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Blog de Jean-Claude Grosse

en attendant je pleure

7 Juillet 2021 , Rédigé par grossel Publié dans #pour toujours, #écriture, #FINS DE PARTIES

dibujodos par Lucy Pereyra, artiste colombienne

dibujodos par Lucy Pereyra, artiste colombienne

mardi 6 juillet 2021, nous fûmes 3 dans un appartement de Saint-Denis, vers 21 H 30, à être cueilli par la présentation de sortie de résidence au Begat Theater à Gréoux-les-Bains de Katia Ponomareva (la fille qui adore son père et réciproquement) et son équipe

 
lecture du texte et présentation d’un teaser de en attendant je pleure
un texte essentiel d’après moi sur la vie, la mort à partir de donner la vie, du désir de donner la vie
 
donner la vie, c’est la survie de l’espèce, c’est très banal, très courant, très fréquent, très normal, on n’y prête pas attention, on voit des ventres arrondis, des accouchements sans douleur, des accouchements préparés, accompagnés, des naissances enchantées, des péridurales, des césariennes, du forceps…
avec son humour d’empereur, Napoléon avait dit après une bataille particulièrement meurtrière une nuit de Paris suffira à repeupler tout cela
 
et voilà un texte qui nous met le nez dessus, dedans, le pipi, le caca, le sang, la perte des eaux…
 
- donner la vie c’est aussi donner la mort puisque ce vivant nouveau-né est mortel, putain de souffle du début, putain de souffle de la fin 
- et porter une vie, c’est parfois, c’est souvent très compliqué, un vrai parcours de combattante, fausse couche, mère mourant en couche, stérilité provisoire, incompatibilité, PMA, enceinte avec déni de grossesse, anorexique en sainte, obèse enceinte…
- et porter une vie, c’est peut-être trimballer des vies antérieures, être inscrite consciemment mais surtout inconsciemment dans de l’héritage familial, de l’héritage sociétal, du karmique comme on dit, de la répétition
 
écriture au scalpel, rien ne nous est épargné, 
ou tu restes ou tu sors
 
et c’est une histoire qui nous est racontée, qui nous met en contact immédiat avec des ressentis 
(pas des idées, des pensées, 
mais du corps, du corps à corps, du corps à coeur parce que la combattante a le coeur bien accroché pour vivre ce qu’elle vit, les efforts pour transmettre la vie au risque de la vie et sans trop bien savoir, comprendre ce qui se passe  parce que transmettre la vie ce n’est pas passer comme une lettre à la poste; 
bien que ce soit sous contrôle médical, « scientifique », il y a tellement d’aléas, de mystère; 
toute naissance est un miracle malgré les docteurs, grâce aussi à leur accompagnement, souvent malveillant (le pouvoir du pseudo-savoir), parfois bienveillant (l’humilité de l’ignorant)
il y a celles pour qui c’est sans problème et celles pour qui c’est compliqué)
 
j'en arrive à me demander si ce n'est pas l'enfant qui choisit ses parents, sa mère, sa porteuse, lui étant soit un enfant intérieur blessé, soit un enfant solaire, divin
 
l’image de la femme en noir portant sa charge de mannequins blanc sur le dos, sur une sente de colline forestière, filmée de dos
l’image de la femme remontant le courant du Verdon et s’y noyant, toujours filmée de dos (montrer son dos, le contraire du face public si narcissique; comment m’avez-vous trouvé ?)
l’image de la femme immergée dans la piscine, de dos en corps 
l’eau, l’eau du ventre-mère, du ventre-mer
l’image du tracteur sans chauffeur traversant si lentement (à la Angelopoulos) un champ de lavande, avec sa charge de cadavres blanc
c’est de l’épure, du symbole, du ressenti, de l’immédiat 
(ça fait tilt ou pas) 
ce n’est surtout pas du mental, de la rationalisation, de la philosophie 
 
merci pour ce grand moment (durée 15’ à 20' de texte, 5’ de teaser) qui m’a fait être-devenir femme en sainte, être-devenir femme dans sa spécifié, sa singularité de porteuse; 
texte et teaser invitant à de l'hyper-empathie, un moment intense de présence au moment présent
comme constate Françoise Héritier ce n’est pas parce que les femmes font des enfants qu’elles sont mises en tutelle, mais parce qu’elles font des fils !
 
