notes de lecture
Trotskisme, de Lambert à Mélenchon
Nous publions cet article que nous a fait parvenir son auteur. Il va de soi que ses propos sont les siens et n'engagent nullement la rédaction de la Sociale. Certains rédacteurs de notre site ont...
livre sorti le 4 janvier 2024; l'article paru dans La Sociale me semble faire un point très précis sur le cas Jean-Luc Mélenchon par un soutien de LFI
La raison gazeuse et la crise de la démocratie - La Sociale
Un livre de Jean-Pierre Boudine, Critique de la raison gazeuse J'ai lu avec sympathie, parce que j'y ai vu mes propres espérances déçues, le livre (...)
autre point de vue sur Mélenchon par un réfractaire à Mélenchon
Article initialement paru sur la rubrique blog de Médiapart : https://blogs.mediapart.fr/vincent-presumey/blog/140124/de-lambert-melenchon-democratie-et-revolution Le livre de Laurent Mauduit et ...
article fouillé du 14 janvier 2024
" Le refus de démocratie à LFI est une impasse politique pour la gauche "
Auteurs d'un ouvrage sur l'OCI, Laurent Mauduit et Denis Sieffert interrogent la persistance de pratiques internes à cette formation chez des personnalités comme Mélenchon.
article-interview des auteurs en date du 24 janvier 2024
le roman national ment / Pacôme Thiellement - bric à bracs d'ailleurs et d'ici
Marie-Madeleiine par Donatello où Marie-Madeleine se retrouve au coeur d'un autre possible récit national que le roman national qui ment par Pacôme Thiellement j'avais déjà abordé ce thème e...
https://www.bricabracs.fr/2024/01/le-roman-national-ment/pacome-thiellement.html
Benjamin STORA : "Mai 68, et après?"
Tous les jours, à 18h50 (heure de Paris), Patrick Simonin reçoit les personnalités qui font l'actualité sur TV5MONDE. Retrouvez toutes les émissions sur ...
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Benjamin Stora nous raconte son mai 68
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68, et après
Les héritages égarés
Benjamin Stora
collection un ordre d'idées, Stock
Après avoir lu et commenté La dernière génération d'octobre, consacré aux années de militance de Benjamin Stora au sein de l'OCI devenue PCI (le parti trotskiste dit lambertiste), j'ai apprécié que l'auteur poursuive son bilan en reprenant son parcours, pouvant ainsi comparer avec mon propre bilan puisque j'ai passé presque 12 ans au PCI (dans le nord, puis à Toulon). Benjamin Stora a occupé des fonctions importantes dans l'appareil du PCI, ça n'a pas été mon cas. Il a quitté le PCI vers 1985 pour aller vers le PS avec Cambadélis qu'il avait recruté via l'AJS, entraînant derrière eux, dans ce mouvement, 400 militants regroupés dans Convergences socialistes. Moi, j'ai été exclu en 1980 avec d'autres puis après recours auprès de la commission des conflits, réintégré. C'était le temps des affaires, des exclusions (Charles Berg en 1979, Stéphane Just en 1984, Pierre Broué en 1989, et d'autres en 1991, 1992), des mesures incompréhensibles dont je ne comprends pas qu'on ait pu collectivement les accepter même si des « explications » étaient données, déviationnisme, trahison, agent provocateur de la CIA ou de l'URSS... Après mon passage au PCI (1969-1980), 12 ans au conseil municipal du Revest (1983-1995) qui ont permis l'émergence du festival de théâtre du Revest puis du théâtre, la Maison des Comoni. En 2006, je rentre au PS pour en interne soutenir la candidature de Ségolène Royal. Je quitte le PS après la présidentielle de 2007, ayant compris que son échec était dû avant tout à l'appareil du PS, aux éléphants hostiles à cette femme (propos sarcastiques de Fabius).
Deux traits du lambertisme semblent décisifs pour comprendre les exclusions :
- le verticalisme (la direction décide, les militants exécutent ; la réalité de cette organisation basée sur le « centralisme démocratique » c'est dans les faits l'absence de démocratie, le centralisme l'emporte. La direction ce sont les permanents du parti, vivant sur les cotisations, les phalanges des militants (10% du salaire plus abonnement au journal plus campagnes financières plus participation aux meetings à financer, aux manifestations à financer),
- le fonctionnement des cellules dites amicales est quasi-militaire (réunions hebdomadaires, présentation par chacun de ses résultats, comparés à ses objectifs, définis la semaine d'avant ; l'analyse de la situation, la révolution est imminente, justifie le harcèlement des militants dans ces réunions ; c'est le taylorisme, j'appelle ça le tayrorisme, capitaliste au service de la révolution = de la direction = bureaucratisation du Parti).
- Verticalisme et fonctionnement militaire expliquent le décalage entre sommet et base, les luttes intestines au sommet (on l'a vu assez récemment après la scission au sein du POI, avec procès engagé pour savoir à qui reviendrait le local de la rue du Faubourg Saint-Denis et le butin-le patrimoine du PCI, archives, fonds …)
http://www.gauchemip.org/spip.php?article12858
http://www.gauchemip.org/spip.php?article28296
http://www.gauchemip.org/spip.php?article25497
http://www.clubpolitiquebastille.org/spip.php?rubrique1
http://www.luttedeclasse.org/dossier44/oci_112016.pdf
le PDF de 422 pages rédigé par Pierre Salvaing est à récupérer par le lien ci-dessus
https://www.workersliberty.org/story/2017-07-26/pierre-broue-1926-2005
Les documents que j'ai sélectionnés peuvent sembler « surréalistes » mais on ne peut pas faire l'impasse sur le bilan du lambertisme d'où sont sortis Jospin, Cambadélis, Mélenchon, Stora, sur le bilan des autres courants trotskistes (Julien Dray, Harlem Désir viennent de la LCR) car ces mouvements ont joué des rôles non négligeables dans toutes sortes de conflits, dans des moments « historiques » et cela non seulement en France mais en Amérique centrale et latine, aux USA, à l'est du temps du stalinisme brejnevien...
Ce qui ressort tant du livre de Benjamin Stora que de ces documents, c'est la facilité avec laquelle les petits enjeux personnels prennent le pas sur l'accompagnement de l'émancipation des travailleurs. Un exemple : lors du passage au PS en 1986, Cambadélis fait adhérer une centaine de militants dans le 19° arrondissement. Cela lui permettra d'obtenir l'investiture pour être candidat aux législatives et d'être élu député (début de sa carrière politique avec ironie de l'histoire, lui sort par la droite du PCI en 1986, Valls tire vers la droite le PS dirigé par Cambadélis ce qui va provoquer le délitement du PS à la présidentielle de 2017).
Ce qui est frappant à la lecture de ce livre, ce sont les illusions qui ont aveuglé des responsables aguerris aux analyses et aux pratiques politiques susceptibles d'agir sur le réel. On entre au PS, soit. C'est quoi le PS ? Ils répondent : Un parti moderne, social-démocrate. Comment y entre-t-on ? Entrisme, travail de fraction ? Pour Cambadélis, gagner des postes dans l'appareil, changer le parti de l'intérieur. Pour Stora, créer une tendance, développer des idées qui nourrissent le débat, font évoluer.
Cambadélis a fait carrière dans l'appareil de 1986 à 2017. Voir sa proposition de garde nationale le 12 janvier 2016
https://lundi.am/retour-garde-nationale
Stora a quitté l'activité militante en 1988. Faiblesse du raisonnement, découverte après coup : le PS n'était pas un parti moderne, social-démocrate déjà en 1986, c'était un parti de notables, de professionnels de la politique, de gens vivant sur les subsides de l'état, n'ayant jamais travaillé pour la plupart, donc une forme de corruption liée aux privilèges des élus de la République, parti sclérosé incapable de comprendre les évolutions de la société, les nouvelles demandes politiques venues des jeunes des quartiers, venues des migrants, des précaires, venues des communautarismes, venues des femmes, incapable de proposer une offre politique à la hauteur des enjeux, un parti acceptant malgré le « coup d'état permanent » stigmatisé par Mitterrand, la constitution de la V° république, constitution anti-démocratique qui nous a conduit à la monarchie macroniste, un président, un parti aux ordres, une non-séparation des pouvoirs, le législatif inféodé à l'exécutif, le judiciaire sous contrôle, les médias devenus organes de propagande.
Deux phénomènes complètement occultés suite à cette impéritie :
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la radicalisation des banlieues qui va devenir la radicalisation islamiste d'une partie de la jeunesse, les fameux beurs qui avaient fait la marche des Beurs du 3 décembre 1983 et la marche pour l'égalité des droits du 3 novembre 1984 ; à cette demande d'égalité des droits, on a répondu par SOS racisme (invention de Julien Dray et Harlem Désir, manipulation par le haut d'un mouvement d'en bas, spontané), le mythe de la France multi-culturelle incarnée par l'équipe de France de foot, de la fraternité ; par l'exclusion sociale, la ghettoïsation spatiale, on a favorisé la dérive vers l'islamisme de cette jeunesse, l'affaire du voile n'a pas été comprise dans sa signification profonde (pas seulement une remise en cause de la laïcité, mais un rejet du « modèle » proposé, la société du consumérisme qui les laisse sur le côté) ; la gauche n'a jamais accordé le droit de vote aux municipales pour les immigrés, vieille revendication, cela conforte le sentiment deux poids, deux mesures, sue le burnous, exerce les fonctions ancillaires dont notre société a besoin, tu n'as aucun droit à réclamer et à attendre. On comprend que le dégagisme ait été puissant en 2017 qui a balayé les caciques de droite comme de gauche via les primaires ouvertes (Sarkozy, Valls) entraînant le naufrage des Républicains, des Socialistes, l'émergence par défaut de Macron, sans parti, ne s'appuyant pas sur un appareil. La présidentielle 2017 a été un séisme politique, scission au FN, partis dominants laminés, mouvement conquérant de Macron, une France insoumise qui a les défauts lambertistes de son leader
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la radicalisation des petits-blancs comme on dit aujourd'hui qui ont conduit Trump au pouvoir aux USA et qui conduiront l'extrême-droite au pouvoir chez nous. Macron lui ouvre une voie royale
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D'autres aspects ont été négligés par ce parti (je ne parle pas des autres) : les enjeux écologiques, des enjeux de société : égalité femmes-hommes, réforme en profondeur de l'école devenue un ascenseur social en panne ou école à la maison, lire ci-dessous
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N'a pas été mesurée l'offensive, la guerre de plus en plus féroce, cynique du néo-libéralisme contre les classes populaires (répression de la grève des contrôleurs aériens sous Reagan, surtout cassage de la plus grande grève de Grande-Bretagne, celle des cheminots sous Thatcher, en 1985-1986 ; les cheminots sont rentrés sans avoir rien obtenu et ce fut la privatisation des services publics de transport dont les Anglais voient aujourd'hui les effets néfastes) ; dans un contexte de guerre ouverte, déclarée, affichée des riches contre les pauvres, peut-on être conciliant, arrangeant avec le capitalisme mondialisé, peut-on être social-démocrate, réformiste avec les prédateurs, peut-on négocier et arracher des miettes à donner en pâture aux déclassés ? De là découlent normalement des analyses censées guider dans l'action : quel est le rôle des syndicats ? Peut-on faire confiance aux directions syndicales ? Quels rapports entre parti ouvrier et syndicats ouvriers ? Comment doit se pratiquer la tactique du Front unique ouvrier, tactique de libre discussion entre toutes les tendances du mouvement ouvrier (le journal Informations Ouvrières, tribune libre de la lutte des classes n'a jamais été une telle tribune ; doit-on s'étonner de la dérive bureaucratique de ce mouvement ?) L'exemple de la Grèce soumise au terrorisme de la troïka exigeant le remboursement de la dette (dont on sait que c'est une fabrication artificielle puisque on a obligé les états à ne plus battre monnaie mais à emprunter auprès des banques privées) montre assez que les peuples peuvent être saignés avec la complicité de leurs dirigeants « progressistes de gauche », devenant droitiers au pouvoir. La prise du pouvoir c'est une chose, on peut être radical dans les discours, le programme, les promesses. L'exercice du pouvoir c'est autre chose: on s'adapte, on se compromet, on trahit ses promesses. C'est le capital qui gagne toujours dans ces tentatives d'arrangement, l'Allemagne de la sinistre Merkel, la nouvelle Thatcher, étant le chef d'orchestre de cet alignement de tous sur une politique monétaire intransigeante et de fabrication de la dette qui profite aux actionnaires.
Benjamin Stora, devenu historien reconnu des deux guerres d'Algérie (celle de la France coloniale sous Mollet, Mitterrand jusqu'à De Gaulle ; celle de la décennie sanglante entre le FLN au pouvoir et le FIS- le GIA) montre très bien comment le travail de mémoire n'ayant pas été fait, la guerre des mémoires (souvent déformées, partisanes, idéologiques) a lieu, semant des germes de racisme, de violence, favorisant la montée de l'extrême-droite. La notion d'identité nationale est devenue un enjeu politique, expliquant en partie l'échec de Jospin à la présidentielle de 2002 ; satisfait de son bilan économique et social, il a sous-estimé les questions d'identité et de sécurité. L'espace politique pollué par un parti légal, le Front National, a vu émerger des débats auxquels la gauche sociale-démocrate n'était pas préparée, thèmes qui l'ont amené à se droitiser (Hollande et Manuel Valls ayant été l'illustration la plus nette de cette droitisation qui a provoqué l'effondrement du PS, en 2017). Non le PS n'a plus rien d'un parti ouvrier, même plus d'un parti des classes moyennes qui sont en pleine régression sociale, idéologique. La droitisation s'est faite sur la question de l'immigration.
Ce qui est incroyable plus de 55 ans après l'indépendance de l'Algérie, c'est la croyance de certains, les plus droitiers, les plus extrémistes de droite, que les immigrés algériens, tunisiens, marocains des années de la reconstruction, des 30 glorieuses reviendront au pays. Ils sont Français, ils ne reviendront pas « chez eux », ils sont chez eux chez nous et leurs enfants, petits-enfants ne sont pas prêts d'accepter ces « exigences » développées par une partie non-négligeable de la population blanche, raciste, les petits-blancs justement. La société française dérive-t-elle à droite ? En particulier la classe ouvrière ? C'est vers l'abstention qu'elle va surtout plus que vers le Front national.
Ce décalage entre la réalité et les prismes idéologiques dont les uns et les autres se servent (les lieux communs étant un indicateur de ces visions idéologiques, c'est-à-dire déformant, niant la réalité) a une autre raison, le rôle joué par l'ENA. « Depuis De Gaulle, les dirigeants de la V° République sont devenus une caste de gouvernement la plus hermétique qui soit dans le monde occidental. » écrit l'historien anglais Perry Anderson. Nous sommes gouvernés dans les domaines politique, administratif par une caste de hauts-fonctionnaires issus de cette école. Ce n'est pas avec cette « élite » s'auto-reproduisant que la société française ira vers l'apaisement, la réconciliation. Les germes de division, de violence, de guerre civile sont bien plantés, se développent. L'offensive idéologique contre les idées de mai 68, menée par la droite, l'extrême-droite dans les années 2000 (Sarkozy, Luc Ferry...) a permis de faire de 68, un mouvement d'énervement jeuniste exclusivement, un mouvement hédoniste-libertaire de la jeunesse ouvrant la voie à l'individualisme et au consumérisme.
C'est la génération des baby-boomers, accusée de tous les maux comme le montre la discussion que j'ai eu à propos de l'article consacré à la leçon de marxisme donné à Marlène Schiappa, secrétaire d'état macroniste à l'égalité hommes-femmes, par son père, trotskiste de l'OCI.
L'offensive anti-68 a eu pour objectifs de remettre en cause l'antiracisme accusé de faire monter le FN, de dénoncer l'antifascisme comme recyclage des partisans du communisme, le féminisme comme séparant hommes et femmes, l'antimilitarisme comme destructeur de la nation, de stigmatiser les immigrés parce qu'on ne peut pas accueillir toute la misère du monde, de remettre en question sans succès le droit à l'avortement, le droit à la retraite, à la sécurité sociale, ça c'est en cours. Sur notre passé colonial, pas de repentance mais une tentative de loi en 2005 sur la « colonisation positive ». Cette offensive idéologique n'empêche pas que se développent des idées dans la continuité de mai 68 : plus de démocratie participative voire directe, retrouver notre pouvoir constituant (le peuple souverain écrivant sa constitution comme ce fut le cas en Islande après la crise des subprimes, les ateliers constituants d'Etienne Chouard même si on a des réserves sur lui, ses propositions lui échappent si nous nous en saisissons) abandonné aux politiques, moins de verticalité autoritaire, du pluralisme partout et pas tout le pouvoir entre les mains d'un parti, pas de pouvoir personnel. Évidemment, avec Macron on est à l'opposé de ces aspirations héritées de 68. L'avenir nous dira si la gouvernance macroniste à double langage (c'est blanc et en même temps c'est noir à moins que ce soit en même temps l'inverse), à effets permanents de communication pour masquer la réalité (on dépense un pognon dingue pour les assistés) était ce dont le pays avait besoin ou voulait. L'avenir nous dira si des jeunes générations, des conjonctions de projets et de luttes sont en train de se lever pour éventuellement arrêter la course vers le mur. Pour ma part, je crois que nous ne croyons pas ce que nous savons : on va dans le mur, on le sait, on reste figé, l'exemple de la disparition des abeilles l'illustre parfaitement ; on sait, on ne fait rien, peut-être on ne peut rien faire, l'industrie agro-alimentaire nous empoisonne, la techno-science est devenue inhumaine ou l'a toujours été, contre l'humanité, contre la nature.
Ainsi soit-il. Et c'est ainsi qu'Allah est grand, concluait Alexandre Vialatte.
Putain, les abeilles ! L'Edito carré de Mathieu Vidard
Les abeilles là, sous nos yeux, en train de disparaître ! Des millions d'années d'évolution anéantis par nos pratiques de crétins. Toutes les études se suivent et nous disent la même chose:...
https://www.youtube.com/watch?v=RcSWZnpfMAA&feature=youtu.be
Marlène Schiappa reçoit une leçon de marxisme de son père
Jean-Marc Schiappa, militant trotskiste, a publié un texte sur Facebook visant sa fille et ses références à l'auteur du " Capital ". " Toucher 550 € de RSA par mois ne permet pas de sortir de...
Nathalie - Encore un arrogant pur produit du patriarcat qui se pense Marxiste. Comme on en a beaucoup au PS et à Gauche en général. Si sa fille avait été un fils il aurait probablement ravalé sa rancoeur. Le problème au 21e siècle est que l’on a patrons et patron ( l’économie est composée à plus de 80% de PMI PME ou indépendants contre 20 % de grandes entreprises ), on a travailleur/ses et de travailleur/se qui réclament la liberté de la main gauche et le paternalisme de la droite et on a fonctionnaires qui « servent » le service public et dysfonctionnaires qui se servent ( notamment dans les grands corps d’Etat mais aussi sur le terrain)... alors qui de l’exploité qui de l’exploiteur .... le manque d’éthique nourri chacun et chaque classe en souffre. Sauf pour le grand patronat qui fait l’unanimité : il est par essence un manque d’éthique. Ce que je vois moi, c’est que ce sont les femmes qui se tapent le sale boulot pour des salaires de misère et qui sont les premières pourvoyeuses d’économie vertueuses dans les quartiers. Jean-Marc Schiappa , est un bon mâle blanc de plus de 60 ans. Il aura essayé... par la libre pensée, et ça l’emmerde que sa fille tente depuis plus haut que lui. Depuis à place de père, je trouve très déplacé qu’il se serve de la place de sa fille pour être enfin entendu du public. La médiocratie se situe aussi ici.JCG - rien compris, leçon pas particulière STPNathalie - Je suis heureuse de te faire rire Jean-Claude. Mais votre génération a mangé le pain blanc des nôtres et de celles de nos enfants. Plein emploi, pleine retraite, pleins congés , temps libre, bénéfices maximaux. Une Génération de baby-boomer « après moi le déluge ». De gauche comme de droite, tout le monde a mangé la soupe. Alors ce sera difficile de reprocher aux jeunes générations de tenter de rétablir une justice sociale avec ce qui nous est laissé . Et encore aujourd’hui, de nombreux retraités bénéficient de la solidarité des retraites payées par nos générations et prennent aussi des postes ou ont leur entreprise sur le marché de l’emploi. Comment appelle t on ça ? Du marxisme ??? Le père de MS devrait se poser la question.Nathalie - parfaitement compris : pour Jean-Marc Schiappa , comme pour beaucoup de « papy bedonnants de la ligue » que j’administrerai encore jusqu’à la semaine prochaine, le projet collectif est au dessus du projet individuel ... quand ça l’arrange. D’une part c’est le but de la république sociale et d’autre part, si la république n’utilise pas la ré mobilisation individuelle pour créer son projet collectif, on va encore ramer longtemps. La bourgeoisie et son conservatisme n’est pas forcément là où l’on croit. Le risque n’est pas la start up mais l’effondrement de la protection sociale qui est déliée du modèle de gestion « auto entreprise » ou start up. Le risque est la glissade vers un système anglo-saxon pur. Il ne me semble pas que ce soit le cas avec la réforme des retraites.JCG - on en parlera quand tu voudras, je ne me reconnais pas dans tes descriptions, je ne me sens pas concerné par la notion de génération, je suis JCG et qu'ai-je fait comme chemin, selon quelles valeurs, quel bilan puis-je montrer ? ai-je été un profiteur, un dysfonctionnaire, suis-je un retraité doré ?Nathalie - ok pour en parler. Et tu vois, c’est ça le problème : on est qui on est , on a participé à un effet collectif générationnel sans en avoir conscience. On s’est battu pour un idéal mais sans voir que la technique desservirait l’autre qui vient, les siens, ses enfants , petits enfants. Génération gaspillage, ultra production, consommation, temps libre... parfait. Mais l’utopie sans technique pour l’ici et maintenant. Aujourd’hui c’est la technique stratégique et la prospective sans utopie. Je n’aime pas. Le manque d’idéal est inquiétant. Mais on aura du mal à le reprocher . Surtout à nos enfants.JCG - les effets secondaires, tertiaires et pervers sont-ils contenus dans les données initiales ? et de quelle milliardième de fraction suis-je responsable des dégâts évoqués, 5 voitures dans une vie, 2 aspirateurs, 3 frigo à obsolescence programmée, un ordi depuis 10 ans... bref, ce genre de responsabilités, je m'en fous mais comment je te parle, quelle relation j'ai avec toi, ça je me sens responsable à 100% et suis prêt à évoluer, changerNathalie - je ne parle pas vraiment des actes de la vie courante bien qu’ils engagent aussi et sont effectivement des actes politiques. Je parle de politique du 20 e siècle qui n’ignorait pas la cata post baby boom- ni la gauche ni la droite- et qui n’a rien anticipé et je parle de politique du 21 e siècle qui doit se débrouiller avec de nouveaux paradigmes d’environnement mondialisé et de responsabilités, la durabilité... Sais tu quand mes amis de gauche ont commencé à me vivre comme un danger ? Quand j’ai mis leur place en jeu en réclamant l’égalité hommes-femmes dans les instances décisionnaires ( des partis, des associations d’éduc pop, du CESER... ). Quand j’ai réclamé que l’on cesse de couper la parole aux femmes et que l’on cesse de faire des moues dubitatives chaque fois qu’un jeune ou qu’une femme s’exprimait.
