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Blog de Jean-Claude Grosse

Pour Maria Schneider

27 Novembre 2018 , Rédigé par grossel Publié dans #pour toujours

le dernier tango ne fut pas ce que l'on a cru

le dernier tango ne fut pas ce que l'on a cru

article du 5 mai 2011, réactualisé avec la disparition le 26 novembre 2018, de Bernardo Bertolucci

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Avec 3 mois de retard, cet hommage à Maria Schneider disparue le 3 février 2011, à travers un article de Paris-Match,

un texte de Brigitte Bardot, lu par Alain Delon

et deux vidéos

Un petit travail de recherche sur et pour Maria Schneider, disparue à 58 ans d'un cancer généralisé.

Je ne peux pas ne pas faire le lien avec la mouette disparue à 62 ans d'un cancer foudroyant en un mois (29 octobre-29 novembre 2010).

Il y a des êtres en lumière qui aimeraient un peu d'ombre, de secret. Il y a des êtres secrets, de l'ombre qui ne demandent pas la lumière.

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L’épousé – mon p’tit chat, reviens ici-haut.
Tu m’as dit à Cuba : Mourir... dormir, rien de plus... peut-être rêver. Je te dis : Vivre... Dormir... Rêver, c’est bien séparé...
Ta chaise t’attend pour traverser notre seize mille huit cent trente-sixième nuit d’amour

L’épousée –... mon p’tit chat, pour sortir, mets-moi mes tennis blanches et dans le sac à dos, pour les mauvais jours, mes tennis noires.

(Noir ou pleins feux)

L’hôpitaL – La vie n’a pas de prix. Sauver ou pas une vie, a un coût. Votre Dette, madame, pour la période du 29 octobre au 29 novembre 2010 dans notre établissement s’élève à trente-deux mille neuf cent quatre-vingt-neuf euros et quatre-vingt-dix- neuf centimes d’euros, prise en charge par la Sécurité sociale.

(L'éternité d'une seconde Bleu Giotto, Les Cahiers de l'Égaré, 2014)

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grossel

 

culture-match | Jeudi 3 Février 2011

Maria Schneider l'enfant perdue du cinéma
 

1972 : choisie par le metteur en scène italien Bertolucci, Maria Schneider est, avec Brando, la vedette du scandaleux "Dernier Tango à Paris". |

Emportée par un cancer à l'âge de 58 ans, Maria Schneider a passé sa vie à courir après un bonheur qui lui filait toujours entre les doigts. En juin 1978, Paris Match avait retrouvé l'actrice meurtrie du "Dernier Tango à Paris". "Révoltée contre tout elle s'était enfuie et se cachait dans la forêt nordique".

Ce sont deux mystérieuses divinités de la forêt cachées tout là-haut, dans un royaume du silence bleu. Autour d'elles une lumière d'or. Et sûrement la foule invisible de trolls qui peuplent les légendes de Suède. Maria. Joan. Là, à cinq cents kilomètres de Stockholm, à dix kilomètres du village le plus proche, au milieu des provinces les plus désertes de toute l'Europe septentrionale, elles sont venues se réfugier. C'est peut-être là que Maria Schneider a les meilleures chances de retrouver les forces de l'espoir de la vie. Rappelons-nous. Maria Schneider, ce fut le scandale mais aussi le fabuleux succès du «Dernier Tango à Paris».

Le visage et le corps d'une gamine inconnue la veille et qui brutalement s'envolait au sommet de la gloire, avec son charme acide et son auréole de perversité ingénue. On aurait dit qu'elle n'avait pas de biographie — sinon ce genre de biographie irréelle des possédés du cinéma, fabriquée de toutes pièces avec des ragots, des songes et des forfanteries. Son père est Daniel Gélin. A-t-il souhaité que sa fille entre, après lui, dans ce métier de détresse et de fascinations? On ne sait pas. A quinze ans, Maria quitte l'école, prend pour pseudonyme le nom de sa mère et débute au «Théâtre 347» dans «Superposition», de René Ehni, où elle joue le rôle d'une danseuse.

