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Blog de Jean-Claude Grosse

La nature et la beauté / Marcel Conche

21 Mai 2020 , Rédigé par grossel Publié dans #JCG, #notes de lecture

Pour le philosophe, la vérité est au bout d’un long chemin – de réflexions, de méditations, d’analyses. Mais il y a ce qui lui est offert dès qu’il ouvre sa fenêtre le matin : la nature et, avec la nature, la beauté – beauté du ciel et des paysages, des fleuves et des étangs, beauté de la nature elle-même en sa splendeur calme. La vérité est un point d’arrivée, la beauté est un point de départ, car la découverte des beautés du monde est sans fin.
Pour le philosophe, la vérité est au bout d’un long chemin – de réflexions, de méditations, d’analyses. Mais il y a ce qui lui est offert dès qu’il ouvre sa fenêtre le matin : la nature et, avec la nature, la beauté – beauté du ciel et des paysages, des fleuves et des étangs, beauté de la nature elle-même en sa splendeur calme. La vérité est un point d’arrivée, la beauté est un point de départ, car la découverte des beautés du monde est sans fin.
Pour le philosophe, la vérité est au bout d’un long chemin – de réflexions, de méditations, d’analyses. Mais il y a ce qui lui est offert dès qu’il ouvre sa fenêtre le matin : la nature et, avec la nature, la beauté – beauté du ciel et des paysages, des fleuves et des étangs, beauté de la nature elle-même en sa splendeur calme. La vérité est un point d’arrivée, la beauté est un point de départ, car la découverte des beautés du monde est sans fin.
Pour le philosophe, la vérité est au bout d’un long chemin – de réflexions, de méditations, d’analyses. Mais il y a ce qui lui est offert dès qu’il ouvre sa fenêtre le matin : la nature et, avec la nature, la beauté – beauté du ciel et des paysages, des fleuves et des étangs, beauté de la nature elle-même en sa splendeur calme. La vérité est un point d’arrivée, la beauté est un point de départ, car la découverte des beautés du monde est sans fin.
Pour le philosophe, la vérité est au bout d’un long chemin – de réflexions, de méditations, d’analyses. Mais il y a ce qui lui est offert dès qu’il ouvre sa fenêtre le matin : la nature et, avec la nature, la beauté – beauté du ciel et des paysages, des fleuves et des étangs, beauté de la nature elle-même en sa splendeur calme. La vérité est un point d’arrivée, la beauté est un point de départ, car la découverte des beautés du monde est sans fin.
Pour le philosophe, la vérité est au bout d’un long chemin – de réflexions, de méditations, d’analyses. Mais il y a ce qui lui est offert dès qu’il ouvre sa fenêtre le matin : la nature et, avec la nature, la beauté – beauté du ciel et des paysages, des fleuves et des étangs, beauté de la nature elle-même en sa splendeur calme. La vérité est un point d’arrivée, la beauté est un point de départ, car la découverte des beautés du monde est sans fin.
Pour le philosophe, la vérité est au bout d’un long chemin – de réflexions, de méditations, d’analyses. Mais il y a ce qui lui est offert dès qu’il ouvre sa fenêtre le matin : la nature et, avec la nature, la beauté – beauté du ciel et des paysages, des fleuves et des étangs, beauté de la nature elle-même en sa splendeur calme. La vérité est un point d’arrivée, la beauté est un point de départ, car la découverte des beautés du monde est sans fin.
Pour le philosophe, la vérité est au bout d’un long chemin – de réflexions, de méditations, d’analyses. Mais il y a ce qui lui est offert dès qu’il ouvre sa fenêtre le matin : la nature et, avec la nature, la beauté – beauté du ciel et des paysages, des fleuves et des étangs, beauté de la nature elle-même en sa splendeur calme. La vérité est un point d’arrivée, la beauté est un point de départ, car la découverte des beautés du monde est sans fin.

Pour le philosophe, la vérité est au bout d’un long chemin – de réflexions, de méditations, d’analyses. Mais il y a ce qui lui est offert dès qu’il ouvre sa fenêtre le matin : la nature et, avec la nature, la beauté – beauté du ciel et des paysages, des fleuves et des étangs, beauté de la nature elle-même en sa splendeur calme. La vérité est un point d’arrivée, la beauté est un point de départ, car la découverte des beautés du monde est sans fin.

La nature et la beauté

Marcel Conche

HD essais, Janvier 2020

Marcel Conche, âgé de 97 ans, aveugle d'un œil, diminué de l'autre œil, écrit presque chaque jour, à la main, à l'aide souvent d'une loupe mais aussi en sentant le tracé des lettres et leur succession. Il livre ses pages d'écriture à une amie lointaine qui les relit, les déchiffre et les tape à l'ordinateur. C'est elle qui lui a proposé ce service.

