Résultat pour “La dernière génération d'octobre”
L'impitoyable aujourd'hui / Emmanuelle Loyer
L'impitoyable aujourd'hui
Emmanuelle Loyer
Flammarion, septembre 2022
Ce livre est sorti à point nommé, alors que, suite au livre-labyrinthe Et ton livre d'éternité ?, je remets en question, en perspective, la plupart de mes croyances, de mes paradigmes historiques, scientifiques, métaphysiques, politiques et idéologiques.
Cela me fait du bien de voir s'effondrer ou basculer « mes » croyances, convictions, certitudes d'une soixantaine d'années. À 82 ans, tabula rasa. On ne sait rien. Grande humilité pour accepter le miracle de la naissance, le mystère de la mort, pour vivre la vie avec gratitude, pour respecter la vie dans sa diversité et son unité.
De ce champ de ruines, je ne sors pas effondré mais animé du projet : quoi à la place ?
Ayant pris conscience
que tout est croyance, les certitudes ou vérités dites scientifiques, les preuves ou faits historiques, les arguments philosophiques et métaphysiques, les convictions politiques et idéologiques
que tout est récit, que ce que je prends pour le réel est l'effet du récit que je tiens sur ce que je crois être le réel et qui l'engendre
que ce sont les mots que j'emploie qui crée le réel, que les mots ne sont pas les traducteurs d'un réel pré-existant, objectif, extérieur
alors la tache devient celle-ci : quel récit veux-tu tenir aujourd'hui puisque tu es l'auteur du récit qui va donner sens ou valeur à ta vie, présence à ton réel ? Quels mots veux-tu utiliser pour créer ton réel ?
L'essai d'Emmanuelle Loyer ne répond en aucune façon à cette invention, fabrication du réel que je désire par les mots que j'utiliserai. Il a par contre un pouvoir de remise à l'heure des pendules. Les grands récits, récit national par exemple, s'effondrent, grâce à des frondeurs, des chercheurs de l'autre face des Lumières, des points aveugles des éclairages enseignés, appris sans grand esprit critique. Car il faut du temps pour que les ombres, les fantômes mis sous le tapis se fassent entendre. La révolution française est-elle vraiment une révolution libératrice, émancipatrice ? Liberté, égalité, fraternité, à quels prix ? Avec quels effets dans le monde ? La révolution industrielle anglaise est-elle la continuation technique et économique de la révolution politique française ? D'où vient la croyance au progrès ? D'où viennent les deux guerres mondiales de la 1° moitié du XX° siècle ? Devant ce qui s'appelle
l'accélération de l'histoire au travers de la modification agressive des frontières dans l'Europe commencée avec l'aventure napoléonienne, suscitant par effets-boomerang la naissance de nationalismes revanchards,
l'accélération des inventions techno-scientifiques, bouleversant en permanence le quotidien des gens, y a t-il de la résistance, de la résilience, de la survivance ?
Quelles formes ont pris les manières de ne pas vivre avec son temps ?
