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Blog de Jean-Claude Grosse

engagement

La vie la poésie

Rédigé par grossel Publié dans #Emmanuelle Arsan, #SEL, #agoras, #amour, #développement personnel, #engagement, #essais, #notes de lecture, #pour toujours, #poésie, #vide quantique, #vraie vie, #écriture, #épitaphier

La vie la poésie

Des 100 plus beaux poèmes du monde (édition de 1979)

(merci à Alain Bosquet de proposer 1/3 de poètes inconnus car nous sommes trop occidentalocentrés)

je retiens le troisième Cosmogonie dans l’Atharva-Veda (14°- 10° siècle avant J.C.). Il correspond à là où j’en suis aujourd’hui de mon cheminement.

C’est ce qui s’est dit de plus précis et de plus déroutant sur la Création.

(Voir la question du 7° paragraphe : celui qui veille sur elle au plus haut du ciel le sait sans doute... ou s’il ne le savait pas ?)

 

Et surtout ne pas chercher à confirmer par la physique quantique.

J’en ai produit une version dans Et ton livre d’éternité ?, page 639, L’hymne à la création.

 

Version de l’anthologie d’Alain Bosquet

1-

Ni le non-Être n’existait alors, ni l’être.

Il n’existait l’espace aérien, ni le firmament au-delà.
Qu’est-ce qui se mouvait puissamment ? Où ? Sous la garde de qui ?

Etait-ce l’eau, insondablement profonde ?

2-

Il n’existait en ce temps ni mort, ni non-mort;

Il n’y avait de signe distinctif pour la nuit ou le jour.
L’Un respirait de son propre élan, sans qu’il y ait de souffle.
En dehors de Cela, il n’existait rien d’autre.

3- 4- 5- 6- 7-

(Pages 16-17, traduction Louis Renou)

 

Et page 639 de Et ton livre d’éternité ?

 

L’Hymnne à la création

(Nasadiya Sukta. Rig Veda, X, 129)

Il n’y avait pas l’être, il n’y avait pas le non-être en ce temps. Il n’y avait espace ni firmament au-delà. Qu’est-ce qui se mouvait ? Où, sous la garde de qui ? Y avait-il l’eau profonde, l’eau sans fond ?

Ni la mort n’était en ce temps, ni la non-mort, pas de signe distinguant la nuit du jour. L’Un respirait sans souffle, mû de soi-même : rien d’autre n’existait au-delà.

A l’origine les ténèbres couvraient les ténèbres, tout ce qu’on voit n’était qu’onde indistincte. Enfermé dans le vide, l’Un, accédant à l’être, prit alors naissance par le pouvoir de la chaleur.

Il se développa d’abord le désir, qui fut le premier germe de la pensée ; cherchant avec réflexion dans leurs âmes, les sages trouvèrent dans le non-être le lien de l’être.

Leur cordeau était tendu en diagonale : quel était le dessus, le dessous ? Il y eut des porteurs de semence, il y eut des vertus : en bas était l’Énergie spontanée, en haut le Don.

Qui sait en vérité, qui pourrait l’annoncer ici : d’où est issue, d’où vient cette création ? Les dieux sont en deçà de cet acte créateur. Qui sait d’où il émane ?

Cette création, d’où elle émane, si elle a été fabriquée ou ne l’a pas été, – celui qui veille sur elle au plus haut du ciel le sait sans doute... ou s’il ne le savait pas ?

Rig Veda, X, 129, 1. Trad. Louis Renou, La poésie religieuse de l’Inde antique. 1942

 

la couverture évoque la libellule et le piment rouge des deux haïkus, de Kikaku et de Bashô que je donnais en pâture à mes élèves Kikaku une libellule ôtez-lui les ailes un piment rouge  Bashô un piment rouge  mettez-lui des ailes une libellule

la couverture évoque la libellule et le piment rouge des deux haïkus, de Kikaku et de Bashô que je donnais en pâture à mes élèves Kikaku une libellule ôtez-lui les ailes un piment rouge Bashô un piment rouge mettez-lui des ailes une libellule

Des cent tankas 5/7/5/7/7 (la forme la plus ancienne) et haïkus 5/7/5 (la forme la plus aboutie et la plus connue) de Poèmes de tous les jours (1993 chez Picquier-Unesco),

Je note d’abord, l’excellente préface d’Ôoka Makoto qui depuis 1979 tient une rubrique de poésie en 1° page d’un journal tirant à 10 millions d’exemplaires

Et j’en retiens deux,

j’ai évité les plus connus Bashô, Issa, Buson, Tu Fu, Li Po, Po Chû I et les 4500 poèmes du recueil des dix mille feuilles, vieux de 1300 ans :

L’arc-en-ciel lui même

Pense que le temps existe

Abe Seiai né en 1914 page 77,

commentaire d’Ôoka Makoto, page 76

———————————————

Joignant les mains devant cet homme nu, brûlé, perdu

Je partis en courant

Yamamoto Yasuo (1902-1983) page 213

Tanka tiré d’un recueil de tankas sur Hiroshima,

Yamamoto y ayant perdu son fils :

Le cadavre du petit ficelé à la charrette

Ma femme et moi poussions à tour de rôle

Commentaire d’Ôoka Makoto, page 212

coquelicots by ab

coquelicots by ab

on ignore l'impact profond d'un mot sur l'autre comme sur soi pris comme esprit-corps, on ignore l'impact profond d'une chose du monde sur soi  et sur l'autre pris comme corps-esprit; 

nos outils de perception sont les sens, mais il est évident que les illusions sensorielles sont nombreuses, qu'on croit réel ce qui souvent ne l'est pas; il en est de même des sentiments; dire je t'aime à quelqu'un, le plus vivant des poèmes, est peut-être un délire, né d'un désir, d'où ce titre ambigu Parole dé-s/l-irante, s/l = est-ce elle ? tout désir n'est-il pas délire, toute parole délirante n'est-elle pas parole désirante ? la confusion par projection ou tout autre processus est au rendez-vous; il faut donc une grande prudence là où l'exaltation nous saisit; ce je t'aime dont je me dois de douter, une fois dit, chemine en l'autre vers un coeur qui bat la chamade, un esprit qui s'emballe, dans un corps qui s'émeut, au plus profond, le message pensé et émis, une fois reçu par l'autre devient milliers de messages chimiques, hormonaux, moléculaires, quantiques dont j'ignore la réalité et les effets, seule la personne réceptrice perçoit quelques effets, coeur qui bat plus vite, rêves érotiques, organes sexuels en émoi, appétit moindre...; n'est-il pas clair que prendre conscience de cette complexité peut nous inciter à plus de responsabilité, à accepter d'être responsable d'effets imprévus, secondaires, tertiaires et pervers; je peux même en arriver à bouger le moins possible pour déranger le moins possible l'ordre des choses car en fin de compte, on est toujours dérangeant, semeur de désordre; vivre en poète c'est déranger le moins possible et prendre son temps, vivre en poète c'est vivre sobrement, c'est réduire sa surface, son empreinte, c'est ne pas vouloir embrasser l'infini, c'est ne pas vouloir être éternel, c'est voir un monde dans un grain de sable, un ciel dans une fleur sauvage, tenir l'infini dans la paume de la main et l'éternité dans une seconde comme le dit William Blake dans Augures d'innocence, le plus fort programme que je connaisse

j'ai bien raison de prendre mon temps, j'ai tout le temps qui m'est compté (à condition de ne pas le décompter, c'est ainsi qu'il compte, qu'il est vivifiant) pour insuffler la vie à quelques mots pouvant toucher quelques belles personnes. Je laisserai 10 poèmes intitulés Caresses. Caresses 1 et Caresses 2 existent déjà. Les autres Caresses sont à venir, le moment venu, un moment inattendu. Il y aura aussi les 12 Paroles dé-s/l-irantes. Parues dans La Parole éprouvée, le 14 février 2000.

si j'inverse, soit non une pensée d'amour adressée à l'autre mais la vue d'un champ de coquelicots du côté de Lourmarin; ça fait longtemps que je n'ai vu autant de profusion de rouge, de rouge vivant, se balançant dans le vent léger, un vent solaire, autant de rouge habité par la lumière, je prends des photos, je filme pour prolonger mon émotion, mon plaisir; ces coquelicots sont impossibles à cueillir, se refusent au bouquet, trop fragiles; ces coquelicots qui m'éblouissent se resèment d'eux-mêmes, je ne peux les semer, ils refusent la domestication; ces coquelicots fragiles résistent aux grands vents du midi; je perçois, ils me touchent au profond par leur beauté éphémère, impermanence et présence, insignifiance et don gratuit sans conscience du don (quoique sait-on cela ?) et ils me font penser, leur vie me vivifie, m'embellit, je me mets à chanter une rengaine venue d'un vieux souvenir, un petit bal perdu, je m'allonge, me livre au soleil, caresses qui font du bien, pas trop longtemps, messages héliotropiques envoyés aux niveaux les plus infimes, les plus intimes en toute inconscience même les yeux fermés et en méditation visualisante

voilà deux brèves tentatives de mise en mots pour conscientiser (c'est notre privilège) ce que nous éprouvons, pour vivre à la fois plus pleinement (c'est autre chose que l'aptitude au bonheur, au carpe diem, non négligeable) de plus en plus en pleine conscience (et là je m'aventure, si tout ce qui vit est échange, circulation, énergie, information, tout ce qui vit est peut-être aussi conscience ou dit autrement, une conscience, la Conscience est à l'oeuvre dans tout ce qui se manifeste, elle serait l'unité de et dans la diversité, elle serait la permanence sous l'impermanence; ne pas se laisser duper par le côté automatique, bien régulé de notre corps-esprit ou des systèmes univers, multivers avec leurs constantes universelles jusqu'à dérèglements et entropie croissante remettant les pendules à l'heure

(j'ai découvert un livre au titre révélateur : La "Conscience-Énergie", structure de l'homme et de l'univers, du Docteur Thérèse Brosse, paru en 1978 à Sisteron, ça semble du solide !); évidemment, sur ce chemin, je me laisse accompagner par Deepak Chopra qui réussit à articuler approche scientifique et approche ayurvédique

La vie la poésie

Au plus près : entretiens avec Philippe Djian par Catherine Moreau, La passe du vent, 1999

De ces entretiens déjà anciens, j’ignore donc si Djian s’y reconnaîtrait aujourd’hui, 25 ans après, et 40 ans après son entrée en écriture au plus près, je retiens quelques propos :

  • séduire, c’est mourir comme réalité et se produire comme leurre

Ce propos vaut tant pour la séduction de l’autre que pour l’auto-séduction; ajoutons qu’étymologiquement une des significations de seducere serait détruire.

  • partagez-vous la proposition de Rimbaud Je est un autre ? - Je dirai plutôt Je est tous les autres. Et ce à partir du moment où je me rends compte que ma personnalité est tellement multiple. Plus, il y a de rapports avec les autres, plus elle devient riche et vaste…
  • c’est un gros problème que de se demander si le monde qui nous entoure n’est pas une vision de notre esprit. Et par quelles expériences, pouvons-nous confirmer ou infirmer cette sensation ?
  • On m’a demandé pourquoi il y a toujours du sexe dans mes livres. Je trouve que c’est une manière de définir les personnages mis dans ce genre de situation avec plus de finesse et d’exactitude que si je les décris. Un salaud qui est en train de faire l’amour à une femme, ça se voit si c’est un vrai salaud. Ce sont donc des situations susceptibles d’éclairer les personnages. Ce n’est pas simplement le plaisir de raconter ce genre de scènes.