Elle est alors une sorte de Brigitte Bardot pour temps de contestation générale, seins encore enfantins sous la courte tunique, un érotisme de fruit vert, longues jambes de pensionnaire moulées dans les hautes bottes que chérissent les grisonnants amateurs de Lolita. Une biche impudique. Elle a été cover-girl, bien entendu. Elle tourne une poignée de films qu'il ne sert à rien de citer aujourd'hui. Elle attend. En peignant des toiles naïves. En se mêlant aux hippies de Chelsea, ou de la Costa del Sol. En 72, Bernardo Bertolucci, qui veut tourner «Dernier tango à Paris», cherche la partenaire idéale pour Marlon Brando. Bertolucci se rappelle que cette petite actrice, fille de Daniel Gélin, qui a été un grand ami de Marlon Brando. Maria éclate de rire.

– Brando, pour moi, c'était l'idole de ma grand-mère! Il avait 48 ans!

Un grand bonhomme, ce vieux Brando, quand même. Et pour tout dire: un géant. A l'idée de lui être présentée, elle est folle de panique.

- C'est lui qui est venu vers moi sur le plateau. J'aurais voulu disparaître sous la terre! Il m'a prise dans ses bras et m'a dit: “Allons, n'aie pas peur. Nous allons tourner deux mois ensemble, mais ça se passera très bien, tu verras…”»

Aujourd'hui, elle songe à ces instants-là. Elle a toute la durée des jours et des nuits pour revoir sa vie, essayer de mettre un peu d'ordre dans tout ce tourbillon qui l'avait saisie il y a six ans, qui l'a emportée, et où elle a failli se perdre.

AVEC JOAN ELLE CHERCHE À
OUBLIER LE CAUCHEMAR DU TANGO

- Ici, poursuit-elle, on n'entend que les oiseaux. On ne pense à rien. Boire du thé. Manger des fruits. C'est ça, la vie. Mais je me demande pourquoi je vous raconte tout ça. Je n'ai pas à me justifier. On pense de moi ce qu'on veut, que je suis une paumée, une droguée, une camée mal peignée, que j'ai mauvais caractère. Je m'en fous…» Mais les spectateurs n'ont pas besoin de savoir que la petite Maria, après le tournage de la fameuse «scène du beurre», a été se cacher au fond de sa loge, et a pleuré toute la nuit comme une enfant.

C'est loin. C'est tout proche. «Le dernier tango», elle a beau dire, l'accompagne ici, en Suède, au milieu de cette magie de feuillages, sous la clarté de l'été septentrional.

Parce qu'après le film, ce fut la curée. On se bousculait pour aller voir la scène graveleuse, en oubliant souvent ce qu'il y avait de transparent et de sublime dans le «Tango». A Rome, où elle était allée tourner «Jeune fille libre le soir», de René Clément, on l'insultait dans la rue, au restaurant. Un journal osa titrer: «Maria fait son beurre à Rome». Un fabricant de produits laitiers mit son portrait sur des paquets de beurre.

Elle se tint le front haut sous la provocation. Trop, au goût du public. On lui prêtait des aventures? Elle en revendiqua des dizaines. Avec des hommes? Oui, et de toutes les manières, et avec des femmes aussi, voyez le kamasoutra, et la drogue en plus si ça vous plaît! Toutes les drogues! Le haschich et même l'héroïne!

En plein tournage, elle se fait enfermer à l'asile psychiatrique de Rome, pour rejoindre une amie, une Américaine de 28 ans. Puis, tout à coup, l'envie de partir bien loin, dans un monde végétal, un conte à la Selma Lagerlöf. Elle est venue en Suède. Avec une amie, Joan Anderson, photo-modèle international. L'ex-femme du trompettiste Quincy Jones, celui qui a composé la musique du film «Racines». Joan est belle, douce. C'est la grande sœur raisonnable. Il y a de bons génies dans la forêt suédoise. L'armée immobile des arbres sait la légende du rameau vert qui donne le bonheur à celui qui le trouve – Tolstoï a voulu que près de sa tombe à Iasnaïa Poliana une phrase écrite sur un panneau rappelle cette légende. La verte paix, par-delà le bien et le mal.