après viendra et puis, j’ai souri
on s’attend à de la résilience, à de la renaissance après la sidération
j’attends l’apparition de chats, les vrais maîtres zen comme le constate Eckhart Tolle dans le pouvoir du moment présent
 
en aparté, je pense au désintérêt de certains professionnels pour ce travail
c’est donc qu’il est nécessaire (sauf exception, la création-le créateur n’est pas reconnu; ça ne passe pas par l’institution; tout le monde le sait; on a donc des repères pour reconnaître les créateurs; 
on préfère ce qui fait consensucemoibienlenoeud dans les goûts dominants; 
un créateur, c’est un univers, une langue, un style reconnaissables entre tout)
c’est le cas de Katia; ces vidéos le révèlent
 
je me dis que ces professionnels ne méritent pas ce travail, cette oeuvre en gestation depuis 8 ans
(je refuse le mot spectacle)
j’aime ces gens qui se mutilent eux-mêmes par fermeture d’esprit et surtout de coeur en toute inconscience et inconsistance; 
je les vois dans leur enfer, passant à côté de tant de choses vraies, de tant de vies possibles
 
le travail de Katia Ponomareva fera son chemin comme il le fera
il se montrera sans le miroir déformant et formatant de la profession
vive la création indocile, mue par sa seule nécessité vitale
 
JCG
3 livres illustrés sur les chats de sagesse et le chat Socrate, sculpture de Michel Gloaguen
3 livres illustrés sur les chats de sagesse et le chat Socrate, sculpture de Michel Gloaguen
3 livres illustrés sur les chats de sagesse et le chat Socrate, sculpture de Michel Gloaguen
3 livres illustrés sur les chats de sagesse et le chat Socrate, sculpture de Michel Gloaguen
3 livres illustrés sur les chats de sagesse et le chat Socrate, sculpture de Michel Gloaguen
3 livres illustrés sur les chats de sagesse et le chat Socrate, sculpture de Michel Gloaguen

3 livres illustrés sur les chats de sagesse et le chat Socrate, sculpture de Michel Gloaguen

esquisse de Et puis après j’ai souri qui viendra après en attendant je pleure  
Et puis après j'ai souri [A Nouveau, fragments 5], l’esquisse 
Un projet conçu et réalisé par Katia Ponomareva dans le cadre du Master Pro Mise en scène et Dramaturgie de Paris X - Nanterre, présenté au Théâtre Bernard-Marie Koltès, le 25 Juin 2015
6 ans déjà
j’étais à cette présentation du 25 juin 2015 en présence d’un jury de professionnels de haut vol, mention TB avec une note supérieure à 18
6 ans après, toujours pas de producteurs ou co-producteurs
deux ascensions en 4 et 5
une traversée horizontale déjà à la Angelopoulos en 6°position
et la séquence sonore en 3° position maman, maman particulièrement touchante pour moi
découvrez un univers, une langue, un style
 
et ce texte de Cyril
Hier, dans ma voiture, une amie Hongroise que je connais depuis deux ans, m’a raconté la mort de sa grand-mère. Le jour tombait, presque insensiblement. Son français maladroit, ses chuchotements et ses gestes suspendus glissaient avec les couleurs, la forme mouvante du ciel. Et je pensais à ma grand-mère. Lorsqu’elle eut fini, nous sortîmes. Silence, mer, nuit. Nous avons marché face à la mer, en silence. Les néons bleus du restaurant Le hasard se reflétaient sur le sable, les algues mouillées accompagnaient nos pas. Je fixais son visage, la gravité soudaine de ses traits et je me disais que sans la présence de la mort, rien ne vaut la peine d’être raconté, aucune histoire, aucun livre, aucun théâtre. Silence, mer, nuit. Lumières clignotantes de la ville. Le reste est silence, autour et devant nous. Cyril Grosse

je viens du soleil flavio cabobianco

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