Donc ma tolérance avec le patriarcat virilocrate est proche de zéro. 30000 ans que l’on en mange et franchement il est temps de passer à autre chose. Voilà pourquoi cet encart « Schiappapa » dans le Monde est bien plus profondément Anti-Marxiste que la bourde de la secrétaire d’Etat à propos de Marx.Nathalie - Après.... je ne sais pas comment tu as fait avec seulement deux aspirateurs... tu me diras la marque ?
Amitiés et bonne nuit.JCG - je ne m'en sers pas; balai saitFrank - Finalement, les bons mâles de plus de 60 ans qu'en fait-on? Moi je dis ça parce que, vous allez voir c'est ballot, j'ai un peu le mal des transports et je souhaiterai savoir si je dois prendre une petite laine et éventuellement du singe...Nathalie - Mal des transports, mâle des trans-porcs (porcs en transition?), malle de transport ... Ce qui n’est plus supportable, c’est le degré de la misogynie que l’on peut, à ce titre, comparer à la connerie, au racisme et même à la mort: Quand on est dans cet état, nous ne le savons pas et ce sont les autres qui souffrent. Les révolutionnaires trotskistes, les Proudhons ... n’ont pas échappé à la contagion. Les plus fort en gueule encore moins. Les « bons mâles », l’humanité les somme de se transformer ou de périr. Pas physiquement bien sûr, mais symboliquement et surtout, dans les instances de pouvoir. Les hommes eux, adviennent en toutes qualités : empathie, amour, tendresse, soins, durabilité, utopies ... prêtées jusqu’ici à la féminité, ou plutôt au féminin: le seul avenir valable. C’est probablement un commencement du surhumain. Après, sinon, pour la petite laine, nous ne pouvons que la conseiller. Quand au singe ... ça fait belle lurette que ça ne se mange plus... ça siège !Frank - Et ben... On est pas sorti du sable.....
La dernière génération d'Octobre / Benjamin Stora - Blog de Jean-Claude Grosse
La dernière génération d'Octobre Benjamin Stora Pluriel / Hachette Littératures Ce livre m'a été offert lors de mon court séjour pour Marilyn apr è s tout, à Lille, où j'ai rencontré des...
Lambertisme d'hier et d'aujourd'hui
Abréviations lambertistes CCI : courant communiste internationaliste MPPT : mouvement pour un parti des travailleurs OCI : organisation communiste internationaliste PCI : parti communiste ...
Pour un bilan du lambertisme, résumé succinct du travail de Pierre Salvaing
L'année 1984 voit la naissance du MPPT et conjointement l'exclusion de Stéphane Just et des militants qui défendaient ses positions. L'offensive contre ce qui reliait le PCI à la tradition du ...
Crise du POI... Témoignage de Charles Berg
La crise du POI concerne au premier chef ses militants. Mais je crains qu'il n'en sorte pas grand chose. La plupart des militants, après les exclusions, la syndicalisation trade unioniste sont ...
Charles Berg, exclu en 1979, s'exprime encore en 2018 et c'est tant mieux
Charles Berg, souvenirs d'un autre temps
Le producteur et scénariste de cinéma Jacques Kirsner, qui fut l'une des figures de Mai-68, connu à l'époque sous le pseudonyme de Charles Berg, et qui dirigea le mouvement de jeunesse du coura...
témoignage paru sur médiapart, le 15 mai 2020
La vie la poésie
Des 100 plus beaux poèmes du monde (édition de 1979)
(merci à Alain Bosquet de proposer 1/3 de poètes inconnus car nous sommes trop occidentalocentrés)
je retiens le troisième Cosmogonie dans l’Atharva-Veda (14°- 10° siècle avant J.C.). Il correspond à là où j’en suis aujourd’hui de mon cheminement.
C’est ce qui s’est dit de plus précis et de plus déroutant sur la Création.
(Voir la question du 7° paragraphe : celui qui veille sur elle au plus haut du ciel le sait sans doute... ou s’il ne le savait pas ?)
Et surtout ne pas chercher à confirmer par la physique quantique.
J’en ai produit une version dans Et ton livre d’éternité ?, page 639, L’hymne à la création.
Version de l’anthologie d’Alain Bosquet
1-
Ni le non-Être n’existait alors, ni l’être.
Il n’existait l’espace aérien, ni le firmament au-delà.
Qu’est-ce qui se mouvait puissamment ? Où ? Sous la garde de qui ?
Etait-ce l’eau, insondablement profonde ?
2-
Il n’existait en ce temps ni mort, ni non-mort;
Il n’y avait de signe distinctif pour la nuit ou le jour.
L’Un respirait de son propre élan, sans qu’il y ait de souffle.
En dehors de Cela, il n’existait rien d’autre.
3- 4- 5- 6- 7-
(Pages 16-17, traduction Louis Renou)
Et page 639 de Et ton livre d’éternité ?
L’Hymnne à la création
(Nasadiya Sukta. Rig Veda, X, 129)
Il n’y avait pas l’être, il n’y avait pas le non-être en ce temps. Il n’y avait espace ni firmament au-delà. Qu’est-ce qui se mouvait ? Où, sous la garde de qui ? Y avait-il l’eau profonde, l’eau sans fond ?
Ni la mort n’était en ce temps, ni la non-mort, pas de signe distinguant la nuit du jour. L’Un respirait sans souffle, mû de soi-même : rien d’autre n’existait au-delà.
A l’origine les ténèbres couvraient les ténèbres, tout ce qu’on voit n’était qu’onde indistincte. Enfermé dans le vide, l’Un, accédant à l’être, prit alors naissance par le pouvoir de la chaleur.
Il se développa d’abord le désir, qui fut le premier germe de la pensée ; cherchant avec réflexion dans leurs âmes, les sages trouvèrent dans le non-être le lien de l’être.
Leur cordeau était tendu en diagonale : quel était le dessus, le dessous ? Il y eut des porteurs de semence, il y eut des vertus : en bas était l’Énergie spontanée, en haut le Don.
Qui sait en vérité, qui pourrait l’annoncer ici : d’où est issue, d’où vient cette création ? Les dieux sont en deçà de cet acte créateur. Qui sait d’où il émane ?
Cette création, d’où elle émane, si elle a été fabriquée ou ne l’a pas été, – celui qui veille sur elle au plus haut du ciel le sait sans doute... ou s’il ne le savait pas ?
Rig Veda, X, 129, 1. Trad. Louis Renou, La poésie religieuse de l’Inde antique. 1942
la couverture évoque la libellule et le piment rouge des deux haïkus, de Kikaku et de Bashô que je donnais en pâture à mes élèves Kikaku une libellule ôtez-lui les ailes un piment rouge Bashô un piment rouge mettez-lui des ailes une libellule
Des cent tankas 5/7/5/7/7 (la forme la plus ancienne) et haïkus 5/7/5 (la forme la plus aboutie et la plus connue) de Poèmes de tous les jours (1993 chez Picquier-Unesco),
Je note d’abord, l’excellente préface d’Ôoka Makoto qui depuis 1979 tient une rubrique de poésie en 1° page d’un journal tirant à 10 millions d’exemplaires
Et j’en retiens deux,
j’ai évité les plus connus Bashô, Issa, Buson, Tu Fu, Li Po, Po Chû I et les 4500 poèmes du recueil des dix mille feuilles, vieux de 1300 ans :
L’arc-en-ciel lui même
Pense que le temps existe
Abe Seiai né en 1914 page 77,
commentaire d’Ôoka Makoto, page 76
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Joignant les mains devant cet homme nu, brûlé, perdu
Je partis en courant
Yamamoto Yasuo (1902-1983) page 213
Tanka tiré d’un recueil de tankas sur Hiroshima,
Yamamoto y ayant perdu son fils :
Le cadavre du petit ficelé à la charrette
Ma femme et moi poussions à tour de rôle
Commentaire d’Ôoka Makoto, page 212
on ignore l'impact profond d'un mot sur l'autre comme sur soi pris comme esprit-corps, on ignore l'impact profond d'une chose du monde sur soi et sur l'autre pris comme corps-esprit;
nos outils de perception sont les sens, mais il est évident que les illusions sensorielles sont nombreuses, qu'on croit réel ce qui souvent ne l'est pas; il en est de même des sentiments; dire je t'aime à quelqu'un, le plus vivant des poèmes, est peut-être un délire, né d'un désir, d'où ce titre ambigu Parole dé-s/l-irante, s/l = est-ce elle ? tout désir n'est-il pas délire, toute parole délirante n'est-elle pas parole désirante ? la confusion par projection ou tout autre processus est au rendez-vous; il faut donc une grande prudence là où l'exaltation nous saisit; ce je t'aime dont je me dois de douter, une fois dit, chemine en l'autre vers un coeur qui bat la chamade, un esprit qui s'emballe, dans un corps qui s'émeut, au plus profond, le message pensé et émis, une fois reçu par l'autre devient milliers de messages chimiques, hormonaux, moléculaires, quantiques dont j'ignore la réalité et les effets, seule la personne réceptrice perçoit quelques effets, coeur qui bat plus vite, rêves érotiques, organes sexuels en émoi, appétit moindre...; n'est-il pas clair que prendre conscience de cette complexité peut nous inciter à plus de responsabilité, à accepter d'être responsable d'effets imprévus, secondaires, tertiaires et pervers; je peux même en arriver à bouger le moins possible pour déranger le moins possible l'ordre des choses car en fin de compte, on est toujours dérangeant, semeur de désordre; vivre en poète c'est déranger le moins possible et prendre son temps, vivre en poète c'est vivre sobrement, c'est réduire sa surface, son empreinte, c'est ne pas vouloir embrasser l'infini, c'est ne pas vouloir être éternel, c'est voir un monde dans un grain de sable, un ciel dans une fleur sauvage, tenir l'infini dans la paume de la main et l'éternité dans une seconde comme le dit William Blake dans Augures d'innocence, le plus fort programme que je connaisse
j'ai bien raison de prendre mon temps, j'ai tout le temps qui m'est compté (à condition de ne pas le décompter, c'est ainsi qu'il compte, qu'il est vivifiant) pour insuffler la vie à quelques mots pouvant toucher quelques belles personnes. Je laisserai 10 poèmes intitulés Caresses. Caresses 1 et Caresses 2 existent déjà. Les autres Caresses sont à venir, le moment venu, un moment inattendu. Il y aura aussi les 12 Paroles dé-s/l-irantes. Parues dans La Parole éprouvée, le 14 février 2000.
voilà deux brèves tentatives de mise en mots pour conscientiser (c'est notre privilège) ce que nous éprouvons, pour vivre à la fois plus pleinement (c'est autre chose que l'aptitude au bonheur, au carpe diem, non négligeable) de plus en plus en pleine conscience (et là je m'aventure, si tout ce qui vit est échange, circulation, énergie, information, tout ce qui vit est peut-être aussi conscience ou dit autrement, une conscience, la Conscience est à l'oeuvre dans tout ce qui se manifeste, elle serait l'unité de et dans la diversité, elle serait la permanence sous l'impermanence; ne pas se laisser duper par le côté automatique, bien régulé de notre corps-esprit ou des systèmes univers, multivers avec leurs constantes universelles jusqu'à dérèglements et entropie croissante remettant les pendules à l'heure
(j'ai découvert un livre au titre révélateur : La "Conscience-Énergie", structure de l'homme et de l'univers, du Docteur Thérèse Brosse, paru en 1978 à Sisteron, ça semble du solide !); évidemment, sur ce chemin, je me laisse accompagner par Deepak Chopra qui réussit à articuler approche scientifique et approche ayurvédique
La vie la poésie - Blog de Jean-Claude Grosse
Des 100 plus beaux poèmes du monde (édition de 1979) (merci à Alain Bosquet de proposer 1/3 de poètes inconnus car nous sommes trop occidentalocentrés) je retiens le troisième Cosmogonie dans...
https://les4saisons.over-blog.com/2023/09/la-vie-la-poesie.html
La vie-la poésie / JC Grosse - bric à bracs d'ailleurs et d'ici
des effets d'un champ de coquelicots au plus intime, au plus infime, la poésie y accède-t-elle ?(photo d'Annie Bergougnous) / Emily Dickinson, une vie en poésie un beau rêve où la poésie est ...
https://www.bricabracs.fr/2017/06/la-vie-la-poesie/jc-grosse.html
Au plus près : entretiens avec Philippe Djian par Catherine Moreau, La passe du vent, 1999
De ces entretiens déjà anciens, j’ignore donc si Djian s’y reconnaîtrait aujourd’hui, 25 ans après, et 40 ans après son entrée en écriture au plus près, je retiens quelques propos :
- séduire, c’est mourir comme réalité et se produire comme leurre
Ce propos vaut tant pour la séduction de l’autre que pour l’auto-séduction; ajoutons qu’étymologiquement une des significations de seducere serait détruire.
- partagez-vous la proposition de Rimbaud Je est un autre ? - Je dirai plutôt Je est tous les autres. Et ce à partir du moment où je me rends compte que ma personnalité est tellement multiple. Plus, il y a de rapports avec les autres, plus elle devient riche et vaste…
- c’est un gros problème que de se demander si le monde qui nous entoure n’est pas une vision de notre esprit. Et par quelles expériences, pouvons-nous confirmer ou infirmer cette sensation ?
- On m’a demandé pourquoi il y a toujours du sexe dans mes livres. Je trouve que c’est une manière de définir les personnages mis dans ce genre de situation avec plus de finesse et d’exactitude que si je les décris. Un salaud qui est en train de faire l’amour à une femme, ça se voit si c’est un vrai salaud. Ce sont donc des situations susceptibles d’éclairer les personnages. Ce n’est pas simplement le plaisir de raconter ce genre de scènes.
J’en arrive à La jouissance et l’extase de Françoise Rey, un roman pornographique sur les relations entre Henry Miller et Anaïs Nin, de 1931 à 1934.
Henry Miller m’a passionné il y a longtemps avec sa trilogie Sexus Nexus Plexus, Hamlet, Le temps des assassins. Je ne sais pourquoi, j’ai ignoré les deux Tropiques. Peu importe.
J’ignore tout d’Anaïs Nin. Je dois bien avoir son journal sur un rayon. Pas La maison de l’inceste.
Y a-t-il des raisons à ces choix de lecture où le sexe est mis en scène et en jeu (Gabriel Garcia Marquez, Jean-Paul Dubois, Juan Rios, Philippe Djian, Françoise Rey) ?
J’ai conscience d’être un obsédé sexuel, sans remords, sans culpabilité, avec plaisir à l’être car je sens bien que c’est la pulsion de vie, celle qui affronte la mort. Bataille « de l'érotisme, il est possible de dire qu'il est l'affirmation de la vie jusque dans la mort. » Et ce désir est universel, cosmique, tous règnes minéral, végétal, animal, humain, toutes espèces, tous genres, féminin, masculin, hermaphrodite, androgyne. Obsédé sexuel à plus de 82 ans, je me sens bien vivant, traversé, habité par la Vie. Je ne laisse plus entrer le vieux comme dit Clint Eastwood.
En me plongeant dans ce genre de lectures, cela m’amène aussi à voir comment je sépare, combine amour et désir, comment j’ai vécu mes histoires d’amour et de désir, comment j’ai privilégié le sentiment sur le désir, avec des épisodes très sexuels, comment dans le désir, j’ai vécu la limite de la jouissance masculine et féminine exception de quelques femmes accédant à l’extase, comment j’ai privilégié dans mes histoires la durée, la fidélité avec coups de canif dans le contrat et métamorphose de la relation, de l’amour ou de la pulsion à l’amitié amoureuse…
Je ne suis pas un spécialiste en sexologie, ça ne m’intéresse pas plus que cela mais je ne suis pas un ignorant. J’ai été et je me suis initié. Je ne tourne pas en ridicule le petit cornac qui nous fait primate et primaire selon Rezvani, cet organe qui nous domine et fait de nous des dominants, des prédateurs. Le petit cornac est l’outil de la perpétuation, de l’onto et de la phylogenèse, lignée, espèce.
Le plaisir vient après dans l’histoire de l’évolution et de la perpétuation des espèces et seulement pour l’humanité semble-t-il. C’est par la perpétuation de l’espèce, de la lignée que chaque espèce, chaque lignée combattent la mort, chaque individu meurt, chaque lignée meurt mais non l’espèce qui se rend ainsi ou croit se rendre éternelle.
Vue à cette altitude, l’obsession sexuelle est questionnement sans fin sur la création, sur la vie, sur la mort, sur l’éphémère, la fragilité, sur l’éternité. Je continuerai donc à être un obsédé sexuel.
Le roman de Françoise Rey m’a dans un premier temps, plutôt déplu. Les scènes pornographiques sont crues, détaillées, longues, avec un lexique obscène, varié dans l’obscénité et l’ordure.
Tantôt du point de vue d’Henry, tantôt du point de vue d’Anaïs. Là, ça commence à devenir intéressant car impossible de savoir ce que l’autre pense de ce qu’on lui fait, impossible de savoir, de connaître, de ressentir ses réactions. On est dans le malentendu absolu, dans l’opacité même quand on croit être dans la fusion, la communion, l’évidence, la transparence. D’où le côté dérisoire de celui qui se croit l’initiateur d’Anaïs. D’où le côté inconséquent de celle qui croit maîtriser la situation.
Si on ajoute à cette histoire d’un couple qui en est et n’en est pas un, qui va très vite se désunir, les histoires d’Anaïs avec son mari banquier, avec son cousin homosexuel Edouardo, avec son psychanalyste impuissant Allendy, avec Antonin Artaud, homosexuel et impuissant, avec son père Joachim, incestueux, avec le psychanalyste Otto Rank, avec la femme de Henry, June, on comprend que ce roman est foisonnant, déstabilisant, que ni l’un ni l’autre n’ont de boussole. Ils pataugent dans le foutre et le méli-mélo des pulsions.
Henry est faussement amoureux d’Anaïs, il veut l’épouser mais cela est un alibi, ne l’entretient-elle pas, ne favorise-t-elle pas toutes ses frasques chez les putes, ne paie-elle pas l’édition du Tropique dont la couverture est un cancer sortant d’un vagin ?
Anaïs veut tout essayer qu’il s’agisse de positions, de pratiques, de transgressions, de scandales, de provocations; c’est une femme de tête qui croit maîtriser mais ballottée, écartelée entre des désirs inconciliables, une femme du cul, nymphomane, alcoolique (a manqué la drogue mais elle y a pensé, elle serait aujourd’hui chemsex), qui note tout dans son journal, ses cahiers, cahier vert, cahier rouge, tissus de vrai et de faux selon le destinataire du cahier: mari, Henry), qu’Henry est un faible, idem pour son père très dominateur et autoritaire.
Je ne sais pas comment caractériser cette femme, ni s’il le faut, laissons-là à sa complexité, à son ambigüité insondables, femme sans doute traumatisée petite fille par ce père la prenant en photo, nue, dans son bain et la caressant.
Les deux psychanalystes qu’elle séduit l’ont-elle aidée, l’un en la fouettant ou la fessant jusqu’au sang, l’autre en se faisant sucer ?
La fin est surprenante avec la découverte du cancer d’Anaïs, cancer de l’utérus ?, ignoré d’Henry mais non du mari.
Je ne regrette pas ma lecture mais pour en conclure que je ne me sens pas du tout de ce monde, de ces amants qui croient accéder à l’infini, vivre pleinement la vie par la pornographie perverse et la multiplicité des partenaires.
Ils ont osé, sans aller jusqu’à la mort par épectasse comme un président et un cardinal, sans aller jusqu’à la mise à mort comme dans Matador de Pedro Almodovar.
Parlant pour moi, j’ai dit oui à l’obscénité, oui à la pornographie, oui à l’érotisme, oui aux variations, dans l’intimité, dans un couple s’aimant et consentant. Ce fut je crois ce que nous avons vécu pendant 46 ans, l’épousée et moi, évoqué avec force entre Vita Nova et Lola, fille de joie dans Et ton livre d’éternité ? J’ai dit oui, je dis toujours oui.
Je me sentais plus d’affinités avec Emmanuelle Arsan et son érotisme. Bonheur et Bonheur 2.
Je renvoie à l’essai de Camille Moreau, publié à la Musardine Écrire, lire, jouir, quand le verbe se fait chair.
