de Regard(s) sur le passé, prise près de la chapelle des pénitents à Beaulieu sur Dordogne, photo François Carrassan (droits réservés)

couvertures des deux derniers livres de Marcel Conche; photo à l'origine de la couverture de Regard(s) sur le passé, prise près de la chapelle des pénitents à Beaulieu sur Dordogne, photo François Carrassan (droits réservés)

Regard(s) sur le passé

Marcel Conche

HD Diffusion 2019

 

À quelques jours de ses 97 ans, Marcel Conche publie Regard(s) sur le passé chez HD Diffusion où il a précédemment publié Regain (« L'âge me laisse des regains de jeunesse » Quinault).

Ses regards sur le passé prennent des titres surprenants du genre Rêver dans le passé (2001-2002-2005-2006-2007-2008-2009-2010-2012-2015), Dans mes carnets.

Il s'agit d'inventaires, occupant l'année entière ou seulement une partie, d'envois de livres, de visites, de coups de téléphones, de lettres. On peut se demander qui ça peut bien intéresser en dehors de Marcel et des personnes citées. En tout cas, c'est très précis ce qui signifie que Marcel note dans agendas ou carnets, tout ce qui constitue rencontres et partages, noms des personnes et titres des œuvres. Et cette précision, paradoxe, lui sert à rêver sur les événements ou personnes évoqués mais il ne nous dit rien de ses rêves.

On connaît les imprévisibilités du rêve comme de la rêverie. On est dans d'autres temps (l'inconscient ne distingue pas le passé, le présent, le futur; le Unus Mundus de Jung est le Monde Un des alchimistes du Moyen-Âge, dans lequel espace et temps ne sont pas séparés, esprit et matière non plus; l'inconscient collectif de Jung est un champ matriciel de possibles d'où naissent et agissent les synchronicités, concept élaboré par Jung à partir de ses rencontres avec Einstein et Pauli en particulier), d'autres espaces (avec Einstein, l'espace est devenu comme élastique, modifiable en fonction de l'action des forces à l'oeuvre dans l'univers dont l'électro-magnétique; dans le rêve, on peut se voir voler, non soumis à la gravité), d'autres logiques (acausale par exemple où il n'y a aucun rapport causal, aucun lien logique entre un événement et un autre, c'est ce qui est arrivé lors de la 1° rencontre de 13 H entre Freud et Jung pendant laquelle Jung annonça par deux fois qu'il allait y avoir un craquement, ce qui se produisit, ce que Freud ne pris pas au sérieux d'où à terme, la rupture entre les deux hommes et les recherches jungiennes sur les symboles, archétypes universels de l'inconscient collectif, de l'Unus Mundus qui a une existence objective, encore faut-il ne pas chercher dans une synchronicité une relation de cause à effet mais se laisser guider par ce que la synchronicité signale d'un sens possible), dans des mondes autres (on peut au cours d'un rêve, d'une durée très brève qui nous semble longue, voyager au milieu de créatures imaginaires; les métamorphoses y sont légion; en général, on ne prête pas attention à nos rêves; si on ne fait pas l'effort de les noter ou raconter, ils disparaissent dès le sursaut dans un cauchemar ou dès le réveil; Jung, Fellini ont su s'imposer ce travail;à partir du livre de mes rêves, Fellini a fabriqué tout son univers de personnages et décors; Jung avec son livre rouge/récits d'un voyage intérieur, retrouver son âme, a analysé, décrypté des visions, des symboles et archétypes souvent obscurs).

Dommage que Marcel Conche qui ne croit pas à la psychanalyse mais qui sait parfois raconter et décrypter ses rêves ne nous en dise pas plus. Les rêves, rêveries qu'il fait sont-ils une restitution à l'éternel de ce qui a été passager, fugace et qui s'oublie ou pas ? (lire plus bas le CR de l'atelier de lecture du 23 mars au Revest)

En tout cas, par sauts d'escalier qui me sont habituels, idée, élan créatif m'a été apportée sur un plateau de cochonnailles par deux amis qui apprenant ma mésaventure avec la publication du livre Le bord des falaises ou comment se relever de ses morts ? m'ont clairement dit de refaire en rêverie éveillée les 16 promenades faites avec la photographe du livre. Ainsi donc, une histoire que je n'ai pas vécu comme échec, comme gâchis, dont je n'ai pas cherché à expliquer la rupture brutale aura donné un livre pluriel, Le bord des falaises, une pièce de théâtre, The last video (porn theater) et un récit de promenades (Retours de promenades ou 16 promenades revisitées, à écrire mais le déclic a eu lieu en regardant mes agendas 2017-2018). C'est une rencontre heureuse avec des personnes amies à un moment festif et opportun de disponibilité qui a ouvert cette nouvelle perspective.

