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Blog de Jean-Claude Grosse

le jour d'après/nature et culture/JCG

12 Avril 2020 , Rédigé par grossel Publié dans #SEL, #jean-claude grosse, #écriture

Claude Lévi-Strauss, Françoise Héritier, Rousseau, Marshall Sahlins, Pierre Clastres, Sébastien Bohler, Marcel Conche, David Bohm
Claude Lévi-Strauss, Françoise Héritier, Rousseau, Marshall Sahlins, Pierre Clastres, Sébastien Bohler, Marcel Conche, David Bohm
Claude Lévi-Strauss, Françoise Héritier, Rousseau, Marshall Sahlins, Pierre Clastres, Sébastien Bohler, Marcel Conche, David Bohm
Claude Lévi-Strauss, Françoise Héritier, Rousseau, Marshall Sahlins, Pierre Clastres, Sébastien Bohler, Marcel Conche, David Bohm
Claude Lévi-Strauss, Françoise Héritier, Rousseau, Marshall Sahlins, Pierre Clastres, Sébastien Bohler, Marcel Conche, David Bohm
Claude Lévi-Strauss, Françoise Héritier, Rousseau, Marshall Sahlins, Pierre Clastres, Sébastien Bohler, Marcel Conche, David Bohm
Claude Lévi-Strauss, Françoise Héritier, Rousseau, Marshall Sahlins, Pierre Clastres, Sébastien Bohler, Marcel Conche, David Bohm
Claude Lévi-Strauss, Françoise Héritier, Rousseau, Marshall Sahlins, Pierre Clastres, Sébastien Bohler, Marcel Conche, David Bohm
Claude Lévi-Strauss, Françoise Héritier, Rousseau, Marshall Sahlins, Pierre Clastres, Sébastien Bohler, Marcel Conche, David Bohm
Claude Lévi-Strauss, Françoise Héritier, Rousseau, Marshall Sahlins, Pierre Clastres, Sébastien Bohler, Marcel Conche, David Bohm
Claude Lévi-Strauss, Françoise Héritier, Rousseau, Marshall Sahlins, Pierre Clastres, Sébastien Bohler, Marcel Conche, David Bohm
Claude Lévi-Strauss, Françoise Héritier, Rousseau, Marshall Sahlins, Pierre Clastres, Sébastien Bohler, Marcel Conche, David Bohm

Claude Lévi-Strauss, Françoise Héritier, Rousseau, Marshall Sahlins, Pierre Clastres, Sébastien Bohler, Marcel Conche, David Bohm

Voilà ce que propose « Le Jourd’après_01 » : non pas une plateforme collaborative de propositions de ceci ou de cela, mais un gigantesque atelier d’écritures, un cahier ouvert d’expériences et de rêves, un champ de possibles où butiner, etc.

Une prolifération. Un arbre à palabres où chacun.e doit se sentir autoriser à déposer une graine.

Tout est à inventer. Avec le ressac de certaines voix du passé, aussi bien. Dans la houle de ce Tout-monde dont nous parlait Édouard Glissant.

Un concile éclairant pour nous préparer à gouverner le futur, dans la biodiversité de nos existences et le respect de la planète qui nous offre l’hospitalité.

Nous ne voulons plus rien conquérir d’autre que la dignité d’être.

En confinant les indices de performance qui réduisent le sens du vivant à peau de chagrin, nous entendons écrire la constitution de ce qui nous constitue.

Ce « jour d’après », nous ne le connaissons pas encore. Voilà pourquoi il est urgent et nécessaire, en voix brassées, d’où qu’elles viennent, d’en faire le récit.

