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Blog de Jean-Claude Grosse

spectacles en cours là-bas et ici

14 Janvier 2024 , Rédigé par grossel Publié dans #agoras, #engagement, #essais, #histoire, #spectacles, #écriture, #épitaphier, #vraie vie

If I Must Die, by beloved Palestinian poet, teacher and martyr Refaat Alareer,
fondateur du mouvement Nous ne sommes pas que des nombres.
Refaat was killed on December 7th by an Israeli airstrike.
This was the last poem he published
dit en fin de vidéo ci-dessus
récupéré en transcription simultanée
puis traduit automatiquement
0:02
if I must die by rat alar November the
0:08
1st
0:13
2023 if I must die you must live to tell
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my story to sell my things to buy a
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piece of cloth and some
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strings make it white with a long tail
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so that a child somewhere in Gaza while
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looking heaven in the eye awaiting his
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dad who left in Ablaze and bid no one
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farewell not even to his flesh not even
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to himself seize the kite my kite you
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made flying up above and thinks for a
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moment an angel is there bringing back
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love if I must die let it bring
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hope Let It Be A Tale
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oh
0:02 par traducteur automatique
Si je dois mourir par rat alar le
0:08
1er novembre
0:13
2023 si je dois mourir, tu dois vivre pour le dire
0:17
Mon histoire de vendre mes affaires pour acheter un
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Morceau de tissu et quelques
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Les cordes le rendent blanc avec une longue queue
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Pour qu'un enfant quelque part à Gaza alors que
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Regarder le ciel dans les yeux en attendant son
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Père qui est parti à Ablaze et n'a donné à personne
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Adieu pas même à sa chair pas même
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À lui-même saisir le cerf-volant mon cerf-volant vous
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Fait voler au-dessus et pense pour un
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Moment où un ange est là pour ramener
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Amour si je dois mourir, laisse-le apporter
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J'espère que c'est une histoire
1:02
Oh!

quand on veut prouver, on trouve à prouver (voir la conclusion)

la preuve, cet article sur la page FB d'Yves Sokol, en date du 15 décembre

UN LIVRE DE 1714 APPORTE LA PREUVE QUE LA PALESTINE N’A JAMAIS ÉTÉ ARABE
L’auteur parlait couramment l’hébreu, l’arabe, le grec ancien et les langues européennes. Le livre a été écrit en latin et a été envoyé en 1695 en Israël, alors connu sous le nom de Palestine. Au cours de ses voyages, il a enquêté sur environ 2 500 endroits où vivaient des personnes mentionnées dans la Bible ou Michna.
1) Il a d’abord cartographié la Terre d’Israël.
2) Il a ensuite identifié chacun des lieux mentionnés dans la Michna ou le Talmud avec sa source originale. Si la source était juive, il l'a répertorié dans les Saintes Écritures. Si la source était romaine ou grecque, il indiquait le lien en grec ou en latin.
3) a mené une enquête démographique et un recensement de chaque communauté.
Vos conclusions
1. Aucune colonie en Terre d’Israël n’a de nom d’origine arabe.
La plupart des noms de colonies proviennent de langues hébraïques, grecques, latines ou romaines. En fait, jusqu’à aujourd’hui, sauf à Ramlah, aucune colonie arabe ne possède un nom arabe original. Jusqu’à présent, la plupart des noms de colonies sont d’origine hébraïque ou grecque, noms parfois déformés en noms arabes dénués de sens. Il n’y a aucune signification en arabe dans des noms comme Acco (Acre), Haïfa, Jaffa, Naplouse, Gaza ou Jénine et les villes appelées Ramallah, El Halil et El-Kuds (Jérusalem) manquent de racines historiques ou de philologie arabe. En 1696, l'année où Relaand fit le tour du pays, Ramallah par exemple s'appelait Bet'allah (nom hébreu Beit El) et Hébron s'appelait Hébron (Hevron) et les Arabes appelaient Mearat HaMachpelah El Chalil, leur nom pour l'ancêtre Abraham. .
2. La plupart des terrains étaient vides, désolé.
La plupart des terres étaient vides, désolées et les quelques habitants étaient principalement concentrés dans les villes de Jérusalem, Acco, Tzfat, Jaffa, Tibère et Gaza. La plupart des habitants étaient juifs et autres chrétiens. Peu de musulmans, la plupart des bédouins nomades. Naplouse, connue sous le nom de Shchem, était l'exception, car environ 120 personnes y vivaient, membres de la famille musulmane Natsha, et environ 70 Shomronites.
Dans la capitale de la Galilée, Nazareth, vivaient environ 700 chrétiens et à Jérusalem environ 5 000 personnes, principalement des Juifs et quelques chrétiens.
Ce qui est intéressant est que Reland a mentionné les musulmans comme des Bédouins nomades venus dans la région pour renforcer la main-d'œuvre du bâtiment et de l'agriculture. Autrement dit, des travailleurs saisonniers.
Par exemple, environ 500 personnes vivaient à Gaza, 55 % de juifs et le reste principalement de chrétiens. Les Juifs cultivaient et travaillaient dans leurs vignes florissantes, leurs vergers d’oliviers et leurs champs de blé. Les chrétiens travaillaient dans le commerce et le transport de marchandises et de produits.
Tibère et Tzfat étaient pour la plupart juifs et, à l'exception de la mention des pêcheurs qui pêchaient sur le lac Kinneret - le lac de Galilée - une occupation traditionnelle de Tibère, il n'y a aucune mention de leurs occupations. Une ville comme Um el-Phahem était un village où vivaient dix familles, autour de gens, tous chrétiens. Il y avait aussi une petite église maronite dans le village (famille Shehadah).
3. Pas d’héritage palestinien ni de nation palestinienne.
Le livre contredit totalement toute théorie postmoderne qui revendique un « héritage palestinien » ou une nation palestinienne. Le livre confirme le lien, la pertinence, la parenté de la Terre d'Israël avec les Juifs et le manque absolu d'appartenance aux Arabes, qui ont volé le nom latin de Palestine et l'ont pris comme leur.
Conclusion. - Cette étude exhaustive conclut qu'Israël a le droit absolu de défendre, revendiquer et protéger ce qui lui appartient depuis plus de 3 500 ans. Quand, avant Abraham, il reçut la promesse de la terre promise à ISRAËL ET NON À LA PALESTINE.
C'est le pays d'une promesse qui a été faite à Abram en changeant son nom en Abraham et qui est enregistrée dans
Genèse 17 : 4, 5 (Bible messianique israélite Kadosh)
4. « Quant à moi, voici mon alliance avec vous : ……...
5. Ton nom ne sera plus Avram [père exalté], mais ton nom sera Abraham [père de plusieurs], parce que je t'ai fait père de plusieurs nations.
Il réitéra la même promesse à son fils Isaac :
La même promesse fut répétée à Jacob, le plus jeune fils d'Isaac, le père des 12 tribus d'Israël.
Les documents les plus anciens NE MENTIONNENT PAS LES PALESTINIENS OU LES ARABES.
Les enfants israéliens descendants d'Avram mentionnent que son nom a été changé en Abraham.
Note. - Adrian Reland (1676-1718), orientaliste néerlandais, est né à Ryp, a étudié à Utrecht et Leiden et fut professeur de langues orientales successivement à Harderwijk (1699) et Utrecht (1701). Ses œuvres les plus importantes sont Palaestina ex monumentis veteribus illustré (Utrecht, 1714) et Antigüitates sacrae veterum Hebraeorum.
 
JCG : Yves Sokol se refuse à tirer toutes les conclusions implicites de son analyse,
qu'on remonte dans le temps fictionnel d'Abraham (aucune trace écrite vérifiable, aucun enregistrement audio ou vidéo de la voix faisant la promesse à Abraham, rire)
ou qu'on en arrive à 1948 où il y avait bien des villages et des gens et pas un désert dans ce qu'il appelle Palaestina
il y a bien eu expulsion et assassinats de gens
et aujourd'hui, il y a bien des gens à Gaza, des Gazaouis, plus d'un million en train d'être expulsés, exterminés
TABLE DES MATIERES

 

 Frontispice
 
Introduction, par Baruch Hagani. 
 
 7
 
 
 
 33
 
 
 41
 
 
 
 
 
 
 227
 

 

82 eaux-fortes (les désastres de la guerre) + 3 planches (les prisonniers) / édité en 1955 / visuel mis sur la page FB de Joan Sfar, le 6 novembre avec ce commentaire Si tu énerves les deux camps c'est que tu es sur la bonne voie !
82 eaux-fortes (les désastres de la guerre) + 3 planches (les prisonniers) / édité en 1955 / visuel mis sur la page FB de Joan Sfar, le 6 novembre avec ce commentaire Si tu énerves les deux camps c'est que tu es sur la bonne voie !

82 eaux-fortes (les désastres de la guerre) + 3 planches (les prisonniers) / édité en 1955 / visuel mis sur la page FB de Joan Sfar, le 6 novembre avec ce commentaire Si tu énerves les deux camps c'est que tu es sur la bonne voie !

"S’asseoir au milieu du désastre,

et devenir témoin,

réveiller en soi cet allié qui n’est autre

que le noyau divin en nous.

... Après avoir traversé une existence très préservée, très occupée à éviter les naufrages, toute cette adresse à passer entre les catastrophes, entre les blessures. Et subitement, après quinze ans de mariage, l’arrivée d’une autre femme, l’arrivée dans une existence préservée d’un autre être, qui du jour au lendemain détruit l’univers que vous vous étiez construit.

Et la traversée, pendant deux ans, trois ans, de la solitude, de l’abandon, dans un pays étranger, dans un village au bout du monde. Et la rencontre du travail de Dürckheim et d’une remarquable femme, son élève, qui travaillait avec la voix.

Alors que j’attendais d’elle qu’elle me donne la force de faire mes bagages, et de partir avec mes fils, elle m’a dit : « Tu restes là, assise au milieu du désastre, là ".

Tout le travail que j’ai fait par la suite avec le corps, avec la présence au monde, aux choses, cette leçon, non seulement d’accepter l’inacceptable, mais d’y entrer, d’y établir ses pénates, entrer dans le désastre, à l’intérieur, et y rester, y rester !

Non pas fuir, mais oser rester, à l’endroit où je suis interpellée, à cet endroit où tombent tous les masques, où tout ce que je n’aurais jamais pu croire s’avère être en moi, tous les démons, toute l’ombre. Les paroles éclatent et tous les démons déferlent dans la vie, la jalousie, l’envie de meurtre, l’autodestruction.

Et je reste là et je regarde...

... Nous connaissons dans notre Occident deux voies quand nous sommes dans un état d’étouffement, d’étranglement. L’une c’est le défoulement, c’est crier, c’est exprimer ce qui était jusqu’alors rentré. Il y a de nombreuses formes de thérapies sur ce modèle et c’est probablement, en son lieu et place, quelque chose de très précieux, pour faire déborder le trop plein. Mais au fond, toute l’industrie audiovisuelle, cinématographique, est fondée sur ce défoulement, cette espèce d’éclatement de toute l’horreur, de tout le désespoir rentré, qui en fait le prolonge et le multiplie à l’infini.

L’autre réponse, c’est le refoulement : avaler des couleuvres, et devenir lentement ce nid de serpents sur deux pattes, avec tout ce que ces vipères et couleuvres avalées ont d’effet destructif sur le corps et l’âme.

 

Et le troisième modèle qui nous vient d’Extrême-Orient et qu’incarnait Dürckheim : s’asseoir au milieu du désastre, et devenir témoin, réveiller en soi cet allié qui n’est autre que le noyau divin en nous.

 

J’ai rencontré voilà quatre jours, en faisant une conférence à Vienne, une femme. Et c’est une belle histoire qu’elle m’a racontée qui exprime cela à la perfection. Elle me disait à la perte de son unique enfant, avoir été ravagée de larmes et de désespoir, et un jour, elle s’est placée devant un miroir et a regardé ce visage brûlé de larmes, et elle a dit : « Voilà le visage ravagé d’une femme qui a perdu son enfant unique », et à cet instant, dans cette fissure, cette seconde de non identification, où un être sort d’un millimètre de son désastre et le regarde, s’est engouffrée la grâce. Dans un instant, dans une espèce de joie indescriptible, elle a su : « Mais nous ne sommes pas séparés », et avec cette certitude, le déferlement d’une joie indescriptible qu’exprimait encore son visage. C’était une femme rayonnante de cette plénitude et de cette présence qu’engendre la traversée du désastre.

 

Il existe, paraît-il, dans un maelström, un point où rien ne bouge. 


Se tenir là ! 


Ou encore, pour prendre une autre image: dans la roue d’un chariot emballé, il y a un point du moyeu qui ne bouge pas. Ce point, trouver ce point. 


Et si un seul instant, j’ai trouvé ce point, ma vie bascule, dans la perspective de la grande vie derrière la petite vie, de l’écroulement des paravents, de l’écroulement des représentations.

Un instant, voir cette perspective agrandie..."

 

Christiane Singer

Du bon usage des crises, Albin Michel, 2001

J'ai tenté d'appliquer cette approche d'assise au milieu du désastre à ce qui se passe depuis le 7 octobre au Moyen-Orient.

En ayant aussi conscience que victimes et bourreaux, nous sommes d'abord des humains

que rien de ce qui est humain ne nous est étranger (Térence)

que chaque homme porte la forme entière de l'humaine condition (Montaigne).

Naji al-Ali, né vers 1937 en Palestine et mort assassiné le 29 août 1987, en Grande-Bretagne, est un caricaturiste palestinien. À la suite de l'exode palestinien de 1948 sa famille s'est réfugiée dans camp libanais de Ain al-Hilweh. Handala est un personnage créé par Naji al-ali. Il est apparu pour la première fois en 1969 dans le journal koweitien Alsiyassa (La politique). C'est un petit garçon âgé de 10 ans, c'est l'âge qu'avait Naji lorsqu'il avait quitté la Palestine, pieds nus comme tous les enfants qui habitent les camps de réfugiés palestiniens. Handala est situé dans l'espace sans terrain d'appui car il est sans patrie. C'est le témoin de la tragédie de tout un peuple, le personnage est toujours dessiné de dos, visage tourné vers la Palestine.
Naji al-Ali, né vers 1937 en Palestine et mort assassiné le 29 août 1987, en Grande-Bretagne, est un caricaturiste palestinien. À la suite de l'exode palestinien de 1948 sa famille s'est réfugiée dans camp libanais de Ain al-Hilweh. Handala est un personnage créé par Naji al-ali. Il est apparu pour la première fois en 1969 dans le journal koweitien Alsiyassa (La politique). C'est un petit garçon âgé de 10 ans, c'est l'âge qu'avait Naji lorsqu'il avait quitté la Palestine, pieds nus comme tous les enfants qui habitent les camps de réfugiés palestiniens. Handala est situé dans l'espace sans terrain d'appui car il est sans patrie. C'est le témoin de la tragédie de tout un peuple, le personnage est toujours dessiné de dos, visage tourné vers la Palestine.
Naji al-Ali, né vers 1937 en Palestine et mort assassiné le 29 août 1987, en Grande-Bretagne, est un caricaturiste palestinien. À la suite de l'exode palestinien de 1948 sa famille s'est réfugiée dans camp libanais de Ain al-Hilweh. Handala est un personnage créé par Naji al-ali. Il est apparu pour la première fois en 1969 dans le journal koweitien Alsiyassa (La politique). C'est un petit garçon âgé de 10 ans, c'est l'âge qu'avait Naji lorsqu'il avait quitté la Palestine, pieds nus comme tous les enfants qui habitent les camps de réfugiés palestiniens. Handala est situé dans l'espace sans terrain d'appui car il est sans patrie. C'est le témoin de la tragédie de tout un peuple, le personnage est toujours dessiné de dos, visage tourné vers la Palestine.
Naji al-Ali, né vers 1937 en Palestine et mort assassiné le 29 août 1987, en Grande-Bretagne, est un caricaturiste palestinien. À la suite de l'exode palestinien de 1948 sa famille s'est réfugiée dans camp libanais de Ain al-Hilweh. Handala est un personnage créé par Naji al-ali. Il est apparu pour la première fois en 1969 dans le journal koweitien Alsiyassa (La politique). C'est un petit garçon âgé de 10 ans, c'est l'âge qu'avait Naji lorsqu'il avait quitté la Palestine, pieds nus comme tous les enfants qui habitent les camps de réfugiés palestiniens. Handala est situé dans l'espace sans terrain d'appui car il est sans patrie. C'est le témoin de la tragédie de tout un peuple, le personnage est toujours dessiné de dos, visage tourné vers la Palestine.

Naji al-Ali, né vers 1937 en Palestine et mort assassiné le 29 août 1987, en Grande-Bretagne, est un caricaturiste palestinien. À la suite de l'exode palestinien de 1948 sa famille s'est réfugiée dans camp libanais de Ain al-Hilweh. Handala est un personnage créé par Naji al-ali. Il est apparu pour la première fois en 1969 dans le journal koweitien Alsiyassa (La politique). C'est un petit garçon âgé de 10 ans, c'est l'âge qu'avait Naji lorsqu'il avait quitté la Palestine, pieds nus comme tous les enfants qui habitent les camps de réfugiés palestiniens. Handala est situé dans l'espace sans terrain d'appui car il est sans patrie. C'est le témoin de la tragédie de tout un peuple, le personnage est toujours dessiné de dos, visage tourné vers la Palestine.