 

La vie la poésie

J’en arrive à La jouissance et l’extase de Françoise Rey, un roman pornographique sur les relations entre Henry Miller et Anaïs Nin, de 1931 à 1934.

Henry Miller m’a passionné il y a longtemps avec sa trilogie Sexus Nexus Plexus, Hamlet, Le temps des assassins. Je ne sais pourquoi, j’ai ignoré les deux Tropiques. Peu importe.

J’ignore tout d’Anaïs Nin. Je dois bien avoir son journal sur un rayon. Pas La maison de l’inceste.

Y a-t-il des raisons à ces choix de lecture où le sexe est mis en scène et en jeu (Gabriel Garcia Marquez, Jean-Paul Dubois, Juan Rios, Philippe Djian, Françoise Rey) ?

J’ai conscience d’être un obsédé sexuel, sans remords, sans culpabilité, avec plaisir à l’être car je sens bien que c’est la pulsion de vie, celle qui affronte la mort. Bataille « de l'érotisme, il est possible de dire qu'il est l'affirmation de la vie jusque dans la mort. » Et ce désir est universel, cosmique, tous règnes minéral, végétal, animal, humain, toutes espèces, tous genres, féminin, masculin, hermaphrodite, androgyne. Obsédé sexuel à plus de 82 ans, je me sens bien vivant, traversé, habité par la Vie. Je ne laisse plus entrer le vieux comme dit Clint Eastwood.

En me plongeant dans ce genre de lectures, cela m’amène aussi à voir comment je sépare, combine amour et désir, comment j’ai vécu mes histoires d’amour et de désir, comment j’ai privilégié le sentiment sur le désir, avec des épisodes très sexuels, comment dans le désir, j’ai vécu la limite de la jouissance masculine et féminine exception de quelques femmes accédant à l’extase, comment j’ai privilégié dans mes histoires la durée, la fidélité avec coups de canif dans le contrat et métamorphose de la relation, de l’amour ou de la pulsion à l’amitié amoureuse…
Je ne suis pas un spécialiste en sexologie, ça ne m’intéresse pas plus que cela mais je ne suis pas un ignorant. J’ai été et je me suis initié. Je ne tourne pas en ridicule le petit cornac qui nous fait primate et primaire selon Rezvani, cet organe qui nous domine et fait de nous des dominants, des prédateurs. Le petit cornac est l’outil de la perpétuation, de l’onto et de la phylogenèse, lignée, espèce.

Le plaisir vient après dans l’histoire de l’évolution et de la perpétuation des espèces et seulement pour l’humanité semble-t-il. C’est par la perpétuation de l’espèce, de la lignée que chaque espèce, chaque lignée combattent la mort, chaque individu meurt, chaque lignée meurt mais non l’espèce qui se rend ainsi ou croit se rendre éternelle.

Vue à cette altitude, l’obsession sexuelle est questionnement sans fin sur la création, sur la vie, sur la mort, sur l’éphémère, la fragilité, sur l’éternité. Je continuerai donc à être un obsédé sexuel.

Le roman de Françoise Rey m’a dans un premier temps, plutôt déplu. Les scènes pornographiques sont crues, détaillées, longues, avec un lexique obscène, varié dans l’obscénité et l’ordure.

Tantôt du point de vue d’Henry, tantôt du point de vue d’Anaïs. Là, ça commence à devenir intéressant car impossible de savoir ce que l’autre pense de ce qu’on lui fait, impossible de savoir, de connaître, de ressentir  ses réactions. On est dans le malentendu absolu, dans l’opacité même quand on croit être dans la fusion, la communion, l’évidence, la transparence. D’où le côté dérisoire de celui qui se croit l’initiateur d’Anaïs. D’où le côté inconséquent de celle qui croit maîtriser la situation.

Si on ajoute à cette histoire d’un couple qui en est et n’en est pas un, qui va très vite se désunir, les histoires d’Anaïs avec son mari banquier, avec son cousin homosexuel Edouardo, avec son psychanalyste impuissant Allendy, avec Antonin Artaud, homosexuel et impuissant, avec son père Joachim, incestueux, avec le psychanalyste Otto Rank, avec la femme de Henry, June, on comprend que ce roman est foisonnant, déstabilisant, que ni l’un ni l’autre n’ont de boussole. Ils pataugent dans le foutre et le méli-mélo des pulsions.

Henry est faussement amoureux d’Anaïs, il veut l’épouser mais cela est un alibi, ne l’entretient-elle pas,  ne favorise-t-elle pas toutes ses frasques chez les putes, ne paie-elle pas l’édition du Tropique dont la couverture est un cancer sortant d’un vagin ?

Anaïs veut tout essayer qu’il s’agisse de positions, de pratiques, de transgressions, de scandales, de provocations; c’est une femme de tête qui croit maîtriser mais ballottée, écartelée entre des désirs inconciliables, une femme du cul, nymphomane, alcoolique (a manqué la drogue mais elle y a pensé, elle serait aujourd’hui chemsex), qui note tout dans son journal, ses cahiers, cahier vert, cahier rouge, tissus de vrai et de faux selon le destinataire du cahier: mari, Henry), qu’Henry est un faible, idem pour son père très dominateur et autoritaire.

Je ne sais pas comment caractériser cette femme, ni s’il le faut, laissons-là à sa complexité, à son ambigüité insondables, femme sans doute traumatisée petite fille par ce père la prenant en photo, nue, dans son bain et la caressant.

Les deux psychanalystes qu’elle séduit l’ont-elle aidée, l’un en la fouettant ou la fessant jusqu’au sang, l’autre en se faisant sucer ?

La fin est surprenante avec la découverte du cancer d’Anaïs, cancer de l’utérus ?, ignoré d’Henry mais non du mari.

Je ne regrette pas ma lecture mais pour en conclure que je ne me sens pas du tout de ce monde, de ces amants qui croient accéder à l’infini, vivre pleinement la vie par la pornographie perverse et la multiplicité des partenaires.

Ils ont osé, sans aller jusqu’à la mort par épectasse comme un président et un cardinal, sans aller jusqu’à la mise à mort comme dans Matador de Pedro Almodovar.

Parlant pour moi, j’ai dit oui à l’obscénité, oui à la pornographie, oui à l’érotisme, oui aux variations, dans l’intimité, dans un couple s’aimant et consentant. Ce fut je crois ce que nous avons vécu pendant 46 ans, l’épousée et moi, évoqué avec force entre Vita Nova et Lola, fille de joie dans Et ton livre d’éternité ? J’ai dit oui, je dis toujours oui.

Je me sentais plus d’affinités avec Emmanuelle Arsan et son érotisme. Bonheur et Bonheur 2.

Je renvoie à l’essai de Camille Moreau, publié à la Musardine Écrire, lire, jouir, quand le verbe se fait chair.

La vie la poésie
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Les carnets de Lula / Danièle Rezvani

Rédigé par grossel Publié dans #FINS DE PARTIES, #amour, #ateliers d'artistes, #engagement, #notes de lecture, #pour toujours, #écriture, #vraie vie

248 pages 10 Illustration(s) Livre broché 15.1 x 21 cm 10 illustrations L'Exception N° dans la collection : 14 Parution : 18/02/2022

248 pages 10 Illustration(s) Livre broché 15.1 x 21 cm 10 illustrations L'Exception N° dans la collection : 14 Parution : 18/02/2022

le 23 mars 2023
100 ans moins 5 pour Rezvani
le 24 mars
sortie de deux disques chez Canetti dont l'un de Léopoldine HH
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50 ans de félicité avec Lula, dit-il dans un entretien sur TV5
50 ans à La Béate (La Garde-Freinet) puis plus tard, aussi, Venise
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ayant apprécié Beauté, j'écris ton nom où on trouve des extraits des Carnets de Lula, je ne pouvais manquer de les lire en entier
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cela fut fait lors d'un voyage en TGV, le train qui, dit Bobin, avec son museau allongé, révèle son destin de couteau enfoncé dans le vide, donc lecture fut faite lors d'un voyage au couteau de 4 H 07' pour 800 kms, le 3 juillet 2022
et j'ai retrouvé ma note
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le TGV en duo vis à vis avec la fetite pille, c'est bien
presque personne
bonjour et échanges avec le voisin derrière, la chef de bord...
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tu lis Les Carnets de Lula (Danièle Rezvani 1931-2004)
déjà dans Beauté, j'écris ton nom, Serge Rezvani fait place à quelques pages de ces carnets découverts tardivement
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publiés pour la première fois, ces carnets nous donnent à vivre leur histoire d'amour-fusion de 50 ans dans le miroir de Lula; 
souvenirs d'enfance et d'adolescence, 
déménagements multiples, Toulon, Brest, Cherbourg, Bourgogne, Paris, 
un père autoritaire, "monstrueux" nourrissant une révolte en Danièle qui y puisera la force de le fuir 
et de fuir la grande ville 
et la grande vie frivole pour le paradis de La Béate
découverte progressive de la sensualité, 
multiplicité des émois amoureux, des flirts à la limite, 
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la plume de Danièle est fluide, précise
- sensible au côté lumineux de la rencontre et de la répétition créative de la fusion elle-lui-lui-elle, 
je rajoute numineux mais elle n'en a pas conscience, n'en ayant pas le mot bien que l'expérience
- et sensible aussi aux côtés sombres, hérités de leurs passés et appréhensions quant à l'avenir (du monde plus que du leur) même si à La Béate, ce qu'ils vivent, c'est la volupté du présent
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je relève page 83, le récit d'un mariage à Port-Cros à laquelle elle participe, finissant dans les bras de Pierre, que je ne peux manquer de reconnaître
page 87, ce constat : à cause de cela (n'être pas des parents), nous ne nous sommes jamais sentis des adultes...; /
je n'ai pu manquer de penser à la question posée par Danièle à Annie le 2 août 2001 : Avez-vous des enfants ? Comment cela se passe-t-il ? 
L’épousée répondit en mère aimante et en psychologue. 
Deux réponses opposées. 
En tant que mère, on fait ce qu’on peut, on donne le meilleur. 
Mais pour les enfants, on ne sera jamais les bons parents qu’ils voulaient. 
Freud disait De quelque manière qu’on s’y prenne, on s’y prend toujours mal. 
Un courant de sympathie s’était installée entre elles. 
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Lui- Je sentit comme un regret chez Lula de n’avoir pas eu d’enfant. 
(récit de la rencontre du 2 août 2001 dans Et ton livre d'éternité ? page 122)
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quand Lula tente de comprendre le mystère de leur rencontre, page 100, elle a ses mots : 
"comment m'expliquer à moi-même aujourd'hui ce qui m'avait attirée en lui, sinon qu'il était dans une certaine mesure le contraire des hommes...que j'avais pu aimer ou de l'homme que je m'attendais à aimer ?...
devant lui, ce fut justement le dépourvu, l'inattendu, le non-rêvé qui me détourna vers un vide, un risque où je basculai d'un coup, corps et âme, fascinée, comme infiltrée par un sort auquel je ne pouvais résister"
magie et la révélation par expérience que 
- l'attendu ne s'accomplit jamais
- à l'inattendu un dieu ouvre la voie 
(la coryphée à la fin de Médée d'Euripide)
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le TGV passant devant Tricastin, la fetite pille se demande si une centrale nucléaire, c'est dangereux; 
je lui parle de Chernobylhome, 26 avril 1986, 
du nuage arrêté à la frontière par les douaniers, 
des cancers de la thyroïde
- y a-t-il des livres sur Tchernobyl ?
- il y a de très bons documentaires
- et des livres ?
- sans doute
- j'aimerais en lire un
- il y a le chapitre 16, pages 481 à 490 de Et ton livre d'éternité ?; tu en as un exemplaire
- je sais; j'en veux un autre
à suivre
 
