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Blog de Jean-Claude Grosse

BOCAL AGITÉ TOULON

20 Février 2006 , Rédigé par Jean-Claude Grosse Publié dans #bocals agités

Prochains bocals agités: le jeudi 15 avril 2006 au collège de La Farlède, avec une classe de 3°, sur le thème: Famille, je vous haime!
                                           le samedi 6 mai 2006 au Café-Culture de Toulon, sur le thème de la mer.

Consignes pour le
bocal agité

sur le thème du Printemps des Poètes

Le chant des villes
Les chants de Toulon


Samedi 28 janvier 2006 en partenariat avec
le Café-Culture de Toulon


1- Trouvez 10 mots ou expressions qui caractérisent, d’après vous, Toulon
2- Trouvez 3 mots ou expressions équivalentes pour vous à Toulon, Tout-en-long ; vous pouvez être dans le registre péjoratif ou au contraire laudatif ou encore les deux
3- Trouvez 5 personnages connus, évocateurs pour vous de Toulon
4- Quelle est la date la plus importante qui d’après vous, caractérise Toulon
5- Si Toulon était un homme, qui ?
6- Si Toulon était une femme, qui ?
7- Si Toulon avait un enfant adultérin, de qui ? qui serait cet enfant ?
8- Si quelqu’un faisait un enfant dans le dos à Toulon, qui serait-ce ? et quel serait cet enfant ?
9- À quelles chansons connues pensez-vous pour évoquer Toulon ? en bien, en mal ?
10- Quel site ou monument évoque Toulon pour vous ?
11- Quand vous pensez à la marine, quelle image vous vient à l’esprit ?
12- Trouvez un adjectif pour qualifier le dernier voyage du Clémenceau

Vous avez tous les ingrédients pour fabriquer votre chant de Toulon : ce peut être une chanson, un poème, un court texte dramatique avec des personnages, une courte nouvelle avec un début et une chute, un bref récit d’initiation ou d’apprentissage de la ville. Inventez votre forme qui ne devra pas dépasser 25 lignes, en intégrant un plus ou moins grand nombre des éléments dégagés précédemment.

L’agitateur: grossel

Voici les textes produits le matin et présentés en fin d'après-midi.


Un autre bocal a été programmé, au Café-Culture,  pour le 6 mai 2006 sur le thème de: La mer. Inscriptions auprès du Café-Culture, 2 rue Baudin à Toulon.

Je n'aime pas Toulon

Si le thème de cet atelier est Toulon, ce que je crois comprendre, bien que parfois je ne me soucie pas du thème et qu’il me sert à écrire « à côté », ou bien « contre », je dois dire qu’ici Toulon ne m’inspire pas. Et que, déjà que je ne chante pas, je n’y trouve rien à louanger. Alors, pourquoi pas, critiquons.
Je n’aime pas Toulon, elle s’attache à de tristes souvenirs : grise, sale, froide, moche, embouteillée, polluée, fermée, mal aimée, à refaire, à fuir. Et en plus, il y pleut, beaucoup, souvent, tellement qu’on y pressent la mousse et le lichen vert de gris, et que les balcons s’effondrent sur les passants.
Qu’elle soit tout en long, ça s’explique finalement : on n’y entre que pour en sortir, et malheureusement il faut du temps et de la patience pour accomplir ces deux actes erronés. Car la ville, qui refuse le monde, bloque l’entrée autant que la sortie. Cheminement du bol alimentaire, ça entre et ça sort comme ça peut.
Puisque Régine m’y fait penser, je ne vois qu’un homme important ou connu natif je crois de Toulon, c’est Raimu. Tristes statues également, et tristes places publiques, vides, malodorantes et mal-aimées, désertées par leur population.
Je ne connais pas de date, et je ne vois pas qui Toulon pourrait-elle être, je ne le souhaite à personne. Ni qui pourrait lui faire un enfant, je n’envisage pas un tel accident génétique…
Chanson, n’en parlons pas.
Le seul monument qui me revienne à la mémoire comme ça, c’est « cul vers ville ». Je ne sais plus son nom d’origine, ni d’ailleurs s’il en a un.
La marine est grise, et le Clemenceau, malgré son dérisoire, arrive à m’étonner.