Naji al-Ali, né vers 1937 en Palestine et mort assassiné le 29 août 1987, en Grande-Bretagne, est un caricaturiste palestinien.
À la suite de l'exode palestinien de 1948 sa famille s'est réfugiée dans camp libanais de Ain al-Hilweh.
Handala est un personnage créé par Naji al-ali. Il est apparu pour la première fois en 1969 dans le journal koweitien Alsiyassa (La politique). C'est un petit garçon âgé de 10 ans, c'est l'âge qu'avait Naji lorsqu'il avait quitté la Palestine, pieds nus comme tous les enfants qui habitent les camps de réfugiés palestiniens. Handala est situé dans l'espace sans terrain d'appui car il est sans patrie. C'est le témoin de la tragédie de tout un peuple, le personnage est toujours dessiné de dos, visage tourné vers la Palestine, et les mains croisées en signe de refus des solutions proposées par les États-Unis et leurs alliés arabes et israéliens. Il ne devrait dévoiler son visage que le jour où la dignité arabe ne sera plus menacée et où il retrouvera sa terre natale.
Handala est souvent accompagné de trois autres personnages récurrents : Fatima (dessin de gauche), l’homme bon (Al-Zalama, au milieu) et l’homme mauvais (à droite). Fatima représente une forme de refuge, la mère et la terre de Palestine, l’épouse dévouée, la femme souffrante et la protectrice. Elle incarne également l’implication des femmes palestiniennes dans la résistance. Al-Zalama est un homme honnête et bon qui représente, comme Handala, l’homme arabe ordinaire : « je ne suis ni Palestinien, ni Jordanien, ni Koweitien, ni Libanais, ni Egyptien, aucun. En bref, je n’ai pas de carte d’identité et ne suis pas intéressé à prendre la nationalité d’un quelconque pays. Je suis juste une personne arabe ». Sa maigreur symbolise l’oppression et la pauvreté des réfugiés. Son antagoniste, l’homme mauvais - laid, obèse, paresseux, sale, sans jambes car sans soutien populaire - personnifie la stupidité, la bassesse, l’oppression, les trahisons et les complots contre la résistance palestinienne.à combien de degrés, se lave un tissu de mensonges
 
Paroles de Gavroche, même âge que Handala dans les Misérables de Victor Hugo :
 
"Tenter, braver, persister, persévérer, être fidèle à soi-même, prendre corps à corps le destin, étonner la catastrophe par le peu de peur qu’elle nous fait, tantôt affronter la puissance injuste, tantôt insulter la victoire ivre, tenir bon, tenir tête ; voilà l’exemple dont les peuples ont besoin, et la lumière qui les électrise".
à combien de degrés se lave un tissu de mensonges

à combien de degrés se lave un tissu de mensonges

Réveillez-vous, réveillez-vous, ô égarés !
Vos religions sont subterfuges des Anciens.
Ils disent que le Temps mourra bientôt,
Que les jours sont à bout de souffle.
Ils ont menti – ils ignorent son échéance.
N’écoutez pas ces champions de fourberie.
Les gens voudraient qu’un imam se lève
Et prenne la parole devant une foule muette.
Illusion trompeuse – il n’est d’imam que la raison,
Notre guide de jour comme de nuit.
Peut-être dans les temples se trouvent-ils des gens
qui procurent la terreur à l'aide de versets,
Comme d'autres dans les tavernes
Procurent le plaisir.
Les lois divines ont semé parmi nous la rancune
Et nous ont apporté toutes sortes de malheurs,
Les corps vont à la poussière.
Aucun savant ne sait où va l'âme.
Malgré moi, je suis sorti en ce bas monde,
Et mon voyage est pour un monde ailleurs.
Cela malgré moi aussi, et Dieu m'en est témoin !
Suis-je prédestiné, entre ces deux mondes,
A accomplir une tâche,
Ou suis-je libre de mes choix ?
Raison - demeures laissées à l'abandon
Ignorance - solides demeures habitées.
La religion - commerce de morts.
Pour cette raison, c'est un objet invendable
parmi les vivants.
L' égaré appelle impie celui qui ne partage pas sa foi.
Malheur à lui ! Quel homme n'a pas connu l'impiété ?
Le Livre est devenu trompettes des égarés,
Et les versets, mélodies.
Ils en ont joué, puis, dans leur infamie,
Les ont agitées comme des épées
Sur l'homme paisible qui veille
Au clair de lune.
Je ne blâme pas l'athée
Mais plutôt celui qui, craignant l'enfer,
Persiste dans sa furie.
La raison ne peut que s'étonner des lois,
Qu'elles soient païennes, musulmanes,
juives ou chrétiennes...
Quant à la certitude, elle n'existe pas.
L'apogée de mes efforts se trouve
Dans l'intuition et les pressentiments.
J'ai poussé loin mes recherches
Et mes investigations.
J'affirme, malgré cela,
Que je suis perdu et ignorant.
Le mensonge a détruit
Les habitants de la terre.
Leurs descendants se sont groupés en sectes
Qui ne peuvent fraterniser.
Si l'inimitié n'avait été dans leur nature,
Dès l'origine,
Mosquée, église et synagogue
N'auraient fait qu'une.
La vérité est soleil recouvert de ténèbres -
Elle n'a pas d'aube dans les yeux des humains.
La raison, pour le genre humain
Est un spectre qui passe son chemin.
Foi, incroyance, rumeurs colportées,
Coran, Torah, Évangile
Prescrivant leurs lois ...
A toute génération ses mensonges
Que l’on s’empresse de croire et consigner.
Une génération se distinguera-t-elle, un jour,
En suivant la vérité ?
Deux sortes de gens sur la terre :
Ceux qui ont la raison sans religion,
Et ceux qui ont la religion et manquent de raison.
Tous les hommes se hâtent vers la décomposition,
Toutes les religions se valent dans l'égarement.
Si on me demande quelle est ma doctrine,
Elle est claire :
Ne suis-je pas, comme les autres,
Un imbécile ?
 
 
Abu-l-Ala al-Maari  (973-1057),
Aboul Ala El-Maari ou Aboul Alaa El-Maari
est un poète arabe qui naquit dans la ville syrienne de Ma`arrat an-N`uman au sud d'Alep.

 

En , son œuvre était interdite d’exposition au Salon international du livre d'Alger (SILA) sur ordonnance du ministère des Affaires religieuses et des Waqfs algérien.

En 2013, la statue qui lui avait été érigée à Maaret el-Noomane, sa ville de naissance, a été jetée à bas de son socle et décapitée par un groupe djihadiste armé.

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On supprimera la Foi
Au nom de la Lumière,
Puis on supprimera la lumière.
On supprimera l’Âme
Au nom de la Raison,
Puis on supprimera la raison.
On supprimera la Charité
Au nom de la Justice,
Puis on supprimera la justice.
On supprimera l‘Amour
Au nom de la Fraternité,
Puis on supprimera la fraternité.
On supprimera l’Esprit de Vérité
Au nom de l’Esprit critique,
Puis on supprimera l’esprit critique.
On supprimera le Sens du Mot
Au nom du Sens de mots,
Puis on supprimera le sens des mots.
On supprimera le Sublime
Au nom de l’Art,
Puis on supprimera l’art.
On supprimera les Écrits,
Au nom des Commentaires,
Puis on supprimera les commentaires.
On supprimera le Saint
Au nom du Génie,
Puis on supprimera le génie.
On supprimera le Prophète
Au nom du Poète,
Puis on supprimera le poète.
On supprimera l’Esprit
Au nom de la Matière,
Puis on supprimera la matière.
AU NOM DE RIEN ON SUPPRIMERA L’HOMME.
ON SUPPRIMERA LE NOM DE L’HOMME :
IL N’Y AURA PLUS DE NOM ;
NOUS Y SOMMES.
 
Armand Robin, Les Poèmes indésirables
Les Juifs d’Evguéni Tchirikov. pièce écrite en 1903, suite au pogrom de Kichiniov, pendant la Pâque orthodoxe du 6 au 8 avril 1903, éditée en 1906 par Gorki, immédiatement censurée et jamais rééditée.

Les Juifs d’Evguéni Tchirikov. pièce écrite en 1903, suite au pogrom de Kichiniov, pendant la Pâque orthodoxe du 6 au 8 avril 1903, éditée en 1906 par Gorki, immédiatement censurée et jamais rééditée.

Les Juifs d’Evguéni Tchirikov. pièce écrite en 1903, suite au pogrom de Kichiniov, pendant la Pâque orthodoxe du 6 au 8 avril 1903, éditée en 1906 par Gorki, immédiatement censurée et jamais rééditée.

Le pogrom (3 lignes décrivent les atrocités commises, page 15, je ne les reproduis pas) avait eu un immense retentissement, faisant suite au retentissement mondial de l’interminable affaire Dreyfus. Une grande collecte pour les victimes avait été organisée. Y avaient participé entre autres Tolstoï, Tchekhov.

Ce qui est remarquable avec Les Juifs, c’est qu’elle est écrite par un Russe, non par un Juif, tentant de nous faire vivre de l’intérieur d’une maison (mot essentiel en Russie), les doutes, espoirs, angoisses, épreuves d’une famille juive, celle du vieil horloger Leïser Frenkel.

La pièce fut créée en décembre 1904 à Berlin, fit une tournée mondiale, Vienne, Oslo, Londres, New York (un an aux USA).

Elle est créée en Russie même fin 1905. Meyerhold en fit une mise en scène, en février 1906, jouée 3 fois.

En France, la pièce ne fut jouée qu’une fois en juin 1933, au Théâtre du Vieux-Colombier, un an après la mort de Tchirikov, et peu après l’arrivée de Hitler au pouvoir, dans une traduction et une mise en scène de Georges Pitoëff, soirée de gala au profit du Fonds juif international dont la mission était de favoriser l’installation en Palestine des Juifs allemands exilés. La traduction de Pitoëff n’a pas été retrouvée, jamais publiée.

2023, résurrection de cette pièce par les soins d’André Markowicz, 120 ans après son écriture, 90 ans après sa seule représentation en France.

Ma lecture :

Pièce en 4 actes. 150 pages.
1° acte : un acte éminemment politique, idéologique, historique. Échanges vifs et argumentés entre des jeunes gens, l’un sioniste, voulant retourner aux sources, recréer un foyer juif en Palestine. Il est le seul à défendre cette vision. Les autres sont marxistes, il y a des juifs, des russes dont un ouvrier, certains, sont socio-démocrates,  sur la ligne du réformisme (August Bebel est cité), d’autres, révolutionnaires, sur la ligne de la rupture avec le capitalisme, y compris avec les riches Juifs.

2° acte : on entre dans l’intimité de la famille, dans les envies et projets des uns et des autres. Émerge le personnage de Lia, la fille du vieil horloger.  Elle est aimée du sioniste Nachman (26 ans), aime un chrétien russe, révolutionnaire, Bérézine. Dilemme. Beaucoup d’interruptions. Cette vieille maison juive, succession de pièces, atelier, entrepôt, cuisine, chambres, salle à manger, cave, on y entre, on en sort sans frapper, par différentes entrées et sorties. Des Russes passent, des Juifs arrivent dont le frère du vieil horloger, Aaron (55 ans) et sa famille. Des rumeurs courent sur un pogrom annoncé à Kichiniov.

3° acte : les menaces se précisent, des pierres sont jetées, des insultes proférées; que faire ? Fuir, se défendre revolver en mains, se tuer, espérer la solidarité des ouvriers russes, l’intervention de la police; accepter les humiliations, la mort atroce sous les moqueries ?

4° acte : le plus court (17 pages), le pogrom en acte

violente dispute entre le vieil horloger (60 ans) et son fils Boruch ((22 ans), le frère aîné de Lia (18 ans). Boruch et Lia, étudiants, sont interdits de poursuite d’études, pour désordres, ce qui provoque la colère de Leïser, reniant son fils. Bérézine, russe orthodoxe et camarade de Boruch tente de sauver Lia en l’incitant à fuir avec lui. Elle refuse et finit par se suicider avec le revolver de Bérézine, lui-même tué par les pogromistes.

Ça n’arrête pas d’entrer et de sortir. Certains meurent de peur ou de vieillesse.

Des personnages, on passe aux voix sans visage, à leurs injures, insultes, projets de viols, d’assassinats jusqu’à la confusion finale. La police annoncée, le pogrom reflue, des ouvriers solidaires sont maintenant sur les lieux, Nachman cesse d’utiliser son revolver.

 

J’avoue avoir hésité à lire le 4° acte. S’il y avait eu des actes, j’aurais regretté la lecture. Là, on n’entend que les voix des « monstres », des salopards, de la haine anti-sémite. Il faut de l’imagination pour passer

JCG : l'écriture évolutive de cet article,

écrit sans voir d'images, de vidéos, sans écouter les médias, en évitant tout ce qui est tranché comme un couperet idéologique ou religieux, en lisant des articles parfois fort anciens, en faisant des recherches,

écrit du 9 octobre au 22 novembre,

écrit sans colère ni tristesse ni détresse sans espoir

se justifie par l'horreur de ce qui s'est déroulé, se déroule et par les conséquences, les bouleversements qui ne manqueront pas de se produire

le 7 octobre = massacres perpétrés par le Hamas = crimes de guerre

j'ai cherché des responsables

Cheikh Yassine, Yahya Sinwar, Mohammed Deif

https://www.jeuneafrique.com/1491625/politique/du-cheikh-yassine-a-deluge-dal-aqsa-genese-du-hamas/

https://www.jeuneafrique.com/1501644/politique/yahya-sinwar-leader-du-hamas-lart-de-la-manipulation/

https://www.jeuneafrique.com/1490819/politique/qui-est-mohammed-deif-le-cerveau-de-lattaque-du-hamas-en-israel/

et par la réaction de vengeance qui s'en suit =

le choix militaire fait par le gouvernement d'extrême-droite israélien de traiter toute la population de Gaza comme ennemie, comme des "animaux humains" peut être caractérisé juridiquement

ou comme crime contre l'humanité

ou comme génocide;

FLASH | "Le nord de #Gaza est plus beau que jamais. Tout faire exploser et tout aplatir est un régal pour les yeux. Nous allons distribuer des parcelles à tous ceux qui se sont battus pour Gaza, et aux expulsés de Gush Katif", a publié le ministre israélien du Patrimoine, Amichai #Eliyahu, sur Facebook. le 3 novembre, 9:37 AM

même caractérisation pour ce qui se passe à bas bruit au Haut-Karabagh; 

la CPI pourrait d'ores et déjà engager des poursuites mais, hasard ?, ni Israël ni USA ni Russie n'ont ratifié le statut de Rome créant la CPI en 2002

j'ai fait choix, en les reproduisant, ou en donnant les hyper-liens, d'un certain nombre d'analyses, d'interventions, de prises de position (venues essentiellement d'Israël et de Palestine)

j'ai fait choix de contextualiser (le rôle du sionisme révisioniste et de son leader Vladimir Jabotinski (1880-1940) / position d'Einstein et d'Arendt après le massacre de 1948 par le parti de la liberté de Menahem Begin, continuateur de Jabotinski)

NB :  le père de Netanyaou fut le secrétaire de Jabotinski (théoricien du Grand Israël)

j'ai fait entendre des points de vue me semblant proposer  des solutions en me positionnant par rapport à elles

deux questions me semblent essentielles

l'une politique : 1 ou 2 États ?

(2 États semblent être définitivement un échec)

l'autre philosophique : un modèle de gouvernement peut-il prétendre à l'universalité de droit ? la démocratie peut-elle être déclarée de droit universelle et faire valoir dans les faits, y compris par la force, sa suprématie ?

 

Lettre de démission de Craig Mokhiber, directeur du Bureau de New York du Haut Commissariat aux droits de l’Homme adressée le 28 octobre 2023 au Haut-commissaire des droits de l’Homme, Volker Turk.

 

Monsieur le Haut Commissaire,

Ceci sera ma dernière communication officielle en tant que directeur du Bureau de New York du Haut Commissariat aux droits de l’homme (OHCHR).

Je vous écris dans un moment de grande détresse pour le monde, y compris pour beaucoup de nos collègues. Une fois encore, nous assistons à un génocide qui se déroule sous nos yeux, et l’Organisation que nous servons semble impuissante à l’arrêter. En tant que personne ayant enquêté sur les droits de l’homme en Palestine depuis les années 1980, ayant vécu à Gaza comme conseiller des Nations unies pour les droits de l’homme dans les années 1990, et ayant effectué plusieurs missions de défense des droits de l’homme dans le pays avant et depuis ces périodes, cette situation me touche personnellement.

C’est encore dans ces locaux de l’ONU que j’ai travaillé lors des génocides contre les Tutsis, les musulmans bosniaques, les Yazidis et les Rohingyas. Dans chaque cas, alors que la poussière était retombée sur les horreurs perpétrées contre des populations civiles sans défense, il devenait douloureusement évident que nous avions manqué à notre devoir de répondre aux impératifs de prévention des atrocités de masse, de protection des personnes vulnérables et d’obligation d’exiger que les auteurs de ces actes rendent des comptes. Il en a été de même avec les vagues successives de meurtres et de persécutions à l’encontre des Palestiniens, tout au long de l’existence des Nations unies.

Monsieur le Haut Commissaire, nous échouons à nouveau.

En tant que juriste spécialisé dans les droits de l’homme, avec plus de trente ans d’expérience dans ce domaine, je sais bien que le concept de génocide a souvent fait l’objet d’exploitation politique abusive. Mais le massacre actuel du peuple palestinien, ancré dans une idéologie coloniale ethno-nationaliste, dans la continuité de décennies de persécution et d’épuration systématiques, entièrement fondé sur leur statut d’Arabes, et associé à des déclarations d’intention explicites des dirigeants du gouvernement et de l’armée israéliens, ne laisse aucune place au doute ou au débat. À Gaza, les habitations, les écoles, les églises, les mosquées et les établissements médicaux sont attaqués sans raison et des milliers de civils sont massacrés. En Cisjordanie, y compris à Jérusalem occupée, les maisons sont saisies et réattribuées en fonction uniquement de la race. Par ailleurs, de violents pogroms perpétrés par les colons sont accompagnés par des unités militaires israéliennes. Dans tout le pays, l’apartheid règne.

Il s’agit d’un cas d’école de génocide. Le projet colonial européen, ethno-nationaliste, de colonisation en Palestine est entré dans sa phase finale, vers la destruction accélérée des derniers vestiges de la vie palestinienne indigène en Palestine. Qui plus est, les gouvernements des États-Unis, du Royaume-Uni et d’une grande partie de l’Europe sont totalement complices de cet horrible assaut. Non seulement ces gouvernements refusent de remplir leurs obligations conventionnelles “d’assurer le respect” des conventions de Genève, mais ils arment activement l’offensive, fournissent un soutien économique, des renseignements, et couvrent politiquement et diplomatiquement les atrocités commises par Israël.

De concert avec tout cela, les médias corporatifs occidentaux, de plus en plus aux ordres des gouvernements, sont en totale rupture avec l’article 20 du PIDCP (ndt, Pacte international relatif aux droits civils et politiques adopté en 1966), déshumanisant les Palestiniens sans cesse pour justifier le génocide, et diffusant la propagande guerrière et les appels à la haine nationale, raciale ou religieuse qui constituent une incitation à la discrimination, à l’hostilité et à la violence. Les entreprises de réseaux sociaux basées aux États-Unis étouffent les voix des défenseurs des droits de l’homme tout en amplifiant la propagande pro-israélienne. Les gendarmes du lobby israélien sur le net et les GONGOS (ndt, organisations non gouvernementales soutenues par des gouvernements) harcèlent et diffament les défenseurs des droits de l’homme, les universités et employeurs occidentaux collaborent avec eux pour punir ceux qui osent s’élever contre les atrocités. À la suite de ce génocide, ces acteurs devront également rendre des comptes, comme ce fut le cas pour la radio des Milles Collines au Rwanda.

Dans de telles circonstances, notre organisation est plus que jamais appelée à agir de manière efficace et fondée sur des principes. Mais nous n’avons pas relevé ce défi. Le pouvoir de protection du Conseil de sécurité a de nouveau été bloqué par l’intransigeance des États-Unis, le secrétaire général est attaqué pour ses lègères protestations et nos mécanismes de défense des droits de l’Homme font l’objet d’attaques calomnieuses soutenues par un réseau organisé en ligne qui défend l’impunité.

Des décennies de distraction par les promesses illusoires et largement décevantes d’Oslo ont détourné l’Organisation de son devoir essentiel de protection du droit international, des droits de l’Homme et de la Charte elle-même. Le mantra de la “solution à deux États” est devenu une plaisanterie ouverte dans les couloirs de l’ONU, à la fois pour son impossibilité absolue dans les faits et pour son incapacité totale à tenir compte des droits humains inaliénables du peuple palestinien. Le soi-disant “Quartet” n’est plus qu’une feuille de vigne pour l’inaction et la soumission à un statu quo brutal. La référence (écrite par les États-Unis) aux “accords entre les parties elles-mêmes” (au lieu du droit international) a toujours été un tour de passe passe évident, destiné à renforcer le pouvoir d’Israël contre les droits des Palestiniens occupés et dépossédés de leurs biens.