Les carnets de Lula / Danièle Rezvani
"Le testament amoureux" de Serge Rezvani : un podcast à écouter en ligne | France Culture
Le bruit du temps se fait entendre - la Révolution Russe, la Seconde Guerre mondiale, mai-68 -, tandis que Serge Rezvani s'emploie à sauver la beauté.
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-le-testament-amoureux-de-serge-rezvani
248 pages 10 Illustration(s) Livre broché 15.1 x 21 cm 10 illustrations L'Exception N° dans la collection : 14 Parution : 18/02/2022
Extrait : Danièle Rezvani - Les Carnets de Lula
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Rezvani, 100 ans moins 5, dit-il. Rezvani, artiste pluri-indisciplinaire, dit-il. Pour vivre, savoir ce qu'on ne veut pas vivre, dit-il. 50 ans de félicité, dit-il et non de bonheur, avec Lula à La Béate./ résumer un entretien par "Godard était odieux" est réducteur / Godard et Rezvani c'est plus complexe
Serge Rezvani - "François Truffaut m'a dit qu'il souhaitait que "Le Tourbillon" devienne un tube!"
Serge Rezvani est un jeune homme de 95 printemps. Au début des années 60, il signe " Le tourbillon ", pour Jeanne Moreau. Egalement peintre et écrivain, il se raconte à l'heure où de jeunes ...
Rezvani, 100 ans moins 5, dit-il. Rezvani, artiste pluri-indisciplinaire, dit-il.
Le sentier de l'automne des 4 Saisons du Revest organisé avec Maltae s'est déroulé dans les Maures où Rezvani vécut avec Danièle, à La Béate. Lecture fut faite d'extraits de Divagation sent...
à La Chapelle de Miremer, en 2007 sans doute, lecture de Divagation sentimentale dans les Maures
mariage en 1952 (ils se sont rencontrés à Paris en 1950, lui, 22 ans, elle, 19 ans) / elle cesse ses carnets le 10 mars 1999, elle meurt de la maladie d'Alzheimer en décembre 2004 / récit dans un livre chirurgical L'éclipse / les 20 pages sur les feux sont à relier au roman de Rezvani, Feu / La béate a été détruite par les feux de 2000 / le procès intenté au Testament amoureux est très instructif / quant à Jeanne Moreau, on ne peut que croire à la véracité de ce portrait et continuer à l'aimer
Beauté j'écris ton nom / Serge Rezvani - Blog de Jean-Claude Grosse
une page "encyclopédique" sur Rezvani couvertures / Eluard sculpture en bronze d'Ossip Zadkine, sur la jambe, quelques vers du poème J'écris ton nom Liberté, au musée Paul Eluard de Saint-Deni...
https://les4saisons.over-blog.com/2022/06/beaute-j-ecris-ton-nom/serge-rezvani.html
sur Serge Rezvani, souvenir et lectures - Blog de Jean-Claude Grosse
𝐂𝐡𝐞𝐫 𝐒𝐞𝐫𝐠𝐞 𝐑𝐞𝐳𝐯𝐚𝐧𝐢, 𝐦𝐞𝐫𝐜𝐢 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐜𝐞𝐬 𝐜𝐡𝐚𝐧𝐬𝐨𝐧𝐬-𝐩𝐨è𝐦𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐩𝐮𝐫 ...
https://les4saisons.over-blog.com/2019/11/sur-serge-rezvani-souvenir-et-lectures.html
article "encyclopédique" sur Rezvani
la merveille et l'obscur / Christian Bobin
En avril 2006, l'écrivain et poète Christian Bobin s'est confié à l'occasion de la parution de son livre "Prisonnier au berceau". Un documentaire réalisé par Francis Guthleben, lui même écr...
documentaire de 2006, rendu public en janvier 2023
N° d'avril 2023 de la Revue des deux mondes
cadeau
CHRISTIAN BOBIN (décédé le 22 novembre 2022)
Dernière conversation en Saône-et-Loire
propos recueillis par Sébastien Lapaque
Le mercredi 23 juin 2021, j'ai retrouvé Christian Bobin au Creusot où Le Figaro m'avait envoyé l'interroger sur son pays d'enfance et d'écriture. À la gare Le Creusot-Montceau-les-Mines-Montchanin TGV, l'écrivain m'attendait en début d'après-midi à bord de sa vieille voiture au beau milieu d'une campagne baignée de lumière verte. Il m'a conduit dans son modeste appartement du boulevard Henri-Paul-Schneider où il résidait avec sa compagne, la poétesse Lydie Dattas, en face de la mairie, après avoir vécu quinze ans dans une ancienne bergerie de Saint-Firmin, une petite commune rurale des environs du Creusot. J'avais peu de questions à lui poser pour mon texte, mais notre conversation a duré trois longues heures. Révélé au grand public par Le Très-Bas, paru chez Gallimard en 1992 et couronné à la fois par le Prix des Deux-Magots, le Prix Joseph-Delteil et le Grand Prix catholique de littérature, Christian Bobin s'exprimait comme il écrivait, affectionnant les mots rares, les paradoxes, les silences, les fulgurances et les tournures précieuses. Pour ne pas perdre l'or de ses mots, j'ai enregistré la totalité de notre conversation, en songeant au plaisir que j'aurais de la réécouter. Cette heure est venue plus tot que prévu. Christian Bobin est mort dix-sept mois, jour pour jour, après m'avoir laissé à la gare TGV où m'attendait le train de 18 h 47.
En apprenant sa disparition, je me suis souvenu de notre dernier au-revoir aux abords des voies de chemin de fer et des ultimes lignes du Christ aux coquelicots, comme une promesse: « Tu me reconnaîtras sur le quai de la gare: j'aurai mon cœur dans mes mains jointes - un gros hortensia bleu donnant sa lumière jour et nuit, en toutes saisons. »
Christian Bobin Je vous propose de partir de Clermont-Ferrand...
Revue des Deux Mondes - Parce que c'est la ville de Pascal ? Vous avez beaucoup écrit sur Pascal, notamment dans Les Ruines du ciel (1), votre livre consacré à Port-Royal. Lui avez-vous dédié un travail singulier au cours de vos études de philosophie à l'université de Bourgogne, à Dijon ?
Christian Bobin Je l'aime infiniment, mais je ne lui ai pas consacré de
travail specifique. Il ne se passe cependant guere de semaines sans que j'ouvre un de ses livres. C'est un compagnon dont la noirceur, par instants. m'illumine. Paradoxalement. Mais revenons à Clermont-Ferrand. Je vous propose de partir de la cathédrale, qui est en pierres de lave noires, où j'ai découvert qu'on avait retrouvé sur le fronton. et intelligemment mainte nue, la plaque reproduisant la formule de Robespierre: « Le peuple français reconnaît l'existence de l'Etre suprême et l'immortalité de l'âme. »
J'ai trouve cela d'une intelligence incroyable, de la part des gens de Clermont, des puissants de Clermont, de ne pas avoir détruit cette plaque et de l'avoir laissée, si je puis dire vivante, sur le flanc de la cathédrale Je sais tres peu de choses de cette ville, sinon la présence, évidemment, de Pascal. Pascal toujours... Mais il n'est d'aucun lieu, d'aucun temps, donc il est partaitement contemporain. Il est notre contemporain absolu.
Et puis il y a les volcans, comme des nourrices portant un bonnet de forêt, des nourrices toujours capables de se révéler orageuses.
Revue des Deux Mondes - De Clermont, filons vers Le Creusot...
Christian Bobin Oui, prenons maintenant le train, quittons cette très belle ville de Clermont, avec sa mairie que j'ai pu voir aussi, dont les escaliers semblent mener à une salle d'opéra. C'est un train régional. C'est-à-dire que c'est un acheminement de la lenteur. Vous vous installez à l'interieur et a la sortie vous etes repu de lenteur, mais d'une lenteur merveilleuse. magique. Les paysages vous sont donnés par les grandes vitres. Ils ne sont pas chassés par les ballets de la vitesse, par le diable à sept queues de la vitesse. Vous avez le temps d'accueillir le paysage. De l'accueillir et de vous recueillir. Et même d'avoir une pensée pour lui et d'accueillir la pensée qu'il a pour nous. Tout le long
du traiet. c'est une succession très lente d'images d'une France dont on ne sait plus parler, mais qui existe pour autant. Cette France a été rendue muette, comme évacuée du langage efficace et administratif. Mais dans un train dont la vitesse est à peine plus grande que celle d'une carriole à cheval (j'exagere, mais on ne dit rien si on n'exagère pas), dans ce train qui m'a souvent ramené de Clermont au Creusot, en passant par Nevers. vous recevez beaucoup d'informations sur ce pays, sur sa resistance. Car je crois que les arbres sont des résistants, je crois que les rivières sont des messagères qui passent la ligne de démarcation plusieurs fois dans la journee. On ne parle plus de cette France des gares minuscules, mais on peut la regarder, elle n'est pas tissée de ressentiment, c'est un très beau pays calme, quasi eternel. ... (encore 8 pages)
S'il y a un sale passage après la mort, ce doit être l'entrée du musée de Montpellier. Invité pour une lecture, cueilli à la gare, conduit dans une chambre d'hôtel dont les hautes boiseries ...
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-grand-entretien/christian-bobin-3118673
sur L'Homme-Joie de Christian Bobin
écoutez le rire de Christian Bobin vers 47-49' / voir c'est répondre
un envol d'âme-d'ange et l'ange en surplomb sans qu'on s'en aperçoive sauf à lever la tête via a.b., Annie Bergougnous / aujourd'hui 25 novembre - délibérément en voyant l'ombre portée de l'oiseau - un anonyme pigeon citadin s'amuse à faire des ombres chinoises avec le soleil ! - se transformer en "ange", - à la disparition de Christian Bobin, l'écrivain à la pure écriture / Laissez-moi rêver, libre d'interpréter. Et de voir un signe ! Annie Bergougnous / Christian Bobin le 11 septembre 2022 à Crans-Montana en Suisse disant un texte Les délivrantes; vidéo de la rencontre à venir
« J’ai la très grande tristesse de vous faire part du décès de Christian Bobin, survenu le 23 novembre, des suites d’une grave maladie.
Christian Bobin, à travers son œuvre, nous invite avec une belle générosité à comprendre la part manquante de notre vie, celle qui relève du merveilleux et de l’obscur.
Lisons Bobin, il nous soigne de la tristesse et du scepticisme, il nous invite à une quête de la joie avec ses mots empreints d’une grande sensibilité.
Comme ce grand peintre disparu, il fait jaillir la lumière de l’obscurité « Entre la vie et la mort s’installe un rideau de neige », nous dit-il.
Son sourire, sa joie, son humanité vont nous manquer. »
Antoine Gallimard
Natif du Creusot, Christian Bobin a publié ses premiers livres à la fin des années 70. Georges Lambrichs l’a accueilli dans la collection « Le Chemin » en 1989 avec La part manquante et J.-B. Pontalis dans la collection « L’Un et l’Autre » avec Le Très bas.
Vient de paraître Le muguet rouge en octobre dernier ; aujourd’hui une grande partie de son œuvre est disponible dans la collection Quarto.
Ma contribution : actualiser "mes" articles sur des oeuvres de Christian Bobin
Christian Bobin et Pierre Soulages / Pierre Soulages est mort dans la nuit du 25 au 26 octobre, à 102 ans, à Nîmes il vivait en haut du mont Saint-Clair à Sète Pierre Soulages était né le 24 décembre 1919 à Rodez dans une famille d’artisans Christian Bobin lui avait rendu visite, une visite surprise le 24 décembre 2018 il en a fait le récit dans Pierre, avec virgule / Christian Bobin s'en est allé, moins d'un mois après Pierre, avec 31 ans de moins de vie / texte sur prier de Christian Bobin qu'on peut lire entre l'entrée de la chapelle et l'escalier menant aux ex-voto, sanctuaire Notre-Dame de Beausset Vieux Var
Pierre, de Christian Bobin, je l'ai lu entre le 23 et le 24 décembre 2019, un an après le « voyage » de Christian Bobin, du Creusot à Sète, le 24 décembre 2018, voyage de nuit, pour apporter deux exemplaires de La nuit du cœur (consacré à l'abbatiale de Conques) à Pierre Soulages et à Colette.
Ce 24 décembre 2019, Pierre Soulages a eu 100 ans. En 2018, Bobin « improvisa » ce voyage, apparemment sans prévenir Soulages, impulsion venue du cœur, pour offrir deux exemplaires de ce livre consacré à l'abbatiale et aux vitraux.
Voyage effectif ou songe d'une nuit d'hiver, voilà un voyage signé si je puis dire, chargé de signes. Un 24 décembre, pour un anniversaire, vers les outrenoirs de Soulages, l'homme de la lumière par le noir, dans le noir, sur le noir, sous le noir. Dans un train presque sans voyageurs, dans la nuit noire. Avec les bruits à l'intérieur du train et le bruit solidien des roues sur les joints des rails, ta dak, ta dak, métronome mesurant le temps et l'espace. Avec un taxi pris à la sortie de la gare vers 22 H 30 pour monter l'auteur de cette unique escapade, de cette escapade unique vers l'impasse du Mont Saint-Clair où s'est retiré le peintre ; « ah ! vous allez voir le peintre ». Avec l'attente patiente devant la porte fermée, le domestique Mohammed étant allé prévenir ses maîtres.
Ce voyage initié par un mouvement du cœur, par l'amour, chargé de signes a-t-il confirmé ces signes venus du noir lumineux du poète de l'obscur et de la merveille ou a-t-il été aussi fournisseur de la quête de l'auteur de la part manquante, le surgissement d'une présence, surgissement inattendu, imprévu, non voulu, non préalablement désiré, défini.
Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît point. Christian Bobin est l'auteur prolixe de la mise en déroute des certitudes, des raisons, l'auteur prolixe de la dissolution du réel auquel on s'accroche ; il est l'auteur prolixe de la nécessité de l'attente, de la patience, du silence, du vide en quelque sorte d'où va surgir peut-être la présence pure engendrant l'enchantement simple. Pas de projet, pas de cheminement vers un éveil spirituel, une pleine conscience, une volonté de puissance du genre le monde est le produit de ma conscience. Ce n'est pas lui qui va vers la présence, c'est la présence qui vient à lui, s'offre à lui dans la mesure où il est disponible, ouvert sur l'Ouvert.
Comme il s'agit d'expériences intimes d'accès à des outre-mondes quasi-indicibles, il me semble qu'en aucun cas, Christian Bobin peut être un guide spirituel, un transmetteur, un passeur.
Le bon usage de Christian Bobin est d'après moi de deux sortes : savourer les bonheurs d'écriture, fulgurances, éclairs ramenés de l'au-delà et oser sa propre aventure du sur-place, de l'immobilité ; devenir l'araignée dont la toile est tissée par des fils venus d'ailleurs ou du bon usage des signes venus d'ailleurs.
François d'Assise / Bobin / Delteil - Blog de Jean-Claude Grosse
en chemin une fontaine-source sur la route de Léca à Corsavy, comme un autel naturel, comme un temple naturel, lieu à contempler, source pour se désaltérer sachant que toute contemplation ne ...
https://les4saisons.over-blog.com/2019/08/francois-d-assise/bobin/delteil.html
J'avais été alerté de l'existence de Christian Bobin par André Comte-Sponville (sans doute dans le Traité du désespoir et de la béatitude).
(Je tiens Christian Bobin pour le plus grand écrivain de sa génération, qui est aussi la mienne. Le plus doué, le plus original, le plus libre – à l’écart des modes, à l’écart de tout –, mais aussi le plus émouvant, le plus juste (au double sens de la justesse et de la justice : comme on chante juste, comme on juge juste), l’un des rares qui nous aident à vivre, qui nous éclairent, qui nous élèvent, et parmi ceux-là sans doute le plus purement poète – c’est pourquoi il réussit moins dans les romans –, mais aussi le plus fraternel, le plus simple, le plus léger, au bon sens du terme (« sans rien qui pèse ou qui pose », dirait Verlaine), enfin le seul, je crois bien, qui m’importe absolument.
Je ne dis pas cela parce que je suis son ami. C’est l’inverse qui s’est passé : je suis devenu son ami, lentement, progressivement, et ce n’est pas fini, parce que je le tenais, en France, pour le plus grand écrivain de notre génération, et qu’il m’importait de le connaître aussi de l’autre côté, je veux dire là où les livres ne vont pas, et d’où ils viennent. Je l’ai découvert par hasard. Une amie libraire m’avait offert un de ses livres, il y a une dizaine d’années, quand il était inconnu, et je sus alors, le lisant (c’était Le Huitième Jour de la semaine), ce que c’est qu’un chef-d’œuvre : un livre qui suffit à justifier qu’on ait vécu jusque-là, pour l’attendre, pour le découvrir, et cela valait la peine, oui, ou plutôt cela valait le plaisir, le bouleversant plaisir d’admirer – enfin ! – un contemporain.
Il ne ressemble pas à ses livres. Il est plus gai qu’eux, plus physique, plus charnel. Il aime manger et boire, fumer et rire… On aimerait parfois que ses livres lui ressemblent davantage. Il m’arrive de les trouver trop beaux, trop lumineux, trop purs. Un peu d’angélisme le menace parfois. Mais quelle vérité, le plus souvent, quelle profondeur, quelle force ! Il écrit au plus près du silence, au plus près de la solitude, au plus près de la mort, et c’est ce qui le fait tellement vivant, tellement bouleversant de grâce et de fragilité.
Il m’a fait un cadeau, un jour, sans le vouloir, et dans cet entretien même que reprend Psychologies : il a prêté à Eluard le titre d’un de mes livres – L’Amour la solitude –, et cela, quand je le lui signalai, nous fit rire tous les deux. Il est vrai que j’avais moi-même emprunté la moitié de mon titre à un recueil d’Eluard – L’Amour la poésie –, et que sa confusion, qui me flatte, n’en est ainsi une qu’à demi… Cela m’éclaire en retour : j’aime Bobin comme j’aime Eluard, pour cette clarté fraternelle, comme un sourire qui ne ment pas.)
André Comte-Sponville
L'autre visage / Christian Bobin - Blog de Jean-Claude Grosse
3 petits livres et puis s'en vont L'autre visage Le huitième jour de la semaine L'enchantement simple Christian Bobin chez Lettres vives 3 petits livres, petit format, qu'il m'a fallu découper ca...
https://les4saisons.over-blog.com/2019/08/l-autre-visage/christian-bobin.html
3 petits livres et puis s'en vont L'autre visage Le huitième jour de la semaine L'enchantement simple Christian Bobin chez Lettres vives
AUDIO * 9/11 : Christian Bobin lit "La Parole sale" et "La Part manquante". La Nuit rêvée d'Ernest Pignon-Ernest est une série inédite proposée par France Culture. Écoutez gratuitement en lig...
une émission de 1988 réactualisée le 23 aout 2021
tout est là, l'eau, les plantes (fraisiers, mousses, lichens, fougères à se rouler par terre), le chant, les abeilles, le présent, la présence, la seconde et l'éternité, l'absence même; un moment de contemplation au-dessus de La Preste, face à une ruine, face à des vies disparues, à une nature toujours là
Christian Bobin
La merveille et l'obscur
suivi de
La parole vive
entretiens 1990-1994
La passe du vent
imprimé par Horizon à Gémenos
85 pages d'entretiens, 4 entretiens, le 1°, le plus long avec Charles Juliet, le 4°, La parole vive, avec deux collaborateurs de la revue Esprit.
Ces entretiens éclairent d'une part les thèmes récurrents des livres de Christian Bobin, la solitude, l'enfance, l'amour et d'autre part la manière d'écrire du poète.
Il y a du paradoxe chez Christian Bobin. Il affirme que peu de paroles vraies s'échangent chaque jour, il dénonce les paroles mortes chez la plupart des gens, paroles empruntées, véhiculées, fabriquées, paroles des professeurs, des dogmatiques, des fonctionnaires de la langue. Il devrait être peu prolixe de paroles vraies, vives, opter pour le silence, la souveraineté du vide or il a écrit une soixantaine de livres, jamais épais il est vrai et si on parcourt internet, on trouve entre 600 et 800 citations de Bobin.
Voilà un poète riche de bonheurs d'écritures. À chacun, en lisant, de goûter « ses » bonheurs, ceux qu'il trouve, ceux sur lesquels il s'attarde, quittant la page pour aller vagabonder dans la réalité, celle qui l'entoure et qui soudain retrouve éclat, vivacité, simplicité. Lire Bobin, c'est avoir comme dit le poète Lorand Gaspar, le regard soudain lavé. Ce n'est plus seulement voir, voir vraiment, c'est recevoir, être traversé par la richesse infinie de la vie simple, de la vie faible comme il dit quelque part, la vie faible, la vie merveilleusement perdue à chaque seconde qui va. Tout le mal dans cette vie provient d'un défaut d'attention à ce qu'elle a de faible, d'éphémère. (L'inespérée, p.130)
On voit bien en quoi, une telle formule ne demande qu'à sortir de sa page d'encre pour que nous en fassions l'expérience concrète, perdre la seconde qui va, sans projet, sans regret, sans jugement, sans culpabilité, comme un chat qui a tant à nous apprendre, en toute fraîcheur, innocence, pureté, naïveté, comme un idiot, un ravi émerveillé par tout ce qu'il voit, entend, sent, goûte, touche.
