100 ans le 27 mars 2022
affiche de la soirée du 9 avril 2022 en hommage à Marcel Conche aux Comoni au Revest; Marcel et la nature (le clos de Treffort); au revoir pour certains, adieu pour d'autres
des retours
Le vingt sept mars à huit heures du matin, tu étais mort. Je t'ai pris dans mes bras, je t'ai embrassé, je t'ai bercé comme on berce un enfant et je t'ai parlé doucement comme pour ne pas te réveiller, comme pour te faire croire, pour me faire croire, que tu n'étais pas mort, que tu allais te réveiller. Je ne voulais pas que ta mort te fasse peur, je voulais continuer à faire comme si...
Marcel laissait toujours une place à un point de vue autre que le sien; la 4° de couverture de son dernier livre en est l'illustration
Avant-Propos de L'âme et le corps
(Marcel Conche, Les Cahiers de l'Égaré, 29 septembre 2021)
« Les cadavres : à jeter plus que les fumiers », dit Héraclite. Car le cadavre n’est plus que terre et eau, bien que pour le chrétien, dans le cadavre, il y ait une âme immortelle.
La notion d’âme n’est donc pas religieuse. L’âme ne survit pas à la mort du corps. Quel est son rôle ? L’âme fait que le corps soit le corps d’une personne. L’âme de Pierre anime le corps de Pierre, elle fait que le corps de Pierre n’est pas le corps de Paul. À la mort de Pierre, le corps de Pierre est privé de son âme. Le cadavre de Pierre est sans âme, contrairement à l’opinion des chrétiens pour qui l’âme, étant immortelle, survit à notre mort.
Mais je crois qu’à la mort, l’âme meurt avec le corps qui n’est plus qu’un cadavre sans âme, qui n’est plus que de la terre et de l’eau.
Quand mon corps mourra, mon âme aus- si sera morte, mon cadavre pourra être mis avec le fumier des vaches et des cochons pour faire du fu- mier. Cela est conforme à l’opinion d’Héraclite totale- ment irréligieuse. J’ai aimé Marie-Thérèse, il n’y avait aucun sens à aimer et honorer son cadavre qui était sans âme selon l’incroyant que je suis, mais Marie-Thérèse était chrétienne, son cadavre du point de vue chrétien n’était pas que terre et eau, il y avait une âme immor- telle. Ma façon de voir les choses résulte de ma posi- tion d’incroyant. L’incroyance comme la croyance est sans preuve, la croyance est pourtant certaine pour ce- lui qui croit, l’incroyance est certaine pour celui qui ne croit pas. Il y a donc certitude du côté du croyant et de l’incroyant, mais certitude n’est pas preuve, dans les deux cas il s’agit d’une certitude subjective.
ce livre doit beaucoup à la pensée de Marcel Conche qui laissait toujours une place pour un autre point de vue; ainsi il se souvient d'un échange sur la mort, pour toi Marcel anéantissement, retour à la nature naturée; pour moi, retour à la Nature naturante, créatrice; la mort => l'âme hors; si tu en as la conviction vécue alors fonde ta métaphysique; et plus de 10 ans après naquit le livre d'éternité en lien avec la question posée par l'épousée à l'hôpital : je sais que je vais passer, où vais-je passer ?
extrait de Et ton livre d'éternité ? pages 616-617
Le 9 février 2021, téléphonant vers 16 H à l’ami Marcel Conche à propos du livre La nature et l’homme dont il assure l’édition, sortie le 27 mars 2021, pour les 99 ans du philosophe, Lui-Je lui dit le bien qu’il pense de cet opus présentant l’originalité de l’adresse au lecteur. Cela se produit 3 ou 4 fois. D’où lui est venue cette nécessité de l’adresse ? Elle a pour effet d’impliquer le lecteur et de le traiter comme Socrate traite ceux qu’il interpelle, accouche, maïeute: Connais-toi toi-même.
Lui-Je lui raconte l’achèvement de son livre d’éternité et évoque le pharmacon de clôture-ouverture du livre : Tu es aimé, tu es mon bien-aimé.
L’ami Marcel est très réticent avec l’expression Tu es mon bien-aimé. « Je n’ai pas besoin qu’un Dieu me dise : tu es mon bien-aimé ».
Ce n’est un Dieu que si tu le nommes ainsi. Mais Dieu est le Sans Nom. Ce qui s’adresse à toi (ne peut être entendu que par le cœur, pas par les oreilles), c’est la Vie. La Vie éternelle, créatrice qui t’a créé avec amour (l’amour inconditionnel, l’agapé et en se cachant, Héraclite) comme tout ce qui existe, à égalité et qui t’aime aussi inconditionnellement comme unique, singulier, incarné. Ainsi créé et aimé, de deux façons, universelle et unique, tu peux donner ce qui te traverse, l’amour agapé.
« Pourquoi pas ? Là, je peux le concevoir. »
Je te signale Marcel que tu l’as déjà écrit dans La Voie certaine vers « Dieu » ou l’Esprit de la religion, page 35 : je distingue la religion, l’éthique et la morale ; l’éthique renvoie à des devoirs conditionnels, ceux du médecin par exemple ; la morale renvoie à la notion de devoir inconditionnel, venir en aide à un blessé sur la route ; la religion enfin repose sur la notion d’amour inconditionnel. C’est la religion fondamentale et universelle, la religion de l’avenir. L’amour du prochain au sens évangélique qui définit la voie droite « vers Dieu » est inconditionnel quel que soit l’humain (aujourd’hui, tu rajouterais quel que soit le vivant).
Jésus dit Aimez vos ennemis. C’est là le retournement complet de ce qui est naturel. Aime ton ennemi, ce n’est pas là une exigence morale car du point de vue naturel et humain, l’amour ne se commande pas et ne résulte pas d’un acte volontaire. Un tel impératif d’amour inconditionnel nous arrache au plan des sentiments naturels et nous transporte au plan proprement religieux, non naturel, celui de la religion de l’amour. Ainsi, je vis dans la religion de l’amour si j’aime autrui simplement en tant qu’être humain même s’il ne le mérite pas.
Et page 37 : que signifie aimer ? Cela est dit clairement dans la 1° épitre de saint Jean 3.18-19
N’aimons ni de mots ni de langue mais en actes véritablement. Que signifie en actes ? Cela signifie 3 choses : agir, non-agir, créer.
Article : Le corps ami ou Acquis ? La vie utilise notre corps pour se manifester, pour s'expérimenter. La confusion est assez générale lorsqu'il s'agit de relier le corps humain à la spirituali...
où j'en suis aujourd'hui; prendre conscience que toute pensée binaire est guerrière, repose sur du jugement, de la séparation en blanc et noir, abel et caïn, en bon et méchant, en démocrate et dictateur; ne pas juger, ne pas séparer, accueillir le Tout, la victime et le bourreau...