Monsieur le Haut Commissaire, j’ai rejoint cette Organisation dans les années 1980, parce que j’y ai trouvé une institution fondée sur des principes et des normes qui étaient résolument du côté des droits de l’Homme, y compris dans les cas où les puissants États-Unis, Royaume-Uni et Europe n’étaient pas de notre côté. Alors que mon propre gouvernement, ses institutions subsidiaires et une grande partie des médias nord-américains soutenaient ou justifiaient encore l’apartheid sud-africain, l’oppression israélienne et les escadrons de la mort d’Amérique centrale, les Nations unies défendaient les peuples opprimés de ces pays. Nous avions pour nous le droit international. Nous avions pour nous les droits humains. Nous avions pour nous les principes. Notre autorité était ancrée dans notre intégrité. Mais ce n’est plus le cas.

Au cours des dernières décennies, des membres importants des Nations unies ont cédé au pouvoir des États-Unis et à la peur du lobby israélien, abandonnant ces principes et renonçant au droit international lui-même. Nous avons beaucoup perdu dans cet abandon, notamment notre propre crédibilité mondiale. Mais c’est le peuple palestinien qui a subi les plus grandes pertes à cause de nos échecs. L’ironie de l’histoire veut que la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH) ait été adoptée l’année même où la Nakba a été perpétrée contre le peuple palestinien.

Alors que nous commémorons le 75e anniversaire de la DUDH, nous ferions bien d’abandonner le mythe éculé selon lequel la DUDH est née des atrocités qui l’ont précédée, et d’admettre qu’elle est née en même temps que l’un des génocides les plus atroces du XXème siècle, celui de la destruction de la Palestine. D’une certaine manière, les auteurs de la Déclaration promettaient les droits de l’homme à tout le monde, sauf au peuple palestinien. N’oublions pas non plus que les Nations unies ont commis le péché originel de faciliter la dépossession du peuple palestinien en ratifiant le projet colonial européen qui s’est emparé des terres palestiniennes et les a remises aux colons. Nous avons tant à nous faire pardonner.

Mais la voie de l’expiation est claire. Nous avons beaucoup à apprendre de la position de principe adoptée ces derniers jours dans les villes du monde entier, où des millions de personnes s’élèvent contre le génocide, même au risque d’être battues et arrêtées. Les Palestiniens et leurs alliés, les défenseurs des droits de l’homme de tous bords, les organisations chrétiennes, musulmanes et les voix juives progressistes qui disent “pas en notre nom”, montrent tous la voie. Il ne nous reste plus qu’à les suivre.

Hier, à quelques rues d’ici, la gare Grand Central de New York a été complètement envahie par des milliers de juifs défenseurs des droits de l’homme, solidaires du peuple palestinien et exigeant la fin de la tyrannie israélienne (nombre d’entre eux risquant d’être arrêtés). Ce faisant, ils ont balayé en un instant l’argument de propagande de la hasbara israélienne (et le vieux cliché d’antisémitisme) selon lequel Israël représenterait en quelque sorte le peuple juif. Ce n’est pas le cas. Et, en tant que tel, Israël est seul responsable de ses crimes. Sur ce point, il convient de répéter, malgré les calomnies du lobby israélien, que la critique des violations des droits de l’homme par Israël n’est pas antisémite, pas plus que la critique des violations saoudiennes n’est islamophobe, la critique des violations du Myanmar n’est anti-bouddhiste, ou la critique des violations indiennes n’est anti-hindouiste. Lorsqu’ils cherchent à nous faire taire en nous calomniant, plutôt que faire silence, nous devons élever la voix. J’espère que vous conviendrez, Monsieur le Haut Commissaire, qu’il s’agit là de l’essence même du parler vrai aux puissants. 

Mais je trouve également de l’espoir dans tous ces membres des Nations unies qui,en dépit des énormes pressions exercées, ont refusé de compromettre les principes de l’Organisation en matière de droits de l’homme. Nos rapporteurs spéciaux indépendants, nos commissions d’enquête et nos experts des organes de traités, ainsi que la majorité de notre personnel, ont continué à défendre les droits humains du peuple palestinien, alors même que d’autres membres des Nations unies (même au plus haut niveau) ont honteusement courbé l’échine devant les puissants. En tant que gardien des normes et standards en matière de droits de l’homme, le HCDH (ndt Haut-Commissariat aux droits de l’homme) a le devoir particulier de défendre ces normes. Notre tâche, je crois, est de faire entendre notre voix, du secrétaire général à la dernière recrue des Nations unies et, horizontalement, dans l’ensemble du système des Nations unies, en insistant sur le fait que les droits humains du peuple palestinien ne font l’objet d’aucun débat, d’aucune négociation, ni d’aucun compromis, où que ce soit sous la banière bleue.

À quoi ressemblerait donc une position fondée sur les normes de l’ONU ? À quoi travaillerions-nous si nous étions fidèles à nos exhortations rhétoriques sur les droits de l’homme et l’égalité pour tous, la responsabilité pour les criminels, la réparation pour les victimes, la protection des personnes vulnérables et l’autonomisation des détenteurs de droits, le tout dans le cadre de l’État de droit ? La réponse, je crois, est simple – si nous avons la lucidité de voir au-delà des écrans de fumée de la propagande qui déforment la vision de la justice pour laquelle nous avons prêté serment, le courage d’abandonner peur et déférence à l’égard des États puissants et la volonté de brandir l’étendard des droits de l’homme et de la paix. Certes, il s’agit d’un projet à long terme et d’une voie escarpée. Mais nous devons commencer maintenant à moins de nous abandonner à une horreur indicible. Je vois dix points essentiels :

  1. Une action légitime : tout d’abord, nous devons, au sein des Nations unies, abandonner le paradigme d’Oslo, qui a échoué (et qui est en grande partie fallacieux), sa solution illusoire à deux États, son Quartet impuissant et complice, et le détournement du droit international aux diktats de son supposé bien-fondé politique. Nos positions doivent se fonder sans équivoque sur les droits de l’homme et le droit international.
  2. Une vision claire : nous devons cesser de prétendre qu’il s’agit simplement d’un conflit territorial ou religieux entre deux parties belligérantes et admettre la réalité de la situation, à savoir qu’un État au pouvoir disproportionné colonise, persécute et dépossède une population autochtone sur la base de son appartenance ethnique.
  3. Un État unique fondé sur les droits de l’homme : nous devons soutenir l’établissement d’un État unique, démocratique et laïque dans toute la Palestine historique, avec des droits égaux pour les chrétiens, les musulmans et les juifs, et, par conséquent, le démantèlement du projet colonialiste profondément raciste et la fin de l’apartheid sur tout le territoire.
  4. Lutte contre l’apartheid : nous devons réorienter tous les efforts et toutes les ressources des Nations unies vers la lutte contre l’apartheid, comme nous l’avons fait pour l’Afrique du Sud dans les années 1970, 1980 et au début des années 1990.
  5. Retour et indemnisation : nous devons réaffirmer et insister sur le droit au retour et à l’indemnisation complète de tous les Palestiniens et de leurs familles qui vivent actuellement dans les territoires occupés, au Liban, en Jordanie, en Syrie et dans la diaspora à travers le monde.
  6. Vérité et justice : nous devons appeler à un processus de justice transitionnelle, utilisant pleinement les décennies d’enquêtes, de recherches et de rapports accumulés par l’ONU, afin de documenter la vérité et garantir la responsabilité de tous les criminels, la compensation pour toutes les victimes et la réparation des injustices documentées.
  7. Protection : nous devons insister sur le déploiement d’une force de protection de l’ONU dotée de ressources suffisantes et d’un mandat solide pour protéger les civils du fleuve à la mer.
  8. Désarmement : nous devons plaider pour le retrait et la destruction des stocks massifs d’armes nucléaires, chimiques et biologiques d’Israël, évitant ainsi que le conflit ne conduise à la destruction totale de la région et, qui sait, au-delà.
  9. Médiation : nous devons reconnaître que les États-Unis et les autres puissances occidentales ne sont pas des médiateurs crédibles, mais plutôt des parties prenantes du conflit, qui sont complices d’Israël dans la violation des droits des Palestiniens, et nous devons les affronter en tant que tels.
  10. Solidarité : nous devons ouvrir grand nos portes (et celles du secrétariat général) aux légions de défenseurs des droits de l’homme palestiniens, israéliens, juifs, musulmans et chrétiens qui sont solidaires du peuple de Palestine et de ses droits, et mettre un terme au flux incontrôlé de lobbyistes israéliens vers les bureaux des dirigeants de l’ONU, où ils prônent la poursuite de la guerre, de la persécution, de l’apartheid et de l’impunité, tout en dénigrant nos défenseurs des droits humains à cause de leur position de principe sur les droits des Palestiniens. 

Il faudra des années pour y parvenir, et les puissances occidentales nous combattront à chaque étape du processus, c’est pourquoi nous devons faire preuve de fermeté. D’ores et déjà, nous devons œuvrer pour un cessez-le-feu immédiat et la fin du siège de Gaza, nous opposer au nettoyage ethnique de Gaza, Jérusalem, Cisjordanie (et ailleurs), documenter l’assaut génocidaire à Gaza, contribuer à apporter aux Palestiniens une aide humanitaire massive et les moyens de la reconstruction, prendre soin de nos collègues traumatisés et de leurs familles, et nous battre comme des diables pour que la démarche des bureaux politiques de l’ONU soit basée sur des principes.

L’échec des Nations unies en Palestine jusqu’à présent n’est pas une raison pour nous de renoncer. Au contraire, il devrait nous encourager à abandonner le paradigme passé qui a échoué, et à adopter pleinement une ligne de conduite plus fondée sur des principes.

En tant qu’OHCHR, rejoignons avec audace et fierté le mouvement anti-apartheid qui se développe dans le monde entier, en ajoutant notre logo à la bannière de l’égalité et des droits de l’homme pour le peuple palestinien. Le monde nous observe. Nous devrons tous rendre compte de notre position à ce moment crucial de l’histoire. Prenons le parti de la justice.

Je vous remercie, Monsieur le Haut Commissaire Volker, d’avoir écouté ce dernier appel de mon bureau. Dans quelques jours, je quitterai le Bureau pour la dernière fois, après plus de trois décennies de service. Mais n’hésitez pas à me contacter si je peux être utile à l’avenir.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes salutations distinguées,

Craig Mokhiber
JCG : discours droits de l'homme qui ne se pose pas la question des  possibilités de réalisation des propositions faites
ONU aujourd'hui déconsidérée et démunie car divisée avec un péché originel, la création sans l'accord des pays arabes, d'un État israélien en 1948
Occident partisan pratiquant le deux poids deux mesures entre Israël et Palestine, entre Ukraine et Russie, entre Taïwan et Chine...,
affirmation de plus en plus forte de nouveaux empires et d'autres formes de gouvernement (dictatures selon la nomenclature "officielle") même mises au ban de la soi-disant "communauté internationale" que la démocratie pluraliste dite représentative, contestable et de plus en plus contestée, surtout quand on voit se multiplier les régimes d'extrême-droite ou d'extrême-centre, autoritaires et répressifs...
 
La préconisation d'un Etat unique, démocratique et laïque, selon le modèle français (de plus en plus bousculé) qui semble ce qui serait le meilleur modèle se heurterait aux pratiques majoritaires dans le monde et surtout au Proche et Moyen-Orient, de nature communautaristes.

la position de Jean-Pierre Grosse

En Israel, s’affrontent 2 factions fascistes (Netanyaou + ultra-orthodoxes / Hamas ) dont l’objectif majeur est d’anéantir l’autre. Toutes 2 sont coupables de crimes de guerre etc .. La violence ne résoudra rien sinon créer de nouvelles générations de terroristes. Je doute qu’un accord soit possible tant que ces dirigeants sont au pouvoir.

La solution d’un état ne me paraît pas possible : trop de haine accumulée.

La solution à 2 états me paraît la seule viable MAIS pour cela, il faudrait :

  • Transférer tous les Gazaouis (2 M) en Cisjordanie - actuellement un gruyère occupé par Israël – qui deviendrait un véritable état indépendant
  • Et tous les colons (0,5M) à Gaza qui deviendrait israélien.

Techniquement faisable : le monde a l’habitude des transferts de population !

 

La récupération des colonies juives de Cisjordanie permettrait une compensation des dégâts subis par les Gazaouis et les colons pourraient faire à Gaza ce qu’ils font bien : reconstruire !

Jean-Pierre Grosse, Marrakech, 12 novembre 2023

Un régime de suprématie juive de la Méditerranée au Jourdain : c’est un apartheid by B’Tselem

hier soir, 6 octobre 2023, 20 H 30, au Théâtre Denis à Hyères
très beau et dur voyage avec le Transsibérien sur le fleuve Amour où périssent des milliers de cosaques
porté corps, voix et musique par Dominique Lardenois et Ismaïl Safran
du monde
(manque de jeunes cependant)
public très réceptif
avis partagés mais majoritairement très positifs
pour ma part, j'avais et j'ai à nouveau apprécié l'expresionnisme minimaliste dans la gestuelle et modulé dans la voix, allant jusqu'au paroxysme
après spectacle prenant son temps
le temps des échanges en lien ou pas avec le spectacle
le temps du repas indien avec l'équipe (10)
parti à 19 H 15, je suis rentré à 1 H 15
demain, après-midi, Théâtre du Rocher, La Garde
dernière de Mort le Soleil de Gwendoline Soublin avec Guillaume Cantillon
donc pas de Fête de l'automne à Tourris
pas de récital Didier Bourguignon chez Florence
mardi soir, Le Comédia, Geli de Diastème avec Fred Andrau et Aliénor de la Gorce
l'affiche, Lardenois en Cendrars quand il resitue le contexte et avec Safwan en fort mauvais poète
l'affiche, Lardenois en Cendrars quand il resitue le contexte et avec Safwan en fort mauvais poète
l'affiche, Lardenois en Cendrars quand il resitue le contexte et avec Safwan en fort mauvais poète

l'affiche, Lardenois en Cendrars quand il resitue le contexte et avec Safwan en fort mauvais poète

hier dimanche 8 octobre à 16 H au Théâtre du Rocher j'ai vu
Mort le Soleil, pièce de Gwendoline Soublin
éditée à L'oeil du prince
sur les alpha, les masculinistes les plus radicaux
développant une haine de la femme allant ... jusqu'à les abattre
l'idéologue de ce masculinisme dans la pièce a pour prénom, Bertrand
et ce n'est pas un hasard a dit Guillaume
Bertrand dont la postface au livre d'Armand Gatti, la poésie de l'étoile (1988) est remarquable
c'était l'époque de Noir Désir
Guillaume Cantillon en parricide sous influence, condamné à la perpétuité, est l'interprète puissant, subtil de ce haineux, particulièrement touchant à un moment-clef du récit
initialement, j'avais fait choix de ne pas voir ce travail, trop éloigné de ma vision et pratique de la relation, de la disponibilité
 
 
ce sont les messages de 3 amies Sophia Johnson, Florence Morali et Michelle Lissillour qui m'ont fait changer d'avis
merci à elles
depuis hier soir et cette nuit, j'écris dans ma tête l'article que je vais consacrer à cette réalisation
- vue d'abord sous l'angle de la tyrannie des minorités activistes via les réseaux sociaux
illustration : le wokisme
mais pas #metoo qui dévoile l'ampleur universelle de la prédation et donne la parole à plus de la moitié de l'humanité
aujourd'hui, on est déjà dans le post-#metoo comme le montre le récent film de Catherine Breillat, L'été dernier, qui est un film contre #metoo
heureusement, ça peut se dire, se filmer
 
sort ce 11 octobre Le consentement, film dont on dit déjà qu'il est une réussite
 
je ne sais pas encore trancher en ce qui concerne le mouvement décolonisons la culture qui pourrait bien avoir l'impact - à plus long terme - de #metoo
 
les minorités activistes via les réseaux sociaux posent problème et signifient peut-être à terme la mort du modèle politique appelé démocratie qui est par le système (très critiquable) des élections l'expression d'une majorité (silencieuse)
 
comment une majorité silencieuse (qui peut être en retard sur le plan de l'évolution des mentalités, jamais homogène, du même pas, plutôt chaotique, mouvementée) que ce silence soit obtenue par tout le bruit fait par les médias mainstream, communiquant, propagandant en invisibilisant les gens ou qu'il soit individuellement et collectivement le fait des gens ne voulant pas s'en mêler, s'emmêler peut-elle se protéger de ceux qui au nom de leur vérité, sapent, tentent par la stigmatisation de saper ce qui fonde la nation (un territoire, une histoire, un récit national, une mémoire, des valeurs, des traditions...)
 
le problème des réseaux sociaux est complexe
si on sait s'en servir ce sont des outils d'information, de propositions, de discussion; on n'est pas passif, on s'exprime, on commente; il y a des pages sur FB, particulièrement argumentées
 
- vue ensuite en tant que texte et interprétation dont je pense le plus grand bien
merci pour ce puissant moment et pour les échanges ensuite
est-ce un monstre ou un humain ?
discussion déjà au moment du livre pluriel consacré à Agnès Marin, 14 ans, et à son assassin, mineur au moment des faits, Matthieu Moulinas, déclaré irresponsable par les psychiatres et condamné à perpétuité dans une prison psychiatrique
 
évidemment, tu découvres le 9 octobre dans la journée, ce qui s'est déclenché à Gaza, le 7 octobre à 6 H 30, heure locale
et tout d'un coup pour qui se demande en quoi peut bien constituer sa mission de vie, se pose la question du pourquoi choisir de s'intéresser à un phénomène marginal comme les masculinistes quand les fondamentalistes religieux du Proche et Moyen-Orient déploient leur haine de la femme, de leurs peuples massivement, jusqu'aux pires monstruosités
 
pendant que les femmes tant en Iran qu'en Israël et à Gaza ou en Cisjordanie affirment de plus en plus leur refus de cette exclusion grâce à leur capacité individuelle et collective à ne plus avoir peur, à braver les interdits, la répression
 
 
il est évident que l'horreur collective en cours ne m'incite pas à poursuivre mon article sur Mort le soleil mais je maintiens mon appréciation très positive sur texte et interprétation
 
l'affiche et Guillaume Cantillon
l'affiche et Guillaume Cantillon

l'affiche et Guillaume Cantillon

dans le même temps,
sur d'autres scènes que les scènes de théâtre,
sur des scènes de guerre et de terreur,
des horreurs, encore des horreurs,
des exhortations à la paix,
des appels à des solutions politiques qui n'arrivent jamais,
à se demander pourquoi collectivement, on n'y arrive pas :
 
Le positionnement le plus stimulant sur l'horreur sans fin en cours depuis des millénaires et pour encore des millénaires sauf disparition de l'humanité, je l'ai trouvé sur la
vous lui pardonnerez les quelques maladresses qu'on peut trouver
 
