Trois immortelles / La passante du Sans-Souci
"S’asseoir au milieu du désastre,
et devenir témoin,
réveiller en soi cet allié qui n’est autre
que le noyau divin en nous.
... Après avoir traversé une existence très préservée, très occupée à éviter les naufrages, toute cette adresse à passer entre les catastrophes, entre les blessures. Et subitement, après quinze ans de mariage, l’arrivée d’une autre femme, l’arrivée dans une existence préservée d’un autre être, qui du jour au lendemain détruit l’univers que vous vous étiez construit.
Et la traversée, pendant deux ans, trois ans, de la solitude, de l’abandon, dans un pays étranger, dans un village au bout du monde. Et la rencontre du travail de Dürckheim et d’une remarquable femme, son élève, qui travaillait avec la voix.
Alors que j’attendais d’elle qu’elle me donne la force de faire mes bagages, et de partir avec mes fils, elle m’a dit : « Tu restes là, assise au milieu du désastre, là ".
Tout le travail que j’ai fait par la suite avec le corps, avec la présence au monde, aux choses, cette leçon, non seulement d’accepter l’inacceptable, mais d’y entrer, d’y établir ses pénates, entrer dans le désastre, à l’intérieur, et y rester, y rester !
Non pas fuir, mais oser rester, à l’endroit où je suis interpellée, à cet endroit où tombent tous les masques, où tout ce que je n’aurais jamais pu croire s’avère être en moi, tous les démons, toute l’ombre. Les paroles éclatent et tous les démons déferlent dans la vie, la jalousie, l’envie de meurtre, l’autodestruction.
Et je reste là et je regarde...
... Nous connaissons dans notre Occident deux voies quand nous sommes dans un état d’étouffement, d’étranglement. L’une c’est le défoulement, c’est crier, c’est exprimer ce qui était jusqu’alors rentré. Il y a de nombreuses formes de thérapies sur ce modèle et c’est probablement, en son lieu et place, quelque chose de très précieux, pour faire déborder le trop plein. Mais au fond, toute l’industrie audiovisuelle, cinématographique, est fondée sur ce défoulement, cette espèce d’éclatement de toute l’horreur, de tout le désespoir rentré, qui en fait le prolonge et le multiplie à l’infini.
L’autre réponse, c’est le refoulement : avaler des couleuvres, et devenir lentement ce nid de serpents sur deux pattes, avec tout ce que ces vipères et couleuvres avalées ont d’effet destructif sur le corps et l’âme.
Et le troisième modèle qui nous vient d’Extrême-Orient et qu’incarnait Dürckheim : s’asseoir au milieu du désastre, et devenir témoin, réveiller en soi cet allié qui n’est autre que le noyau divin en nous.
J’ai rencontré voilà quatre jours, en faisant une conférence à Vienne, une femme. Et c’est une belle histoire qu’elle m’a racontée qui exprime cela à la perfection. Elle me disait à la perte de son unique enfant, avoir été ravagée de larmes et de désespoir, et un jour, elle s’est placée devant un miroir et a regardé ce visage brûlé de larmes, et elle a dit : « Voilà le visage ravagé d’une femme qui a perdu son enfant unique », et à cet instant, dans cette fissure, cette seconde de non identification, où un être sort d’un millimètre de son désastre et le regarde, s’est engouffrée la grâce. Dans un instant, dans une espèce de joie indescriptible, elle a su : « Mais nous ne sommes pas séparés », et avec cette certitude, le déferlement d’une joie indescriptible qu’exprimait encore son visage. C’était une femme rayonnante de cette plénitude et de cette présence qu’engendre la traversée du désastre.
Il existe, paraît-il, dans un maelström, un point où rien ne bouge.
Se tenir là !
Ou encore, pour prendre une autre image: dans la roue d’un chariot emballé, il y a un point du moyeu qui ne bouge pas. Ce point, trouver ce point.
Et si un seul instant, j’ai trouvé ce point, ma vie bascule, dans la perspective de la grande vie derrière la petite vie, de l’écroulement des paravents, de l’écroulement des représentations.
Un instant, voir cette perspective agrandie..."