Il était une enfant trop vite montée vers la gloire. Elle ne savait comme il est lourd le prix à payer, quand on a fasciné avec son corps, ses gestes, des millions de regards. A qui l'expliquer? Pour vous écouter, il n'y a que les arbres. Pour vous guérir aussi. 

Roger Chateauneu - Paris Match

 

Maria, un petit cœur perdu

Avec sa bouille d’éternelle femme enfant et son caractère de petit chat sauvage, elle a conquis le monde avec la fulgurance d’une météorite enflammée qui pulvérisa tout sur son passage ! Passage éclatant mais éphémère où, offrant son corps de velours à un Marlon Brando au faîte de sa gloire, elle choqua, scandalisa par son impudeur, mais marqua à jamais par son insolence une époque qu’elle a désormais personnifiée. Sous ces dehors, ces images, se cachait un petit cœur perdu, une gamine à la dérive, sans port d’attache, propulsée au plus haut sans y être préparée, redescendant forcément sans parachute et livrée à tous les excès pour combler les vides d’une gloire qui l’abandonnait.


Brigitte Bardot 4 février 2011

article  de Next du 3 février 2011

Clap de fin. Maria Schneider est décédée ce jeudi 3 février 2011 à 58 ans des suites d’un cancer. L’actrice était surtout connue pour pour son rôle au côté de Marlon Brando dans le Dernier Tango à Paris réalisé par l'Italien Bernardo Bertolucci.

Maria Schneider est la fille du mannequin Marie-Christine Schneider et de l'acteur Daniel Gélin (qui ne l'a jamais reconnue). L'actrice avait 19 ans quand elle a tourné le film de Bertolucci dont l'action se passait dans un appartement près du pont de Bir-Hakeim, à Paris.

Dans cette «aventure» relatée par Serge July dans un documentaire intitulé Il était une fois... le Dernier Tango à Paris, une grande partie de l'équipe du film se souvient d’un tournage éprouvant, d’une expérience folle et douloureuse, dont personne n’est sorti indemne. L'actrice reprochait au réalisateur italien cette scène de relation sexuelle forcée avec Brando :

Selon elle, ni Brando ni le metteur en scène ne l’avait prévenue de l’usage du beurre – destiné à faciliter une scène de sodomie qui l’a traumatisée. «Je me suis sentie violentée. Oui, mes larmes étaient vraies», a-t-elle déclaré à plusieurs reprises. «J’étais jeune, innocente, je ne comprenais pas ce que je faisais. Aujourd’hui, je refuserais. Tout ce tapage autour de moi m’a déboussolée», confiait-elle dix ans plus tard. Elle avouait alors avoir «perdu sept ans de (sa) vie» entre cocaïne, héroïne et dégoût de soi. A repousser des rôles directement inspirés de celui de Jeanne.

En 2001, alors qu’un hommage lui était rendu par le Festival du film de femmes, à Créteil, Maria Schneider confiait à Libération(http://next.liberation.fr/culture/0101368233-maria-schneider-l-insaisie) avoir revu le Tango deux ans auparavant et l’avoir trouvé daté. Et, en passant, tacle le réalisateur en affirmant que c'est Brando qui a réalisé une bonne part de la mise en scène, «dictant à un Bertolucci soumis ce qu’il devait faire».

Bernardo Bertolucci a affirmé mardi soir qu’il aurait «voulu demander pardon» à Maria Schneider. «Sa mort est arrivée trop tôt. Avant que je ne puisse l’embrasser tendrement, lui dire que je me sentais liée à elle comme au premier jour, et, au moins pour une fois, lui demander pardon», a déclaré le réalisateur à l’agence italienne Ansa.

«Maria m’accusait d’avoir volé sa jeunesse et aujourd’hui seulement je me demande si ce n’était pas en partie vrai. En réalité, elle était trop jeune pour pouvoir soutenir l’impact qu’a eu le succès imprévisible et brutal du film. Marlon s’était réfugié dans sa vie privée impénétrable et tout le poids de la promotion du film est retombé sur Maria et moi», a-t-il ajouté.