 

« Sans doute nos visions nocturnes ne sont-elles, pour la plupart, qu’un faible et imaginaire reflet de ce qui nous est arrivé à l’état de veille. D’après mon expérience personnelle, je ne puis douter que l’homme, quand il perd conscience de ses liens avec la terre, séjourne vraiment dans une autre vie incorporelle très différente de celle que nous connaissons, dont il ne garde, au réveil, que des souvenirs vagues et confus. Ces fragments estompés nous permettent de déduire bien des choses et d’en prouver fort peu. Nous pouvons deviner que, dans nos rêves, la vie et la matière, telles que nous les trouvons dans notre monde, ne sont pas nécessairement constantes ; que le temps et l’espace n’existent pas tels que nous les comprenons à l’état de veille. Parfois, je crois que la vie matérielle n’est pas notre vie véritable, et que notre futile présence sur le globe terrestre est un simple phénomène secondaire ou virtuel. »

H.P. Lovecraft, Par-delà le mur du sommeil.

On ne peut qu'être étonné de la richesse des rencontres de Marcel, de leur nombre. Marcel, le solitaire, ne l'est pas tant que ça. Et les visites qu'il reçoit semblent le satisfaire sauf une fois, « visite non souhaitée ». Dans les personnes nommées ou prénommées, beaucoup de femmes, quelques hommes. Envers les femmes, Marcel peut éprouver une gamme de sentiments et d'émotions manifestant sa grande sensibilité au charme féminin, à la Beauté. Envers les hommes, il s'agit d'amitié. En ce qui concerne le passé, Marcel distingue la mémoire de l'esprit qui oublie, la mémoire du cœur qui n'oublie pas. Mémoire de l'esprit en ce qui concerne événements, circonstances, propos. Mémoire du cœur en ce qui concerne l'essentiel, l'être de l'autre dans son entièreté.

Qu'est-ce qui pousse Marcel à travailler chaque matin, à écrire sa page ? Il distingue dans l'oeuvre, ce qui est créatif, qui restera pour l'éternité, Anaximandre, Héraclite recomposé et ce qui n'a pas ce statut. Mais dans les deux cas, ce qui compte c'est le souci de la vérité, vérité des situations, des personnages, vérité dans les choses, vérité dans les propositions car seule la vérité triomphe dit-il du temps éternel. La vie rajoute-t-il a un sens si gouvernée par la raison, elle mène au bien, donc au vrai, donc à l'éternel.

Il me semble que l'on peut reprendre autrement ces remarques. Quand Marcel note dans ses agendas ou carnets, un événement, une rencontre, c'est une façon de ne pas oublier. Reprenant l'agenda, retrouvant l'événement, sa date, il peut réactiver le souvenir et nuit venue ou sieste venant, il peut en rêver, indépendamment de sa volonté, de sa raison sauf s'il a appris à être acteur dans son rêve. Ce rêve, cette rêverie ne sont pas son œuvre. Il a fourni le matériau à une métamorphose proposée par le Monde Un, l'inconscient collectif, universel. Ce pourrait être quelque chose comme cela : « Les choses les plus ordinaires m'effraient. Le soleil. Des ombres sur l'herbe. Des roses blanches. » Rosemary Timperlay. Tout est effrayant, tout est source de peur, un peu ce que dit la 4° de couverture de mon livre Journal d'un égaré, sur l'opacité, l'étrangeté, la dureté de la nature loin de que l'on est tenté de nommer la beauté de la nature. Mais nous n'en saurons rien, à nous de rêver les rêves de Marcel.

Dit encore autrement, notant, il surligne si je puis dire le fait que ce qui est noté a eu lieu, never more, qu'il sera toujours vrai que ça a eu lieu, forever, et cela indépendamment du souvenir qu'on en garde.

Reprenant une métaphore mienne, j'en tire, depuis 2010, que nous écrivons un livre d'éternité de notre premier cri à notre dernier souffle, livre unique, non écrit d'avance, s'écrivant à chaque instant, et allant se ranger dans la grande bibliothèque du Monde des Vérités. Métaphore qu'il faut explorer, creuser, laisser parler.

Je n'ai guère avancé depuis L'éternité d'une seconde Bleu Giotto (2014). Mais je crois, sans preuves, que nos vies sont mémorisées comme « livres », que cette mémorisation n'est pas seulement en lien avec la subjectivité de la mémoire, plus ou moins fiable, que c'est une mémorisation objective dans le Monde des Idées comme est objective, agissante, vivante, active à tout moment, la mémoire inscrite dans notre ADN, vieille de 3 milliards d'années d'évolution et nous survivant un million d'années après notre « disparition ».