"Mme Y. – Vous avez dit « si la religion triomphe, c’est que la psychanalyse aura échoué ». Comment expliquez-vous le triomphe de la psychanalyse sur la religion ?
J. LACANLa psychanalyse ne triomphera pas de la religion ; la religion est increvable. La psychanalyse ne triomphera pas, elle survivra ou pas.
Mme Y. – Pourquoi avoir employé cette expression du triomphe de la religion sur la psychanalyse ? Vous êtes persuadé que la religion triomphera ?
J. LACAN – Oui, elle ne triomphera pas seulement sur la psychanalyse, elle triomphera sur beaucoup d’autres choses encore. On ne peut même pas imaginer ce que c’est puissant, la religion."
Conférence de presse du docteur Jacques Lacan au Centre culturel français, Rome, le 29 octobre 1974
 
Pourquoi la prière à un dieu unique (religion catholique, protestant, orthodoxe, islamique, juif) ne produit pas un monde de paix, mais un horreur sans fin ? Il y a des Saints sans dieu unique pour les protéger et pour le sauver face à ce transfert unique. Transfert Unique d un dieu unique ou transfert unique sans dieu unique ? Quel transfert d amour face à l Un tout seul et sans l Autre ?
Mes prières ne vont jamais vers un dieu unique mais vers des Saints sans dieu unique pour les sauver.
Un dieu unique ne peut jamais nous sauver de l horreur sans fin, de la vengeance sans fin, seul un Saint sans Dieu unique pour nous sauver peut faire des miracles.
Prions Saint Frank Kafka, Saint Water Benjamin sans Un Dieu unique pour nous sauver et nous aurons notre miracle de paix, notre ange de paix. Il y a ange sans Dieu ? Oui, il y aura des Anges multiples sans dieu, anges futurs de monde de paix, anges émancipés de dieu. Nous aurons encore Theatre de dieux multiples ( seul le théâtre nous sauve des dieux) sans dieu unique pour nous sauver, sans Dieu unique pour Apocalypse future, sans Dieux multiples hors du théâtre qui le fait parler.
Il y des saints multiples, saints de paix parce qu'il n'y a pas dieu.
Une guerre termine toujours mais une guerre au nom d' un dieu unique ne se termine jamais, comment ne pas le comprendre ?
Tire enfin quelque conséquence logique de ton athéisme d' amour.
C'est pour te parler d' amour et de paix que je me dis athée.
Et le nazisme n'était pas un athéisme multiple ? Non, le nazisme était le cauchemar d' Un Empire, Un-Pire Unique, au nom d'un Fuhrer Unique à la place d Un dieu, pas Dieu mais un Fuhrer à la place de dieu.
Un coup de dés jamais n'abolira le hasard de paix multiples.
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Il faut nommer des Saints et pas un dieu unique pour nous sauver de l horreur sans fin.
Moi, je en nomme au moins deux Saint Water Benjamin et Saint Franz Kafka.
Ils sont juifs ? non, ils sont des Saints. Ils sont mes Saints. Ils font des miracles ? Oui il font des miracles pour nous sortir d'un horreur sans fin.
Cette nuit je veux faire mes prières à mes deux Saints Water Benjamin et Frank Kafka pour nous sortir de cette horreur sans fin. Tout le monde croit à un dieu unique aussi unique que notre transfert et personne n'est plus capable de nous sortir de notre transfert Unique à l Un-Dieu, dieu de transfert.
Seul un Saint peut faire des miracles face à l horreur sans fin , un Dieu unique lui ne peut rien faire face à l horreur sans fin.
Non, ce n'est pas une guerre c'est un horreur sans fin.
------------------------------------
C'est désespérant, non, encore plus, c'est l horreur sans fin.
Ça va finir un jour ? Non, jamais. L horreur sans fin.
Deux Etats? La paix entre deux peuples ?
Non, encore 1000 ans d horreur sans fin et après 1000 ans ? Encore 1000 ans d horreur. Après l horreur il y a que l horreur.
La paix.
La paix.
La paix.
Non, jamais.
Mais un jour...
Non, jamais.
Dans 1000ans peut-être mais nous ne serons plus là, pour fêter la fin .
Impossible de voir la paix à l intérieur de l horreur, quand il n y a que l horreur et la vengeance de l horreur et l horreur de la vengeance sans fin .
Tu arrives à voir la paix à l'intérieur de l horreur ? Non, je n'arrive pas à voir la paix à l'intérieur de l horreur.
Trouve moi alors de l extériorité. Non l horreur n a pas d extériorité, rien à l extérieur de l horreur peut advenir. L horreur n a pas d extériorité.
Le mot paix serait lui le plus grand blasphème, l' insulte suprême quand il s agit de s'attaquer à l horreur, lui pure, le pure horreur, pure parce que tout extériorité lui est impossible.
L horreur ne rencontrera jamais la paix.
L horreur se veut lui sans fin contrarient à la paix. Il n y aura que de l horreur sans fin.
L amour sans fin ne peut rien contre l horreur sans fin.
Mais avant de mourir j'aimerais voir la fin de cette horreur sans fin.
Non, avant de mourir tu ne verras pas la fin de cette horreur sans fin, ton amour sans fin ne peut rien contre l horreur sans fin.
Notre vie finira bientôt, mais l horreur pure ne finira jamais. Notre amour sans fin s'accorde à la mort d' une vie, l horreur sans fin lui n a pas de mort possible ni de mots pour trouver un seul moment de paix.
Une guerre termine toujours, mais l horreur sans fin, lui ne termine jamais.
C'est une guerre ? non, c'est un horreur sans fin.
D'une guerre on est pas tous coupables. De l horreur sans fin on est tous coupables.
Mais moi je ne suis pas coupable.
Oui de l horreur sans fin toi aussi tu es coupable.
Mais c'est une guerre ?
Non, c'est un horreur sans fin.
Il n y a de religion que de transfert, mais sans transfert rien n'existe au monde.
Tous coupables d' un transfert d' amour oui tous coupables quand le transfert n'arrive plus à voiler l horreur de l Un tout seul et sans l Autre. On a qu'un voile d' amour et une séparation d amour qu'on appelle transfert d amour face à l Un tout seul et sans l'Autre pour le dire moins seul et en manque de l autre (petit autre imaginer). Mais le transfert est seul comme l' invention d un Dieu unique à la place de l' Autre et sans l Autre, Dieu est trop seul, trop unique, face à l horreur sans fin, l' Amour de Dieu ne peut rien face à l horreur, rien ne le sortira de sa solitude face à l horreur, lui Dieu Unique de sa solitude face à l horreur rien ne sortira de là (Water Benjamin l a bien compris, son Ange de l' histoire l'a bien compris mieux que nous, notre capitalisme sans fin lui par contre n a rien compris).
Walter Benjamin lui est un Saint, moi je fais mes prières avant de dormir à Water Benjamin avant de dormir, parce lui est le seul à pouvoir me sauver avant de dormir, parce que lui est un Saint sans Un Dieu pour le sauver.
Jamais la solitude d' un Saint sera expié par solitude d Un Dieu Unique, ces deux solides ne font pas Un ni deux non plus.
Un Saint il a une seule chose à faire pour sortir de l horreur de son Dieu Unique digne d' Amour, il n a que à séparer L' Unique de sa solitude unique, le transfert tout seul ne peut pas faire ça il lui faut aussi un symptôme que à s exclure de son transfert devient évasion ou pure extériorité, évasion ou pure extériorité d extime qui n ont rien à partager avec la folie existentielle d exister propre à tout transfert de l Un tout seul à la place de l Autre.
Un Saint pas-tout dans son transfert à l Unique, au moins il peut faire quelque miracle face à l horreur sans fin, un Dieu lui il ne peut rien faire parce que notre transfert à lui est trop seul, aucune possibilité de s'évader pour ne pas exister.
livre datant déjà d'il y a onze ans, comme s'il avait été écrit pour le désert

livre datant déjà d'il y a onze ans, comme s'il avait été écrit pour le désert

Le mythe de la "terre d'Israël".
« Il arrive que l'histoire fasse preuve d'ironie, notamment lorsque l'on touche au domaine de l'invention des traditions, et particulièrement des traditions du langage. Bien peu sont attentifs au fait, ou prêts à reconnaître, que dans les textes bibliques Jérusalem, Hébron, Bethléem et leurs environs ne font pas partie de la terre d'Israël, laquelle se limite à la Samarie, autrement dit à la terre du royaume d'Israël septentrional !
Sachant qu'il n'a jamais existé de monarchie unissant les royaumes de Judée et d'Israël, aucune dénomination territoriale hébraïque de l'ensemble n'est apparue ; c'est ainsi qu'a été conservée telle quelle, dans tous les récits bibliques, l'appellation de la région du temps des pharaons : « pays de Canaan ». Dieu promet à Abraham, le premier converti : « Je te donnerai, à toi et à tes descendants après toi, le pays où tu séjournes comme étranger, tout le pays de Canaan » (Genèse, 17). Plus tard, sur le même ton, il ordonne à Moïse : « Monte sur cette montagne d'Abarim, sur le mont Nebo, au pays de Moab, vis-à-vis de Jéricho, et regarde le pays de Canaan » (Deutéronome, 32, 49). Ce nom, ainsi popularisé et connu, apparaît dans cinquante-sept versets. Jérusalem, en revanche, s'est toujours trouvée sur la terre de Judée ; cette dénomination géopolitique, enracinée à partir de la création du petit royaume dynastique de David, est mentionnée en vingt-quatre occasions. Aucun des auteurs de la Bible n'aurait imaginé d'appeler « terre d'Israël » le territoire entourant la ville sainte. Ainsi est-il écrit, par exemple, dans le deuxième livre des Chroniques : « Il renversa les autels, brisa et réduisit en poussière les ascherahs et les images sculptées, et abattit toutes les statues consacrées au soleil dans tout le pays d'Israël. Puis il retourna à Jérusalem » (34, 7). La terre d'Israël abritait beaucoup plus de pécheurs que la Judée, et elle figure dans onze autres versets, à connotation majoritairement péjorative. En fin de compte, la base de la conception spatiale des auteurs de la Bible s'accorde avec d'autres témoignages de l'ère antique : l'appellation « terre d'Israël » n'apparaît dans aucun autre texte ou trace archéologique comme un espace géographique identifié et connu. « Cette généralité vaut également pour la longue période dite « du second temple » dans l'historiographie israélienne : la révolte victorieuse des Hasmonéens, dans les années 167 à 160 avant l'ère chrétienne, et le soulèvement défait des Zélotes des années 66 à 73 ne se sont pas déroulés en « terre d'Israël », selon toutes les sources écrites. On cherchera en vain ce terme dans les livres des Maccabées ou dans les autres récits externes. On perdrait également son temps à tenter de repérer la formule dans les essais philosophiques de Philon d'Alexandrie ou dans les écrits de Flavius Josèphe. Pendant toute la durée d'existence d'un royaume judéen, souverain ou sous tutelle, le territoire sis entre la mer et la rive orientale du Jourdain n'est jamais désigné par les termes « terre d'Israël » ! « Les noms de régions et de pays ont connu, dans le passé, de fréquents changements. Il n'est pas rare que des pays très anciens soient désignés par des noms donnés dans des phases ultérieures de leur histoire, mais cette pratique linguistique ne peut s'appliquer qu'en l'absence d'appellations anciennes bien connues et généralement admises. Chacun sait, par exemple, qu'Hammourabi n'a pas régné sur la terre d'Irak éternelle mais sur Babylone, et que Jules César a conquis la Gaule, et non pas la terre de France. Peu d'Israéliens, en revanche, savent que les rois bibliques David ou Josias ont régné sur des lieux appelés Canaan ou Judée, et que le suicide collectif de Massada n'a pas eu lieu en terre d'Israël.
« Ce passé sémantique « trafiqué » ne gêne aucunement les chercheurs israéliens. Ils reproduisent, chaque fois, leur anachronisme langagier sans remords ni hésitations. Yehouda Elitzour, professeur à l'université Bar-Ilan, éminent spécialiste de la Bible et de géographie historique, a en son temps résumé et formulé, avec une rare honnêteté, la position nationale-scientifique : « Selon nos concepts, il faut se garder du simplisme consistant à traiter de façon identique notre rapport à la terre d'Israël et celui d'autres peuples à leur patrie. Israël était Israël avant d'entrer dans le pays. Israël était Israël durant de nombreuses générations suivant son départ en exil, et cette terre, bien que déserte, est demeurée la terre d'Israël. Il n'en n'allait pas ainsi pour les nations du monde. Il n'y a d'Anglais qu'en Angleterre, et il n'y a d'Angleterre que parce que les Anglais y résident. Les Anglais qui ont quitté l'Angleterre, au bout d'une ou deux générations, cesseront d'être Anglais. Et si l'Angleterre se vidait des Anglais, elle cesserait d'être l'Angleterre. Il en va de même pour tous les peuples. »
(...)
La « terre d'Israël » théologique n'a définitivement pris forme qu'au début du XXe siècle, après des années passées au purgatoire protestant qui l'ont polie jusqu'à en faire un concept géopolitique resplendissant. La colonisation sioniste a extrait de la tradition rabbinique cette appellation, et en a fait dans la nouvelle langue des colons le nom exclusif permettant d'en revendiquer la propriété, et ce, entre autres, pour effacer la « Palestine », dont on a vu qu'elle avait été admise, non seulement dans toute l'Europe, mais aussi parmi tous les dirigeants sionistes de la première génération. »
Shlomo Sand, "Comment la terre d'Israël fut inventée".
Professeur au Collège de France, spécialiste du Proche-Orient, l'historien Henry Laurens explique pourquoi l'attaque perpétrée par le Hamas le 7 octobre s'inscrit dans l'histoire longue du conflit israélo-palestinien, tout en marquant une rupture sans précédent.
Professeur au Collège de France, spécialiste du Proche-Orient, l'historien Henry Laurens explique pourquoi l'attaque perpétrée par le Hamas le 7 octobre s'inscrit dans l'histoire longue du conflit israélo-palestinien, tout en marquant une rupture sans précédent.

Professeur au Collège de France, spécialiste du Proche-Orient, l'historien Henry Laurens explique pourquoi l'attaque perpétrée par le Hamas le 7 octobre s'inscrit dans l'histoire longue du conflit israélo-palestinien, tout en marquant une rupture sans précédent.

montage trouvé sur la page FB de Sofia Sept en date du 10 octobre
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spectacles en cours là-bas et ici

Opinion – « Gaza, qui n’a jamais
connu un seul jour de liberté »

8 octobre 2023
Par Gideon Levy

Derrière tout cela se cache l’arrogance israélienne. Nous pensons
que nous avons la permission de faire n’importe quoi et supposons
que nous ne paierons jamais ni ne serons punis.
Et nous pensons que nous continuerons et que rien ne nous
interrompra. Nous arrêterons, nous tuerons, nous maltraiterons, nous
déposséderons, nous protégerons les colons et leurs pogroms, nous
irons au tombeau de Joseph, au tombeau d’Ot’niel, à l’autel de Josué,
le tout en les territoires palestiniens, et bien sûr au Mont du Temple –
plus de 5 000 Juifs rien que pour Souccot.
Nous allons tirer sur des innocents, leur arracher les yeux et leur
fracasser le visage, les expulser, les exproprier, les voler, les kidnapper
de leur lit, les nettoyer ethniquement et, bien sûr, continuer l’incroyable
siège de Gaza.
Et nous supposerons que tout continuera comme si de rien n’était.
Nous pensions qu’avec la construction d’une super barrière autour de
la bande de Gaza, dont le mur souterrain a coûté trois milliards de
shekels, nous étions déjà en sécurité. Nous avions confiance que les
génies du 8200 (unité d’écoute des renseignements militaires) et les
membres du Shin Bet, qui savent tout, nous avertiraient à temps.
Nous pensions déplacer la moitié d’une armée près de Gaza vers
Hawara juste pour protéger les folies de Zvi Souccot et des colons, et
tout irait bien, tant à Hawara qu’à Erez. Il s’avère que lorsqu’il y a une
grande motivation, l’obstacle le plus sophistiqué et le plus coûteux au
monde peut être franchi même par une simple excavatrice et avec une
relative facilité. Vous pouvez traverser ce mur hautain avec des vélos et
des scooters.
Nous pensions que nous allions continuer à harceler Gaza, lui jeter
quelques miettes de gentillesse sous la forme de quelques milliers de
permis de travail en Israël – une goutte dans l’océan, et ils sont toujours
conditionnés à un « comportement correct » – et pourtant nous avons
supposé que nous les garderait comme dans une prison. Nous pensions qu’en faisant la paix avec l’Arabie saoudite et les Émirats, les
Palestiniens seraient oubliés, voire effacés, comme le souhaiteraient de
nombreux Israéliens.
Nous continuerions de détenir des milliers de prisonniers palestiniens, y
compris des prisonniers sans procès, pour la plupart des prisonniers
politiques, et pourtant nous n’accepterions pas de discuter de leur
libération, même après des décennies de prison. Nous leur dirions que
ce n’est que par la force que leurs prisonniers connaîtront la liberté.
Nous pensions que nous continuerions à rejeter avec arrogance toute
tentative de solution politique, simplement parce que cela ne nous
convient pas, et nous pensions que tout continuerait ainsi pour
toujours.
Une fois de plus, il est prouvé que ce n’est pas le cas. Plusieurs
centaines de militants palestiniens ont franchi la barrière et envahi Israël
d’une manière qu’aucun Israélien n’imaginait pouvoir.
Quelques centaines de militants palestiniens ont démontré qu’il est
impossible d’emprisonner pour toujours deux millions de personnes
sans encourir un prix cruel.
Tout comme hier, le bulldozer palestinien fumant et désuet a démoli la
clôture, la plus sophistiquée de toutes les clôtures, il a également
déchiré le manteau d’arrogance d’Israël. Et il a également détruit l’idée
selon laquelle il suffisait d’attaquer et de démanteler Gaza avec des
drones suicides et de les vendre à la moitié du monde pour maintenir la
sécurité.
Hier, Israël a vu des images qu’il n’avait jamais vues auparavant : des
véhicules militaires palestiniens patrouillant dans la ville, des cyclistes
de Gaza franchissant ses portes. Ces images doivent déchirer le voile
de l’arrogance. Les Palestiniens de Gaza ont décidé qu’ils étaient prêts
à payer n’importe quel prix pour une étincelle de liberté.
Mais… Est-ce que cela a un potentiel ? Non. Israël tirera-t-il la leçon ?
Non. Hier, il était déjà question d’effacer des quartiers entiers de la ville
de Gaza, d’occuper la bande de Gaza et de punir Gaza « comme elle
n’a jamais été punie auparavant ».
Mais Gaza n’a cessé d’être punie par Israël depuis 1948, ne serait-ce
qu’un instant. Plus de sept décennies d’abus, et encore une fois, le pire
est à venir. Les menaces d’« aplatir Gaza » ne prouvent qu’une chose :
nous n’avons rien appris.
L’arrogance est là pour rester, même après qu’Israël ait, une fois de
plus, payé le prix fort.
Benjamin Netanyahu porte une grande responsabilité dans ce qui s’est
passé et doit en payer les coûts, mais le problème n’a pas commencé
avec lui et ne se terminera pas après son départ.
Nous devons maintenant pleurer amèrement les victimes israéliennes ;
mais nous devons aussi pleurer pour Gaza. Gaza, la plupart de ses
habitants sont des réfugiés créés par Israël. Gaza, qui n’a jamais connu
un seul jour de liberté. (Source : Haaretz 8/10/2023)