De quoi s'agit-il ? D'une discipline d'écrivain ? D'une hygiène intellectuelle ? D'une envie de poursuivre une œuvre très abondante ? D'un besoin de continuer à user de sa raison en vue de la vérité ? D'un désir de se souvenir, de se raconter, au fil des humeurs ? 

Marcel Conche est conscient que son œuvre est derrière lui, que quelques livres resteront parce que ce sont des références, ses Fragments d'Héraclite traduits et commentés 1986, son Anaximandre 1991, son Parménide 1996, son Héraclite recomposé 2017. Viennent après, dans son jugement, son Lucrèce, son Épicure, ses 2 Montaigne. Il n'évoque pas sa propre philosophie dont Orientation philosophique 1974 et Présence de la Nature 2001 renvoient à ses deux métaphysiques.

Depuis quelques mois, après la série des Journal étrange (6 volumes) où déjà l'écrivain prenait le pas sur le philosophe, Marcel nous livre des essais de 1 à 3 pages dans l'esprit de Montaigne, « c'est moy que je peins » : Regain en août 2018, Regard(s) sur le passé en février 2019, La nature et nous en août 2019.  

La nature et la beauté, aujourd'hui, février 2020. 82 essais pour ce livre comme pour le précédent.

Comme je ne manque pas de lire tout ce que je reçois de Marcel, je suis bien obligé de constater que reviennent les mêmes souvenirs, les mêmes personnes, les mêmes épisodes, les mêmes récits, les mêmes lieux, les mêmes rêves, les mêmes désirs, les mêmes regrets. Radote-t-il ? Se répète-t-il ? Non, il n'y a pas deux feuilles d'un arbre identiques. Il n'y a pas deux Marcel identiques d'un récit à l'autre qui semble lui ressembler. Ressemblance mais aussi dissemblance, le Marcel qui écrit étant dans deux états d'esprit différents à deux ou quelques jours d'intervalle. On n'est plus au niveau d'idées qui s'exposent, s'articulent, on est en présence d'un homme toujours le même et à chaque fois différent. Si on est sensible aux humeurs qui sous-tendent ces récits, toujours très courts, c'est comme si on était plongé dans le fleuve héraclitéen de la vie et que parfois, on ressorte la tête pour une bouffée d'air, pour un regard sur tel aspect autour de soi ou en soi, le cerisier en fleurs, la rivière dans laquelle il trempe ses pieds nus, une pluie de baisers. Sur le baiser, Marcel s'attarde. On pourrait tenter une phénoménologie du baiser chez Marcel. Deux êtres jeunes, une rencontre entre un beau jeune homme et une belle jeune fille, une attirance réciproque ou une audace venue soit du garçon, soit de la fille, des lèvres fraîches et douces qui se rencontrent, des langues qui se cherchent... En ce qui concerne Marcel, le non-baiser obtenu de Marie-Noëlle, celui obtenu de Claire, pas même un baiser sur la joue de la part d'Émilie... car un baiser entre une jeune femme et un vieil homme est inconcevable. On comprend qu'avec Marcel, on est loin des pratiques d'aujourd'hui, on appelle ça rouler des pelles. L'éducation sexuelle et sentimentale fort variable selon les époques, les sociétés, les milieux est déterminante dans nos rapports à l'autre ou même sexe (Marcel n'envisage pas cette 2° possibilité). Personnellement, je suis touché par l'extrême retenue de Marcel dans ces domaines. 

Pour ma part, je prends un vif plaisir à lire ces courtes chroniques, livrant un homme dans sa réalité d'être changeant et constant car comme le dit Montaigne, se peignant, il peint non l'état mais le changement.

Je laisse à chacun des lecteurs le soin de vivre ses propres humeurs au contact des humeurs de Marcel, humeurs qui le mènent sur des chemins qui ne mènent nulle part comme il les affectionne. Aucune utilité à ces livres. Aucun apport au monde des idées. Des instants de vie d'hier revivifiés sur papier d'aujourd'hui avec l'humeur d'aujourd'hui. De la fugacité à tous les étages, passé, présent, futur. 