L’imaginaire n’est pas performant, il est créatif.
Imaginons-nous.

le blog au jour d'après avait fait un appel à texte pour le 10 avril sur nature et culture; j'ai donc rédigé ce pensum; JCG

 

Nature et culture

 

distinction venue de l'anthropologie : la culture s'oppose à la nature ; la culture caractérise les sociétés humaines ; la fondation des sociétés humaines repose sur le tabou, la prohibition universelle de l'inceste faisant passer de l'état de nature à l'état de culture

Lévi-Strauss et Françoise Héritier sont indispensables pour assimiler cela avec des différences notoires

Lévi-Strauss découvre que la prohibition de l’inceste est universelle – avec des modalités différentes selon les sociétés, une extension différente – et qu’elle a une valeur positive, qui est de contraindre les « hordes primitives », comme on dit, à sortir de la consanguinité en choisissant des conjoints à l’extérieur du groupe, ce qui a pour effet d’instaurer le social par un climat de paix et d’échange. Ce sont les hommes qui échangent entre eux leurs filles et leurs sœurs entre groupes pour concrétiser ces alliances. La prohibition de l’inceste entraîne l’exogamie – qui est un rapport entre groupes – et le mariage est par conséquent une institution qui est à entendre pour ce qu’elle est : une institution qui unit des groupes. Il nous reste des traces de cet aspect dans le fait que c’est un des rares contrats qui soit toujours accompagné du constat familial. En plus de cela, ajoute Lévi-Strauss dans un texte fameux qui s’intitule « La famille », il ne suffit pas de garantir la stabilité de cette union entre groupes ; il faut aussi garantir la stabilité de l’union entre individus. La répartition sexuelle des tâches, affirme-t-il, sert à cela ! Chacun des individus est alors dépendant de l’autre : l’homme chasse et la femme cueille. Telle est la théorie lévistraussienne.

Françoise Héritier :

Qu’est-ce qui fait que, dès l’origine, les femmes ont été considérées comme mineures ? Je reprends ici, parce qu’ils me conviennent parfaitement, les propos d’une philosophe du XVIIème siècle, Gabrielle Souchon, qui souligne que les femmes ont été de tout temps privées de la liberté d’usage de leur corps, privées de la liberté d’accès au savoir, et privées de la liberté d’accès au pouvoir. On ne peut pas mieux résumer ! C’est bien de cela qu’il s’agit, et dans tous les cas, le premier pas concerne la possibilité de disposer de son propre corps. Ce qui nous ramène à Lévi-Strauss, et au fait que ce sont les hommes qui disposent du corps de leurs filles et de leurs sœurs.

Lévi-Strauss l’a considéré comme une donnée naturelle. Je l’ai au contraire considéré comme un donné construit par l’esprit et questionnable. La différence est là. Lévi-Strauss a eu ce point d’aveuglement, et j’ai certainement les miens qui seront vus dans vingt ou trente ans par quelqu’un d’autre ! Simone de Beauvoir a eu les siens, également : elle ne voit pas que ce n’est pas parce que les femmes font des enfants qu’elles sont mises en tutelle, mais parce qu’elles font des fils ! Si les hommes faisaient leurs fils, ce serait différent !

Les prohibitions de l’inceste elles-mêmes sont sous-tendues par de « grands schèmes universels d’organisation » – l’identique et le différent – qui constituent la base des catégories mentales qui nous servent à penser. La négation impossible de la différence des sexes (la différence des sexes est un butoir ultime pour la pensée) fait de la symbolique élémentaire de l’identique et du différent une symbolique universelle.

 

on connait le mythe du bon sauvage, cher à Rousseau ; à l'état de nature l'homme est bon, c'est la société qui le corrompt ; et c'est la propriété qui est l'origine des inégalités ; le livre âge de pierre, âge d'abondance de Marshall Sahlins a montré comment les sociétés de l'âge de pierre étaient en symbiose avec la nature même hostile ; la connaissance des sociétés premières montre comment monde matériel et monde spirituel s'articulaient, à 50%/50% : pour un animal prélevé, une offrande etc...; le chamanisme régulait les relations avec les esprits qui sont dans chaque être animé, inanimé ; de telles sociétés étaient des sociétés contre l'état (Pierre Clastres); pour Marcel Conche, l'homme aussi est naturellement bon, c'est l'inégale répartition des ressources qui engendre la violence;  bon, il ne faut pas l'entendre au sens moral, généreux, ouvert, il faut l'entendre dans le sens d'adapté à son environnement, équipé pour pouvoir y vivre (Robinson illustre bien cette capacité, il est équipé pour s'adapter à sa nouvelle vie de naufragé, réussit à survivre puis à vivre); un bon lion est un lion qui couvre 40 fois par jour ses lionnes qui chassent pour lui...