Le film sortit en salles en Italie le 15 décembre 1972 mais fut d’abord interdit puis, après de nombreuses péripéties judiciaires, condamné purement et simplement à la destruction – toutefois quelques copies sont conservées à la Cinémathèque nationale italienne.

Le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, a salué «l'image singulièrement forte» de Maria Schneider, «la partenaire à la fois séduisante, innocente et sévère de Marlon Brando, devenue une icône du cinéma».

Outre le Dernier Tango à Paris, Maria Schneider a joué dans Profession: Reporter de Michelangelo Antonioni (1973), Merry Go-Round de Jacques Rivette (1977), Voyage au jardin des morts de Philippe Garrel (1976) ou encore les Nuits fauves de Cyril Collard (1992).

L'actrice sera inhumée au Père-Lachaise après une cérémonie religieuse dont la date n'est pas encore connue.

article du Huffington Post du 26 novembre 2018

CINÉMA - Il était le réalisateur de films célèbres comme "Le Dernier Empereur", "1900" et bien sûr... "Le dernier tango à Paris". L'Italien Bernardo Bertolucci est mort ce lundi 26 novembre à l'âge de 77 ans. Et, au moment de faire le bilan de sa carrière, impossible de passer outre les révélations sur une scène bien particulière de sa filmographie: celle du viol de "Dernier tango à Paris" avec Maria Schneider et Marlon Brando.

Cette dernière décennie, Bernardo Bertolucci est passé du statut de cinéaste adulé (il reçoit en 2011 la Palme d'or d'honneur pour l'ensemble de son œuvre) à celui de réalisateur abusif et honni. Ce revirement de situation tient aux révélations autour de la scène de viol de son film culte et de la sombre histoire qui l'entoure.

Il a fallu 44 ans, plusieurs interviews et des réactions d'acteurs pour que, ce qui est réellement arrivé à l'actrice Maria Schneider, 19 ans à l'époque, refasse surface.

Dans ce film réalisé en 1972 par Bernardo Bertolucci, une jeune Parisienne (Maria Schneider) vit une relation charnelle et violente avec un Américain plus âgé (Marlon Brando). Classé X dans de nombreux pays et interdit aux moins de 18 ans en France, ce long-métrage est surtout entré dans l'histoire pour la scène où la jeune femme est violée, sodomisée dans une cuisine, avec l'utilisation d'une motte de beurre en guise de lubrifiant.

Cette scène et son histoire ont refait parler d'elles en décembre 2016, dans un article de la version américaine du magazine ELLE. "Bertolucci admet avoir scénarisé en secret la scène de viol du 'Dernier tango à Paris'", titre alors le magazine qui utilise comme preuve une vidéo datant de 2013.

ELLE ressort ainsi une interview du réalisateur, dans laquelle l'Italien admet avoir ajouté la scène de viol au tournage sans prévenir la jeune comédienne à l'avance, et avec la complicité de Marlon Brando.

"La séquence du beurre est une idée que j'ai eue avec Marlon la veille du tournage. Je voulais que Maria réagisse, qu'elle soit humiliée. Je pense qu'elle nous a haïs tous les deux parce que nous ne lui avons rien dit", reconnaît le cinéaste dans cette vidéo.

Au moment de la disparition de Maria Schneider (morte en février 2011), le réalisateur avait fait part de regrets. Il aurait "voulu demander pardon" à l'actrice, marquée à vie par cette scène dans laquelle elle finit en larmes.

En décembre 2016, alors que tout ceci refait surface, Bernardo Bertolucci s'est une dernière fois exprimé -dans un communiqué- sur cette fameuse scène: "Je voudrais, pour la dernière fois, clarifier un malentendu ridicule qui continue à être rapporté à propos de 'Dernier tango à Paris' dans des journaux du monde entier. Certains ont pensé et pensent que Maria n'avait pas été informée de la violence subie (dans la scène). Faux! Maria savait tout parce qu'elle avait lu le scénario où tout était décrit. La seule nouveauté était l'idée du beurre."