Leila Shahid, déléguée générale de l'Autorité palestinienne jusqu'en 2005 puis ambassadrice de de la Palestine auprès de l'UE jusqu'en 2015

Leila Shahid, déléguée générale de l'Autorité palestinienne jusqu'en 2005 puis ambassadrice de de la Palestine auprès de l'UE jusqu'en 2015

Charles de Gaulle Conférence de presse du 27 novembre 1967 peu après la guerre des 6 jours

L'établissement entre les deux guerres mondiales, car il faut remonter jusque là, l'établissement d'un foyer sioniste en Palestine, et puis après la deuxième guerre mondiale, l'établissement d'un Etat d'Israël soulevait à l'époque un certain nombre d'appréhensions. On pouvait se demander, en effet, et on se demandait, même chez beaucoup de juifs, si l'implantation de cette communauté sur des terres qui avaient été acquises dans des conditions plus ou moins justifiables et au milieu des peuples arabes qui lui sont foncièrement hostiles, n'allaient pas entraîner d'incessants, d'interminables frictions et conflits. Et certain même redoutait que les juifs, jusqu'alors dispersés, et qui étaient restés ce qu'ils avaient été de tout temps, c'est-à-dire un peuple d'élite, sûr de lui-même et dominateur, n'en viennent une fois qu'ils seraient rassemblés dans les sites de son ancienne grandeur, n'en viennent à changer en ambition ardente et conquérante les souhaits très émouvants qu'ils formaient depuis 19 siècles : " l'an prochain à Jérusalem ". En dépit du flot, tantôt montant, tantôt descendant, des malveillances qui le provoquaient, qui le suscitaient plus exactement, dans certains pays à certaines époques, un capital considérable d'intérêt et même de sympathie s'était formé en leur faveur et surtout il faut bien le dire dans la chrétienté. Un capital qui était issu de l'immense souvenir du testament, nourri à toutes les sources d'une magnifique liturgie, entretenu par la commisération qu'inspirait leur antique valeur et que poétisait chez nous la légende du juif errant, accru par les abominables persécutions qu'ils avaient subi pendant la deuxième guerre mondiale et grossi depuis qu'il avait retrouvé une patrie, par les travaux, leurs travaux constructifs et le courage de leurs soldats. C'est pourquoi indépendamment des vastes concours en argent, en influence, en propagande que les Israéliens recevaient des milieux juifs, d'Amérique et d'Europe, beaucoup de pays, dont la France, voyaient avec satisfaction l'établissement de leur Etat sur le territoire que leur avaient reconnu les puissances, que lui avaient reconnu les puissances, tout en désirant qu'ils parviennent en usant d'un peu de modestie à trouver avec ses voisins un modus vivendi pacifique. Il faut dire que ces données psychologiques avaient quelque peu changé depuis 1956. A la faveur de l'expédition franco-britannique de Suez, on avait vu apparaître en effet, un état d'Israël guerrier et résolu à s'agrandir, et ensuite l'action qu'il menait pour doubler sa population par l'immigration de nouveaux éléments donnait à penser que le territoire qu'il avait acquis ne lui suffirait pas longtemps et qu'il serait porté pour l'agrandir à utiliser toute occasion qui se présenterait. C'est pourquoi d'ailleurs, la cinquième république s'était dégagée, vis-à-vis d'Israël, des liens spéciaux et très étroits que le régime précédent avait noué avec et Etat et la cinquième république s'était appliquée, au contraire, à favoriser la détente dans le Moyen-Orient. Bien sûr, nous conservions avec le gouvernement israélien des rapports cordiaux et même lui fournissions pour sa défense éventuelle les armements qu'il demandait d'acheter mais en même temps nous lui prodiguions des avis de modération. Notamment à propos des litiges qui concernait les eaux du Jourdain, des escarmouches qui opposaient périodiquement les forces des deux côtés. Enfin nous ne donnions pas notre aval, à son installation dans un quartier de Jérusalem dont il s'était emparé, et nous maintenions notre ambassade à Tel-Aviv. D'autre part, une fois mis un terme à l'affaire algérienne, nous avions repris avec les peuples arabes d'Orient, la même politique d'amitié et de coopération qui avait été pendant des siècles celle de la France dans cette partie du monde et dont la raison et le sentiment font qu'elle doit être aujourd'hui une des bases fondamentales de notre action extérieure. Bien entendu, nous ne laissions pas ignorer aux arabes que pour nous l'Etat d'Israël était un fait accompli et que nous n'admettrions pas qu'il fut détruit. De sorte que tout compris, on pourrait imaginer qu'un jour viendrait où notre pays pourrait aider directement, à ce qu'une paix réelle fut conclue et garantie en Orient pourvu qu'aucun drame nouveau ne vint à la déchirer. Hélas ! le drame est venu, il avait été préparé par une tension très grave et constante qui résultait du sort scandaleux des réfugiés en Jordanie, et aussi d'une menace de destruction prodiguée contre Israël. Le 22 mai, l'affaire d'Aqaba, fâcheusement créée par l'Egypte, allait offrir un prétexte à ce qui rêvait d'en découdre. Pour éviter les hostilités, la France avait dès le 24 mai, proposé aux trois autres grandes puissances, d'interdire conjointement avec elle, à chacune des deux parties, d'entamer le combat. Le 2 juin, le gouvernement français avait officiellement déclaré, qu'éventuellement il donnerait tort à quiconque entamerait le premier, l'action des armes. Et c'est ce qu'il répétait en toute clarté à tous les Etats en cause. C'est ce que j'avais moi-même, le 24 mai déclaré à Monsieur Ebban, Ministre des affaires étrangères d'Israël que je voyais à Paris. Si Israël est attaqué, lui dis-je alors en substance, nous ne le laisserons pas détruire, mais si vous attaquez, nous condamnerons votre initiative. Certes, malgré l'infériorité numérique de votre population, étant donné que vous êtes beaucoup mieux organisés, beaucoup plus rassemblés, beaucoup mieux armés que les arabes, je ne doute pas que le cas échéant, vous remporteriez des succès militaires. Mais ensuite, vous vous trouveriez engagés sur le terrain, et au point de vue international dans des difficultés grandissantes d'autant plus que la guerre en Orient ne peut pas manquer d'augmenter dans le monde une tension déplorable et d'avoir des conséquences très malencontreuses pour beaucoup de pays. Si bien que c'est à vous, devenu des conquérants, qu'on en attribuerait peu à peu les inconvénients. On sait que la voix de la France n'a pas été entendue, Israël ayant attaqué, s'est emparé en six jours de combat des objectifs qu'il voulait atteindre. Maintenant il organise, sur les territoires qu'il a pris l'occupation qui ne peut aller sans oppression, répression, expulsion et s'il manifeste contre lui la résistance qu'à son tour il qualifie de terrorisme, il est vrai que les deux belligérants observent pour le moment d'une manière plus ou moins précaire et irrégulière le cessez-le-feu prescrit par les Nations Unies mais il est bien évident que le conflit n'est que suspendu et qu'il ne peut pas avoir de solution sauf par la voie internationale. Mais un règlement dans cette voie, à moins que les Nations Unis ne déchirent que, elles-mêmes, leur propre charte, un règlement doit avoir pour base, l'évacuation des territoires qui ont été pris par la force, la fin de toute belligérance, et la reconnaissance de chacun des Eats en cause par tous les autres. Après quoi, par des décisions des Nations Unies avec la présence et la garantie de leur force, il serait probablement possible d'arrêter le tracé précis des frontières, les conditions de la vie et de la sécurité des deux côtés, le sort des réfugiés et des minorités et les modalités de la libre navigation pour tous dans le golfe d'Aqaba et dans le canal de Suez. Pour qu'un règlement quelconque, et notamment celui là, puisse voir le jour, règlement auquel du reste, suivant la France, devrait s'ajouter un statut international pour Jérusalem. Pour qu'un tel règlement puisse être mis en oeuvre, il faut naturellement, il faudrait qu'il eut l'accord des grandes puissances qui entraînerait ipso facto, celui des Nations Unies. Et si un tel accord voyait le jour, la France est d'avance disposée à prêter son concours politique, économique et militaire, pour que cet accord soit effectivement appliqué. Mais on ne voit pas comment un accord quelconque pourrait naître tant que l'un des plus grand des quatre ne se sera pas dégagé de la guerre odieuse qu'il mène ailleurs. Car tout se tient dans le monde d'aujourd'hui. Sans le drame du Vietnam, le conflit entre Israël et les arabes ne serait pas devenu ce qu'il est. Et si l'Asie du sud est, voyait renaître la paix, l'Orient l'aurait bientôt retrouvé, à la faveur de la détente générale qui suivrait un pareil événement. Nous allons parler du Québec. Qui m'avait posé la question ? Je vous en prie.

 

Dominiique Bernard, assassiné au couteau le 13 octobre 2023 par Mohammed Mogouchkov, 20 ans, fiché S. / Samuel Paty, assassiné le 16 octobre 2020 par Abdoullakh Anzorov, citoyen russe d'origine tchétchène âgé de 18 ans et qui bénéficiait du statut de réfugié

Dominiique Bernard, assassiné au couteau le 13 octobre 2023 par Mohammed Mogouchkov, 20 ans, fiché S. / Samuel Paty, assassiné le 16 octobre 2020 par Abdoullakh Anzorov, citoyen russe d'origine tchétchène âgé de 18 ans et qui bénéficiait du statut de réfugié

André Markowicz

 

Le pire, le 9 octobre

La première image, – et la seule, à vrai dire, même si mon « flux » Facebook est envahi de visages inconnus dont je comprends qu’ils sont ceux de personnes (hommes, femmes, enfants, jeunes, vieux) qui ont été tués, ou qui ont disparu (et, au passage, quelle catastrophe la traduction automatique depuis l’hébreu, parce que, c’est clair, l’hébreu n’est pas une langue décisive pour le « métavers »), non, la seule, c’est, au tout début, sur youtube, au milieu de tous les visages floutés, de tous les corps dont on sait juste qu’ils sont des corps, celui de cette vieille dame en fauteuil roulant, en chemise de nuit, sans doute, prise en otage, et à qui un type du Hamas pose une mitraillette sur les genoux et fait esquisser le V de la victoire. Parce que, tout de suite, ce qui surgit, c’est l’image de cette vieille femme, en Pologne, avec l’officier allemand, qui lui relève la tête avec une cravache, et qui rigole. Parce que l’autre aussi, le type du Hamas, il rigole. Je ne mets pas les images, ni dans un cas ni dans l’autre. Quand tu vois ça, quand tu vois qu’ils s’en prennent à tout le monde, et qu’ils se moquent, comme ça, d’une vieille personne, bon, c’est clair comme le jour, nous sommes en présence d’assassins, et d’assassins de la pire espèce, et il n’y a pas d’autre solution que de les combattre jusqu’à les faire disparaître.  Et ça, ça ne se discute pas. Nous sommes en présence de quelque chose qui est de l’ordre de la haine à mort, de quelque chose qui est, radicalement, irréparable.

Ça, c’est une chose, – il est donc hors de question pour moi de ne pas soutenir l’armée israélienne, là, en ce moment, dans sa lutte contre — ça. Ce qui est se passe là, ce qui s’est passé là est injustifiable. Mais, ces monstres, d’où viennent-ils ? La première réponse, c’est que, oui, c’est le Hamas. Et le Hamas, ce sont, et ils ont toujours été, des fascistes. On dit des « islamistes » : peut-être bien, mais ce sont des fascistes. Des fascistes qui se sont emparés du pouvoir dans la bande de Gaza, qui ont éliminé, en les tuant le plus souvent, tous les éléments du Fatah (une force politique un petit peu plus démocrate...— disons ça pour parler vite). Et c’est une force qui règne en maître dans quelque chose qui, théoriquement, est indépendant, mais qui n’a aucune ressource propre, aucun accès à rien (à l’eau, à l’électricité), une chose qui est, objectivement, une prison pour 2 millions d’habitants (une des plus fortes densités de population de toute la terre). C’est-à-dire que c’est quelque chose d’absolument monstrueux, et ces monstres se sont développés dans cette monstruosité. – Encore une fois, ce que je dis là, ce n’est pas pour justifier les monstres, c’est pour dire ce qu’ils sont : jamais, dans des circonstances normales, – je veux dire si ces 2 millions de personnes avaient une vie un tant soit peu normale, j’allais dire civile, ils n’auraient pu se développer ainsi. Et c’est, je ne sais pas, comme un film de zombies qui se passe en ce moment, où comme cette pièce de Léonid Andréïev que nous allons publier en janvier, « Le Roi Famine », – les monstres qui se réveillent. Et les monstres qui se réveillent sont monstrueux, encore plus monstrueux, d’année en année, de jour en jour. Les conditions faites aux gens, en Palestine, par le pouvoir israélien, – et particulièrement par ce pouvoir-là, qui est le plus raciste, le plus extrémiste, le plus fanatiquement délirant du point de vue religieux qu’Israel ait jamais connu (et il en a connu des gratinés), c’est tout cela qui se rejette à la figure du monde. Les monstres, ils viennent de quelque part.

*

Ensuite, il y a cette faillite, effarante, il faut bien le dire, de la « sécurité »  israélienne – le fait qu’une telle opération, préparée depuis des mois et des mois (ce n’est pas possible autrement) ait pu se faire, avec l’ampleur de la contrebande que ça implique, et ce, alors même que la doctrine de la sécurité israélienne réside sur ça, une surveillance, soi-disant, de tout, et qu’Israel vend des satellites espions et toutes sortes d’appareils ultra-sophistiqués pour la surveillance et l’espionnage, et qu’Israel se targue, avec ses murs, de ne pas pouvoir laisser une mouche d’un côté du mur à l’autre, – et là, encore, j’ai l’impression de voir un film de zombies, quand la ville, bien blanche, américaine, généralement, est, d’un coup, submergée par des hordes de morts-vivants. Le fait que le « tout-sécurité » (avec ce que ça implique de choix budgétaires) est un leurre. Que toute la politique d’Israel, donc, est un leurre absolu, – le fait que croire que des murs et des miradors peuvent assurer à une population donnée une vie tranquille pendant qu’une autre population, de l’autre côté du mur, vit constamment sous la menace des colons, des fusils, des spoliations. Parce qu’il faut bien le dire, et le redire, – la paix civile, la vie normale (enfin, de moins en moins, depuis que Netanyahou s’est allié aux fondamentalistes juifs), tout ça, la vie, j’allais dire « comme chez nous », avec des visages souriants sur les photos, tout ça, ça a, en Israel, en Palestine, un prix : celui de la haine des centaines de milliers, des millions de gens spoliés. Il faut le dire, ici et aujourd’hui, dans la monstruosité présente.

Parce que, qu’est-ce que vous allez faire avec la haine ? L’armée, elle va faire quoi ? détruire tous les immeubles de Gaza où les monstres du Hamais peuvent trouver refuge ? Et même si, évidemment, les 2 millions d’habitants de Gaza ne sont pas tous des partisans du Hamas, tu fais quoi avec eux ? Tu les chasses où ? Tu les envoies en Egypte ?... Ils sont là, et ils vont rester là, et la haine va grandir, encore et encore.

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Et puis, enfin, cette guerre, est-ce celle du Hamas ? Le Hamas, en fait, aujourd’hui, il n’existe pas. Ce qui existe en vrai, c’est l’Iran. Parce que c’est l’Iran qui arme, qui finance le Hamas, et, à l’évidence encore, qu’on le veuille ou non, nous allons à la guerre contre l’Iran. Là, ce n’est pas une décision de Netanyahou qui, s’il était seul, aurait détruit depuis longtemps tout ce qu’il peut en Iran. Non, le feu vert doit être donné par les USA. Pour ça, nous verrons encore.

On a découvert, ai-je entendu, des drones iraniens, donc, entre les mains du Hamas, mais aussi des drones russes (il y en a, maintenant), et il paraît très clair que, ça aussi, d’une façon ou d’une autre, c’est une chaîne : parce que, derrière l’Iran, il y a la Russie. – Je ne sais pas si la chaîne est directe, parce que, du point de vue de Poutine, on pourrait croire que c’est une erreur stratégique (sachant qu’Israel est resté neutre dans la guerre en Ukraine). Mais ça pourrait être une étape de la stratégie du chaos dont je ne cesse de parler, une espèce, je ne sais pas, de réaction en chaîne. Ce qui est clair est que les propagandistes russes se sont mis à dire que le Hamas a des armes ukrainiennes, que les corrompus ukrainiens auraient revendu : comme d’habitude, il faut les comprendre à l’envers. Les armes, elles ne sont pas ukrainiennes, ou occidentales, elles sont iraniennes et russes.

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J’ai écrit, il y a presque dix ans, une chronique sur Israel, après la précédente guerre de Gaza, qui avait fait des milliers de morts dans la population civile arabe (et les civils juifs n’avaient été que peu touchés) : je suis pour un grand Israel. Pas « le » grand Israel. Je suis pour un pays unique, regroupant tous les habitants de la Palestine et d’Israel, sans murs, sans frontières, – et un pays laïque. J’aurai le temps de mourir centenaire avant que ça n’arrive, hélas. Parce que personne n’en veut, d’un pays laïque : ni les Israéliens, ni les Palestiniens. Les murs et les nationalismes, là encore, n’amènent que la surenchère du pire. Ce pire – il est là, devant nous. Pas ce que nous voyons aujourd’hui. Ce que nous devrons voir encore.