 

Françoise Héritier voit bien que la différence des sexes est un butoir de la pensée et que ça fait des millénaires que la domination masculine s'est installée, pas prête à se remettre en cause car c'est dans le cerveau par apprentissage inconscient depuis si longtemps ; 

un livre me semble à lire sur les millénaires qu'il faudra pour éventuellement en finir avec la domination masculine à cause du striatum ;

la seule façon de s'en sortir, d'après moi, c'est par le travail sur soi, en conscience et la méditation est un outil précieux dans ce travail sur soi, commençant par la respiration consciente ; mais quand 7 milliards d'humains se mettront-ils à méditer ?

 

Le Bug humain de Sébastien Bohler

Plus qu’un moment critique nous vivons une véritable tragédie. Surpopulation, surpoids, surproduction, surconsommation, surchauffe, surendettement, nous avons basculé dans l’ère de tous les superlatifs qui mène l’humanité tout droit à sa perte. Si la capacité des ressources de la planète sont comptées, alors nos jours aussi le seront… Inéluctablement.
Mais alors que la situation empire heure après heure, aucune réponse collective tangible ne vient. Nous voyons le mur se rapprocher et nous ne faisons rien. La conscience de ce qui nous attend ne semble avoir aucun effet sur le cours des événements. Pourquoi ?
Sébastien Bohler docteur en neuroscience et rédacteur en chef du magazine 
Cerveau et psycho apporte sur la grande question du devenir contemporain un éclairage nouveau, dérangeant et original. Pour lui, le premier coupable à incriminer n’est pas l’avidité des hommes ou leur supposée méchanceté mais bien, de manière plus banalement physiologique, la constitution même de notre cerveau lui-même.
Au cœur de notre cerveau, un petit organe appelé striatum régit depuis l’apparition de l’espèce nos comportements.  Il a habitué le cerveau humain à poursuivre 5 objectifs qui ont pour but la survie de l’espèce : manger, se reproduire, acquérir du pouvoir, étendre son territoire, s’imposer face à autrui. Le problème est que le striatum est aux commandes d'un cerveau touours plus performant (l’homme s‘est bien imposé comme le mammifère dominant de la planète) et  réclame toujours plus de récompenses pour son action. Tel un drogué, il ne peut discipliner sa tendance à l’excès. À aucun moment, il ne cherche à se limiter. Hier notre cerveau était notre allié, il nous a fait triompher de la nature. Aujourd’hui il est en passe de devenir notre pire ennemi.
 (Livre d'Yvon Quiniou en cours d'écriture : L'inquiétante fascination de la démesure (de l'antiquité à aujourd'hui)

 

au sens anthropologique et ethnologique la culture c'est le système de parenté, tout ce qui concerne les soins du corps, la cuisine (qui a l'art de se diffuser, se créoliser, s'hybrider, s'universaliser ; exemples : la pizza, le couscous...), les techniques au sens de Leroi-Gourhan, la langue, les représentations symboliques, mythes, récits, légendes ; la culture en ce sens-là déborde et de loin ce qu'on appelle la culture, les arts et les lettres, ce qui fut appelé le supplément d'âme et dont les gens de culture veulent que ce soit accessible au plus grand nombre, démocratisation de la culture (maximum 10%) ; je préfère ne pas aborder ce sujet tellement l'appauvrissement du milieu culturel devenu entreprise de formatage culturel, administration des esprits au service du pouvoir est indécent ; j'ai dit ce que j'avais à dire dans de l'impasse à la traverse en 2003