Emmanuelle Loyer, historienne, ethnologue, lectrice d'oeuvres littéraires nous emmène chez le dernier des Mohicans avec Fenimore Cooper, le dernier trappeur de la taïga, Derzou Ouzala avec Vladimir Arseniev, dans l'île de Sakhaline avec Anton Tchekhov, en Amazonie, chez les Nambikwara avec leur dernier témoin Lévi-Strauss, chez ceux qui sont arrivés trop tôt ou trop tard, les déçus de l'histoire ayant perdu leurs illusions, n'ayant que la peau de chagrin de l'Histoire, ambivalents par rapport à l'Histoire au présent (Chateaubriand, Stendhal, Hugo), dans certaines campagnes françaises, à Nohant dans le Berry chez George Sand devenue grand-mère et sorcière après avoir créé et animé La Cause du peuple (3 N° en 1848), à Minot dans le Doubs où disparaissent les vieilles façons de dire et de faire de la laveuse, la couturière, la cuisinière avec Yvonne Verdier, sur l'Èvre, un affluent méconnu de la Loire avec Julien Gracq, dans l'empire austro-hongrois de La marche de Radetzky avec Joseph Roth, à Donnafugata en Sicile à l'achèvement de l'aristocratisme avec Giusepe Tomasi Lampedusa, à Gagliano où le Christ n'est jamais arrivé avec Carlo Lévi et Ernesto De Martino, à Višegrad sur le pont Mehmed Pacha Sokolović franchissant la Drina avec Ivo Andrić, en Angleterre dans les châteaux gothiques et maisons hantées de Marie Shelley, pendant que le temps devient horloger avec la mécanisation des métiers à tisser, modifiant le temps du sommeil avec Edward Palmer Thompson et Jacques Rancière, en Russie à Borodino dans Guerre et Paix de Tolstoï où Napoléon est vu par l'oeil de son serviteur, par le petit bout de la lorgnette évoquant le petit homme de la boucherie (le mot est dans le roman) et non le grand stratège et où avec Koutouzov, on saisit les mille et unes micro-décisions décidant du sort d'une bataille et d'une armée en déroute, boucherie produite par l'exaltation patriotique des nationalismes en formation et produisant des fous se prenant pour Napoléon, des hallucinés ayant l'angoisse de perdre la tête, d'être décapités (la terreur fut un gouvernement des émotions par les émotions, un déchaînement paranoïaque de politique dite de salut public), en Russie soviétique à Stalingrad avec Vie et destin de Vassili Grossman, en Allemagne année zéro avec Winfried Georg Maximilian Sebald, à Berlin à l'arrivée des troupes soviétiques avec une femme anonyme, dans une ville, aujourd'hui ukrainienne, Lviv, d'où sont issus les inventeurs (Hersch Lauterpacht, Raphaël Lemkin) de deux concepts juridiques : crime contre l'humanité, génocide (18 ans après ce qui s'appellera génocide arménien, décrit par Frantz Werfel dans Les Quarante Jours du Musa Dagh paru en 1933), Lemkin mettant le doigt sur le propre de cette guerre totale « cette guerre n'est pas menée par les nazis seulement pour des frontières mais pour transformer l'humanité à l'intérieur de ces fontières. », sur deux siècles (XIX-XX°) pour terminer par la longue durée étudiée par certains historiens (Lucien Febvre, Fernand Braudel), par la spécificité du temps des isolés (Proust dans sa chambre, Barthes au sanatorium), par la vieillesse vécue comme vita nova pendant une vingtaine d'années par George Sand ou Colette (L'étoile Vesper, 1946) ou Vita Sackville-West (Toute passion abolie, 1933), et par le voyage Dans la nuit et le vent de Patrick Leigh Fermor, 19 ans en 1934, parcourant entre 1933 et 1935 à pied et en diagonale, du nord-ouest (Rotterdam) au sud-est (Istanbul), en suivant deux voies fluviales, le Rhin puis le Danube, la face européenne de la Terre dont Bruno Latour fait un être vivant avec l'hypothèse Gaïa.
Cet essai est tellement riche (l'énumération qui précède en donne un aperçu) que je ne cherche pas à en rendre compte, renvoyant chacun à sa lecture éventuelle.
Par contre, oui, tenter de dire quels mots je souhaite utiliser pour créer le réel dans lequel je désire vivre.