 
Les pièges par André Markowicz, le 11 octobre
Le temps passe un peu, on découvre des détails sur l’attaque et on comprend, toujours aussi effaré, que le Hamas a eu les mêmes attitudes que Daesh, réellement. Qu’il ne s’agit pas seulement de la prise en otages de civils mais qu’il y a des cas de décapitations, et de décapitations d’enfants, et des cas – des dizaines de cas connus, visiblement, – de viols. Et que, oui, ce massacre dans la rave, c’était exactement comme le Bataclan. On apprend ça, et je vois, par exemple, sur les pages des « Indigènes de la républiques », des posts de solidarité avec ça, des vœux pour la victoire du peuple palestinien dans sa lutte de libération, – la lutte de libération était, d’après eux, illustrée par ça. Et bien sûr que le Hamas est une organisation terroriste. Ne pas le dire, ça, c'est quoi ? Que François Ruffin soit attaqué parce qu’il le dit montre tellement l’état de confusion auquel est arrivée une partie de la gauche que c’en est à tirer l’échelle pour la suite.
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Une chose est sûre : une action comme celle du 7 octobre n’a pas pu être planifiée juste pour un jour. Les gens qui l’ont planifiée devaient comprendre qu’il y aurait des conséquences et donc, ces conséquences aussi, ils les ont prises en compte. On pense que c’est justement la crainte des conséquences, c’est-à-dire de la réaction de l’armée israélienne, qui explique les prises d’otages massives. Sans doute que oui. Avec plus d’une centaine d’otages répartis sur tout le territoire de Gaza comme bouclier humain, on peut imaginer qu’Israel hésitera à attaquer. Disons, on peut imaginer ça logiquement, et que, donc, ça fera comme une espèce de rapport de force, monstrueux, – un objet de négociations (auxquelles, d’après ce que j’ai appris hier soir, appelle d’ailleurs le Hamas).
J’ai l’impression que le but des assassins est plus pervers que ça.
Parce que nous avons affaire en Israel au gouvernement le plus à l’extrême-droite de l’histoire du pays. Un gouvernement dominé par des racistes et des fondamentalistes. Et que le Hamas, qui n’est pas sans le savoir, se trouve avec lui comme en terrain connu. Il suffit juste pour le Hamas de lui faire suivre sa pente naturelle pour arriver à sa deuxième victoire, non plus militaire cette fois (il ne peut pas y avoir victoire militaire du Hamas), mais autrement plus importante, – symbolique.
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Le fait est qu'il y a les réactions de l’État d’Israël, qui explique, par la bouche, par exemple, de son ministre de la Défense, – lequel répète ça plusieurs fois, dans des circonstances différentes – que ce ne sont pas des hommes, fussent-ils des monstres, qui ont fait ça, mais des « animaux ». Je ne connais pas le mot hébreu qu’il emploie et qu’on traduit ainsi : est-ce qu’il veut dire des « bêtes » (comme on dit des bêtes fauves) ou, réellement, des animaux ? La différence, pour moi, serait fondamentale. Parce qu’autant les « bêtes fauves » pourrait passer pour une expression, et, de fait, les assassins du Hamas se sont comportés comme des bêtes fauves (non, évidemment, les bêtes fauves ne font pas ça), autant les traiter d’animaux est d’un autre registre, qui n’est même pas du racisme. Qui est, oui, autre chose : si nous combattons des « animaux », alors, tout est permis, puisque, par définition, ils ne sont pas des êtres humains.
La question est de savoir qui sont ces « animaux ». S’agit-il de tous qui ont participé aux attaques, ou de tous les membres du Hamas, ou bien de toute la population de la bande de Gaza (2.300.000 personnes) ? Il semble que la réponse soit claire pour ce gouvernement d’enragés : c’est bien toute la population de cette bande de terre qui vit sous blocus militaire depuis qu’elle existe en tant qu’entité soi-disant indépendante, dans une promiscuité inouïe et une misère endémique, sans aucune perspective de rien du tout que la haine. C’est ce qui explique non pas les bombardements, aveugles ou pas, qui ciblent, nous dit-on, des cellules du Hamas, et tuent des femmes et des enfants (les Gazaouis sont, hélas, habitués à cette horreur, et personne dans le monde n’en dit finalement trop rien), mais le blocus total, – qui illustre ce que c’est, réellement, que Gaza. Un pays indépendant qui dépend, totalement, d’un autre pays (en l’occurrence son ennemi) pour ses besoins vitaux : l’eau, l’électricité, la nourriture. C’est-à-dire que l’indépendance de Gaza est, par ce fait même, et dehors de toute opération de guerre, une fiction sanglante, une moquerie cynique de toute la communauté internationale : non, il n’y a, et il ne peut y avoir, aucune indépendance dans ces conditions. Et c’est la première chose que le blocus total décrété par Israël vient de montrer : cette décision, terrifiante, de faire payer, par la faim et la soif, et l’absence de toute électricité une population de 2.300.000 pour les crimes, oui, bestiaux, du groupe de fascistes qui les dirige, c’est une deuxième victoire du Hamas. Une victoire offerte par les frères d’armes du Hamas que sont les hommes qui dirigent Israel en ce moment.
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Il risque d’y avoir une troisième victoire. Netanyahou répète à l’envi que l’État d’Israel fera comprendre aux terroristes que c’était une mauvaise idée de s’attaquer à lui, et qu’ils s’en souviendront pendant des « dizaines d’années ». Ça, ces dizaines d’années, ça veut dire quoi ? Tout laisse à croire que les officiels israéliens vont poursuivre les bombardements, la destruction toujours croissante des immeubles, et, pour parachever ces destructions, à un moment ou à un autre, qu’ils vont faire entrer l’armée à l’intérieur de la bande de Gaza, c’est-à-dire dans la ville. Et, donc, il y aura des combats de rues, ou plutôt pas de rues, justement, mais de décombres, en présence même de la population civile, de ces millions de gens, — parce qu’où voulez-vous qu’ils aillent, les gens, puisqu’ils n’ont nulle part où s’enfuir, malgré les demandes, cyniques encore une fois, des officiels israeliens ? Ils vont se réfugier où ? Sous le ciel bleu ? Il n’y a même pas la place, dans la bande de Gaza, de faire des villes de tentes pour deux millions de personnes.
Il y aura donc, – c’est déjà fait – une première inversion symbolique, et ce n’est pas un hasard si l’ONU n’a pas été capable de publier même un communiqué de condamnation de ces attaques, mais que le secrétaire de l’ONU a condamné (bien justement) le blocus total qui vient de se mettre en place. La haine, dans le monde entier, non pas seulement de la politique d’Israël, mais d’Israël en tant que tel, est si puissante que les États du monde n’arrivent même pas à s’entendre pour dire que des « combattants » qui décapitent des enfants ne sont pas des « combattants », mais des assassins qu’il faut poursuivre et juger.
Si, malgré le gouvernement d’union nationale qu’est en train de former Netanyahou, l’armée entre dans Gaza et que les combats commencent dans la ville, dans les immeubles, dans les ruines, alors, l’inversion symbolique sera totale : ce seront des combats comme ceux de Stalingrad (les Israéliens ne jouant pas le rôle de l’Armée rouge, on comprend bien) ou, pire encore, ce sera l’image des combattants du Ghetto de Varsovie qui nous sautera aux yeux. Les assassins du Hamas auront gagné totalement : ils auront transformé les descendants du Génocide en perpétrateurs d’un autre génocide, et souillé l’image des combattants du Ghetto (la page, sans doute, la plus héroïque de toute l’histoire multi-millénaire du peuple juif) en reprenant, symboliquement, leur rôle : une poignée d’hommes et de femmes qui se dressent, sachant qu’ils n’ont aucun espoir de survivre, contre les « bêtes » nazies.
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Le piège est là. Et, bien sûr que le Hamas appelle le massacre de tous ses vœux, — le massacre des gens qui vivent là, enfermés, pris au piège, parce que, une fois encore, le Hamas est, d’abord, un mouvement fasciste. Le piège est en train de se refermer sur tout le monde : sur tous les Gazaouis, sur ces millions d’êtres humains, ces centaines de milliers d’enfants, – comme sur les malheureux otages israeliens, comme sur l’État d’Israël en tant que tel, qui aura perdu sa dernière légitimité de pays refuge des victimes, et du souvenir, du Génocide.
C’est alors que le Hamas aura gagné, même en étant détruit. Parce que le Hamas n’est pas seulement un mouvement fasciste, mais terroriste et, dans son essence, nihiliste, puisqu’il est islamiste. Le fascination des fondamentalistes de Daesh, le but suprême (proclamé, du moins) de Daesh, ce n’était pas la vie, c’était la mort en martyr. C’était la destruction de tout ce qui pouvait être vivant dans la vie terrestre – y compris soi-même. J’ai peur que Netanyahou et ses monstres ne soutiennent le Hamas pour y arriver.
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Un dernier mot, — sur le sujet d’une chronique ultérieure, et très très importante : il y a des gens en Israel qui, ça, le comprennent, et qui se battent contre ça, tout en se battant, aujourd’hui, contre le Hamas. Il y a beaucoup de gens qui comprennent ce qui est en train de se jouer là. Et qui le disent. – Je suis avec eux.
Les victimes André Markowicz 13 octobre
D’abord, à l'évidence, – on pourrait dire exclusivement, mais non, pas du tout – le nombre de morts (nous en sommes à plus de 1300, si je comprends bien) et de blessés en Israel, – des pertes que le pays n’a pas connues depuis non pas la guerre du Kippour (où la grande majorité étaient des militaires) mais depuis celle de 1948. Parce que le traumatisme essentiel est que, pour la plupart, les victimes sont, justement, des civils, fortuits par définition, et qu’il ne sert à rien de distinguer les femmes, les enfants, – c’est juste comme ça : les types du Hamas tuaient tout ce qui se trouvait sur leur passage, et ils étaient venus pour tuer absolument tout le monde, en tout cas le plus grand nombre, ce qui explique qu’ils enfonçaient les portes des maisons et ils tuaient sans distinction : ils tuaient parce que les gens étaient là. De ce point de vue, non, il n’y a aucune distinction sur le fond entre ce qui s’est passé le 7 octobre et les attentats islamistes dans le reste du monde, que ce soit ceux du 13 novembre à Paris, ou ceux du 11 septembre aux USA. La même sauvagerie, la même rage. La même fascination de la Méduse : c’est l’essence même d'un terrorisme utilisé comme arme de guerre.
Ensuite, – je dirais chronologiquement, puisque c’est maintenant que ça va se passer, il y a les victimes à Gaza. Il y a les gens, là encore femmes, enfants et vieillards (mêlés, par force, aux membres du Hamas) sur lesquels se déverse une apocalypse de bombes, – sachant que ces 2.300.000 personnes sont privées des biens les plus élémentaires, qu’il n’y aura bientôt plus de diesel pour faire marcher les générateurs qui fournissent de l’électricité là où elle fonctionne encore (y compris dans les hôpitaux), plus de nourriture en dehors des réserves que les gens auront pu accumuler, et plus d’eau – puis la bande de Gaza n’a aucun accès à l’eau. Je ne sais pas combien de temps ça pourra durer, mais, juste, cette perspective est là. Sachant qu’elle n’est pas encore la pire, puisqu’on ne voit pas comment il pourrait ne pas y avoir d’intervention terrestre de l’armée d’Israel, et que, sans intervention terrestre, toute cette monstruosité sera considérée comme une victoire du Hamas (c’est le sujet de ma dernière chronique). – Et, au moment d’achever ma chronique, je découvre cette folie : l’ordre donné par Israel de « relocaliser », sous 24h, 1.100.000 personnes habitant au nord de Gaza. Relocaliser où ? Comment ? en 24h ? Et ça y est, le piège est refermé : les parallèles de la « relocalisation » forcée, ils existent, – dans les déportations des peuples par Staline, ou, pire encore, dans les « relocalisations » des gens dans les ghettos. Et le mot, le mot lui-même, il ne vous rappelle rien ??
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Il y a aussi d’autres victimes. Des victimes d’un autre ordre. Ce sont les gens qui, en Israel, étaient en lutte contre le gouvernement d’extrême-droite (comment le qualifier autrement ?) de Netanyahou. Là encore, le piège est ouvert, et il paraît inévitable. – D’un seul coup, devant l’horreur de ce qui s’est produit, c’est toute la société israélienne qui s’est ressoudée, dans une unanimité presque totale. Parce que le mouvement de protestation démocratique contre les fascistes au pouvoir ne faisait que grandir, — ou, du moins continuait de s’affirmer dans sa force pacifique, – passant, peu à peu, de la contestation de la réforme de la Cour suprême (la soumission de la justice au politique) à ce qui est à la base de toute la tragédie du Moyen-Orient. Non pas l’existence d’Israel en tant que telle (cette étape est dépassée depuis les années 80), mais la poursuite de la colonisation, – d’une colonisation faite avec le soutien de l’armée, dans des conditions d’apartheid, et je maintiens ce mot puisqu’il s’agit de transformer ce qui était entendu comme un État palestinien (démilitarisé, mais théoriquement indépendant) en une espèce de bantoustan qui dépendrait du colonisateur pour ses besoins les plus primaires. (Or, si le Hamas a pu si facilement franchir la frontière, c’est aussi à cause de la politique de colonisation : des centaines de militaires censés garder la frontière de Gaza avaient été envoyés en Cisjordanie pour protéger une colonie qui venait de se créer sur un terrain palestinien. ) — Un grand mouvement de protestation s’était levé parmi les réservistes, qui, – et c’était une grande première dans l’histoire d’Israel, – refusaient tout service militaire à un État soumis aux fascistes au pouvoir. Et là, bien sûr, beaucoup de ces gens, au courage exemplaire, des gens qui ont passé leur temps à protester contre la colonisation, sont dans l’armée, et, si les choses se passent comme elles vont se passer, se rendront, eux aussi, coupables de crimes de guerre, – et peut-être pire, puisque l’évacuation d’un million de personnes en 24h pourrait bien être qualifiée autrement...
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L’attaque du Hamas a donc joué le rôle que bien des dirigeants assignent à la guerre en général : créer un sentiment d’union nationale quand le pays est divisé par des fractures internes très profondes, – et la société israélienne est une société fracturée radicalement, justement par la colonisation et par la primauté de religieux qui suivent la pente naturelle de tous les groupes de pression au monde, c’est-à-dire qu’ils se radicalisent au fur et à mesure que les laïcs leur cèdent du terrain.
Qu’on me comprenne : je ne dis pas du tout que Netanyahou avait intérêt à l’attaque du Hamas, et qu’il y aurait je ne sais quel plan machiavélique d’entente entre les deux, par-dessus les populations. Je ne le dis pas, parce que, même s’il y a, aujourd’hui, un gouvernement d’union nationale (mais je ne sais pas, au moment où j’écris, qui occupe quels postes), les questions sur la sécurité ne manqueront pas d’être posées, une fois les opérations militaires achevées : des questions sur la faillite des services de sécurité, ou plutôt la soi-disant faillite, parce qu’il apparaît aujourd’hui que, non, il y avait des voix des services de sécurité qui avaient prévenu qu’il se tramait quelque chose, et que ces voix n’ont pas été entendues, délibérément ou non. Mais quand les responsables de ce désastre devront-ils en répondre ? Je veux dire, quand les opérations militaires sont-elles censées se terminer ? Elles n’ont pas encore commencé... Et quand jugera-t-on les responsables du désastre général qu’est l’idéologie de la colonisation, – une idéologie qui prive plusieurs millions d’êtres humains de toute possibilité d’une vie un tant soit peu indépendante et digne ? – Sachant qu’une fois les opérations militaires achevées, d’une part, elles ne seront pas achevées, et, d’autre part, que c’est l’armée israélienne tout entière qui sera devenue criminelle, parce que cet ordre de « relocalisation » est, oui, un crime, quel que soit le crime auquel il répond. Et c’est un autre degré dans l’effroyable qui se déroule sous nos yeux.
D'autant qu’il y a ça, en face, ou à côté : oui, le Hamas est une organisation terroriste, mais, dans l’état actuel de ce qu’on ne peut pas appeler « la société palestinienne » , parce que cette société n’est qu’un traumatisme général, global, ne connaissant que la misère, la contrainte et la guerre, ce qui me fait peur, c’est ce que disent beaucoup de commentateurs : la disparition du Hamas n’entraînera pas la paix, mais une radicalisation encore croissante. Et, encore une fois, que faire avec les millions de Palestiniens, – eux dont personne ne veut, ni Israel, ni les autres pays arabes ? Vous en faites quoi, de tous ces gens ? Sachant que la moitié de la population de Gaza a moins de 18 ans. Vous faites quoi avec les jeunes ? Vous leur montrez quel avenir ? Ces millions-là aussi, ils sont les victimes de l’horreur qui se déroule sous nos yeux. Les victimes présentes, et les victimes à venir.
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Un dernier mot pour aujourd’hui. Il se trouve que la Russsie a profité de cette catastrophe pour lancer, à Avdéevka, la plus grande offensive de la guerre depuis celle de février-mars 2022. Des milliers et des milliers d’hommes, – c’est un déluge de feu qui s’abat sur ce qui fut, naguère encore, une ville prospère et que jamais les Russes n’ont pu prendre. On ne compte pas les morts, des deux côtés, mais, visiblement, du côté russe, à nouveau, ça se compte par milliers. Et oui, ça se passe, ça, sous le couvert de Gaza, pour qu’on n’en parle pas, – pour que l’Occident ne puisse plus continuer son effort de guerre pour soutenir l’Ukraine, s’il faut soutenir Israel, et pour que l’attention du monde, surtout, se détourne de l’Ukraine. Pour que les crimes russes s’estompent devant les autres. Ils ne doivent pas s’estomper.
Et je n’oublie pas le Karabakh... – C’est juste, je ne sais pas, que c’est trop. Trop dur. Et ça sera pire encore. Tellement pire. Et je suis là, moi, et j’écris... qu’est-ce que je peux faire d’autre ?
La pente naturelle André Markowicz 17 octobre
Le Wall Street Journal a établi qu’une dizaine de jours avant l’attaque du Hamas, le Jihad Islamique avait reçu quelque chose comme 100 millions de dollars en cryptomonnaie sur la plateforme Garantex, laquelle se trouve, physiquement, à Moscou. Ça ne veut pas dire, d’après ce que je comprends, que les 100 millions de dollars viennent directement du budget de l’État de Poutine, mais ça veut dire que Moscou ne pouvait pas ne pas savoir, — au minimum. Ça veut dire plutôt, selon toute vraisemblance, que ces 100 millions viennent bien de Poutine, mais, comme c’est d’habitude le cas, en passant, pour ainsi dire, de main en main (ou de clic en clic, s’agissant de cryptomonnaie). Et ça ne concerne que le Jihad Islamique, lequel est allié du Hamas, mais n’est pas le Hamas. Est-il imaginable que le Hamas n’ait pas touché au moins autant ? Evidemment non — c’est juste que, soit cet argent était destiné aux deux, à partager, soit on n’a pas encore retrouvé les liens informatiques d’un versement équivalent, qui aurait pu être fait en plusieurs fois, venir de sources différentes, bref, être mieux déguisé – parce que, les 100 millions pour le Jihad islamique, ils étaient, si je comprends bien, quasiment à la surface, en accès libre, sans aucun camouflage. – Les journalistes n’ont, jusqu’à présent, découvert que (!...) 41 millions de dollars touchés par le Hamas pendant la même période sur la même plateforme.
Si la chose est avérée – elle semble vraiment l’être –, cela signifie un tournant majeur de la politique de Poutine vers le chaos mondial, ou, disons, vers un nouvel ordre mondial... Parce que c’est une attaque frontale contre Israel, et qu’Israel, de tous les pays occidentaux, est celui qui avait jusqu’alors gardé la plus grand neutralité possible dans la guerre Russie-Ukraine. Israel ne livrait pas d’armes, ou très peu, à l’Ukraine, et Israel compte près de un millions de citoyens venus de Russie, – certes, dans leur écrasante majorité, pas du tout partisans de Poutine, mais quand même. Et donc, si la Russie a financé cette attaque du Hamas, alors, elle est, très concrètement, en guerre avec Israel.
L’iran a organisé et formé, la Russie a financé. – Et je rappelle que le Hamas, en Russie, n’est pas considéré comme « organisation terroriste », mais comme représentant légitime de la lutte du peuple palestinien, et j’ai d’ailleurs vu passer un communiqué du Hamas pour remercier la Russie de sa position.
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Mais la Russie est-elle la seule responsable de l’horreur qui se joue maintenant ? Il faut bien avouer que non. Parce que Poutine ne fait que jouer sur ce que je pourrais appeler les « pentes naturelles » des régimes qu’il combat. Comme il a surfé sur le ressentiment des peuples, avec le succès (au moins temporaire) que nous savons pour détruire toute la France-Afrique, – disons ce qui restait de l’influence française, en quelques mois — de la même façon, il a joué sur la politique de la droite israélienne depuis l’évacuation de la bande de Gaza par Sharon, lequel l’a évacuée justement parce que c’était le moyen le plus sûr de ne jamais avoir un état politiquement viable pour les Palestiniens, dès lors que les religieux du Hamas rejetaient toute politique laïque, et donc, rejetaient l’OLP (la destruction de l’OLP par le Hamas a été faite par une guerre civile, plutôt par un massacre organisé, puisque l’OLP n’avait aucun accès aux armes, – armes que le Hamas avait, étrangement, en abondance). Un grand nombre d’analystes israéliens (comme Charles Enderlin, mais il est loin d’être le seul) ont répété depuis des années et des années que, réellement, il existait entre la droite israélienne et le Hamas un accord, ne serait-ce que tacite : le Hamas s’occupait d’administrer la bande de Gaza, dont la misère était entretenue par le blocus israélien, et, bon, s’il lançait, de loin en loin, quelques attaques isolées, ce n’était pas trop cher pays, pour les calculs cyniques de Netanyahou et de ses affidés, en échange de l’isolement du « gouvernement » de la Cisjordanie, qui ne pouvait rien faire contre une colonisation proliférante et entretenue non seulement par l’État d’Israel mais par la passivité, honteuse et lâche, du monde entier.
Il est arrivé à Netanyahou ce qui est arrivé aux USA avec Al-Qaïda : les USA avaient commencé à financer les talibans contre les Russes, – les Talibans ont pris l’argent, puis tout le pays, puis, d’étape en étape, oui, réellement, par une pente naturelle, entraînant les USA dans des guerres absurdes et criminelles, ils ont ruiné la puissance américaine, – du moins ils l’ont mise en danger d’une façon durable. Parce que, pendant que les USA s’engluaient dans leur politique criminelle et leurs défaites militaires, partout ailleurs, c'était la Chine qui s’imposait. – Le Hamas a attaqué de la même façon. Parce que c’est la pente naturelle, inévitable, la nature même des terroristes islamistes : ils ne peuvent avoir aucune alliance, secrète ou non, avec quiconque n’est pas un islamiste (de ce point de vue, Kadyrov joue pour Poutine un rôle d’intermédiaire essentiel). Et parce qu’ils jouent, eux aussi, la politique du pire (j’en ai déjà parlé dans mes chroniques précédentes).
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J’ai parlé des pièges tendus par le Hamas à Israel, des pièges dans lesquels Israel ne peut que finir de tomber, par la pente naturelle de son gouvernement de fous furieux, de racistes, d’illuminés religieux qui sont l’exact pendant des islamistes, – leurs frères idéologiques, et, j’aillais dire, leurs frères d’armes. Les colons, aujourd’hui, en Israel, se radicalisant, eux aussi par leur pente naturelle, de mois en mois, – dès lors que rien ni personne n’est jamais vu leur mettre des limites et que les laïcs israéliens ont depuis longtemps affiché leur impuissance, – ils sont totalement hors de contrôle, et la haine qu’ils provoquent dans la population palestinienne n’a même pas besoin d’être canalisée par le Hamas. Le Hamas n’a qu’à surfer dessus, parce que, c’est aussi qui est le pire, c’est que la destruction du Hamas ne changera strictement rien, – au contraire, elle ne fera que radicaliser encore plus la jeunesse (je le rappelle, la moitié de la population de la bande de Gaza a moins de 18 ans), et la guerre ne pourra que reprendre, et reprendre encore, inévitable, – et ce sera une guerre dans laquelle, comme je le disais, Israel ne pourra plus, en aucun cas, se revendiquer de la mémoire de la Shoah, parce que qui se passe, d’ores et déjà, à Gaza, est à la limite du massacre de masse – un massacre provoqué, évidemment, par les assassins du Hamas, la chose est claire, et pas que provoqué, non – appelé. Appelé justement pour ça. Pour qu’il ait lieu. Et pour qu’il y ait vengeance.
Parce que, de massacre en massacre, d’horreurs en horreurs, de crimes de masse en crimes de masse, ce qu’Israel va perdre, c’est le peu de soutien international qui lui reste encore – les opinions publiques des pays qui le soutiennent encore ne permettront plus aux gouvernements de le faire, et qu’aurons-nous ? Israel, pour survivre, lancera-t-il une bombe atomique ? Contre qui ? Contre son propre territoire ? Israel finira, là, vraiment, par disparaître, sous les coups combinés de ses propres fascistes et d’un monde extérieur dans lequel les USA n’auront plus le premier rôle. Ce n’est pas pour tout de suite, certes, mais, ce qui est clair et net, c’est que la pente naturelle est là : il suffit juste d’accompagner le mouvement, ce que fait Poutine, – lequel est aujourd’hui en Chine, pour le forum « Une ceinture, une route », un projet qui, lui aussi, est clair et net : la ceinture (de soie ? comme les routes du même nom), et la route chinoises, pour un monde dont le centre sera dorénavant Pékin.
Ce n’est pas un hasard du calendrier si, dans le même temps, un des vice-présidents de la Douma, Piotr Tolstoï, a prononcé un discours solennel dans lequel il demandait à la Russie de quitter toutes les organisations internationales auxquelles elle appartient, – pas l’ONU mais toutes les autres : l’OMC, l’OMS, tous les accords liés l’éducation et aux sports. Tout. Ce n’est pas encore la position officielle du gouvernement de Poutine, mais, clairement, c’est un signal : pour la clique de Poutine, la Russie n’appartient plus au monde occidental. La Russie n’est plus, pour son gouvernement même, en Europe. Ce qui se passe, c’est, réellement, sans aucune exagération, un retour à Ivan le Terrible.
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Pendant ce temps, à Avdéevka, les Russes lancent des assauts frontaux contre le grand terril qui domine la ville, et perdent, jour après jour, des milliers et des milliers d’hommes, – sans aucun résultat au moment où j’écris. Mais ça n’a pas d’importance, les yeux du monde sont ailleurs, et l’aide à l’Ukraine, déjà diminuée, le sera davantage encore.
Je mets en premier commentaire le témoignage, accablant, de la belle-mère de Humza Yusaf, le premier ministre, indépendantiste, de l’Écosse. Elle s’était rendue voir sa famille à Gaza, et elle est bloquée au milieu du chaos et des ruines. – Gaza, réellement, c’est ça : il ne s’agit plus du Hamas. C’est deux millions de personnes sans nourriture, sans eau, sans rien, – des hôpitaux sans rien, avec les bombes qui tombent, et le pire à venir. Le piège s’est déjà refermé. Par pente naturelle.
 