Christiane Singer
Du bon usage des crises, Albin Michel, 2001
la passante du Sans-Souci, roman de Joseph Kessel (1936), film de Jacques Rouffio (1982) / Cet air yiddish, si doux, si lancinant Je l'ai joué sur mon violon d'enfant La mélodie qui a fait pleurer mes parents Parle d'exil, de la vie d'émigrant Il a suivi dans leur triste voyage Tous ceux chassés de pogroms en villages Qui s'enfuyaient de Varsovie, de Berlin, de Russie Pour venir vivre libre à Paris. On a tué devant le Sans-Souci L'indifférence a remplacé les cris Dans l'abondance et dans l'oubli Tout recommence. Ce très vieil air, si doux, si lancinant Je l'ai joué sur mon violon d'enfant La mélodie qui a fait pleurer mes parents Parle d'exil, de la vie d'émigrant J'ai devant moi, Elsa, ton beau visage Qui fredonnait pour un dernier voyage Ce vieil air plein de nostalgie, de larmes, de regrets Que je jouais sur mon violon d'enfant.
par Talila, Cet air yiddish, si doux, si lancinant Je l'ai joué sur mon violon d'enfant La mélodie qui a fait pleurer mes parents Parle d'exil, de la vie d'émigrant Il a suivi dans leur triste voyage Tous ceux chassés de pogroms en villages Qui s'enfuyaient de Varsovie, de Berlin, de Russie Pour venir vivre libre à Paris. On a tué devant le Sans-Souci L'indifférence a remplacé les cris Dans l'abondance et dans l'oubli Tout recommence. Ce très vieil air, si doux, si lancinant Je l'ai joué sur mon violon d'enfant La mélodie qui a fait pleurer mes parents Parle d'exil, de la vie d'émigrant J'ai devant moi, Elsa, ton beau visage Qui fredonnait pour un dernier voyage Ce vieil air plein de nostalgie, de larmes, de regrets Que je jouais sur mon violon d'enfant.
La vieille dame de la rue de Siam
Provided to YouTube by naïve jazz La vieille dame de la rue de Siam · Talila · Teddy Lasry · Jean Rouaud · Teddy Lasry · Jean Rouaud Le temps des bonheurs ℗ naïve Released on: 2012-11-05 ...
Barbara La vieille dame de la rue de Siam · Talila · Teddy Lasry · paroles Jean Rouaud (l'auteur des Champs d'honneur, Goncourt 1990) / Début du poème de Prévert : Rappelle-toi Barbara Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là Et tu marchais souriante Épanouie ravie ruisselante Sous la pluie Rappelle-toi Barbara Il pleuvait sans cesse sur Brest Et je t'ai croisée rue de Siam Tu souriais Et moi je souriais de même Rappelle-toi Barbara Toi que je ne connaissais pas Toi qui ne me connaissais pas Rappelle-toi Rappelle-toi quand même ce jour-là N'oublie pas Un homme sous un porche s'abritait Et il a crié ton nom Barbara Et tu as couru vers lui sous la pluie Ruisselante ravie épanouie Et tu t'es jetée dans ses bras Rappelle-toi cela Barbara Et ne m'en veux pas si je te tutoie Je dis tu à tous ceux que j'aime
pour faire connaissance avec Talila
Le 29 mai 1982, il y a 40 ans, disparaissait Romy Schneider. Cette actrice d'origine allemande accompagne les spectateurs français depuis si longtemps qu'il semble l'avoir toujours connue. Elle a ...
https://www.france.tv/documentaires/art-culture/3381163-romy-femme-libre.html
bouleversant un mot revient souvent dans sa bouche c'est "juste", le moment juste, l'attitude juste, le rôle juste... je donnerais donc comme titre Romy, femme juste alignée sur ce qu'elle est et qui se sent plus que ça ne se sait, qui s'exprime si, comme lui dit Delon à son arrivée en France, alors qu'elle est impatiente de jouer, elle la star du cinéma autrichien : attends, elle attend le moment juste, le kaïros; ce sera Visconti qui les fait jouer au théâtre dans Dommage qu'elle soit une putain, tragédie de John Ford, interprétée pour la première fois entre 1626 et 1633.
Alain Delon a 22 ans et est encore inconnu du grand public lorsque Romy Schneider, de trois ans sa cadette et propulsée au rang de star par la saga "Sissi", le choisit pour lui donner la réplique dans "Christine". La célèbre actrice allemande et le rebelle Français au regard bleu acier succombent lors du tournage à une passion qui durera cinq ans. Mais tandis que Delon affirme son talent dans "Plein soleil", la carrière de sa fiancée s’enlise. Luchino Visconti, qui a dirigé l’acteur dans "Rocco et ses frères", la relance en les réunissant dans la pièce "Dommage qu’elle soit une putain", qui révèle le génie de Romy au public hexagonal.
