notes de lecture
Billets de contrebande / Alain Cadéo
Billets de contrebande (inédits)
Alain Cadéo
Editions La Trace, 2024
Plus de 300 pages de billets. Je n’ai pas compté le nombre de billets. Billets quotidiens ou presque. Comme l’ami Marcel Conche, Alain Cadéo ne fait qu’écrire. Irrépressible pulsion donnant Mots de contrebande, Billets de contrebande, récits, romans, pièces de théâtre. Il envoie ses billets à quelques amis qui font parfois retour. Ça s’appelle pisser dans un violon ou prêcher dans le désert. Comme s’il disait : C’est gratuit, mon ami. Mon écriture, nécessaire, vitale pour moi, énergisante, électrifiante ne vise aucune utilité, surtout pas sociale, au mieux, amicale si toi, l’ami, tu veux bien recevoir ces billets que je te passe en contrebande.
Le mot contrebande fait écho à ce qu’a dit Le Clézio à Augustin, le 25 janvier 2024, sur son chemin niçois des contrebandiers. Être contrebandier demandait courage et résistance physique. Être contrebandier en littérature, dit-il, demande de recevoir ce qu’apporte la mer, images, personnages pour en faire nouvel usage, nouvelles histoires. Le contrebandier fait passer en douce, dans l’obscurité souvent, des produits illicites mais fort demandés, appréciés.
Alain Cadéo se dit passeur de mots, contrebandier de mots. Ces mots viennent d’ailleurs, vont vers ailleurs. L’ailleurs d’origine n’a pas de nom. L’ailleurs de destination n’a pas de nom. Du VERBE, titre du 1° billet, inentendable par les vivants, jaillissent des profusions-vibrations à foison, devenant à réception, paroles gelées, mots empaillés, livrés au papier d’imprimerie. Ces mots « humblement s’agenouillent et se taisent. »
Pour parler de ses cueillettes, fenaisons, moissons, vendanges, de ses grappillages, glanages, de ses traques, de ses affûts, de ses rapts, Alain Cadéo use de métaphores filées de grandes richesses. Métaphores visuelles, auditives, gustatives, olfactives, tactiles, cénesthésiques. On voit la scène, on entend bruissements et chants. On savoure les nectars. On hume les odeurs. Une véritable renaissance des sens. Que je préfère à L'insurrection des sens du philosophe Jean-Philippe Pierron (Actes-Sud). Il est nomade, bohémien, trappeur, clown de cirque ambulant. Il est de toutes les latitudes et longitudes, des pôles à des îles luxuriantes, paradis introuvables, non-géolocalisables car naissant des mots sur la blanche page, sur sa table, auprès du poêle.
Cette présentation m’amène à soulever plusieurs paradoxes.
- L’auteur Alain Cadéo est de toute évidence, homme de grande culture. Quand il est traversé par des mots jaillis du VERBE, qu’il les reçoit en glaneur, en bohémien, est-il un passeur fidèle de la transmission ? Ce qui est frappant, c’est la richesse du vocabulaire. Je ne doute pas de l’inventivité, de la créativité du Verbe, du scripteur. Je ne doute pas non plus de la qualité d’oreille du récepteur, de sa capacité à être au bon endroit, au bon moment pour des saisies vertigineuses et des partages savoureux où les poches trouées du bohémien se remplissent et se vident des cailloux du guet-apens. Mais paradoxe, l’auteur a sa part dans ce jeu de passage et de partage. Elle est sans doute plus importante qu’une simple capture et restitution.
- Le second paradoxe a trait au scripteur, à la puissance du VERBE. Infini potentiel s’actualisant et se dégradant en infini actuel par la parole indéfinie (incommensurable mais non infinie) des hommes. Le VERBE comme source, jaillissement, potentiel est inentendable. Il est SILENCE parce que PUISSANCE. Les hommes par la parole, leurs mots enfilés comme perles, tentent d’entendre, veulent capter la Source, la reconnaître, la con-naître, la comprendre alors que l’attitude humble (d’humus) consisterait à se taire. Or, paradoxe, Alain Cadéo qui sait, sent cela du plus profond de son âme, la nécessité de SE TAIRE car capter le Silence est vol et pas envol mais chute d’Icare, écrit chaque jour son billet de contrebande.
- La capture quotidienne, dis-je est vol, non envol, chute d’Icare. Cela veut-il signaler l’hubris, l’orgueil de l’écrivain ? Que nenni ! La pulsion d’écrire, de dire n’est pas que le propre de l’écrivain Alain Cadéo. Quiconque avec ses moyens, son histoire, son héritage, ses limites se pose quelques questions inessentielles : D’où venons-nous? Où allons-nous ? La vie a -t-elle un sens ? Est-elle absurde ? Qui suis-je ? Inessentielles parce que sans réponses ! Mais aiguillons de nos vies, de nos corps et culs plombés, de nos cerveaux et esprits disponibles, de nos âmes et coeurs secs. Alain n’a pas de mots assez durs pour stigmatiser nos petitesses d’adultes rabat-joie. Comme il n’a pas assez d’images aériennes pour nous relever, d’images terriennes pour nous ramener au ras du sol et ainsi nous faire retrouver le goût de l’enfance, la magie de nos jeux d‘enfant solitaire ou en bande où l’imagination avait tout pouvoir de faire danser les comptines de mots et chanter les graviers d’écorchures.
Cette semaine, La Grande Librairie s'installe à Marseille et propose une émission exceptionnelle, en public, à l'occasion des Nuits de la lecture et des 10 ans du Mucem. Au cœur de ce musée d...
quelques minutes avec le contrebandier de l'écriture Le Clézio
à l'aide d'une langue extrêmement sensible et sensuelle, poétique, le philosophe Jean-Philippe Pierron poursuit son exploration écobiographique (voir son précédent livre dans la collection Mondes Sauvages : "Je est un nous") pour révéler l'importance primordiale de gestes en apparence triviaux et anodins, ceux du jardinier, du paysan, de l'artisan, du cuisinier, mais aussi ceux du musicien, du danseur et de l'écrivain, dans l'élaboration concrète et quotidienne, profonde et le plus souvent tue, d'une manière d'être au monde révélatrice d'un souci, d'une attention portée au monde et aux vivants qui cohabitent avec nous.
note passée en douce à l'auteur des billets de contrebande
Les billets d'Alain Cadéo
paradoxal peut-être d'adresser sa note de lecture
non à d'autres possibles lecteurs pour leur donner envie, partager notre bonheur
mais à l'auteur
non pour lui dire nos ressentis, réflexions à la suite de sa lecture
mais pour lui tendre un miroir rond, son miroir à alouettes
toi l'auteur d'une oeuvre au noir, toi si peu au parfum de ce qui te pousse ou t'aspire quand tu écris ton billet, poussé, siphonné par tu ne sais quelle pulsion
(enfin si)
elle est née, a surgi, à 7 ans quand posant simplement, bêtement, un miroir rond sur la table du jardin, tu as vu le ciel à l'envers, le reflet du ciel, d'un morceau de ciel dans ce miroir rond
et là, VERTIGE
tout reflet nous oblige à casser la pensée écris-tu, page 84 dans Si j'ai gaspillé mon énergie ...
le fils de paysan Marcel Conche est devenu philosophe quand, âgé de 7 ans, voyant le tournant sur la route de Beaulieu, il s'est demandé qu'y a-t-il après le tournant ?
cela l'a animé pendant 100 ans
toi, tu as été saisi de vertige
je ne peux pas ne pas penser un peu à la caverne de Platon : ce que les hommes enchaînés prennent pour des réalités et qui ne sont qu'ombres, reflets
mais c'est appauvrir ce qui s'est offert à toi, gamin : dehors, dans un jardin qu'on entretient, un ciel que tu vois quand tu lèves la tête, bleu ou nuageux, un soleil brillant ou pâle, des oiseaux qui volent, se posent, chantent sur les branches, des insectes bourdonnant, les parfums des magnolias et autres fleurs sans pourquoi comme dit Silésius de la rose, la terre qui colle aux sabots, un dehors à la fois limité par le clos et ouvert dans toutes les directions, appréhendable par tous tes sens
et le reflet du ciel, le reflet changeant d'un morceau de ciel en mouvement lent, reflet silencieux
puissant, dynamisant rappel du Silence dont tes billets sont des fragments, des débris, fort bien écrits mais si peu par rapport à la plénitude du Silence, du Verbe-mère, du Savoir, de l'Absolu, du Parfait
Souffle sacré dont toi l'intuitif, l'enfant dont on disait, il a la science infuse, tu as accepté qu'il soit ton moteur de grand désir, pour une quête de possible Béatitude sur fond d'inquiétude, d'incertitude
.
Chaque lecteur fera l'usage qu'il pourra de tes billets.
La citation du bandeau se trouve page 69.
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les inédits billets de contrebande seront présents sur le stand des Cahiers de l'Égaré à la 10° Fête du Livre d'Hyères, les 4 et 5 mai 2024, avec Arsenic et Eczéma (théâtre), M. (récit), avant parution en septembre d'une réédition du récit Le ciel au ventre, publié il y a plus de 30 ans et épuisé depuis longtemps
ALAIN CADEO Itinéraire d'une Vie pleine de vies et d'Écriture...
Alain Cadeo un auteur avec des mots qui savent toucher la sensibilité du plus grand nombre de lecteurs et qui ne vous laisse pas indifferent.
Les billets d'Alain Cadéo. 681 likes · 5 talking about this. Retrouvez Alain Cadéo sur sa page : https://www.facebook.com/Alain-Cad%C3%A9o-810091285703166/?fref
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Confessions / Alain Cadéo - Blog de Jean-Claude Grosse
Confessions (ou les spams d'une âme en peine, Gaspard Staccato) / Lettre en vie Confessions (ou les spams d'une âme en peine) Alain Cadéo Éditions La Trace, 2021 Qui souhaiterait recevoir les m...
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Lettres en vie / Soins palliatifs / Alain et Michel Cadéo - Blog de Jean-Claude Grosse
un livre d'exceptions, un livre pour oser, un livre d'édification; quand la poésie et la peinture sont forces vives, donnant à vivre Lettres en vie six années de rencontres au sein de l'unité ...
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Comme un enfant qui joue tout seul / Alain Cadéo - Blog de Jean-Claude Grosse
Comme un enfant qui joue tout seul Alain Cadéo Éditions La Trace, 2019 D'abord, noter la qualité du livre. L'éditeur aime le beau livre, belle couverture à rabats, belle photo aux beaux bleus,...
https://les4saisons.over-blog.com/2020/07/comme-un-enfant-qui-joue-tout-seul/alain-cadeo.html
Mayacumbra / Alain Cadéo - Blog de Jean-Claude Grosse
Mayacumbra Alain Cadéo Editions La Trace, 2019 La lecture de ce roman d'Alain Cadéo, 417 pages, m'a pris environ quinze jours mais j'ai lu en un jour les 150 dernières pages. Parce que ça s'emb...
https://les4saisons.over-blog.com/2020/07/mayacumbra/alain-cadeo-40.html
Zoé / roman d'Alain Cadéo - Blog de Jean-Claude Grosse
Zoé d'Alain Cadéo Mercure de France, janvier 2015 Voilà un court roman de 151 pages en format 11,5 X 18,5, qu'on a très bien en mains et qu'on ne lâche pas. Deux personnages, un vieil homme ...
https://les4saisons.over-blog.com/2015/04/zoe-roman-d-alain-cadeo.html
L'Intime l'Etat
Retour de lecture sur l’essai de Frédéric Dussenne
L’intime, l’état
Apologie du drame
le samedi 13 janvier 2024 à 10:24
Bonjour Jean-Claude. J'espère que tu vas bien. Je ne sais pas si tu te souviens de moi. Nous étions venus à Le Revest avec les Ateliers de l'Echange et notre diptyque Molière. Tu m'avais donné avant notre départ un exemplaire tout chaud sorti de presse de La lettre au directeur du théâtre que j'ai lu à haute voix dans la voiture qui nous ramenait à Bruxelles. Nous dissolvions notre collectif. Nos larmes coulaient. On se reconnaissait profondément dans ce texte. Je suis attelé à la rédaction d'un essai sur le rapport, dans le théâtre dramatique, entre l'intime et le politique. J'aimerais te le transmettre pour avoir ton avis si ça t'intéresse. Je t'embrasse Frédéric Dussenne
J'ai reçu par mail son essai manuscrit L'intime et l'État, apologie du drame, 119 pages.
Connaissant par FB, l'engagement d'acteur et de citoyen de Frédéric, je n'ai aucune réticence à m'autoriser la lecture.
Je te dirai deux choses, Frédéric :
- quand tu parles de théâtre, 1 - le spectateur, 2 - l'acteur, je te trouve juste;
c'est du vécu, du ressenti, du vrai, du réel; je m'y reconnais comme spectateur d'hier quand je cherchais des spectacles, accueillais des porteurs de projets mais je te le dis : aujourd'hui, je vais de moins en moins au théâtre ou au cirque, trop de productions, peu de créations, peu de diffusion, trop de divertissement; et quand tu passes d'un paradigme athée-matérialiste-lutte des classes-révolution à un paradigme spiritualiste comme cela s'est imposé à moi par cheminement personnel en 2021-2022, alors, tu chemines ailleurs ou tu restes sur-place pour un voyage intérieur
ce que j'ai tenté de dire à Pierre Louis-Calixte qui dans son monologue Molière Matériau(x) traite sa rencontre et sa mise au service de Jean-Baptiste en termes de hasards (approche matérialiste) alors que j'y ai vu une nécessité (de toute éternité);
tu sens le grand écart ? ça déchire le corps, l’esprit, le coeur et ravit l’âme
quand tu tentes de décrire l'état du monde, l'état de la démocratie, là pour moi, tu dois réviser ton récit qui reprend le roman national et mondial dominant, car - c’est une prise de conscience récente chez moi, vers 2022-2023 -, ce roman et ses déclinaisons fascistes, nationalistes, droitistes, extrême-centristes, gauchistes, anarchistes, communistes, est mensonger qu'il s'agisse de la révolution industrielle anglaise, de la révolution française, de la révolution bolchévique, du Moyen-Âge, de la Renaissance, des Lumières; bref, ce qu'on appelle perte de repères est en réalité jeu de colin-maillard dans une forêt équatoriale où tous les sentiers, chemins, routes et autoroutes qu'on y a tracés sont des impasses et des mirages auxquels on nous a fait croire
et l'esprit critique même le plus développé ne se rendrait pas compte des manipulations de masse dont nous sommes bombardées via médias, réseaux... ou qui sont secrètement provoquées
(ce sont sans doute les plus monstrueuses, par exemple, les Projets MK Ultra de la CIA depuis 1951 à Fort Detrick, Maryland;
je ne parle pas évidemment du projet Manhattan, ultra-secret et où deux hommes laissant dans l'ignorance leurs concitoyens et leurs ennemis, pas leurs "alliés" ont décidé de l'usage de la bombe spéciale par deux fois
"Le , le président Harry S. Truman approuve le largage des bombes sur le Japon. Le 24 juillet, l'ordre est relayé par le secrétaire à la Guerre, Henry Lewis Stimson, et le lendemain, le général Thomas Handy envoie un ordre secret au général Spaatz, autorisant le largage de la bombe après le 3 août, « dès que le temps le permettra », sur Hiroshima, Kokura, Niigata ou Nagasaki. Ce sera le seul ordre écrit concernant l'utilisation de la bombe. L'ordre n'évoque pas la nature de l’explosif, se contentant de mentionner une bombe spéciale. Cet ordre fut donné avant même que l'ultimatum de Potsdam ne soit publié." wikipédia)
faut-il en bon complotiste pas con poser l'existence de forces occultes genre mafias, Big pharma, services secrets, labos expérimentaux se vouant à l'organisation du chaos ? (la stratégie du choc, Naomi Klein)
à cette étape, j'ignore ce qu'il faut faire à part
- s'invisibiliser (pour vivre heureux...), extrême prudence dans l'usage des outils internautiques (je ne suis que sur FB, j'ai découragé pratiquement tout like, je réagis à très peu de messages...FB est ma page d'écriture)
- la part du colibri, par exemple user de la pratique du don fiscal pour aider projets, artistes
- les ouvertures que furent la Commune de 1871, les GJ et la tentative de RIC CARL (référendum d'initiative citoyenne, constituant, abrogatoire, révocatoire, législatif)
dans ce sens, je vais soutenir une collection dans Les Cahiers de l'Égaré : Les entrepreneurs du sens
grand festival d'un jour sur cette thématique le samedi 20 avril 2024 de 10 à 23 H au domaine de la Castille à La Crau (1000 personnes attendues)
un livre majeur que je te conseille : ce livre a provoqué une conscientisation du Grand Mensonge
L'impitoyable aujourd’hui d’Emmanuelle Loyer, à compléter avec trois émissions remarquables de Pacôme Thiellement sur Blast
et un récit essentiel Dolly d’un grand cosmologiste bruxellois,
Edgar Diane Gunzig, postfacé par Thomas Gunzig
ou comment Dolly, juif communiste, vivant à Bruxelles, membre de l’orchestre rouge a vécu dans sa chair et compris dès 1931, l’impasse qu’était le sionisme, a combattu dans les Brigades internationales contre Franco…
Molière Matériau(x) / Pierre Louis-Calixte - Blog de Jean-Claude Grosse
le monologue avec un corps d'acrobate contorsionniste, les deux affiches du spectacle Jeudi 14 décembre 2023, 19 H 30, à L'Atelier, fabrique d'imaginaires, 50 places, à Privas, Ardèche, départ...
https://les4saisons.over-blog.com/2023/12/moliere-materiau-x/pierre-louis-calixte.html
la rencontre entre Molière et Calixte, hasards selon Calixte, nécessité selon JCG
le roman national ment / Pacôme Thiellement - bric à bracs d'ailleurs et d'ici
Marie-Madeleiine par Donatello où Marie-Madeleine se retrouve au coeur d'un autre possible récit national que le roman national qui ment par Pacôme Thiellement j'avais déjà abordé ce thème e...
https://www.bricabracs.fr/2024/01/le-roman-national-ment/pacome-thiellement.html
en 3 épisodes
Dolly / Edgar et Diane Gunzig - Blog de Jean-Claude Grosse
Dolly / le photographe de Mauthausen / Relations d'incertitude Dolly (sorti chez Lamiroy en Belgique en septembre 2023) a été placé sous le sapin par mère Noëlle qui est allée le chercher à ...
https://les4saisons.over-blog.com/2024/01/dolly/edgar-et-diane-gunzig.html
Dolly, juif communiste, vivant à Bruxelles, membre de l’orchestre rouge a vécu dans sa chair et compris dès 1931, l’impasse qu’était le sionisme, a combattu dans les Brigades internationales contre Franco…
2° épisode, 3 - l’écrit, 4 - le conflit ou défense et illustration des nécessités personnelles, collectives du drame porté sur un plateau de théâtre
ces pages sont bruissantes d'Histoire avec sa grande H, d'histoires du metteur en scène, de ses rapports à des auteurs de théâtre, à des acteurs, à l'histoire du théâtre, d'histoires de son enfance-adolescence, de considérations sur la langue d'abord analogique et même plus archaïque que cela, avant de devenir conceptuelle;
ta dénonciation de la société consumériste, de la mondialisation, du marché, de la société du spectacle (Debord n'est jamais cité, ni Vaneigem) est forte mais il me semble que nous sommes déjà sortis de cela, même si ça va demander 20 ans;
ce ne sont pas les attentats du 11 septembre 2001 qui auront provoqué l'effondrement de l'impérialisme américain;
ce qui provoque la défaite de l'Occident, c'est une réorientation géo-stratégique de toutes les puissances du Sud global à travers deux guerres entre autres (Ukraine, Palestine)
et la désintégration de l'éthique protestante au fondement de la puissance économique des USA, qui a su produire toutes les idéologies (théories) nécessaires à justifier sa domination (droits de l'homme, démocratie, axe du mal, Fukuyama, Brzezinski, Huntington, contre-culture ou soft-power de domination culturelle: cinéma, pop-music),
mais aujourd'hui la société américaine est au bord de la guerre civile, le dream de Luther King qui a dit I have a dream et pas we have a dream alors qu’il y avait six organisateurs dont une femme essentielle Anna Hedgeman pour l’organisation, la logistique (250000 personnes) a explosé, n'a jamais eu la moindre chance de se réaliser
le wokisme, dernière idéologie issue des universités américaines, effet-boomerang en partie des philosophies de la déconstruction de la French theory, contribue à cet émiettement,
mais il est peut-être porteur de possibles (small is beautiful d'une part et d'autre part préférer la fluidité à l'identité est peut-être découverte de la surprise, de l'inattendu)
il y a une conviction viscérale chez Frédéric: le moment de fusion spectateur-acteur lors d'une représentation est un moment d'expérience ensemble de ce qui fait commun au travers du traitement du conflit sur scène; le conflit, un procès par exemple, est nécessaire pour refaire cité, société
n'est pas évoquée la possibilité de la compassion, du pardon, ce que savent pratiquer des sociétés premières ou des spiritualités largement répandues sur la planète, l’ho’oponopono
autre pratique, celle de la gratitude pour tout ce qui vit et qu'on vit, sans tri
la découverte par Frédéric qu'il est autre et Autre, expérience sans transmission, expérience personnelle, constitutive, lui a révélé son être et ce faisant son devenir d'acteur et de citoyen; il me semble que ce qui a valu pour lui vaut pour tout un chacun: la transformation ou la réalisation personnelle de chacun, décisive, durable, est en lien avec une expérience propre, où l'inconscient collectif (au sens jungien avec les archétypes, encore plus archaïques et universels que les mythes) joue sa partition car nous sommes plongés dans le grand bain de l’inconscient auquel nous nous livrons pendant nos petites morts nocturnes sous la forme des rêves; parfois, un passeur peut provoquer le déclic; mais c'est quand on est prêt, ouvert, accueillant, que l'épreuve révélatrice, initiatrice s'offre sur notre chemin (coïncidences, synchronicités...); autrement dit: je ne crois pas que la représentation du conflit (jamais sa solution mais la question que le drame pose) soit transformatrice de chacun des membres du collectif rassemblé ce soir-là, surtout le public bourgeois des théâtres (ressentir au profond de moi, le doigt sur la détente comme celui de l’acteur sur le plateau suffira-t-il à me sauver du geste d'appuyer me faisant retrouver mon humanité au bord de mon inhumanité ?)