Et ce seront d'abord les mots de Lévi-Strauss, le témoin triste disant dans Tristes tropiques « Le monde a commencé sans l'homme et s'achèvera sans lui. » Mais ce constat, né de l'opposition entre les sociétés froides, les sociétés premières, et les sociétés chaudes (la civilisation moderne née à la Renaissance), particulièrement entropiques, désagrégatrices ne doit pas nous empêcher de jouer notre partie et de la jouer le mieux possible. Là Rousseau est préférable à Descartes. Celui-ci exprime les certitudes du moi (je pense donc je suis), Rousseau exprime la sortie des évidences du moi, l'identification à autrui, la pitié, aujourd'hui, on dirait la compassion ou l'amour inconditionnel (je panse donc je suis, je prends soin). « La conscience de la vanité du sens n'est pas un extincteur de la quête de compréhension, la conscience de la finitude n'est pas un découragement à l'action. » p.125
En 1976, Lévi-Strauss propose à la commission des lois de l'Assemblée Nationale, une charte du vivant, une réforme de la morale et de la politique fondée sur la beauté du monde et sa caducité. La valeur de toute chose est dans son irremplaçabilité. Il faut célébrer les choses mêmes en dehors de l'usage ou de la perception du sujet, dans la réconciliation de la morale avec l'esthétique et de l'homme avec la nature, dans le respect de tout ce qui naît, vit, meurt, de la bactérie à la galaxie en expansion accélérée, du virus au trou noir glouton.
Ce respect intègre le respect de soi, l'estime de soi, l'acceptation, l'affirmation de mon caractère irremplaçable, l'acceptation de mon unicité, de ma singularité.
D'où l'interrogation : Au lieu de se demander « qu'est-ce que je veux de la vie ? », une question plus puissante est : « qu'est-ce que la vie veut de moi ? ». Eckhart Tolle
En ce qui me concerne, j'opte pour une curiosité à 360°, circulaire horizontale, sphérique toutes directions, de la bactérie aux galaxies, des virus à nous et nous, à moi et moi, à je et je est un autre, à toi et tu...
L'infinie variété du vivant me passionne, l'infinie diversité des humains aussi.
Tout accueillir, tout ce qui se manifeste, sans jugement, sans tri, du salaud au saint, du monstrueux au sublime (il y a du monstre, du sublime, du normal, du foldingue... dans tout humain) ; si ça se manifeste, c'est que c'est nécessaire (y en a qui appellent ça hasard)
qui suis-je pour trier ? ça c'est bon, ça c'est mauvais ?
du miracle de la naissance au mystère de la mort, se vivre comme goutte dans l'océan-comme océan dans la goutte, comme agitation des vagues de surface-comme immobilité des profondeurs
la VIE comme vibration information énergie
adoptée à Rio en 2010
Le temps du confinement fut un temps de révélation de l'essence-ciel pour certaines et certains.
Le temps du confinement fut un temps de confinement pour tout un chacun du monde
dans la ronde arrêtée du monde
un temps imposé d'isolement par les pouvoirs du monde mais pas sur la ronde du monde
une prison mondiale pour humains, mais pas pour animaux, végétaux, minéraux
chacun chez soi, chacun pour soi
(à chacun de se situer entre les extrêmes de ces deux expressions pouvant comprendre tout le monde, chacun dans sa singularité de situation, de confortable à insupportable, chacun dans sa spécificité d'être, d'altruiste à égoïste)
avec rares autorisations de sorties pour s'approvisionner, s'oxygéner
sans pénurie organisée sans chaos engendré
sans insurrections provoquées sans révoltes spontanées
un parmi huit milliards de prisonniers soumis volontaires
nourris, blanchis, chauffés, « protégés » du virus
né d'une soustraction CAC 40 - COP 21 = COVID 19
facteur d'évolution comme tout virus mutant de variant en variant
contre lequel big pharma était en « guerre » totale
contre lui COVID 19 qui nous avait mis en grève générale
un parmi huit milliards
faisant ce qu'ils voulaient de leur temps d'isolement diversement vécu
faisant ce qu'il voulait de son temps de solitude aimée, oh oui, bien aimée !