Véronique
Souvenirs de Toulon


Son baptême se fit sous le signe de Telo et Martius, dieux de l’eau et de la fertilité

Louis XI la fit Française

François I° la vendit à Barberousse

Bonaparte la sauva des Anglais

De son port, partirent des armées, qui à la conquête de l’Egypte,
Qui à la colonisation de l’Algérie.

Ville de tous les temps,
Ville à contre temps.
Ville lâche, qui de la grande peste les juifs accusa et brûla
Ville courageuse, qui par un capitaine rebelle sa flotte saborda pour à l’ennemi ne point donner de ses navires le fleuron.

Ville d’accueil : Marins venus de tous horizons,
Peuples de toutes terres échouent ici à Toulon.

Port vers lequel, le reflux du temps ramenait les descendants pieds noirs à la terre de leurs ancêtres.

La cité, un triste soir de mai, trahissait la république dans le lit
d’un borgne haineux.

Des galères aux porte-avions, du bagne à l’arsenal, de la colère des ouvriers et des syndicats enfin unifiés en un combat commun à la scission de ses communautés, Toulon porte en elle l’histoire universelle de l’humanité.

Et, dans ses flancs, en un indécent voyage empoisonné, le « clem » emporte sur son pont les heures de gloire de la marine et
dans ses cales, le souvenir de son port d’attache, qui pour oublier son passé ne se construit pas d’avenir.

Hélène


C’est en 1965 à la clinique Saint-Michel à Toulon que j’ai pointé le bout de mon nez. Ah, il était heureux le paternel. Déjà deux pisseuses qu’il avait. Ne dit-on pas jamais deux sans trois ? Même si il était sacrément déçu, il m’a été rapporté qu’il n’a pas oublié d’arroser mon arrivée.

Toulon… Ce que j’allais t’aimer. Ce n’est qu’à l’aube de mes quarante ans que je me rends compte à quel point. Je lui ai fait un sacré enfant dans le dos à la ville natale en me fixant dans un village, charmant avouons-le, dans la vallée du Gapeau. Et Toulon ne m’en a jamais voulu m’accueillant toujours comme il se doit à chacun de mes passages.

Que de souvenirs d’enfance… Hier en écoutant un vieux tube des Bee Gees des tas de détails me sont revenus. Nous étions dans les années quatre-vingt. C’était l’époque de la folie du film « La fièvre du samedi soir ». J’habitais à la rue d’Antrechaus et les murs de ma chambre étaient recouverts de posters de John Travolta. Un peu qu’il était beau ! Avec mon amie Nathalie qui venait souvent chez moi et qui résidait à la rue des Boucheries, nous passions en boucle le quarante-cinq tours vinyle sur l’électrophone et à force le disque était rayé. Je devais mettre une pièce de vingt centimes sur le bras du pick-up pour que la chanson fasse un parcours sans faute. « Ah, Ah, Ah, Ah, Staying aliiiiiiive ». Dieu ce que nous chantions faux toutes les deux. Et mon père gueulait avec toujours beaucoup d’élégance dans la salle de séjour qui était tout à côté : « Putain, mais baissez moi ce son, bordel ! » C’était ça la jeunesse. Irrespectueuses, insolentes, arrogantes, nous perturbions ainsi le paternel qui préférait écouter le rossignol de Luis Mariano. J’en avais plus qu’assez d’entendre piailler son oiseau !

Nous résidions au quatrième étage d’un vieil immeuble. Mon beau siamois à force de jouer à chat perché avait fini par se retrouver aplati comme une crêpe au rez-de-chaussée. On dit qu’un chat retombe toujours sur ses pattes, mais c’est le bide bien gras de mon minet qui a amorti la chute. Mort sur le coup…

Nous n’avions pas de chance avec les animaux. Dans ce même appartement, ma tortue Sophie avait également rendu l’âme. Elle était sortie au début d’un printemps de son état d’hibernation, avec une bien mauvaise mine. On aurait dit qu’elle avait fumé la moquette. Pauvre Sophie !