les pages photographiées donnent envie donc bonne lecture
mariage en 1952 (ils se sont rencontrés à Paris en 1950, lui, 22 ans, elle, 19 ans) / elle cesse ses carnets le 10 mars 1999, elle meurt de la maladie d'Alzheimer en décembre 2004 / récit dans un livre chirurgical L'éclipse / les 20 pages sur les feux sont à relier au roman de Rezvani, Feu / La béate a été détruite par les feux de 2000 / le procès intenté au Testament amoureux est très instructif / quant à Jeanne Moreau, on ne peut que croire à la véracité de ce portrait et continuer à l'aimer
mariage en 1952 (ils se sont rencontrés à Paris en 1950, lui, 22 ans, elle, 19 ans) / elle cesse ses carnets le 10 mars 1999, elle meurt de la maladie d'Alzheimer en décembre 2004 / récit dans un livre chirurgical L'éclipse / les 20 pages sur les feux sont à relier au roman de Rezvani, Feu / La béate a été détruite par les feux de 2000 / le procès intenté au Testament amoureux est très instructif / quant à Jeanne Moreau, on ne peut que croire à la véracité de ce portrait et continuer à l'aimer
mariage en 1952 (ils se sont rencontrés à Paris en 1950, lui, 22 ans, elle, 19 ans) / elle cesse ses carnets le 10 mars 1999, elle meurt de la maladie d'Alzheimer en décembre 2004 / récit dans un livre chirurgical L'éclipse / les 20 pages sur les feux sont à relier au roman de Rezvani, Feu / La béate a été détruite par les feux de 2000 / le procès intenté au Testament amoureux est très instructif / quant à Jeanne Moreau, on ne peut que croire à la véracité de ce portrait et continuer à l'aimer
mariage en 1952 (ils se sont rencontrés à Paris en 1950, lui, 22 ans, elle, 19 ans) / elle cesse ses carnets le 10 mars 1999, elle meurt de la maladie d'Alzheimer en décembre 2004 / récit dans un livre chirurgical L'éclipse / les 20 pages sur les feux sont à relier au roman de Rezvani, Feu / La béate a été détruite par les feux de 2000 / le procès intenté au Testament amoureux est très instructif / quant à Jeanne Moreau, on ne peut que croire à la véracité de ce portrait et continuer à l'aimer
mariage en 1952 (ils se sont rencontrés à Paris en 1950, lui, 22 ans, elle, 19 ans) / elle cesse ses carnets le 10 mars 1999, elle meurt de la maladie d'Alzheimer en décembre 2004 / récit dans un livre chirurgical L'éclipse / les 20 pages sur les feux sont à relier au roman de Rezvani, Feu / La béate a été détruite par les feux de 2000 / le procès intenté au Testament amoureux est très instructif / quant à Jeanne Moreau, on ne peut que croire à la véracité de ce portrait et continuer à l'aimer
mariage en 1952 (ils se sont rencontrés à Paris en 1950, lui, 22 ans, elle, 19 ans) / elle cesse ses carnets le 10 mars 1999, elle meurt de la maladie d'Alzheimer en décembre 2004 / récit dans un livre chirurgical L'éclipse / les 20 pages sur les feux sont à relier au roman de Rezvani, Feu / La béate a été détruite par les feux de 2000 / le procès intenté au Testament amoureux est très instructif / quant à Jeanne Moreau, on ne peut que croire à la véracité de ce portrait et continuer à l'aimer
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mariage en 1952 (ils se sont rencontrés à Paris en 1950, lui, 22 ans, elle, 19 ans) / elle cesse ses carnets le 10 mars 1999, elle meurt de la maladie d'Alzheimer en décembre 2004 / récit dans un livre chirurgical L'éclipse / les 20 pages sur les feux sont à relier au roman de Rezvani, Feu / La béate a été détruite par les feux de 2000 / le procès intenté au Testament amoureux est très instructif / quant à Jeanne Moreau, on ne peut que croire à la véracité de ce portrait et continuer à l'aimer

mariage en 1952 (ils se sont rencontrés à Paris en 1950, lui, 22 ans, elle, 19 ans) / elle cesse ses carnets le 10 mars 1999, elle meurt de la maladie d'Alzheimer en décembre 2004 / récit dans un livre chirurgical L'éclipse / les 20 pages sur les feux sont à relier au roman de Rezvani, Feu / La béate a été détruite par les feux de 2000 / le procès intenté au Testament amoureux est très instructif / quant à Jeanne Moreau, on ne peut que croire à la véracité de ce portrait et continuer à l'aimer

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Joseph Anton Salman Rushdie

Rédigé par grossel Publié dans #SEL, #agoras, #engagement, #essais, #notes de lecture, #écriture

 
Lus cet été à Corsavy
- Patries imaginaires de Salman Rushdie, chroniques, essais, discours des années 1980-1990 soit il y a presque 40 ans, articles écrits avant la fatwa de Khomeini du 14 février (Saint-Valentin) 1989 le condamnant à mort, et ayant engendré l'attentat du 12 août 2022...
articles qu'on peut lire dans le désordre; 
un régal; 
Rushdie est engagé, engagé comme écrivain, il se pense comme un écrivain de gauche, (laïque, pour la démocratie, le cosmopolitisme, les multitudes, contre le communalisme) créant, imaginant des univers dont thèmes, langues entrent en conflit avec les récits monolithiques politiques, religieux, historiques. Ses notes critiques sur pas mal d'écrivains sont passionnantes
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dans la foulée, j'ai pillé dans
- Les enfants de minuit, 1980; 
les enfants de minuit, c'est le roman échevelé des 1001 enfants nés à minuit, le 15 août 1947, nuit de l'indépendance de l'Inde; 
33 bocaux de chutney = 33 chapitres 
ça commence par le nez du grand-père dont Salman a hérité, truffe très vivante quand on le regarde lors d'un entretien; 
avec ce 1° roman, récompensé, Rushdie a usé de la voie du réalisme magique et comme Gabriel Garcia Marquez il cite Machado de Assis (1839-1908)
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il a su prendre son pif d'éléphant comme objet littéraire (Cyrano aussi mais c'est moins drôle) avec un feu d'artifice langagier qui ne se dément pas de tout le livre puisque c'est le pif qui guide aussi la fabrication des chutneys comme c'est le pif qui sert parfois à choisir
Rushdie, survivant de l'attentat au poignard par Hadi Matar le 12 août 2022, exécution de la fatwa, Hadi Matar plaide non-coupable
Rushdie, survivant de l'attentat au poignard par Hadi Matar le 12 août 2022, exécution de la fatwa, Hadi Matar plaide non-coupable
Rushdie, survivant de l'attentat au poignard par Hadi Matar le 12 août 2022, exécution de la fatwa, Hadi Matar plaide non-coupable

Rushdie, survivant de l'attentat au poignard par Hadi Matar le 12 août 2022, exécution de la fatwa, Hadi Matar plaide non-coupable

Extraits du livre de Salman Rushdie
Langages de vérité. Essais 2003-2017
traduits de l’anglais par Gérard Meudal
(Actes Sud, novembre 2022)
“La littérature n’a jamais perdu de vue ce que notre monde querelleur essaie de nous forcer à oublier. La littérature se réjouit des contradictions et dans nos romans et nos poèmes nous chantons notre complexité humaine, notre capacité à être simultanément à la fois oui et non, à la fois ceci et cela, sans en éprouver le moindre inconfort. L’équivalent arabe de la formule « il était une fois » est kan ma kan, que l’on peut traduire par « C’était ainsi, ce n’était pas ainsi ». Ce grand paradoxe se trouve au cœur de toute fiction. La fiction est précisément ce lieu où les choses peuvent être à la fois ainsi et pas ainsi, où il existe des mots dans lesquels on peut croire profondément tout en sachant qu’ils n’existent pas, n’ont jamais existé et n’existeront jamais. À cette époque où l’on vise à tout simplifier, cette magnifique complexité n’a jamais été plus importante. […] Nous vivons une époque où l’on nous somme de nous définir de plus en plus étroitement, de comprimer notre personnalité multidimensionnelle dans le corset d’une identité unique, qu’elle soit nationale, ethnique, tribale ou religieuse. J’en suis venu à me dire que c’était peut-être cela le mal dont découlent tous les maux de notre époque. Car lorsque nous succombons à ce rétrécissement, lorsque nous nous laissons simplifier pour devenir simplement des Serbes, des Croates, des Musulmans, des Hindous, alors il nous devient plus facile de voir en l’autre un ennemi, l’Autre de chacun de nous et tous les points cardinaux entrent alors en conflit, l’Est et l’Ouest se heurtent, ainsi que le Nord et le Sud.”
(extrait du chapitre “Eh bien, soit, je me contredis”)
***
“Nous nous croyions, ma génération, tolérants et progressistes, et nous vous laissons un monde intolérant et rétrograde. Mais le monde est un lieu plein de résilience et sa beauté est toujours époustouflante, son potentiel toujours étonnant ; quant à la pagaille que nous avons provoquée, vous pouvez y remédier et je pense que vous allez le faire. Je soupçonne que vous êtes meilleurs que nous, plus attentifs au sort de la planète, moins sectaires, plus tolérants, et vos idéaux pourraient bien résister mieux que les nôtres.
Ne vous y trompez pas. Vous pouvez changer les choses. Ne croyez pas ceux qui vous disent le contraire. Voici le moyen d’y arriver. Remettez tout en cause. Ne tenez rien pour acquis. Discutez toutes les idées reçues. Ne respectez pas ce qui ne mérite pas le respect. Donnez votre avis. Ne vous censurez pas. Servez-vous de votre imagination. Et proclamez ce qu’elle vous dit de proclamer.
Vous avez reçu ici tous les outils nécessaires grâce à votre éducation sur ce magnifique campus. Servez-vous-en. Ce sont les armes de l’esprit. Pensez par vous-mêmes et ne laissez pas votre esprit suivre des rails posés par quelqu’un d’autre. Nous sommes des animaux parlants. Nous sommes des animaux rêveurs. Rêvez, parlez, réinventez le monde.”
(extrait du discours prononcé par Salman Rushdie à l’adresse des étudiants lors de la cérémonie de remise des diplômes à l’Université d’Emory en 2015)
Joseph Anton 2012, Les versets sataniques 1988, Haroun et la mer des histoires 1990, Quichotte 2020
Joseph Anton 2012, Les versets sataniques 1988, Haroun et la mer des histoires 1990, Quichotte 2020
Joseph Anton 2012, Les versets sataniques 1988, Haroun et la mer des histoires 1990, Quichotte 2020
Joseph Anton 2012, Les versets sataniques 1988, Haroun et la mer des histoires 1990, Quichotte 2020

Joseph Anton 2012, Les versets sataniques 1988, Haroun et la mer des histoires 1990, Quichotte 2020

Quichotte : Inspiré par le classique de Cervantès, Sam DuChamp, modeste auteur de romans d’espionnage, crée Quichotte, un représentant de commerce à l’esprit nébuleux et raffiné, obsédé par la télévision, qui tombe éperdument amoureux de Miss Salma R., reine du petit écran. Flanqué de son fils (imaginaire) Sancho, Quichotte s’embarque dans une aventure picaresque à travers les États-Unis pour se montrer digne de sa dulcinée, bravant galamment les obstacles tragicomiques de l’ère du “Tout-Peut-Arriver”, cependant que son créateur, en pleine crise existentielle, affronte ses propres démons.