Une actrice traumatisée

Au cours de sa carrière, Maria Schneider est revenue plusieurs fois sur la scène qui l'a traumatisée. Il n'y a pas eu de réelles scènes de sexe dans "Le dernier tango à Paris" entre elle et Brando comme elle l'a expliqué dans une interview pour le Daily Mail en 2007. Pas de pénétration, mais ça n'a pas empêché la jeune comédienne de se sentir "humiliée" et "violée".

"Cette scène n'était pas dans le scénario original. La vérité c'est que c'est Marlon qui a eu l'idée, a déclaré l'actrice lors de cette interview. Ils me l'ont dit juste avant qu'on filme cette scène et j'étais révoltée. J'aurais dû appeler mon agent ou faire venir mon avocat sur le tournage car on ne peut pas forcer quelqu'un a faire quelque chose qui n'est pas dans le scénario, mais à l'époque, je ne savais pas. Marlon m'a dit: 'Maria, ne t'en fait pas, c'est juste un film'. Mais pendant la scène, même si je savais que ce que Marlon faisait n'était pas pour de vrai, mes larmes étaient vraies. Je me suis sentie humiliée et pour être honnête, j'ai eu un peu l'impression d'être violée, par Marlon et Bertolucci. A la fin de la scène, Marlon n'est pas venu me consoler ou s'excuser. Heureusement, une prise a suffi."

Après ce film, Maria Schneider n'est plus jamais apparue nue dans un film. Cette scène, le scandale autour du film et l'attention médiatique qui ont suivi ont fait des ravages chez cette jeune actrice. Tout ce cirque l'ont rendu "folle", a-t-elle déclaré. "Je suis tombée dans les drogues - marijuana, cocaïne, LSD et héroïne - c'était une façon de fuir la réalité."

Un autre regard juste avant #MeToo

 

Tous ces éléments tragiques étaient déjà sortis dans la presse. Mais le simple article de ELLE en 2016 a relancé la polémique et fait connaître cette histoire à des personnalités du monde du cinéma comme au grand public.

L'affaire Weinstein et le mouvement #MeToo n'ont éclaté que plusieurs mois plus tard, en octobre 2017, mais à l'époque, nous sommes quelques jours après le suicide du photographe David Hamilton, accusé d'agressions sexuelles par plusieurs femmes, dont Flavie Flament. Exhumée, les déclarations de Bertolucci trouvent un autre écho.

En découvrant le drame autour de cette fameuse scène de la motte de beurre, de nombreuses personnalités hollywoodiennes se sont offusquées.

"À toutes les personnes qui adorent ce film: Vous regardez une fille de 19 ans se faire violer par un homme de 48. Le réalisateur a planifié cette attaque. Ça me rend malade", écrit Jessica Chastain.

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L'Origine du monde/ Le Jardin d'épices/ Le Jardin des Délices

23 Novembre 2018 , Rédigé par grossel Publié dans #pour toujours

allez, je sors du purgatoire cet article du 27 janvier 2009, écrit 7 ans après la création de Père de Strindberg au Gymnase à Marseille le 22 février 2002, il y est question du Jardin des délices de Bosch, de l'Origine du monde de Courbet; j'ai rajouté des photos de Orlan (l'origine de la guerre, le baiser de l'artiste) et de Deborah de Robertis (le miroir de l'origine) et une captation de la rencontre entre Marina Abramovic et Ulay au MoMa en 2010; voilà de quoi inspirer les couples séparés