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article du 10/1/2024 sur le wokisme, livre d'Anne Toulouse
3° et dernier épisode, 5 - la praxis et 6 - l'intime et l'état
le 5 - m'a beaucoup intéressé car parlant de Molière, de l'illustre théâtre, de la troupe, du travail de troupe, de ce vivre et faire ensemble incluant conflits, harmonie, départs, retours, plus important que de faire oeuvre car dans ce vivre ensemble se forge comme un corps collectif qui finit par faire, agir, sans avoir besoin de mots; l'illustre théâtre est reconnu par le jeune Louis XIV et Molière va développer ses comédies dont certaines très noires pour, tout en divertissant, corriger les moeurs, dénoncer l'hypocrisie, le patriarcat, non sous la forme de leçons mais en faisant rire
comme lui Frédéric a provoqué le rire quand, autorisé, il s'est servi de ses longs bras dont il ne savait que faire;
Frédéric raconte sa riche propre expérience de troupe pendant les 10 ans des ateliers de l'échange;
j'ai été arrêté par une remarque sur la double séparation qui survient à la naissance : l'expulsion comme arrachement, le temps du contact peau à peau, du nouveau-né et de la mère, suivi presque tout de suite de la séparation d'avec la mère et de l'emmaillotement; à reprendre, à développer (je me sens de plus en plus travaillé par le ventre des femmes)
le 6 - l'intime et l'état creuse avec beaucoup de redites, l'idée de ce qui se joue lors d'une représentation, la possibilité de vivre ensemble dans la singularité de chacun, ce qui fait société, ce qui fait commun, le vivre-ensemble;
je ne vois pas le monde occidental de façon aussi noire; ni le monde;
je ne suis pas inquiet de ce qu'il croit être le dernier soubresaut du marché, l'individualisme poussé à l'extrême vers le développement, l'épanouissement personnel en égoïste, égocentrique, narcissique, cynique;
la distinction d’Hannah Arendt entre sphère privée et sphère publique ne me semble plus opératoire; on est dans le panopticon, tous vus et voyeurs, le tout contrôle ou contrôle social total, nos données transformées en algorithmes, piégés dans le bocal mondial du virtuel, du miroir dans le miroir dans le miroir à l’infini
évidemment, ce contrôle social total qui s'est manifesté pendant la Covid 19 révèle une évidence : tout État est contre son peuple, aucun État n'est au service de son peuple, tout État est au service d'intérêts particuliers (castes diverses)
comment retrouver ou trouver la souveraineté ? question que les ateliers constituants d'Etienne Chouard permettent de creuser concrètement
Aparté
Jeanne-Claude Grosse -
Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, est en train de se construire un immense complexe sur une île de l'archipel d'Hawaï / 250 millions d'euros / Des architectes aux ouvriers, tous ont dû signer un document ultra-confidentiel, ils ont interdiction absolue de parler du projet à la presse.
J'ai voulu faire ce montage pour mettre dans un ordre cohérent les infos d'Etienne Chouard pour donner une bonne compréhension de ce qu'il nous explique...
https://www.facebook.com/100009945343886/videos/827965017545002
démocratie directe par tirage au sort, ateliers constituants / Etienne Chouard
Le réel même au sens de Lacan se réduit : reste la liberté intérieure qui est liberté d’un esprit, liberté spirituelle me mettant à hauteur des souffrances corporelles, mentales, psychiques qui me sont infligées dans un camp, un goulag.
deux mots sont utilisés: catastrophe et miracle; il insiste sur le fait que des miracles sont possibles, que les catastrophes annoncées ne seront pas nécessairement effectives;
mais le miracle est quotidien, universel:
celui de vivre, de survivre même (le désir de vivre des survivants est souvent admirable, solidaire)
Et quand surviennent massacres ou noyades, il existe des Jean Genet donnant voix et vie aux massacrés durant 36 heures à Sabra et Chatila, du 16 au 18 septembre 1982;
aujourd'hui, il y a massacres anonymes à Gaza et la voix de Gaza Visages;
les noyés de Méditerranée ont leurs statues au fond de cette mer où je refuse désormais de me baigner
la dissolution par le wokisme de toute identité, identification n'est pas que division, extension du domaine des particularismes, des minorités tyranniques, des communautarismes contre la majorité silencieuse, le plus souvent peureuse, incapable de se mettre en branle sauf de rares épisodes;
les mouvements de décolonisation culturelle, de rejet de la blanchité, du suprémacisme blanc, du patriarcat, le combat contre la culture du viol, metoo#, balancetonporc, metoo#theatre, metoo#inceste, le combat des transgenres (Orlando), les combats contre les violences faites aux femmes et contre les féminicides,
contre les maltraitantes infligées aux animaux
(plus de 80 milliards d'animaux terrestres et plus de 300 milliards d'animaux aquatiques abattus chaque année)
la bataille juridique pour la reconnaissance des écocides et autres crimes contre Gaia (Le chiffre est vertigineux : d'après une étude indépendante (en portugais) publiée le 18 juillet par la plateforme collaborative MapBiomas, l'Amazonie a perdu en moyenne dix-huit arbres par seconde en 2021)
sont me semble-t-il des miracles en cours, évidemment sous la forme du conflit et du risque
Je voudrais terminer par plusieurs points :
1 - Et si le miracle passait par une prise de conscience intime, comme une illumination, que tout est connecté, relié, que tout est mémorisé, que chacun est mémoire de l’univers, de la Vie (qui inclut la mort, à désirer, à aimer, la tâche accomplie même si on ne sait pas laquelle) depuis son émergence (peu importe la façon, livre de Jean-Pierre Luminet, L’écume de l’espace-temps), que tout ce que nous vivons, pensons, faisons est livré (sans doute une réplique légèrement déviante, mutante de ce qui a déjà été livré par d’autres, plusieurs fois depuis le mystère-miracle de l’origyne comme tu écris, voire même une réplique à l’identique parce que déjà écrite de toute éternité; la recherche du temps perdu est déjà, avant même son écriture, écrite dans le nombre-univers Pi) à cette mémoire éternelle dans l’instant, comme un don, un présent fait au présent, le seul temps réel, pas sûr ?
Vivre alors sous le double pharmacon : Tu es aimé à égalité avec tout ce que à quoi moi, le Sans Forme (le vide du bol du potier sans lequel le bol ne peut exister), je donne forme, de la bactérie à la galaxie
Tu es mon bien-aimé, dans ta singularité, ton unicité, alors éclate-toi, que Sans Forme expérimente ce que c’est que vivre en Frédéric ou en Jeanne-Claude puisque j’ai choisi, il y a peu de signer ainsi pour affirmer, exprimer, réaliser ma part de féminin
je complète en indiquant que la prise de conscience, la transformation peuvent être accompagnées : psychanalyse, psychothérapies et autres techniques, hypnose, coaching
2 - A propos du langage et de son usage, voici via Benoît Rivillon, un extrait d’un livre récent renvoyant au débat entre Platon et les sophistes que M.Jean-Dominique Michel à co-écrit avec le chercheur en neurosciences Mark Waldman.
" On ne convainc personne.
Une recherche décrite dans le numéro de janvier 2017 de Scientific American montre que plus vous essayez de convaincre une personne qu’une croyance à laquelle elle tient est fausse, plus elle s’y accrochera, en particulier s’il s’agit d’une idée conspirationniste (le covidisme, ou adhésion aveugle à la doxa médiatico-politique au sujet du Covid en fait désormais partie !) ou attribuant de la malveillance à autrui. Les coléreux deviennent encore plus fâchés, les bigots encore plus intolérants, les xénophobes encore plus racistes, les abuseurs encore plus abusifs. Et ceux qui sont en désaccord avec vous auront encore plus de mépris à votre égard, même et surtout si vous avez raison.
Alors, que pouvez-vous faire ? La recherche en neurosciences a souligné l’importance du scepticisme : c’est la seule attitude qui permette de questionner nos propres biais de pensées et nos croyances erronées. Comme nos idées de la réalité sont (pour des raisons neuropsychologiques) par définition largement fausses, il s’agit de la seule posture intellectuellement honnête... et saine d’un point de vue relationnel.
Là où cela se complique, c’est que l’incertitude est en soi une cause de stress neural ; plus une personne ou une société dans son ensemble est ébranlée ou en proie à des tensions, plus elle plébiscite des réponses simplistes. Une récente étude de l’Inserm a montré qu’une enfance vécue dans la précarité et l’insécurité prédispose à voter pour un mode de leadership autoritaire à l’âge adulte. Les dirigeants autoritaires, eux, feront tout ce qui est en leur pouvoir pour restreindre la liberté de parole de ceux qui sont en désaccord avec eux.
Quand il s’agit de relations personnelles, le mieux est de rester compassionnels et aimables lorsque nous confrontons les biais et les erreurs de pensée de nos proches. La composante identitaire de l’attachement à des croyances erronées est forte, et toute confrontation trop directe ne peut que conduire à l’inverse de l’effet escompté.
Et si vous faites face à des interlocuteurs extérieurs engoncés dans des certitudes fallacieuses, notre conseil : soyez respectueux de votre temps et de votre énergie en les consacrant à quelque chose d’agréable ou d’utile plutôt qu’à la tâche illusoire d’essayer de leur ouvrir l’esprit !"
cette "démonstration" disqualifie les discours faisant appel à la raison, au débat, au dialogue; quid alors des "missions" de l'école ? surtout quand on prend conscience que le langage aujourd'hui ne sert plus à chercher la « vérité », à constater, décrire ce qui est mais sert à manipuler, à discréditer, disqualifier, voire à provoquer le suicide de la harcelée ou la chute de l’ogre ou la démission du poète-aventurier;
l’usage performatif de la langue (quand dire, c’est faire, Austin, un énoncé est fait pour agir, il n’est plus ni vrai ni faux mais une action) l’emporte sur l’usage constatif, cognitif (décrire le monde, le connaître d’où un énoncé est vrai ou faux)
Illustration criante depuis 40 ans : quand on est anti faf, anti FN, RN, on fait monter le % des FN, RN; c'est le paradoxe de certains combats;
ce n'est pas vrai apparemment avec le bashing anti LFI;
il y a donc des questions à se poser du côté de la gauche humaniste, droitdelhommiste, pour la justice, la liberté, l’égalité, la fraternité.
3 - « Apprendre l’empathie, c’est très très bien. C’est structurant pour la personnalité, c’est excellent pour la santé mentale.
Apprendre à débattre sans violence, sans jugement, dans la contradiction, c’est bien aussi.
Ça suppose de savoir réfréner ses pulsions, de savoir maîtriser son agressivité et d’en détourner l’énergie dans le raisonnement.
Ça suppose de savoir Raisonner dans la complexité et de savoir émettre des arguments.
Tout cela participe au recul des violences en même temps qu’au recul de la pensée binaire , primaire et simpliste.
C’est là, il faut le croire, la source du vrai plaisir et même du bonheur. C’est aussi la source du sens profond de l’existence et des perspectives d’avenir.
L’un est indissociable de l’autre.
Neque enim disputari sine reprehensione potest. ("Il ne peut y avoir discussion sans contradiction." Cicéron)
« Quand on me contrarie, on éveille mon attention, non pas ma colère : je m’avance vers celui qui me contredit, qui m’instruit. La cause de la vérité, devrait être la cause commune à l’un et à l’autre. Que répondra-il ? la passion du courroux lui a déjà frappé le jugement : le trouble s’en est saisi, avant la raison ».
Montaigne, De l'art de conférer. » Nathalie Rocailleux
Cette conception était celle de Marcel Conche qui a tenté de fonder en droit (impossible dans les faits) la morale universelle des droits de l’homme sur l’acceptation par un nazi et un juif du dialogue;
imaginez Netanyahu dialoguant avec le Hamas.
Je crois qu’aujourd’hui, c’est d’apprendre à reconnaître les pervers narcissiques, les techniques d’emprise, les techniques pour déjouer la domination, l’exclusion, le harcèlement qui est important, y compris les outils du combat au corps ou d’esquive, apprendre à traverser les peurs en donnant confiance en soi. Il me semble que Gatti avait tenté cela avec des jeunes filles.
Jeanne-Claude Grosse, 27 janvier 2024
Notes sur la transcendance numérique (par Jane Clare Jones)
Texte tiré du deuxième numéro (hiver 2021) de la revue féministe britannique The Radical Notion, également reproduit dans...
https://www.partage-le.com/2024/01/27/notes-sur-la-transcendance-numerique-par-jane-clare-jones/
article remarquable : considérer la pieuvre comme une sorte de réplique évolutionnaire à notre métaphysique dualiste et à la vénération de notre cerveau comme matériel informatique. Le corps entier d’une pieuvre — en particulier ses multiples ventouses sensorielles — est une sensibilité gélatineuse complète, un corps-esprit aquatique sans colonne vertébrale, un corps d’intelligence ondoyant.
une tentative peut-être emphatique : Kosmorgasmik, poème final d'un ensemble inédit et qui le restera, appelé Métamorphosis La Terre et ses milliers de bouches éruptives, ses milliers de vulves-geysers, la Terre ronde est ronde de toutes les grossesses animales et humaines, de toutes les germinations florales et végétales, de toutes les minéralisations calcaires et granitiques. La Terre est la porteuse, l’accoucheuse de tout ce qui naît, de tout ce qui prend corps. Le corps, les corps, encore et encore. Incarnations en chairs et en os, en racines et cimes, en strates et sédiments.
Conférence "L'Écume de l'espace-temps"
Prononcée par Jean-Pierre LUMINET, astrophysicien et directeur de recherche CNRS au Laboratoire d'Astrophysique de Marseille, écrivain et poète.Chapitres:0:0...
https://www.youtube.com/live/oJQM4lDYl7E?si=rfcgcWgwM1h6cfq7
Un acte de langage (ou acte de parole) est un moyen mis en œuvre par un locuteur pour agir sur son environnement par ses mots : il cherche à informer, inciter, demander, convaincre, promettre, et...
le langage performatif
La Neuro-Communication (le wébinaire commence après 4-5 minutes)
En tant qu'êtres de paroles et de relations, nous passons notre temps à communiquer avec les autres. Lorsque nous sommes dans la sécurité de relations de confiance en parlant de sujets faciles,...
on ne convainc personne
Vous n'êtes pas seuls. Pour des ressources et du soutien: https://anxiete.org/ Je suis très fébrile au moment d'écrire ces quelques lignes. Il y a bientôt un an, je me rendais compte que nous ...
remarquable en particulier sur l'intelligence émotionnelle de 16' 40" à 20'
Danser avec le chaos: Accueillez l'inattendu dans votre vie
L'inattendu ce n'est pas ce que vous attendez, mais plutôt ce qui vous attend...https://monchaos.com
avec le jungien québécois Jean-François Vézina
Armand Gatti : université européenne de création
Eté 2010, Armand Gatti en Corrèze pour son université européenne de création. Première journée, première rencontre pour une trentaine de jeunes stagiaires
Eté 2010, Armand Gatti en Corrèze pour son université européenne de création. Première journée, première rencontre pour une trentaine de jeunes stagiaires attirés par l oeuvre et la démarche créatrice d Armand Gatti. Au programme cette année à Neuvic : les femmes en noir de Tarnac, science et résistance, kung fu et chant
Dolly / Edgar et Diane Gunzig
Edgard Gunzig/le vide quantique - Blog de Jean-Claude Grosse
Edgard Gunzig au Théâtre des Doms en Avigon Vendredi 30 mars 2007 de 14 H à 16 H 45 au Lycée Dumont d'Urville à Toulon Edgard Gunzig, cosmologiste, s'est adressé aux étudiants en classes ...
Vendredi 30 mars 2007 de 14 H à 16 H 45 au Lycée Dumont d'Urville à Toulon Edgard Gunzig, cosmologiste, s'est adressé aux étudiants en classes préparatoires scientifiques
Interview d'Edgard Gunzig sur le fonctionnement des rencontres de cosmologie à Peyresq qui existent depuis 12 ans et rassemblent les meilleurs cosmologistes du monde.
Interview d'Edgard Gunzig le 20 juin 2007 sur le fonctionnement des rencontres de cosmologie à Peyresq qui existent depuis 12 ans et rassemblent les meilleurs cosmologistes du monde.
les entretiens d'Altillac 1 - Blog de Jean-Claude Grosse
Rencontre entre un cosmologiste et un philosophe Marcel Conche et Edgar Gunzig Altillac, Corrèze, le 11 novembre 2009 Arrivés à 9 H 30, les échanges du matin ont duré jusqu'à 12 H 30. J'ai fi...
rencontre de deux "ignorants" à Altillac, Corrèze, le 11 novembre 2009
rencontre du 11 novembre 2009 à Altillac entre le cosmologiste belge Edgard Gunzig et le philosophe naturaliste Marcel Conche
la rencontre de deux "ignorants" à Altillac, Corrèze, le 11 novembre 2009
Edgar Gunzig
rencontre de deux ignorants
Mon cher Marcel Conche,
Voilà plus de dix ans, le 11 novembre 2009 à Altillac, qu’eut lieu, à l’initiative de Jean-Claude Grosse, la rencontre de deux « ignorances », celle du philosophe annonçant d’entrée de jeu, sa méconnaissance de la physique et celle du physicien peu éclairé en philoso- phie.
Malgré le peu de compatibilité entre les deux discours, le scientifique et le métaphysique, l’échange fut vif, fructueux, très cordial et non dépourvu d’humour. Il me laisse un souvenir durable et joyeux.
Vous nous parliez de l’infini de la Nature, moi de l’infini de l’Univers.
Cet Univers qui existe depuis 13,7 milliards d’années mais aussi depuis toujours... Cette affirmation appa- remment contradictoire prend néanmoins tout son sens dans un contexte cosmologique novateur (1,2,3,4) : l’Univers n’a d’autre origine que...lui-même !
Il est sa propre cause et s’auto-engendre dans une dé- marche circulaire que les anglo-saxons désignent par l’expression « free lunch », créer quelque chose à par- tir de rien, sans faire appel à un point d’appui et sans apport d’énergie extérieure, par la seule mise en oeuvre adéquate de ressources, d’actions et d’énergies internes. L’expression « bootstrap », littéralement « se hisser en tirant sur ses bottes », se réfère à ce type de situation.
Le bootstrap se retrouve ainsi au coeur de toute dynamique autonome, toute activité qui s’auto- engendre, auto-consistante, fonctionnant en boucle fermée, indépendante de tout ce qui lui est extérieur. Il est à l’oeuvre dans tous processus scientifiques, phi- losophiques, artistiques...qui se créent, se façonnent réciproquement et s’enrichissent par le biais d’un jeu interactif entre l’oeuvre créée et son créateur. Ce dernier pourrait alors dire à l’instar de Montaigne à propos de ses « Essais »: « J’ai autant fait mon oeuvre qu’elle m’a faite »... et Marcel Conche ?