À la manière d’un Cervantès qui fit avec «Don Quichotte» la satire de la culture de son temps, Salman Rushdie, en prodigieux conteur, entraîne le lecteur dans un «road trip» échevelé à travers un pays au bord de l’effondrement moral et spirituel. Les vies de DuChamp et de Quichotte s’entremêlent dans une quête amoureuse profondément humaine et esquissent pour notre plus grand amusement le tableau d’une époque qui n’a de cesse de brouiller les frontières entre réalité et fiction.

Exubérant, drolatique et terriblement lucide, «Quichotte» est une bombe littéraire sur fond d’apocalypse.

septembre, 2020
14.50 x 24.00 cm
432 pages

Gérard MEUDAL

ISBN : 978-2-330-13942-1
Prix indicatif : 24.00€ 

 
Joseph Anton de Salman Rushdie (2012),
lecture commencée le 8 octobre 2022
découverte de Salman Rushdie ou à peu près;
tu t'es intéressé à lui au moment des Versets sataniques sans les lire, tu as soutenu ton fils soutenant Rushdie dès 1992 avec un texte Patries imaginaires, titre repris du recueil d'essais de Rushdie, tu as commencé Quichotte et c'est tout
la fiction ne t'était pas nécessaire; à la littérature, tu préférais les essais, la pensée philosophique à l'oeuvre (Marcel Conche par exemple)
un message sur FB, récent, t'a donné l'envie de lire Joseph Anton
 
Le Prologue : Le premier merle
tu es vite dans le bain de son réalisme magique
fatwa de Khomeini prononcée le 14 février 1989, un jour de saint Valentin
attentat au poignard par Hadi Matar le 12 août 2022, exécution de la fatwa, Hadi Matar plaide non-coupable
(le premier merle qui va devenir un fléau comme dans les oiseaux de Hitchcock, un premier oiseau puis des milliers qui depuis 40 ans humilient, battent à mort, violent, tuent femmes et filles d'Iran mais aussi opposants, résistants)
ce 14 février 1989, sortie de sa maison qu’il ne reverra plus, embarqué par une voiture de la BBC qui le sauve de la nuée-ruée paparazzi
assiste à la messe en souvenir de son ami Bruce Chatwin, mort le 18 janvier 1989 à Nice…
chapitre 1 : un pacte faustien à l'envers
13 ans, Salman convainc ses parents d'aller poursuivre ses études dans un collège anglais à Rugby; les mercredis après-midis sont consacrés au sport : coups, humiliations, bizutage; Salman va voir le directeur des études, en tant qu'issu d'un pays qui s'est libéré du joug britannique par la non-violence et la désobéissance civile, à minuit dans la nuit du 14 au 15 août 1947, je demande à être dispensé de ces pratiques; accordé; et Salman de passer ses mercredis en bibliothèque
entré à Kings'college à Cambridge en 1967, il choisit en option de sa licence d'histoire, un thème proposé pour la 1° fois : Mahomet, la montée de l'islam et le premier califat; il fut le seul à le choisir, l'enseignant responsable annula le cours, Salman exigea que le cours soit maintenu (c'était la règle), trouva le professeur qui le dirigerait et c'est ainsi que pendant 3 ans, il se coltina en athée passionné par la religion de sa famille à la Récitation reçue par Mahomet; il découvrit la double version (version angélique d'abord puis version satanique) de ce qui s'appelle les versets sataniques (sourate 53), pensa que cela ferait une bonne histoire, 20 ans après il écrivait Les versets sataniques et la fatwa fut prononcée peu après, le 14 février 1989
pourquoi Mahomet attribua-t-il dans un 2° temps, les versets incriminés au tentateur alors que dans leur version première, les déesses al-Lhat, al-Uzat et al-Manna étaient des oiseaux exaltés dont l'intercession était souhaitable ?
au retour d'un 2° séjour en montagne, il revint avec cette version : "connaissez-vous al-Lhat, al-Uzat et al-Manna; ce ne sont que des noms inventés par nos ancêtres et il n'y a en eux aucune vérité. Dieu aurait-il des filles tandis que vous avez des fils ? Ce serait un partage bien injuste"
il n'y a aucune explication historique à ce revirement, peut-être pour la 1° version, un compromis avec les familles au pouvoir à La Mecque profitant des offrandes des caravaniers aux 3 déesses alors que al-lah était trop généraliste, très peu populaire, peu sollicité...
Mahomet a préféré revoir sa copie et l'exilé, le persécuté a vu sa récitation se répandre vitesse grand V parmi les pauvres, les marginalisés...et triompher des marchands, païens polythéistes
on mesure où a conduit la disqualification des femmes (exaltées, folles) en terres d'islam
(en Europe aussi au temps de l'inquisition avec la chasse aux sorcières)
Joseph Anton de Salman Rushdie
le prologue a pour titre Le premier merle, tu ne le remarques pas, puis 2, 10, 100, 1000 et là tu te souviens du 1°, c'était le merle annonciateur du déferlement du fanatisme islamique-islamiste à partir de la fatwa du 14 février 1989
9 ans de planques (56 lieux à trouver, à sa charge), de protection policière (opérations du nettoyage à sec, bon pour écrire un polar ou un livre d'espionnage) jusqu'à l'arrangement entre l'Iran et la G.B. mais pour les fanatiques fanatiques, la fatwa existe toujours et le 12 août 2022, aux Etats-Unis, où il vit normalement, discrètement (à peu près, je suppose), l'attentat au poignard par un libanais américain Hadi Matar
les 9 ans de mort aux trousses auxquels il a été soumis ont provoqué des dizaines de morts et d'explosions dans le monde (librairies surtout), des autodafés de son livre, des manifestations particulièrement agressives avec mise au feu de son pantin...
Joseph Anton est le nom qu'il a fabriqué quand la police lui a demandé de s'invisibiliser d'après Conrad et Tchekhov
voici quelques moments de cette autobiographie, parue en 2012
page 240 "l'éclat du siècle des lumières est en train de s'éteindre dit un journaliste à Günter Grass, peut-être, répondit-il, mais il n'y en a pas d'autre"
moi - universalisme des lumières relativisme culturel : le débat est toujours très vif et nécessaire
page 312 sollicité par l'institut des arts contemporains pour s'exprimer, "il (il parle de lui, l'invisibilisé, à la 3° personne) sut immédiatement qu'il avait envie d'écrire sur l'iconoclasme, d'affirmer que, dans une société ouverte, aucune idée, aucune croyance ne pouvait être protégée, mise à l'abri des défis de toutes sortes, philosophiques, satiriques, profonds, superficiels, malicieux, irrévérencieux ou corrects. La liberté supposait avant tout que la possibilité du débat soit protégé. Le lieu même de la liberté, c'était le débat et non la solution du débat, la possibilité d'attaquer même les croyances les plus chères d'autrui; une société libre n'était pas placide mais turbulente. Le bazar des opinions conflictuelles était le lieu même de la liberté. Cette idée donnerait lieu à la conférence Qu'y a-t-il de sacré ?"
moi - la référence à une société ouverte me fait penser au livre en 2 volumes de Karl Popper La société ouverte et ses ennemis qui mériterait peut-être qu'on y retourne (avant Hannah Arendt, il analyse les sources du totalitarisme, Platon, Hegel, Marx avec pour celui-ci des aspects trouvant grâce aux yeux de Popper)
le récit de Joseph Anton, extrêmement précis, lieux, noms, dates, propos, mêlant grande et petites histoires, scènes de ménage, réconciliations, séparations et anecdotes (beaucoup avec les policiers) permet par exemple de voir comment en un an la vie de l'humanité engendre bas et hauts, horreurs et sursauts, avancées et reculs : fatwa, 14 février 1989, Tian'anmen, juin 1989, chute du mur de Berlin, nuit du 9 au 10 novembre 1989, libération de Mandela 11 février 1990
mais avant il y a Nouvel-An: il le passe chez Michael Herr (l'auteur de l'extraordinaire Putain de mort) et sa femme Valérie; tous deux s'appellent Jim
"Hey Jim ? Oui Jim bonne année Jim bonne année à toi aussi Jim je t'aime Jim moi aussi Jim.
1990 arriva dans un sourire en compagnie de Jim et Jim.
Et Marianne était là aussi. Oui, Marianne, aussi"
fin du chapitre 3 L'année zéro
chapitre 4 Le piège du désir d'être aimé
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en regardant l'entretien de 28' de 2016, j'ai vu un extrait de la comédie musicale sur les versets sataniques, jouée une fois seulement aux USA
je me demande sans doute inutilement quand des artistes se saisiront chez nous des Versets sataniques pour une interprétation décoiffante, pas décapitante ?
comme je me demande inutilement pourquoi, pas le Nobel de littérature en 2022 ?
l'année 1989 fut pour lui l'année de l'écriture de Haroun et la mer des histoires, écrite pour son fils de 9 ans; le déclic eut lieu quand il écrivit : "Il était une fois, dans le pays d'Alifbay, une ville triste, la plus triste des villes, une ville si épouvantablement triste qu'elle en avait oublié son propre nom. Elle se trouvait près d'une mer lugubre remplie de poissons-chagrin..."
texte écrit par Cyril Grosse, lecteur assidu de Rushdie, Joyce, Flaubert, Tolstoï, Shakespeare, Tchekhov, Céline, Hugo, Proust ...
texte écrit par Cyril Grosse, lecteur assidu de Rushdie, Joyce, Flaubert, Tolstoï, Shakespeare, Tchekhov, Céline, Hugo, Proust ...

texte écrit par Cyril Grosse, lecteur assidu de Rushdie, Joyce, Flaubert, Tolstoï, Shakespeare, Tchekhov, Céline, Hugo, Proust ...