Un moment : une amie me rend visite à Corsavy, je la promène en voiture et l'arrête à une fontaine, une source qui coule faiblement mais coule, s'écoule, doux bruit d'eau et une éclaboussure de verts, fraisiers, fougères petites, mousses, lichens. Photographe ou peintre en saisirait peut-être l'éternité, en tout cas, elle est manifeste, il n'y a qu'à se laisser traverser, prendre son temps, laisser le temps s'écouler comme l'eau, se laver de toute précipitation, de toute impatience, de toute attente, rien ne presse, être présent à ces présences et remercier, dire merci, à voix haute, en chantant puisqu'on est enchanté. Il me semble qu'il dit à un moment que les pouvoirs (dont le plus pesant, le pouvoir économique) ne peuvent rien contre le chant, contre la parole enchantée, enchanteresse. Aujourd'hui encore on retrouve une telle tension entre les deux inconciliables, l'or et le chant, l'utile et l'inutile. Entre ces deux langues, pas de compromis, une lutte à mort. Soit l'argent, soit le chant. Soit le monde, soit l'amour. On ne peut servir les deux à la fois. C'est ce que j'aime chez les troubadours, c'est ce que j'aime dans toute vraie écriture, une force d'insurrection, une source de vie immense, un goût indéracinable de l'éternel. (p.31)
Il y a quelque chose comme ça qui s'est inventé, qui s'invente et s'inventera chez certains groupes de Gilets Jaunes qui ont le sens de la vie, de sa beauté, sa fraternité et un beau goût pour l'humour.
Autre moment : rite d'une jeune femme, longtemps mariée, séparée depuis un an, avant de se coucher ; elle monte l'escalier menant à sa chambre ; à chaque marche, enlève un vêtement, le jette par dessus l'épaule, entre nue dans la chambre, se met nue au lit et éclate de rire. Se défaire de tous vêtements, de tous masques. Tout est là : l'ascension – vers un repos. Le rire – dans le dépouillement. L'abondance – dans la solitude.
On voit bien comment de tels rites, renouvelés, improvisés peuvent nous rendre bienheureux c'est-à-dire nous couler dans la « sainteté » de la vie.
Jadis, j'avais 24-25 ans, j'avais imaginé toutes sortes de jeux pour poétiser la vie, le cahier existe toujours, le programme s'appelait : pour une réduction des horaires de banalité, pour une augmentation raisonnée des horaires de folie douce. C'était juste et prétentieux : il n'y a pas à poétiser la vie quotidienne, elle est poésie permanente, elle est miracle en toute manifestation et n'a pas besoin de poète déclaré ni de programme ostentatoire.
Poète je suis l’homme qu’il vous faut
mon programme réclame pour chacun
la libre disposition des choses
la possibilité de jouir de leur séduction
de se méfier de leur érosion
la libre disposition de soi-même
la possibilité de développer son étrangeté légitime
d’aller jusqu’au bout de ses pentes quotidiennes
d’être aussi fou que son voisin
et plus fou que le divin dont la soif de création s’est arreêée à l’incréé
mon programme réclame pour chacun
une réduction des horaires de banalité
une augmentation raisonnée des horaires de folie douce
(La parole éprouvée, 2° partie, 8° mouvement, Ouvrir, Mésallier les mots, p. 138)
Autre moment : le soir avant le coucher, rite des lectures à voix haute ; je lis des passages du Très-Bas à Rosalie qui me lit des chapitres de Dis au revoir à ton poisson rouge. Hier soir, elle perd une dent de lait, – la petite souris va-t-elle passer ? Qu'est-ce qu'elle fait la petite souris ? – Elle emporte la dent et laisse à la place, un peu d'argent et des douceurs. Je lui lis le passage sur la différence entre les enfants du 20° siècle et les enfants du 13° siècle, p. 33-34. Petits enfants du 20° siècle (on est déjà au 22° siècle, l'effondrement a eu lieu), vos parents sont fatigués. Ils ne croient plus en rien. Ils vous demandent de les porter sur vos épaules, de leur donner cœur et force. Petits enfants des temps modernes, vous êtes des rois dans un désert. Petits enfants du 13° siècle, on vous accorde peu d'importance.
Puis je lui demande de me parler de son doudou. – Il est important pour toi ? – Oui, pour la nuit. – Qu'est-ce qu'il fait la nuit ? – Il me protège. – Ah bon ! – Oui, la nuit, je n'y suis pas. Lui, il est là. Pendant que je dors, il est là, il me protège. – De quoi ? – Ça, je ne sais pas puisque je dors. (Il y aura sans doute une suite)
Bobin parle très bien de l'enfance et de Hélène, une fillette dont il s'est occupé par intermittences, de quelques mois à deux ans puis jusqu'à huit ans. Hélène qui ne ressemble ni à sa mère, ni à son père, ressemblances les plus pauvres qui soient, Hélène qui ressemble à la vie, qui ne ressemble à rien, qui ne ressemble à personne. Elle m'a appris à trouver le centre de l'écriture, le monde tel qu'il est, tel qu'il court, dans la voix d'une enfant. Un beau livre, un livre nourricier, c'est un livre d'où l'auteur a su s'enlever complètement. Vous l'ouvrez, vous lisez. Il n'y a que vous là-dedans. C'est vous qui avez écrit ces mots-là.
Autre moment. À Rosalie – pourquoi ne m'aides-tu pas ? – tu as deux pieds, deux mains, tu peux te lever – mais je fais beaucoup, les repas c'est moi, la vaisselle, c'est toi – oui mais mon autre moi – quoi, qu'as-tu dis ? – rien laisse tomber – t'as parlé de ton autre moi, c'est qui lui – laisse tomber, je te dis... elle finit par me parler de tous "ses" moi, une ribambelle, l'imaginaire investissant toujours la réalité.
J'ai une amie, une femme qui aime la vie simple, faible, qui chaque jour ramène un bouquet de photos du quotidien qu'elle partage sur sa page FB, coup d'oeil, moment juste, humour, c'est chaque jour, une leçon qui s'offre, voilà ce que je vous rapporte de mon amour de la vie, laquelle ne peut se vivre qu'en la sachant mortelle. Merci Annie Bergougnous pour le bien, le beau que vous savez saisir, que vous savez partager. Vous faites du bien à qui veut.
On comparera avec le chemin de méditation du père Séraphim, méditer comme une montagne, comme un coquelicot, comme un océan, comme une tourterlle...
Transmission de la Méditation par Père Séraphim - Jean Yves Leloup
Uploaded by Seraphim Pastor on 2019-07-25.
une femme, une amie, Annie Bergougnous, aime la vie simple, faible, et chaque jour elle ramène un bouquet de photos du quotidien qu'elle partage sur sa page FB, coup d'oeil, moment juste, humour, c'est chaque jour, une leçon qui s'offre, voilà ce que je vous rapporte de mon amour de la vie, laquelle ne peut se vivre qu'en la sachant mortelle. Merci A. B. pour le bien, le beau que vous savez saisir, que vous savez partager. Vous faites du bien à qui veut.
Christian BOBIN - En son for intérieur (France Culture, 2002)
Voici la publication du dimanche, jour dédié aux poètes contemporains : L'émission " For intérieur ", par Olivier Germain-Thomas, diffusée le 31 mars 2002 sur France Culture. Mise en ligne pa...
- Beaucoup d’écrivains parlent des enfants de manière mièvre, alors comment en parler de manière haute, comme vous le faîtes vous-même, comme des métaphysiciens, des gens qui vous guident, qui vous éveillent, qui vous montrent une part de la réalité que vous ne voyez pas, sans du tout tomber dans le « Qu’il est mignon ce petit » ?
- Ah, bien oui, si on m’accorde qu’un nouveau-né, ou qu’un bébé est un métaphysicien, c’est à dire un grand sage, un sage tout proche du Dieu, si on m’accorde qu’un bébé est sage, on va pas dire « Oh ! Qu’il est mignon ce sage, oh ! Qu’il fait la risette, peut-être que certaines mères ont reconnu la grandeur de leur enfant, peut-être pas toutes, je le déplore, et que cette grandeur les dépassait de toutes parts, et qu’elle était bien autrement large que ce que pouvait en contenir un couffin, et une petite joliesse de dentelle et une boite à musique, quand certaines mères ont découvert ça, en tout cas, quand j’ai découvert ça, que les bébés étaient très proches de la sagesse la plus pointue, de la plus rude aussi, car je ne connais pas de regards plus dangereux à croiser que celui d’un nouveau-né, parce qu’il ne s’ennuie pas lui, il ignore toute convention, il vous fixe dans les yeux, ça ne se fait pas de regarder les gens dans les yeux très longuement, c’est dommage que ça ne se fasse pas, mais lui ça ne le gêne pas, il vous envisage comme un mystère, il a raison, vous êtes un vrai mystère, il a raison, on a tendance à l’oublier, bien avant d’être ceci ou cela, bien avant même d’être écrivain, on est un mystère, et le nouveau-né le sait d’instinct, peut-être parce qu’il s’éprouve lui-même comme un mystère, et bien quand vous avez cette gravité, cette beauté, c’est toute la grâce des anges, mais alors des anges dont leurs ailes sont en acier, quand vous voyez cette grâce dans les yeux des nouveaux-nés, vous êtes confondus comme devant la plus grande et la plus rude pensée, vous avez-là un mystère qui vous interroge et qui ne se contentera d’aucune réponse.
- Il n’y a pas un risque de projection ? De projeter son désir de réponse à travers justement celui qui ne peut pas répondre ?
- Je ne crois pas, parce que les nouveaux-nés ont cette qualité-là, mais les agonisants l’ont aussi, et les vieillards parfois, peuvent l’avoir, et ceux qui aiment, quand ils aiment d’un amour pur, très réel et très pur, ils ont aussi dans leur présence ce coté diamantaire, ce coté aiguisé, aigu, comme ça, donc je ne pense pas céder à une empathie ou à une projection, toute simple, et toute pauvre.
la parole éprouvée (déjà 20 ans et plein de rides) / et ton livre d'éternité ? (encore tout frais sorti des très-fonds pour vivre ici-haut)
- Parce qu’il y a une époque, dans vos livres étaient présents des enfants, dont une petite fille d’une de vos amies, on l’a vu grandir, etc, qui avait quand même le langage, des réactions, des pirouettes, donc avec maintenant avec le nouveau-né, on se rapproche vers le centre, vers le plus incandescent, là on est sans parole, sans gestes, sans charme, alors je veux dire, sans séduction de sa part, lui il est là, brut, entier, mais proche de la source, parce qu’il en vient.
- Il en vient et il est encore trempé de…, au fond, le monde est à l’inverse de ce qu’il prétend être, il dit « regardez, je suis la lumière, regardez, je vais vous mettre plein de publicité, plein de bruits très attrayants, regardez, je vais vous mettre plein de couleurs, vous allez vous régaler, et puis, il y a un problème » nous dit le monde, "c’est qu’il y a la mort, on ne sait pas d’où l’on vient, de toute façon, il n’y a pas de réponse, c’est la nuit partout, c’est tout noir, c’est du néant, mais avec moi », dit le monde « qu’est ce que vous allez vous amuser ! Ça je vous promets, c’est lumière sur lumière ! ». On est bordé de nuit, mais à l’intérieur du monde, c’est la lumière, moi, je dis, c’est l’inverse, c’est l’inverse, c’est à dire que les nouveau-nés ils viennent de la lumière, et ils sont jetés dans notre nuit, c’est pour ça qu’ils sont éblouissants, c’est pour ça que leur regard est brûlant et que leurs visages sont dévorants comme ça, ils ont,… c’est une expérience très matérielle à quoi je vous renvoie, comparez, et vous verrez que la comparaison marche terme à terme, comparez l’attente ou l’attention portée à un visage d’un nouveau-né ou d’un tout petit enfant, à l’attention et au regard que vous allez porter sur un feu de cheminée, vous allez être comme hypnotisé, la chose va vous attirer à elle, parce qu’elle est violente, mais elle a une violence de vie, elle a une violence archaïque et éternelle, c’est la même chose, le feu et la petite pointe de brûlure bleue, dans les yeux des nouveaux-nés, ce bleu incroyable, qui tache les yeux des nouveaux-nés, après ils vont choisir leur couleur, ou quelque chose en eux va choisir leur couleur, parfois ils vont garder ce bleu, rarement, ils vont le garder, mais c’est la même chose, la même intensité, ils viennent de la lumière, ils sont jetés dans notre nuit, comment ne pas les vénérer, pas au sens bête de notre culture, qui adore les enfants stupidement, stupidement, stupidement, je dis bien, mais comment ne pas les respecter infiniment, comment ne pas respecter un vieillard aussi, pour ce qu’il commence à connaitre malgré lui de ce qui est de l’autre coté de la paroi ? Il commence à être touché un petit peu, par ce qui est intouchable, comment ne pas vénérer, respecter les plus faibles parce que dans l’ébranlement qu’il leur vient dans la chair et dans l’âme, il y a quelque chose de presque plus que la vie même, qui les touche et dont on peut voir sur eux les vibrations, comment ne pas être en silence devant ça ?
- Nouveau-né, vieillard, oiseaux, fleurs, on s’éloigne du langage ?
- Non, parce que le verbe des évangiles par exemple, et le verbe de certains poètes, peut avoir la force du silence d’un mourant ou de la vibration lumineuse d’une petite fleur. Le verbe de certains poètes, et parfois le verbe de certaines personnes dans cette vie pauvre, et qui ne se connaissent pas elles-mêmes comme écrivain ou comme poète, et qui n’écriront jamais, il suffit que la vérité les foudroie, et qu’elles acceptent ce foudroiement et vous avez devant vous une parole, comme on dit, on n'a la plus belle femme du monde, vous voyez, et donc le langage aussi peut nous amener à ce court-circuit, et à nous faire toucher cet au-delà de tout, le langage même, mais c’est rare, mais ça arrive, ça arrive.
- Je ne le vois pas dans vos derniers livres, Christian Bobin, comme vous conduisant vers, en tout cas aussi intensément, vers la vérité que vous conduise un enfant, un vieillard, des fleurs, des oiseaux, comme si dans ce mouvement qui est le votre aujourd’hui, vous n’aviez plus tellement besoin de la langue commune, cherchant peut-être autre chose que cette langue commune ?
- C’est vrai que le silence est…, là je vais rejoindre un savoir commun mais c’est un savoir vivant, un savoir vivace, que le silence est peut-être le plus haut point de la parole, quand la parole est menée par l’amour, il y a un moment où elle se tait, et c’est encore de la parole, mais c’est vrai que le silence, quand il est habité, quand il indique un travail intérieur, et non pas une mort, parce qu’il y toutes sortes de silences, mais un silence vivant, vibrant, et bien il disqualifie tous les livres et toutes les écritures et toutes les paroles.
Christian Bobin interviewé par Olivier Germain-Thomas, dans l’émission « For intérieur », diffusée le 31 mars 2002 sur France Culture, à partir de 44'55.
Christian Bobin le 11 septembre 2022 à Crans-Montana en Suisse disant un texte Les délivrantes; vidéo de la rencontre à venir
À vendredi, Robinson - Regarder le documentaire complet | ARTE
Au crépuscule de leur vie, Jean-Luc Godard et le cinéaste iranien Ebrahim Golestan entreprennent un dialogue à distance. Une correspondance visuelle et sonore hors du commun, dont rend compte ce...
https://www.arte.tv/fr/videos/082222-000-A/a-vendredi-robinson/
un testament livré par Jean-Luc Godard, suicidé assisté à 92 ans, le 13 septembre 2022 à Rolle en Suisse
Voir / Recevoir / le regard soudain lavé - Blog de Jean-Claude Grosse
une Marie Madeleine possible et une Dora Maar nécessaire; photo de l'imprévu prise par Annie Bergougnous Voir Recevoir le regard soudain lavé Une amie d'abord virtuelle puis réelle a posté sur...
les étonnements de Rosalie - Blog de Jean-Claude Grosse
un des étonnements de Rosalie, non raconté; Rosalie lisant son texte sur la gare du Nord (mai 2015); Rosalie écrivant sur le temps sous l'horloge de la gare de Lyon en réparation (juin 2015) Le...
http://les4saisons.over-blog.com/2019/06/les-etonnements-de-rosalie.html
une histoire de la vraie vie / Gabriel/le Guez Ricord - Blog de Jean-Claude Grosse
découverte par hasard ? et par étapes de la tombe du poète Christian Gabriel/le Guez Ricord (1948-1988) 12 heures d'escapade dans le sud lubéron, mercredi 11 mai 2022 avant Rognes, un superbe c...
https://les4saisons.over-blog.com/2022/05/une-histoire-de-la-vraie-vie/gabriel/le-guez-ricord.html
découverte par Annie Bergougnous de la tombe de Gabriel Guez-Ricord le 11 mai 2022 au cimetière de Lourmarin
La poésie : être disponible à la vie
Mon père, Alain, me parle de la poésie dans un bistrot parisien. J'ai à cœur de vous faire partager ces mots incandescents qui me bercent depuis mon enfance ...
by Vincent Cespedes
Joseph Anton Salman Rushdie
interview du 7 septembre 2023 disponible jusqu'au 6 septembre 2025
Joaquim Maria Machado de Assis - Wikipédia
Œuvres principales La Triologie réaliste, comprenant : Joaquim Maria Machado de Assis ( Rio de Janeiro, 1839 - ibidem, 1908) est un écrivain et journaliste brésilien, considéré par beaucoup d...
https://fr.wikipedia.org/wiki/Joaquim_Maria_Machado_de_Assis
Rushdie, survivant de l'attentat au poignard par Hadi Matar le 12 août 2022, exécution de la fatwa, Hadi Matar plaide non-coupable
34 ans après la publication des " Versets sataniques " et la fatwa prononcée à son encontre par l'ayatollah Khomeiny, Salman Rushdie a été agressé et poignardé au cou et à l'abdomen, le 12 ...
https://www.leshumanites-media.com/post/salman-rushdie-in%C3%A9dit-la-persistance-des-contes
texte de Salman Rushdie paru dans les humanités-media en mai 2021
Quichotte : Inspiré par le classique de Cervantès, Sam DuChamp, modeste auteur de romans d’espionnage, crée Quichotte, un représentant de commerce à l’esprit nébuleux et raffiné, obsédé par la télévision, qui tombe éperdument amoureux de Miss Salma R., reine du petit écran. Flanqué de son fils (imaginaire) Sancho, Quichotte s’embarque dans une aventure picaresque à travers les États-Unis pour se montrer digne de sa dulcinée, bravant galamment les obstacles tragicomiques de l’ère du “Tout-Peut-Arriver”, cependant que son créateur, en pleine crise existentielle, affronte ses propres démons.
À la manière d’un Cervantès qui fit avec «Don Quichotte» la satire de la culture de son temps, Salman Rushdie, en prodigieux conteur, entraîne le lecteur dans un «road trip» échevelé à travers un pays au bord de l’effondrement moral et spirituel. Les vies de DuChamp et de Quichotte s’entremêlent dans une quête amoureuse profondément humaine et esquissent pour notre plus grand amusement le tableau d’une époque qui n’a de cesse de brouiller les frontières entre réalité et fiction.