Tentons tout de même de trouver une unité de pensée au travers de la fluidité de la sensibilité. Tout ce que crée la nature est beau et bon affirme-t-il car fait pour vivre (et mourir). Un mouton à 5 pattes ne serait pas viable. Un crocodile qui ne ferait pas crac ne survivrait pas, il serait croqué. La beauté de chaque être fait partie intégrante de lui, structure, forme, fonction, symétrie, harmonie. Ce n'est pas une qualité surajoutée ni une qualité en lien avec le regard de l'observateur. L'observateur peut évidemment savourer, apprécier cette beauté, s'en émerveiller, à condition d'être dans la contemplation, sans visée utilitariste, genre chasseur, pêcheur, paysan. Cette beauté émerveillante ne peut être appréciée que par l'homme, être pensant, pensant et accueillant dans l'Ouvert. Les animaux, les végétaux sont dans leur monde, fermé, leur umwelt. Ces mondes ne communiquent pas entre eux. Cette incommunicabilité des mondes va jusqu'au monde singulier de chaque animal. Il y a le monde de l'araignée qui n'est pas celui du serpent. Il y a le monde arachnéen de cette araignée, son for intérieur, inaccessible à telle autre araignée et à l'observateur. Devant cette impossibilité de comprendre ces mondes, l'attitude juste, humaine est la bienveillance. On sort délicatement l'araignée qui s'est nichée dans un coin.  La bienveillance intègre le respect de la vie. Marcel détestait le boucher venant  égorger le cochon dont les cris le faisaient pleurer ou garde un très mauvais souvenir de l'anguille jetée vivante dans l'eau bouillante et dont les cris, les pleurs, la douleur étaient poignantes pour lui, pas pour son père, pêcheur ni pour sa tante, cuisinière.

Cette vision des mondes animaux et végétaux correspond-elle à ce que la science nous décrit aujourd'hui, des arbres en particulier, des échanges souterrains et aériens entre eux, même espèce ou espèces différentes. Je suis porté à croire qu'il y a des inter-relations, des inter-connections, des échanges complexes, subtils entre les mondes soi-disant fermés. Le monde végétal, tel que décrit par Emanuel Coccia, m'en semble la preuve, monde profondément lié au soleil (héliotropie nourricière) et à la terre comme sous-sol (également nourricier). La pollinisation est de ce point de vue, un phénomène de toute beauté et de toute nécessité (de transfert, de transport, de transformation). L'écologie met l'accent sur les connexions, les liens, les inter-actions en chaîne, chaînes alimentaires de prédation et dévoration, chaînes de coopération; la notion d'éco-système met en évidence que chaque élément dépend des autres, agit sur les autres. Je pense donc que la vision des mondes proposée par Marcel ne correspond plus à ce que nous apprend la science et que savaient déjà les permaculteurs, apiculteurs et autres praticiens respectueux et connaisseurs empiriques du fonctionnement de l'environnement. Aujourd'hui, on a pris conscience des dégâts provoqués par l'activité humaine industrielle sur l'environnement (océans, eaux terrestres, air, sous-sols, climat... avec les risques d'effondrement, de collapse, d'ailleurs en cours). Et ce que la collapsologie montre, c'est l'effet domino, enchaînement des effets provoqués par l'hubris masculin. 

La beauté contemplée par Marcel, du cerisier, de la rivière, des différentes lunes, du vent, de l'araignée est source d'émotions, elle mobilise la sensibilité, favorise l'apaisement, sollicite l'imagination, propose des comportements en lien avec une éthique (refus de la viande, de l'alcool, de la cigarette, rituel de la dégustation de la figue) et une morale, la morale universelle des droits de l'homme, étendus, universalisés à tout ce qui vit. Peut-elle être dite, décrite,  exprimée ? ou suffit-il de la vivre, de la ressentir ? Marcel ne s'aventure pas sur le terrain du dire, de l'expression sauf deux poèmes mais cela ne vaut pas les merveilleux vers de Rimbaud (Sensations par exemple ou Les chercheuses de poux). Dire la beauté de la nature, c'est l'affaire sans doute de certains artistes et de certaines pratiques, musique, peinture et poésie. Marcel n'évoque pas ces prolongements artistiques.

Dans l'essai Septembre 2019, pages 91-92, Marcel apprend avec 7 ans de retard, le suicide, le 8 octobre 2012, à 44 ans, de Bibiane, professeur de philosophie suisse qui l'avait invité et accueilli à Saint-Maurice dans le Valais, les 15 et 16 septembre 2007, pour une conférence sur La Beauté et sa signification. Depuis Le Revest, j'étais allé chercher Marcel à Treffort dans l'Ain et nous avions embarqué un de ses amis, philosophe italien. Voyage dans des paysages somptueux à allure modérée pour profiter des paysages et de mes compagnons. Visite de Saint-Maurice. J'ai filmé la conférence. On y voit Bibiane. Retour vers Treffort puis redescente en solo vers le midi. J'ai dû chanter tout au long de l'autoroute. Paix à Bibiane. 4 vidéos.