en immersion dans Joseph Anton de Salman Rushdie
tu écris une histoire documentée et tu te retrouves sous le coup d'une fatwa le 14 février 1989 d'un ayatolla qui n'a ni vu ni lu ton roman
te voici désigné, accusé, montré du doigt, pleins feux sur toi
le terrorisme d'état iranien et islamique ne connaît pas les frontières
t'es obligé de te mettre à l'ombre, de t'enfermer de cache en cache, dans l'incapacité de prendre la parole, de te défendre;
tu dépends d'un service de sécurité, de la solidarité de tes amis, de la versatilité de tout un tas de faux amis, de la duplicité des gouvernements dont le décisif gouvernement britannique; tu découvres les retournements de veste, les manquements à la parole; tu suis les tentatives de négociations pour lever la fatwa, confirmée année après année avec augmentation de la prime promise aux tueurs
et tu fais l'erreur de te compromettre dans une déclaration "De bonne foi" parce que tu es tombé dans le piège du désir d'être aimé (chapitre IV)
l'avenir n'est plus ce qu'il était (chapitre V)
au fond du puits, tu comprends que "le compromis détruisait celui qui l'acceptait sans pour autant calmer l'adversaire sans concession. On ne devenait pas un merle en se peignant les ailes en noir mais une mouette mazoutée qui ne pouvait plus voler." page 502
tu ne peux que remonter ou t'effondrer, remonter (apparitions publiques très sécurisées, millimétrées, chronométrées) et parfois sombrer (à la maison, mauvaise humeur, déprime, boisson)
chapitre VI Pourquoi il est impossible de photographier la pampa, Joseph Anton décide de redevenir progressivement, en fonction des évolutions, des autorisations, des refus, des invitations, le romancier Salman Rushdie, un inventeur d'histoires et de poser la question Qui doit contrôler le récit ?
"dans son Aeropagitica, Milton chantait contre les oiseaux criards - celui qui détruit un bon livre tue la raison elle-même...donne-moi la liberté de savoir, de proférer, de débattre librement, selon ma conscience, au-dessus de toute autre liberté -"
et la réponse te paraît évidente : chacun doit être libre d'écrire, réécrire toutes les histoires car tout est histoire, récit, la nation est une histoire, la famille est une histoire, la religion est une histoire et chacun vit dans ces histoires et dans ces grands mythes et chacun doit être libre de prendre à partie ces récits, de les remettre en cause pour les obliger à changer et à s'adapter aux changements de l'époque, "notre capacité à redéfinir et à refaire l'histoire de notre culture est la meilleure preuve que notre société est libre. Dans une société libre, la mise en cause des grands récits est permanente. Et c'est cette discussion qui est la liberté." page 529
coincé de toutes parts alors que déjà des centaines de morts sont à déplorer, que faire ?
"il faut être sur tous les quais pour être là quand le train arrive mais certains quais n'avaient même plus de rails devant eux; c'était juste des endroits où rester debout." page 516
convaincu que la question de la liberté d'expression est centrale pour qu'une société soit ouverte, vivante, (je renvoie à Karl Popper La société ouverte et ses ennemis), Salman Rushdie va entreprendre "son long parcours à travers les couloirs du monde entier... et ainsi après avoir provoqué du désordre, il s'opposait au désordre qui s'en était suivi et demandait aux grands de ce monde de défendre son droit à être un fauteur de troubles... car quelque chose de nouveau était en train de se produire, la montée d'une nouvelle intolérance. Elle se répandait à la surface de la terre et personne ne voulait en convenir. Un nouveau mot avait été inventé pour permettre aux aveugles de rester aveugles : l'islamophobie... le puritanisme c'est la peur terrible que quelqu'un quelque part puisse être heureux... le véritable ennemi de ce nouvel islam n'était autre que le bonheur lui-même pages 506-508
sortir de tes caches-cachots pour des lieux publics, symboliques, c'est vivre des moments invraisemblables, par où et comment le service de sécurité te sort de la cache, par où te fait-il rentrer dans le lieu symbolique (jamais par la porte principale ouverte à tous, parfois par le vide-ordure), à quel moment tu apparais, pour l'intervention terminée, disparaître à nouveau
le moins que je puisse relever c'est l'incroyable pugnacité de Salman Rushdie, apprenant que "les idées fortes accueillaient volontiers les opinions contraires. Celui qui lutte contre nous renforce notre résistance et accroit notre habileté. Notre adversaire nous rend service."
et plus loin de critiquer le relativisme culturel, de défendre l'universalisme de certaines valeurs, le multiculturalisme comme certaines sociétés ont su le vivre
Joseph Anton, qui raconte la période vécue par Salman Rushdie, au coeur d'une tourmente d'intolérance qui va du 14 février 1989 aux attentats du 11 septembre 2001, est un livre magistral et d'une actualité toujours aussi brûlante
voir les procès qui s'enchaînent sur les attentats terroristes islamiques en France, à Paris, Toulouse, Nice et autres villes, églises, villages;
voir la féroce répression meurtrière des mollahs et "gardiens de la révolution" contre ce qui est peut-être l'irrésistible révolution des femmes iraniennes soutenues par de nombreux hommes réclamant la vie et la liberté;
à l'intolérance meurtrière et mortifère islamique, d'abord appliquée contre les femmes de ces pays "religieux"
il faut aujourd'hui ajouter la nouvelle intolérance que constitue le déferlement de la religion woke venue des Etats-Unis, effet boomerang du succès de la French theory des années 70, religion pas encore meurtrière mais ça peut venir
sans oublier l'intolérance des vieux totalitarismes du XX° siècle, fascisme et soviétisme, reconfigurés
et les ingérences-interventions planétaires de l'impérialisme américain (le plus agressif des impérialismes depuis plus d'un siècle) sous l'habile déguisement des droits de l'homme et de la démocratie.
Ne pas être dans le rejet, mais dans le combat par le débat. Entendre les arguments souvent fallacieux style novlangue, inversion de la réalité, les démonter, ridiculiser, moquer et être ferme sur les principes universels, s'il y en a (pensons à l'héritage à contre-temps de Lévi-Strauss). Cela ne convaincra pas les fanatiques. Seuls les rapports de forces économiques, politiques, juridiques... décideront des issues des confrontations
Bref, "il n'y aura jamais assez de larmes pour que le monde change." Godard
Il change pourtant, très vite et nous sommes paumés, tentés par la frilosité, menés par les peurs.
une telle note de lecture (sur Le cartographe de l'absence de Mia Couto) résonne pour moi particulièrement avec le Joseph Anton de Salman Rushdie, contextes différents mais même interrogation pourquoi écrire des histoires ?
dans le chapitre VII une cargaison de fumier, je retiens quelques citations :
"la politique mondiale, le grand jeu malpropre, finissait toujours par se retrouver dans cette demeure relativement petite où un gros homme rose dans un bureau ovale tranchait à coups d'affirmations et de négations en dépit du bavardage assourdissant de ses conseillers qui ne cessaient de l'assommer avec leurs "peut-être".
"il s'obligeait à repenser aux règles les plus importantes qu'il s'était lui-même fixées. Ne jamais accepter la description de la réalité que donnaient les responsables de la sécurité, les hommes politiques et les prêtres. Insister au contraire sur la valeur de ses propres jugements et de son instinct.
Il était peut-être un "mort en sursis"... mais lui aussi referait le voyage depuis Le Livre des morts vers "l'éblouissant livre de la vie".
et page 611, je vous laisse découvrir sa déclaration quand il est élu président du Parlement international des écrivains à Strasbourg en 1994, déclaration insistant sur le territoire des langues et des littératures, infiniment plus vaste, plus imaginatif, plus créatif que toute puissance terrestre politique, économique, militaire, déclaration qui fut à l'origine de l'idée réalisée des villes-refuges (une trentaine de par le monde) pour les écrivains pourchassés, exilés ... les maires des villes pouvant plus aisément que les gouvernements pris la main dans le sac entre défense d'un principe et accords commerciaux, mettre à disposition un logement et une bourse

lecture des 915 pages achevée le mardi 8 novembre 2022 (1 mois)

pour des lecteurs entre 50 et 90 ans, ce livre citant lieux, noms avec précision renvoie à beaucoup de noms et de lieux connus; nous sommes à peu près en territoire connu surtout en ce qui concerne les hommes et milieux politiques sauf que nous entrons dans le coeur des pouvoirs; peu d'hommes d'affaires dans cette auto-biographie, sauf des éditeurs, distributeurs, beaucoup d'hommes de l'ombre des services secrets, des services de police, des hommes publics en vue mais vus dans une relative intimité, des portraits au vitriol ou comiques; Derrida, Chirac, Balladur, sauf Mitterrand, sans oublier Clinton, Thatcher, Blair (sa lettre à Tony Blair après sa réception à Chequers est d'une insolence particulièrement bien tournée, pages 780-783); on fait  le tour du monde des capitales européennes, américaines du sud et du nord, d'Afrique du Sud, d'Australie, en Inde à la fin où il revient; on est même invité par le comité Nobel (1992, pages 528-530) qui n'a toujours pas en 2022 attribué le Nobel à Rushdie, on déjeune avec les Nobels et on emporte la pièce d'or servant à payer le repas; on montre de quoi on est capable pour obtenir gain de cause contre les "pontes" du secret et de la sécurité

si vous faites cela, vous n'aurez pas le beau rôle lui dit-on mais vous savez vous non plus;  si vous laissez la lecture avoir lieu, aucun de nous deux ne perd la face, si vous l'interdisez, nous la perdons tous les deux, à vous de choisir

et la lecture est autorisée; il se comporte comme L'Innommable à la Beckett : je ne peux pas continuer, je continue

son désir et sa volonté de retrouver une vie libre, libérée des contraintes et consignes, des autorisations et interdictions, de cache en cache en passant à l'offensive par l'écriture, c'est-à-dire la liberté d'expression, d'imagination en acte (par exemple l'écriture en état d'anticipation de Furie qui sort le 11 septembre 2001) donc par l'édition, donc par la promotion, les lectures publiques et non par la défense abstraite de l'idée de la liberté d'expression, finissent par progressivement porter leurs fruits, cela avec beaucoup d'argent en jeu (les caches sont à ses frais, les déplacements aériens sécurisés donc privés aussi); on comprend  qu'au contrat dont il est l'objet, il répond par des exigences contractuelles envers ses éditeurs et diffuseurs (il lui faudra 5 ans pour obtenir la parution en poche de l'édition anglaise des Versets sataniques);

se libérer, se montrer c'est aussi en montrant qu'il n'a pas peur, inciter chacun à ne pas avoir peur, à vivre malgré tout comme on a envie de vivre; vous ne m'aurez pas à la peur; vous ne m'aurez pas à la haine; vous n'aurez pas ma haine

ou dit autrement, en me montrant comme écrivain face à mon public, je réfute en acte la posture de victime d'une fatwa pour les laïcs, la posture de blasphémateur d'une religion pour les fanatiques, deux impostures qui me sont imposées, l'une devant pourtant combattre l'autre

il apprend à travers des vacances régulières et déplacements non sécurisés aux USA, à apprécier ce pays et décide de s'y installer tout en conservant un pied à terre en Angleterre

cette période de 1989 à 1998 puis 2001 est bien sûr chaotique du point de vue personnel, affectif, sentimental mais en sachant que "le bonheur s'écrit à l'encre blanche sur des pages blanches" Montherlant

c'est la séparation et le divorce avec Marianne, la rencontre d'Elizabeth, la naissance de son second fils, Milan, leur mariage, les hauts et bas de leur histoire (elle veut rester en Angleterre, il veut vivre aux Etats-Unis), leur divorce difficile, leur réconciliation ensuite et l'amitié durable, le souci de l'éducation de son premier fils, Zafar, qu'il a eu avec Clarissa,  et qui perd sa mère d'un cancer en très peu de temps, l'aventure d'une nuit avec Caroline L. (elle est nommée, je ne le révèle pas), la rencontre avec L'Illusion au pied de la statue de la Liberté lors d'une fête somptueuse donnée par Harvey Weinstein (je vous laisse le soin de faire le people sur internet) et la vie avec L'Illusion dont il se séparera au bout de 3 ou 4 ans

cette autobiographie publiée en 2012 lui a permis de tourner la page de ces 10 ans, elle n'a pas empêché un fanatique de le poignarder en août 2022, il a perdu un oeil et l'usage d'une main (révélations datant d'octobre 2022) sans connaissance encore des séquelles des autres blessures, il se remet doucement dans le plus grand secret

il a eu le temps de faire paraître un ensemble d'essais Langages de vérité, chez Actes-Sud, le 2 novembre 2022, jour des défunts

en conclusion, je suis très content d'avoir renoué avec la fiction, ici l'auto-fiction

j'ai senti plus d'une affinité entre Joseph Anton et mon propre récit Et ton livre d'éternité ? alors que ma méconnaissance de Rushdie était quasi-totale

vies et mondes parallèles par exemple, pages non paginées 

ou le récit pages 315-338 : 