 

si j'essaie de placer la discussion au niveau de la métaphysique de la Nature de Marcel Conche, je serai amené à dire que l'homme est une création de la Nature, que les cultures sont les mondes créés par les sociétés comme il y a le monde de la mouche, le monde de l'araignée ; les cultures sont les umwelt (les environnements) des hommes regroupés en sociétés ; l'Histoire (récit humain a posteriori = présent se racontant son passé = en fonction donc des oeillères du présent et pas en vue de la vérité historique), les histoires des sociétés sont aussi à considérer comme la Nature à l'oeuvre, pour une très grande part inconscientes, même si l'homme croit être le maître et possesseur de la nature, maître de son récit historique ; il y a donc la nature naturée, ce qui apparaît, disparaît, par le cycle des saisons par exemple, soumis à l'impermanence et, essentiel, à la mort (justice cosmologique selon Anaximandre, réparer en mourant l'injustice faite à ceux qui dans la course à l'ovule, n'ont pu naître => heureusement qu'on meurt; acceptation de la mort, ça ce n'est pas évident pour la plupart des humains), et il y a la Nature naturante, l'englobant universel, la Nature éternelle, infinie, créatrice ; la Nature créatrice-la phusis qui aime à se cacher (Héraclite) est un enfant qui joue ; l'unité des contraires est le moteur du panta rhei, du tout change (mais prétentieux celui qui prétendrait parler de lois de l'histoire, de lois de la nature, de lois de l'évolution, de l'évolution des espèces, voulant y mettre ordre et raisons, causes et effets ; chaos et ordre plutôt et ce jeu de l'enfant ne garantit pas l'éternité à l'espèce humaine) ; depuis la bombe atomique, on sait l'espèce humaine mortelle et pas seulement les civilisations et depuis, les menaces se sont multipliées, amplifiées ; l'enfant qui joue, la Nature créatrice, crée selon de légères déviations, le clinamen d'Épicure avec ce résultat, il y a plus d'effets que la cause ou déviation initiale donc imprévisibilités, surprises ; les virus sont un exemple caractéristique de ces déviations ; non vivants, les virus de l'ordre d'une molécule, existent depuis 3 milliards et demi d'années, nous depuis 350 000 ans, 1000 fois moins et on veut leur faire la guerre ; les virus sont des moteurs de l'évolution, réservant plein de surprises ; la Nature créatrice est à imaginer comme une grande tapisserie sans unité d'ensemble, sans plan d'ensemble, comme unité inassemblable de morceaux, un puzzle ; il n'y a qu'à penser aux univers, galaxies, étoiles, soleils (des milliards de galaxies et d'étoiles et nous avec nos instruments en connaissant 100000 peut-être ; quel prétentieux veut voir un plan là-dedans ?)

 

cette métaphysique me semble intéressante parce qu'elle oblige à faire silence, à accepter de ne pas savoir, à prendre le mystère comme un mystère, sacré ou pas, chacun fait en conscience ; cette humilité devant le mystère nous protègerait de l'hubris, de la démesure qui caractérise hommes de sciences (pas tous bien sûr mais l'institution techno-scientifique), hommes d'argent (si peu philanthropes) et hommes de pouvoir (si addicts à cette jouissance), alliés contre la Vie, contre l'humanité mais Nature aura raison d'eux en ayant raison de nous tous, sauf à nous mettre debout, corps, esprit, âme. Pas gagné du tout.

il me semble donc que pour vivre, penser, imaginer, rêver ce qui vient, il est bon de remonter au premier philosophe, Anaximandre et lui associer Héraclite, Parménide; il sera bon de méditer les traductions, commentaires qu'en a fait Marcel Conche, collection Epiméthée aux PUF

 

http://les4saisons.over-blog.com/page-4418836.html

 

cette métaphysique est-elle compatible avec ceux qui croient qu'il y a une Conscience, un Souffle, un Soi, un Vide créateur ; je ne suis pas en mesure de trancher et le faut-il ?