Romy Schneider, une actrice à fleur de peau
Des décennies après sa mort, Romy Schneider reste toujours aussi vivante dans les esprits. Elle était la sensibilité à l'état pur. Une star qui n'a jamais cessé de faire rêver, mais aussi u...
Alain Delon, cet inconnu - Regarder le documentaire complet | ARTE
Alain Delon a tout au long de sa carrière fasciné le public autant pour ses zones d'ombre que sa beauté solaire. En partant des premières blessures intimes de l'icône, ce documentaire en dress...
https://www.arte.tv/fr/videos/059596-000-F/alain-delon-cet-inconnu/
En partant des premières blessures intimes de l'icône, le documentaire de Philippe Kohly en dresse le portrait le plus complet à ce jour. L'ex-petit zonard de banlieue, dont le destin a dévié vers les sommets du septième art, se révèle moins arrogant que son personnage public, habité par une forme de désespoir. Passant au tamis cinq décennies d'interviews, de révélations, et ses plus grands films, Philippe Kohly aboutit à cette conclusion : Alain Delon n’existe pas. Il est un personnage incarné par un garçon abandonné pour gagner la liberté et la gloire.
hier soir, 24 août 2016, à Céret, sur la place des 9 jets, une chanteuse et son guitariste
de belles chansons au chapeau,
je donne 2€, les filles, 1€ chacune
je discute évidemment avec la chanteuse et lui demande les feuilles mortes
toute la place des 9 jets (au moins 120 personnes attablées dans deux restaurants, le nôtre Les pieds dans le plat, service trop long) y aura droit
je lui avais d’abord demandé 3 petites notes de musique
elle ne connaissait pas mais si elle a la curiosité, elle l’intègrera à son répertoire
je lui ai conseillé aussi la chanson d’exil du film La passante du sans-souci par Talila
Trois petites notes de musique Ont plié boutique Au creux du souv'nir C'en est fini d'leur tapage Ell's tournent la page Et s'en vont dormir Mais un jour sans crier gare Ell's vous revienn'nt en mémoire Toi, tu voulais oublier Un p'tit air galvaudé Dans les rues de l'été La la la la la Toi Tu n'oublieras jamais Une rue un été Une fill' qui fredonnait
La la la la je vous aime Chantait la rengaine La la mon amour, Des parol's sans rien d'sublime Pourvu que la rime Amène toujours. Une romanc' de vacances Qui lancinant' vous relance. Vrai, elle était si jolie Si fraîch' épanouie Et tu n'l'as pas cueillie, Vrai, pour son premier frisson Elle t'offrait un' chanson A prendre à l'unisson.
La la la la la tout rêve Rim' avec s'achève Le tien n'rime à rien, Fini avant qu'il commence Le tenps d'une danse L'espac' d'un refrain.
Trois petit's notesde musique Qui vous font la nique Du fond des souv'nirs, Lèv'nt un cruel rideau d'scène Sur mill' et un' peines Qui n'veulent pas mourir.
https://youtu.be/UT0B4a6CY2E?si=Fbx0LZqFCnPCo3zS
Oh je voudrais tant que tu te souviennes Des jours heureux où nous étions amis En ce temps là, la vie était plus belle Et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui Les feuilles mortes se ramassent à la pelle Tu vois je n'ai pas oublié Les feuilles mortes se ramassent à la pelle Les souvenirs et les regrets aussi Et le vent du nord les emportet Dans la nuit froide de l'oubli Tu vois, je n'ai pas oublié La chanson que tu me chantais
C'est une chanson, qui nous ressemble Toi tu m'aimais, et je t'aimais Et nous vivions tout les deux ensemble Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais Mais la vie sépare ceux qui s'aiment Tout doucement sans faire de bruit Et la mer efface sur le sable Le pas des amants désunis
C'est une chanson, qui nous ressemble Toi tu m'aimais et je t'aimais Et nous vivions, tous deux ensemble Toi qui m'aimait, moi qui t'aimais Mais la vie sépare ceux qui s'aime Tout doucement sans faire de bruit Et la mer efface sur le sable Le pas des amants désunis.
https://youtu.be/O1aVWu2rBhE?si=gfNrTJkOJ-BrWn50
Cet air yiddish, si doux, si lancinant Je l'ai joué sur mon violon d'enfant La mélodie qui a fait pleurer mes parents Parle d'exil, de la vie d'émigrant Il a suivi dans leur triste voyage Tous ceux chassés de pogroms en villages Qui s'enfuyaient de Varsovie, de Berlin, de Russie Pour venir vivre libre à Paris. On a tué devant le Sans-Souci L'indifférence a remplacé les cris Dans l'abondance et dans l'oubli Tout recommence.