11 septembre 2001 / Frappe au Cœur du Monde / Le tayrorisme 

une différence notoire, tout de même; Rushdie traite tous les gourous indiens de charlatans (évidemment il ne cite personne, sinon, il se ridiculiserait : Tagore, Krishamurti, Ramana Maharshi, Sadhguru, Gandhi, Deepak Chopra, Eckart Tolle, Bruce Lipton...);

ce n'est pas mon cas; depuis 2019 j'ai lu énormément, suivi des master-classes mais avant j'avais déjà de l'intérêt sans que j'y attache d'importance (Krishnamurti lu très jeune, yoga, qi jong)

lui crée des passerelles entre modes très anciens de narration et monde moderne allant de plus en plus vite (si internet avait existé en 1989, la fatwa aurait provoqué un raz de marée, le basculement eut lieu en 2001; Google est créé en 1998) mais il n'y a pas eu chez lui le signal d'un éveil spirituel

il a formidablement géré sa situation d'exilé, de séquestré, en y intégrant les siens, ses proches, avec rigueur, droiture, honnêteté, humour mais son logiciel reste un logiciel de dualité;  même s'il refuse de décréter ceci c'est le bien, cela c'est le mal, ses valeurs, ses principes, universalistes, humanistes sont valeurs et principes d'une aire civilisationnelle s'étant imposée au reste du monde et de plus en plus massivement contestée, doublement contestée (par d'autres puissances, empires et par l'éveil spirituel, la métamorphose intime de plus en plus de gens)

la dimension spirituelle c'est la découverte et la pratique du travail sur soi, d'accueil de tout ce qui nous habite ombres (avec la lumière de l'outre-noir offerte à Pierre Soulages, et celle renvoyée par les trous noirs) et lumières (voir en infra-rouge et en vision normale, infra-rouge pour les guerriers, normale pour les normaux plutôt aveugles, aveuglés, voir en myope ou en presbyte, voir en regard éloigné ou en regard d'actualité...), de tout ce qui nous traverse (nous sommes des passants et des passeurs de ce qui nous dépasse, ne serait-ce que ce que nous appelons le temps : c'est quoi vivre son temps, vivre contre son temps, vivre l'impossible aujourd'hui ?) et le remplacement du vide incréé dont il parle une fois page 722 par le vide créateur, la transformation de la dualité (même sous le nom de l'unité des contraires héraclitéenne) en expérience de la non-séparation, de l'intrication, de l'effet papillon, de la masse critique faisant passer de la chenille urticante au papillon), expérience de l'Unité, du Un, du Soi

c'est à 80 ans que "ma" métamorphose a eu lieu, il en a 75, il a encore le temps, je le lui souhaite

dernière remarque et pas des moindres: le vide de l'incréé; il évoque la naissance de Milan, son deuxième fils; Elisabeth est atteinte de translocation chromosomique; bonheur, la première grossesse est viable (le hasard, une chance sur deux), voilà une façon très matérialiste de parler, réductrice,  scientiste; elle veut plusieurs enfants, deuxième grossesse, échec, fausse couche; elle renonce, il n'y aura que Milan

autre façon de faire récit, créant une autre réalité : et si la Vie - on peut dire aussi l'Amour - force cosmique -, si une âme en attente, avait choisi de s'incarner en Milan qui rendra l'âme hors, l'âme or quand sa mission de vie sera terminée 

 

une citation d'Albert Camus et deux autres d'Eckhart Tolle
1- Quoi que nous fassions, la démesure gardera toujours sa place dans le coeur de l'homme, à l'endroit de la solitude. Nous portons tous en nous nos bagnes, nos crimes et nos ravages. Mais notre tâche n'est pas de les déchaîner à travers le monde; elle est de les combattre en nous-mêmes et dans les autres. 
2- Les conflits dans le monde sont le miroir de nos conflits intérieurs non résolus.
Eckhart Tolle :
Au lieu de se demander « qu’est-ce que je veux de la vie ? », une question plus puissante est : « qu’est-ce que la vie veut de moi ? »
Rushdie parle de bonheur, il voit bien que ce sont de petits moments, de rares moments, et dont le prix est dans la réponse à la question : "jusqu'à quelle cruauté était-il prêt à aller pour poursuivre son bonheur personnel ?" page 850
page 644, il écrit : "la vie humaine prenait rarement une forme logique, elle n'avait de sens que par moments, ses maladresses étaient la conséquence inévitable de la victoire du fond sur la forme, du quoi et du quand sur le pourquoi et le comment."
pour que l'inverse prenne forme, pour que pourquoi et comment soient plus puissants que quoi et quand, il faut renoncer à une vision de la vie selon le hasard, les aléas de l'existence
on va du miracle de la naissance au mystère de la mort au travers d'épreuves nécessaires pour que nous puissions nous libérer de schémas répétitifs acquis dès avant la naissance et venus d'héritages familiaux, sociaux, civilisationnels qui nous font agir en état d'hypnose individuellement et collectivement au prix de grandes violences, de morts par millions (pensons aux deux guerres mondiales du XX° siècle)
page 841, il en a conscience en écrivant : "le schéma de sa vie amoureuse continuait à se répéter." mais il ne va pas plus loin
j'ai tenté après le livre d'éternité de faire le point dans le carnet l'amour de la vie
 
 

extrait  de Et ton livre d'éternité ? de JC Grosse et Vita Nova

pages 237 à 240 

*** note d’un chercheur :

chercheur en cherchologie, qu’est-ce ? Il s’agit d’un discours et d’une pratique visant à valider le travail du chercheur. Le travail du chercheur peut porter sur lui, il cherche le sens de la vie, le sens de la mort, il cherche le bonheur, il cherche des pièces de monnaie dans le sable, il cherche le graal, il cherche à se résilier, à se détruire, à se réaliser, à s’élever, à faire chier le monde, à dominer. Tout existe, vertus, vices, perversions, variétés des positions, des pratiques de n’importe quoi. Tout existe en nombre indéfini, incommensurable mais fini. L’infini n’est ni pour l’univers ni pour la terre ni pour la connerie. L’infini c’est la matrice qui engendre le fini. Nous sommes êtres finis, êtres de finitude, êtres de finité.

Le chercheur peut être humble dans sa cherche, il peut être hubrique, lubrique, brique. Bref, chaque chercheur est unique et sa cherchologie lui est personnelle, n’est nullement scientifique, objective. L’objet de sa cherche peut lui être extérieur, curieux qu’il est du monde, de tel ou tel illustre personnage, de telle ou telle belle anonyme.

Je suis donc chercheur en révélations sur Celui qui parfois se fait appeler Lui, qui parfois dit Je, hyérosolymitain d’Avers sous les eaux depuis le Déluge, d’Avers sur les eaux et de Corps Ça Vit, celui qu’on appelle communément J.C.

Pourquoi m’a-t-il tapé sur le système sympathique, celui du stress et des sentiments négatifs ? Parce que je sens dans sa volonté d’invisibilité, dans sa pratique du bénévolat un insatiable désir de reconnaissance faciale par les caméras urbaines installées dans le village qu’il prétend aimer.

Une étudiante en cherchologie, dents longues, se demande si j’ai des informations sur ce qui a poussé Lui-Je à écrire ces romans. La cherchologie ne peut exister que par l’existence de traces. Tout laisse trace et comme le passé ne s’efface pas, il est possible de retrouver des traces de tout ce qu’a vécu un vivant, traces matérielles mineures, genre déchets, rebuts, traces matérielles majeures, genre monuments, œuvres. C’est par l’interprétation subjective de ces traces matérielles qu’éventuellement on approche de l’âme : la sienne ou celle de l’ autre. Evidemment, faire parler les traces, c’est les faire parler au présent et du point de vue du chercheur. Aucun chercheur ne fait parler les traces en vérité. Tout chercheur falsifie donc en fonction de ses orientations conscientes et inconscientes. Il s’agit d’une pratique généralisée de la projection. Les chercheurs n’élaborent aucun savoir. Le travail d’un chercheur ne vaut que pour lui.

J’ai effectivement essayé de savoir ce qui avait conduit Lui-Je à écrire ce roman (fresque, épopée ?). J’ai découvert qu’il a suivi douze leçons gratuites de contentologie, douze leçons offertes par un contentologue sur comment écrire un roman. La contentologie c’est l’art d’être content par l’écriture. C’est aussi l’art de se contenter de ce qu’on est, de ce qu’on a, l’art donc de se résilier selon le neuro-psychiatre bienveillant, résilient et résistant des hauts-plateaux, Boris Cyrus de Niq.

Je soupçonne Lui-Je de se faire une cure de contentologie.

J’espère pour toi, lectrice, lecteur, étudiante en cherchologie que vous n’abandonnerez pas vos lectures après ces révélations.

Avouons-le : le roman de Lui-Je est particulièrement chaotique. Mais qu’à cela ne tienne, du chaos peut naître un nouvel ordre. Un ordre ancien s’effondre (ça dure, ça dure), chaos, un ordre nouveau émerge (ça dure, ça dure). Personne ne peut prédire la durée et les formes d’un effondrement, la durée d’un basculement et les formes d’une émergence. Personne, nihistorien, ni philosophe pré-socratique, ni scientifique nobélisé ne peut dire si ordre-chaos-ordre, c’est un cycle ou si c’est aléatoire, stochastique...

On peut dire que chaque chercheur trouvera dans ce roman ce qu’il y mettra.

Les rubriques de Sa vie antérieure se présentent selon un ordre chronologique concernant soit des périodes soit des événements. C’est un choix classique de construire sa vie antérieure, sa biographie, de façon chronologique. Sauf que Sa vie antérieure est une chronologie particulièrement trouée ou mitée. Aucune volonté de faire de sa vie antérieure, un tout, cohérent ou expression des hasards de sa vie. Sa vie antérieure par ses dites et redites semble moins le récit objectif (impossible, tout récit de vie étant une fiction, biographie fictionnelle ou fiction biographique) de sa vie que le miroir que se tend Je-Lui pour rendre sensible, perceptible son incommensurable commerie.

En montrant l’insistance dans ses « analyses » du monde, des bruits du monde à tel ou tel moment, des sempiternels lieux communs perroquetés cacatoétés par tout un chacun, croyant émettre une « analyse » personnelle, ne cherche-t-il pas à disqualifier l’indéfini bavardage commentant l’actualité.

On parle, on commente, on se croit personnel, original, on perroquette, on cacatoète.

Silence donc sur les bruits du monde. Parasitage universel, global dont les fonctions et effets sont la commerie, cette aptitude à faire comme, en croyant être singulier.
Sa vie antérieure est donc peut-être ce qui a permis à Lui-Je de se retourner, de retourner son regard vers l’intérieur, vers lui, vers qui suis-je ? Son nombril dit sa fille qui l’adore. De gagner en liberté intérieure en renonçant à toute « analyse », à toute « action » sur le monde. De renoncer par le silence au pouvoir dérisoire du faire et de gagner à être qui Je Suis. Cette libération du perroquetage, cacatoétage lui a demandé 60 ans.