même la route passant en dessous de chez lui avait été fermée pour deux ans
pas de travail contraint, de télé-travail
pas de travaux forcés d'intérêt général
découvrant ainsi la liberté intérieure, la fluidité de l'impermanence gommant la rigidité de toutes ses identités, découverte par bien des prisonniers avant lui
prisonniers dans des prisons d'états, dans leur propre prison ou celle d'une maladie, asile d'aliénés, sanatorium de tuberculeux
et qui ont soigné un peu le monde en souffrance parce que s'étant remis synchrones avec leurs rytmes internes et externes (coeur, respir, cycles journaliers, saisonniers...)
découvrant sa liberté créatrice jusque-là potentielle, l'activant, en usant
faisant ainsi de lui non un homme parmi huit milliards d'humains
vivant au petit bonheur la chance au gré des circonstances, des influences
mais un homme singulier, nécessaire car seul à créer ce qu'il créait dans l'humilité et l'intimité, au secret
par un petit pas de côté, un petit glissando de travers, un petit rire sur lui - on n'en finit pas avec l'enflure du moi-je-moi-je -, une larme d'empathie pour le virus traqué dans les labos
ils furent quelques-uns à découvrir un autre usage du temps consistant à prendre le temps, à faire comme si le temps était éternel
plus de compétences à avoir, d'originalité à exhiber, de domination à exercer, plus de temps compté, émietté, mesuré
du temps prenant son temps
c'est ce que quelques-unes redécouvrirent
que le temps c'est le présent, que c'est un présent
car c'est depuis toujours, le temps des femmes, le temps de l'attention au présent, au présent de l'enfant en demande, au présent de la vieille en souffrance
découvrir que l'éternité est dans le moment présent
pas dans regrets et souvenirs du passé
dans projets et désirs de lendemains qui chantent et dansent
ce fut ce qui jaillit de la prison mondiale
il n'y a rien à ajouter, rien à retrancher au monde
il n'y a rien à juger, rien à séparer
le bon grain de l'ivraie, le bien du mal, le beau du laid, le doux du cruel
tout est déjà là, dans sa diversité, ses contrariétés, ses complémentarités
avec ses effets-miroirs
l'autre détesté c'est moi, l'autre aimé c'est moi
et si tu me détestes, c'est toi et si tu m'aimes, c'est toi
tout est à cueillir, accueillir, recueillir
tout est partageable, tout est à partager
depuis je chante sans forcer la voix, léger comme murmure de filet d'eau, danse avec l'absente dans mes bras ouverts, goûte à ma cuisine-maison, déguste mes breuvages et infusions, redécouvre pissenlits, roquettes, herbes sauvages, baies de myrte, olives, champignons de mon terrain non cultivé
ils et elles chantent ; quelques-uns, quelques-unes ; les autres continuent à s'affronter
ils et elles dansent ; quelques-uns, quelques-unes ; les autres continuent à s'entr'envier
les quelques-uns ne croient même pas utiles de garder traces écrites, dessinées, peintes de leurs bonheurs
ce sont des bonheurs minuscules de vies minuscules centrées sur l'essence-ciel
ils se regardent, s'enlacent, s'embrassent, se caressent
ils se sentent regardés, enlacés, embrassés, caressés par tout ce qui existe, vit, meurt de la bactérie à la galaxie en expansion, du virus au trou noir glouton
ils sont en lien, reliés
ils tissent la tapisserie mystique de la dame à la licorne
ils sont un point à l’endroit, un point à l’envers de la grande tapisserie cosmique
les fleurs séchées égrènent leurs graines
de nouvelles germinations engendreront de nouvelles floraisons
le temps du confinement en prison mondiale a été pour certaines et certains le temps de la libération de leur puissance créatrice, génitrice de leur liberté intérieure, inaliénable.