Jean-Claude Grosse, 26 février 2020

https://www.dailymotion.com/video/x307wa

https://www.dailymotion.com/video/x308bm

https://www.dailymotion.com/video/x308ju

https://www.dailymotion.com/video/x30ahm

https://blogs.mediapart.fr/yvon-quiniou/blog/200220/marcel-conche-decidement

http://les4saisons.over-blog.com/2019/09/la-nature-et-nous/marcel-conche.html

 

Suite à la grande librairie du mercredi 20 mai, avec entre autres Aurélien Barreau et Baptiste Morizot, et au visionnement dans l'après-midi de deux visioconférences de Marc Halévy, je constate la diversité des approches concernant où on en est mondialement et planétairement avec la crise du covid19 et où on souhaite aller, individuellement et collectivement, dans la mesure où ce serait encore possible. Barreau et Morizot plaident pour un changement radical d'attitude envers le vivant, une attitude de cosmopolitesse selon un néologisme d'Alain Damasio, où l'homme reconnaît en quoi tout le vivant contribue à la vie de tout le vivant; trois exemples, sans les plantes, pas d'air respirable, sans les bactéries du microbiote intestinal, pas de fonctions assimilatrices et évacuatrices (le ventre, notre 2° cerveau avec plus de bactéries fort anciennes qui nous colonisent pour notre bien que de cellules n'arrêtant pas de se reproduire à l'identique de notre corps, tout neuf, tous les 6 mois), sans la pollinisation, plus de vie en très peu de temps. Il apparaît que notre ignorance, par hubris, est incommensurable. Nous serions incapables de nommer 4 insectes voletant dans notre jardin, d'en nommer 10 plantes. Et même si nous avions beaucoup de connaissances sur ce qui est notre milieu nourricier (pas que pour nous, pour tout ce qui existe, sans hiérarchie), cela ne changerait pas grand chose car l'espèce mouche dont je vais connaître le monde, l'umwelt, ce n'est pas la mouche qui vient de se poser sur ma table et dont je ne connaîtrai jamais, le for intérieur, pas plus que je ne connais le for intérieur de mon chat ou de moi-même, a fortiori, ton for intérieur, toi que j'aime et qui m'envahit. On est donc amené à une grande humilité, un sens du mystère, conduit à sacraliser (comment), à imaginer des rituels de remerciements et de reconnaissance comme le fait l'animisme.

J'ai noté le rejet de la collapsologie, perçue comme trop négative; évidemment, un usage positif de cette "science" n'est pas envisagé, comme le fait Pablo Servigne, avec la collapsosophie. Et pourtant, plein de pistes intéressantes sont proposées dont l'éco-féminisme, la place des femmes, au sens de détentrices des savoirs instinctuels, des sorcières (mot nullement péjoratif), du féminin sacré dans cette recherche d'équilibre, d'harmonie avec la Nature, avec le reste du vivant, du Vivant.

Quant à Marc Halévy, très intéressant par ailleurs, il me semble rester dans le paradigme techno-scientifique, évoquant l'inéluctabilité suite à la robotisation de la transformation-disparition de quantité de métiers, médecins, avocats..., évoquant la possibilité via la fusion d'accéder à des petits soleils chez soi (le rendement de la fusion serait, dixit Barreau, de 3%, les 97% restants servant à faire fonctionner l'énorme machinerie accompagnant cette production). Son éloge du capitalisme entrepreneurial me semble aussi discutable. C'est exactement ce que le 1° de cordée a fait croire avec son programme de révolution de la start-up France. On voit où cette conception managériale d'un pays nous a conduits.

Comme le temps nous est compté et conté (car c'est nous qui nous racontons les histoires, c'est nous qui les écrivons, et ce faisant nous nous racontons des histoires, car raconter une histoire c'est se raconter une histoire, on y croit et pourtant ce n'est pas croyable, ce qui n'enlève rien au pouvoir sans doute considérable des croyances), il faut bien opter pour une histoire.

J'opte à cette étape pour celle-ci : moi (petit moi, tout tout petit moi), l'individu JCG, je n'ai aucune raison d'être qui me serait extérieure, je suis arrivé au monde avec un donné initial issu de toutes sortes d'histoires, familiales, nationales, culturelles, je suis mortel et tant que je suis vivant, je suis unique; dans cet horizon de ma mort, que puis-je faire d'autre que vivre ma vie au sens où l'ami Montaigne l'entendait (pour moi, donc j'aime la vie, tout bon, il a fait tout bon; notre grand et glorieux chef d'oeuvre c'est vivre à propos; toutes autres choses, régner, thésauriser, bâtir n'en sont qu'appendices et adminicules pour le plus). Je vais essayer d'être de plus en plus cosmopoli. Courtois avec tout ce qui vit, pierres y comprises, et paysages. Visages aussi.

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