Ce très vieil air, si doux, si lancinant Je l'ai joué sur mon violon d'enfant La mélodie qui a fait pleurer mes parents Parle d'exil, de la vie d'émigrant J'ai devant moi, Elsa, ton beau visage Qui fredonnait pour un dernier voyage Ce vieil air plein de nostalgie, de larmes, de regrets Que je jouais sur mon violon d'enfant.
JCG
Redécouvrez la grande chanson d'expression française sur le site "J'ai la mémoire qui chante": http://memoirechante.wordpress.com/ Pour connaître la petite histoire de cette chanson sur le site...
3 petites notes de musique par Cora Vaucaire
une tentative de chanter 3 petites notes de musique, une éternelle, une immortelle chanson, chez Atef au Revest; c'était le 18 mars 2017 au soir
quand sans préparation, Atef me propose de chanter, je choisis 3 petites notes de musique
Yves Montand "Les feuilles mortes" | Archive INA
Abonnez-vous http://bit.ly/Inachansons Yves Montand à Chaillot | RTF | 05/06/1963 Yves Montand interprète "Les feuilles mortes", d'après le poème de Jacques Prévert. ****** info sur les commen...
paroles Jacques Prévert, musique Joseph Cosma
DU BON USAGE DES CRISES
par Christiane Singer
Extrait d’une conférence prononcée le 15 juin 1991 à Mirmande à l’occasion du dixième anniversaire du
Centre Dürckheim (Drôme).
J’ai gagné la certitude que les catastrophes sont là pour nous éviter le pire.
Et le pire, comment pourrais-je exprimer ce qu’est le pire ? Le pire, c’est bel et bien d’avoir traversé la vie sans naufrages, d’être resté à la surface des choses, d’avoir dansé au bas des ombres, d’avoir pataugé dans ce marécage des on-dit, des apparences, de n’avoir jamais été précipité dans une autre dimension. Les crises, dans la société où nous vivons, elles sont vraiment ce qu’on a encore trouvé de mieux, à défaut de maître, quand on n’en a pas à portée de main, pour entrer dans l’autre dimension.
Dans notre société, toute l’ambition, toute la concentration est de nous détourner, de détourner notre attention de tout ce qui est important. Un système de fils barbelés, d’interdits pour ne pas avoir accès à notre profondeur.
C’est une immense conspiration, la plus gigantesque conspiration d’une civilisation contre l’âme, contre l’esprit. Dans une société où tout est barré, où les chemins ne sont pas indiqués pour entrer dans la profondeur, il n’y a que la crise pour pouvoir briser ces murs autour de nous. La crise, qui sert en quelque sorte de bélier pour enfoncer les portes de ces forteresses où nous nous tenons murés, avec tout l’arsenal de notre personnalité, tout ce que nous croyons être.
Récemment sur une autoroute périphérique de Berlin où il y a toujours de terribles embouteillages, un tagueur de génie avait inscrit sur un pont la formule suivante : « Détrompe-toi, tu n’es pas dans un embouteillage,
l’embouteillage c’est toi ! ». Nous sommes tous spécialisés dans l’esquive, dans le détournement, dans le « divertissement » tel que le voyait Pascal. Il n’y a au fond que cette possibilité, subitement, de se dire : « Oui mais tout cela, tout ce qui m’enserre, tout ce qui m’étrangle, mais c’est moi ! ».
[…] J’ai connu cette période où lorsqu’on entend une chose pareille, et que l’on est soi-même plongé dans un désespoir très profond, ces propos paraissent d’un cynisme insupportable. Et pourtant quand on a commencé à percevoir que la vie est un pèlerinage, quand à une étape de ce pèlerinage on regarde en arrière, on s’aperçoit vraiment que les femmes, les hommes qui nous ont le plus fait souffrir sur cette terre, sont nos maîtres véritables, et que les souffrances, les désespoirs, les maladies, les deuils, ont été vraiment nos sœurs et nos frères sur le chemin. Je sais que cela peut avoir une coloration insupportable quand on est dans une phase de désespoir, mais c’est tellement fabuleux quand on s’arrête en cours de route, quand on regarde en arrière, et
qu’on se dit : « mais oui, c’est vrai ! ».