Jean-Claude Grosse, le 4 décembre 2022, Le Revest
La vision trinitaire de Jean-Yves Leloup, 83° graine de conscience, parcours gratuit sur inscription
Jean Yves Leloup explore depuis une cinquantaine d'années les voies de la transformation intérieure et de la "conscience exercée" ou méditation. Écrivain, philosophe et théologien, il est l'a...
le parcours des graines de conscience est gratuit, sur inscription
l'accueilleuse-guérisseuse et le chasseur, en cours d'écriture, j'ai le chasseur, manque la guérisseuse
Frank Cassenti
Réalisateur, scénariste et musicien, Frank Cassenti est le co-fondateur du festival de jazz de Porquerolles. Il préside l'association depuis 2001. Le livre Jazz à Porquerolles est paru aux Cahiers de l'Égaré en 2016 pour les 15 ans du Festival. Nous étions côte à côte à la fête du livre d'Hyères en 2016. / Le manuscrit de son roman attend son éditeur à titre posthume, travail d'épitaphier.
Frank Cassenti à Tournez La Plage : Festival D'Écritures Contemporaines [1ère ÉDITION], à La Ciotat en août 2017
Jazz à Porquerolles / Juillet 2023 / 22ème édition / un des sept meilleurs festivals de l'été en France (dixit Le Monde) / Et ce fut un plaisir d'applaudir celui que j'avais le bonheur d'accompagner depuis 2002 et qui aimait nous offrir dans la cour aux ombres fantastiques du Fort Sainte Agathe "des moments d'éternité" : Frank Cassenti, le génial inventeur de Jazz à Porquerolles. Qui nous faisait rêver en dehors du prêt à porter et nous comprendre en dehors du prêt à penser. Qui avait mis la culture, le cinéma, le théâtre, la musique, au coeur de sa vie, sans rien trouver d'autre hors d'elle pour donner un sens à l'existence, aller à l'essentiel et "changer le monde". Sur ce chemin, il fut exemplaire. Aux premières heures de cet hiver, Frank Cassenti est parti tranquillement. F.Carrassan
Frank Cassenti, réalisateur engagé et passionné de jazz, est mort,
par Francis Marmande, Le Monde, 23 décembre, 18 H 00
Surtout connu pour son film « L’Affiche rouge », consacré, en 1976, aux résistants du groupe Manouchian, le cinéaste a aussi tourné plusieurs documentaires musicaux. Il s’est éteint
à La Ciotat (Bouches-du-Rhône), vendredi 22 décembre, entouré des siens, des suites d’un cancer fulgurant. Né le 6 août 1945 à Rabat (Maroc), dans un milieu, comme on dit, modeste, il avait 78 ans. C’est à Alger, en 1962, qu’il devient contrebassiste.
A 17 ans, étudiant à Lille, il fréquente la mouvance anarcho-communiste. Il codirige le ciné-club de l’Union nationale des étudiants de France avec Michèle-Annie Mercier. Ensemble, ils réalisent, en 1968, leur premier court-métrage, Flash Parc, indirectement produit par Jean-Luc Godard et sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes. A cette époque, avec Chris Marker et quelques camarades, il élabore un projet simple : le cinéma comme outil de lutte et d’expérimentation.
En 1973, Frank Cassenti réalise son premier long-métrage, toujours avec Michèle-Annie Mercier, Salut, voleurs ! (avec Jacques Higelin, Jean-Luc Bideau, Claude Melki et Laszlo Szabo). L’Agression (1973), court-métrage de fiction inspiré du très réel meurtre d’un travailleur immigré, est interdit par la censure. Interdiction levée après une campagne de presse. Le film devient un manifeste pour les réseaux associatifs qui luttent contre le racisme et les violences fascistes.
Prix Jean Vigo en 1976
Avec le producteur Pascal Aubier (Les Films de la Commune), Frank Cassenti réalise L’Affiche rouge (avec des comédiens et des rescapés du groupe Manouchian), tourné à La Cartoucherie de Vincennes, Prix Jean Vigo, en 1976. Expédié par Antenne 2 à Cuba en 1978 avec Régis Debray, Cassenti propose un reportage vite déprogrammé par les « esthètes » à la direction de la chaîne, Jean-Pierre Elkabbach, Louis Bériot et Patrick Poivre d’Arvor. La protestation du cinéaste est publiée par Le Monde.