je vois deux courants : 

- un courant qui pense comme Jung qu'il y a un Soi, un inconscient collectif, des archétypes et symboles agissant à l'insu des gens sauf des chercheurs de coïncidences, de synchronicités, les fouilleurs de rêves, de liaisons, de connexions irrationnelles souvent; le monde magique des enfants ne connaît pas les barrières et séparations que très vite les adultes s'imposent; ils voyagent légers, fluides dans des mondes réels, imaginaires, passant d'un état à un autre, très quantiques si l'on veut (Chesterton demandait pourquoi les anges volent-ils ? parce qu'ils se prennent à la légère; l'esprit de sérieux plombe le présent et l'à-venir); Jodorowsky me semble un exemple puissant de ce courant avec la psychomagie 

- un courant de la conscience qui se nourrit de traditions et pratiques d'éveil spirituel, préconisant par la méditation, par le pouvoir du moment présent de nous aligner sur la Vie, de nous installer dans l'être plus que dans le faire, de nous débarrasser tant que faire se peut de l'ego, du mental (la ritournelle qui, 24 H sur 24, nous fait ressasser le passé, craindre demain...) pour devenir co-créateurs conscients de ce qui advient

je pense que, outre le retour aux philosophes anté-socratiques, rêver ce qui vient et qui donc influe, fait advenir l'à-venir, suppose une réflexion sur les groupes et sociétés basée pour partie sur la pyramide des besoins de Maslow et pour partie sur la spirale dynamique à l'oeuvre dans l'organisation des sociétés humaines d'après le livre de Frédéric Laloux étudiant 10000 ans d'organisations humaines; de même que l'essentiel d'une culture est d'ordre inconscient, des structures agissantes à notre insu, l'essentiel dans les organisations humaines échappe aux exécutants comme aux décideurs qui décident en toute méconnaissance de causes et d'effets; on croit savoir ce qu'on décide (pour les grandes décisions, en général il y a autant d'arguments pour que d'arguments contre et le décideur choisira à l'intuition car impossible de trancher rationnellement, il n'y a pas de balance pour les bonnes décisions) et on gère des effets secondaires et pervers

https://martouf.ch/2016/12/notes-resume-du-livre-reinventing-organizations-de-frederic-laloux/

 

dernier point, s'équiper d'un modèle mental ne semble pas une mauvaise chose

https://www.cairn.info/revue-developpements-2009-2-page-49.htm

https://ucan.blog/interets-composes/

https://ucan.blog/effet-lindy/

L’effet Lindy — Modèle Mental

L’effet Lindy est un modèle mental introduit par Nassim Nicholas Taleb dans son livre Antifragile. Voici ce dont il s’agit :

Si une entreprise existe depuis quarante ans, on peut s’attendre à ce qu’elle existe toujours dans quarante ans. Mais si elle survit une décennie de plus, elle devrait toujours être là dans cinquante ans.

Les choses qui existent depuis longtemps ne vieillissent pas comme les personnes, mais vieillissent à l’inverse : chaque année qui passe sans extinction augmente leur espérance de vie. Ceci est un indicateur de robustesse. La robustesse d’une entité ou d’un objet qui répond à cette loi est proportionnelle à sa durée de vie.

En d’autres termes, les choses qui ne sont pas vivantes — les religions, les technologies, les entreprises, etc. — et qui existent depuis longtemps peuvent être considérées comme plus robustes — ou antifragiles, pour reprendre le terme de Taleb — et sont donc susceptibles de continuer à exister plus longtemps que les nouvelles choses qui n’ont pas encore passé l’épreuve du temps.