Courbet, Orlan, l'affiche de Père au théâtre 71 à Malakoff, Deborah de Robertis, Ya.Smine, le couple du Jardin des délices
Courbet, Orlan, l'affiche de Père au théâtre 71 à Malakoff, Deborah de Robertis, Ya.Smine, le couple du Jardin des délices
Courbet, Orlan, l'affiche de Père au théâtre 71 à Malakoff, Deborah de Robertis, Ya.Smine, le couple du Jardin des délices
Courbet, Orlan, l'affiche de Père au théâtre 71 à Malakoff, Deborah de Robertis, Ya.Smine, le couple du Jardin des délices
Courbet, Orlan, l'affiche de Père au théâtre 71 à Malakoff, Deborah de Robertis, Ya.Smine, le couple du Jardin des délices
Courbet, Orlan, l'affiche de Père au théâtre 71 à Malakoff, Deborah de Robertis, Ya.Smine, le couple du Jardin des délices
Courbet, Orlan, l'affiche de Père au théâtre 71 à Malakoff, Deborah de Robertis, Ya.Smine, le couple du Jardin des délices

Courbet, Orlan, l'affiche de Père au théâtre 71 à Malakoff, Deborah de Robertis, Ya.Smine, le couple du Jardin des délices

performance initiée par Deborah de Robertis, le 15 décembre 2018 sur les Champs-Elysées; qui a la trique ?; le mot trique étant évidemment polysémique, offrant à chacun un petit miroir pour voir ce qu'il croit entendre; un face à face sans regard vers l'autre, deux mondes avant la guerre civile aboutissement de la guerre des classes que livre les hauts mineurs aux bas majeurs; imaginons comme en Russie, la Marianne a un miroir devant son visage, comment réagit l'effrontée qui lui fait face ?
performance initiée par Deborah de Robertis, le 15 décembre 2018 sur les Champs-Elysées; qui a la trique ?; le mot trique étant évidemment polysémique, offrant à chacun un petit miroir pour voir ce qu'il croit entendre; un face à face sans regard vers l'autre, deux mondes avant la guerre civile aboutissement de la guerre des classes que livre les hauts mineurs aux bas majeurs; imaginons comme en Russie, la Marianne a un miroir devant son visage, comment réagit l'effrontée qui lui fait face ?
performance initiée par Deborah de Robertis, le 15 décembre 2018 sur les Champs-Elysées; qui a la trique ?; le mot trique étant évidemment polysémique, offrant à chacun un petit miroir pour voir ce qu'il croit entendre; un face à face sans regard vers l'autre, deux mondes avant la guerre civile aboutissement de la guerre des classes que livre les hauts mineurs aux bas majeurs; imaginons comme en Russie, la Marianne a un miroir devant son visage, comment réagit l'effrontée qui lui fait face ?

performance initiée par Deborah de Robertis, le 15 décembre 2018 sur les Champs-Elysées; qui a la trique ?; le mot trique étant évidemment polysémique, offrant à chacun un petit miroir pour voir ce qu'il croit entendre; un face à face sans regard vers l'autre, deux mondes avant la guerre civile aboutissement de la guerre des classes que livre les hauts mineurs aux bas majeurs; imaginons comme en Russie, la Marianne a un miroir devant son visage, comment réagit l'effrontée qui lui fait face ?

L'Origine du monde/ Le Jardin d'épices/ Père

 

Voyant à l'occasion de mon dernier séjour au Maroc (octobre-novembre 2008) le tableau réalisé par Ya.Smine, pour un amateur d'art et d'érotisme vivant à Marrakech, Le Jardin d'épices, tableau inspiré par L'Origine du monde de Gustave Courbet, je n'ai pu m'empêcher de penser à l'affiche proposée par le Théâtre 71 de Malakoff, sous la responsabilité de Pierre Ascaride pour le spectacle que devait créer Cyril Grosse, Père d'August Strindberg, en février-mars 2002.
Le spectacle a bien été créé mais pas dans la mise en scène de Cyril, disparu le 19 septembre 2001 à Cuba.
Les comédiens choisis par Cyril, François Marthouret, Anne Alvaro, Éléonor Hirt, Frédéric Poinceau, Victor Ponomarev, ... qui avaient déjà fait un travail à la table de 3 jours avec Cyril,  début septembre 2001, n'ont pas renoncé au projet et Père a été créé comme prévu, joué dans la traduction de Cyril et Gunnila Nord, dans une mise en scène de Julie Brochen.
Plus de 70 représentations ont eu lieu dans une quinzaine de villes de France.
Merci à eux, 7 ans après.