Que l’Univers lui-même puisse s’autocréer sans le recours à un quelconque « extérieur », d’ailleurs inexis- tant, traduit l’ouverture conceptuelle majeure qui bouleverse la physique d’aujourd’hui : la création d’une connivence indissociable entre le temps, l’espace, la matière et l’acteur essentiel, le « Vide Quantique ». C’est autour de ce dernier que s’articule un dialogue inattendu entre le contenant spatio-temporel et le contenu matériel de l’Univers : l’expansion de l’espace et son contenu matériel s’engendrent l’un l’autre dans un « bootstrap cosmologique » énergétiquement gratuit, une rétro-action géométrico-matérielle à l’échelle cosmologique : l’énergie gagnée par le contenu matériel créé étant intégralement puisée dans la géométrie dynamique de l’espace-temps. C’est elle qui, en retour trace les trajectoires des corps matériels et du rayonnement.
Les équations d’Einstein de la relativité générale représentent les contraintes mathématiques précises qui expriment les liens indissociables entre l’espace, le temps, la matière et ...le vide. Elles gèrent les rapports intimes qu’ils entretiennent au coeur des deux grands courants de la physique contemporaine, la relativité générale et la théorie quantique des champs. Elles décrivent une dynamique d’un genre nouveau, la rétroaction perma- nente entre le contenu de matière-énergie de l’univers et sa géométrie, situation sans précédent en physique.
Les questionnements essentiels, qui se posent au sein de ce cadre conceptuel, s’articulent autour de la manière dont l’expansion de l’espace-temps et son contenu matériel se conditionnent l’un l’autre. Autrement dit, comment ce contenu matériel quantique ressent-il cette expansion et, point capital, comment se comporte son état fondamental, par définition son état d’énergie minimale non nulle, le vide quantique ? Cette dynamique entrelacée se déroule sous la contrainte des équations d’Einstein semi-classiques : la géométrie de l’espace-temps y est décrite classiquement alors que son contenu matériel l’est quantiquement. L’expansion de l’espace produit sa propre énergie analogue à celle que produirait une source d’énergie extérieure, et crée ainsi son contenu matériel.
C’est comme si l’Univers possédait son extérieur énergétique en lui- même.
C’est pourquoi cette création, qui ne résulte que de transferts internes d’énergie, est ainsi globalement gratuite. C’est la stratégie la plus subtile jamais mise en oeuvre par l’univers, celle de son autocréation ! La mise au point de cette cosmologie autoconsistante, fut le fruit des travaux déployés par quelques physiciens (1,2,3,4) désireux de cerner le moment zéro de l’émer- gence physique de l’univers issu d’un vide quantique « primordial ». Celui-ci devient l’acteur central d’une histoire cosmologique semi-classique de l’univers. Ce vide quantique est par essence dépourvu de parti- cules réelles mais est le siège d’une mouvance irréduc- tible par principe, les fluctuations quantiques du vide, porteuses de l’énergie de ce niveau fondamental.
La création de particules au sein de ce vide, requiert un apport suffisant d’énergie à ces fluctuations pour qu’elles puissent se « matérialiser » et transporter alors l’équivalent énergétique de la masse de ces particules réelles ainsi créées. Dans ce contexte cosmologique, il n’y a pas d’« ailleurs » de l’univers d’où cette énergie pourrait être importée, semblant ainsi interdire a priori de telles créations.
Et pourtant, il nous est apparu (1,2,3,4) que l’univers en expansion est le seul système physique qui fasse exception : il contient en lui-même un réservoir énergé- tique dans lequel le champ peut puiser l’énergie qui lui convient. C’est dans un dialogue entre les fluctua- tions quantiques du champ matériel et la géométrie courbée de l’espace-temps qu’apparaît une forme inattendue d’énergie, celle qui est associée à l’expan- sion géométrique de l’univers, donc à la géométrie de l’espace-temps dynamique. Cette source géométrique d’énergie donne au vide quantique la possibilité de s’ex- primer cosmologiquement : l’expansion cosmologique de l’espace induit l’excitation du champ quantique, donc la création associée de particules matérielles. Cette matière ainsi créée rétroagit alors en conditionnant, à son tour, l’expansion qui lui a donné naissance... Extraordinaire serpent cosmologique qui se mord la queue ! Bel exemple de mécanisme de rétroaction régi par les équations d’Einstein. C’est une réponse surprenante et essentielle au questionnement relatif au pouvoir créateur du vide : ce processus de feedback géométrico-matériel peut en effet s’enclencher quel que soit l’état quantique initial du champ... même si c’est précisément son état de Vide.
L’existence préalable de matière n’est donc pas requise pour amorcer sa propre création. La totalité du contenu matériel de l’univers pourrait-il donc résulter de ce scénario autocréateur ? Si ce dernier est concep- tuellement attrayant, satisfait-il pour autant à toutes les contraintes de la théorie ? Autrement dit, est-il décrit par une solution des équations semi-classiques d’Einstein qui gèrent ce problème ?
Question conceptuellement excitante s’il en est.
Notre travail collectif (1,2,3,4) aboutit à une conclu- sion plus que satisfaisante : il existe bien une solution mathématique exacte qui décrit ce mécanisme cosmo- logique autoconsistant par lequel la matière, qui est entièrement produite par l’expansion, est précisément celle qui soutient cette expansion au sein d’un bootstrap géométrico-matériel. C’est un phénomène coopératif à l’échelle cosmologique, responsable de la produc- tion coordonnée du contenu matériel de l’univers et de son expansion : la matière créée par l’expansion en est également le moteur. Ce mécanisme coopératif de création souligne un rôle inattendu de l’espace-temps dynamique : le milieu matériel cosmologique s’engendre lui-même par espace-temps interposé́.
Cette prouesse cosmologique est donc énergétique- ment gratuite car elle ne résulte que de transferts internes d’énergie entre la géométrie et la matière, c’est donc un free lunch cosmologique.
Voilà comment le dialogue entre la relativité générale et la théorie quantique des champs pourrait ouvrir la voie à une histoire cosmologique d’un genre nouveau... l’émergence de l’univers à partir du vide quantique pri- mordial.
En dépit de la beauté formelle de ce mécanisme cosmologique autoconsistant exact, le physicien se doit de poser ici la question cruciale : cette solution mathé- matique a-t-elle des raisons physiques de se matériali- ser au coeur de ce vide quantique ?
La réponse positive à ce questionnement résulte d’une propriété ésotérique de ce milieu particulier : son éner- gie étant la plus basse des énergies compatibles avec les règles du jeu quantique, elle ne peut descendre sous ce seuil et ne peut ainsi que rester constante au cours de l’expansion, propriété étrange qui implique- rait que la pression du vide quantique serait négative et engendrerait par cela même un effet gravitationnel répulsif, une antigravitation. C’est elle qui induirait l’expansion et lancerait la création autoconsistante de matière. Un hypothétique vide quantique primordial soumis aux effets de son autogravitation répulsive ne pourrait dès lors que se transformer en un univers matériel en expansion...le nôtre?
L’histoire cosmologique de l’Univers ne résulterait pas de l’explosion mathématique, cataclysmique, infinie de Tout dans Rien, le Big Bang, mais émergerait physi- quement, sans fracas énergétique, d’une instabilité d’un vide quantique primordial soumis aux effets de son au- togravitation répulsive.
Cette propriété déterminante ouvre la voie à des his- toires cosmologiques inconcevables dans le cadre de la cosmologie einsteinienne classique : l’expansion de l’univers naissant est exponentiellement accélérée, sans commune mesure avec l’expansion décélérée du modèle cosmologique standard, c’est une inflation cosmologique. Cerise sur le gâteau : c’est elle qui éradiquerait un grand nombre de ses pathologies et énigmes.
Voilà mon cher Marcel Conche comment l’univers en expansion pourrait se faire naître lui-même. Il s’inspirerait ainsi du Dieu du « Livre des morts de l’Egypte ancienne » clamant : « Je me suis engendré moi-même à partir de la substance originelle que j’ai faite. »
1. R. Brout, F. Englert, E. Gunzig, « The Creation of the Universe as a Quantum Phenomenon, Ann. phys., 115, 78, 1978.
2. E. Gunzig, P. Nardone, « Self-Consistent Cosmology, The Inflationary Universe and all that... », Fund. Cosmic. Phys., 11, 311-443, 1987.
3. E. Gunzig, « Du vide à l’Univers », dans « Le Vide, Univers du Tout et du Rien », 467-486, Ed. Complexe ( Bruxelles, Paris), 1998.
4. E. Gunzig, « Variations sur un même ciel », Ed. la ville brûle (Paris), « Cyrano, le bootstrap et l’histoire cosmologique du vide », 249-266, 2012.
Ce petit travail n’aurait pas vu le jour sous cette forme sans le soutien de ma femme.
Merci Diane, Edgar.
JEAN-CLAUDE GROSSE
OPACITÉ/TRANSPARENCE
ENTRETIEN ENTRE UNE COSMOLOGISTE ET UN PHILOSOPHE
10 août 2013. Soirée (g)astronomie au gîte de Batère, 1 500 mètres d’altitude, à Corsavy. Ciel constellé. Pour observation après le repas.
Ont été invités Ada Lovelace, descendante de Lord Byron, 36 ans, cosmologue, génie du calcul intensif et Marceau Farge, fils de paysans corréziens, 91 ans, philosophe naturaliste d’une grande liberté d’esprit.
MARCEAU – Je me suis souvent demandé, Madame, ce que nous apportait la science: des certitudes valables un temps seulement, souvent contestées du temps même de leur prééminence, sur lesquelles s’appuient des volontés intéressées de maîtriser la nature et l’homme. N’est-ce pas ainsi qu’il faut voir la recherche acharnée des constantes universelles ?
ADA – Les quinze constantes physiques actuelles sont d’une précision et d’un équilibre qui nous ont rendu possible: matière, vie, conscience. Votre méditation métaphysique, cher Marceau, n’est qu’une spéculation solitaire sans vérifications. Les chercheurs avec leurs télescopes comme Hubble captent des lumières (la gamma, la X, l’ultraviolette, la visible, l’infrarouge, la radio) de plus en plus faibles provenant de l’univers (sans lumières, ils sont dans le noir). Voir faible c’est voir loin dans l’espace indéfini et tôt dans le temps immense. Nos tâtonnements lents, rigoureux, collectifs, débouchent sur un modèle d’univers cohérent et beau, en symbiose avec nous.
MARCEAU – La disproportion entre l’opacité et la clarté ne plaide-t-elle pas pour la méditation impatiente et quasi- aveugle sur l’opacité? Elle ne dérange pas l’ordre des choses étant sans volonté de puissance, sous-jacente au désir de savoir.
ADA – Vous provoquez là ! Votre métaphore n’a rien d’aveuglant. Nous, chercheurs, mettons en place des notions nous permettant d’éclairer l’opacité : hasard, chaos, inflation, singularité, fluctuation quantique. Nous voyons se multiplier les paradoxes qui mettent en difficulté nos modèles à contraintes et constantes
MARCEAU – la métaphysique a inventé des modèles depuis longtemps. Anaximandre, son infini, son germe universel, Héraclite, le feu comme principe de création, destruction, bien avant votre big bang, Démocrite, ses atomes, Épicure, le clinamen (une déviation, une mutation). La contemplation ouvre sur des visions développées en métaphores
ADA – vos métaphores métaphysiques, Marceau, sont figées. Nos paradoxes scientifiques sont dynamiques. Pensez aux effets du paradoxe EPR (1935) qui révèle qu’ici est identique à là (1998). Observer en 1998 que l’expansion de l’univers, décelée en 1929, est en accélération oblige à poser l’existence d’une énergie répulsive responsable de cette accélération: l’énergie noire. Les calculs intensifs, pétaflopiques, bientôt exaflopiques, que j’entreprends avec les calculateurs Ada et Turing sont réalisés pour tenter de la caractériser avant de la déceler.
MARCEAU – On a donné votre prénom à un calculateur pétaflopique ? (Elle rit.) Rien n’interdit ma méditation de se nourrir de vos calculs. Échange chiffres contre images. Pour évoquer la recherche de la vérité, j’imagine un archer tirant dans le noir. Où est la cible ?
ADA – Les constantes sont d’une telle précision qu’il faut que votre archer vise une cible d’un centimètre carré, placée aux confins de l’univers. Enlevez un 0 à 1035 et vous avez un univers vide, stérile.
MARCEAU – Savoir que nous sommes des poussières d’étoiles dans un univers anthropique, connaissances scientifiques du jour, enrichit ma pensée de la Nature, m’évite de m’égarer dans une théologie créationniste ou dans une métaphysique matérialiste, déterministe et réductionniste comme celle du Rêve de d’Alembert de Diderot
ADA – d’autant que nous distinguons deux sortes de matières, la matière lumineuse, visible, connue et la matière noire, jamais observée, inconnue, comme l’énergie noire
MARCEAU – si vous permettez que je vous appelle Ada, le noir, Ada, semble dominer en astrophysique
ADA – 73 % d’énergie noire, 23 % de matière noire, 4 % de matière ordinaire dont 0,5 % de matière lumineuse, telles sont les proportions proposées aujourd’hui pour l’Univers
MARCEAU – soit 0,5 % de clarté pour 99,5 % d’opacité. Le raccourci de la méditation sur le Tout de la Réalité me convient mieux que le long chemin sinueux de la connaissance parcellaire qui bute sur le mur de Planck.
ADA – Cela nous mène où, Marceau ?
MARCEAU – vous Ada à savoir presque tout sur presque rien, moi à voir la Nature comme infinie, éternelle, un ensemble ouvert, aléatoire, en perpétuelle création de mondes inédits, ordonnés, périssables, inconnaissables. Notre conversation par exemple n’était pas programmée bien qu’annoncée. Elle est inédite et restera unique. Parce que c’est vous, parce que c’est moi. L’infini ne s’épuise pas et ne se répète donc pas. Dans de telles conditions de créativité au hasard et d’inconnaissance de cette créativité, la seule attitude me semble être le respect de ce que je ne peux connaître complètement selon le théorème de Gödel de 1931.
ADA – Connaisseur à ce que j’entends. Le chemin de la connaissance scientifique est à l’opposé de votre raccourci méditatif sur le Tout. Il ne vise à expliquer que du détail, même aux dimensions de l’Univers. Il rend compte de ce qui existe par des lois et du chaos, facteur de créativité.
MARCEAU – Pourquoi ce détail, Ada, l’origine de l’Univers, plutôt que tel autre ? parce que la métaphysique vous attend aux confins. Expliquer par du nécessaire et du contingent n’empêche pas les trous noirs entre les différents domaines expliqués incomplètement.
ADA – Ce sont les visages troués de votre Nature.
MARCEAU – Je médite sur ces visages mais j’en vois les limites, Ada. L’Univers n’est pas la Nature. Vous vouliez un tableau fidèle. La Réalité vous impose le flou quantique.
ADA – Votre raccourci vous a demandé une vie pour déboucher sur une métaphore de dix lignes
MARCEAU – sur l’étonnement et l’émerveillement, chère Ada. Ce qui nous a construits par asymétries et découplages, des atomes primordiaux aux éléments chimiques, puis par code depuis LUCA, des gènes aux hémisphères cérébraux, si dissemblables, le droit (celui des images), le gauche (celui des calculs). Ce qui nous a conduits par les chemins sinueux de la causalité probabiliste, par les raccourcis de la liberté, à Corsavy, aujourd’hui, pour contempler la Beauté.
(Il plonge ses yeux rieurs dans les siens. Elle rit.)
La dernière génération d'Octobre / Benjamin Stora - Blog de Jean-Claude Grosse
La dernière génération d'Octobre Benjamin Stora Pluriel / Hachette Littératures Ce livre m'a été offert lors de mon court séjour pour Marilyn apr è s tout, à Lille, où j'ai rencontré des...
mon bilan de mes années trotskistes
68, et après / Benjamin Stora - Blog de Jean-Claude Grosse
couverture de 68, et après de Benjamin Stora Tous les jours, à 18h50 (heure de Paris), Patrick Simonin reçoit les personnalités qui font l'actualité sur TV5MONDE. Retrouvez toutes les émissio...
https://les4saisons.over-blog.com/2018/06/68-et-apres/benjamin-stora.html
les héritages égarés
Handala, personnage créé par Naji al-ali. Il est apparu pour la première fois en 1969 dans le journal koweitien Alsiyassa (La politique). C'est un petit garçon âgé de 10 ans, c'est l'âge qu'avait Naji lorsqu'il avait quitté la Palestine, pieds nus comme tous les enfants qui habitent les camps de réfugiés palestiniens. Handala est situé dans l'espace sans terrain d'appui car il est sans patrie.
spectacles en cours là-bas et ici - Blog de Jean-Claude Grosse
Comment un peintre toulonnais, Alain Le Cozannet, en son atelier du Mourillon, touché par la tragédie des victimes israéliennes du Hamas le 7 octobre et des victimes palestiniennes de Tsahal ...
https://les4saisons.over-blog.com/2023/10/spectacles-en-cours.html
Balades ardéchoises
Women 68 avec Luisa Gaillard Sanchez, Françoise Sourd, Line Wiblé / paru en 2017 dans MAMAE Meurtre Artistique Munitions Action Explosion (al dante)
Balades ardéchoises
Du samedi 25 novembre au mercredi 29 novembre
samedi 25 novembre, 19 H 30, à l'Atelier à Privas, 50 places
Women 68, même pas mort
" Ce sont des crazy women, des suffragettes émancipées, des « triplettes de Belleville » façon 68, elles chantent Frank Zappa et Janis Joplin. Toujours engagées, enragées, elles n’ont peur de rien et surtout pas des petits mâles dominants.
Elles racontent et chantent le mois de mai 68 à Clermont-Ferrand, avec la nécessité aujourd’hui de continuer à marcher, à avancer, à partager le souffle incoercible de la liberté ! «
3 comédiennes, 75, 67 et 65,
c'est drôle, profond,
une traversée dans 50 ans de féminisme, de condition des femmes, d’émancipation, de libération.
Il y a des moments où je me suis bidonné comme on dit,
par exemple, la séquence sur les pratiques tantriques
ou celle sur l'orgasme clitoridien à la Nina Hagen
Après spectacle, partage du repas, échanges avec Françoise Sourd et Luisa Gaillard Sanchez qui me parle de sa mère, elle a fait 15 ans de prison franquiste et en a laissé un témoignage
peut-être en serai-je l'éditeur ?
l'écriture de women 68 remonte à 2008, commande de Bruno Boussagol, Brut de Béton : les mémés rouges sont des hommes
en 2018, Nadège Prugnard met en scène women 68 à Montluçon avec Monique Brun, Marie-Do Fréval entre autres mémés rouges
la compagnie janvier et lipes, d'Ardècle, monte cet oratorio, j'ai lu gratterie, en 2023
je me suis dit: je verrais bien Katia, Sophia et Valérie créer cette gratterie, juste pour le plaisir de 50 personnes
depuis, il y a eu metoo et d'autres mouvements contre les féminicides, contre la justice patriarcale protégeant les pères incestueux en condamnant les mères protectrices, pour l'inscription du droit à l'avortement dans la Constitution...
Women 68 - Cie Brut de Béton - Nadège Prugnard
Conception et réalisation : Bruno Boussagol Texte : Nadège Prugnard Interprétation : Bruno Boussagol, Jean-Louis Debard, Pierre-Marius Court Look : Marie Caup Vidéo Clermont 1ere
version 2008
Women 68 Nadège Prugnard France 3 Auvergne
Reportage de France 3 Auvergne de Valérie Riffard et Baptiste Galmiche à propos de "Women 68 même pas mort" de Nadège Prugnard présenté au Théâtre des Ilets-CDN de Montluçon. Crédit photo...
version 2018
L'art affirme ce que l'homme a de meilleur : l'Espérance, la Foi, l'Amour, la Beauté, la Prière... Ce dont il rêve, ce en quoi il espère... L'artiste exprime l'instinct spirituel de l'humanité.
Andrei Tarkovski
avant le spectacle, montée et descente vers Balazuc, un des plus beaux villages de France, petite balade au bord de l'Ardèche, plantade, on change de vallée au retour, faut faire demi-tour
Bienvenue sur la Terre
Roger Lombardot (extrait)
Eh, oui, nous devons déjà partir. Nous avons rendez-vous à Marseille, au théâtre Toursky… Toursky, c’est le nom d’un poète : Alexandre Toursky, un russo-provençal né à Cannes en 1917, mort à Marseille en 1970. « De tous les poètes, vous êtes celui dont je voudrais avoir tout l’œuvre dans le cœur. » lui avait dit un jour Joë Bousquet, un autre poète originaire du midi de la France… Comme Léo Ferré, qui avait chanté pour la première fois au théâtre Toursky en 1971, à l’invitation de son directeur, Richard Martin. Un sacré bonhomme, celui-là, comédien et metteur en scène, qui avait eu le culot d’implanter un théâtre dans l’un des quartiers les plus pauvres d’Europe. Un lieu de culture et de fraternité qui existe toujours plus de cinquante ans après sa fondation. Chapeau bas, Richard, pour ton courage et ta persévérance ! L’amitié et le respect que Léo te portait étaient grandement mérités, toi qui as mis en scène avec tant de respect, de talent, de sincérité… les diverses facettes et nuances de son œuvre. Claude Frigara m’a confié que Léo avait écrit dans ton livre d’or cette très belle épigraphe à propos de ta ville : « Ô Marseille, ô Marseille, je te dirai un jour ce que tu as semé en moi : l’ardeur, le courage et l’accent de la Méditerranée, cette mer monstrueuse d’affection et de tendresse. »
C’est Gari Grèu, un membre du groupe Massilia Sound System qui m’avait reparlé de Richard et de ce fameux quartier de La Belle de mai, peuplé d’étrangers venus de partout à la suite des Italiens. Un quartier ouvrier comme il n’en existe plus guère… les ouvriers étant devenus de nos jours invisibles… Manuel nous entraîne vers le centre. Il connaît un peu Marseille… Noailles… et ses façades coloriées. On croirait marcher dans les pages d’un album de bandes dessinées. J’aime beaucoup.