Plus quelque chose est ancien, plus il y a de chances pour qu’il soit résistant, et chaque année qui passe augmente de la même durée ses probabilités de survie dans l’avenir. L’effet Lindy n’est pas une règle scientifiquement prouvée, mais un modèle mental qui nous permet d’apprécier la robustesse d’une entité en s’affranchissant de calculs de probabilités complexes.

https://ucan.blog/ligne-rouge/

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avec une telle métaphysique, comment vivre ? avec quelle sagesse ? une sagesse épicurienne

En quoi consiste cette sagesse ? À devenir soi, en usant de sa raison et de sa volonté pour se libérer des désirs vains de pouvoir, de richesse, de gloire et même d'amour charnel, pour ne satisfaire que des désirs simples, naturels, et l'essentiel désir de philosopher qui l'a saisi très tôt quand il a voulu aller voir à 6 ans si le monde continuait après le tournant de la route. Marcel Conche ne cède pas aux sirènes de la consommation, du tourisme, des voyages, de la « culture » spectaculaire, de la mode (des effets de mode, y compris intellectuelles). Il juge par lui-même en argumentant, contre-argumentant, ce qui le conduit à des positions singulières, les siennes, et singulières par rapport à l'esprit du temps (sur l'avortement, sur la guerre en Irak, les interventions des pays démocratiques en Libye, en Syrie, sur le suicide en fin de vie, sur la grandeur ou petitesse des hommes politiques).

Marcel Conche, l'Épicure d'Altillac, n'a pas de disciple, c'est un solitaire aimant la discussion épisodique avec des amis, (ses amis les plus fidèles sont des philosophes grecs : Héraclite, Parménide, Anaximandre, Épicure, Lucrèce, et Pascal, Montaigne ; il a dû renoncer à écrire sur Empédocle), aimant la nature, les paysages de Corrèze, les flots toujours renouvelés de la Dordogne, les figuiers qu'il a plantés et arrose, les chats errants qu'il nourrit sans s'attacher à eux. Sa maison d'enfance n'est plus celle qu'il a connue, elle a été transformée, il s'en accommode. Marcel Conche est un insoumis qui réussit à avoir avec son œuvre une audience et sans doute une influence ne dépendant pas des médias.

"À l'écart de l'agitation, dans le Jardin d'Épicure où sont cultivés les désirs naturels et nécessaires, la sagesse, l'amitié et l'absence de superstitions, s'épanouit une joie qui n'attend pas... L'épicurisme fleurit ainsi dans un coin perdu de Corrèze. Nous sommes chez Marcel Conche, la table est mise pour un banquet épicurien. Des amis y conversent comme dépourvus d'avenir, tant la minute présente leur paraît complète ; tels « des humains vivant la même vie dans le même esprit, et complices de leur mutuel bonheur. » Les Belles Lettres.

superbe extrait de Lucrèce : De la nature

https://soundcloud.com/editionslesbelleslettres/lucrece-de-la-nature

 

 

Jean-Claude Grosse, Le Revest, 10 avril 2020

pour rêver le jour d'après en remontant très loin dans le temps
pour rêver le jour d'après en remontant très loin dans le temps
pour rêver le jour d'après en remontant très loin dans le temps
pour rêver le jour d'après en remontant très loin dans le temps
pour rêver le jour d'après en remontant très loin dans le temps
pour rêver le jour d'après en remontant très loin dans le temps

pour rêver le jour d'après en remontant très loin dans le temps

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Le jour d'après / JCG

6 Avril 2020 , Rédigé par grossel Publié dans #JCG, #Le Revest-les-Eaux, #poésie, #écriture

25 mars 17 H, le Mont Caume depuis chez moi, au Revest-les-Eaux

25 mars 17 H, le Mont Caume depuis chez moi, au Revest-les-Eaux

Voilà ce que propose « Le Jourd’après_01 » : non pas une plateforme collaborative de propositions de ceci ou de cela, mais un gigantesque atelier d’écritures, un cahier ouvert d’expériences et de rêves, un champ de possibles où butiner, etc.

Une prolifération. Un arbre à palabres où chacun.e doit se sentir autoriser à déposer une graine.