Voilà un thème qui mérite prolongement.
Pour conclure sur cette lecture, j'ai particulièrement apprécié la page sur le revolver (chapitre XXVI
Le regret, pages 65-66) qui lui permettrait, dit-il, de se libérer. J'ai senti la jubilation, qui s'est transmise à moi, qu'il a sans doute éprouvé à provoquer le lecteur avec la facilité du suicide, il suffit d'un revolver.

 

Jean-Claude Grosse

4° de couverture du Journal d'un égaré

4° de couverture du Journal d'un égaré

ce samedi 23 mars, 4° atelier de lecture du Revest de 18 à 21 H 30, nous sommes 5 (on est arrivé à être 10 au Cercle du Revest, très agréable lieu à l'accueil chaleureux et aux boissons goûteuses);

présentation du dernier livre de Pablo Servigne: une autre fin du monde est possible; décision est prise de mettre en place un atelier d'écriture d'un récit imaginé, très concret, de vie sur un territoire en transition ou en résilience selon les réalisations de Rob Hopkins qu'on pourra entendre à La Foire Bio de La Farlède dans deux conférences le 14 avril à 11 H et à 15 H; longue discussion sur les GJ, sur la mort du centre-ville de Toulon, doit-on en attribuer la responsabilité à 4 mois de manifestations qui tuent les petits commerces ?

nous avons consacré pas loin de 1/2 H sur les retombées négatives des manifestations qui depuis 4 mois perturbent le commerce local du centre-ville; ce fut chaud (par exemple, un  coiffeur « blanc » a fermé 3 jours en 5 jours 15-16 et 19 mars, trésorerie à sec, il envisage de fermer, avec les conséquences en cours au centre-ville depuis pas mal de temps: renouvellement de population, commerces de "luxe qui ferment", loyers payés rue des arts par la mairie); 
on doit être à l’écoute de tout cela et ne pas rester que sur nos actions qui ne sont pas sans conséquences; 
être responsable c’est aussi entendre les plaintes, les agacements et éventuellement corriger
certes il y a eu des opérations à Carrefour Ollioules et à avenue 83 mais suites judiciaires à Ollioules (3 condamnations, quelle solidarité avec eux ?

présentation du livre Les hasards nécessaires de Jean-François Vézina (la synchronicité dans les rencontres qui nous transforment), en quoi les synchronicités ne sont pas des coïncidences, comment ce sont des manifestations issues de l'inconscient collectif et qui sont des indications pour une transformation quand on est à un carrefour, dans une impasse (lorsque plus rien n'est possible, seul l'impossible peut survenir ou je n'ai aucune chance, je dois donc la saisir) et qu'il faut apprendre à déchiffrer avec prudence, en quoi le Yi King peut être un outil avec ce que disent (ce qu'on fait dire) les 64 hexagrammes chinois; l'une d'entre nous a jeté 6 fois les 3 pièces, émergence de l'hexagramme le K'ien, le créateur, l'élan créatif; a été abordé le rôle du rêve, un rêve est une actualisation au présent d'un problème du passé, une résolution au présent de ce problème, de cette souffrance, de ce poids; encore faut-il apprendre non seulement à retenir ses rêves mais surtout à être actif pendant le rêve, ne pas le subir, le vivre passivement mais être agissant, intervenir en conscience, sachant que la conscience qui agit n'est pas la conscience analytique cérébrale, la CAC 40 mais la Conscience universelle ou l'univers ou (peu importe le nom, le Soi, Dieu...); un exemple nous a été donné de rêve récent: dans le rêve, il arrivait à son cabinet qui était vidé de tout son matériel, angoisse, peur, prise de conscience de cette peur qu'il ne savait pas qu'il l'avait à l'intérieur de lui, pouvoir d'action sur cette peur identifiée; fut abordée aussi la nécessaire transformation de certaines habitudes, préalable à des transformations collectives: et si on supprimait le frigo, et si on supprimait la télé, et si dès 17 H, on stoppait tout écran, portable, tablette, ordi, et si on Qi Jonguer chaque jour, et si on méditait chaque jour, et si on réduisait les déplacements en voiture ...

Rêver dans le passé, voilà donc un titre qui fait fortement résonance; ce sera une des questions que je poserai à Marcel lors de notre visite pour ses 97 ans du mardi 26 mars au jeudi 28 mars avec l'ami F.C. (le 27, anniversaire de Marcel, le 28, anniversaire de Rosalie)

cliquer sur le lien pour accéder à un document remarquable sur le livre rouge de Jung

https://www.cgjung.net/livrerouge/livret-livre-rouge-musee-guimet.pdf

 

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