Ça doit plaire aussi à Saïd, grand amateur de BD… et ami très cher, Marseillais à mi-temps, originaire de Largentière, où il exerce son deuxième mi-temps. Il a habité rue du Panier, dans le quartier du même nom, dit de Marseille que c’est la plus belle ville du monde parce que le monde entier y est représenté. Quand il y vient par le train, il s’attarde longuement sur l’esplanade de la gare Saint-Charles pour la regarder, la remettre dans son cœur, avant de s’y fondre… Gari venait de s’installer à Largentière, en Ardèche, et, tout naturellement, on avait décidé de travailler ensemble sur ce spectacle. Je lui avais demandé s’il accepterait d’ouvrir le bal avec cette chanson qui dit si bien Marseille et la Méditerranée et les senteurs et les couleurs et les accents du monde entier… On était en train de répéter la scène quand on avait appris le décès de Richard Martin, survenu le 16 octobre dernier. Ça nous avait plombés. Et puis, convaincus qu’il aurait aimé que le spectacle continue, on avait décidé de lui dédier ce morceau. Richard, ça te va !
Au marché du soleil/Gari Grèu
https://youtu.be/tMGfZ0Treak?si=pGHx_dPIIYvN3I5_
Il y a de l’or en barre, du bronze et de l’argent, L’écho d’une guitare, des fontaines d’Orient, On y va promener, sous la vieille sono, Elle joue parfois Bob Marley, il fait toujours beau. Tu verrais la joncaille, les perles et les diamants, Des sourires en pagaille, un peu tous les accents. Ça sent le poulet frit sous la vieille sono, Elle joue parfois du Chaabi, il fait toujours beau. Viens avec moi au Marché du Soleil, Près de la mosquée de Marseille Dans ses ruelles, on se dépêche pour acheter Viens avec moi au Marché du Soleil On y déniche des merveilles, Mais les plus belles, pour les avoir faut se dépêcher On vient de tous côtés de la Méditerranée Tout le monde est occupé, tout le monde est employé Tout le monde est affairé, ceux qui viennent biznesser Et qui vont retraverser, recomptent les paquets Les bateaux remplis de toutes ces denrées Bientôt les cales seront pleines à craquer Quand la côte phocéenne se sera éloignée Les boutiques du marché seront déjà fermées. Du vrai cagnard d’Afrique, il y en a à foison De l’arc-en-ciel magique, du rouge du Japon Viens prendre le kawa sous la vieille sono, Elle joue parfois Massilia, il fait toujours beau. On y vient pour voyager, on y vient pour palabrer On y vient pour se rencontrer, pour occuper sa journée On y vient pour respirer, on y vient pour échanger On y vient sans se presser, on prend le temps pour savourer Aujourd’hui les Marseillais de toutes communautés, Ont besoin d’espaces pour se rencontrer. Si on voulait vraiment embellir notre cité Il faudrait un Marché du Soleil dans chaque quartier. Ò vòli veire, Veire lusir l’estèla, Ausir lo vent Calinhar ambé la vèla. Ò vòli córrer, m’encargar de meravilhas, M’entornar fièr sus lo camin de Marselha. Ò vòli anar Cavaucant sus leis èrsas. Sentir lo vent Quand lo monde s’enversa. O vòli córrer, tenir la mar per familha, M’entornar fièr vèrs lei filhas de Marselha.
UN JOUEUR (texte datant de 2003, il y a 20 ans)
Il a 56 ans. Pour lui, la vie, sa vie doit être créatrice. L’art lui est essentiel. Celui des autres. Génies de la musique, de la peinture, de l’architecture. Celui qu’il cultive : l’art du théâtre, de la mise en scène.
Il a réussi à faire jouer au sommet du Mont Blanc par orchestre et chœur et pianiste à son piano, la IXe symphonie de Beethoven, pour les montagnes et sans mélomanes.
En pleine guerre de Bosnie, il a organisé des convois humanitaires formés de musiciens qui offraient dans des caves des soirées musicales à des Bosniaques réunis par le bouche à oreille au nez des miliciens Serbes.
Il a organisé un spectacle gratuit Le Voyage de six heures pour une spectatrice, parcours artistique de 60 km conduisant la spectatrice d’une grange à ciel ouvert avec un pianiste jouant Schubert à une chapelle avec une soprano, d’un café plein d’ivrognes-poètes à un château où mille roses l’attendaient sur la pelouse. Ce spectacle, cher, n’a eu qu’une représentation.
Il peut donner rendez-vous à sa femme à onze heures du soir à Vallon Pont d’Arc. À cette heure il n’y a plus personne. Et sous l’arche naturelle, il a préparé un souper aux chandelles et au champagne pour eux deux.
Il peut mobiliser des amis artistes, en leur faisant croire que c’est l’anniversaire de sa femme et celle-ci, dans un parcours inattendu, se voit offrir un joyeux anniversaire qui la fait rire aux étoiles ainsi que les amis, dupes indulgentes d’un joueur amoureux.
Il a obtenu de visiter la grotte Chauvet en compagnie de son découvreur.
Voici donc un artiste descendu dans cette grotte découverte en 1994 et où se trouvent les plus anciennes peintures pariétales connues à ce jour : 36 000 ans. Il a fait de son rêve, une réalité et une œuvre : un monogue de femme, hommage théâtral à la grotte Chauvet : La Rose. Dont il a fait un spectacle présenté vingt-cinq fois dans le théâtre de 50 places qu’il a construit chez lui, dans l'ancienne cave à vin. C’était plein tous les soirs !
Ce joueur s’appelle Roger Lombardot.
Pour une école du gai savoir, page 246
dernière, le dimanche 26 novembre 2023
dès le jeudi 30 novembre 2023
J’ai attaqué hier les premières répétitions de L’expérience humaine qui sera créée le 17 mars 2024 à la Ferme familiale de Gustave Courbet, à Flagey dans le Doubs, faisant partie du Pôle Courbet qui comprend le musée, l’atelier du peintre et la ferme aménagée en lieu de spectacle.
Partant de L’Origine du monde, m’appuyant sur une cinquantaine de toiles de maîtres, je reviens sur mon parcours de vie et sur les événements du monde qui l’ont jalonné. Mais cette fois je ne serai pas sur scène, c’est mon personnage qui prendra ma place. Ce personnage de femme que tu connais bien qui hante la plupart de mes pièces. Arrive le moment où il faut s’incliner et reconnaître avec José Saramago que le personnage est le maître et l’auteur son apprenti.
Roger Lombardot, mail du 1° décembre 2023, 10 H 50
La mémoire et la mer / Léo Ferré - bric à bracs d'ailleurs et d'ici
l'album de 70 et Léo Ferré en 70 chantant la mémoire et la mer / partitions de Léo Ferré, exposées à Beaune pour les 100 ans La mémoire et la mer par Léo Ferré La marée, je l'ai dans le ...
https://www.bricabracs.fr/2023/10/la-memoire-et-la-mer/leo-ferre.html
de la mémoire et la mer à bienvenue sur la terre
L'Origine du monde/ Le Jardin d'épices/ Le Jardin des Délices - Blog de Jean-Claude Grosse
allez, je sors du purgatoire cet article du 27 janvier 2009, écrit 7 ans après la création de Père de Strindberg au Gymnase à Marseille le 22 février 2002, il y est question du Jardin des dé...
il y est question du Jardin des délices de Bosch, de l'Origine du monde de Courbet; j'ai rajouté des photos de Orlan (l'origine de la guerre, le baiser de l'artiste) et de Deborah de Robertis (le miroir de l'origine) et une captation de la rencontre entre Marina Abramovic et Ulay au MoMa en 2010; voilà de quoi inspirer les couples séparés
Lombardot, chantre du monde et artiste de l'humain
Ardèche. Théâtre : Roger Lombardot dit l'urgence de révéler "Le Nouveau monde"
Dans sa dernière création intitulée "Le Nouveau monde", l'auteur de théâtre, metteur en scène et interprète Roger Lombardot porte un regard sur cette période inimaginable que nous traverson...
3'39" de Nouveau Monde selon Lombardot après le confinement de la planète suite à la Covid 19, spectacle joué à Alba le Romaine / hasard ? Le Nouveau Monde est aussi le titre d'un spectacle de Gilles Cailleau
Rencontre Un endroit où aller Roger Lombardot
Rencontre en ligne Un endroit où aller du 29/09/2020 avec Roger Lombardot. Rencontre Spéciale Théâtre avec cet auteur metteur en scène à l'occasion de la naissance de sa pièce Le Nouveau Mon...
lecture de Ma rencontre avec Danyèl Waro
et la découverte du maloya, le blues de La Réunion
Musicien incandescent et poète engagé, Danyèl Waro s'est emparé du créole réunionnais, une langue longtemps méprisée, pour la faire chanter, exulter. Son maloya, véritable blues de la Réu...
https://www.arte.tv/fr/videos/116292-001-A/a-la-reunion-le-blues-creole-de-danyel-waro/
documenatire d'invitation au voyage d'Arte
"Ma rencontre avec Danyèl Waro" : une lecture théâtralisée de son œuvre par Roger Lombardot, dessinée en direct par Sébastien Sailly et accompagnée sur...
https://www.facebook.com/LaCiteDesArts/videos/1305246796626157/
“Ma rencontre avec Danyèl Waro” : une lecture théâtralisée de son œuvre par Roger Lombardot, dessinée en direct par Sébastien Sailly et accompagnée sur scène par Danyèl Waro et son maloya… une rencontre de l’histoire et la culture réunionnaises avec trois arts pour un spectacle unique !
"Un an dans la forêt", l'histoire de Blaise Cendrars et Elisabeth Prévost par François Sureau
Une autrice, un auteur, relate une rencontre entre deux personnages, réels ou imaginaires. Quand le hasard produit des rencontres décisive. Aujourd'hui, c'est François Sureau et Blaise Cendrars
magnifique brève rencontre, je vous invite à écouter ces 36'25"
Pierre Louis-Calixte - Molière-matériau(x) - QC ! s02e27
Cette semaine Béline Dolat reçoit notre sociétaire Pierre Louis-Calixte. Ils nous parlent de son Singulis seul-en-scène " Molière-matériau(x) " qui se jouera du 6 au 24 avril au Studio-Théâ...
à écouter avant de voir le seul en scène, le singulis du 14 au 17 décembre à l'Atelier à Privas, 50 places en présence de Pierre Louis-Calixte
dossier de presse de Good bye Julia
GOODBYE JULIA - Festival de Cannes
À la veille de la division du Soudan, Mona, ex-chanteuse nord-soudanaise, cherche à se racheter d'avoir accidentellement causé la mort d'un homme
film remarquable, très actuel par les thématiques abordées, justesse des propos et des interprètes / hélas, on ne verra pas beaucoup ce film / nous étions 3 à la dernière au LUX à Valence
l'exposition de la compagnie Stereoptik au LUX
captation vidéo de l'orgue de barbarie détourné par la compagnie Stereoptik, exposition à la scène nationale des arts visuels LUX à Valence
Armand Gatti
BIBLIOTHÈQUE ARMAND GATTI, LA SEYNE-SUR-MER PAOLO GASPARINI / ARMAND GATTI 26 JANVIER – AVRIL 2024 VERNISSAGE 26 JANVIER 2024
Un poète et un photographe se retrouvent dans ce livre : Armand Gatti et Paolo Gasparini. De leur rencontre à Cuba en 1962 au moment du Débarquement de la Baie des Cochons, naitra plus qu’une complicité, un dialogue. Je me suis demandé comment ce lien avait pu durer jusqu’à la mort de Gatti. Rien n’est simple...
Au matin du 31 août, des affiches signées d'un mystérieux groupement " père duchêne " ont recouvert la vitrine du café-librairie Michèle Firk et ainsi apporté quelques éclaircissements tou...
la parole errante aujourd'hui
Armand Gatti | Grands Entretiens Patrimoniaux - Ina.fr
Entretien avec Armand Gatti - Collection en-scènes
4 H d'entretien remontant à 1994
Mon théâtre, mes films, qu'est-ce que c'est ?
Dix-sept idéogrammes. Pas plus. Ils voulaient dire : même faibles comme la flamme d'une bougie, il nous faut brûler jusqu'à la dernière goutte. Même (...)
février 1992 Donner la parole aux exclus du langage
El Otro Cristobal Armand Gatti, 1963, Cuba, 1h48, 35mm, noir et blanc, en VOstFR Le dictateur Anastasio tente de renverser le dieu Olofi, chef suprême du ciel. Mais un prisonnier politique ...
sur Cuba, interview d'un universitaire durée 1 H 15 en quête de cinéma avec Syvain Dreyer ou de Gérard Philipe 1° à aller à Cuba à Gatti en passant par Sartre
19 avril 2018, projection-débat de el oltro cristobal / du mardi 17 avril 2018, 20:30 au dimanche 22 avril 2018, 23:00, au vidéodrome 2 et au Gyptis à Marseille / Dans le cadre de la Biennale des écritures du réel / programme hommage imaginé et réalisé par Le Théâtre La Cité, le Videodrome 2, le cinéma Le Gyptis, Philippe Foulquié, Primitivi, le GMEM, Radio Grenouille, ÉRACM, Alphabetville. En collaboration avec Jean-Jacques Hocquard et Stéphane Gatti
Armand Gatti : université européenne de création
Eté 2010, Armand Gatti en Corrèze pour son université européenne de création. Première journée, première rencontre pour une trentaine de jeunes stagiaires
en 2010
dans le maquis de la Berbeyrolle en 2020
Dans un camp de concentration, deux commandants nazis font un pari pervers : enfermer deux prisonniers dans un enclos de fils barbelés en promettant la vie sauve à celui qui tuera l'autre avant l...
https://www.fondationshoah.org/memoire/lenclos-darmand-gatti
1961
A Cannes, le réalisateur et écrivain Armand Gatti parle de son film "El otro Cristobal", tourné à Cuba.
https://www.rts.ch/archives/tv/culture/cinema-et-ses-hommes/8526474-armand-gatti.html
1963
Armand Gatti "Passion du général Franco" | INA
Présentation de la pièce de théâtre d'Arman GATTI, "La passion selon le Général Franco" représentée en 1976 dans l'entrepôt Ney-Calberson à Paris.Dans une interview, le metteur en scène ...
https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/caa7600484301/armand-gatti-passion-du-general-franco
1976
Irlande : terre promise / Hélène Chatelain, réal. ; Hélène Chatelain, voix ; Armand Gatti, participant -- 1982 -- video
1982
Résumé
Quatre mille pages, quarante-cinq pièces : l’oeuvre d’Armand Gatti, homme de théâtre et écrivain, est hantée par l’expérience des camps et des maquis (d’abord celui de 40-45 bien sûr, mais aussi ceux du Guatemala, de l’Irlande du Nord et des banlieues d’ici). Hantée par le Verbe aussi, arme de résistance et de révolution. Ses mises en scène ? Jamais dans un théâtre classique, toujours dans des lieux dérangeants, habités, urbains (cités, prisons, usines). Ses spectacles ? Jamais payants, toujours avec banquets d’anarchistes. Jamais répétés, encore moins ressassés, toujours créations uniques. Ils s’étirent sur trois jours et se dispersent parfois même partout, parmi les figures de pierres. Armand Gatti n’est pas seul, bien sûr. Jean-Jacques Hocquart, Gilles Durupt, Hélène Chatelain, Stéphane Gatti, l’accompagnent depuis fort longtemps dans sa guérilla urbaine. Depuis quinze ans, de Toulouse à Marseille, de Fleury-Mérogis à Avignon, ils opèrent dans les villes ensemble. C’est ainsi, qu’à partir d’un lieu dont ils font leur base, ils vont chercher et tirent à eux tous les laissés pour compte avec lesquels ils vont fomenter leurs spectacles.
Gatti dans son bureau à Montreuil le 26/1/2004 et le bureau le 24/8/2023; la maison de Gatti à Montreuil deviendra-t-elle en 2024 pour le centenaire maison des Illustres ?
La rébellion zapatiste, prenant ses distances à l ’égard des doctrines de Lénine ou de Che Guevara, ouvre la voie à une autre pensée révolutionnaire. Son but n’est pas de prendre le pouvoir, mais de construire un monde où il y ait place pour de nombreux mondes ; son combat pour la justice sociale et la dignité partagée, qui se déploie dans l’expérience de l’autonomie, s’adresse à tous ceux qui résistent à l’ordre néolibéral.
Étude approfondie des idées et des valeurs du zapatisme, ce livre met aussi en perspective les apports et les stratégies d’un mouvement qui continue d’être une source d’inspiration bien au-delà du Mexique, rencontrant un vif écho auprès d’intellectuels et d’activistes du monde entier. Parution 2 janvier 2019
Prix de la pièce de théâtre Armand Gatti
Organisé par la bibliothèque de théâtre Armand Gatti et l'Inspection académique du Var (Rectorat de Nice), ce prix soutenu par la DRAC et créé en 2003 par la compagnie Orpheon, vise à promo...
2023
Ivan Illich : "L'école enseigne à l'enfant qu'il doit être inévitablement classé par un bureaucrate"
L'école obligatoire, la scolarité prolongée, la course aux diplômes, autant de faux progrès qui consistent à produire des élèves dociles, prêts à consommer des programmes préparés par l...
un entretien datant de 1972 le poème final, à 28'50, indien, très ancien, aztèque du néolithique, dit par Illich, magistral, est magnifique
Ivan Illich - Un certain regard
Ivan Illich, mythologie occidentale et critique du "capitalisme des biens non tangibles". Entretien en français avec Jean Marie Domenach dans la série "Un certain regard" - 19/03/1972 ...
poème aztèque dit par Ivan Illich à 49'50"
Vassili Golovanov / Vélimir Klebnikov / Andréï Platonov
Le 4 août 2008 dans le cadre du banquet "Le Monde existe-t-il ?", Jacques Bonnaffé lit Vasiliĭ Golovanov " Eloge des voyages insensés "
à Lagrasse au banquet du livre en 2008
Vassili Golovanov : Le livre de la Caspienne - En attendant Nadeau
Récit d'un voyage en Azerbaïdjan, Le livre de la Caspienne est le dernier livre de Vassili Golovanov (1960-2021).
https://www.en-attendant-nadeau.fr/2023/09/09/vassili-golovanov-livre-caspienne/
article du 9 septembre 2023
D.K. qui m'a fait découvrir Khebnikov, lisant Zanguezi au parc du Mugel à La Ciotat Poésie dans l'arbre, une initiative portée par Jacqueline Dussol, cela se passa en août 2011
Le poète russe Velimir Khlebnikov est né en 1885 sur les rives du delta de la Volga, où se croisent le fleuve et la mer Caspienne. Mêlant les mots et les mathématiques dans ses écrits pour te...
https://www.arte.tv/fr/videos/106673-001-A/la-volga-poetique-de-velimir-khlebnikov/
Du 23/11/2021 au 23/11/2023, documentaire remarquable où on voit le mont Bogdo, le delta
In the Deathcar est la chanson du générique d'introduction du film d'Emir Kusturica Arizona Dream. Écrite par Iggy Pop, elle est interprétée d'une voix lugubre par le chanteur punk sur une musique plagiée.
Le générique de fin reprend sous le titre This Is a Film la même musique avec un chœur et des paroles, non chantées, d'Emir Kusturica.
Le poème, écrit par Iggy Pop, évoque, sur le thème du post coïtum animal triste, différentes scènes métaphoriques du film récurrentes dans l'œuvre de Kusturica : l'aboiement du chien fidèle, la vie conçue comme un accident, l'amour à plus d'âge, la vie plus vraie vécue par les personnages de cinéma, la civilisation de la voiture comme un emportement illusoire... Son refrain « Dans la voiture de mort, nous sommes en vie » exprime la philosophie calderonienne, développée dans le film, d'une vie qui n'est faite que d'illusions mais d'un désir qui se perpétue au-delà de la mort.