Sa découverte récente de l’hypnose quantique (au sens de préfères-tu l’état ou le mouvement, la fixité ou la fluidité) lui a donné un outil fabuleux pour se reprogrammer. Tu es en colère contre le gouvernement. Tu ressens cette colère. Qui ne changera rien à l’état du monde et te rongera le foie. Hop, un pas de côté : Je suis en colère ou pas. Alors un deuxième pas. Je suis en colère ou pas. Ou pas. Tu sais plus dans quel état t’es. Ta colère s’est dissoute. T’es dans la mouvance de la vie, dans l’impermanence de tout « état ».

Il a même perfectionné l’outil. En changeant le temps du verbe. Je suis en colère, j’étais en colère, je serai en colère ou pas. Ou pas. En dansant le tango, il obtient des résultats pareils : ne pas rester dans un état morbide, une émotion négative, un sentiment paralysant. Pas de médoc.

De l’auto-suggestion, de la méthode Coué ridiculisée par le grand nombre mais si efficace quand on sait s’en servir pour prendre de la distance par rapport à soi comme et se trouver soi-s’aime.

*** note de l’auteur : la note du chercheur a été écrite alors que je n’avais pas encore décidé de la forme à donner à Sa vie antérieure. Le matériau était là. Me manquait la forme. C’est en lisant qu’on devient liseron. C’est en lisant les lignes suivantes que j’ai opté pour vies parallèles.

Les vies que nous n’avons pas vécues, les êtres que nous n’avons pas aimés, les livres que nous n’avons pas lus ou écrits, ne sont pas absents de nos existences. Ils ne cessent au contraire de les hanter, avec d’autant plus de force que, loin d’être de simples songes comme le croient les esprits rationalistes, ils disposent d’une forme de réalité, dont la douceur ou la violence nous submerge dans les heures douloureuses où nous traverse la pensée de tout ce que nous aurions pu devenir. Pierre Bayard, Il existe d’autres mondes. (Les Éditions de Minuit, 2014)

La physique quantique en révélant l’intrication, la superposition d’états des particules dont nous sommes composées nous invite à prendre en considération cette dimension d’états indéterminés, existant potentiellement et dont un devient réel par le simple fait de la présence d’un observateur. Je suis donc observateur et co-créateur des univers que j’observe et crée. Dans le même temps, les autres univers, les univers potentiels ne sont pas abolisbibelots.

À lire : La Théorie quantique (paru fin mai 2021) de John Polkinghome, physicien théoricien de Cambridge et père anglican. « J’ai personnellement appris la mécanique quantique directement de la bouche du cheval, de la source, de Paul Dirac qui l’enseigna 30 ans durant à Cambridge. Dirac prit un morceau de craie, le brisa en deux, plaça un des fragments d’un côté du pupitre, l’autre de l’autre côté. Dirac dit alors que pour la physique classique, il y a un état où le morceau de craie est « ici » et un état où le morcaeu de craie est « là ». Ce sont les deux seules possibilités. Si on remplace le morceau de craie par un électron dans le monde quantique, il n’y a pas seulement des états « ici » et « là » mais aussi toute une série d’autres états qui sont des mélanges d’un peu de ces possibilités, un peu d’ « ici », un peu de « là » qui s’ajoutent alors que dans la physique classique, ces deux états s’excluent mutuellement. Cette nouvelle possibilité est appelée le principe de superposition. » p.34

Furie sorti le 11 septembre 2001 qui sera lu comme le New York du 10 septembre, avant le basculement du monde; le livre dont Rushdie est le plus content, parce que le plus surréaliste avec mondes parallèles... c'est Deux ans, huit mois et vingt huit nuits
Furie sorti le 11 septembre 2001 qui sera lu comme le New York du 10 septembre, avant le basculement du monde; le livre dont Rushdie est le plus content, parce que le plus surréaliste avec mondes parallèles... c'est Deux ans, huit mois et vingt huit nuits
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Furie sorti le 11 septembre 2001 qui sera lu comme le New York du 10 septembre, avant le basculement du monde; le livre dont Rushdie est le plus content, parce que le plus surréaliste avec mondes parallèles... c'est Deux ans, huit mois et vingt huit nuits

La furie s'est emparée du monde, de New York, du professeur Malik Solanka. Ce dernier a fui l'Angleterre, laissant derrière lui une femme et un enfant, et s'est établi à Manhattan pour « se déprendre et se refaire » . Mais recommencer de zéro est tout un art quand on est poursuivi par des spectres, des furies, des souvenirs. Délaissant l'histoire des idées qu'il enseignait dans le Vieux Monde pour la fabrication d'étranges poupées pensantes aussitôt médiatisées, Solanka découvre que d'autres poupées, de sang et de chair celles-ci, subissent la colère d'un mystérieux assassin, le Tueur au panama. Gravitant autour du Professeur, des femmes aussi ingénieuses que belles vont tenter de sauver Solanka de cette furie qui le dévore de l'intérieur : la mystérieuse Mila et ses jeux érotiques à la limite du pervers, et la somptueuse Neela, la plus belle femme du monde, qui se sacrifiera au bout de la planète pour que Solanka puisse retourner chez lui.

Quand il advient – tous les quelques siècles – que se brisent les sceaux cosmiques, le monde des jinns et celui des hommes entrent momentanément en contact. Venue une première fois sur terre au xiie siècle, Dunia s’est éprise d’Ibn Rushd (alias Averroès), auquel elle a donné une innombrable descendance dotée de l’ADN des jinns. Lors de son second voyage, neuf siècles plus tard, les jinns obscurs ont décidé d’asservir la terre. Pour assurer la victoire de la lumière sur l’ombre, Dunia s’adjoint le concours de quatre de ses rejetons et réactive leurs pouvoirs magiques afin que, pendant mille et une nuits (soit : deux ans, huit mois et vingt-huit nuits), ils l’aident à affronter un ennemi répandant les fléaux du fanatisme, de la corruption, du terrorisme et du dérèglement climatique…
Inspiré par une tradition narrative deux fois millénaire qu’il conjugue avec la modernité esthétique la plus inventive, Salman Rushdie donne ici une fiction époustouflante et saisissante d’actualité.

Langages de vérité : Dans ce recueil d’essais, articles et autres discours écrits sur une période de dix-sept ans, Salman Rushdie se fait historien, conteur, ami et critique de ses auteurs favoris, mais aussi guide pour écrivain en herbe. Ainsi navigue-t-il entre origine des contes et de la littérature, cours magistral d’écriture, anecdotes sur l’évolution d’une œuvre à travers les âges ou sur les liens entre tel et tel auteur, et analyse de ses propres romans. *Langages de vérité* jette une lueur sur “l’atelier poétique” de l’auteur, sublime caverne d’Ali-Baba. Réunis pour la première fois, ces textes entonnent un puissant hymne à la création et à la liberté de créer, dans un monde où la liberté d’être soi-même (quoi que cela recouvre) est de plus en plus menacée.

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Lettres en vie / Soins palliatifs / Alain et Michel Cadéo

Rédigé par grossel Publié dans #FINS DE PARTIES, #amitié, #amour, #engagement, #notes de lecture, #pour toujours, #poésie, #écriture

un livre d'exceptions, un livre pour oser, un livre d'édification; quand la poésie et la peinture sont forces vives, donnant à vivre

un livre d'exceptions, un livre pour oser, un livre d'édification; quand la poésie et la peinture sont forces vives, donnant à vivre


Lettres en vie

six années de rencontres au sein de l'unité de soins palliatifs de l'Hôpital de La Seyne-sur-Mer

éditions La Trace

septembre 2020

 

Lettres en vie

4° de couverture

Dostoïevsky parle du « saint des saints » lorsqu'il évoque « l'Homme dans l'homme »...

Et de quoi parle-t-il ? Il parle de la part la plus authentique, inentamable, la plus sacrée, la plus mystérieuse, dissimulée au plus profond de chacun d'entre nous et qui ne se révèle que lors des grands chambardements du coeur, du corps et de l'esprit.

Faut-il être en bout de vie pour enfin s'affranchir de tous les cintres et de toutes les panoplies ?

Six ans de rencontres d'Alain et Michel Cadéo auprès des patients et soignants de l'unité de Soins Palliatifs de l'Hôpital de la Seyne sur Mer.

Chaque semaine, le service fut un lieu de partages de mots et des maux.

Les lettres ainsi échangées sont un témoignage simple, sincère et lucide de ces instants uniques.

 

Note de lecture

 

Alain Cadéo dont j'ai lu beaucoup d'oeuvres, que je connais personnellement, qui est un ami, un frère de cœur, m'a transmis ces Lettres en vie, le dimanche 11 octobre, à l'occasion de nos retrouvailles à la pizzeria du Colombier au Revest, en compagnie de Martine. Annoncées depuis le printemps, j'attendais la parution de ces Lettres d'autant plus qu'il m'avait proposé de vivre éventuellement cette expérience d'accompagnement. Cela ne s'est pas fait.

Cet ensemble de lettres et de peintures (car Michel Cadéo, le frère cadet d'Alain est peintre et il a rendu compte de ses rencontres avec les patients au travers de portraits et de paysages-voyages oniriques) est une œuvre d'humanité dans le sens où les deux frères (solides et mystérieux comme leurs confrères rochers au large des Sablettes à La Seyne) et les soignants font preuve d'humanité envers les patients. Faire preuve d'humanité, c'est voir l'humanité de l'autre même très diminué, parce que très diminué, parce que se dévalorisant, s'isolant. Faire preuve d'humanité c'est le reconnaître comme corps-esprit-âme, c'est l'accompagner avec bienveillance, bien-traitance, le soutenir dans ses essais de rester humain, digne, propre, coquet. C'est l'énergiser, lui redonner accès à ses désirs et rêves, à son enfant intérieur retrouvé. C'est l'esprit « soins palliatifs » tel que pratiqué à La Maison à Gardanne, pionnière dans ce domaine : le soin est un art, l'art est un soin selon la formule du docteur Jean-Marc La Piana.

En quoi est-ce un art ? Chaque patient est unique, une personne unique, un être unique et chaque rencontre, chaque moment est unique. Aucun protocole, aucune expérience ne peut préparer au caractère inédit, imprévu de la rencontre. Cela relève du ressenti et de l'intuition, facultés éminemment sensibles, d'un autre niveau que le mental qui juge, supposant un travail sur soi de nature spirituelle. Sans ce travail préalable de nettoyage, de dissolution des carapaces, cintres et panoplies dont nous nous affublons pour paraître, pour jouer le jeu, le jeu social, sans ce travail pour retrouver l'enfant qui est en nous, l'enfant porteur de notre être, il ne semble pas possible de pouvoir se mettre sur la même longueur d'onde que ce patient que je visite.

(aujourd'hui, je suis sensible aux deux enfants que nous portons en nous, l'enfant intérieur, lui-même double, l'enfant blessé car tout enfant connaît, vit un jour ou l'autre des blessures à vie, à vif, enfouies ensuite, l'humiliation par exemple, et l'enfant rêveur avec son jardin secret où il peut se réfugier quand ça tangue ; et l'enfant des étoiles, l'enfant de lumière, venu du ciel, d'en haut, qui nous visite parfois, faisant sentir le mystère de l'Éternité et de l'Infini ; pour donner un exemple, mon enfant intérieur pourrait être Coco, celui qui va au royaume des morts parce que les morts ont peur d'être oubliés et mon enfant de lumière est le petit prince qui apprend à voir avec le seul regard vrai, le regard du coeur),

Ce patient que je visite, le voilà en fin de vie, ne bougeant qu'un pouce, n'ayant qu'un filet de voix, de grosses difficultés respiratoires, des difficultés motrices s'il s'assoit, tente de se lever, de bouger. Par quels canaux va passer la mise en phase : le sourire, le toucher, la tendresse, le regard, l'écoute, la compassion, un récit, une sollicitation, une invite, une première lettre... ? Le livre ne témoigne pas de cela.