[…] J’ai pour ma part rencontré le travail de Dürckheim. Dans une crise vraiment très profonde. Après avoir traversé une existence très préservée, très occupée à éviter les naufrages, toute cette adresse à passer entre les catastrophes, entre les blessures, et subitement, après quinze ans de mariage, l’arrivée d’une autre femme, l’arrivée dans une existence préservée d’un autre être, qui du jour au lendemain détruit l’univers que vous vous étiez construit. Et la traversée, pendant deux ans, trois ans, de la solitude de l’abandon, dans un pays étranger,
dans un village au bout du monde, et la rencontre du travail de Dürckheim et d’une remarquable femme, son élève, qui travaillait avec la voix. Alors que j’attendais d’elle qu’elle me donne la force de faire mes bagages, et de partir avec mes fils, elle m’a dit : « Tu restes là, assise au milieu du désastre, là. »
Tout le travail que j’ai fait par la suite avec le corps, avec la présence au monde, aux choses, cette leçon, non seulement d’accepter l’inacceptable, mais d’y entrer, d’y établir ses pénates, entrer dans le désastre, à l’intérieur, et y rester, y rester ! Non pas fuir, mais oser rester, à l’endroit où je suis interpellée, à cet endroit où tombent tous les masques, où tout ce que je n’aurais jamais pu croire s’avère être en moi, tous les démons, toute l’ombre. Les paroles éclatent et tous les démons déferlent dans la vie, la jalousie, l’envie de meurtre,
l’autodestruction. Et je reste là et je regarde. […] J’ai rencontré voilà quatre jours, en faisant une conférence à Vienne, une femme ; et c’est une belle histoire qu’elle m’a racontée qui exprime cela à la perfection. Elle me disait à la perte de son unique enfant, avoir été ravagée de larmes et de désespoir, et un jour, elle s’est placée devant un miroir et a regardé ce visage brûlé de larmes, et elle a dit : « Voilà le visage ravagé d’une femme qui a perdu son enfant unique », et à cet instant, dans cette fissure, cette seconde de non-identification, où un être sort d’un millimètre de son désastre et le regarde, s’est engouffrée la grâce. Dans un instant, dans une espèce de joie indescriptible, elle a su : « Mais
nous ne sommes pas séparés », et avec cette certitude, le déferlement d’une joie indescriptible qu’exprimait encore son visage. C’était une femme rayonnante de cette plénitude et de cette présence qu’engendre la traversée du désastre.
Il existe, paraît-il, dans un maelström, un point où rien ne bouge. Se tenir là ! Ou encore, pour prendre une autre image : dans la roue d’un chariot emballé, il y a un point du moyeu qui ne bouge pas. Ce point, trouver ce point. Et si un seul instant, j’ai trouvé ce point, ma vie bascule, parce que la perspective est subitement celle de
Job, cette perspective agrandie, de la grande vie derrière la petite vie, l’écroulement des paravents, l’écroulement des représentations, un instant, voir cette perspective agrandie.
Source : Extrait de « Du bon usage des crises », par Christiane Singer, pp. 41-49. Edition Albin Michel, 2001
J'ai tenté d'appliquer cette approche du désastre à ce qui se passe depuis le 7 octobre au Moyen-Orient. En ayant aussi conscience que victimes et bourreaux, nous sommes d'abord des frères humains et que rien de ce qui est humain ne nous est étranger.
spectacles en cours là-bas et ici - Blog de Jean-Claude Grosse
Naji al-Ali, né vers 1937 en Palestine et mort assassiné le 29 août 1987, en Grande-Bretagne, est un caricaturiste palestinien. À la suite de l'exode palestinien de 1948 sa famille s'est réfug...
https://les4saisons.over-blog.com/2023/10/spectacles-en-cours.html
Naji al-Ali, né vers 1937 en Palestine et mort assassiné le 29 août 1987, en Grande-Bretagne, est un caricaturiste palestinien. À la suite de l'exode palestinien de 1948 sa famille s'est réfugiée dans camp libanais de Ain al-Hilweh. Handala est un personnage créé par Naji al-ali. Il est apparu pour la première fois en 1969 dans le journal koweitien Alsiyassa (La politique). C'est un petit garçon âgé de 10 ans, c'est l'âge qu'avait Naji lorsqu'il avait quitté la Palestine, pieds nus comme tous les enfants qui habitent les camps de réfugiés palestiniens. Handala est situé dans l'espace sans terrain d'appui car il est sans patrie. C'est le témoin de la tragédie de tout un peuple, le personnage est toujours dessiné de dos, visage tourné vers la Palestine.
Le peintre et Gaza - bric à bracs d'ailleurs et d'ici
Ce matin j'ai appris que le mot français gaze (tissu de coton, très léger et transparent, servant pour la fabrication de compresses) vient du mot arabe ou Gaza parce que les Gazaouis sont des ...