Les paroles, écrites par Emir Kusturica, reprennent les mots d'Andrei Platonov dans son roman Tchevengour, « Il voudrait montrer à Zakhar Pavlovitch les yeux d'un poisson mort et lui dire, Regarde, là est la sagesse! Le poisson se tient entre la vie et la mort, et c'est pour cela qu'il reste muet et impassible. Je veux dire, que même un veau pense, mais un poisson, non. Il sait déjà tout. ».
Le titre initialement envisagé pour « ce film » était en effet La Valse du turbot
Vers les confins / Rezvani
"Le testament amoureux" de Serge Rezvani : un podcast à écouter en ligne | France Culture
Le bruit du temps se fait entendre - la Révolution Russe, la Seconde Guerre mondiale, mai-68 -, tandis que Serge Rezvani s'emploie à sauver la beauté.
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-le-testament-amoureux-de-serge-rezvani
passionnantes lectures
Vers les confins - Serge Rezvani
Critiques, citations, extraits de Vers les confins de Serge Rezvani.
https://www.babelio.com/livres/Rezvani-Vers-les-confins/1334845
sur babelio
Après reprise du dernier chapitre de La traversée des Monts noirs, et deux jours et une nuit dans le tunnel passant dans les Monts noirs, on prend un convoi de camions militaires en route pour le...
https://blogs.mediapart.fr/grossejean-claude/blog/140823/vers-les-confins-rezvani
sur ma page mediapart
Rezvani retour en Avignon, Serge Rezvani en Avignon avec France Culture, le 14 juillet dans les jardins du Musée Calvet
"Serge Rezvani : joyeux retour en Avignon"
Une soirée musicale avec Serge Rezvani, où sera notamment interprétée sa nouvelle composition Pour une Marseillaise amie, qui complète notre hymne national avec les questionnements d'aujourd'hui.
La Traversée des Monts Noirs
supplément au Rêve de d'Alembert
de Serge Rezvani
(Belles Lettres 2012)
voilà un roman d'une densité telle qu'il faut une grande attention et concentration pour ne pas s'égarer, lu dans l’édition de 1992 chez Stock, disponible en 2012 aux Belles Lettres
un roman dialogué ou plutôt monologué par des personnages divers qui parfois se coupent, se contredisent, s'affrontent, se comprennent, partagent mais l'essentiel est ce qu'ils assènent à coups d'arguments affutés sur des sujets divers qui leur tiennent à coeur ou sur leurs sentiments, leurs relations ; rien de superficiel dans ces échanges et ces confidences ; on admet sans méfiance particulière malgré les mises en garde sur un tel ou un tel qu’il s’agit d’une mise à nu sincère des différents protagonistes d’une histoire d’amours sur fond d’une histoire de dominations et de migrations ; on est amené à les croire même si les versions sont multiples, les subjectivités étant en jeu
ces monologues-dialogues ont pour témoin un Français qui ne dit pas un mot de tout le roman mais nous décrit en didascalies les péripéties, déplacements, arrêts, les lieux, les moments ; lui se déplace assez peu, le train, le planétarium ; les confidents ne cessent d'être en différents points du globe (en monologues) mais principalement Pologne, Russie, Israël ; ces confidents l'ont adopté pour la raison qu'ils croient qu'il ne comprend pas le russe ; ils parlent devant lui, le prenant à témoin (donc nous, lecteurs), lui parlant parfois en français, parfois en anglais, ne lui demandant jamais son avis ; cette avalanche de discours en 3 langues est paradoxalement écrite dans une seule langue, la française ce qui rend d'autant plus savoureux les remarques de nature linguistique sur le russe mais aussi le français : noirs = rions ou autre palyndrome : roc cornu pour parler des Monts Noirs
les personnages sont essentiellement des scientifiques, la majorité d'origine juive ; il y a une femme, la dernière juive polonaise, fauvette, hantée par le cimetière de ses ancêtres de la « juiverie » impossible à retrouver sauf peut-être sous un roncier qu’elle fait brûler pour ramener les cendres en Israël, l'homme des fauvettes dit le professeur, Sterne, le dernier descendant polonais des comtes pendeurs qui ont parqué si longtemps en bas de leur château la « juiverie », un jeune mathématicien, Math, un vieil entomologiste, un neuro-ornithologue et un arpenteur sans arpents, sans doute palestinien ; n'apparaît jamais mais est évoqué, un enquêteur des lointains districts qui enquête sur des crimes très archaïques
ces scientifiques sont des virtuoses de la logique et quand on dit d'une logique qu'elle est diabolique, on en a l'illustration à longueur de pages avec une insistance à donner le tournis car chacun insiste, reprend, ressasse ; sont-ils pris au piège de la raison, du raisonnement ? sont-ils pris au piège de l'expérimentation aussi ? Car fauvette, le professeur, l'entomologiste, Math, Sterne, le neurologue dit le docteur sont des expérimentateurs et observateurs d'espèces de toutes sortes, oiseaux, insectes, mais aussi de leurs comportements pris dans l’engrenage de l’histoire perpétuelle de la domination (comment se comporte un dominant ? comment se comporte une dominée ? qu’en est-il du dominé quand il se transforme en dominant ?)
je suis incapable de dire si ce qui est raconté sur le plan scientifique (et qui est sidérant souvent) repose sur la réalité ou si l'auteur nous mène en bateau ; en tout cas, pour moi, cet univers de scientifiques est un univers de malades, ils ont la maladie des symposiums où tout est vide avec sérieux, ils ont la maladie de savoir et cela les rend extrêmement manipulateurs, tortionnaires justifiés aussi ; les scientifiques ne sortent pas grandis de ce roman (à part l’étonnement qu’on peut avoir devant leurs découvertes) d'autant que les échappées métaphysiques déduites de ces expérimentations se ramènent à peu de choses ; tout est dans l'inné, mécaniquement reproduit d'où l'immobilité sous l'apparence du mouvement, ça revient toujours, ça revient toujours au même, palingénésie
ce roman, sans doute bien documenté scientifiquement, date de 1992 ; 20 ans, cela suffit à le rendre en partie obsolète de ce point de vue ; les découvertes des dernières années en cosmologie mettent à mal la stabilité et même le chaos n'est plus le meilleur moyen de rendre compte de ce qui se passe et qui est dans ce que l'on pourrait appeler la créativité de la Nature pour un métaphysicien et les étonnants pouvoirs du vide quantique pour un cosmologiste ; les univers naissent du vide quantique, se déploient, vieillissent, meurent, redeviennent vide quantique pendant qu'ailleurs de nouveaux univers surgissent ; les considérations sur la matière noire ne sont plus aussi pertinents ; avec la métaphysique naturaliste de Marcel Conche, on aurait un roman moins noir ; la nature des Monts Noirs est chaotique, effrayante, elle est métaphorisée comme les autres lieux, la Pologne du dégel, de la boue, le désert israélien ; cette nature hostile, à traverser, où séjourner, est propice aux désirs d’envol, de départ des oiseaux migrateurs comme des éternels migrants, sans arpents, propice aussi aux nostalgies de retour des mêmes oiseaux, des mêmes migrants ; les scientifiques, fauvette en tête, agissent sur l’inné des oiseaux avec leur planétarium au ciel mobile faisant croire aux fauvettes qu’elles ont voyagé jusqu’en Israël et voici qu’une fauvette pond dans les Monts Noirs croyant être en Israël ; la duperie a fonctionné, la simulation du voyage immobile puisque seul le dôme a tourné ; que peut-on prouver ainsi ? que veut-on prouver ainsi ? à moins qu’il ne s’agisse d’humour avec de gros moyens financiers tout de même (noirs = rions); à moins qu'il ne s'agisse d'appliquer ces déductions d'observations aux hommes aussi ?
là où ce roman apporte beaucoup c'est sur la relation dominant-dominé, sur la dangerosité ou non de la symétrie (rendre à l'autre ce qu'il nous donne, lui reprendre ce qu'il s'est indûment approprié) ; les pages sur le crime de Sterne, écrasant un enfant palestinien de l’intifada avec ses pierres et son cocktail molotov, crime transformé en accident par Israël, crime insupportable pour fauvette qui était dans la voiture au moment des faits … montrent la complexité de la situation en Palestine avec les jeunes en guerre (sous chaque pierre, un couteau), en Israël avec les anciens comme l’entomologiste, venus de nulle part, les sans arpents de toujours et les jeunes comme Math, nés là, faisant des palestiniens les nouveaux sans arpents
évidemment, fauvette, la dernière juive de Pologne, travaillant dans les Monts Noirs, traquée avec son consentement par le dernier comte pendeur est le nœud du roman ; quatre hommes comme pour les fauvettes, quatre mâles pour une femelle, quatre hommes donc tournent autour d'elle qui va de l'un à l'autre sauf le professeur, pour finalement préférer le frère déclaré de l'enfant tué ; le roman se termine sans doute sur la mort de Sterne, tué par l'arpenteur, qui avait annoncé à Sterne que ça finirait par son assassinat, symétrie !
tout ce qui concerne ce crime de l’enfant et d’autres crimes similaires (celui d’un enfant juif poignardé par un enfant palestinien lequel est immédiatement lynché par les israéliens), avec références à l’actualité (propos d’un premier ministre nommant « animaux bipèdes » les enragés palestiniens, propos d’un Nobel de la paix israélien, propos de Leibowitz), révèle l’implication de Rezvani qui à travers les points de vue de ses personnages et leurs attitudes (fauvette va jusqu’au village de l’enfant écrasé au prix de sa vie) semble ne pas croire à une solution de paix possible. 20 ans après, ce qu'écrit Rezvani n'est pas obsolète. On en est au même point, pire peut-être, effets ravageurs de la symétrie ! Ce pessimisme (cette lucidité) me semble en lien avec la métaphysique sous-jacente aux développements scientifiques comme à la fin, celui consacré aux affinités répulsives, qu’on retrouve dans Isola Piccola :
« Mais savez-vous que c'est par une infinie répulsion que se tient en place l'univers ? En mathématique comme en chimie ou en physique l'élément d'affinité répulsive sert en quelque sorte de liant. Les affinités répulsives fondent la chimie, la biochimie, la physique nucléaire... et aussi le sexe ! L'univers ne tient ensemble que par le jeu des affinités répulsives. Nous-mêmes ne sommes que des charges électriques dont les phases ne cessent de s'inverser. Cette électricité déphasée, ces pertes et ces retours de tension font de l'univers une curiosité. Sans la folie des flux électriques répulsifs, l'univers ne serait pas cette curiosité qui maintient nos propres flux électriques en éveil. Nous crèverions d'ennui si nous n'étions non seulement plongés dans le chaos mais nous-mêmes chaos. Aucun de nous n'éprouve envers l'Autre ce qu'on nomme naïvement du sentiment... ou si vous préférez une affinité stable. » Isola Piccola
Évidemment, cette dernière affirmation est contredite par les 50 ans d'amour de Rezvani pour Lula et réciproquement et par l'Ultime amour
Jean-Claude Grosse, le 16 avril 2012
Fin d'après-midi et soirée du 8 août, je décide de me plonger dans Vers les confins de Serge Rezvani, dont j'ai lu La traversée des Monts noirs. Énorme et agréable surprise.
Ce roman foisonnant correspond à ce sur quoi je travaille en rendant compte de mes lectures de revues. Humour ravageur, dommage que je sois seul, je ne peux partager mes rires. Roman dont j'ai déjà lu un tiers. les livres I et II sur 4 livres. Après reprise du dernier chapitre de La traversée des Monts noirs, et deux jours et une nuit dans le tunnel passant dans les Monts noirs, on prend un convoi de camions militaires en route pour les Confins, désert sans fin où vivent les Esséniens, les descendants de la Bible d'avant sa défiguration par le Nouveau Testament.
Si avec la revue Front populaire, ça déboulonne, avec ce roman, on atteint l'apothéose des déboulonnages, où Spartacus précède de 70 ans, le Christ, où la doctoresse et la mathématicienne sont les seules femmes du voyage d'élucidation des crimes commis dans les Confins, les autres personnages s'appelant l'ami français, l'enquêteur du district, le criminologue, le chercheur en philosophies oubliés, où la philosophe du deuxième sexe n'est pas nommée mais déconstruite... Bref, un régal.
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deux extraits par la doctoresse, Déborah
« – Oui, je veux dire que la Vie est sans pensée, elle ! Sans programme, elle ! Que la Vie va s’épanouir là où se trouvent dans la Nature des interstices qui lui sont favorables. Elle s’improvise Vie ! Sans savoir qu’elle est Vie ! Voyez l’Australie. À peine s’était-elle détachée des autres continents qu’en quelques millions d’années elle invente les marsupiaux. N’est-ce pas sublime d’imaginer, avec notre étrange cerveau spécifiquement humain, que l’Univers se peuple à l’infini d’une Vie aveugle, sans conscience et à la fois de la même violence inventive que le Feu, lui aussi aveugle et sans conscience, des Mondes en fusion ? Que la Vie et le Feu cohabitent à l’infini dans l’Univers comme cohabitent Vie et Mort ? N’a-t-on pas découvert dans les abysses des mers les plus profondes – là où les feux telluriques jaillis du magma terrestre luttent avec l’eau – non seulement des particules de vie mais d’étranges amalgames de cellules formant des corps composés, munis d’étranges griffes et de crochets, capables de supporter des chaleurs proches de l’ébullition ?
Quand nous eûmes roulé un moment en silence, elle avait ajouté :
– La Vie ne connaît aucun obstacle. Et même quand je mets en garde ces bergers dont nous parlions tout à l’heure, à propos de la radioactivité des métaux qu’ils arrachent aux carcasses des grandes épaves ensablées, je sais qu’à l’échelle des générations, l’espèce humaine, le jour où elle sera atomisée, comme ces espèces animales ou végétales qui survivent et prolifèrent en dépit de tout autour des centrales nucléaires dévastées, oui l’espèce humaine même si elle est défigurée, même si elle est méconnaissable, je dis bien l’espèce humaine revenue s’il le faut à son animalité la plus primitive qui n’est que Vie sans figure humaine, s’arrangera pour survivre coûte que coûte en se réinventant autre par tâtonnements successifs. » (pages 102-103)
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évidemment, je constate la coïncidence d'inspiration avec un poème écrit en juillet et que j'ai mis en voix (5'45"), non partagé
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Metamorphosis
Cosmogonie orgasmique
Somnolent dans le fauteuil Louis-Philippe,
une image te vient :
La Terre et ses milliers de bouches éruptives,
ses milliers de vulves-geysers,
la Terre ronde est ronde
de toutes les grossesses animales et humaines,
de toutes les germinations florales et végétales,
de toutes les minéralisations calcaires et granitiques.
La Terre est la porteuse, l’accoucheuse
de tout ce qui naît, de tout ce qui prend corps.
Le corps, les corps, encore et encore.
Incarnations en chairs et en os,
en racines et cimes,
en strates et sédiments.
Et tu te vis, foetus en position foetale, dans le ventre-terre.
Du ventre-mer, du ventre-mère
tu es passé au ventre-terre, au ventre-univers
........................
Tu as inspiré l’air du Large.
Tu es monté dans la pirogue du Fleuve.
Tu as été fécondé par les abeilles de l’Amour.
Tu accueilles, tu recueilles, tu donnes, tu offres.
Tu ne tries pas, tu ne juges pas, tu n’opposes pas.
Ce qui advient devait arriver,
ce qui adviendra arrive déjà,
ce qui est advenu arrive toujours
parce que le passé ne s’efface pas.
Tout est mémorisé, devient mémoire vivante.
Tu t’es laissé glisser dans l’Océan que tu es.
Tu n’es pas une vie minuscule gouvernée par un zizi ridicule.
Tu es une vie Majuscule reliée au Tout.
Tout copule et consent avec joie à copuler.
Poussières et semences d’étoiles,
germes et spermes de l’orgie de l’évolution,
de l’ontogenèse, de la phylogenèse,
à la vie à la mort.
La fabrique des corps. Et au coeur du corps, le coeur.
Tu es humble de ton humus,
humain de ton humanité,
universel de ton universalité,
divin de ta divinité.
En ouvrant tes bronches,
en activant ouïes, branchies,
tu retrouves tes éléments, l’air, l’eau.
Tu entres dans l’innocence.
Tu es miracle et mystère de ta naissance.
Tu seras mystère et miracle de ta mort.
Tu fais choix de l’ignorance.
Tu ne refuses pas les connaissances
mais surtout tu sais qu’on ne sait rien.
Rien du début, rien de la fin, rien du sens s’il y en a un.
Tu acceptes d’être dans l’incertitude,
tu ne cherches pas de certitudes.
Tu ne crois plus qu’il y a la Vérité à chercher.
Tu essaies d’être dans la Vie, dans l’Amour, dans la Mort.
Tu montes et descends l’échelle,
Du Tartare à l’Olympe,
du Ciel à l’Enfer
et tu bivouaques sur la Terre.
Du Tartare, tel Orphée, tu ramènes poèmes et mélodies.
Épitaphier de tous les morts aimés.
Dans l’Enfer, pas de damnés condamnés à jamais.
Du Ciel, tu ne fais pas le séjour de Dieu ni le paradis des ressuscités.
Dieu ayant créé se cache, tsimtsoum.
Le ciel est espace de légèreté pour la gente ailée.
Dieu est dans le silence d’un souffle subtil.
Dans l’Olympe, aucune guerre des dieux.
Ils ont eu le temps d’apprendre et de pratiquer l’anarchie.
La Terre est danses et cycles.
La grande roue du Grand Manège tourne
bien huilée
sans grincements de dents.
Dieu et les dieux sont présences ineffables.
Tu n’es plus un hamster.
Tu es à Parfaire. Tu es un Parfait. Tu es Parfait.
Circonstances de lecture
Après avoir écrit sur deux N° de Front populaire dont un article approfondi sur 3 philosophes face à la bombe : Camus, Jaspers et Anders.
(Possibilité d’usage d’armes nucléaires dans la proxy war russo-ukrainienne-otanienne)
Plutôt perturbé, à la fois joyeusement et douloureusement par les « accusations et preuves » de mensonges, manipulations des idéologies humanistes, universalistes comme des religions d’amour, j’ai sorti, sans doute pas par hasard, le roman de Rezvani, Vers les Confins, faisant suite, 12 ans après, à La Traversée des Mont Noirs, en supplément au Rêve de d’Alembert.
Je l’ai lu en 3 jours. 4 livres de courts chapitres, IX pour le I (pages 11 à 87), X pour le II (pages 89 à 174), X pour le III (pages 176 à 264), XV pour le IV (pages 266 à 387)
Impressions subjectives, sans tri ni analyse.
Jubilatoire, drôle, parodique, décapant, désespérant, répétitif, symétrique, réversible, asymétrique, lard cochon, hypnotique, profond, léger, paradoxal, contradictoire, iconoclaste, manipulateur, séducteur, raisonneur, rationaliste, matérialiste, scientiste, démolisseur, dynamiteur, palindromique, poétique, lyrique, fantaisiste, magique, encyclopédique, musical = bruit infernal (du train puis de la chenillette), bavard, suspendu, pictural, amoureux, amoureusement féminin, des seins féminins, horriblement masculin érecteur, éjaculateur, émasculateur, cornaqué par le petit cornac, profondément juif, profondément humoristique yiddish
chaque mot mériterait une illustration mais je laisse chaque lecteur faire son travail de lecteur
Voilà des contes tirés des mille et une dunes d’un désert sans fin, illimité
Comme dit la 4° de couverture : « depuis l’aube de l’intelligence humaine, ne faisons-nous pas que délirer…poétiquement, dites-vous, pourquoi pas ? », reprise d’une remarque de la mathématicienne Adema, page 168
Évidemment, l’écrivain de langue française, d’origine russe et perse, de nulle part, muet dans La Traversée, est amené à se dévoiler comme écrivain, donc à parler d’écriture donc de lecture; puisque est énoncé le lieu commun bien éculé (pratiqué par qui ?) du lecteur faisant la moitié du chemin.
Lecteur, je vais tenter de faire la moitié du chemin emprunté par l’auteur se parodiant dans le personnage de l’écrivain de langue française.
Les lieux :
- les Monts Noirs, gelés, glacés, un tunnel sous les Monts qu’il faut deux nuits, un jour pour les traverser avec arrêt dans une gare de triage, de réapprovisionnement, de contrôles… Chemins de fer = trains de la mort de masse, des déportations de masse. Monts Noirs = métaphore = réalité des territoires immenses sous la coupe de tyrans et dictateurs, se prétendant porteurs d’un monde nouveau, d’un homme nouveau.