Tout est à inventer. Avec le ressac de certaines voix du passé, aussi bien. Dans la houle de ce Tout-monde dont nous parlait Édouard Glissant.

Un concile éclairant pour nous préparer à gouverner le futur, dans la biodiversité de nos existences et le respect de la planète qui nous offre l’hospitalité.

Nous ne voulons plus rien conquérir d’autre que la dignité d’être.

En confinant les indices de performance qui réduisent le sens du vivant à peau de chagrin, nous entendons écrire la constitution de ce qui nous constitue.

Ce « jour d’après », nous ne le connaissons pas encore. Voilà pourquoi il est urgent et nécessaire, en voix brassées, d’où qu’elles viennent, d’en faire le récit.

L’imaginaire n’est pas performant, il est créatif.
Imaginons-nous.

like to think of the suicidal acrobats and tight-rope walkers training those bonzais over hundreds of years

like to think of the suicidal acrobats and tight-rope walkers training those bonzais over hundreds of years

Que peuvent dire les poètes par temps de détresse ? 

Que peuvent dire les poètes, par temps de détresse, de catastrophe ou d’épidémie ? 

Ce qu’ils disent déjà, par temps ordinaire : écoutez, regardez, soyez attentif…

Regardez bien ce qui apparaît dans les apparences, ressentez ce qui donne l’être à tout ce qui est là, donné...

Si cela est possible, regardez vos propres yeux, puis ce qui leur permet de voir… 

Ce n’est pas une idée que vous avez derrière la tête, une pensée préconçue ou préétablie, vous avez une lumière derrière la tête…

Regardez toutes choses dans cette lumière. 

Dans cette lumière qui vient de derrière la tête, vous voyez toutes choses plus belles et plus terribles que ce que vous pouvez en percevoir, en pensée ou en imagination ; vous voyez les choses telles qu’elles sont, tellement là, fugaces et insaisissables…

Regardez, écoutez, soyez attentif : le monde est plein de cris, écoutez celui qui crie au cœur de tous ces cris…

Vous entendrez un insondable silence, la nostalgie insoutenable d’une pure Présence. 

Le poète ne dit pas grand chose, il n’explique rien, il ne juge pas, il montre ce qui est là.

Et tout est là.

Jean-Yves Leloup, mars 2020

Notre esprit est encombré de fausses questions, de toutes sortes de soucis, peut être que la méditation est une forme de diète. Écouter en nous ce qui est l’essentiel et le nécessaire.

Épicure proposait des méditations pour calmer l’esprit, pour qu’il y ait en nous moins de pensées et d’avantage de lumière 

« La vie simple ou le Jardin d'Épicure » Jean Yves Leloup, in Les Odyssées de la Conscience

La photo de Hans Domenig s’intitule : La voie s’écarte du bon chemin (1990);  proposé par l'ami de confinement François Carrassan

La photo de Hans Domenig s’intitule : La voie s’écarte du bon chemin (1990); proposé par l'ami de confinement François Carrassan

Le jour d'après

Le jour d'après sera un jour calendaire, un jour naturel après une nuit naturelle, selon le rythme nycthéméral (temps cyclique), un jour humainement compté par les calendriers inventés par les hommes c'est-à-dire un jour daté (temps linéaire arbitraire en horaire d'été).


Le jour d'après sera un jour daté, décrété, un jour officiel, un jour politique, un jour décidé par des autorités politiques et publiques, ayant décidé de nous sortir du confinement, ce jour-là.


Le jour d'après sera un jour où des hommes politiques s'appuyant sur des experts d'hommes et de virus auront décidé dans le confinement de leurs bureaux que la guerre est finie. La guerre contre le virus. Contre le virus nommé couronne, coronavirus 2019, COVID 19, chakra coronal, vide, 19.
Comme l'a remarqué le virus, le chiffre 19 tombe bien : CAC 40 – COP 21 = COVID 19.