Les lettres d'Alain sont des portraits personnels des patients rencontrés dans leur intimité et dans leur être (dans la mesure où il s'est révélé). Portraits personnels en ce sens qu'Alain s'y met en jeu avec ses mots, ses images, ses exhortations, ses rejets et sa quête de sens, de beauté, de bonté, de perfection, d'Éternité, de grands espaces terrestres, célestes, de grandes profondeurs et houles océaniques. Portraits d'intimité car quand les patients se racontent, se livrent, se révèlent, on en retrouve trace dans les lettres (pas de détails, juste le parcours, le tracé d'une vie) et portraits faisant émerger l'être, l'enfant retrouvé donnant sens à un dernier acte de vie, par exemple le tableau réalisé par un patient pour le restaurant de sa fille et qui s'en va, le tableau exécuté ou tel autre écrivant un conte pour sa femme. Ces lettres sont des poèmes, elles ont le pouvoir que Novalis donne à la poésie : La poésie est le réel absolu.

Aux lettres d'Alain qui poussent à vivre la vie jusqu'au bout parce que l'abord est pour certains d'abord réservé, en retrait, mettant en avant le rien qu'on est, la fatigue, l'épuisement, pour d'autres l'abord est d'entrée curieux, ouvert, lettres qui sont de véritables porteuses de lumière et d'énergie (au sens quantique, agissante aux niveaux les plus profonds, infimes), les patients répondent par leur enchantement, leur étonnement d'être reçus, compris, soutenus.

L'équipe s'est aussi mise à l'écriture, médecin, psychomotricienne, psychologues, infirmières, accomplissant non seulement le travail quotidien d'accompagnement, (y compris des patients remarquables, c'est-à-dire à ne pas réanimer), mais s'investissant dans les rencontres du lundi en fonction de leurs disponibilités.

Les 27 œuvres de Michel Cadéo, portraits et paysages-voyages oniriques, accompagnant les lettres des uns et des autres (femmes, hommes, pas d'âge donné, sauf exception, pas de milieu d'origine ou de profession exercée) ont sans doute été réalisées après les rencontres sur la base de ce que Michel avait vécu, ressenti, prenant peut-être des croquis.

Le regard dans ces portraits a quelque chose du regard des portraits du Fayoum, d'il y a 2000 ans, l'intensité. Quand le corps est au bord des falaises, des gouffres, seul le regard intérieur, celui porté par le sourire intérieur, sourire de béatitude, peut l'amener ailleurs. Comme l'a si bien dit G.K. Chesterton : Si les anges volent, c'est parce qu'ils se prennent eux-mêmes, à la légère.

(Dans le clip Happens to the Heart, chanson posthume de Leonard Cohen sortie le 25 octobre 2019, à la fin de son cheminement de vie après dépouillement de ses vêtements, apaisement de ses souffrances puis rencontre d'un moine bouddhiste et adoption du vêtement monastique, le jeune personnage entre en lévitation et voit sereinement par son regard intérieur les gouffres.

Ce clip et les paroles accompagnent bien les rencontres du lundi dans l'unité de soins palliatifs de l'hôpital de La Seyne sur Mer.

https://youtu.be/2AMMb9CiScI)

Va jusqu'où tu ne peux pas, ces mots de Kazantzakis sont pour Alain Cadéo comme un ex-voto, invitant au voyage, de nature spirituelle, c'est-à-dire de dépouillement, de purification, d'élévation.

Ce fut la règle de vie de Van Gogh : Mourir à soi-même, réaliser de grandes choses, arriver à la Noblesse, dépasser la vulgarité où se traîne l’existence de presque tous les individus… » Il disait aussi que peindre pour lui c’était le moyen de se tirer de la vie.

Ces Lettres en vie sont un OUI à la Vie.

 

 

Je ne peux m'empêcher de citer Jean-Yves Leloup, en complément éclairant de ces lettres et peintures dont les droits d'auteurs seront reversés à l'Association Pour les Soins Palliatifs.

Voilà une action sans utilité sociale, simplement humaine, discrète, persévérante (6 ans), gratuite (un don, une volonté), bénévole, sans médiatisation, sans recherche de reconnaissance, une action où les deux frères donnant, solides et généreux comme leurs confrères rochers ont reçu sans compter, sans attente de retour (les départs se font sans crier gare et sans fanfare). 

 

1- La gratitude, clef de la philocalie

Qu’est-ce qui peut nous rendre « sensible ›› à la beauté, à la grâce, à la Présence qui se donne à travers toute vérité, toute vie, toute bonté ?
la gratitude… la louange…la gratitude rend la grâce possible elle est notre ouverture à l’Ouvert
on pourrait dire ainsi qu’elle précède la grâce
dire merci avant de recevoir
est l’un des secrets du Bienheureux
dès qu’on a dit merci, tout ce qui nous arrive
est merci, miséricorde, grâce et don.
Celui qui ne dit jamais merci, ne reçoit jamais rien, car ce merci est l’acte même de la réception,
la possibilité d’une réceptivité, d’un accueil,
l’ouverture par laquelle le ciel enveloppe la terre,
l’ouverture par laquelle les dieux peuvent entrer.
Celui qui ne dit jamais merci, garde fermées les portes de la perception, comme celles de l’affectivité et de la connaissance.
L’enfer dans lequel nous nous enfermons consciemment est celui de notre ingratitude. Etre incapable de gratitude ou de louange c’est perdre toute joie d’être et de vivre. Nous mourons de ne pas savoir dire merci, dire merci à notre épreuve, c’est en faire une occasion de croissance, de dépassement ; dire merci à notre mort, c’est en faire une délivrance ou un passage vers une vie plus vaste.
Seuls ceux qui savent dire « merci ›› seront sauvés.
La gratitude met le cœur et le souffle « au large ›› (sens du mot salut Iescha en hébreu), elle est la clef qui nous ouvre à la beauté de toutes réalités visibles et invisibles, c’est elle qui nous permet « d’entrer ›› en philocalie.

 

2- "Le mot « résurrection » vient du mot grec anastasis qui signifie « se lever après le sommeil, se poser dans l’espace, dans la hauteur ». Ainsi, celui qui est ressuscité est celui qui est passé de l’état de conscience limitée à un état de conscience sans limite. C’est pour cette raison que dans la tradition on dira que le Christ était ressuscité avant de mourir. Et lorsque saint Jean parle de « vie éternelle » cela signifie que la vie éternelle n’est pas opposée à la mort, qu’elle est avant, pendant et après la vie ; c’est la dimension d’éternité qui est au cœur de la vie.
Et c’est à cette dimension qu’il s’agit de s’éveiller, à ce non-né, non-fait, non-créé, à cette dimension de l’incréé. C’est cela la résurrection. Aussi lorsqu’on dit que le Christ est ressuscité et que nous sommes appelés à la résurrection, cela signifie que nous ne sommes pas appelés à nous réanimer, mais à nous éveiller au cœur de notre finitude, à la dimension d’éternité, dimension que dans un autre langage on appellera l’Eveil…

Nous avons donc la liberté de nous ouvrir ou la liberté de nous fermer ; nous avons le choix entre l’ouvert et l’enfer. En nous ouvrant au cœur même des conditions dans lesquelles nous sommes, en nous ouvrant à cet infini qui nous habite, nous entrons dans le monde de la résurrection. Dans toutes les traditions, le but n’est jamais la réincarnation mais l’Eveil, la résurrection, la délivrance du Karma. 

Dans l’Evangile de Philippe il nous est rappelé (logion 21) que la Résurrection (Anastasis) n’est pas une réanimation…L’Evangile de Philippe, à la suite du Christ, nous invite à nous éveiller dès cette vie à ce qui en nous ne meurt pas et que Saint Jean appelle la Vie éternelle. La vie Eternelle n’est pas la vie « après la mort », mais la dimension d’éternité qui habite notre vie mortelle, et à laquelle il s’agit de s’éveiller comme le Christ avant de mourir.

 

Par ailleurs l’apôtre Paul précise bien que ce n’est pas notre corps biopsychique qui ressuscite, mais notre corps spirituel « pneumatique ».

Qu’est-il ce corps dit « spirituel » ? Ne se tisse-t-il pas déjà dès cette vie, à travers nos actes de générosité et de don ? Car la seule chose que la mort ne peut pas nous enlever, c’est ce qu’on aura donné. L’Evangile de Philippe insiste sur cette puissance du don, cette capacité d’offrande que le Soter (Sauveur) vient libérer en nous…

 

À Le Revest, le 18 octobre 2020,

Jean-Claude Grosse,

éditeur des Cahiers de l'Égaré

Maryse par Michel Cadéo / Alain et Michel Cadéo / Macadam Épitaphe, une écriture en fusion qui dissipe les frontières, les barrières, dissout les conforts, les étroitesses et petitesses et nous relie à la Vie, à l'enfance, au Rêve comme routes
Maryse par Michel Cadéo / Alain et Michel Cadéo / Macadam Épitaphe, une écriture en fusion qui dissipe les frontières, les barrières, dissout les conforts, les étroitesses et petitesses et nous relie à la Vie, à l'enfance, au Rêve comme routes
Maryse par Michel Cadéo / Alain et Michel Cadéo / Macadam Épitaphe, une écriture en fusion qui dissipe les frontières, les barrières, dissout les conforts, les étroitesses et petitesses et nous relie à la Vie, à l'enfance, au Rêve comme routes

Maryse par Michel Cadéo / Alain et Michel Cadéo / Macadam Épitaphe, une écriture en fusion qui dissipe les frontières, les barrières, dissout les conforts, les étroitesses et petitesses et nous relie à la Vie, à l'enfance, au Rêve comme routes

Marie-Christine, conductrice de poids lourd, allant souvent dans les pays du Moyen-Orient (imaginons les difficultés mais rêvons aussi quand le diesel du Scania qui ronronne vous lance sur ce que les routes et autoroutes induisent dans les âmes des conducteurs poètes) a demandé qu'on lise un extrait de Macadam Épitaphe, texte de 1986 d'Alain Cadéo qu'il lui avait offert, à son enterrement. Comme cet extrait n'est pas cité dans le livre Lettres en Vie, j'ai cherché dans Macadam Épitaphe.
Voici mon choix : J'ai aimé chaque fois avec l'ardeur et la vivacité d'un nouveau-né hurlant son aptitude à vivre. J'étais un bloc surgi d'immenses paysages tendres. Je n'ai jamais su que vous aimer. Tu es ma dernière course. Macadam Épitaphe. Je te dédie ces kilomètres inutiles. Je t'offre ces tonnes insignifiantes d'émotions et d'images. Je te marie ainsi avec mon temps. Partout j'ai creusé la terre, dans tous les sens cherchant les portes parallèles, celles que l'on franchit entre l'espace réel et celui de ses pensées. Je t'offre ma vie brouillonne et mélangée, pour que toi seule sache en extraire le succulent plaisir et qu'à ton tour tu le transmettes à qui te paraîtra assez grand. Ni suicide ni rien, non, je roulerai jusqu'à ce que je rencontre peut-être le moment qui devra m'échapper.

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