- Les Confins, du sable encore du sable, des dunes encore des dunes ; et des surprises, des carcasses d’engins indescriptibles, innommables, innommés car rien ne doit être nommé de ce qui est vu. Un cratère géant dû à la chute d’un météorite. Des Esséniens de la lointaine époque de la langue araméenne, des Sages, tous fous merveilleux, le Sage des poules, le Sage des tombes et peut-être le Sage des sages qui a la Réponse. La Déesse des sables, descendante de Lilith, préférée à Ève. S’il est trop curieux, s’il veut aller plus loin que la Montagne Rouge, l’écrivain de langue française est prévenu, il n’en reviendra pas.
Les personnages :
- ceux de la mission sous la responsabilité de l’enquêteur du district, la doctoresse Déborah, la mathématicienne Adema, le criminologue, le chercheur en philosophies oubliés, l’écrivain de langue française
- les personnages rencontrés : l’Arpenteur sans arpents, le Sage des poules, Sarah, le Sage des tombes, le Christ errant éternellement ressuscité, la Déesse des sables
- Les personnages évoqués : l’anthropologue, Math, Sterne, l’ornithologue des Fauvettes
Les styles :
- Très peu de descriptions, alors même que l’écrivain de langue française y est invité mais attention, seulement pour lui et eux, pas à diffuser, d’ailleurs, pas de prises de notes ou si, destruction des notes
- Très peu de narrations, sauf confidences de l’écrivain de langue française évoquant la maladie de son aimée de 50 ans ou certains de ses écrits antérieurs dont les paroles d’une neuve marseillaise
- Essentiellement des discussions entre les personnages avec insistance sur la nomination de l’émetteur de chaque réplique, et sa façon de dire, ironique, agacée, énervée, colérique, railleuse, câline, ce qui produit beaucoup de comique
Le sujet :
c’est quoi cette espèce tueuse douée d’intelligence et qui en est arrivée à rendre invivable son milieu de vie et à être au bord de la disparition collective ? Comment comprendre cette propension, cette pulsion archaïque à tuer, d’abord les siens, pères et frères assassinés, enfants égorgés, femmes lapidées, ensuite les autres, mis en esclavage et exterminés
est interrogée, questionnée la Bible; sont cités des épisodes et des recommandations à se demander comment ne pas se rendre compte de la monstruosité de ce qui est raconté et comment ne pas se détourner définitivement de ce genre de récit; comment expliquer la fascination exercée par ce Livre et par son symétrique, le Coran, tous deux engendrant des fous de Dieu, Yaveh, Allah depuis des millénaires
Comment est-on passé de la Bible, de son Dieu irascible, en colère au Nouveau Testament, au Fils du Père, mourant pour tous sur la croix, par amour de l’homme. Comment est-on passé de la colère divine à l’amour divin, sans pour autant renoncer aux meurtres de masse, aux inquisitions, aux bûchers pour sorcières, aux tortures les plus abominables, aux évangélisations forcées, aux missions colonisatrices … et comment s’est opéré le glissement vers les messianismes terrestres, eux-mêmes porteurs d’exterminations de masse
Ce livre n’épargne rien, aborde tous les aspects liés à trois questions : d’où venons-nous ? Où allons-nous ? Qui sommes-nous ?
D’où venons-nous ?
de la première femme, d’un utérus originel, d’entre les cuisses de la Mère, et donc d’incestes à répétition ?
de l’homme insufflé par le souffle divin, la femme étant tirée de la cuisse de l’homme ?
Genèse utérine = ire es tu - égal en grand écart
(Ève rêve)
Où allons-nous ?
Fin du monde, fin de l’humanité sont des métaphores; le temps de l’extinction sera peut-être le temps de la métamorphose (rire de Kafka se lisant), le temps de l’adaptation aux pires conditions de survie, comme les monstres animaux engendrés par la vie sous terre dans les confins; nous nous acheminons vers une métamorphose de monstres humains en monstres insectes
(rions noirs)
Qui sommes-nous ?
Des monstres originels, des monstres de tout temps, d’avant, de maintenant, d’après, d’ici, d’ailleurs, de nulle part, des monstres éternels
En conclusion :
Rezvani en écrivant ce livre poursuivait-il un but ? En revendiquant d’être artiste de lui-même, d’être créatif, en faisant travailler ses deux hémisphères, celui du langage, celui des images, ayant été témoin de la dégénérescence du cerveau de l’aimée (l’âme neuronale de Lula), Rezvani me semble-t-il, ne poursuit d’autre but que celui de se faire plaisir, avec désinvolture, sans attachement à l’oeuvre, « son » oeuvre, tant que son cerveau peut délirer poétiquement.
En regardant sur internet, j’ai très peu vu de notes de lecture sur ces deux livres (un 3° me semble annoncé).
C’est le signe me semble-t-il d’une liberté radicale, peu soucieuse de l’écho rencontré, de faire oeuvre dans le cocon menacé par le Feu de La Béate dans les Maures.
Comme j’ai trouvée cette liberté radicale, chez Emmanuelle Arsan qui n’a jamais accordé d’interviews, est restée d’une discrétion absolue, vivant à Chantelouve, menacée par le Feu dans la forêt dracénoise.
Je pense donc que ces deux livres écrits par Rezvani pour se faire plaisir en se grattant là où ça lui fait très mal (la tête) et où ça peut aussi nous faire très mal (le cul) ne sont lisibles que par les quelques-uns qui en auront le désir.
(l’arpenteur sans arpents n’est-il pas un chrétien palestinien, le symétrique des arpenteurs sans arpents que furent les juifs pendant des millénaires et se revendiquant aujourd’hui d’Israël colonisant à tout va des territoires palestiniens)
Après Onfray (va-t-il aussi profond et aussi drôlement?), on va avec Rezvani au coeur du magma pulsionnel, de l’énigme. Il n’y a pas de Réponse à la Question, il n’y a pas de Sage des Sages au-delà de la Montagne Rouge.
L’enquêteur du district chargé d’élucider les innombrables crimes commis dans les Confins, a compris qu’il n’y a rien à élucider. Ces crimes sont des crimes « naturels », perpétrés depuis la nuit des Temps.
Le crime précède la loi l’interdisant.
Le tribunal Russell ou le Tribunal pénal international doivent condamner avant l’exécution des crimes.
Pour raconter tout cela à nos amis-enne-amis extra-terrestres, une seule hellade suffira, soit un milliard de signes binaires.
Faut-il raconter ou faire silence ? Faut-il se souvenir ou oublier ? Faut-il parler, user des mots ou se penser en connexion avec le Tout ? Faut-il honorer le veau d’or ou pratiquer le don ?
J’inviterai certains amis à en être lecteurs.
Et pourquoi pas, organiser quelques lectures à voix haute de certains des très courts chapitres des 4 livres de ce Livre.
Longue vie encore à Rezvani, 95 ans en 2023, cent ans moins cinq comme il se présente, artiste pluri-indisciplinaire,
qu'il s'amuse, continue à s'amuser, qu'il en amuse quelques-uns d'entre nous.
Serge Rezvani - Interview (18/02/2014, Danse des mots, Yvan Amar, RFI)
Emission Danse des mots, sur RFI, par Yvan Amar Diffusion le mardi 18 février 2014 Vers les confins Depuis des " annes-lumière ", Rezvani délire poétiquement dans des romans qui coulent et nous...
ROMANS ET RECITS | Serge Rezvani
Paris, C. Bourgois, 1970 (réimpr. 1972 (collection " 10-18 "), 2000 (Éd. de la Mauvaise graine)), 137 p. (ISBN 2-9514990-4-3, [%5B ...
Compositeur de certains des plus grands refrains de la chanson française, il a imaginé une version pacifiée de "La Marseillaise". Rencontrez Serge...
https://www.facebook.com/franceculture/videos/1481287186041160/
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L'artiste japonais Isao Hashimoto a créé une time lapse indéniablement effrayante des 2053 explosions nucléaires qui ont eu lieu entre 1945 et 1998, commençant par le test "de Trinité" du Pro...
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ce 6 août 2023 au Japon
Du N° 13, de la revue Front Populaire, Guerre à la guerre, tu retiens pour t’interroger, l’article Trois philosophes face à la bombe (Albert Camus, Karl Jaspers, Günther Anders) pages 145-151. Tu ignores si le complexe militaro-intellectuel qui vend la guerre sur les plateaux TV, sans la faire, évoque la possibilité de l’usage de l’arme nucléaire dans la guerre russo-ukrainienne otanienne.
L’article de Combat du 8 mai 1945 dans lequel Camus développe sa position est écrit à chaud, deux jours après Hiroshima qui selon la lettre de Claude Heatherly, pilote ayant participé à l’opération, adressée au révérend N., le 8 août 1960, est une erreur accidentelle (la ville n’était pas la cible).
Camus dégage l’enjeu, avec cette arme c’est le suicide collectif de l’humanité qui est possible. La science censée apporter la connaissance et de meilleures conditions d’existence, contribuer au bonheur des gens dans leur vie quotidienne est utilisée pour des meurtres de masse avec une bombe de la grosseur d’un ballon de football.
On a fait de gros progrès depuis, la bombe la plus puissante ayant jamais explosé en essai aérien est la bombe russe Tsar Bomba (3300 fois celle de Hiroshima).
Jaspers fait une conférence 11 ans après Camus, en août 1956 « La bombe atomique et l’avenir de l’homme » qu’il développera ensuite dans un livre de 700 pages, épuisé, paru en 1963 chez Buchet-Chastel. Il met en avant le fait que la théorie de la dissuasion est une folie. Croire qu’on empêchera la guerre parce qu’on possède l’arme nucléaire, c’est ne pas comprendre que toute arme nouvelle finit toujours par être utilisée. Donc, une guerre nucléaire est possible. Ce qui confirme cette hypothèse,
ce sont les essais nucléaires (le chiffre des essais aériens, souterrains, sous-marins sur une trentaine d’années est ahurissant)
et l’impossibilité d’empêcher la dissémination de l’arme nucléaire (sauf à faire une injuste guerre juste).
Anders publie en 1956, la même année que Jaspers, le 1° tome de son magistral livre L’obsolescence de l’homme. Il pense comme Jaspers que la bombe est appelée à être utilisée, que c’est pour cela qu’on l’essaie, que ce ne sont pas des essais de dissuasion pour la vitrine. Au delà de Jaspers, il voit les effets désastreux pour de très longues durées (millénaires) sur les humains, la faune, la flore.
Tchernobyl entre autres est là pour nous raconter ce qui se passe au niveau des sols contaminés, des eaux radioactives, des peaux brûlées, des modifications génétiques…
Avec la guerre russo-ukrainienne otanienne, on est sorti (on est en voie de sortie) de la pax americana c’est-à-dire des guerres innombrables menées par l’impérialisme US depuis la fin de la 2° guerre mondiale (je devrais citer aussi les guerres menées par la France en tout un tas d’endroits en Europe, en Afrique, en Asie) sous couvert de démocratie et de droits de l’homme
pour entrer dans une recomposition géo-politique entre divers impérialismes, dans une ère de choc des civilisations où ce qui était annoncé se déroule tout à fait différemment en dépit des experts (une guerre russe rapide qui s’éternise, un effondrement de l’économie russe suite aux sanctions qui a fort bien résistée, une Europe et un OTAN dépassant toutes les lignes rouges en laissant les Ukrainiens payer le prix fort de la guerre, les États-Unis faisant ce qui s’appelle une proxy war (une guerre médiée par un adversaire-tampon, l’empire visé au-delà de la Russie étant la Chine), des BRICS de plus en plus nombreux et puissants, optant pour un monde multi-polaire.
Ce qui m’étonne, c’est apparemment, le peu de crédit accordé au risque de nucléarisation de ce conflit.
Je préfère penser le contraire, même si c'est désespérant. Oui, cette guerre peut devenir une guerre nucléaire et le conflit peut se mondialiser. Personne ne me semble maître du « jeu ». On est dans un conflit portant sur des valeurs et pas seulement sur des territoires, sur des ressources. Comme les guerres de religion, les conflits de valeurs, de visions du monde, sont des croisades et donc ce n’est pas la guerre pour faire la paix (la guerre c'est la continuation de la politique par d'autres moyens d'après Clausewitz), c’est la guerre pour s’imposer, imposer sa foi, sa vision. L’enfer est peut-être devant nous. Avec son prix, le meurtre, le suicide ? collectif d’une partie de l’humanité.
Pour Camus, le suicide dans un monde absurde est l’ultime liberté de l’individu.
Le suicide collectif, comment doit-il être considéré ? Il est clair qu’il ne s’agira en aucune manière d’une décision libre de chacun et de tous. Aucune concertation des peuples n’a eu lieu. Nous sommes en guerre par le fait de « nos » dirigeants. Aucun vote de l’Assemblée, aucun consultation du peuple par référendum. L'ONU est court-circuitée.
Donc, s’il y a suicide collectif, c’est plutôt d’un meurtre de masse qu’il faudra parler, meurtre imposé, subi. Les princes seront des criminels, devant quel tribunal ? Que les princes, dictateurs, présidents puissent en arriver à cette solution finale, cela s’expliquera-t-il par notre passivité, notre soumission volontaire, notre lâcheté, notre impuissance, notre insouciance, notre inconscience ? Quel activisme pourrait nous en garder ? Camus proposait de combattre pour la paix par la raison, aspirant à un gouvernement mondial (ce sera l’ONU en 1948). Jaspers propose la raison et la sensibilité. Vivre en paix, en harmonie avec les gens qu’on côtoie, qu’on aime, avec la nature, en contemplant la beauté de ce qui s’offre, tant que cela s’offre. J’ignore ce qu’Anders propose.
Vers qui se tourner ? Des 300 livres d’Épicure, il ne reste que quelques pensées de lui sur la politique, dans les maximes capitales. Épicure a été « détruit » par le christianisme. Raison : sa philosophie et sa politique sont immanentes et non transcendantes. Il était incompatible avec Dieu et les fables qui en sont issues, la naissance d’un enfant sans père, une femme qui donne naissance sans géniteur, un fils de Dieu qui meurt et ressuscite, l'eucharistie. Ces fables sont puissantes, durables. Elles sont peu en rapport avec des faits réels. Elles ont plutôt à voir avec nos désirs, celui d'éternité par exemple (Le désir d'éternité, Ferdinand Alquié).
« La justice n’est pas quelque chose en soi mais quand les hommes se rassemblent en des lieux, peu importe, chaque fois, lesquels et leur grandeur, un certain contrat sur le point de ne pas faire de tort ou de ne pas en subir. » M.C. XXXVIII.
Pour Épicure, la politique c’est l’art de produire les conditions de possibilités sociales d’une vie hédoniste pour tous. Il veut que le contrat vise l’établissement de lois justes pour tous, pas pour une minorité de privilégiés. Il sait que l’homme n’est pas naturellement bon et que c’est culturellement qu’il peut le devenir par la philosophie politique épicurienne en particulier. Il est le penseur de la puissance de la majorité, l’antidote à la tyrannie des minorités, des maîtres sur les esclaves. (N°12, Front Populaire pages 6-7).
On voit en quoi des initiatives comme Construisons notre bonheur sont éminemment épicuriennes et sans doute une des bonnes façons de passer contrat. C’est du local, de l’action décidée par RIC.
Ou le projet de Jean Delorme avec les Entrepreneurs du sens.
Si on prend en compte, toutes les initiatives, installées dans le temps, à périodicité stable, (mensuelle, bimensuelle), on se rend compte que certes, les dirigeants nous feront tuer en masse (et cela nous dépasse) mais que nous avons encore de la latitude pour nous rencontrer, discuter, décider de faire notre bonheur avec d'autres.
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Après deux N° de la revue des deux mondes, deux N° de la revue Front populaire.
Avec Jean-François Kahn, dans la revue des deux mondes, tu te confirmes dans ce jugement que chiffres et sondages des « experts » de plateau TV et autres tribunes ne sont là que pour habiller, voiler, maquiller, bidouiller, manipuler, orienter, formater l’opinion, ne sont là que pour se substituer à l’opinion, à la voix citoyenne, ne pouvant s’exprimer par la voie référendaire (au sens du RICCARL) localement, régionalement, nationalement, européennement, onusiennement.
Chiffres et sondages, conseils des cabinets de conseils étrangers (américains, allemands) grassement payés contre la voix des gens ordinaires, contre la voie démocratique dégageant une majorité que Tocqueville a décrit comme « le despotisme de la majorité » dans De la démocratie en Amérique.
Voilà une "bible" dont il faut reconsidérer l'impact.
Soit aujourd’hui, « démocratie directe » pas du tout réalisée contre « démocratie représentative » où les représentants élus se servent, s’accordent privilèges et prébendes avec cynisme et mépris du peuple = des gens ordinaires = des périphériques, invisibilisés au profit de minorités agissantes de toutes sortes, les plus gueulardes ayant le plus pignon sur plateau, contribuant à la fragmentation de la société, à son éclatement, à sa décomposition, à la guerre civile, à bas bruits pour le moment, selon Michel Onfray, décrivant par exemple ce qui se passe régulièrement quartier Perseigne, à Alençon, Orne, son département aimé, quartier devenu « territoire perdu de la République » selon un euphémisme pudique, territoire devenu territoire d’une tribu marquant son territoire par « tirs de mortiers, incendies de poubelles et de voitures, barricades, dégradations de mobilier urbain, caillasses, guets-apens de policiers et de pompiers, une bande d’une cinquantaine de personnes masquées, cagoules, armées de barres de fer est allée au contact de la police forte de 35 membres pendant 3 heures. » N° 12, pages 5-6
Avec les N° de Front populaire, N° 12, La tyrannie des minorités, l’art de détruire la France et N° 13 Guerre à la guerre, contre les impérialismes, te voilà en présence d’analyses argumentées, de droite, de gauche, d’ailleurs et de nulle part comme se présente la revue.
Ça déboulonne, ça renverse les statues, ça jette à bas quantité de logiciels, de paradigmes, de discours admis sans distance, par méconnaissance (puisque tout est voilé, truqué) et ça fait un bien fou, tout en déstabilisant au point de ne pas en dormir, sans doute pour remettre un peu de cohérence dans tes convictions.
Tu es confirmé dans ta conviction récente (depuis 2020 environ) que tout un tas de récits sur des épisodes du roman national sont des faux,
- la révolution française (il vaut mieux lire Taine que Michelet ou Jean Tulard),
- l’universalisme des droits de l’homme,
- la colonisation civilisatrice (le célèbre discours de Victor Hugo du 21 août 1849 au Congrès de la Paix, souvent cité mais toujours caviardé, coupé de ce qui aujourd’hui gêne),
- la résistance sous Vichy,
- le gaullisme, le mitterrandisme, le chiraquisme;
qu’il en est de même de tout un tas de récits sur des épisodes internationaux :
- la révolution bolchevique, le stalinisme,
- la libération de la France par les américains,
- la guerre du Viet-nam,
- les guerres du Golfe (l’énorme mensonge de Colin Powell montrant une fiole d’ « arme bactériologique » du régime de Sadam Hussein aux TV),
- les guerres de l’axe du bien contre les axes du mal,
- les guerres justes qui fonctionnent selon un schéma hérité de Saint-Paul, Saint-Augustin, Saint-Thomas d’Aquin, médiatisé par deux Bernard, BK et BHL: je te fais la guerre préventivement à toi dictateur dangereux, au nom des droits de l’homme, de la démocratie, de l’universalisme, d’une façon active, pas réactive, pour t’empêcher de me faire la guerre liée à ta folie. Je tue des gens réels, je cause des souffrances réelles, des injustices réelles au nom d’injustices virtuelles, de souffrances virtuelles. (N°13, pages 2 à 9)
Tu es effaré de voir comment on est passé
- de la génération de 68, dite des Boomers, rimbaldienne, utopiste, qui rêvait d’une société différente, de courir le monde, d’inventer une contre-culture, de définir une liberté neuve
- à la génération des Millennials qui font choix d’un monde fait d’interdits, de censures de tous calibres, de frontières pathologiques entre les races, les cultures, les sexes, les âges.
Comme si on était passé, en quelques décennies, d’« il est interdit d’interdire » à « il faut faire taire celui qui m’offense ». Selon Brice Couturier (N° 12, page 157)
exit avec cette génération, la résilience: ce qui ne te tue pas, te rend plus fort
Tu penses à Marcel Conche, à ses fondements de la morale, au devoir de prendre la parole pour ceux qui ne l'ont pas
(à mettre en contraste avec ce qui est arrivé au Canada à Ariane Mnouchkine, voulant donner la parole dans un spectacle aux indiens autochtones, sans eux et se faisant tailler en pièces, parce que sans eux c'est contre eux = = activisme décolonial; voir aussi ce qui est arrivé à J.K. Rowling)
Woke veut dire éveillé, qui s'éveille, prend conscience. Comment l’éveil a t-il pu engendrer le Wokisme, source de régressions impensables il y a une dizaine d'années ?