Et notre saucisson à pattes. Lulu comme nous l’appelions. « Carole descends faire pisser le chien ». Non de non, les quatre étages à remonter avec l’escalier en colimaçon, ce n’était pas de la tarte. Lorsque je croisais Juliette, la voisine du troisième, je la saluais poliment. Mes parents m’avaient appris qu’il fallait toujours faire preuve de courtoisie à l’égard des personnes âgées. « Bonjour Madame BECH ». Et la vieille taupe aigrie ne me répondait jamais. Alors je me vengeais en marmonnant dans ma barbe « BECH la bêcheuse ».

Tiens, « Les marchés de Provence ». C’est Gilbert Bécaud qui chante. Il passe ça sur Radio Nostalgie ? Sacré Cours Lafayette à l’époque quand j’accompagnais maman au marché, j’adorais tirer son caddie. « Laisse-moi faire maman ». Par contre, lorsque nous remontions vers le boulevard de Strasbourg et que le caddie était plein à craquer, je ne me faisais pas prier pour lui céder le fardeau !
Quel bonheur ! Quelles bonnes odeurs sur ce beau marché! Que de couleurs ! Que de brouhaha ! Je revois le visage de la grosse Adèle, la marchande d’olives qui était l’amie d’enfance de ma mère. Maman était très discrète et Adèle une vraie « poissonnière ». Mais il est bien connu que les contraires s’attirent, se complétant ainsi.

Je me souviens également des longues promenades les soirs d’été sur le port en compagnie de mes deux sœurs aînées. « Quiou, Quiou… » Les cris des mouettes, les pompons rouges des casquettes des marins qui dansaient et ce sacré Cuverville toujours tourné vers l’avenir et il a totalement raison entre nous !

En période de fin d’année, ma mère avait, un après-midi, fait la rencontre du père noël en personne sur la Place Puget. J’ai toujours le cliché sur lequel dans un long manteau matelassé, un petit sac serré contre moi, je suis collée contre un grand monsieur qui peut être est mort aujourd’hui, allez savoir ! J’ignore quelle était la couleur de ce manteau, la photo étant en noir et blanc. Mon sourire est de loin le plus « bécassou » de la Terre.

En remontant la rue d’Alger ce matin, j’ai revu le Monoprix, la rue qui grouillait de monde lorsque nous descendions en ville le samedi après-midi et une bonne odeur de beignets et de pralines est venue chatouiller mes narines.

Papa, tu n’es plus là mais tous nos bons moments font leur plus beau bras d’honneur aux images noires de la maladie et c’est de ma classe de musique de quatrième au collège Peiresc, sous le regard attentif de mon professeur, Madame CHOUETTE, que je te joue une délicieuse mélodie à la flûte…

Carole

Si Toulon

Des milliers de spectateurs, hier sur les plages du Mourillon, ont pu assister à la scène la plus spectaculaire, du dernier film de Georges Lucas. A grand renfort d’effet spéciaux, de fumigène, d’explosions et d’attaque simulée d’avions de l’aéronavale. Le porte-avion « Clemenceau » à été coulé au beau milieu de la grande rade en face de la batterie basse. Parmi les spectateurs les trois mille supporters britanniques venus encourager leur équipe pour la demi-finale de la coupe d’Europe de rugby qui aura lieu demain entre le RCT et les WAPS de Londres, ont été médusés par cet évènement exceptionnel du grand réalisateur américain.
Les clubs de plongée de la région se réjouissent déjà de cette nouvelle attraction qui devrait attirer grand nombre de touristes par 30 mètre de fond.

Tandis que Tom Cruise et Bruce Willis, les vedettes de cette super production signaient des autographes sur la terrasse du Chantilly, les nombreuses admiratrices envahissaient la petite place Puget pour contempler un instant leurs idoles.
Au lendemain de l’inauguration du deuxième tube du tunnel et de la nouvelle gare TGV, on peut vraiment dire que Toulon a retrouvé le bon sens.