questionnement d'André Markowicz en date du 31 octobre :
Ce qui est sûr, plus largement, dans le monde entier, et particulièrement dans le monde dit-musulman, c’est la montée d’un antisémitisme de plus en plus agressif, de plus en plus menaçant. Depuis les déclarations d’Erdogan jusqu’aux attaques sur les gens. Ce qui est sûr aussi, c’est que les assassins en puissance, ceux qui font des tags antisémites, marquent les maisons supposées juives par des croix, etc. etc., profitent, lâchement, bassement, comme des salauds qu’ils sont, de l'horreur qui se déroule à Gaza, – une horreur qui dépasse l’entendement, et d’une horreur impunie. Pas impunie, que dis-je ? Soutenue, favorisée par l’Occident, malgré (ou par) les faibles protestations de nos gouvernants. La stratégie de Poutine (avec, ici, l’aide du Hamas) est claire : il s’agit, sur le long terme, dans le monde entier, d’approfondir la haine non pas même de l’Occident mais de toutes les valeurs traditionnellement liées à l’Occident, et que nous proclamons universelles, comme, par exemple, la démocratie, puisque nous nous proclamons démocrates mais que nous laissons Israel réduire toute la bande de Gaza en ruines, au prix de dizaines de milliers de morts, pour les punir d’être gouvernés par les assassins du Hamas.
Si, nous qui sommes démocrates, nous n’imposons pas de sanctions au gouvernement de Nétanyahou, alors, notre démocratie est une mascarade. – Et si la démocratie est une mascarade, que reste-t-il ?
 
JCG : ce ne sont pas seulement des sanctions qu'il faut imposer mais
- un cessez-le-feu, des couloirs humanitaires, des aides d'urgence en tous domaines
- puis un processus de paix par la création d'un État unique, démocratique et laïque (proposition à discuter, étant donnés les rapports de force entre modèles démocratiques et modèles communautaristes) dans toute la Palestine historique, avec des droits égaux pour les chrétiens, les musulmans et les juifs accompagné d'un plan de développement massif
- et enfin, les procès
- pour crimes de guerre des dirigeants et miliciens du Hamas (7 octobre)
- pour crimes contre l'humanité ou génocide (quelle qualification juridique choisir ?) des dirigeants et chefs militaires d'Israël (l'après 7 octobre)
 
Quant à la démocratie ? représentative ? pluraliste ? avec des partis bureaucratiques et électoralistes ? des médias mainstream aux mains de milliardaires ? des techniques de manipulation de masse ? d'hypnotisation collective ? des réseaus sociaux "complotistes" ?
 

déclaration sur la censure qui frappe

“AND HERE I AM »

(ET ICI JE SUIS)


LE FREEDOM THEATRE 12 OCTOBRE 2023

Nous avons appris avec consternation que le maire de Choisy-le-Roi avait décidé d'annuler notre représentation de "And Here I Am" au Théâtre-Cinéma de Choisy-le-Roi le 11 octobre.
Après que l'armée israélienne a bouclé la Cisjordanie et fermé les frontières, il a fallu à notre équipe artistique quatre jours pour arriver en France. Les membres de l'équipe ont franchi des checkpoints militaires, subi des humiliations et des interrogatoires sous la menace d'une arme à feu, et un membre de l'équipe a été détenu et menacé d'arrestation par l'armée. Il n'est pas excessif de dire qu'ils ont risqué leur vie et leur sécurité pour que la représentation ait lieu.
Nous nous posons la question : est-il même juste de faire une déclaration publique sur l'annulation de la pièce alors que les Palestiniens subissent des situations bien pires. Alors que des familles entières sont massacrées à Gaza, alors que des quartiers sont complètement rasés. Alors qu'on voit sur une succession de vidéos des enfants palestiniens assassinés, ou d'autres, presque morts, extraits des décombres en ayant perdu leurs membres. Nous nous posons la question : devrions-nous même nous rendre en France alors qu'il est urgent que nous soyons chez nous, au camp de réfugiés de Jénine, à protéger et à préparer nos enfants en vue de la prochaine invasion.
Mais la façon dont les voix palestiniennes sont réduites au silence est intrinsèquement liée à la facilité avec laquelle Israël continue à enfreindre le droit international et à pratiquer depuis 75 ans avec brutalité son occupation militaire, ses invasions, son apartheid. L'effacement de notre histoire est la raison pour laquelle les gouvernements du monde peuvent inciter à notre mise à mort comme si c'était un sport. Les gros titres à la une qui propagent la désinformation contribuent à justifier les attaques d'Israël, alors que les journalistes eux- mêmes précisent que leurs affirmations ne sont pas vérifiées, enfreignant ainsi le code élémentaire du journalisme. Depuis les présidents jusqu'aux présentateurs de la télévision ou aux stars de cinéma, nos vies sont réputées n'avoir aucune valeur et notre contexte est éliminé alors que leur racisme et leur islamophobie ont le champ libre. Une pièce de théâtre est une petite possibilité de raconter notre histoire et son annulation constitue le choix de participer à la violence que nous subissons.
Le maire de Choisy-le-Roi a déclaré que la décision a été prise par « respect pour toutes les victimes ». C’est tout simplement de l’hypocrisie quand Paris illumine la Tour Eiffel en blanc et bleu, quand la Commission Européenne projette le drapeau national d’Israël sur son siège, quand un ministre français propose de dissoudre les organisations qui soutiennent la Palestine.
Nous, Palestiniens, sommes dénigrés, réduits au silence, condamnés, emprisonnés et assassinés dès que nous agissons pour arrêter le nettoyage ethnique. La censure et les attaques contre notre équipe, dont beaucoup viennent du camp, sont au fond de notre histoire. Notre bâtiment est constamment attaqué violemment et la troupe prise comme bouclier humain, le personnel et les étudiants emprisonnés, le président de notre conseil d’administration emprisonné depuis plus d’un an sans inculpation ni procès et notre directrice artistique adjointe britannique, interdite d’entrer en Palestine. Nous sommes des artistes, rien de plus, mais le simple acte de conter des histoires palestiniennes suffit pour être confrontés à cette brutale censure qui se poursuit quand nous sommes en tournée internationale.
Nous continuerons seulement comme nous savons le faire, en disant notre histoire. Nous tenons à remercier les producteurs, les artistes, les ami.e.s et allié.es qui continuent en France à lutter pour que notre voix soit entendue pendant cette tournée. Malgré l’impact personnel et financier que leur soutien envers nous leur impose, leur solidarité et leur détermination nous emplissent d’espoir et de force.
Nous invitons le public à la prochaine étape de la tournée

à Bordeaux les 13 et 14 octobre
https://fab.festivalbordeaux.com/spectacle/and-here-i-am/
Et à Lyon les 18 et 19 

https://www.tng-lyon.fr/evenement/and-here-i-am/

LE FREEDOM THEATRE
CAMP DE RÉFUGIÉS DE JÉNINE
PALESTINE

 

mercredi 13 décembre 2023, trois membres du Freedom Théâtre ont été arrêtés à leurs domiciles respectifs, dans le camp de réfugiés de Jénine (Cisjordanie occupée). Il s’agit d'Ahmed Tobasi, son directeur artistique, de Mustafa Sheta, son directeur général, et de Jamal Abu Joas, formateur et ancien élève. Leur arrestation est intervenue juste après la destruction du Freedom Théâtre par l’armée israélienne.

 

Né pendant la première Intifada palestinienne, Ahmed a grandi dans le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie. À l’âge de 15 ans, il rejoint la résistance armée et assiste à l’invasion de l’armée israélienne. Son destin de soldat prend une tournure inattendue lorsqu’il fait une rencontre impromptue avec le théâtre. Le déclic est immédiat. Réfugié en Norvège, il lâche son fusil pour la scène. And here I am raconte ce passage à l’âge adulte qui témoigne de l’absurdité de grandir dans une zone de conflits. Ahmed Tobasi interprète son propre rôle, revisité par l’écrivain multiprimé Hassan Abdulrazzak. Dans une mise en scène alternant musique et danse, sable et eau, calme et vacarme, Ahmed raconte sa vérité intime, insufflant de l’humanité et un humour teinté d’ironie dans ces traumatismes collectifs. Cet homme ordinaire est parvenu à prendre le contrôle de son avenir et il fait de sa propre histoire une pièce puissante et singulière. Il sensibilise le public, avec sincérité et force de conviction, aux problèmes auxquels est confrontée la nouvelle génération palestinienne. Un plaidoyer sur la résilience, à la fois tranchant et désarmant.

Ce mercredi 8 novembre 2023, le Conseil d’État a donné son feu vert à l’expulsion de Mariam Abu Daqqa, militante palestinienne de 71 ans. Une décision inédite qui s’inscrit dans la criminalisation du soutien à la Palestine. Son avocate prévoit un recours...

elle a été violemment arrêtée à Paris, le 9 novembre au soir, le jour du 53° anniversaire de la mort de De Gaulle, expulsée vers l'Égypte, le 10 novembre 2023.

Mariam Abou Daqqa, connue comme l'une des leaders de la cause féministe dans la Bande de Gaza, a vu sa maison détruite et 26 membres de sa famille tués la semaine dernière dans les bombardements qui ont suivi l'attaque du Hamas.

 

deux récits graphiques dont Razan initié par Chantal Montellier / Razan Ashraf Abdul Qadir al-Najjar, née le 11 septembre 1996 à Khan Younès et morte le 1er juin 2018 dans la bande de Gaza, est une secouriste bénévole palestinienne tuée par un fragment de balle tirée par l'armée israélienne, au cours des évènements de la Marche du retour / Cessez le feu by Chantal Montellier
deux récits graphiques dont Razan initié par Chantal Montellier / Razan Ashraf Abdul Qadir al-Najjar, née le 11 septembre 1996 à Khan Younès et morte le 1er juin 2018 dans la bande de Gaza, est une secouriste bénévole palestinienne tuée par un fragment de balle tirée par l'armée israélienne, au cours des évènements de la Marche du retour / Cessez le feu by Chantal Montellier
deux récits graphiques dont Razan initié par Chantal Montellier / Razan Ashraf Abdul Qadir al-Najjar, née le 11 septembre 1996 à Khan Younès et morte le 1er juin 2018 dans la bande de Gaza, est une secouriste bénévole palestinienne tuée par un fragment de balle tirée par l'armée israélienne, au cours des évènements de la Marche du retour / Cessez le feu by Chantal Montellier

deux récits graphiques dont Razan initié par Chantal Montellier / Razan Ashraf Abdul Qadir al-Najjar, née le 11 septembre 1996 à Khan Younès et morte le 1er juin 2018 dans la bande de Gaza, est une secouriste bénévole palestinienne tuée par un fragment de balle tirée par l'armée israélienne, au cours des évènements de la Marche du retour / Cessez le feu by Chantal Montellier

Razan est un prénom arabe qui signifie "respecté, sage, sérieuse, à l'écoute, loyale" et admirée pour sa perfection. Razan a incarné toutes ces qualités, elle les a habitées et portées avec fierté pour dire haut et fort, les qualités de son peuple, les Palestiniens. Unique, symbole de tous les êtres humains, elle a partagé ses valeurs, ses doutes, ses colères, son amour. Elle n'a jamais cessé de croire dans la nécessité d'agir collectivement pour les droits, pour la santé, pour la vie, pour la liberté.
Devenue icône malgré elle, elle laisse désormais une empreinte forte que Chantal Montellier a voulu mettre en oeuvres : dessins, témoignages, rappels historiques, dialogues imaginaires, hommages.

07/10/2021 / 188 pages / Arcane 17 / 15 €
 
Joann Sfar - Coco - Mana Neyestani - Catel - Pascal Rabaté - Patricia Bolanos - Paco Roca - Bahareh Akrami - Hippolyte - Shabnam Adiban - Lewis Trondheim - Deloupy - Touka Neyestani - Bee - Winshluss - Nicolas Wild - Hamoun Femme, vie, liberté : avoir vingt ans en Iran et mourir pour le droit des femmes.
Le 16 septembre 2022, en Iran, Mahsa Amini succombe aux coups de la police des moeurs parce qu'elle n'avait pas "bien" porté son voile.
Son décès soulève une vague de protestations dans l'ensemble du pays, qui se transforme en un mouvement féministe sans précédent. Marjane Satrapi a réuni trois spécialistes : Farid Vahid, politologue, Jean-Pierre Perrin, grand reporter, Abbas Milani, historien, et dix-sept des plus grands talents de la bande dessinée pour raconter cet évenement majeur pour l'Iran, et pour nous toutes et nous tous.
 