En 1978, il signe un film épique, La Chanson de Roland, avec Alain Cuny, Pierre Clémenti et Laszlo Szabo. Cassenti rencontre Pierre Goldman, dont il veut adapter l’autobiographie, Souvenirs obscurs d’un juif polonais né en France (Seuil, 1975). Après l’assassinat de Goldman par un commando d’extrême droite, en septembre 1979, Cassenti réalise Aïnama, salsa pour Goldman, avec ses amis musiciens antillais et sud-américains.
En 1981, Cassenti réalise Deuil en vingt-quatre heures, série pour Antenne 2 avec Richard Bohringer, adaptation du roman de Vladimir Pozner qui évoque la débâcle de 1940. Prix de la critique, succès public.
Mémoire de ses origines
Avec Lettre à Michel Petrucciani (1983) et Archie Shepp. Je suis jazz… c’est ma vie (1984), celle de Cassenti devient aussi le jazz. Retour en Afrique (1993), filmé au Sénégal et sur l’île de Gorée, d’où partaient les esclaves, précède la comédie musicale Black Ballad (1990), avec les chanteuses Dee Dee Bridgewater ou La Velle. Arte produit ses nombreux documentaires sur les figures-clés du jazz, de Dizzy Gillespie à Nina Simone, en passant par Miles Davis et Abbey Lincoln.
Au théâtre, il met en scène Mademoiselle Else, d’Arthur Schnitzler, en 1990, et Novecento, d’après Alessandro Baricco (avec Jean-François Balmer), en 2001. Il tourne Le Testament d’un poète juif assassiné, d’après le roman d’Elie Wiesel (1987, Michel Jonasz et Philippe Léotard à l’affiche).
Avec Samuel Thiebaut, il fonde la société de production Oléo Films, en 2004. Pluie de documentaires sur les chants zoulou, la musique gnawa avec Gnawa Music. Corps et âme (2010) et La Nuit de la possession (tourné à Essaouira, en 2012), toute son œuvre toujours tournée vers « la rencontre de l’autre » et la mémoire de ses origines (le Maroc).
Déterminé et festif
Œuvre immense, généreuse, qui se condense dans le « festival des musiciens » Jazz à Porquerolles (à Hyères, dans le Var), qu’il crée, en 2002, avec Aldo Romano et Archie Shepp. Programmation insensée, dessinateur maison (Jacek Wozniak), festival aussi déterminé que festif, tout à son image. Cassenti y promenait sa silhouette élégante, sa classe de bassiste infatigablement actif, cet air de ne jamais s’en faire, et ce léger sourire de vraie modestie.
La chaîne TV5 Monde annonce la rediffusion de L’Affiche rouge en février 2024, à l’occasion du transfert au Panthéon de Missak Manouchian. Frank Cassenti était content que son film existe encore. Tout n’est pas perdu. C’est si drôle, un révolutionnaire rassurant.
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Frank Cassenti en quelques dates /
6 août 1945 Naissance à Rabat (Maroc)
1976 « L’Affiche rouge », prix Jean Vigo
1984 « Archie Shepp. Je suis jazz… c’est ma vie »
2002 Création du festival Jazz à Porquerolles (Hyères, dans le Var)
22 décembre 2023 Mort à La Ciotat (Bouches-du-Rhône)
Frank Cassenti, né le à Rabat est un scénariste et réalisateur français, pour le cinéma et la télévision. Il est aussi metteur en scène de théâtre. Né au Maroc dans un milieu modeste, s...
Frank Cassenti est décédé dans la nuit du solstice d'hiver 2023, de jeudi 21 à vendredi 22 décembre 2023
JAZZ A PORQUEROLLES PAR SES PHOTOGRAPHES
Participez au lancement du livre photo des 15 ans du festival ! Plus d'infos sur www.jazzaporquerolles.org
Le livre Jazz à Porquerolles est paru aux Cahiers de l'Égaré en 2016 pour les 15 ans du Festival
RLHD.TV 132 - Entretien avec frank Cassenti sur son prochain film CHANGER LE MONDE
Uploaded by @POURLECINEMAtv on 2019-10-21.