Exubérant, drolatique et terriblement lucide, «Quichotte» est une bombe littéraire sur fond d’apocalypse.
septembre, 2020
14.50 x 24.00 cm
432 pages
ISBN : 978-2-330-13942-1
Prix indicatif : 24.00€
texte écrit par Cyril Grosse, lecteur assidu de Rushdie, Joyce, Flaubert, Tolstoï, Shakespeare, Tchekhov, Céline, Hugo, Proust ...
lecture des 915 pages achevée le mardi 8 novembre 2022 (1 mois)
pour des lecteurs entre 50 et 90 ans, ce livre citant lieux, noms avec précision renvoie à beaucoup de noms et de lieux connus; nous sommes à peu près en territoire connu surtout en ce qui concerne les hommes et milieux politiques sauf que nous entrons dans le coeur des pouvoirs; peu d'hommes d'affaires dans cette auto-biographie, sauf des éditeurs, distributeurs, beaucoup d'hommes de l'ombre des services secrets, des services de police, des hommes publics en vue mais vus dans une relative intimité, des portraits au vitriol ou comiques; Derrida, Chirac, Balladur, sauf Mitterrand, sans oublier Clinton, Thatcher, Blair (sa lettre à Tony Blair après sa réception à Chequers est d'une insolence particulièrement bien tournée, pages 780-783); on fait le tour du monde des capitales européennes, américaines du sud et du nord, d'Afrique du Sud, d'Australie, en Inde à la fin où il revient; on est même invité par le comité Nobel (1992, pages 528-530) qui n'a toujours pas en 2022 attribué le Nobel à Rushdie, on déjeune avec les Nobels et on emporte la pièce d'or servant à payer le repas; on montre de quoi on est capable pour obtenir gain de cause contre les "pontes" du secret et de la sécurité
si vous faites cela, vous n'aurez pas le beau rôle lui dit-on mais vous savez vous non plus; si vous laissez la lecture avoir lieu, aucun de nous deux ne perd la face, si vous l'interdisez, nous la perdons tous les deux, à vous de choisir
et la lecture est autorisée; il se comporte comme L'Innommable à la Beckett : je ne peux pas continuer, je continue
son désir et sa volonté de retrouver une vie libre, libérée des contraintes et consignes, des autorisations et interdictions, de cache en cache en passant à l'offensive par l'écriture, c'est-à-dire la liberté d'expression, d'imagination en acte (par exemple l'écriture en état d'anticipation de Furie qui sort le 11 septembre 2001) donc par l'édition, donc par la promotion, les lectures publiques et non par la défense abstraite de l'idée de la liberté d'expression, finissent par progressivement porter leurs fruits, cela avec beaucoup d'argent en jeu (les caches sont à ses frais, les déplacements aériens sécurisés donc privés aussi); on comprend qu'au contrat dont il est l'objet, il répond par des exigences contractuelles envers ses éditeurs et diffuseurs (il lui faudra 5 ans pour obtenir la parution en poche de l'édition anglaise des Versets sataniques);
se libérer, se montrer c'est aussi en montrant qu'il n'a pas peur, inciter chacun à ne pas avoir peur, à vivre malgré tout comme on a envie de vivre; vous ne m'aurez pas à la peur; vous ne m'aurez pas à la haine; vous n'aurez pas ma haine
ou dit autrement, en me montrant comme écrivain face à mon public, je réfute en acte la posture de victime d'une fatwa pour les laïcs, la posture de blasphémateur d'une religion pour les fanatiques, deux impostures qui me sont imposées, l'une devant pourtant combattre l'autre
il apprend à travers des vacances régulières et déplacements non sécurisés aux USA, à apprécier ce pays et décide de s'y installer tout en conservant un pied à terre en Angleterre
cette période de 1989 à 1998 puis 2001 est bien sûr chaotique du point de vue personnel, affectif, sentimental mais en sachant que "le bonheur s'écrit à l'encre blanche sur des pages blanches" Montherlant
c'est la séparation et le divorce avec Marianne, la rencontre d'Elizabeth, la naissance de son second fils, Milan, leur mariage, les hauts et bas de leur histoire (elle veut rester en Angleterre, il veut vivre aux Etats-Unis), leur divorce difficile, leur réconciliation ensuite et l'amitié durable, le souci de l'éducation de son premier fils, Zafar, qu'il a eu avec Clarissa, et qui perd sa mère d'un cancer en très peu de temps, l'aventure d'une nuit avec Caroline L. (elle est nommée, je ne le révèle pas), la rencontre avec L'Illusion au pied de la statue de la Liberté lors d'une fête somptueuse donnée par Harvey Weinstein (je vous laisse le soin de faire le people sur internet) et la vie avec L'Illusion dont il se séparera au bout de 3 ou 4 ans
cette autobiographie publiée en 2012 lui a permis de tourner la page de ces 10 ans, elle n'a pas empêché un fanatique de le poignarder en août 2022, il a perdu un oeil et l'usage d'une main (révélations datant d'octobre 2022) sans connaissance encore des séquelles des autres blessures, il se remet doucement dans le plus grand secret
il a eu le temps de faire paraître un ensemble d'essais Langages de vérité, chez Actes-Sud, le 2 novembre 2022, jour des défunts
en conclusion, je suis très content d'avoir renoué avec la fiction, ici l'auto-fiction
j'ai senti plus d'une affinité entre Joseph Anton et mon propre récit Et ton livre d'éternité ? alors que ma méconnaissance de Rushdie était quasi-totale
vies et mondes parallèles par exemple, pages non paginées
ou le récit pages 315-338 :
11 septembre 2001 / Frappe au Cœur du Monde / Le tayrorisme
une différence notoire, tout de même; Rushdie traite tous les gourous indiens de charlatans (évidemment il ne cite personne, sinon, il se ridiculiserait : Tagore, Krishamurti, Ramana Maharshi, Sadhguru, Gandhi, Deepak Chopra, Eckart Tolle, Bruce Lipton...);
ce n'est pas mon cas; depuis 2019 j'ai lu énormément, suivi des master-classes mais avant j'avais déjà de l'intérêt sans que j'y attache d'importance (Krishnamurti lu très jeune, yoga, qi jong)
lui crée des passerelles entre modes très anciens de narration et monde moderne allant de plus en plus vite (si internet avait existé en 1989, la fatwa aurait provoqué un raz de marée, le basculement eut lieu en 2001; Google est créé en 1998) mais il n'y a pas eu chez lui le signal d'un éveil spirituel
il a formidablement géré sa situation d'exilé, de séquestré, en y intégrant les siens, ses proches, avec rigueur, droiture, honnêteté, humour mais son logiciel reste un logiciel de dualité; même s'il refuse de décréter ceci c'est le bien, cela c'est le mal, ses valeurs, ses principes, universalistes, humanistes sont valeurs et principes d'une aire civilisationnelle s'étant imposée au reste du monde et de plus en plus massivement contestée, doublement contestée (par d'autres puissances, empires et par l'éveil spirituel, la métamorphose intime de plus en plus de gens)
la dimension spirituelle c'est la découverte et la pratique du travail sur soi, d'accueil de tout ce qui nous habite ombres (avec la lumière de l'outre-noir offerte à Pierre Soulages, et celle renvoyée par les trous noirs) et lumières (voir en infra-rouge et en vision normale, infra-rouge pour les guerriers, normale pour les normaux plutôt aveugles, aveuglés, voir en myope ou en presbyte, voir en regard éloigné ou en regard d'actualité...), de tout ce qui nous traverse (nous sommes des passants et des passeurs de ce qui nous dépasse, ne serait-ce que ce que nous appelons le temps : c'est quoi vivre son temps, vivre contre son temps, vivre l'impossible aujourd'hui ?) et le remplacement du vide incréé dont il parle une fois page 722 par le vide créateur, la transformation de la dualité (même sous le nom de l'unité des contraires héraclitéenne) en expérience de la non-séparation, de l'intrication, de l'effet papillon, de la masse critique faisant passer de la chenille urticante au papillon), expérience de l'Unité, du Un, du Soi
c'est à 80 ans que "ma" métamorphose a eu lieu, il en a 75, il a encore le temps, je le lui souhaite
dernière remarque et pas des moindres: le vide de l'incréé; il évoque la naissance de Milan, son deuxième fils; Elisabeth est atteinte de translocation chromosomique; bonheur, la première grossesse est viable (le hasard, une chance sur deux), voilà une façon très matérialiste de parler, réductrice, scientiste; elle veut plusieurs enfants, deuxième grossesse, échec, fausse couche; elle renonce, il n'y aura que Milan
autre façon de faire récit, créant une autre réalité : et si la Vie - on peut dire aussi l'Amour - force cosmique -, si une âme en attente, avait choisi de s'incarner en Milan qui rendra l'âme hors, l'âme or quand sa mission de vie sera terminée
L'amour de la vie (carnet N°3 de la culture de la vie) - Blog de Jean-Claude Grosse
le projet initial j'illustre ce carnet par une nouvelle particulièrement prenante de Jack London, en situation extrême dans le Grand Nord : l'amour de la vie (le trappeur sur la couverture est trop
https://les4saisons.over-blog.com/2022/08/l-amour-de-la-vie-carnet-n-3-de-la-culture-de-la-vie.html
extrait de Et ton livre d'éternité ? de JC Grosse et Vita Nova
pages 237 à 240
*** note d’un chercheur :
chercheur en cherchologie, qu’est-ce ? Il s’agit d’un discours et d’une pratique visant à valider le travail du chercheur. Le travail du chercheur peut porter sur lui, il cherche le sens de la vie, le sens de la mort, il cherche le bonheur, il cherche des pièces de monnaie dans le sable, il cherche le graal, il cherche à se résilier, à se détruire, à se réaliser, à s’élever, à faire chier le monde, à dominer. Tout existe, vertus, vices, perversions, variétés des positions, des pratiques de n’importe quoi. Tout existe en nombre indéfini, incommensurable mais fini. L’infini n’est ni pour l’univers ni pour la terre ni pour la connerie. L’infini c’est la matrice qui engendre le fini. Nous sommes êtres finis, êtres de finitude, êtres de finité.
Le chercheur peut être humble dans sa cherche, il peut être hubrique, lubrique, brique. Bref, chaque chercheur est unique et sa cherchologie lui est personnelle, n’est nullement scientifique, objective. L’objet de sa cherche peut lui être extérieur, curieux qu’il est du monde, de tel ou tel illustre personnage, de telle ou telle belle anonyme.
Je suis donc chercheur en révélations sur Celui qui parfois se fait appeler Lui, qui parfois dit Je, hyérosolymitain d’Avers sous les eaux depuis le Déluge, d’Avers sur les eaux et de Corps Ça Vit, celui qu’on appelle communément J.C.
Pourquoi m’a-t-il tapé sur le système sympathique, celui du stress et des sentiments négatifs ? Parce que je sens dans sa volonté d’invisibilité, dans sa pratique du bénévolat un insatiable désir de reconnaissance faciale par les caméras urbaines installées dans le village qu’il prétend aimer.
Une étudiante en cherchologie, dents longues, se demande si j’ai des informations sur ce qui a poussé Lui-Je à écrire ces romans. La cherchologie ne peut exister que par l’existence de traces. Tout laisse trace et comme le passé ne s’efface pas, il est possible de retrouver des traces de tout ce qu’a vécu un vivant, traces matérielles mineures, genre déchets, rebuts, traces matérielles majeures, genre monuments, œuvres. C’est par l’interprétation subjective de ces traces matérielles qu’éventuellement on approche de l’âme : la sienne ou celle de l’ autre. Evidemment, faire parler les traces, c’est les faire parler au présent et du point de vue du chercheur. Aucun chercheur ne fait parler les traces en vérité. Tout chercheur falsifie donc en fonction de ses orientations conscientes et inconscientes. Il s’agit d’une pratique généralisée de la projection. Les chercheurs n’élaborent aucun savoir. Le travail d’un chercheur ne vaut que pour lui.
J’ai effectivement essayé de savoir ce qui avait conduit Lui-Je à écrire ce roman (fresque, épopée ?). J’ai découvert qu’il a suivi douze leçons gratuites de contentologie, douze leçons offertes par un contentologue sur comment écrire un roman. La contentologie c’est l’art d’être content par l’écriture. C’est aussi l’art de se contenter de ce qu’on est, de ce qu’on a, l’art donc de se résilier selon le neuro-psychiatre bienveillant, résilient et résistant des hauts-plateaux, Boris Cyrus de Niq.
Je soupçonne Lui-Je de se faire une cure de contentologie.
J’espère pour toi, lectrice, lecteur, étudiante en cherchologie que vous n’abandonnerez pas vos lectures après ces révélations.
Avouons-le : le roman de Lui-Je est particulièrement chaotique. Mais qu’à cela ne tienne, du chaos peut naître un nouvel ordre. Un ordre ancien s’effondre (ça dure, ça dure), chaos, un ordre nouveau émerge (ça dure, ça dure). Personne ne peut prédire la durée et les formes d’un effondrement, la durée d’un basculement et les formes d’une émergence. Personne, nihistorien, ni philosophe pré-socratique, ni scientifique nobélisé ne peut dire si ordre-chaos-ordre, c’est un cycle ou si c’est aléatoire, stochastique...
On peut dire que chaque chercheur trouvera dans ce roman ce qu’il y mettra.
Les rubriques de Sa vie antérieure se présentent selon un ordre chronologique concernant soit des périodes soit des événements. C’est un choix classique de construire sa vie antérieure, sa biographie, de façon chronologique. Sauf que Sa vie antérieure est une chronologie particulièrement trouée ou mitée. Aucune volonté de faire de sa vie antérieure, un tout, cohérent ou expression des hasards de sa vie. Sa vie antérieure par ses dites et redites semble moins le récit objectif (impossible, tout récit de vie étant une fiction, biographie fictionnelle ou fiction biographique) de sa vie que le miroir que se tend Je-Lui pour rendre sensible, perceptible son incommensurable commerie.
En montrant l’insistance dans ses « analyses » du monde, des bruits du monde à tel ou tel moment, des sempiternels lieux communs perroquetés cacatoétés par tout un chacun, croyant émettre une « analyse » personnelle, ne cherche-t-il pas à disqualifier l’indéfini bavardage commentant l’actualité.
On parle, on commente, on se croit personnel, original, on perroquette, on cacatoète.
Silence donc sur les bruits du monde. Parasitage universel, global dont les fonctions et effets sont la commerie, cette aptitude à faire comme, en croyant être singulier.
Sa vie antérieure est donc peut-être ce qui a permis à Lui-Je de se retourner, de retourner son regard vers l’intérieur, vers lui, vers qui suis-je ? Son nombril dit sa fille qui l’adore. De gagner en liberté intérieure en renonçant à toute « analyse », à toute « action » sur le monde. De renoncer par le silence au pouvoir dérisoire du faire et de gagner à être qui Je Suis. Cette libération du perroquetage, cacatoétage lui a demandé 60 ans.
Sa découverte récente de l’hypnose quantique (au sens de préfères-tu l’état ou le mouvement, la fixité ou la fluidité) lui a donné un outil fabuleux pour se reprogrammer. Tu es en colère contre le gouvernement. Tu ressens cette colère. Qui ne changera rien à l’état du monde et te rongera le foie. Hop, un pas de côté : Je suis en colère ou pas. Alors un deuxième pas. Je suis en colère ou pas. Ou pas. Tu sais plus dans quel état t’es. Ta colère s’est dissoute. T’es dans la mouvance de la vie, dans l’impermanence de tout « état ».
Il a même perfectionné l’outil. En changeant le temps du verbe. Je suis en colère, j’étais en colère, je serai en colère ou pas. Ou pas. En dansant le tango, il obtient des résultats pareils : ne pas rester dans un état morbide, une émotion négative, un sentiment paralysant. Pas de médoc.
De l’auto-suggestion, de la méthode Coué ridiculisée par le grand nombre mais si efficace quand on sait s’en servir pour prendre de la distance par rapport à soi comme et se trouver soi-s’aime.
*** note de l’auteur : la note du chercheur a été écrite alors que je n’avais pas encore décidé de la forme à donner à Sa vie antérieure. Le matériau était là. Me manquait la forme. C’est en lisant qu’on devient liseron. C’est en lisant les lignes suivantes que j’ai opté pour vies parallèles.
Les vies que nous n’avons pas vécues, les êtres que nous n’avons pas aimés, les livres que nous n’avons pas lus ou écrits, ne sont pas absents de nos existences. Ils ne cessent au contraire de les hanter, avec d’autant plus de force que, loin d’être de simples songes comme le croient les esprits rationalistes, ils disposent d’une forme de réalité, dont la douceur ou la violence nous submerge dans les heures douloureuses où nous traverse la pensée de tout ce que nous aurions pu devenir. Pierre Bayard, Il existe d’autres mondes. (Les Éditions de Minuit, 2014)
La physique quantique en révélant l’intrication, la superposition d’états des particules dont nous sommes composées nous invite à prendre en considération cette dimension d’états indéterminés, existant potentiellement et dont un devient réel par le simple fait de la présence d’un observateur. Je suis donc observateur et co-créateur des univers que j’observe et crée. Dans le même temps, les autres univers, les univers potentiels ne sont pas abolisbibelots.
À lire : La Théorie quantique (paru fin mai 2021) de John Polkinghome, physicien théoricien de Cambridge et père anglican. « J’ai personnellement appris la mécanique quantique directement de la bouche du cheval, de la source, de Paul Dirac qui l’enseigna 30 ans durant à Cambridge. Dirac prit un morceau de craie, le brisa en deux, plaça un des fragments d’un côté du pupitre, l’autre de l’autre côté. Dirac dit alors que pour la physique classique, il y a un état où le morceau de craie est « ici » et un état où le morcaeu de craie est « là ». Ce sont les deux seules possibilités. Si on remplace le morceau de craie par un électron dans le monde quantique, il n’y a pas seulement des états « ici » et « là » mais aussi toute une série d’autres états qui sont des mélanges d’un peu de ces possibilités, un peu d’ « ici », un peu de « là » qui s’ajoutent alors que dans la physique classique, ces deux états s’excluent mutuellement. Cette nouvelle possibilité est appelée le principe de superposition. » p.34
Furie sorti le 11 septembre 2001 qui sera lu comme le New York du 10 septembre, avant le basculement du monde; le livre dont Rushdie est le plus content, parce que le plus surréaliste avec mondes parallèles... c'est Deux ans, huit mois et vingt huit nuits
La furie s'est emparée du monde, de New York, du professeur Malik Solanka. Ce dernier a fui l'Angleterre, laissant derrière lui une femme et un enfant, et s'est établi à Manhattan pour « se déprendre et se refaire » . Mais recommencer de zéro est tout un art quand on est poursuivi par des spectres, des furies, des souvenirs. Délaissant l'histoire des idées qu'il enseignait dans le Vieux Monde pour la fabrication d'étranges poupées pensantes aussitôt médiatisées, Solanka découvre que d'autres poupées, de sang et de chair celles-ci, subissent la colère d'un mystérieux assassin, le Tueur au panama. Gravitant autour du Professeur, des femmes aussi ingénieuses que belles vont tenter de sauver Solanka de cette furie qui le dévore de l'intérieur : la mystérieuse Mila et ses jeux érotiques à la limite du pervers, et la somptueuse Neela, la plus belle femme du monde, qui se sacrifiera au bout de la planète pour que Solanka puisse retourner chez lui.
Quand il advient – tous les quelques siècles – que se brisent les sceaux cosmiques, le monde des jinns et celui des hommes entrent momentanément en contact. Venue une première fois sur terre au xiie siècle, Dunia s’est éprise d’Ibn Rushd (alias Averroès), auquel elle a donné une innombrable descendance dotée de l’ADN des jinns. Lors de son second voyage, neuf siècles plus tard, les jinns obscurs ont décidé d’asservir la terre. Pour assurer la victoire de la lumière sur l’ombre, Dunia s’adjoint le concours de quatre de ses rejetons et réactive leurs pouvoirs magiques afin que, pendant mille et une nuits (soit : deux ans, huit mois et vingt-huit nuits), ils l’aident à affronter un ennemi répandant les fléaux du fanatisme, de la corruption, du terrorisme et du dérèglement climatique…
Inspiré par une tradition narrative deux fois millénaire qu’il conjugue avec la modernité esthétique la plus inventive, Salman Rushdie donne ici une fiction époustouflante et saisissante d’actualité.
Langages de vérité : Dans ce recueil d’essais, articles et autres discours écrits sur une période de dix-sept ans, Salman Rushdie se fait historien, conteur, ami et critique de ses auteurs favoris, mais aussi guide pour écrivain en herbe. Ainsi navigue-t-il entre origine des contes et de la littérature, cours magistral d’écriture, anecdotes sur l’évolution d’une œuvre à travers les âges ou sur les liens entre tel et tel auteur, et analyse de ses propres romans. *Langages de vérité* jette une lueur sur “l’atelier poétique” de l’auteur, sublime caverne d’Ali-Baba. Réunis pour la première fois, ces textes entonnent un puissant hymne à la création et à la liberté de créer, dans un monde où la liberté d’être soi-même (quoi que cela recouvre) est de plus en plus menacée.
Sur le 11 septembre 2001/théâtre à vif/J.C.Grosse - Les Cahiers de l'Égaré
Et ton livre d'éternité ? pages 315 à 338, Furie sorti le 11 septembre 2001 Théâtre à vif Frappe au Cœur du Monde Le tayrorisme Dans une radio Le journaliste de radio s'adressant aux oreille...
pages 315-338 de Et ton livre d'éternité ? sur les attentats du 11 septembre 2001
Salman Rushdie et sa fiction époustouflante : Deux ans, huit mois et vingt-huit nuits
François Busnel vous emmène à New York à la rencontre de Salman Rushdie. Son nouveau roman Deux ans, huit mois et vingt-huit nuits (Actes Sud) est l'un de ses meilleurs. Il sera également en ...
"Salman Rushdie est dans l'écriture et la création permanente"
À l'occasion de la sortie de Langages de vérité, un recueil d'essais de Salman Rushdie, entretien avec son traducteur attitré, Gérard Meudal. Langages de vérité qui paraît ces jours-ci est ...
Salman Rushdie : "Pour devenir écrivain, il faut commencer par apprendre qui l'on est"
Victime d'une attaque au couteau vendredi 22 août, Salman Rushdie, toujours hospitalisé, semble sur la voie du rétablissement. Retrouvez le dernier entretien qu'il avait accordé à "Télérama"...
Salman Rushdie - La mort aux trousses - Regarder le documentaire complet | ARTE
En seulement dix ans, Salman Rushdie aura changé cinquante-six fois de domicile et fait l'objet d'une vingtaine de tentatives d'assassinat. Celle du 12 aout 2022 à New York n'a malheureusement pa...
https://www.arte.tv/fr/videos/083938-000-A/salman-rushdie-la-mort-aux-trousses/
En seulement dix ans, Salman Rushdie aura changé cinquante-six fois de domicile et fait l'objet d'une vingtaine de tentatives d'assassinat. Celle du 12 aout 2022 à New York n'a malheureusement pas pu être déjouée. Face à William Karel, l'auteur des "Versets sataniques", condamné à mort par une fatwa de Khomeyni en 1988, évoque avec humour et profondeur les conditions particulières de son quotidien, comme son amour des livres et de la vie. Visible jusqu'au 15/02/2023.
Archive - Salman Rushdie - 28 Minutes (12/09/2016) - Regarder l'émission complète | ARTE
En 2016, Élisabeth Quin partait à la rencontre de l'écrivain britannique Salman Rushdie. C'est devant les caméras de 28 Minutes qu'il s'est exprimé sur la liberté d'expression, le terrorisme,...
https://www.arte.tv/fr/videos/110617-001-A/archive-salman-rushdie/
En 2016, Élisabeth Quin partait à la rencontre de l’écrivain britannique Salman Rushdie. C’est devant les caméras de 28 Minutes qu’il s’est exprimé sur la liberté d’expression, le terrorisme, la laïcité et la fatwa. Visible jusqu'au 16 août 2023.
La Société ouverte et ses ennemis - Wikipédia
La Société ouverte et ses ennemis Couverture du premier volume de l'édition originale Auteur Karl Popper Genre Philosophie Version originale Langue Anglais Titre The Open Society and Its Enemies...
https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Soci%C3%A9t%C3%A9_ouverte_et_ses_ennemis
La Crise de la culture - Wikipédia
La Crise de la culture Auteur Hannah Arendt Pays États-Unis Genre Théorie politique Version originale Langue Anglais Titre Between Past and Future Date de parution 1961 Version française Traducteur
Condition de l'homme moderne - Wikipédia
Condition de l'homme moderne est un ouvrage d' Hannah Arendt paru en 1958 en anglais sous le titre The Human Condition. Hannah Arendt y étudie la vita activa (titre initialement prévu pour ce livre
https://fr.wikipedia.org/wiki/Condition_de_l%27homme_moderne
Beauté j'écris ton nom / Serge Rezvani
"Le testament amoureux" de Serge Rezvani : un podcast à écouter en ligne | France Culture
Le bruit du temps se fait entendre - la Révolution Russe, la Seconde Guerre mondiale, mai-68 -, tandis que Serge Rezvani s'emploie à sauver la beauté.