19, m'a dit le virus, signifie que vous ne devez pas attendre d’aide de l’extérieur, mais commencer votre voyage par vous-même, et cela vous mènera à de la satisfaction. Votre attitude positive ne sera pas utile que pour vous, mais aussi pour les autres. 19 vous demande de servir l’humanité de toutes les manières possibles. Votre but dans la vie est plus élevé que ce que vous recherchez. En aidant les autres, vous compléterez votre mission d’âme.


Donc tous les confinés ont pris conscience de leur mission d'âme, oeuvrer pour l'achèvement d'un cycle, ouvrant la voie à un nouveau cycle, indéfini, inconnu. Ils ont compris que le virus 19 comme le nombre 19, nombre d'abandon, sont un chiffre et un virus annonçant de bonnes nouvelles.


Au petit matin du jour d'après, je me suis réveillé comme d'habitude, sans réveil, normalement, naturellement, selon mon horloge biologique. Assis sur le rebord du lit, j'ai dit merci la nuit, à la prochaine nuit, bonjour le jour de maintenant.


Je n'ai pas fait de différence. J'ai pris mon petit-déjeuner habituel, j'ai humé la peau de la mandarine quotidienne qui m'évoque le soleil comme ce fameux 19, seul nombre divisible par lui-même et par 1, le 1 qui vibre d'unicité, d'indépendance, le 9 qui mène à l'illumination, à l'éveil, à l'inspiration. Dans la Kabbale, le 19 invite à reconnaître la beauté cachée des êtres ou des circonstances difficiles à accepter. Il est une aide précieuse pour voir et aimer le Divin en chacun et en Tout. Il est une puissance de purification, de transmutation. L'amour absolu. J'ai pensé au préfet Didier Lallement et j'ai ri. Une heure après, calmé, j'ai essayé de lui envoyer de l'amour inconditionnel depuis le cœur.


Ayant incorporé par méditation et respiration contrôlée et relâchée alternativement, étant là et à côté de moi, là et au dessus de moi, là et en dessous de moi, étant moi et dissous de moi, ayant incorporé l'amour comme puissance, comme force, comme énergie universelle, je ne me suis pas posé de questions philosophiques ou existentielles. Très calme à l'intérieur de moi, très brûlant du regard, le cœur et les poumons regorgeant d'amour, rayonnant d'une aura portée comme couronne de feu solaire, j'ai laissé monter, j'ai laissé venir, j'ai laissé diffuser, immobile, yeux fermés, ouverts.


J'ai été traversé par les cris de joie, les désirs de vivre, de jouir, de faire la fête. J'ai été secoué par les cris de rage, les désirs de vengeance, de justice, de nouveau monde. J'ai vu le blanc, j'ai vu le noir, je n'ai pas vu la balance qui pèse, je n'ai pas vu l'épée qui tranche.


Je suis allé faire quelques courses au village, du pain, des légumes et des fruits. J'ai repris un café, dehors sous les platanes, comme avant. Poli comme avant, tout sourire comme avant, avec un signe ou un mot pour chacun rencontré, sans précipitation, donnant à chaque moment son temps, recevant sans commentaires ni jugements les rêves et espoirs des uns, les colères et peurs des autres.


À mon retour, deux heures après, sur le palier, en haut des 53 marches, j'ai regardé les falaises à pic du Mont Caume qui se jettent sur le village. J'ai fermé les yeux, j'ai dit : je te livre espoirs et craintes de mes frères et sœurs. Transmutons-les en nuages féconds. J'ai expiré, un expir prolongé, harmonieux. J'ai inspiré une longue goulée de prana.


Jean-Claude Grosse, 6 avril 2020, Le Revest-les-Eaux, Villa Joie.

enfin ! όσο διαρκεί ! pourvu que ça dure ! s'exclament les atlantes, sans doute aussi les cariatides

enfin ! όσο διαρκεί ! pourvu que ça dure ! s'exclament les atlantes, sans doute aussi les cariatides

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