Le wokisme est la rencontre selon Jean-François Braunstein d'un courant américain du protestantisme théorisant la notion de péché d'un point de vue collectif et pas seulement individuel (tous coupables, le méchant blanc) et de la french theory, les philosophes français dits de la déconstruction (Foucault, Derrida, Baudrillard).
Pour ma part, j'approuve que l'on révèle la réalité coloniale, dominatrice, exterminatrice, extractrice, prédatrice de l'Occident. Après vient le débat : réparation, repentance... Avec le wokisme, plus de débat possible : il faut passer par la revanche, la vengeance.
Autre point à évoquer : la question de l'identité. Là encore, l'idée de définir, de faire évoluer son identité, ses identités, n'est pas en soi une "mauvaise" idée. Personnellement, je suis favorable à ce que j'appelle la fluidification de l'identité puisque cela correspond à la variété de nos humeurs, sensations, émotions, sentiments, pensées. Mais de là à exiger la reconnaissance par autrui ou par la loi de mes choix personnels me semble correspondre à ce proverbe : les chemins de l'enfer sont pavés de bonnes intentions.
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(Une vague de folie et d’intolérance submerge le monde occidental. Venue des universités américaines, la religion woke, la religion des « éveillés », emporte tout sur son passage : universités, écoles et lycées, entreprises, médias et culture.
Au nom de la lutte contre les discriminations, elle enseigne des vérités pour le moins inédites. La « théorie du genre » professe que sexe et corps n’existent pas et que seule compte la conscience. La « théorie critique de la race » affirme que tous les Blancs sont racistes mais qu’aucun « racisé » ne l’est. L’« épistémologie du point de vue » soutient que tout savoir est « situé » et qu’il n’y a pas de science objective, même pas les sciences dures. Le but des wokes : « déconstruire » tout l’héritage culturel et scientifique d’un Occident accusé d’être « systémiquement » sexiste, raciste et colonialiste. Ces croyances sont redoutables pour nos sociétés dirigées par des élites issues des universités et vivant dans un monde virtuel.
L’enthousiasme qui anime les wokes évoque bien plus les « réveils » religieux protestants américains que la philosophie française des années 70. C’est la première fois dans l’histoire qu’une religion prend naissance dans les universités. Et bon nombre d’universitaires, séduits par l’absurdité de ces croyances, récusent raison et tolérance qui étaient au cœur de leur métier et des idéaux des Lumières. Tout est réuni pour que se mette en place une dictature au nom du "bien" et de la « justice sociale ». Il faudra du courage pour dire non à ce monde orwellien qui nous est promis.
Comme dans La philosophie devenue folle, Braunstein s’appuie sur des textes, des thèses, des conférences, des essais, qu’il cite et explicite abondamment, afin de dénoncer cette religion nouvelle et destructrice pour la liberté.
Un essai choc et salutaire.)
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Appliqué à l'école, ça donne : "l’école inclusive est la « révolution copernicienne » du système éducatif, la fin heureuse d’une école « ségrégationniste et élitiste » avec l'extension du domaine du handicap...La dyslexie a ouvert le bal à la fin du siècle dernier, destinée à camoufler l’échec de l’apprentissage de la lecture par la méthode globale, bientôt suivie de tous ses avatars poursuivant peu ou prou le même objectif : dissimuler l’échec des réformes pédagogiques engagées depuis quarante ans en l’attribuant aux supposés « dysfonctionnements » neurocérébraux d’élèves chaque année plus nombreux. Cette extension organisée du domaine des « dys » explique sans doute l’étrange statistique selon lequel un quart des élèves français relèverait aujourd’hui du handicap… La déconstruction de la norme – par rapport à laquelle se définit nécessairement le handicap – et l’idéologie victimaire qui sert de boussole aux instances supranationales ont pour effet de pathologiser la société. Pour preuve, la catégorie de « handicap ressenti », strictement déclarative et très sérieusement utilisée par l’INSEE dans l’établissement de ses statistiques sur le handicap en France... Tous handicapés, tous victimes, tel serait donc l’idéal de l’école inclusive." Anne-Sophie Nogaret, N°12, pages 126 à 131.
Une monstruosité médiatique : LCI -- Djamel LABIDI
Dans la propagande occidentale sur la guerre en Ukraine, les medias lourds français, officiels et officieux, à part quelques exceptions, se font particulièrement remarquer dans un soutien sans ...
https://www.legrandsoir.info/une-monstruosite-mediatique-lci.html
à lire, relire, partager
8 août 2023
7 H 10 balade d’une heure sur la route de Montferrer, 4 kms AR.
Mon ombre portée devant moi avec le soleil rasant atteint 15 m. Je vois ma belle allure d’homme à la Giacometti.
8 H 10 je croise Clive, archi-pressé comme à son habitude et dont j’ai rencontré la fille Charlotte quelques jours avant. Magnifique jeune femme de 25 ans. Très émotive, elle avoue que d’avoir 25 ans l’angoisse car il lui faut décider de son projet de vie. Elle veut devenir maman. Fini le temps de l’insouciance, des virées sac à dos dans le monde entier.
On a envisagé une soirée barbecue à 4.
8 H 15, courses légumes-fruits chez les filles. Café.
Je peux me connecter et travailler sans que ça rame à publier l’article Face à la bombe. Jusqu’à 11 H 30.
Interruption d’une bonne demie heure suite au surgissement de Ninon, psychologue et de son père, éducateur spécialisé en retraite. Reprise d’une discussion sur Irvin Yalom, on parle de Camus. Le père est allé sur la tombe de Camus à Lourmarin. J’évoque la tombe de Gabriel Guez-Ricord, quasiment en face.
12 H 30, repas partagé avec Rosalie et Lula.
Sieste d’une heure, réglée comme papier à musique.
15 H 15, balade de 6 kms sur la route de Montefferrer AR.
17 H, discussion sur la place de la république avec papy gaga et un pompier professionnel de Lyon, en retraite. Papy gaga nous annonce la 3° guerre mondiale pour 2025.
Ne nous empêchons pas de construire notre bonheur. Avec nos proches, des gens rencontrés, des amis.
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Fin d'après-midi et soirée, je décide de me plonger dans Vers les confins de Serge Rezvani, dont j'ai lu La traversée des Monts noirs. Énorme et agréable surprise.
Ce roman foisonnant correspond à ce sur quoi je travaille en rendant compte de mes lectures de revues. Humour ravageur, dommage que je sois seul, je ne peux partager mes rires. Roman dont j'ai déjà lu un tiers. les livres I et II sur 6 livres. Après reprise du dernier chapitre de La traversée des Monts noirs, et deux jours et une nuit dans le tunnel passant dans les Monts noirs, on prend un convoi de camions militaires en route pour les Confins, désert sans fin où vivent les Esséniens, les descendants de la Bible d'avant sa défiguration par le Nouveau Testament.
Si avec la revue Front populaire, ça déboulonne, avec ce roman, on atteint l'apothéose des déboulonnages, où Spartacus précède de 70 ans, le Christ, où la doctoresse et la mathématicienne sont les seules femmes du voyage d'élucidation des crimes commis dans les Confins, les autres personnages s'appelant l'ami français, l'enquêteur du district, le criminologue, le chercheur en philosophies oubliés, où la philosophe du deuxième sexe n'est pas nommée mais déconsrtruite... Bref, un régal.
https://les4saisons.over-blog.com/article-la-traversee-des-monts-noirs-serge-rezvani-103527428.html
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deux extraits par la doctoresse, Déborah
« – Oui, je veux dire que la Vie est sans pensée, elle ! Sans programme, elle ! Que la Vie va s’épanouir là où se trouvent dans la Nature des interstices qui lui sont favorables. Elle s’improvise Vie ! Sans savoir qu’elle est Vie ! Voyez l’Australie. À peine s’était-elle détachée des autres continents qu’en quelques millions d’années elle invente les marsupiaux. N’est-ce pas sublime d’imaginer, avec notre étrange cerveau spécifiquement humain, que l’Univers se peuple à l’infini d’une Vie aveugle, sans conscience et à la fois de la même violence inventive que le Feu, lui aussi aveugle et sans conscience, des Mondes en fusion ? Que la Vie et le Feu cohabitent à l’infini dans l’Univers comme cohabitent Vie et Mort ? N’a-t-on pas découvert dans les abysses des mers les plus profondes – là où les feux telluriques jaillis du magma terrestre luttent avec l’eau – non seulement des particules de vie mais d’étranges amalgames de cellules formant des corps composés, munis d’étranges griffes et de crochets, capables de supporter des chaleurs proches de l’ébullition ?
Quand nous eûmes roulé un moment en silence, elle avait ajouté :
– La Vie ne connaît aucun obstacle. Et même quand je mets en garde ces bergers dont nous parlions tout à l’heure, à propos de la radioactivité des métaux qu’ils arrachent aux carcasses des grandes épaves ensablées, je sais qu’à l’échelle des générations, l’espèce humaine, le jour où elle sera atomisée, comme ces espèces animales ou végétales qui survivent et prolifèrent en dépit de tout autour des centrales nucléaires dévastées, oui l’espèce humaine même si elle est défigurée, même si elle est méconnaissable, je dis bien l’espèce humaine revenue s’il le faut à son animalité la plus primitive qui n’est que Vie sans figure humaine, s’arrangera pour survivre coûte que coûte en se réinventant autre par tâtonnements successifs. » (pages 102-103)
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évidemment, je constate la coïncidence d'inspiration avec un poème écrit en juillet et que j'ai mis en voix (5'45"), non partagé
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Metamorphosis
Cosmogonie orgasmique
Somnolent dans le fauteuil Louis-Philippe,
une image te vient :
La Terre et ses milliers de bouches éruptives,
ses milliers de vulves-geysers,
la Terre ronde est ronde
de toutes les grossesses animales et humaines,
de toutes les germinations florales et végétales,
de toutes les minéralisations calcaires et granitiques.
La Terre est la porteuse, l’accoucheuse
de tout ce qui naît, de tout ce qui prend corps.
Le corps, les corps, encore et encore.
Incarnations en chairs et en os,
en racines et cimes,
en strates et sédiments.
Et tu te vis, foetus en position foetale, dans le ventre-terre.
Du ventre-mer, du ventre-mère
tu es passé au ventre-terre, au ventre-univers........................
Tu as inspiré l’air du Large.
Tu es monté dans la pirogue du Fleuve.
Tu as été fécondé par les abeilles de l’Amour.
Tu accueilles, tu recueilles, tu donnes, tu offres.
Tu ne tries pas, tu ne juges pas, tu n’opposes pas.
Ce qui advient devait arriver,
ce qui adviendra arrive déjà,
ce qui est advenu arrive toujours
parce que le passé ne s’efface pas.
Tout est mémorisé, devient mémoire vivante.
Tu t’es laissé glisser dans l’Océan que tu es.
Tu n’es pas une vie minuscule gouvernée par un zizi ridicule.
Tu es une vie Majuscule reliée au Tout.
Tout copule et consent avec joie à copuler.
Poussières et semences d’étoiles,
germes et spermes de l’orgie de l’évolution,
de l’ontogenèse, de la phylogenèse,
à la vie à la mort.
La fabrique des corps. Et au coeur du corps, le coeur.
Tu es humble de ton humus,
humain de ton humanité,
universel de ton universalité,
divin de ta divinité.
En ouvrant tes bronches,
en activant ouïes, branchies,
tu retrouves tes éléments, l’air, l’eau.
Tu entres dans l’innocence.
Tu es miracle et mystère de ta naissance.
Tu seras mystère et miracle de ta mort.
Tu fais choix de l’ignorance.
Tu ne refuses pas les connaissances
mais surtout tu sais qu’on ne sait rien.
Rien du début, rien de la fin, rien du sens s’il y en a un.
Tu acceptes d’être dans l’incertitude,
tu ne cherches pas de certitudes.
Tu ne crois plus qu’il y a la Vérité à chercher.
Tu essaies d’être dans la Vie, dans l’Amour, dans la Mort.
Tu montes et descends l’échelle,
Du Tartare à l’Olympe,
du Ciel à l’Enfer
et tu bivouaques sur la Terre.
Du Tartare, tel Orphée, tu ramènes poèmes et mélodies.
Épitaphier de tous les morts aimés.
Dans l’Enfer, pas de damnés condamnés à jamais.
Du Ciel, tu ne fais pas le séjour de Dieu ni le paradis des ressuscités.
Dieu ayant créé se cache, tsimtsoum.
Le ciel est espace de légèreté pour la gente ailée.
Dieu est dans le silence d’un souffle subtil.
Dans l’Olympe, aucune guerre des dieux.
Ils ont eu le temps d’apprendre et de pratiquer l’anarchie.
La Terre est danses et cycles.
La grande roue du Grand Manège tourne
bien huilée
sans grincements de dents.
Dieu et les dieux sont présences ineffables.
Tu n’es plus un hamster.
Tu es à Parfaire. Tu es un Parfait. Tu es Parfait.
Danse des mots - Vers les confins (rediffusion)
Depuis des " annes-lumière ", Rezvani délire poétiquement dans des romans qui coulent et nous emportent; Vers les confins nous emmène aux limites de l'écriture romanesque et à la frontière d...
https://www.rfi.fr/fr/emission/20141229-vers-confins-rediffusion
L'impitoyable aujourd'hui / Emmanuelle Loyer
L'impitoyable aujourd'hui
Emmanuelle Loyer
Flammarion, septembre 2022
Ce livre est sorti à point nommé, alors que, suite au livre-labyrinthe Et ton livre d'éternité ?, je remets en question, en perspective, la plupart de mes croyances, de mes paradigmes historiques, scientifiques, métaphysiques, politiques et idéologiques.
Cela me fait du bien de voir s'effondrer ou basculer « mes » croyances, convictions, certitudes d'une soixantaine d'années. À 82 ans, tabula rasa. On ne sait rien. Grande humilité pour accepter le miracle de la naissance, le mystère de la mort, pour vivre la vie avec gratitude, pour respecter la vie dans sa diversité et son unité.
De ce champ de ruines, je ne sors pas effondré mais animé du projet : quoi à la place ?
Ayant pris conscience
que tout est croyance, les certitudes ou vérités dites scientifiques, les preuves ou faits historiques, les arguments philosophiques et métaphysiques, les convictions politiques et idéologiques
que tout est récit, que ce que je prends pour le réel est l'effet du récit que je tiens sur ce que je crois être le réel et qui l'engendre
que ce sont les mots que j'emploie qui crée le réel, que les mots ne sont pas les traducteurs d'un réel pré-existant, objectif, extérieur
alors la tache devient celle-ci : quel récit veux-tu tenir aujourd'hui puisque tu es l'auteur du récit qui va donner sens ou valeur à ta vie, présence à ton réel ? Quels mots veux-tu utiliser pour créer ton réel ?
L'essai d'Emmanuelle Loyer ne répond en aucune façon à cette invention, fabrication du réel que je désire par les mots que j'utiliserai. Il a par contre un pouvoir de remise à l'heure des pendules. Les grands récits, récit national par exemple, s'effondrent, grâce à des frondeurs, des chercheurs de l'autre face des Lumières, des points aveugles des éclairages enseignés, appris sans grand esprit critique. Car il faut du temps pour que les ombres, les fantômes mis sous le tapis se fassent entendre. La révolution française est-elle vraiment une révolution libératrice, émancipatrice ? Liberté, égalité, fraternité, à quels prix ? Avec quels effets dans le monde ? La révolution industrielle anglaise est-elle la continuation technique et économique de la révolution politique française ? D'où vient la croyance au progrès ? D'où viennent les deux guerres mondiales de la 1° moitié du XX° siècle ? Devant ce qui s'appelle
l'accélération de l'histoire au travers de la modification agressive des frontières dans l'Europe commencée avec l'aventure napoléonienne, suscitant par effets-boomerang la naissance de nationalismes revanchards,
l'accélération des inventions techno-scientifiques, bouleversant en permanence le quotidien des gens, y a t-il de la résistance, de la résilience, de la survivance ?
Quelles formes ont pris les manières de ne pas vivre avec son temps ?
Emmanuelle Loyer, historienne, ethnologue, lectrice d'oeuvres littéraires nous emmène chez le dernier des Mohicans avec Fenimore Cooper, le dernier trappeur de la taïga, Derzou Ouzala avec Vladimir Arseniev, dans l'île de Sakhaline avec Anton Tchekhov, en Amazonie, chez les Nambikwara avec leur dernier témoin Lévi-Strauss, chez ceux qui sont arrivés trop tôt ou trop tard, les déçus de l'histoire ayant perdu leurs illusions, n'ayant que la peau de chagrin de l'Histoire, ambivalents par rapport à l'Histoire au présent (Chateaubriand, Stendhal, Hugo), dans certaines campagnes françaises, à Nohant dans le Berry chez George Sand devenue grand-mère et sorcière après avoir créé et animé La Cause du peuple (3 N° en 1848), à Minot dans le Doubs où disparaissent les vieilles façons de dire et de faire de la laveuse, la couturière, la cuisinière avec Yvonne Verdier, sur l'Èvre, un affluent méconnu de la Loire avec Julien Gracq, dans l'empire austro-hongrois de La marche de Radetzky avec Joseph Roth, à Donnafugata en Sicile à l'achèvement de l'aristocratisme avec Giusepe Tomasi Lampedusa, à Gagliano où le Christ n'est jamais arrivé avec Carlo Lévi et Ernesto De Martino, à Višegrad sur le pont Mehmed Pacha Sokolović franchissant la Drina avec Ivo Andrić, en Angleterre dans les châteaux gothiques et maisons hantées de Marie Shelley, pendant que le temps devient horloger avec la mécanisation des métiers à tisser, modifiant le temps du sommeil avec Edward Palmer Thompson et Jacques Rancière, en Russie à Borodino dans Guerre et Paix de Tolstoï où Napoléon est vu par l'oeil de son serviteur, par le petit bout de la lorgnette évoquant le petit homme de la boucherie (le mot est dans le roman) et non le grand stratège et où avec Koutouzov, on saisit les mille et unes micro-décisions décidant du sort d'une bataille et d'une armée en déroute, boucherie produite par l'exaltation patriotique des nationalismes en formation et produisant des fous se prenant pour Napoléon, des hallucinés ayant l'angoisse de perdre la tête, d'être décapités (la terreur fut un gouvernement des émotions par les émotions, un déchaînement paranoïaque de politique dite de salut public), en Russie soviétique à Stalingrad avec Vie et destin de Vassili Grossman, en Allemagne année zéro avec Winfried Georg Maximilian Sebald, à Berlin à l'arrivée des troupes soviétiques avec une femme anonyme, dans une ville, aujourd'hui ukrainienne, Lviv, d'où sont issus les inventeurs (Hersch Lauterpacht, Raphaël Lemkin) de deux concepts juridiques : crime contre l'humanité, génocide (18 ans après ce qui s'appellera génocide arménien, décrit par Frantz Werfel dans Les Quarante Jours du Musa Dagh paru en 1933), Lemkin mettant le doigt sur le propre de cette guerre totale « cette guerre n'est pas menée par les nazis seulement pour des frontières mais pour transformer l'humanité à l'intérieur de ces fontières. », sur deux siècles (XIX-XX°) pour terminer par la longue durée étudiée par certains historiens (Lucien Febvre, Fernand Braudel), par la spécificité du temps des isolés (Proust dans sa chambre, Barthes au sanatorium), par la vieillesse vécue comme vita nova pendant une vingtaine d'années par George Sand ou Colette (L'étoile Vesper, 1946) ou Vita Sackville-West (Toute passion abolie, 1933), et par le voyage Dans la nuit et le vent de Patrick Leigh Fermor, 19 ans en 1934, parcourant entre 1933 et 1935 à pied et en diagonale, du nord-ouest (Rotterdam) au sud-est (Istanbul), en suivant deux voies fluviales, le Rhin puis le Danube, la face européenne de la Terre dont Bruno Latour fait un être vivant avec l'hypothèse Gaïa.
Cet essai est tellement riche (l'énumération qui précède en donne un aperçu) que je ne cherche pas à en rendre compte, renvoyant chacun à sa lecture éventuelle.
Par contre, oui, tenter de dire quels mots je souhaite utiliser pour créer le réel dans lequel je désire vivre.