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-le-testament-amoureux-de-serge-rezvani
sur Serge Rezvani, souvenir et lectures - Blog de Jean-Claude Grosse
𝐂𝐡𝐞𝐫 𝐒𝐞𝐫𝐠𝐞 𝐑𝐞𝐳𝐯𝐚𝐧𝐢, 𝐦𝐞𝐫𝐜𝐢 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐜𝐞𝐬 𝐜𝐡𝐚𝐧𝐬𝐨𝐧𝐬-𝐩𝐨è𝐦𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐩𝐮𝐫 ...
https://les4saisons.over-blog.com/2019/11/sur-serge-rezvani-souvenir-et-lectures.html
une page "encyclopédique" sur Rezvani
Serge Rezvani - "François Truffaut m'a dit qu'il souhaitait que "Le Tourbillon" devienne un tube!"
Serge Rezvani est un jeune homme de 95 printemps. Au début des années 60, il signe " Le tourbillon ", pour Jeanne Moreau. Egalement peintre et écrivain, il se raconte à l'heure où de jeunes ...
couvertures / Eluard sculpture en bronze d'Ossip Zadkine, sur la jambe, quelques vers du poème J'écris ton nom Liberté, au musée Paul Eluard de Saint-Denis
LA CORYPHÉE
De maints événements Zeus est le dispensateur dans l'Olympe. Maintes choses contre notre espérance sont accomplies par les dieux. Celles que nous attendions ne se réalisent pas; celles que nous n'attendions pas, un dieu leur fraye la voie. Tel a été le dénouement de ce drame.
je le dis sans flagornerie; il y a beaucoup de similitudes entre le retour de Rezvani sur ses vies et la métamorphose en Vita Nova du hiérosolymitain J.-C.
7 - La rencontre de Lola à La Béate, le nid d’amour fusion de Lula et Serge
Lui-Je, hiérosolymitain d’Avers sous les eaux depuis le Déluge, celui qu’on appelle communément J.C., a eu la chance de rencontrer à La Béate, dans la forêt des Maures, Serge Bassiak et Danielle-Lula.
Cyrus Rezvanupied était venu les attendre, l’épousée et Lui-Je, avec sa voiture décapotable, l’américaine rose, à Col’o’brière.
Ce fut un grand moment de partage : champagne et livres, le 2 août 2001, avec l’épousée, 48 jours avant la disparition du fils et du frère, le 19 septembre 2001 à Jaguëy-Grande, Cul-bas.
Rezvanupied leur dédicaça La Traversée des Monts Noirs (en supplément du Rêve de D’Alembert) (l’édition Stock de 1992) avec « un peu de Russie, un peu de Toulon ».
Et effectivement la Russie, indépendamment du roman, les habitait depuis 2000 et cela dura 10 ans encore pour l’épousée comme pour lui avec l’épisode Baïkalal.
Danielle-Lula était atteinte de la maladie d’Alzheimer, diagnostiquée le 11 août 1999. Cette fin d’après-midi là, ils ne s’aperçurent de rien, ils n’étaient au courant de rien. Elle posa une question à l’épousée Avez-vous des enfants ? Comment cela se passe-t-il ? L’épousée répondit en mère aimante et en psychologue. Deux réponses opposées. En tant que mère, on fait ce qu’on peut, on donne le meilleur. Mais pour les enfants, on ne sera jamais les bons parents qu’ils voulaient. Freud disait De quelque manière qu’on s’y prenne, on s’y prend toujours mal. Un courant de sympathie s’était installée entre elles. Lui- Je sentit comme un regret chez Lula de n’avoir pas eu d’enfant.
Autour d’eux, discrète mais présente, Lola, une superbe métisse comme on les rêve, les imagine, ce qu’il faut là où il faut, (regard et parole de macho, connard !), qui semblait remplir toutes sortes de rôles dont infirmière. Lui-Je ne manqua pas de faire la conversation avec elle. Lola l’intriguait.
Après la disparition de Danielle, fin 2004, (le récit L’éclipse écrit en 2003 est le récit clinique de tout ce que Cyrus a tenté pour accompagner Lula), Lui-Je apprit que Serge avait donné La Béate à Lola.
À l’automne 2006, fut organisé un sentier littéraire, sentier saisonnier, celui d’automne consacré à Rezvanupied où Lui-Je lut des extraits de ses deux livres sur Les Maures et La Béate (Le roman d’une maison et Divagation sentimentale dans les Maures) en présence d’une vingtaine de randonneurs.
https://www.dailymotion.com/video/x15y1p
Lui-Je rendit visite à Lola après la disparition de l’épousée, en 2011. Elle avait installé une magnifique volière sur une des terrasses descendantes et elle prenait soin d’oiseaux malades, blessés, mutilés, pigeons atteints de trichonomase, coqs de combat mutilés, cacatoès abîmés. 6 ans après, Lui-Je comprendrait cette attirance pour les volatiles.
La Béate a été détruite par l’incendie qui a ravagé 8000 ha du massif des Maures entre le 16 août 2021 (17 H 45) et le 20 août.
Lui- Je est sans nouvelles de Lola. Envolée sans doute.
Cyrus Rezvanupied avait écrit un roman Feu, paru chez Stock le 1° janvier 1977. Ce feu qui vole de colline en colline, ravage les Maures et déferle vers le rivage, n’est pas seulement le sujet principal de ce roman : il est en quelque sorte son mouvement même. Dans ses tourbillons, c’est lui qui débusque, embrase, révèle chacun des multiples personnages. Dans sa fureur, c’est lui qui porte jusqu’à l’incandescence les secrets et les haines d’une population hétéroclite - forestiers et chasseurs, vieilles souches pastorales ou nouveaux nomades de la « beat generation ». C’est lui enfin qui donne à la phrase de Rezvani sa véhémence, son lyrisme parfois hallucinatoire. Ce livre au titre prométhéen - qui dans sa première édition s’intitulait Feu - n’étonne pas moins par sa qualité visionnaire.
Décrivant par avance le grand incendie qui dévasta les Maures quelque temps après sa parution, Le Vol du feu (Actes-Sud Babel 15/2/2000) est aussi une ample et tragique méditation sur les passions, sur l’animalité de l’homme et sur son inextinguible désir du divin.
https://www.franceculture.fr/emissions/fictions-le-feuilleton/pages- arrachees-aux-romans-de-serge-rezvani
le 17 mai 2021 https://www.franceculture.fr/emissions/fictions-le-feuilleton/pages- arrachees-aux-romans-de-serge-rezvani-15-les-annees-lula-0
le 18 mai 2021 https://www.franceculture.fr/emissions/fictions-le-feuilleton/pages-arrachees-aux-romans-de-serge-rezvani-25-le-vol-du-feu-0
évidemment, ces 3 liens ne fonctionnent plus
Le sentier de l'automne des 4 Saisons du Revest organisé avec Maltae s'est déroulé dans les Maures où Rezvani vécut avec Danièle, à La Béate. Lecture fut faite d'extraits de Divagation sent...
textes de Rezvani dits près de la chapelle de Miremer dans la forêt des Maures
note après 50 pages de lecture
les carnets de Lula, publiés en 2022, 17 ans après la disparition de Danièle / L'éclipse : Que reste-t-il de l'amour quand l'âme neuronale de l'être cher est inexorablement détruite par la maladie ? Tout à la fois journal, récit, document, ce texte bouleversant, écrit au quotidien des ultimes "années Lula" (Danièle Rezvani, 1931-2005), constitue un exceptionnel témoignage sur la maladie d'Alzheimer.
Les carnets de Lula / Danièle Rezvani - Blog de Jean-Claude Grosse
248 pages 10 Illustration(s) Livre broché 15.1 x 21 cm 10 illustrations L'Exception N° dans la collection : 14 Parution : 18/02/2022 feuilleter le livre écouter un extrait - Danièle Rezvani - L...
https://les4saisons.over-blog.com/2023/03/les-carnets-de-lula/daniele-rezvani.html
publiés en février 2022, à lire
Lettres en vie / Soins palliatifs / Alain et Michel Cadéo
un livre d'exceptions, un livre pour oser, un livre d'édification; quand la poésie et la peinture sont forces vives, donnant à vivre
Lettres en vie
six années de rencontres au sein de l'unité de soins palliatifs de l'Hôpital de La Seyne-sur-Mer
éditions La Trace
septembre 2020
Lettres en vie
4° de couverture
Dostoïevsky parle du « saint des saints » lorsqu'il évoque « l'Homme dans l'homme »...
Et de quoi parle-t-il ? Il parle de la part la plus authentique, inentamable, la plus sacrée, la plus mystérieuse, dissimulée au plus profond de chacun d'entre nous et qui ne se révèle que lors des grands chambardements du coeur, du corps et de l'esprit.
Faut-il être en bout de vie pour enfin s'affranchir de tous les cintres et de toutes les panoplies ?
Six ans de rencontres d'Alain et Michel Cadéo auprès des patients et soignants de l'unité de Soins Palliatifs de l'Hôpital de la Seyne sur Mer.
Chaque semaine, le service fut un lieu de partages de mots et des maux.
Les lettres ainsi échangées sont un témoignage simple, sincère et lucide de ces instants uniques.
Note de lecture
Alain Cadéo dont j'ai lu beaucoup d'oeuvres, que je connais personnellement, qui est un ami, un frère de cœur, m'a transmis ces Lettres en vie, le dimanche 11 octobre, à l'occasion de nos retrouvailles à la pizzeria du Colombier au Revest, en compagnie de Martine. Annoncées depuis le printemps, j'attendais la parution de ces Lettres d'autant plus qu'il m'avait proposé de vivre éventuellement cette expérience d'accompagnement. Cela ne s'est pas fait.
Cet ensemble de lettres et de peintures (car Michel Cadéo, le frère cadet d'Alain est peintre et il a rendu compte de ses rencontres avec les patients au travers de portraits et de paysages-voyages oniriques) est une œuvre d'humanité dans le sens où les deux frères (solides et mystérieux comme leurs confrères rochers au large des Sablettes à La Seyne) et les soignants font preuve d'humanité envers les patients. Faire preuve d'humanité, c'est voir l'humanité de l'autre même très diminué, parce que très diminué, parce que se dévalorisant, s'isolant. Faire preuve d'humanité c'est le reconnaître comme corps-esprit-âme, c'est l'accompagner avec bienveillance, bien-traitance, le soutenir dans ses essais de rester humain, digne, propre, coquet. C'est l'énergiser, lui redonner accès à ses désirs et rêves, à son enfant intérieur retrouvé. C'est l'esprit « soins palliatifs » tel que pratiqué à La Maison à Gardanne, pionnière dans ce domaine : le soin est un art, l'art est un soin selon la formule du docteur Jean-Marc La Piana.
En quoi est-ce un art ? Chaque patient est unique, une personne unique, un être unique et chaque rencontre, chaque moment est unique. Aucun protocole, aucune expérience ne peut préparer au caractère inédit, imprévu de la rencontre. Cela relève du ressenti et de l'intuition, facultés éminemment sensibles, d'un autre niveau que le mental qui juge, supposant un travail sur soi de nature spirituelle. Sans ce travail préalable de nettoyage, de dissolution des carapaces, cintres et panoplies dont nous nous affublons pour paraître, pour jouer le jeu, le jeu social, sans ce travail pour retrouver l'enfant qui est en nous, l'enfant porteur de notre être, il ne semble pas possible de pouvoir se mettre sur la même longueur d'onde que ce patient que je visite.
(aujourd'hui, je suis sensible aux deux enfants que nous portons en nous, l'enfant intérieur, lui-même double, l'enfant blessé car tout enfant connaît, vit un jour ou l'autre des blessures à vie, à vif, enfouies ensuite, l'humiliation par exemple, et l'enfant rêveur avec son jardin secret où il peut se réfugier quand ça tangue ; et l'enfant des étoiles, l'enfant de lumière, venu du ciel, d'en haut, qui nous visite parfois, faisant sentir le mystère de l'Éternité et de l'Infini ; pour donner un exemple, mon enfant intérieur pourrait être Coco, celui qui va au royaume des morts parce que les morts ont peur d'être oubliés et mon enfant de lumière est le petit prince qui apprend à voir avec le seul regard vrai, le regard du coeur),
Ce patient que je visite, le voilà en fin de vie, ne bougeant qu'un pouce, n'ayant qu'un filet de voix, de grosses difficultés respiratoires, des difficultés motrices s'il s'assoit, tente de se lever, de bouger. Par quels canaux va passer la mise en phase : le sourire, le toucher, la tendresse, le regard, l'écoute, la compassion, un récit, une sollicitation, une invite, une première lettre... ? Le livre ne témoigne pas de cela.
Les lettres d'Alain sont des portraits personnels des patients rencontrés dans leur intimité et dans leur être (dans la mesure où il s'est révélé). Portraits personnels en ce sens qu'Alain s'y met en jeu avec ses mots, ses images, ses exhortations, ses rejets et sa quête de sens, de beauté, de bonté, de perfection, d'Éternité, de grands espaces terrestres, célestes, de grandes profondeurs et houles océaniques. Portraits d'intimité car quand les patients se racontent, se livrent, se révèlent, on en retrouve trace dans les lettres (pas de détails, juste le parcours, le tracé d'une vie) et portraits faisant émerger l'être, l'enfant retrouvé donnant sens à un dernier acte de vie, par exemple le tableau réalisé par un patient pour le restaurant de sa fille et qui s'en va, le tableau exécuté ou tel autre écrivant un conte pour sa femme. Ces lettres sont des poèmes, elles ont le pouvoir que Novalis donne à la poésie : La poésie est le réel absolu.
Aux lettres d'Alain qui poussent à vivre la vie jusqu'au bout parce que l'abord est pour certains d'abord réservé, en retrait, mettant en avant le rien qu'on est, la fatigue, l'épuisement, pour d'autres l'abord est d'entrée curieux, ouvert, lettres qui sont de véritables porteuses de lumière et d'énergie (au sens quantique, agissante aux niveaux les plus profonds, infimes), les patients répondent par leur enchantement, leur étonnement d'être reçus, compris, soutenus.
L'équipe s'est aussi mise à l'écriture, médecin, psychomotricienne, psychologues, infirmières, accomplissant non seulement le travail quotidien d'accompagnement, (y compris des patients remarquables, c'est-à-dire à ne pas réanimer), mais s'investissant dans les rencontres du lundi en fonction de leurs disponibilités.
Les 27 œuvres de Michel Cadéo, portraits et paysages-voyages oniriques, accompagnant les lettres des uns et des autres (femmes, hommes, pas d'âge donné, sauf exception, pas de milieu d'origine ou de profession exercée) ont sans doute été réalisées après les rencontres sur la base de ce que Michel avait vécu, ressenti, prenant peut-être des croquis.
Le regard dans ces portraits a quelque chose du regard des portraits du Fayoum, d'il y a 2000 ans, l'intensité. Quand le corps est au bord des falaises, des gouffres, seul le regard intérieur, celui porté par le sourire intérieur, sourire de béatitude, peut l'amener ailleurs. Comme l'a si bien dit G.K. Chesterton : Si les anges volent, c'est parce qu'ils se prennent eux-mêmes, à la légère.
(Dans le clip Happens to the Heart, chanson posthume de Leonard Cohen sortie le 25 octobre 2019, à la fin de son cheminement de vie après dépouillement de ses vêtements, apaisement de ses souffrances puis rencontre d'un moine bouddhiste et adoption du vêtement monastique, le jeune personnage entre en lévitation et voit sereinement par son regard intérieur les gouffres.
Ce clip et les paroles accompagnent bien les rencontres du lundi dans l'unité de soins palliatifs de l'hôpital de La Seyne sur Mer.
https://youtu.be/2AMMb9CiScI)
Va jusqu'où tu ne peux pas, ces mots de Kazantzakis sont pour Alain Cadéo comme un ex-voto, invitant au voyage, de nature spirituelle, c'est-à-dire de dépouillement, de purification, d'élévation.
Ce fut la règle de vie de Van Gogh : Mourir à soi-même, réaliser de grandes choses, arriver à la Noblesse, dépasser la vulgarité où se traîne l’existence de presque tous les individus… » Il disait aussi que peindre pour lui c’était le moyen de se tirer de la vie.
Ces Lettres en vie sont un OUI à la Vie.
Je ne peux m'empêcher de citer Jean-Yves Leloup, en complément éclairant de ces lettres et peintures dont les droits d'auteurs seront reversés à l'Association Pour les Soins Palliatifs.
Voilà une action sans utilité sociale, simplement humaine, discrète, persévérante (6 ans), gratuite (un don, une volonté), bénévole, sans médiatisation, sans recherche de reconnaissance, une action où les deux frères donnant, solides et généreux comme leurs confrères rochers ont reçu sans compter, sans attente de retour (les départs se font sans crier gare et sans fanfare).
1- La gratitude, clef de la philocalie
Qu’est-ce qui peut nous rendre « sensible ›› à la beauté, à la grâce, à la Présence qui se donne à travers toute vérité, toute vie, toute bonté ?
la gratitude… la louange…la gratitude rend la grâce possible elle est notre ouverture à l’Ouvert
on pourrait dire ainsi qu’elle précède la grâce
dire merci avant de recevoir
est l’un des secrets du Bienheureux
dès qu’on a dit merci, tout ce qui nous arrive
est merci, miséricorde, grâce et don.
Celui qui ne dit jamais merci, ne reçoit jamais rien, car ce merci est l’acte même de la réception,
la possibilité d’une réceptivité, d’un accueil,
l’ouverture par laquelle le ciel enveloppe la terre,
l’ouverture par laquelle les dieux peuvent entrer.
Celui qui ne dit jamais merci, garde fermées les portes de la perception, comme celles de l’affectivité et de la connaissance.
L’enfer dans lequel nous nous enfermons consciemment est celui de notre ingratitude. Etre incapable de gratitude ou de louange c’est perdre toute joie d’être et de vivre. Nous mourons de ne pas savoir dire merci, dire merci à notre épreuve, c’est en faire une occasion de croissance, de dépassement ; dire merci à notre mort, c’est en faire une délivrance ou un passage vers une vie plus vaste.
Seuls ceux qui savent dire « merci ›› seront sauvés.
La gratitude met le cœur et le souffle « au large ›› (sens du mot salut Iescha en hébreu), elle est la clef qui nous ouvre à la beauté de toutes réalités visibles et invisibles, c’est elle qui nous permet « d’entrer ›› en philocalie.
2- "Le mot « résurrection » vient du mot grec anastasis qui signifie « se lever après le sommeil, se poser dans l’espace, dans la hauteur ». Ainsi, celui qui est ressuscité est celui qui est passé de l’état de conscience limitée à un état de conscience sans limite. C’est pour cette raison que dans la tradition on dira que le Christ était ressuscité avant de mourir. Et lorsque saint Jean parle de « vie éternelle » cela signifie que la vie éternelle n’est pas opposée à la mort, qu’elle est avant, pendant et après la vie ; c’est la dimension d’éternité qui est au cœur de la vie.
Et c’est à cette dimension qu’il s’agit de s’éveiller, à ce non-né, non-fait, non-créé, à cette dimension de l’incréé. C’est cela la résurrection. Aussi lorsqu’on dit que le Christ est ressuscité et que nous sommes appelés à la résurrection, cela signifie que nous ne sommes pas appelés à nous réanimer, mais à nous éveiller au cœur de notre finitude, à la dimension d’éternité, dimension que dans un autre langage on appellera l’Eveil…
…Nous avons donc la liberté de nous ouvrir ou la liberté de nous fermer ; nous avons le choix entre l’ouvert et l’enfer. En nous ouvrant au cœur même des conditions dans lesquelles nous sommes, en nous ouvrant à cet infini qui nous habite, nous entrons dans le monde de la résurrection. Dans toutes les traditions, le but n’est jamais la réincarnation mais l’Eveil, la résurrection, la délivrance du Karma.
Dans l’Evangile de Philippe il nous est rappelé (logion 21) que la Résurrection (Anastasis) n’est pas une réanimation…L’Evangile de Philippe, à la suite du Christ, nous invite à nous éveiller dès cette vie à ce qui en nous ne meurt pas et que Saint Jean appelle la Vie éternelle. La vie Eternelle n’est pas la vie « après la mort », mais la dimension d’éternité qui habite notre vie mortelle, et à laquelle il s’agit de s’éveiller comme le Christ avant de mourir.
Par ailleurs l’apôtre Paul précise bien que ce n’est pas notre corps biopsychique qui ressuscite, mais notre corps spirituel « pneumatique ».
Qu’est-il ce corps dit « spirituel » ? Ne se tisse-t-il pas déjà dès cette vie, à travers nos actes de générosité et de don ? Car la seule chose que la mort ne peut pas nous enlever, c’est ce qu’on aura donné. L’Evangile de Philippe insiste sur cette puissance du don, cette capacité d’offrande que le Soter (Sauveur) vient libérer en nous…
À Le Revest, le 18 octobre 2020,
Jean-Claude Grosse,
éditeur des Cahiers de l'Égaré
Maryse par Michel Cadéo / Alain et Michel Cadéo / Macadam Épitaphe, une écriture en fusion qui dissipe les frontières, les barrières, dissout les conforts, les étroitesses et petitesses et nous relie à la Vie, à l'enfance, au Rêve comme routes
Marie-Christine, conductrice de poids lourd, allant souvent dans les pays du Moyen-Orient (imaginons les difficultés mais rêvons aussi quand le diesel du Scania qui ronronne vous lance sur ce que les routes et autoroutes induisent dans les âmes des conducteurs poètes) a demandé qu'on lise un extrait de Macadam Épitaphe, texte de 1986 d'Alain Cadéo qu'il lui avait offert, à son enterrement. Comme cet extrait n'est pas cité dans le livre Lettres en Vie, j'ai cherché dans Macadam Épitaphe.