Yves

La traversée de Toulon, ce n’est pas du gâteau. Surtout comme aujourd’hui où la pluie tombe sans discontinuer. Les voitures roulent au pas et plus que jamais, les automobilistes « inventent » leur propre code de la route. Heureusement que j’écoute la chanson de Gilbert Bécaud : « Les Marchés de Provence ». Dans ces fameux marchés, très colorés, les gens s’interpellent à haute voix et dans le vieille ville, grouillent des cafés où la population cosmopolite, échange, dans diverses langues, ses idées et ses souvenirs.
Vivement que le soleil revienne. Un bon mistral chassera nuages et pluie et bientôt, le beau temps arrivant, les cigales chanteront à nouveau.
Ma voiture passe devant le Lycée Bonaparte et la porte de l’Arsenal ne se trouve pas très loin. A cet instant, je repense au sabordage de la flotte de Toulon. J’ai tout le temps pour laisser vagabonder mon imagination. Toulon, ma foi, serait une belle ville, si en se promenant, il ne fallait pas baisser la tête pour éviter les crottes de chiens. Un Martien devrait nous envoyer un gentil génie pour mettre un peu d’ordre dans Toulon et améliorer sa mentalité. Pourtant, depuis mon arrivée dans cette ville en 1965, j’ai appris à l’aimer. Il y a beaucoup de choses à voir et les touristes qui passent par Toulon, vont souvent visiter le Mémorial du Mont Faron.
La circulation n’avance pas. A la radio, on évoque le dernier voyage du Clemenceau et, instinctivement, l’adjectif « scandaleux » me vient à l’esprit. Chirac, à Paris, n’aurait-il pas dû éviter cela ?
Tout en continuant d’avancer lentement, deux figures légendaires mais différentes me viennent en tête : l’ancien maire de Toulon Maurice Arrecks, qui malgré ses magouilles, a fait beaucoup pour sa ville, et Danièle De March, dans l’opposition, femme dynamique, intègre et sincère.
Comment faire encore plus aimer et embellir Toulon ? J’imagine Vénus sortant des eaux et étendant ses longs cheveux sur la ville pour lui apporter beauté et douceur. Quant à celui qui pourrait la bénir avec patience et persévérance, cette ville qui m’a adopté, ce serait pour moi, le Rabbi Baal Shem Tov, homme très pieux et qui était persuadé que la foi faisait des miracles. Pourquoi ne pas y croire et espérer ? Tout n’est pas utopie !

Bijou


Une ville en bordure de la mer, étalée tout en long avec des quartiers en ordre dispersé.

Dans cette ville se mêlent diverses influences, la marine militaire qui occupe une partie de la rade, le port abrité des vents et du bruit, le cosmopolitisme de la population venue de divers horizons. L’ombre des anciens personnages qui ont marqué la ville de leur empreinte, Clemenceau, qui a laissé son nom à des rues et à un bateau, Raimu qui a sa statue près de l’opéra, Félix Mayol, l’artiste qui a laissé son nom à un centre commercial, Jean Aicard qui a écrit le personnage de Maurin des Maures, Thyde Monnier qui a décrit Toulon et ses environs dans ses romans. Enfin en 1962 l’arrivée massive des pieds-noirs, chassés de l’Algérie devenue indépendante, a apporté un souffle nouveau à la ville.

Si Toulon était un homme ce serait Raimu, qui a su laisser un souvenir inoubliable en tant qu’acteur

Si Toulon était une femme ce serait Ginette Leclerc qui a joué des personnages de femmes cherchant la nouveauté et la diversité.
Gilbert Bécaud évoque aussi les marches de Provence
Le site du Mont Faron qui surplombe Toulon symbolise le rôle de surveillance de la ville. L’opéra, pôle artistique, ambassadeur de la culture et enfin la marine évoque la protection militaire et les échanges commerciaux et touristiques, ainsi que le dernier voyage du Clemenceau fort difficile et très contesté.