14/09/2023 / 271 pages / L'Iconoclaste / 32 €

 

 

Cher JC

Comment résoudre ce problème à la fois collectif et individuel tant ses causes sont complexes et entremêlées pour encore plus les complexifier?
Causes historiques,religieuses, raciales, sociales et économiques, territoriales…
D’un point de vue personnel j’ai tendance à mettre dos à dos les deux communautés dans leurs droits respectifs et leurs devoirs de vivre ensemble en paix (devoirs souvent oubliés ou bafoués)
D’un point de vue collectif et géostratégique, en particulier franco-Français, j’ai tendance à oublier la compassion et la morale pour hypocritement fermer les yeux devant ce nouveau Guernica.
En pratique, sur terre, c’est encore la loi du plus fort qui fait la loi au moins sur le court terme.
Ps j’ai découvert l’existence de ce monument à la paix en réaction à la boucherie de 14/18. Il est très émouvant même si on peut regretter que le fils tende aussi un poing agressif envers les meurtriers de son père.
Bien à toi,
 
B Hofmann
____________________________________________________________
 
Le point de vue de Jean-Pierre Grosse
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En Israel, s’affrontent 2 factions fascistes (Netanyaou + ultra-orthodoxes / Hamas ) dont l’objectif majeur est d’anéantir l’autre. Toutes 2 sont coupables de crimes de guerre etc .. La violence ne résoudra rien sinon créer de nouvelles générations de terroristes. Je doute qu’un accord soit possible tant que ces dirigeants sont au pouvoir.

La solution d’un état ne me paraît pas possible : trop de haine accumulée.

La solution à 2 états me paraît la seule viable MAIS pour cela, il faudrait :

  • Transférer tous les Gazaouis (2 M) en Cisjordanie - actuellement un gruyère occupé par Israël – qui deviendrait un véritable état indépendant
  • Et tous les colons (0,5M) à Gaza qui deviendrait israélien.

Techniquement faisable : le monde a l’habitude des transferts de population !

 

La récupération des colonies juives de Cisjordanie permettrait une compensation des dégâts subis par les Gazaouis et les colons pourraient faire à Gaza ce qu’ils font bien : reconstruire !

Jean-Pierre Grosse, Marrakech, 12 novembre 2023

"Perlimpinpin'' 1973
 
~VIVRE AVEC TENDRESSE
VIVRE ET DONNER AVEC IVRESSE! ~
BARBARA
 
Pour qui, comment quand et pourquoi ?
Contre qui ? Comment ? Contre quoi ?
C'en est assez de vos violences.
D'où venez-vous ?
Où allez-vous ?
Qui êtes-vous ?
Qui priez-vous ?
Je vous prie de faire silence.
Pour qui, comment, quand et pourquoi ?
S'il faut absolument qu'on soit
Contre quelqu'un ou quelque chose,
Je suis pour le soleil couchant
En haut des collines désertes.
Je suis pour les forêts profondes,
Car un enfant qui pleure,
Qu'il soit de n'importe où,
Car un enfant qui meurt
Au bout de vos fusils
Est un enfant qui meurt.
Que c'est abominable d'avoir à choisir
Entre deux innocences !
Que c'est abominable
d'avoir pour ennemis
Les rires de l'enfance !
Pour qui, comment, quand et combien ?
Contre qui ? Comment et combien ?
À en perdre le goût de vivre,
Le goût de l'eau, le goût du pain
Et pour une rose entr'ouverte,
Et pour une respiration,
Et pour un souffle d'abandon,
Et pour ce jardin qui frissonne !
Rien avoir, mais passionnément,
Ne rien se dire éperdument,
Mais tout donner avec ivresse
Et riche de dépossession,
N'avoir que sa vérité,
Posséder toutes les richesses,
Ne pas parler de poésie,
En écrasant les fleurs sauvages
Et faire jouer la transparence
Au fond d'une cour au murs gris
Où l'aube n'a jamais sa chance.
Contre qui, comment, contre quoi ?
Pour qui, comment, quand et pourquoi ?
Pour retrouver le goût de vivre,
Le goût de l'eau, le goût du pain
Contre personne et contre rien,
Mais pour toutes les fleurs ouvertes,
Mais pour une respiration,
Mais pour un souffle d'abandon
Et pour ce jardin qui frissonne !
Et vivre passionnément,
Et ne se battre seulement
Qu'avec les feux de la tendresse
Et, riche de dépossession,
N'avoir que sa vérité,
Posséder toutes les richesses,
Ne plus parler de poésie,
Mais laisser vivre les fleurs sauvages
Et faire jouer la transparence
Au fond d'une cour aux murs gris
Où l'aube aurait enfin sa chance,
 
~VIVRE AVEC TENDRESSE
VIVRE ET DONNER AVEC IVRESSE! ~
BARBARA
Shein B, slameuse de l'estime sur la Palestine, ci-dessous

Shein B, slameuse de l'estime sur la Palestine, ci-dessous

l'affiche et les intterprètes Fred Andrau, Aliénor de la Gorce /
l'affiche et les intterprètes Fred Andrau, Aliénor de la Gorce /

l'affiche et les intterprètes Fred Andrau, Aliénor de la Gorce /

hier soir, mardi 11 octobre, j'ai vu au Comédia, à Toulon,
Geli de Diastème avec Fred Andrau et Aliénor de la Gorce
j'y étais allé pour Fred, l'ami le plus proche de Cyril (13/4/1971-19/9/2001) avec Jeanne
et je découvre cette histoire incroyable, l'amour d'Adolf pour sa demie-nièce Geli
voilà du théâtre comme j'aime
un texte, des interprètes habités, justes, un décor simple, pas d'effets, juste quelques sons d'intermède et les morceaux chantés, joués par Aliénor
le texte de Diastème évoque sa propre recherche d'auteur sur la mort de Geli à 23 ans, sur les relations entre le demi-oncle et la demie-nièce, recherche de près de 15 ans, 90 ans après, alors que les versions de la mort de Geli sont multiples, contradictoires
l'auteur (Fred Andrau) tente devant son ordinateur de cerner la personnalité de Geli (Aliénor, virevoltante car par son intérêt pour elle, c'est comme si l'auteur ressuscitait Geli, lui redonnait vie),
en effet, la pièce commence par Aliénor à cour, dans l'enfer des morts, se posant les questions d'une jeune femme de 23 ans morte de mort violente, une balle dans la poitrine et petit à petit, elle vient prendre place sur les bancs de la table de travail de l'auteur,
l'auteur est tel Orphée ramenant des enfers la mémoire vive de Geli avec sa participation comme si l'intérêt de l'auteur pour elle se transformait en amour pour le personnage qu'il crée cet amour de fiction créant entre eux une complicité particulièrement sensible sur le plateau
et se dresse devant nous, avec ses interventions à elle, peu à peu, le portrait d'une femme vivante, naturelle, de bonne humeur, mettant toujours une ambiance bon enfant, avec ses aspirations, ses désirs, ses réparties, son refus de richesse, de gloire, de pouvoir; simplicité, légèreté et l'amour pour à deux, si réciproque, le paradis
évidemment, pèse le poids des 64 millions de morts et plus de la guerre
Geli a-t-elle sa part de responsabilité dans ce qu'est devenu Adolf après sa mort (suicide ou meurtre), un monstre (?)
la pièce de Diastème n'est pas éditée, dommage mais il me l'a envoyée et je vais donc pouvoir affiner son travail orphique d'épitaphier
une série de 30 représentations à Paris au théâtre des abesses à partir du 26 novembre, à suivre
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est sorti en 2021 un roman de Fabiano Massimi, L'ange de Munich
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LES AVATARS DE LA CULTURE

Revue des Deux Mondes

Jean d'Ormesson, 12 mars 1973

Une archive d'il y a 50 ans qui décrit fort bien ce qui se passe sous nos yeux à l'échelle planétaire
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présentation par la revue de son archive :
Tout ce que la France réunissait d'élégance, de légèreté et de savoir se résumait en Jean d'Ormesson. On l'aimait parce qu'il illustrait l'esprit français comme personne.
Beaucoup n'ont souvenir de lui qu'avec les cheveux blancs, mais avant d'être l'écrivain prolifique, médiatique et extrêmement populaire que nous avons connu, Jean d'O en a fait des choses.
En 1950, l'agrégé de philo devient secrétaire général de l'UNESCO, ONG créée après la Seconde Guerre mondiale pour maintenir la paix en renforçant la collaboration en matière d'éducation et de culture.
La culture voilà bien un sujet que l'ancien normalien connaît et explore dans une communication qu'il donne à l'Académie des Sciences morales et politiques le 12 mars 1973. Il en confie ensuite le propos à la Revue des Deux Mondes.
C'est à la même époque que Jean d'Ormesson est élu à l'Académie française. Le 18 octobre 1973, il succède à Jules Romains.
Hitler aimait certains livres

Hitler aimait certains livres

C’est l’histoire d’un livre qui au milieu des 683 autres de la rentrée littéraire de 2006 devait passer plutôt inaperçu ; son ampleur (900 pages et plus d’un kilo) le prédisposant plus à caler la table branlante qu’à titiller les cortex des critiques littéraires… Son éditeur ne l’avait tiré qu’à 5000 exemplaires, et personne n’aurait pensé qu’à peine un mois après sa sortie confidentielle, ce roman figurerait dans la sélection de quasiment tous les jurys littéraires de la rentrée !
Informé par une amie libraire aux goûts surs et à la curiosité toujours en éveil, j’avais acheté ce gros livre dès mon retour à Paris, en éprouvant – déjà – quelques difficultés à le trouver… Le premier tirage (confidentiel) avait été rapidement épuisé, grâce notamment au bouche à oreille élogieux que quelques bibliothécaires curieux et libraires sous le choc avaient très vite fait circuler autour d’eux.
Un mois à peine après sa sortie, ce premier roman d’un écrivain totalement inconnu, s’était déjà vendu à …260.000 exemplaires !
Malgré les attaques fielleuses et vaguement malhonnêtes des sectes et coteries habituelles (Libération, Les Inrockuptibles…) ; malgré les jugements sentencieux de ceux (qui comme Claude Lanzman) se jugent les seuls habilités à délivrer l’imprimatur à qui voudrait parler de la Shoah ; malgré les dépits médisants des maisons d’édition habituées au partage des prix littéraires et soudainement frustrées ; et malgré la jalousie amère de quelques écrivains habitués des plateaux télé et des salons guindés, qui pensaient s’être bien placés cette année-là pour la course aux hochets, et qui dépités déployaient soudain tout leur venin à l’égard d’un concurrent qui ne s’était pas annoncé…
Un tel événement en fait, est plutôt rarissime. Tant paraît rodé le ballet complaisant et huilé que les principales maisons d’édition organisent entre elles à chaque rentrée ; et tant paraît incongru, iconoclaste, voire provocateur, l’irruption d’un livre et d’un auteur qui bouleversent soudain – bien involontairement – les us et coutumes d’un petit monde élitiste et fermé, qui a toujours éprouvé une très grande frilosité en face du talent brut, surtout lorsque celui-ci s’impose en dehors de leur flair, de leur influence et de leurs réseaux.
Car – puisqu’il faut bien parler du livre… - nous sommes quand même en face d’un véritable monument. D’un livre exceptionnel, épique et terrifiant, qui nous détaille au creux de l’oreille, l’odieux glissement dans l’inhumanité de ces étudiants brillants, diplômés et cultivés, recrutés par la SS au cœur de leurs universités et glissés dans les rouages des services de sécurité de l’appareil nazi. Du devenir de ces jeunes intellectuels qui citent Platon, parlent grec et lisent Stendhal, et qui vont devenir les artisans consciencieux des massacres planifiés lors de l’entrée des nazis en Pologne et en Ukraine, puis lors de la mise en œuvre de la « solution finale ».
Et au cœur de ce maelström, inhumain et furieux, raconté à la première personne par l’un de ces « docteurs », s’opère la lente glissade en lui-même d’un homme qui des fosses communes de Kiev aux ruines de Berlin, va éclairer sa part d’ombre, faite d’une homosexualité cachée, d’un inceste vertigineux et d’un possible matricide, à la fois nié et enterré.
Mêlant avec une virtuosité inouïe, la petite à la grande histoire, la réalité crue aux rêves nauséeux de son récitant, Jonathan Littell a écrit un roman à dimension « dostoïevskienne », au cœur duquel la merde et le sperme sont intimement mêlées au sang et à la boue qui en constellent le déroulé. On n’est même plus chez Malaparte, mais chez Bataille, Sade et Kafka, pour une fresque d’une ampleur phénoménale sur les ressorts de la bête immonde qui écuma l’Europe il y a un demi-siècle.
Jonathan Littell, a 38 ans. Il a travaillé sept ans dans l’action humanitaire, de Bosnie à l’Afghanistan, en passant par le Congo, le Rwanda et la Tchétchènie. C’est à Moscou qu’il s’est plongé pendant presque deux ans dans les archives de guerre, et c’est à partir d’une photo (« une jeune femme, pendue par les nazis, à Kharkov, en Ukraine, et dont le corps est demeuré ensuite étendu, abîmé dans la neige… ») qu’il a conçu le projet d’un roman portant sur le front de l’Est durant la seconde guerre mondiale.
Puis il voit Shoah et réalise soudain « que le génocide a été l’œuvre d’un appareil bureaucratique organisé, rationalisé, budgété ; je ne le mesurais pas. » Issu « d’une famille juive émigrée de Pologne aux Etats Unis à la fin du XIX ème siècle qui n’avait pas vécu de façon directe ces évènements, j’ai néanmoins grandi avec cette histoire » et Jonathan Littel inscrit ces Mémoires imaginaires d’un SS au cœur du crime incomparable, en posant la question du bourreau. « Aujourd’hui, les bourreaux, c’est un peu nous. »
Marqué par la guerre du Vietnam lorsqu’il était enfant (« j’avais 8, 9 ans, mais l’idée d’être appelé à aller me battre là-bas était une véritable hantise») puis par les guerres de décolonisation, par le Rwanda, la Bosnie et l’Irak, Jonathan Littell nous parle d’un abîme sans fond au fond duquel s’engluent des hommes qui ne croient plus à l’inhumain, et s’en découvrent soudain les soutiers disciplinés.
Cet opéra halluciné, à la fois onirique et réaliste est l’une des œuvres maîtresses de ces dix ou vingt dernières années. Ce livre est déjà un classique. Michel Angot FB
 
Au printemps 1945, dans un Troisième Reich en perdition,
 
la perspective de la défaite prend chaque jour plus d'épaisseur. Cela fait deux ans que les bombardements alliés réduisent les cités allemandes en tas de gravats et de poussière. Les rapports du front, même maquillés par la propagande, font état de plus en plus de victimes. Le rationnement des populations se durcit: à côté des vitrines juives fracassées, les étals des épiciers allemands font pâle figure et les arbres des parcs ont été tronçonnés pour être transformés en bois de chauffage. La famine guette.

Relayée par la radio et les journaux, la propagande amplifie la rumeur, inéluctable, de la défaite. On murmure que les terrifiantes «hordes asiatiques» de l'Armée rouge (le régime nazi assimile les soldats russes aux tribus des steppes, afin de dénoncer leur sauvagerie et leur bestialité) vont dévorer les enfants et violer les femmes. «Sauvez les femmes et les filles d'Allemagne de la souillure et du massacre des limiers bolchéviques», avertit un dépliant de propagande distribué en février 1945. La torture et l'humiliation attendent les perdants, matraquent les haut-parleurs du Reich. Cela va entraîner une première vague de suicides à travers l'Allemagne à partir de janvier 1945.

Les cadres du parti nazi sont les premiers concernés, se donnant la mort en masse en avril et en mai. S'estimant privés de futur, ils emportent souvent leur famille avec eux. L'objectif: marquer les esprits pour faire résonner la chute du Reich dans l'histoire, comme a pu le faire l'Empire romain plus de quatorze siècles plus tôt. «S'il est écrit que nous devons sombrerle peuple allemand tout entier sombrera avec nous, mais d'une manière tellement glorieuse que dans mille ans encore, la chute héroïque des Allemands occupera la première place dans l'histoire mondiale», prévient Joseph Goebbels. Les six enfants de sa famille ont d'ailleurs ingéré le cyanure servi par leur propre mère.

Ces consignes sont largement appliquées aux différents échelons du pouvoir nazi: 19% des chefs régionaux du parti, 10% des généraux de la Wehrmacht, 14% des généraux de la Luftwaffe, 21% des amiraux de la Kriegsmarine et 15% des dirigeants SS se donnent la mort en l'espace de quelques semaines. La population grossit également la cohorte des suicidés: les hommes se font distribuer en pharmacie des capsules de cyanure, les femmes transportent des lames de rasoir dans leurs sacs à main… Rien qu'à Berlin, on recense 4.000 suicides.

Demmin, cité de 15.000 âmes à 200 kilomètres au nord de la capitale, a entendu les rumeurs incriminant les «bêtes bolchéviques». La bataille de Berlin tourne en faveur des Soviétiques. Le drapeau à la faucille et au marteau flotte désormais sur le Reichstag. La ville est évacuée depuis la fin du mois d'avril: dans la précipitation, les responsables du parti nazi sont partis les premiers, à bord de véhicules de pompiers réquisitionnés.

Le 30 avril, les soldats soviétiques de la 65e armée arrivent en vue de Demmin. Conscients que la population ne se rendra pas sans combattre, les «libérateurs» dynamitent les ponts, coupant toute perspective de retraite vers l'ouest. Puis, ils se livrent à trois jours de pillage, d'atrocités et de destructions. Des quartiers entiers sont incendiés, des vieillards abattus sans sommation, des centaines de femmes violées à répétition par les soldats ivres morts. 

Terrorisés, les habitants de Demmin embrassent le modèle du suicide honorable glorifié par Goebbels et s'ôtent la vie par centaines. Certains plongent, lestés de pierres, dans le Peene ou la Tollense –un témoin raconte même avoir vu une femme s'y jeter avec son bébé dans les bras. D'autres utilisent les moyens du bord: on voit des mères tailler les veines de leurs propres enfants, des pères abattre leur progéniture au fusil de chasse.

Une habitante, Gisela Zimmer, 14 ans au moment des faits, se souvient de l'atmosphère de terreur qui pesait, comme un voile opaque, sur la ville. « Ma mère aussi a été violée. Et puis, avec nous et avec des voisins, elle s'est précipitée vers la Tollense, résolument prête à y sauter. Mes frères et sœurs […] n'ont compris que bien plus tard que je l'avais retenue, que je l'avais tirée de ce qu'on pourrait appeler un état de transe, pour l'empêcher de se jeter à l'eau. Il y avait des gens. Il y avait des cris. Les gens étaient prêts à mourir. On disait aux enfants: “Voulez-vous continuer à vivre? La ville brûle. Ceux-ci et ceux-là sont déjà morts.” “Non, nous ne voulons plus vivre.” Et donc, les gens sont principalement allés dans les rivières. »

Si le nombre total de victimes est difficile à estimer, la plupart des historiens retiennent la fourchette de 700 à 1.200 morts –principalement des femmes, des enfants et des vieillards.

 sur les deux millions d'Allemandes violées par les soldats de l'Armée rouge, on estime que 100.000 se sont ôté la vie.

 

Journal de Palestine octobre-novembre 2023 en Cisjordanie / "Comme chaque année ou presque Joëlle et Dominique, un couple d’amis français de Rennes, se sont rendus en Palestine début octobre 2023 pour aider et soutenir leurs amis à la cueillette des olives. Le 7 octobre la guerre éclate. Ils décident de rester pour témoigner. Joëlle tient un journal quotidien. Ils rentrent en France le 12 novembre. Le texte joint (131 pages) est la compilation de ses écrits qu’elle nous demande de diffuser largement."

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