Voici mon choix : J'ai aimé chaque fois avec l'ardeur et la vivacité d'un nouveau-né hurlant son aptitude à vivre. J'étais un bloc surgi d'immenses paysages tendres. Je n'ai jamais su que vous aimer. Tu es ma dernière course. Macadam Épitaphe. Je te dédie ces kilomètres inutiles. Je t'offre ces tonnes insignifiantes d'émotions et d'images. Je te marie ainsi avec mon temps. Partout j'ai creusé la terre, dans tous les sens cherchant les portes parallèles, celles que l'on franchit entre l'espace réel et celui de ses pensées. Je t'offre ma vie brouillonne et mélangée, pour que toi seule sache en extraire le succulent plaisir et qu'à ton tour tu le transmettes à qui te paraîtra assez grand. Ni suicide ni rien, non, je roulerai jusqu'à ce que je rencontre peut-être le moment qui devra m'échapper.
Leonard Cohen - Happens to the Heart (Official Video)
Leonard Cohen - Happens to the Heart (Official Video) Stream it here: https://smarturl.it/LeonardCohenHTTH Stream/Buy Thanks for the Dance: https://smarturl...
un clip qui me semble convenir pour illustrer les rencontres du lundi dans l'unité de soins palliatifs de l'hôpital de La Seyne sur Mer.
puisque la légèreté, la grâce semblent souvent advenir lors des rencontres du lundi dans l'unité de soins palliatifs de l'hôpital de La Seyne sur Mer, ce magnifique conte de Claude Nougaro
Mayacumbra / Alain Cadéo - Blog de Jean-Claude Grosse
Mayacumbra Alain Cadéo Editions La Trace, 2019 La lecture de ce roman d'Alain Cadéo, 417 pages, m'a pris environ quinze jours mais j'ai lu en un jour les 150 dernières pages. Parce que ça s'emb...
http://les4saisons.over-blog.com/2020/07/mayacumbra/alain-cadeo-40.html
Comme un enfant qui joue tout seul / Alain Cadéo - Blog de Jean-Claude Grosse
Comme un enfant qui joue tout seul Alain Cadéo Éditions La Trace, 2019 D'abord, noter la qualité du livre. L'éditeur aime le beau livre, belle couverture à rabats, belle photo aux beaux bleus,...
http://les4saisons.over-blog.com/2020/07/comme-un-enfant-qui-joue-tout-seul/alain-cadeo.html
Christian Bobin / Sylvain Tesson
Pierre, /Christian Bobin
La panthère des neiges /Sylvain Tesson
Pierre, de Christian Bobin, je l'ai lu entre le 23 et le 24 décembre 2019, un an après le « voyage » de Christian Bobin, du Creusot à Sète, le 24 décembre 2018, voyage de nuit, pour apporter deux exemplaires de La nuit du cœur (consacré à l'abbatiale de Conques) à Pierre Soulages et à Colette.
Ce 24 décembre 2019, Pierre Soulages a eu 100 ans. En 2018, Bobin « improvisa » ce voyage, apparemment sans prévenir Soulages, impulsion venue du cœur, pour offrir deux exemplaires de ce livre consacré à l'abbatiale et aux vitraux.
Voyage effectif ou songe d'une nuit d'hiver, voilà un voyage signé si je puis dire, chargé de signes. Un 24 décembre, pour un anniversaire, vers les outrenoirs de Soulages, l'homme de la lumière par le noir, dans le noir, sur le noir, sous le noir. Dans un train presque sans voyageurs, dans la nuit noire. Avec les bruits à l'intérieur du train et le bruit solidien des roues sur les joints des rails, ta dak, ta dak, métronome mesurant le temps et l'espace. Avec un taxi pris à la sortie de la gare vers 22 H 30 pour monter l'auteur de cette unique escapade, de cette escapade unique vers l'impasse du Mont Saint-Clair où s'est retiré le peintre ; « ah ! vous allez voir le peintre ». Avec l'attente patiente devant la porte fermée, le domestique Mohammed étant allé prévenir ses maîtres.
Ce voyage initié par un mouvement du cœur, par l'amour, chargé de signes a-t-il confirmé ces signes venus du noir lumineux du poète de l'obscur et de la merveille ou a-t-il été aussi fournisseur de la quête de l'auteur de la part manquante, le surgissement d'une présence, surgissement inattendu, imprévu, non voulu, non préalablement désiré, défini.
Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît point. Christian Bobin est l'auteur prolixe de la mise en déroute des certitudes, des raisons, l'auteur prolixe de la dissolution du réel auquel on s'accroche ; il est l'auteur prolixe de la nécessité de l'attente, de la patience, du silence, du vide en quelque sorte d'où va surgir peut-être la présence pure engendrant l'enchantement simple. Pas de projet, pas de cheminement vers un éveil spirituel, une pleine conscience, une volonté de puissance du genre le monde est le produit de ma conscience. Ce n'est pas lui qui va vers la présence, c'est la présence qui vient à lui, s'offre à lui dans la mesure où il est disponible, ouvert sur l'Ouvert.
Comme il s'agit d'expériences intimes d'accès à des outre-mondes quasi-indicibles, il me semble qu'en aucun cas, Christian Bobin peut être un guide spirituel, un transmetteur, un passeur.
Le bon usage de Christian Bobin est d'après moi de deux sortes : savourer les bonheurs d'écriture, fulgurances, éclairs ramenés de l'au-delà et oser sa propre aventure du sur-place, de l'immobilité ; devenir l'araignée dont la toile est tissée par des fils venus d'ailleurs ou du bon usage des signes venus d'ailleurs.
La panthère des neiges de Sylvain Tesson, je l'ai lu entre le 26 et le 28 décembre, dans la foulée de Pierre, de Christian Bobin.
Passer d'un bureau, d'une maison d'ermite au cœur d'une forêt, habité par l'absolu se livrant par surprise au plateau du Chang Tang au Tibet, à des altitudes entre 4800 et 5200 m, avec des températures de - 20 à - 35°, c'est faire un sacré grand écart même si tu es installé dans un fauteuil au soleil à travers la vitre de ta chambre.
La géographie de cette région inhospitalière, pas encore colonisée par les Chinois, est propice à un voyage dans le temps. C'est une région où se sont réfugiées des espèces sauvages, pas totalement exterminées par braconniers et chasseurs. En particulier l'once, la panthère des neiges, le yak sauvage, le loup. C'est se retrouver au paléolithique et voir les effets de la révolution néolithique puisque à quelques centaines de mètres des lieux d'affût paissent des troupeaux de yaks domestiqués, gardés par des chiens domestiques et des enfants sans crainte. La révolution néolithique c'est la domestication, la hiérarchisation des dominations avec au sommet de la pyramide des prédations, le prédateur qu'est l'homme, exterminateur en 50 ans de plus de 60% des espèces. La vision qu'a Sylvain Tesson de ce monde où cohabitent paléolithique et néolithique est de source scientifique ; ce qui s'observe mais qui d'abord nous observe est le résultat de l'évolution des espèces, une évolution par sélection naturelle, loi du plus fort où tout être doit manger et finit mangé. Avec les espèces encore sauvages, on a un patrimoine génétique très stable, pur ; avec les espèces domestiques, on a des transformations génétiques acquises, devenant héréditaires et pouvant continuer à se modifier. Sylvain Tesson n'évoque pas une seule fois une autre vision de l'évolution, en train peu à peu d'émerger, l'évolution par la coopération et non par la compétition. C'est regrettable mais il sait rendre sensible ce que nous avons perdu avec la révolution néolithique. En domestiquant, nous sommes nous-mêmes devenus domestiques, soumis à des prédateurs s'attribuant des pouvoirs politiques, religieux, militaires, technologiques. La démographie galopante avec tous les effets concomitants, urbanisation, agriculture intensive, industrialisation et épuisement des ressources, pollution de l'air, des sols, de l'eau, plastification des océans, réchauffement climatique n'augure rien de bon quant aux horizons.
La géographie de cette région, faussement désertique, est propice à d'autres considérations de nature métaphysiques. Le Chang Tang, c'est l'esprit, l'écriture du Tao mais toutes les métaphysiques se sont posées la question de l'origine. À l'origine, l'unité, l'Un, une vibration première, une singularité première, un vide à potentiel infini. Une explosion libéra ce potentiel, l'inétendu s'étendit, l'ineffable se décompta, l'immuable s'articula, l'indifférencié prit des visages multiples, l'obscur s'illumina. Rupture, fin de l'Unicité. On reconnaît là le modèle du big bang, celui du vide quantique.
1° chant du Tao :
Sans nom, il représente l'origine de l'univers
Avec un nom, il représente la mère de tous les êtres
L'origine et les êtres, l'absolu et les choses.
Novalis : Nous cherchons l'absolu, nous ne trouvons que des choses (Grains de pollen)
L'affût est le mode opératoire nécessaire dans ces régions. On y va pour voir des animaux rares. Ils ne se donnent pas à voir, ils sont surgissements inattendus et voient qui veut les voir et ne sait pas qu'il est vu.
Vincent Munier prenant une photo d'un corbeau sur une arête ne se rendit compte que deux mois plus tard de la présence de la panthère des neiges derrière la crête et l'observant.
Sylvain Tesson en conclut que l'affût pourrait être un style de vie, praticable en tous lieux, à tout moment.
C'est là peut-être que Sylvain Tesson pourrait rejoindre Christian Bobin. Être à l'affût, attentif, patient sans savoir a priori ce qui va s'offrir et qu'on va peut-être voir. Mais à la pulsion scopique que je trouve prédatrice, voir absolument l'absolu, voir absolument l'unicité de ce qui se voit, absolument voir pour ensuite montrer, je préfère une autre pulsion, intime, ressentir, éprouver. Personnellement, je photographiais. Je ne photographie plus ; je filmais, je ne filme plus. Ce que j'éprouve, ressens n'est pas partageable. De même que je ne peux comprendre le monde de l'autre (plante, animal, personne), je suis mystère à moi-même et mystère pour autrui. Sauf l'exception d'une communion fortuite, subite, de coeur à coeur, une communion au travers d'un regard, d'un sourire. Sauf pour l'enfant qui a parfois accès immédiatement à l'autre. Adulte, toute contemplation, tout émerveillement est de surface, partiel sauf exception. L'accès à l'absolu nous est barré me semble-t-il, sauf exception. La Nature aime à se cacher dit Héraclite. La puissance créatrice, la source vive agissent et ne se montre que ce qui est créé.
Jean-Claude Grosse, 29 décembre 2019
La grande librairie Autour de Christian Bobin
Il sait mieux que quiconque nous donner à voir les beautés cachées de l'existence. La grande librairie vous propose une émission spéciale autour de l'écrivain Christian Bobin à l'occasion de...
Pierre Soulages - 28 Minutes | ARTE
Découvrez notre invité, l'artiste peintre Pierre Soulages. Son portrait est signé Gaël Legras.
https://www.arte.tv/fr/videos/093864-000-A/pierre-soulages-28-minutes/
La panthère des neiges - Regarder le documentaire complet | ARTE
Dans un film documentaire aux images splendides, le photographe animalier Vincent Munier et l'écrivain voyageur Sylvain Tesson invitent à contempler la nature et ses merveilles.
https://www.arte.tv/fr/videos/110234-000-A/la-panthere-des-neiges/
jusqu'au 22 janvier 2024
INTEGRALE - Sylvain Tesson - La Panthère des Neiges
Sylvain Tesson - La Panthère des Neiges Rencontre animée par Marie-Madeleine Rigopoulos Sylvain Tesson, l'immense voyageur - écrivain toujours en partance ou en chemin - sera à la Maison de la ...
Beautiful things don't ask for attention (subtitled) - The Secret Life of Walter Mitty
This video is about Beautiful things don't ask for attention
Dans les forêts de Sibérie/Sylvain Tesson - Blog de Jean-Claude Grosse
Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson Sylvain Tesson a passé près de 6 mois dans une cabane au bord du Baïkal, sur la rive occidentale, entre février et le 28 juillet 2010. Il a quitt...
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Usages du monde /JC Grosse - Blog de Jean-Claude Grosse
l'affût comme style de vie, les usages du monde selon Sylvain Tesson et Vincent Munier, l'ouverture à la Présence surgissante, inattendue pour Christian Bobin La lecture passionnante et attentiv...
http://les4saisons.over-blog.com/2019/12/usages-du-monde/jc-grosse.html
L'autre visage / Christian Bobin
la merveille et l'obscur / Christian Bobin - Blog de Jean-Claude Grosse
documentaire de 2006, rendu public en jannvier 2023 N° d'avril 2023 de la Revue des deux mondes cadeau CHRISTIAN BOBIN (décédé le 22 novembre 2022) Dernière conversation en Saône-et-Loire pro...
https://les4saisons.over-blog.com/2019/07/la-merveille-et-l-obscur/christian-bobin.html
article encyclopédique sur Bobin
L'autre visage
Le huitième jour de la semaine
L'enchantement simple
Christian Bobin
chez Lettres vives
3 petits livres, petit format, qu'il m'a fallu découper car vendus non massicotés. C'était il y a longtemps, années 1986-1991. Soulignés évidemment. J'ai retrouvé des formules faites miennes, matrices à aphorismes, sentences pour soi-même. Dans Le huitième jour de la semaine : Être éloigné de toute maîtrise comme de toute servitude qui engendre vivant la vie sans hurler à la mort ni aboyer à la lune. D'où le poème Élévation (qui a un air très Bobin)
à André Comte-Sponville
pour le Traité du désespoir et de la béatitude
Élévation
Un jour enfin nous marcherons
le long des rivages tant désirés
héritiers insatisfaits d’un passé loin des côtes
étonnés de nous retrouver face au grand Océan
Avec la montée sur les falaises
nous abandonnerons de vieilles peurs de vieux espoirs
Tu auras renoncé à remonter aux grandes houles de tes origines à affronter les fables délicieuses de ta généalogie
J’aurai renoncé aux nostalgies de paradis et d’âges d’or
éloigné de toute maîtrise comme de toute servitude
vivant la vie sans hurler à la mort ni aboyer à la lune
Ce sera si simple de prendre
nus un bain d’écumes le matin
Nos corps se dilateront
Notre âme s’enchantera
Quand nous reviendrons au bord
des sourires ensoleillés s’échangeront
Étourdis nous nous découvrirons aimants
En raison nous nous voudrons parfaits amants
donneurs de voix à des enfants de papier
ouvreurs de voies à nos enfants de chair
jusqu’à épuisement de nos jours et de nos nuits
(La Parole éprouvée, p.81, dédié à André Comte-Sponville mais qui aurait pu l'être à Christian Bobin)
ou "c'est dans l'épuisement que l'on augmente ses forces; c'est dans l'abandon que l'on devient prince et dans l'éclat de mourir que l'on découvre ce plus noble éclat de l'amour"
Relus en 2019, ces 3 petits livres ont un effet profondément rafraîchissant. Je peux mesurer la distance entre ce que je suis devenu, façonné par la vie et par un travail conscient sur moi (sans doute aussi inconscient) avec ce que je fus.
L'enchantement simple comme Le huitième jour de la semaine sont sous l'influence de l'enfant, une petite fille de 6 ans, Hélène, dont Christian Bobin accompagne, à moins que ce ne soit l'inverse, quelques moments. Le regard porté par Bobin sur une enfant a pour lui et pour nous peut-être valeur universelle, c'est un regard sur l'enfance : Devenir adulte, c'est oublier ce que l'on ne peut s'empêcher de savoir et dans quoi l'enfant - parce que la force lui est donnée avec sa faiblesse - passe ses heures : le désarroi des mots, la carence des amours et la lente corruption des rêves, soumis à tous les vents. Cette annonciation faite à l'enfant, peu importe où et quand elle se produit. Elle advient et cela suffit. Un peu plus tôt, un peu plus tard...p.38 , le huitième jour. Dans L'enchantement simple, le 2° essai L'ennui léger d'une petite fille dans deux mille ans d'histoire. Pour Bobin, nous avons tout à apprendre de l'enfance, nous n'avons rien à apprendre aux enfants, la vie c'est comme Hélène la vit, la mort, ce sont tous les mots pour parler de la vie, l'obscurcir et ne pas vivre ce qu'avait bien noté Pascal :
« Ainsi nous ne vivons jamais mais nous espérons de vivre »
L'autre visage, 57 petites pages, un apologue justement ou injustement appelé ainsi permettant de mesurer la distance entre eux et nous, entre soi et soi, soi d'hier et soi d'aujourd'hui, entre soi social et soi intime, la distance entre ce qu'on affiche et ce qu'on pourrait être mais voilà, parcimonie du désir, étroitesse du rêve font qu'oiseau jamais on ne sera, qu'ange non plus car nous n'avons pas leur très grand naturel.
Tout est écrit à partir d'eux : chez nous (eux donc), on cache son visage, chez nous (eux donc) le mot amour ne se dit pas, chez nous pas de prison, chez nous, peu, très peu d'Histoire, chez nous pas de sagesse pas de folie, légèreté est notre loi, chez nous pas de bien pas de mal, chez nous pas de montre ni d'horloge, la vérité chez vous est, et maintenant
Quel est donc ce peuple, qui sont donc ces gens qui savent si bien nous donner l'envie de vivre ainsi dans la joie, l'attente, le silence, la solitude, l'amour, la vie, la mort et qui acceptent maintenant de disparaître parce qu'ils voient bien dans nos yeux, la nouvelle de leur mort, parce qu'ils voient bien frémir sur nos lèvres, l'annonce de leur mise à mort car nous arrivons, nous les millions et milliards avec le désir, l'or et l'envie. Et personne ne peut résister à ça.
Comment vit-on chez ces gens-là ?
Chez nous on cache son visage. Le corps, pas d’importance. Le corps va nu sous le soleil, le blond soleil qui brûle le jour, qui brûle la nuit. Car chez nous il n’y a pas de nuit. Ce qu’on appelle la nuit c’est pas commodité, quand l’amour vient aux amoureux, quand deux corps se serrent l’un contre l’autre comme deux épis de blé sous le même vent. Quand deux amants mélangent leurs jambes, on dit qu’ils font la nuit. Une nuit privée, une petite nuit de rien du tout pour deux personnes, deux corps légers sous le soleil. Même quand ils font la nuit, les amants ne se montrent pas le visage. Interdit. Intouchable. Impensable.
Quand l'un d'entre nous est atteint de langueur, il va chez son ami, c'est-à-dire chez le premier venu car tous ici sont frères et sœurs. Il emmène avec lui une paille de chaise. Il s'assied à côté de son frère ou de sa sœur, il reste là sans dire un mot, le temps d'un jour, le temps d'une nuit, le temps d'un soleil et puis d'un autre soleil, jusqu'à ce que la langueur s'en soit allée de lui. Alors, il se lève, ramasse sa chaise de paille et s'en retourne à ses affaires.
Inutile de citer plus, 57 petites pages, de petit format pour une vie simple qui sait que ce qui nous connaît mieux que notre mère, c'est la mort, qui sait que le vent vient d'un livre ancien qu'on a oublié de refermer...
à Corsavy, le 27 août 2019, JCG
Christian BOBIN - L'enchantement simple
Voici un extrait du livre "L'enchantement simple", de Christian BOBIN... *** Belle écoute à vous, Lily K.
émission Noms de Dieux
La poésie comme chemin spirituel avec Christian Bobin
France Culture, Les Racines du Ciel par Frédéric Lenoir, émission du 3 novembre 2009 - réalisée par Véronique Villa.
Aldebert - La vie c'est quoi ? (Clip officiel)
Découvrez le nouveau clip animé d'Aldebert 'La vie c'est quoi ?' Extrait de l'album "Enfantillages 3" disponible ici : https://GAldebert.lnk.to/Enfantillages3ID Réalisateurs : Alexis MAGAND/ Yan...
Aldebert avec Claire Keim - Les amoureux (Clip officiel)
Aldebert -- Les amoureux en duo avec Claire Keim (Clip officiel) Inspiré des illustrations de Simon Moreau Réalisation : François Dufour et Jeff Le Bars pour Cube Creative Productions Nouvelle ...
François d'Assise / Bobin / Delteil
une fontaine-source sur la route de Léca à Corsavy, comme un autel naturel, comme un temple naturel, lieu à contempler, source pour se désaltérer sachant que toute contemplation ne s'épuise pas, laisse échapper peut-être l'essentiel, ce qui est derrière et au fondement; 2 des 28 fresques réalisées par Giotto
Deux François d'Assise
Joseph Delteil (1960)
Christian Bobin (1992)
J'avais été alerté de l'existence de Christian Bobin par André Comte-Sponville (sans doute dans le Traité du désespoir et de la béatitude).
(Je tiens Christian Bobin pour le plus grand écrivain de sa génération, qui est aussi la mienne. Le plus doué, le plus original, le plus libre – à l’écart des modes, à l’écart de tout –, mais aussi le plus émouvant, le plus juste (au double sens de la justesse et de la justice : comme on chante juste, comme on juge juste), l’un des rares qui nous aident à vivre, qui nous éclairent, qui nous élèvent, et parmi ceux-là sans doute le plus purement poète – c’est pourquoi il réussit moins dans les romans –, mais aussi le plus fraternel, le plus simple, le plus léger, au bon sens du terme (« sans rien qui pèse ou qui pose », dirait Verlaine), enfin le seul, je crois bien, qui m’importe absolument.