Corinne



J’ai vu un kaléidoscope sans âme
Où se tressait en filigrane des amitiés inachevées.
J’ai vu des rues désertées et sales
Dès que le jour tombait.
J’ai écouté un accent qu’on m’a raconté chantant,
Je l’ai trouvé vulgaire !
J’ai touché la mer d’un doigt
En laissant mes empreintes sur le sable
Et je ne les ai pas retrouvées.
J’ai senti le vent sur ma peau
Chassant les nuages et le gris,
Longtemps j’ai rêvé qu’il m’emporte loin d’ici.
J’ai senti l’amertume de ces inconnus
Déposés aux pieds d’une Mairie
Triangle étrange de haines localisées
Se jurant qu’on ne les y reprendrait plus.
J’ai goûté la solitude des anges exilés,
Ceux qui font silence quand le rideau glisse
Attendant quelque argent
Pour reprendre la route.
J’ai aimé reconstruire cette ville,
Ecouter son histoire
Avant d’y caser la mienne.
Je ne m’y sens pas mieux pour autant
Mais le jour s’est levé sur cette étrange idée !

Sylvie

LE CHANT DE TOULON

Pardonnez-moi, je ne suis pas inspirée par le sujet de ce jour.
Je suis depuis peu dans cette ville, je n’ai pas encore eu le temps d’aller à sa découverte. Je l’ai programmée le 8 Février avec un guide local.
Je marche beaucoup.
Premier constat, ville toute en longueur (d’où son nom)
L’agrément, la mer, les odeurs, le soleil toute l’année et pas de moustiques ou si peu.
Je commence à parler avec Monsieur ou Madame tout le monde et je suis reconnue : la dame en rouge. Peu à peu je me fonds dans le paysage. On me demande parfois les directions ou les rues. A me voir l’accent ne compte pas.
Point particulier, le maire de Toulon, Monsieur FALCO a pris ses fonctions le jour de mon arrivée, c’est devenu un lien entre nous.

Grâce à nous…..la ville est rénovée, la propreté faite, mise en état des voies, des places, changement de bus, développement des activités touristiques, exécution de travaux ébauché par l’ancienne municipalité ? Mais, également, guerre qui ont envahi la cité, en particulier aux environ du port.
Je vous précise, il s’agit des rats et des souris, des tonnes d’insecticides ne suffiront à les exterminer.
Pour moi Toulon est une nouvelle vie.
En cinq ans j’ai pu constater son évolution : la gare routière, progrès important pour la circulation, resteront les problèmes de parking et le deuxième tunnel.
J’allais oublier le Clemenceau fleuron de notre pays, qui nous quitte.
Quelque soit l’évolution de la ville, il y aura toujours des contents et des mécontents, la discussion engendre le progrès.
Que suis-je venue chercher ici ? Un renouveau, une fin de vie, l’Amour….. Et pourquoi pas ? Le plaisir de vivre, m’intégrer, partager mes connaissances et me faire accepter par mon environnement
Le café culture est ma dernière découverte.
Je l’apprécie beaucoup, on m’a tendu la main en toute simplicité, sans chercher d’où je venais. Pour cela aussi je vous remercie.

Edwige

Ô Toulon, ça sonnerait presque comme une chanson de Nougaro mais quand on prête l’oreille c’est plutôt la guimauve de Patricia Carli qui parlerait de la Perichole. Voila ce que m’inspire Toulon, une fille de joie de la rue Chevalier Paul à la grande époque de la marine triomphante et internationale. Cette fille de joie qui s’est envoyé en l’air avec le loup à poil brun puis est finalement retournée dans les bras de son amant régulier, héritier des années folles des marchés publics frelatés.
L’image des cartes postales qui montrent la rade la plus belle d’Europe selon la prose des dépliants touristiques, le marché provençal chanté par Bécaud. Cuverville regarde vers le grand large tandis que Raimu adossé au théâtre écoute les roucoulements de Francis Lopez.
De Vauban à Bonaparte jusqu’au sabordage de la flotte, les bombardements alliés pour ouvrir un boulevard à Leclerc puis pour finir en beauté une dernière croisière empoisonnée du Clemenceau sur l’air du crépuscule des dieux.
Enfin Toulon, je t’aime moi non plus.
Patrick
Toulon, la pathétique

