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Blog de Jean-Claude Grosse

Parcours / Marcel Conche

5 Janvier 2018 , Rédigé par grossel Publié dans #notes de lecture

Parcours, la couverture/ dans la rubrique Pages, 15 notes de lecture sur des livres de Marcel Conche

Parcours, la couverture/ dans la rubrique Pages, 15 notes de lecture sur des livres de Marcel Conche

Parcours

Journal d'une vie intellectuelle

Marcel Conche, HD 2017

 

J'ai reçu le dernier livre de Marcel Conche, le 29 décembre 2017. Belle façon de finir l'année et d'ouvrir la nouvelle, en compagnie d'un ami et d'un philosophe continuant à 95 ans passés à penser et à écrire, sachant que chez lui quand la pensée est claire, l'écriture est sans remords, sans hésitations, limpide.
Parcours est un livre de 216 pages, en 76 chapitres, le plus souvent de 2 pages. Cette concision est particulièrement efficace sur certains sujets philosophiques, métaphysiques comme le temps, le temps et la temporalité, la Nature, le sens de l'homme, l'homme produit de la nature, ma liberté (2 chapitres ont le même nom), les influences, le moi superficiel et le moi profond, l'âme, il y a, la bonté, le visage humain. Pas de chapitres sur la mort ou comment mourir, sujets abordés ailleurs et sur lesquels apparemment il n'a pas d'idées neuves. Mais des pages sur mourir par degrés, sur vieillir, la tristesse du vieil homme. Des pages sobres dans le constat, émouvantes pour qui accompagne Marcel dans son refus de la vie facile, passive à Treffort chez sa belle-fille, dans son choix de la vie solitaire encore active, à part, à Altillac mais de moins en moins, car vieillir c'est être de moins en moins soi-même, de moins en moins vivant, on est moins, à la limite, on n'est plus.

Émilie est présente et d'autres figures féminines Laura, Sylvette, Maryse. À propos d'Émilie, Françoise Dastur, une amie philosophe n'hésite pas à douter de certaines affirmations de Marcel. Le portrait d'elle que vous tracez ne m'incite guère, vraiment, à la compassion et encore moins à l'admiration. Je vois en elle une girouette... Où l'on voit que l'amitié veut la vérité de ce que l'on dit, sans autre considération, sans faux-semblant.

Actualité et histoire sont parfois abordées de façon laconique, tranchante parce que Marcel a une boussole, la morale universelle des droits de l'homme, le mal absolu sous la forme de certaines souffrances infligées aux enfants.

Ainsi le bilan de la colonisation est négatif. Et de citer un livre récent sur les fantômes de Léopold, le sinistre roi belge, instaurateur d'une terreur coloniale responsable de 10 millions de morts entre 1891 et 1911 en lien avec l'exploitation des ressources en ivoire et caoutchouc du Congo. (J'ai vu récemment une vidéo avec des documents photographiques sur cette abomination).

Macron auquel il fut d'abord favorable jusqu'au 26 juin 2017 (il le voyait en Bonaparte de temps de paix) ne semble plus le convaincre et il lui suffit d'une position de Macron, son refus de reconnaître l' « annexion » de la Crimée par Poutine alors que la Crimée fut russe, annexée par Catherine II, annexion reconnue par les Turcs en 1792. Où l'on voit que l'on peut changer d'opinion, non comme une girouette mais en argumentant son changement, en l'étayant. Evidemment l'opinion n'a pas la force, la durée d'une idée philosophique, d'une vérité.
Quelques lettres émaillent le livre dont une de Tzvetan Todorov, mort juste avant la parution de son dernier livre Le triomphe de l'artiste, en février 2017. Je suis tombé sur cette phrase : « puisque nous sommes faits des autres, nous ne mourrons jamais entièrement ; les autres, à leur tour, sont faits en partie de nous ; il y a comme une âme de l'humanité qui est comme immortelle. » On voit comment on peut décliner cette phrase pour penser la mort, la mémoire des morts.

Cette note n'a qu'un but, donner l'envie de suivre ce Parcours, à sauts et à gambades, en fonction de l'intérêt que nous croyons percevoir avec les titres de chapitres, parcours qui renvoie à la personnalité de Marcel Conche, laquelle est lisible dans sa démarche philosophique, bien explicitée dans les premiers chapitres. Rien d'anecdotique même quand on lit Les vendanges, Ma vie à dix-sept ans, Mon frère.

Je rends visite à Marcel Conche du 24 au 27 janvier 2018. Nous lui avons envoyé un colis avec des choses qu'il aime. Pas de livres en cadeau, la lecture lui est devenue difficile. Ne pas se faire plaisir au prix de sa vue, ce à quoi il tient le plus.

 

Jean-Claude Grosse, le 5 janvier 2018

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