Et ce seront d'abord les mots de Lévi-Strauss, le témoin triste disant dans Tristes tropiques « Le monde a commencé sans l'homme et s'achèvera sans lui. » Mais ce constat, né de l'opposition entre les sociétés froides, les sociétés premières, et les sociétés chaudes (la civilisation moderne née à la Renaissance), particulièrement entropiques, désagrégatrices ne doit pas nous empêcher de jouer notre partie et de la jouer le mieux possible. Là Rousseau est préférable à Descartes. Celui-ci exprime les certitudes du moi (je pense donc je suis), Rousseau exprime la sortie des évidences du moi, l'identification à autrui, la pitié, aujourd'hui, on dirait la compassion ou l'amour inconditionnel (je panse donc je suis, je prends soin). « La conscience de la vanité du sens n'est pas un extincteur de la quête de compréhension, la conscience de la finitude n'est pas un découragement à l'action. » p.125
En 1976, Lévi-Strauss propose à la commission des lois de l'Assemblée Nationale, une charte du vivant, une réforme de la morale et de la politique fondée sur la beauté du monde et sa caducité. La valeur de toute chose est dans son irremplaçabilité. Il faut célébrer les choses mêmes en dehors de l'usage ou de la perception du sujet, dans la réconciliation de la morale avec l'esthétique et de l'homme avec la nature, dans le respect de tout ce qui naît, vit, meurt, de la bactérie à la galaxie en expansion accélérée, du virus au trou noir glouton.
Ce respect intègre le respect de soi, l'estime de soi, l'acceptation, l'affirmation de mon caractère irremplaçable, l'acceptation de mon unicité, de ma singularité.
D'où l'interrogation : Au lieu de se demander « qu'est-ce que je veux de la vie ? », une question plus puissante est : « qu'est-ce que la vie veut de moi ? ». Eckhart Tolle
En ce qui me concerne, j'opte pour une curiosité à 360°, circulaire horizontale, sphérique toutes directions, de la bactérie aux galaxies, des virus à nous et nous, à moi et moi, à je et je est un autre, à toi et tu...
L'infinie variété du vivant me passionne, l'infinie diversité des humains aussi.
Tout accueillir, tout ce qui se manifeste, sans jugement, sans tri, du salaud au saint, du monstrueux au sublime (il y a du monstre, du sublime, du normal, du foldingue... dans tout humain) ; si ça se manifeste, c'est que c'est nécessaire (y en a qui appellent ça hasard)
qui suis-je pour trier ? ça c'est bon, ça c'est mauvais ?
du miracle de la naissance au mystère de la mort, se vivre comme goutte dans l'océan-comme océan dans la goutte, comme agitation des vagues de surface-comme immobilité des profondeurs
la VIE comme vibration information énergie
adoptée à Rio en 2010
Le temps du confinement fut un temps de révélation de l'essence-ciel pour certaines et certains.
Le temps du confinement fut un temps de confinement pour tout un chacun du monde
dans la ronde arrêtée du monde
un temps imposé d'isolement par les pouvoirs du monde mais pas sur la ronde du monde
une prison mondiale pour humains, mais pas pour animaux, végétaux, minéraux
chacun chez soi, chacun pour soi
(à chacun de se situer entre les extrêmes de ces deux expressions pouvant comprendre tout le monde, chacun dans sa singularité de situation, de confortable à insupportable, chacun dans sa spécificité d'être, d'altruiste à égoïste)
avec rares autorisations de sorties pour s'approvisionner, s'oxygéner
sans pénurie organisée sans chaos engendré
sans insurrections provoquées sans révoltes spontanées
un parmi huit milliards de prisonniers soumis volontaires
nourris, blanchis, chauffés, « protégés » du virus
né d'une soustraction CAC 40 - COP 21 = COVID 19
facteur d'évolution comme tout virus mutant de variant en variant
contre lequel big pharma était en « guerre » totale
contre lui COVID 19 qui nous avait mis en grève générale
un parmi huit milliards
faisant ce qu'ils voulaient de leur temps d'isolement diversement vécu
faisant ce qu'il voulait de son temps de solitude aimée, oh oui, bien aimée !
même la route passant en dessous de chez lui avait été fermée pour deux ans
pas de travail contraint, de télé-travail
pas de travaux forcés d'intérêt général
découvrant ainsi la liberté intérieure, la fluidité de l'impermanence gommant la rigidité de toutes ses identités, découverte par bien des prisonniers avant lui
prisonniers dans des prisons d'états, dans leur propre prison ou celle d'une maladie, asile d'aliénés, sanatorium de tuberculeux
et qui ont soigné un peu le monde en souffrance parce que s'étant remis synchrones avec leurs rytmes internes et externes (coeur, respir, cycles journaliers, saisonniers...)
découvrant sa liberté créatrice jusque-là potentielle, l'activant, en usant
faisant ainsi de lui non un homme parmi huit milliards d'humains
vivant au petit bonheur la chance au gré des circonstances, des influences
mais un homme singulier, nécessaire car seul à créer ce qu'il créait dans l'humilité et l'intimité, au secret
par un petit pas de côté, un petit glissando de travers, un petit rire sur lui - on n'en finit pas avec l'enflure du moi-je-moi-je -, une larme d'empathie pour le virus traqué dans les labos
ils furent quelques-uns à découvrir un autre usage du temps consistant à prendre le temps, à faire comme si le temps était éternel
plus de compétences à avoir, d'originalité à exhiber, de domination à exercer, plus de temps compté, émietté, mesuré
du temps prenant son temps
c'est ce que quelques-unes redécouvrirent
que le temps c'est le présent, que c'est un présent
car c'est depuis toujours, le temps des femmes, le temps de l'attention au présent, au présent de l'enfant en demande, au présent de la vieille en souffrance
découvrir que l'éternité est dans le moment présent
pas dans regrets et souvenirs du passé
dans projets et désirs de lendemains qui chantent et dansent
ce fut ce qui jaillit de la prison mondiale
il n'y a rien à ajouter, rien à retrancher au monde
il n'y a rien à juger, rien à séparer
le bon grain de l'ivraie, le bien du mal, le beau du laid, le doux du cruel
tout est déjà là, dans sa diversité, ses contrariétés, ses complémentarités
avec ses effets-miroirs
l'autre détesté c'est moi, l'autre aimé c'est moi
et si tu me détestes, c'est toi et si tu m'aimes, c'est toi
tout est à cueillir, accueillir, recueillir
tout est partageable, tout est à partager
depuis je chante sans forcer la voix, léger comme murmure de filet d'eau, danse avec l'absente dans mes bras ouverts, goûte à ma cuisine-maison, déguste mes breuvages et infusions, redécouvre pissenlits, roquettes, herbes sauvages, baies de myrte, olives, champignons de mon terrain non cultivé
ils et elles chantent ; quelques-uns, quelques-unes ; les autres continuent à s'affronter
ils et elles dansent ; quelques-uns, quelques-unes ; les autres continuent à s'entr'envier
les quelques-uns ne croient même pas utiles de garder traces écrites, dessinées, peintes de leurs bonheurs
ce sont des bonheurs minuscules de vies minuscules centrées sur l'essence-ciel
ils se regardent, s'enlacent, s'embrassent, se caressent
ils se sentent regardés, enlacés, embrassés, caressés par tout ce qui existe, vit, meurt de la bactérie à la galaxie en expansion, du virus au trou noir glouton
ils sont en lien, reliés
ils tissent la tapisserie mystique de la dame à la licorne
ils sont un point à l’endroit, un point à l’envers de la grande tapisserie cosmique
les fleurs séchées égrènent leurs graines
de nouvelles germinations engendreront de nouvelles floraisons
le temps du confinement en prison mondiale a été pour certaines et certains le temps de la libération de leur puissance créatrice, génitrice de leur liberté intérieure, inaliénable.
Jean-Claude Grosse, le 4 décembre 2022, Le Revest
La vision trinitaire de Jean-Yves Leloup, 83° graine de conscience, parcours gratuit sur inscription
Jean Yves Leloup explore depuis une cinquantaine d'années les voies de la transformation intérieure et de la "conscience exercée" ou méditation. Écrivain, philosophe et théologien, il est l'a...
le parcours des graines de conscience est gratuit, sur inscription
l'accueilleuse-guérisseuse et le chasseur, en cours d'écriture, j'ai le chasseur, manque la guérisseuse
Lettres de Pétrarque à son frère
Petrarque par Ernest-Pignon Ernest, le Christ vu par le peintre revestois Marief, peinture visible dans le bureau du maire du Revest
Les lettres familières de Pétrarque
à son frère Gherardo, moine
à La Chartreuse de Montrieux
Pétrarque a écrit 6 lettres familières et une lettre de la vieillesse à son frère Gherardo.
Les 6 lettres sont disponibles en version bilingue : latin-français depuis 2005 aux Belles Lettres.
La lettre de la vieillesse ne sera disponible qu’en 2006 ou 2007, aux Belles Lettres.
La 1° lettre est du 25 septembre 1349, plus de 6 ans après la prise de l’habit par Gherardo.
La 2° est du 2 décembre 1349.
La 3° est du 11 juin 1352.
La 4° non datée a été écrite probablement entre janvier et février 1353.
La 5° est du 7 novembre 1353.
La 6° est du 25 avril 1354.
Dans ces 6 lettres, nous ne trouvons pas d’indications sur la région sauf une référence à la grotte de la Sainte Baume, non nommée comme telle mais comme grotte où se retira Marie-Madeleine, grotte visitée par Gherardo et aussi par Pétrarque.
La 4° est celle qui nous en dit le plus. Gherardo a survécu seul à la peste de 1348. Il a perdu ses 34 compagnons de prière. Il a défendu seul la Chartreuse contre les brigands en leur parlant. Il a obtenu du prieur de la Grande Chartreuse, Jean Birelle, de choisir un nouveau prieur et des moines pour restaurer Montrieux.
Les autres lettres sont des méditations provoquées par la réception d’un coffret de buis et d’une lettre de Gherardo, par l’envoi d’un exemplaire des Confessions d’Augustin à Gherardo. Pétrarque semble fier de la fermeté de la foi de son frère, se met à son niveau par les références aux Pères de l’Église et à des philosophes ou sages de l’Antiqité. Il s’interroge sur lui-même, est partagé entre une attitude de pénitence, de repentance et une attitude d’humaniste, ne pouvant renoncer aux biens de ce monde, variables avec l’âge (on ne désire pas les mêmes choses, jeune, puis vieux). Malgré l’admiration qu’il éprouve pour son frère, on sent que Pétrarque est soucieux d’autre chose que de vivre dans la gloire de Dieu et pour Dieu, même si celui-ci est évoqué de nombreuses fois. La piété de Pétrarque, réelle, n’est pas suffisante pour l’amener à renoncer par exemple à son amour idéalisé pour Laure qui va l’occuper toute sa vie, avec les 10 rédactions successives du Canzoniere, son chef d’œuvre en italien quand il était persuadé qu’il passerait à la postérité par ses écrits en latin.
Pétrarque François est né le 20 juillet 1304 à Arezzo en Italie qui n’est pas encore l’Italie.
Gherardo est né en 1307.
En 1311, la famille quitte Pise pour le Vaucluse où se trouve la Papauté, en Avignon. Elle s’installe à Carpentras.
Vers 1316, Pétrarque découvre le site de la Fontaine du Vaucluse.
Entre 1320 et 1326, les deux frères étudient le droit à Bologne.
Dante meurt en 1321. Avec lui, meurt une certaine conception du monde, un certain usage de la vie caractérisée par un ascétisme que l’on commence à trouver excessif parce qu’une nouvelle classe émerge, la bourgeoisie, et qu’avec elle va émerger une nouvelle vision de la vie qui ne mérite pas tant de malédictions et dans laquelle il y a place pour la douceur du monde, les plaisirs, la beauté, les beautés. Certes, on continue à croire que le perfectionnement compte plus que la joie mais on voit bien qu’avec Pétrarque, Laure n’a pas le même statut que la Béatrice de Dante. La chair sourit, le soleil brille, l’homme a des désirs et des rêves, la volonté fléchit, la mélancolie et l’angoisse surgissent, l’élégie redevient possible. Avec Laure, on peut dire que Béatrice, symbole de la divinité, conduisant l’homme vers la perfection par des raisonnements élevés, conscience vigilante de l’homme, devient la beauté qui inspire des sentiments sublimes. Laure a levé les yeux, a souri à l’homme qui l’aime et voilà que Laure se promène dans les prairies, au bord des ruisseaux, contemple son image dans les sources, cueille des fleurs. Le poète ose la regarder, non comme une idée, un idéal mais comme la Femme prête à se laisser contempler par son amant.
Pétrarque vit ce changement de vision avec culpabilité et c’est cette tension entre hier et aujourd’hui, entre la nécessité de la perfection et son impossibilité pour lui, qui va faire la matière de son œuvre, partagée entre les œuvres latines édifiantes et l’œuvre en langue vulgaire où il cède à l’avidité du regard contemplatif, osant regarder les yeux, les mains, le visage, les cheveux, le sourire de la Femme aimée, ce que Dante n’avait pas osé faire.
Pétrarque renverse donc la perspective dantesque. Quand Dante projette la terre vers le ciel, Pétrarque trouve le ciel sur terre, sentiment religieux à rebours, nourri de la nostalgie des formes aimées et disparues, de l’angoisse impuissante de voir s’évanouir dans le néant ce corps adoré.
Revenons à la biographie.
Le 6 avril 1327, il rencontre Laure en l’église Sainte-Claire d’Avignon, vision décisive et définitive qu’il chantera toute sa vie.
En 1333, il reçoit d’un moine un minuscule exemplaire des Confessions d’Augustin qui l’accompagnera toute sa vie et qu’il donnera en 1374, peu avant sa mort, à un jeune moine augustinien. Il fait cadeau en 1354 d’un exemplaire des Confessions, copie transcrite par un jeune familier de Pétrarque, à son frère, cadeau évoqué dans la 6° lettre.
Le 26 avril 1336, il entreprend l’ascension du Ventoux avec son frère, véritable exploit pour l’époque. Au sommet, il ouvre au hasard son exemplaire des Confessions et tombe sur ce passage : « Et les hommes s’en vont admirer les hauts sommets, les immenses houles marines, les fleuves au large cours, l’Océan qui tout embrasse, les révolutions des astres ; et ils se laissent eux-mêmes à l’abandon. » Gherardo est saisi par ce passage, veut en entendre davantage mais François n’en lira pas plus. Il s’est perdu dans la montée quand son frère est arrivé sans encombres, il est fatigué, la montée a duré 7 ou 8 heures, il faut redescendre à Malaucène, il y en a pour 6 heures encore.
Gherardo doit sans doute sa vocation, sa conversion, à cette ascension et aux Confessions mais elle ne se révèlera qu’après la mort de celle qu’il aime en 1340. Laure, elle, sera emportée, comme le cardinal Colonna, protecteur de Pétrarque, par la peste de 1348. François apprendra la nouvelle le 19 mai 1348.
Gherardo décide de se retirer du monde à Montrieux et prend l’habit de moine en avril 1343.
Pétrarque passera un jour et une nuit à Montrieux, début 1347, visite à la suite de laquelle il écrira en latin le De otio religioso dédié aux moines chartreux.
Le 6 avril 1341, Pétrarque avait été spectaculairement couronné Prince des Poètes au Capitole à Rome. Il avait tout mis en œuvre pour obtenir cette consécration.
Pétrarque passera le 20 avril 1353 à Montrieux avant de quitter définitivement la Provence pour l’Italie, fin mai ou début juin 1353. Il s’installe d’abord à Milan au grand dam de son ami Boccace puis à Venise à la demande des doges où il reçoit un palais en échange de ses manuscrits car Pétrarque, fantastique érudit, avait réussi à dénicher des manuscrits rares.
En 1368, il s’installe à Padoue-Arquà. Il meurt le 19 juillet 1374 à sa table de travail et est enseveli dans l’église d’Arquà.
Le Canzoniere, commencé en 1342 (Laure a été vue le 6 avril 1327), prendra toute sa vie : en 1374, il travaille à la 10° rédaction de ce texte qu’il récusait pourtant.
Revenons au contenu des lettres.
La 1° lettre évoque les années de dissipation (1326 et après) dont seul Gherardo réussit à se libérer par la conversion. Comme toujours chez Pétrarque, érudit, l’imitation des Anciens est une source d’inspiration. Pour cette lettre, le fond doit aux Confessions d’Augustin et la forme aux Psaumes de David.
Avec la 2° lettre, Pétrarque envoie Parthenias, première églogue écrite en 1347 de son Bucolicum carmen, dans laquelle Pétrarque affirme que les Psaumes de David ne sont pas seulement un témoignage de foi mais aussi une œuvre poétique, développant ainsi cette thèse que la poésie a une origine religieuse et que la théologie est une poésie ayant Dieu pour objet.
Le 10 juin, veille du jour où Pétrarque rédige sa 3° lettre, il reçoit de Gherardo, un coffret de buis réalisé par son frère lui-même et une lettre de conseils, composée en grande partie de citations des Pères de l’Église, lettre perdue. La lettre de Pétrarque développe les raisons de la diversité observée entre les êtres humains et en un même être. Je n’ai pu m’empêcher d’entendre Montaigne, deux siècles et demi plus tard. Pétrarque emprunte à Aristote sa tripartition entre vie voluptueuse, vie politique et vie contemplative.
La 4° lettre est consacrée au courage de Gherardo pendant la peste de 1348.
La 5° est en relation avec un livre écrit par Gherardo sur la philosophie chrétienne et sur les principes à suivre pour une vie qui lui soit conforme, livre dont une copie a été remise à François. Ce livre est également perdu. Pétrarque s’interroge sur quelle est la vraie philosophie, quelle est la vraie loi et quel est leur meilleur maître à toutes les deux.
La 6° lettre en lien avec le cadeau d’une copie des Confessions à Gherardo aborde le sujet des livres et de leurs copies et pourquoi les copies des savants comportent plus d’erreurs que celles des copistes.
Comme on le voit, les circonstances d’écriture conditionnent en partie le sujet des lettres mais l’érudition de Pétrarque, sa culture donnent à ses lettres une dimension qui dépasse les circonstances, lui permettant de s’adresser à tout un chacun.
Pour conclure, on mesure cependant, en lisant ces lettres aujourd’hui, notre inculture de fond, l’absence de fréquentation des textes anciens, y compris religieux, expliquant cette distance entre nous et Pétrarque.
Je ne suis pas sûr que nous ayons perdu quelque chose d’essentiel en perdant ce qui sollicitait Pétrarque ou Dante. Nous avons trouvé d’autres interrogations, d’autres visions du monde, d’autres façons de vivre. En essayant de me situer à peu près au même niveau, à la même hauteur d'exigence que Gherardo ou François Pétrarque, il me semble que la sagesse tragique d’un Marcel Conche répond mieux à mes attentes, à mes envies fortes de vivre vraiment ma vie, que la vocation de Gherardo pour la voie de la perfection, ou que le clivage de Pétrarque entre son aspiration à la vraie vie spirituelle et sa complaisance pour la vie mondaine que par ailleurs il critique. La perfection recherchée par Gherardo, l’écartèlement de Pétrarque, cela ne me parle pas, ne me mobilise pas, ne correspond pas à mon expérience. Je suis en recherche d’authenticité et de vérité, comme eux sans doute, mais sur cette voie, j’ai d’autres maîtres: Montaigne et Marcel Conche.
Jean-Claude Grosse, ce 25 mai 2006
PS : Une légende veut que Pétrarque se soit arrêté au Revest en rendant visite à Gherardo. Rien dans les lettres ou dans les notes érudites ne permet d’accréditer la légende. Pour se rendre à Montrieux depuis le Vaucluse, le passage par Le Revest ne semble pas se justifier.
Mais on peut se rendre à Montrieux depuis Le Revest en passant par Siou Blanc et son pierrier, une xalada selon un terme du Canzoniere. Il faut 2 bonnes heures de marche.
Le Revest a donné le nom de Pétrarque à la salle de spectacle de la Maison des Comoni, le 1° juillet 1990. Pétrarque est donc associé aux activités artistiques et culturelles de ce lieu rayonnant : c’est une autre forme de couronnement ; c’est une reconnaissance légitime quand on sait l’influence de Pétrarque depuis 7 siècles sur la poésie et ses formes, en particulier le sonnet, jusqu’à Baudelaire en passant par Lamartine, qui lui a consacré un de ses cours familiers de littérature.
Une des 3 manifestations Poètes en partage qui se sont déroulées aux Comoni a été consacrée à Pétrarque dit en latin, en italien et à René Char.
Retour à la xalada chère à Pétrarque, le pierrier auquel il se compare dans le Canzoniere, pierre morte sur pierre vive car il ne sait comment trancher: il aime Laure mais l'aime-t-elle ? Le ...
une montée dans la xalada de Tourris
PÉTRARQUE - Le Temps vécu en flammes (France Culture, 1979)
Voici la publication du vendredi, jour dédié aux inspirations de la Poésie française :L'émission " La musique et les hommes ", par Bernard Michel, diffusée l...
sur France Culture en 1979
PÉTRARQUE (1304-1374) - Une vie, une œuvre [2004]
Par Francesca Isidori et Jean-Claude Loiseau.Émission diffusée pour la première fois sur France Culture le 18.07.2004.Francesca Isidori se penche sur la vie ...
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