Je ne dis pas cela parce que je suis son ami. C’est l’inverse qui s’est passé : je suis devenu son ami, lentement, progressivement, et ce n’est pas fini, parce que je le tenais, en France, pour le plus grand écrivain de notre génération, et qu’il m’importait de le connaître aussi de l’autre côté, je veux dire là où les livres ne vont pas, et d’où ils viennent. Je l’ai découvert par hasard. Une amie libraire m’avait offert un de ses livres, il y a une dizaine d’années, quand il était inconnu, et je sus alors, le lisant (c’était Le Huitième Jour de la semaine), ce que c’est qu’un chef-d’œuvre : un livre qui suffit à justifier qu’on ait vécu jusque-là, pour l’attendre, pour le découvrir, et cela valait la peine, oui, ou plutôt cela valait le plaisir, le bouleversant plaisir d’admirer – enfin ! – un contemporain.
Il ne ressemble pas à ses livres. Il est plus gai qu’eux, plus physique, plus charnel. Il aime manger et boire, fumer et rire… On aimerait parfois que ses livres lui ressemblent davantage. Il m’arrive de les trouver trop beaux, trop lumineux, trop purs. Un peu d’angélisme le menace parfois. Mais quelle vérité, le plus souvent, quelle profondeur, quelle force ! Il écrit au plus près du silence, au plus près de la solitude, au plus près de la mort, et c’est ce qui le fait tellement vivant, tellement bouleversant de grâce et de fragilité.
Il m’a fait un cadeau, un jour, sans le vouloir, et dans cet entretien même que reprend Psychologies : il a prêté à Eluard le titre d’un de mes livres – L’Amour la solitude –, et cela, quand je le lui signalai, nous fit rire tous les deux. Il est vrai que j’avais moi-même emprunté la moitié de mon titre à un recueil d’Eluard – L’Amour la poésie –, et que sa confusion, qui me flatte, n’en est ainsi une qu’à demi… Cela m’éclaire en retour : j’aime Bobin comme j’aime Eluard, pour cette clarté fraternelle, comme un sourire qui ne ment pas.) André Comte-Sponville
Les livres de Christian Bobin que j'ai lus en premier ont tous été édités par de petits éditeurs. Puis Gallimard a publié Le Très-Bas, un succès confirmé par les succès qui ont suivi les parutions régulières chez Gallimard et quelquefois, parutions dans de petites maisons. Changement de statut de l'auteur, d'abord bien accueilli par la critique (puisqu'il est l'auteur de lecteurs avertis) puis rangé au rang des écrivains à succès pour large public (pour accéder au grand public, il faut du savoir-faire, du savoir-dire et savoir le dire).
Avec Le Très-Bas, on est au moment de la bascule quant à la réception de Bobin, schisme entre critiques et publics. Peut-être aussi pour l'auteur, passage à une posture et en littérature, ça peut s'appeler une imposture quand il est difficile de parier sur la sincérité, l'authenticité du formulateur de paroles inouïes. Le poète de la solitude comme grâce plus que comme malédiction semble moins solitaire qu'il n'en a l'air ; poète disparaissant derrière sa parole pour qu'elle devienne nôtre, il écrit plus de 60 ouvrages remplis de formules que beaucoup s'approprient pour leur cheminement personnel, spirituel ; sans vouloir être guide, gourou, ne se met-il pas dans cette position par son abondante production ?
Le Très-Bas se veut un récit peu (voire non) documenté sur François d'Assise. Peu de références aux textes de et sur François, aux récits de la vie de François. François est un enfant puis un adolescent puis un guerrier. La trajectoire de François est décrite à la fois dans son temps et en comparaison avec notre temps. Enfants du 13° siècle, enfants du 20° siècle. Pauvres et puissants du 13° siècle, pauvres et puissants du 20° siècle.
N'émerge pas la conscience écologique – la collapsologie n'a pas encore fait son apparition. Le livre Effondrement de Jared Diamond n'est paru qu'en 2005. Depuis le succès des livres de Pablo Servigne et d'autres, la question de l'effondrement de la planète par épuisement, empoisonnement, pollution, prédation, catastrophes diverses, dérèglement climatique, celle de la disparition de l'humanité par famines, pandémies, migrations, guerres, faillites, crises boursières sont au cœur des préoccupations (mais pas des actions tant individuelles que collectives).
Christian Bobin n'en est pas là dans Le Très-Bas mais avec François s'expose tout de même une alternative à l'esprit de possession. Le respect, l'amour de tout ce qui vit est avant l'heure, une écologie intégrale incluant une dimension spirituelle et des passages à l'acte, quand il se dépouille de ses vêtements lors du procès public que lui fait son père et qu'il part, renonçant à être le fils de son père parce qu'il est le fils d'un autre Père, universel celui-là, un Père d'Amour inconditionnel pour toute la création, quand il serre dans ses bras et embrasse sur la bouche ce qui lui fait le plus peur, le lépreux, quand il choisit la liberté par un nouveau rapport à la vie, pour la vivre la vie, ne vivre que la vie, toute la vie, en changeant radicalement de vie, en rejetant la vie formatée depuis la naissance jusqu'à la mort avec ses étapes. François opte pour la cabane, la hutte, le sac de bure, la corde pour ceinture, le bâton de pèlerin ou de vagabond, l'aumône, la grappille, le glanage.
L'ordre qu'il crée se veut pauvre, humble, pas d'études, de livres, d'argent, de maison. François est homme à prendre au pied de la lettre, une parole (il n'est pas de ceux qui au nom de l'esprit d'un texte, le détourne de son vrai sens par leurs interprétations, lui prend à la lettre): Va et répare ma maison qui tombe en ruine. Il croit que la maison c'est l'église de pierre et le voilà réparateur d'édifices. Fausse route. La vraie route, il la trouvera sur les chemins et sentiers, dans les forêts, dans les champs, aimant d'amour d'enfant tout ce qui se présente, invitant à l'amour tous ceux qui se présentent. Ça ne fait pas un enseignement. L'amour, ça se dit, je t'aime, je te loue, je te remercie d'exister tel, et ce n'est guère original, mais c'est vrai, c'est agissant. L'amour est plénitude du manque, ça semble paradoxal, incompréhensible mais ce qui est impossible à comprendre est tellement simple à vivre.
La règle de vie de l'ordre religieux qu'il a créé sans le vouloir mais que des intrigants détournent de ses fondements est simple : jubilation de l'âme, insouciance du lendemain, attention pleine à toutes vies. Jouissance de ne tenir à rien, merveille de toutes présences. Il écrit vers la fin son Cantique du soleil où il loue la terre et tout ce qui y vit, le soleil qui fait tout vivre. Après plusieurs semaines de silence, il rajoute Loué sois-tu pour notre sœur la mort. Il a bouclé la boucle, aimer toute la vie, incluant la sœur la mort et ainsi rejoindre la vie éternelle, éternellement recommencée, ressuscitée. Le samedi 3 octobre 1226, il ferme lentement les yeux comme sous le charme d'une pensée profonde, si profonde qu'il en retient son souffle.
François est-il un modèle possible de radicalité pour notre époque ? En suivant la règle de vie de François, la vie pauvre, la vie faible, en étant des millions à vivre dans les forêts, dans les campagnes, mettra-t-on à bas le système prédateur qui s'appelle capitalisme et qui se met en place déjà au temps de François ? François est-il un SDF ne se souciant pas du lendemain, est-il un zadiste quasi-autosuffisant, est-il un migrant par choix au gré des territoires résilients à futur désirable, un pèlerin du refus de la consommation, un décroissant, un colibri faisant sa part et se satisfaisant de sobriété heureuse ? On est tenté de dire OUI
OUI MAIS
Un auteur italien, Giacomo Todeschini, s’est préoccupé des conceptions économiques élaborées par des Franciscains soucieux de conjuguer les affirmations du Poverello avec la situation économique des cités italiennes au Moyen Âge. L’ouvrage de Giacomo Todeschini a rencontré un écho certain en France. Voici quelques citations relevées dans la presse française. «Pauvreté, marginalité, richesse : tels sont les débats qui, dès la fin du XIIe siècle, agitent les cités italiennes et, bientôt, les grands centres urbains de la chrétienté. Au cours du Moyen Âge naissent en Occident la question sociale et les théories économiques. (Jean‐Michel de Montremy, «François d’Assise en inventeur du capitalisme», Le Journal du dimanche, 21 décembre 2008). «Parmi les grandes figures du Moyen Âge, François d’Assise (1182‐ 1226) est assurément l’une des plus vivantes aujourd’hui. Le marchand devenu ermite charismatique, qui fit de la pauvreté une valeur cruciale de la communauté, inspire autant la pensée sociologique que la scène théâtrale.[...] Tout le propos du livre de Giacomo Todeschini est de montrer comment, à partir de réflexions sur la pauvreté, la pensée franciscaine a contribué à façonner le langage et les pratiques économiques de l’époque, en particulier à propos du marché.»
extrait de l'essai de Gérard Poulouin, Le Très-Bas, un livre de pauvre, université de Caen : voir le PDF ci-dessous
Une évidence: pour être un pauvre, un mendiant, un décroissant ne faut-il pas aussi des gens qui donnent, des gens qui possèdent et qui se délestent, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie comme François, peu importe leurs motivations, "mes" pauvres, solidarité spontanée, solidarité organisée, associative, étatique. Peut-être le tiers-ordre de François suppose des formules comme le revenu universel de base, le salaire à vie.
Jean-Claude Grosse, dimanche 4 août 2019, avant l'abolition de mes privilèges
J'ai abordé Joseph Delteil, j'avais 24 ans, avec son roman Sur le fleuve Amour. Une secousse. Je dois mon attachement à la Sibérie en partie à ce roman.
François d'Assise, je l'ai abordé d'abord par un spectacle que j'ai fait venir deux fois à la Maison des Comoni au Revest, adaptation et mise en scène Adel Hakim, jeu habité Robert Bouvier. Créé en 1994, j'ai dû accueillir le spectacle en 1995 et 1996. Public ravi. Le Très-Bas était paru deux ans avant. Il n'aurait pas donné à mon avis ce spectacle jubilatoire qui tourne encore 25 ans après, avec le même acteur habité, Robert Bouvier, Adel Hakim ayant quitté ce monde le 29 août 2017 après avoir laissé une lettre particulièrement émouvante, Libre adieu.
La préface au texte (écrit en 1959, paru en 1960 et republié dans les Oeuvres complètes en 1984) est significative du projet de Joseph Delteil : Ensainter les hommes.
Un saint qui « ensainte les hommes »
Je suis chrétien, voyez mes ailes.
Je suis païen, voyez mon cul.
« J’ai appelé ce texte François d’Assise et non pas Saint François. Vous remarquerez que je tiens à cette nuance. Je prétends toujours que tout homme, s’il le veut, peut devenir François d’Assise, sans être saint le moins du monde. J’imagine très bien un François d’Assise laïque et même athée, ce qui importe, c’est l’état d’esprit « françoisier » et non pas sa place réservée sur un fauteuil doré dans le paradis. Il faut un saint « utilitaire », un saint qui « ensainte » les hommes. Nous vivons une époque cruciale de l’Histoire, c’est un véritable match entre l’histoire et la nature.D’un côté une redoutable accélération industrielle, une montée en flèche de la civilisation atomique et de l’autre une fragile levée de sève ça et là dans le vaste monde, un appétit soudain de grand air, de soleil. L’humanité bureaucratique, métallique, aspire de nouveau à sa chair, elle veut se dénuder, prendre la clé des champs. François est de notre époque, il porte notre étendard. Ce qu’il rejette, en rejetant les grosses bâtisses de son temps, c’est les gratte-ciel d’aujourd’hui, ce qu’il bafoue en chantant la sainte ignorance, c’est notre froide intellectualité. Tout cela annonce un vaste mouvement de reconquête de la nature « à la françoise ». La civilisation moderne, voilà l’ennemi. C’est l’ère de la caricature, le triomphe de l’artifice, tout est falsifié, truqué, pollué. La nature est dénaturée. Voyez ces paysages métallurgiques, l’atmosphère des villes corrompues, les oiseaux infectés d’insecticides, les poissons empoisonnés par les déchets nucléaires, la levée des substances cancérigènes, partout la vitesse hallucinante, le tintamarre infernal, le grand affolement des nerfs, des cœurs, des âmes...Je ne m’adresse pas seulement au catholique mais à l’honnête homme de toute race et de toute religion : chrétiens, agnostiques, communistes, athées, blancs, rouges, afro-asiatiques, etc. Tout homme peut être franciscain, peut-être « françoisier », sans croire à la sainteté de François. Drôle de saint, dites-vous. J’avoue en tout cas que j’ai écrit ce texte dans une folle émotion tantôt criant de joie, tantôt ruisselant de larmes. Je crois au panthéisme, à cette respiration du corps accordée à celle du cosmos, cette foi, bras écartés, aux dimensions de Grand Tout. S’unir à la nature et à la divinité, c’est accroître le sens de l’homme jusqu’à l’absolu. Se fondre et s’incorporer dans l’univers, c’est devenir soi-même l’univers. »
Joseph Delteil
Cette préface de 1960 a sans que le mot soit employé un fort contenu écologique et Delteil veut que nous devenions des « françoisiers », unis à la nature et à la divinité.
Fréquentant le Vallespir depuis l'été 1965, accroc au Banquet du Livre de Lagrasse où je suis allé plusieurs années d'affilée (durée entre 3 et 5 jours), profitant du pays cathare, visitant le village du livre de Montolieu, le lac du Lampy, les rigoles de Riquet, le canal du midi, je ne pouvais pas ne pas chercher quelques traces de Joseph Delteil. Outre une bouteille de vin étiquetée Joseph Delteil, précieusement gardée, je suis allé sur place, à La deltheillerie, (avec h), titre de son dernier livre (1968), la tuilerie de Massane à Grabels aux portes de Montpellier, dans un état d'abandon qui mobilise des amis de Delteil.
C'est donc à Corsavy que se trouvent les œuvres de Joseph Delteil. C'est là que j'ai lu et relu à 25 ans d'intervalle ce texte. Joseph Delteil est partie prenante du texte en tant que Je, en tant que Nous. De toute évidence, il s'est documenté. Il connaît bien son François, il s'identifie à lui comme François s'identifie au Christ. L'innocence de François s'exprime dans des inventions verbales tautologiques, les pigeons pigeonnent, les pinsons pinsonnent, les mouches mouscaillent, les fleuves vont fleuvant, les feuilles feuillant; cela donne un texte fluide, jubilatoire, jaculatoire qui donne envie de françoiser, de faire la révolution à la françoise. François est homme à prendre au pied de la lettre, les paroles d'évangile. N'est-ce pas ce que veut dire cette expression, une parole d'évangile ne peut être remise en question, c'est une parole indiscutable, une vérité absolue. Donc quand à la Portiuncule, il entend l'évangile selon saint Matthieu, XIX, 21 et qu'il fait répéter au prêtre ce qu'il lit, celui-ci insistant sur l'esprit de l'évangile, François répliquant à la lettre, l'évangile, le prêtre lui demandant quand il s'en va : où vas-tu ? Prêcher l'évangile, lui répond vivre l'évangile ! Vivre l'évangile ! Quelles paroles entre autres a -t-il retenu ?
Allez libres et sans souci, sans rien emporter avec vous, ni or ni argent ni aucune espèce de monnaie, ni valise, ni linge, une seule tunique et pas deux, ni chaussures, ni bâton.
Comment François en est-il arrivé à vivre à la lettre ces paroles d'une simplicité extrême ? Le texte comprend 10 chapitres dont plusieurs de Découverte, découverte de la terre, découverte de l'homme, découverte de la liberté, découverte de l'évangile. Des chemins de découverte à commencer par la terre charnelle, nourricière. Rien à voir avec l'émerveillement devant la beauté mais l'absorption quasi-physique de la viridité de la nature, la nature c'est du vert, à foison. François quand il parle de frère, de soeur ne joue pas à humaniser ce qui l'entoure. Par ses chants spontanés, ses rires, son hilarité naïve, il s'identifie à frère oiseau, à frère loup, à soeur neige. À partir de ces découvertes successives, la vraie vie, les françoisiers car bientôt, ils sont une bande à suivre François, vivent d'amour et d'eau fraîche, prennent la clé des champs, ils ne se soucient pas du lendemain comme les oiseaux du ciel et parce que le Pater dit Donnez-nous aujourd'hui (deux fois) notre pain quotidien. C'est le chapitre le plus long, le plus exaltant pour aujourd'hui et qui s'achève par le nombre de françoisiers, la grande armée des franciscains en 1960, plus de 3,5 millions, tous niveaux confondus. Vient le chapitre sur le pur amour, sur les deux femmes dans la vie de François, Claire, la spirituelle, son imitatrice, fondatrice des Clarisses et Jacqueline Frangipani, frère Jacqueline, la femme à tout faire, qui élabore la frangipane.
François est évidemment trahi, détourné par des membres de son Tiers-Ordre (comme surgira plus tard un Tiers-État) dont la règle est : simplicité de vie, pauvreté d'esprit, non violence, interdiction du serment, interdiction de porter les armes. C'est le temps de La passion. Car en même temps qu'il est trahi, que la règle est écartée, le pape s'en mêle, pas question que le concentrisme de François (une fraternité par cercles concentriques de plus en plus larges, de plus en plus universels : les hommes, les femmes, les enfants, les animaux, les plantes, les eaux, les vents, les nuages, le soleil, les saisons, la vie sous toute forme et la mort - il l'intègrera à la fin de son Cantique du soleil, ma sœur, la mort) vienne mettre en cause la vision hiérarchique de l'église. François se soumettra hé bien faites ce qu'il vous plaît mais lui sera pèlerin, donc seulement de passage dans les églises où l'on doit obéissance, il sera le dernier franciscain, le premier franciscain. C'est le retrait dans la montagne, les 40 jours de jeûne dans le maquis de Dieu, les stigmates.
Le dixième chapitre s'intitule À Dieu qui est aussi l'adieu de François par le célèbre Cantique du soleil, qui est aussi ce que Delteil appelle la bataille du cadavre. Qui va accueillir ce saint avec tout le commerce à en faire ? Delteil est scandalisé par ce qui a été fait du pauvre corps de François au mépris de ce qu'il voulait, mort il est devenu la proie des hommes cupides d'église et des marchands. Il dit Nous voulons libérer saint François. C'est juré ! C'est notre Pacte ! Un beau jour, un de ces quatre matins...
Un tremblement de terre en 1832 rasa Sainte-Marie des Anges, la somptueuse basilique qui enserrait la Portiuncule de saint François. Un autre tremblement de terre en 1996 remit à terre la basilique reconstruite.
Cela n'a pas suffi à libérer François. C'est notre travail, notre pacte. Car le libérer, c'est nous libérer, individuellement, par travail sur soi et choix d'une métaphysique (naturaliste à la Marcel Conche, spiritualiste) et collectivement (là, il suffit de voir l'état du monde, capitalisme ultra-libéral mondialisé où le pouvoir politique est au service des oligarchies, capitalisme d'état des ex-pays "communistes" où le pouvoir politique contrôle les oligarques, pour se dire prudence, méfiance, quelle solution ?, révolution mondiale ?, création d'une multiplicité d'îlots ?, avec, sans parti...) conscients que tout mouvement de libération est à un moment donné, dévié, récupéré, transformé en son contraire (toujours l'homme est à découvrir).
Jean-Claude Grosse, lundi 5 août 2019, après l'abolition de mes privilèges
http://croire.com/Definitions/Vie-chretienne/Saint-Francois-d-Assise Né en 1181 à Assise, mort en 1226, François a épousé une vie radicalement pauvre mais jo...
magnifique présentation de François d'Assise
Oratorio de FRANÇOIS DES OISEAUX...
Extraits de l'Oratorio de Michel Garnier, présenté le 2 décembre 2011 à l'Église de la Madeleine à Paris. © Montage vidéo de Marie-Johanne C. Meurois 22 mars...
Le Cantique de Frère Soleil de Saint François
Retrouvez l'intégralité de la célèbre prière de Saint François, nous invitant à rendre grâce à Dieu pour la beauté et la grandeur de la création, accompagnée...
Cie du Passage - François d'Assise - (création 1994) - extraits
d'après Joseph Delteil mise en scène Adel Hakim adaptation Adel Hakim, Robert Bouvier avec Robert Bouvier scénographie Yves Collet en collaboration avec Michel Bruguière lumières Ludovic Buter...
spectacle accueilli deux fois à la Maison des Comoni
Libre Adieu, la lettre d'adieu d'Adel Hakim
LIBRE ADIEU Adel Hakim Ivry sur Seine, 15 août 2017 En 1975 la France rend légale l'interruption volontaire de grossesse. En 1981 la France proclame l'abolition de la peine de mort. En 2013 la ...
https://sceneweb.fr/libre-adieu-la-lettre-dadieu-dadel-hakim/
Transformer, transfigurer du vendredi 2 août au vendredi 9 août inclus 2019 Le monde semble à l'étroit dans les frontières que lui assignent depuis des siècles nature, culture, droit et usage...
Joseph Delteil état des lieux (40 ans après) - Les Vendangeurs littéraires
Joseph Delteil (1894-1978). Né un 20 avril à Villar-en-Val dans l'Aude, mort un 12 avril, il y a exactement 40 ans. Il est enterré à Pieusse, le village de son enfance près de Limoux, où repo...
http://vendangeslitteraires.overblog.com/2018/04/joseph-delteil-etat-des-lieux-40-ans-apres.html
A la Deltheillerie après Delteil - Les Vendangeurs littéraires
" Donc il y avait là-bas dans les garrigues de Montpellier une espèce de vieille métairie à vins, à lavandes et à kermès, a demi abandonnée, et dont j'ai fait une oasis dans le désert, un ...
http://vendangeslitteraires.overblog.com/2014/05/retour-a-la-deltheillerie.html
Sur le fleuve Delteil - Les Vendangeurs littéraires
Le visage "innocent" de Joseph Delteil pris sur le vif à la Galaube en juillet 1972 par le photographe Pierre Calmettes. Joseph Delteil est né le 20 avril 1894 à Villar-en-Val dans l'Aude, il y ...
http://vendangeslitteraires.overblog.com/2014/04/sur-le-fleuve-delteil.html