Le Clémenceau - Hier, majestueux, glorieux, craint, respecté sur toutes les mers du monde, amarré, aimanté à Toulon.
Aujourd’hui, largué, sabordé, pris d’assaut, amianté, apatride.
200.000 dollars pour franchir le canal de Ferdinand. Pas arriver à Alang. Revenir à Brest  par le Cap de Bonne-Espérance: un comble!
Que d'argent, de déshonneur!

Voyage au bout de l’enfer pour ma grosse carcasse méprisée.
Honte aux décideurs, aux  galonnés, à la France. Au tour de l'ex-France! Puis ce sera le tour du de Gaulle avec ses réacteurs...


L'amiral de Saborde, photo du bas à gauche.

de Laborde  -  Ne rompez jamais les amarres.Ne prenez jamais le large.

Rivés à vos rivages à jamais, prêts à vous saborder, bateaux de guerre de la Royale, restez fidèles au Maréchal.

Le Strasbourg, navire amiral labordé sur ordre de l'amiral de Saborde, abordé par un char de la Wermacht.

Dumont d'Urville  -  Taratata. Entendez l’appel du large. À la découverte. À la conquête.

À l’assaut. Colonisez l’Algérie, les îles à paradis.

Vauban 
-  Toulon, mon port de guerre pour la plus belle rade d’Europe.

Écoutez ma chanson : Trois petites notes de musique………militaire pour effrayer l’ennemi, soumettre l’infidèle, civiliser le sauvage, plaire aux femmes à matelots, mettre en rangs les matelots sans femme.

Raimu - Et Pomponnette dans tout ça ? Pourquoi, elle vadrouille sous les étals du cours Lafayette, dans les rues de Chicago, sur les toits du Mourillon.


Hugo Galèje, va, avec l’accent. Quels yeux as-tu pour ne pas voir les Misérables, ceux du bagne, ceux des cités : La Beaucaire, Le Guynemer, Les Œillets ? Ils ne veulent plus de cette ville en archipel avec ses bourgeois au Faron, ses amiraux au Cap Brun, ses SDF à la gare, ses matelots à la colline Saint-Pierre, ses gitans à La Ripelle, ses fous à l’Arthémise, ses fans au Zénith Oméga, ses supporters à Mayol, ses branchés à Châteauvallon, ses ringards à l’Opéra.

Ce qu’ils veulent, c’est Tous ensemble, place de la Liberté, au rendez-vous de la fraternelle Égalité.

L'homme de là-haut
- Ville immobile, impossible. À la remorque des loosers sans envergure auxquels elle se donne.


La tragédienne est venue
- Là-haut sur la colline inspirée, j’ai interprété la tragédie d’Eschyle : Les villes mortes se ramassent à la pelle. J’étais semblable à Cassandre : personne n’a entendu ma voix, emportée par le mistral déboulant du mont Caume.


Cuverville
-  Au cul, Toulon. Regarde au-delà de l’horizon.

Les photos du sabordage de la flotte à Toulon, le 27 novembre 1942, ont été réactualisées avec un N° spécial des Cahiers de l'Égaré, édité pour le Théâtre à vif - Agora du 27 novembre 2002 à La Maison des Comoni, le théâtre du Revest. Ce N° est épuisé mais, on trouvera sous peu sur ce blog des documents issus de cette soirée qui rassembla 150 personnes et dura 3 H. Soirée non annoncée par Var-Matin.
Maurice Hubert


Photo JCG prise au Cape of Good Hope, été 2003. L'autruche fera l'autruche quand passera Le Clémenceau et qu'un sous-marin inconnu le coulera dans les eaux profondes.



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