 

 







Le Jardin des Délices ou le règne de l'amour
de Hieronymus Bosch

 


 

 

En lien avec cet article sur Le Jardin des Délices, je mets en ligne deux passages tirés du roman de Cyril Grosse: Le Peintre, consacrés au tryptique de Hieronymus Bosch.
Le Peintre a été édité par Les Cahiers de l'Égaré, le 22-02-2002, pour la création de Père au Théâtre du Gymnase à Marseille.
Jean-Claude Grosse

 

 

 

– J’ai ici une édition d’Art, particulièrement belle, consacrée au Jardin des délices de Hyeronimus Bosch. Voilà plus d’une semaine que j’y travaille. (Il ouvre le livre, page huit cent trois. Admiration prolongée.) Je ne me suis intéressé, moi, qu’à un seul couple, dans cette profusion. (Sourire de contentement, il observe les réactions de Joseph.) C’est – entre parenthèses – ce qu’il y a de plus frappant dans l’œuvre de Bosch, son sens du détail – avec, bien sûr, les détours de son imagination –. Mon couple se trouve au centre du panneau central, presque au milieu du lac, entre le Paradis et l’Enfer. L’eau est opaque, mais l’on distingue les cuisses – jambes en fuite – et leurs corps, roses et blancs, comme sculptés, avec couleur. Ventre limpide de la jeune fille, le sein posé contre lui, une ombre pour le duvet et ses cheveux qui ruissellent – mais est-ce le mot ? –, bruns et ors, en gouttes et en fils. Elle ressemble à l’Ève du Paradis, vous ne trouvez pas ? (Du coin de l’œil à Joseph, il sourit.) Ils sont enlacés, le jeune homme retient la main, étrangement ouverte, de sa maîtresse. Ils sont enlacés, mais ce n’est pas une étreinte. Elle, regarde droit devant elle, lui, fixe l’on ne sait quoi, avide et inerte à la fois. (Exalté.) Quelle est la cause de cette mélancolie ? Cet oiseau, œil noir, qui semble les narguer ? Cette figure, qui dépasse, ici, de ce vase bleu ? Ou est-ce cet homme sur les plumes du grand oiseau ? L’Art, ses détails, le silence, bruits. Voilà, mon cher, à quoi j’occupe mes journées. Et j’en suis arrivé à la conclusion que cette mélancolie, ce léger effroi, vient d’eux, d’eux-mêmes oui, et non des autres. Mais Hyeronimus Bosch ne s’est certainement jamais intéressé à ce couple…  (page 25)

Huit heures quarante. Zéro-huit-quatre-zéro. Il se souleva. Ses genoux lui faisaient de plus en plus mal. Articulations : métal rouillé qui pourrit. Il quitta la bibliothèque en boitant, traversa le couloir et pénétra dans son cabinet de travail. L’édition de luxe du Jardin des délices, ouverte à la page huit cent trois, l’attendait ainsi que ses lunettes, sur le bureau en chêne massif. Des corps nus et colorés grouillaient toujours dans l’eau du lac, mais ses yeux ne distinguaient que des taches, un mouvement abstrait. Il chaussa ses lunettes – car il goûtait l’expression – et fut surpris par le sexe des personnages, leurs ébats l’étonnaient. Peut-être parce qu’il était nu, et que son corps lui apparaissait dans sa réalité effrayante et sans appel. Alors qu’il avait passé de longues heures à scruter les détails de ce jardin, c’était la première fois qu’il le voyait avec une telle précision : corps blancs, corps sans âge, des sexes de bambins, un érotisme froid. Aucun homme ne bandait. Des peaux lisses, sans bourrelets, sans replis, sans veines ni sang, une jeunesse éternelle. Et il fixa encore son couple fétiche. Mélancolie oui, mélancolie de la vieillesse, peur de la mort. Une illumination matinale, fatigue, irrationnel. Voilà d’où vient leur effroi. Diurne, nocturne. Et sans s’en rendre compte, il ouvrit la bouche et se mit à respirer comme un cardiaque.   (page 64)
 
 

 

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