La musique peut-elle changer le monde ? Des artistes de cultures différentes y répondent. Des femmes et des hommes qui ont à cœur le rêve de Martin Luther King, « I Have a Dream ! ». Le rêve d’un autre monde que réclame avec enthousiasme la jeunesse. Le film est un voyage musical et initiatique à travers le temps et l’espace, à deux voix, celle du cinéaste, Frank Cassenti, et celle d’Archie Shepp, un géant de la musique africaine-américaine du XXème siècle qui continue de porter la voix aujourd’hui. Sortie le 20 décembre 2020 sur CinéMutins et dans certains cinémas C’est à l’occasion d’un concert mémorable donné au festival Jazz à Porquerolles en hommage à Martin Luther King que le projet de documentaire s’origine — « I have a dream ! ». Le film se déroule dans une sorte de voyage musical à travers le temps et l’espace, un voyage initiatique à deux voix, celle du cinéaste et celle d’Archie Shepp, ce géant de la musique africaine-américaine, pour aller à la rencontre de musiciens, de femmes et d’hommes ayant à cœur le rêve de Martin Luther King qui aura donné sa vie pour « changer le monde ». Le voyage commence au Maroc avec les musiciens gnawas, descendants d’esclaves, qui ont marqué l’enfance du cinéaste, pour nous entraîner au New Morning à Paris, le célèbre club de la rue des Petites Ecuries où Frank Cassenti filme sa première rencontre avec Archie Shepp, au début des années 80. D’autres rencontres auront lieu, à New York, Paris, en Afrique du Sud, et aujourd’hui sur l’île de Porquerolles, où des musicien/ne/s venus des quatre coins de la planète nous livrent à cœur ouvert leurs réflexions sur la place essentielle de la musique comme levier de transformation de la société.
Billie Holiday forever de Frank Cassenti à voir sur #cinemutins : https://www.cinemutins.com/billie-holiday-forever Le 17 juillet 1959 disparaissait Billie Holiday, elle avait 44 ans. Plus de ...
Le 17 juillet 1959 disparaissait Billie Holiday, elle avait 44 ans. Plus de cinquante ans après sa disparition, sa voix continue de nous bouleverser. Comme le dira son amie Carmen McRae, « Chanter fut le seul espace dans lequel elle pouvait exprimer ce qu’elle aurait aimé être tout le temps ». Cet espace sera recréé en studio où se retrouveront quelques-unes des grandes voix d’aujourd’hui mais aussi celles de demain pour lui rendre hommage. Le film procède comme un long travelling entre le passé et le présent où se décrypte dans les voix, les textes et les images, la vie d’une chanteuse qui a bouleversée des générations. Avec Patricia Barber, Leena Conquest et Dave Burrel, La Velle, Cécile Mc Lorin et Jacky Terrasson, Sandra Nkaké, Sarah Quintana – Hal Singer et Archie Shepp
Lettre à Michel Petrucciani de Frank Cassenti à voir sur #cinemutins : https://www.cinemutins.com/lettre-à-michel-petrucciani Cette lettre que le cinéaste adresse au pianiste Michel Petruccia...
Cette lettre que le cinéaste adresse au pianiste Michel Petrucciani est une lettre d’amour où l’émotion, l’humour et la joie imprègnent chaque note, chaque mélodie. Frank Cassenti nous raconte l’histoire extraordinaire d’un enfant qui, à l’âge de quatre ou cinq ans, découvre, fasciné, à la télévision, Duke Ellington et son immense piano à queue. Il n’aura de cesse de réclamer le même à ses parents. Ce petit bonhomme aux « os de verre », handicapé et ne pouvant se déplacer seul, deviendra à son tour un géant de la musique pour jouer sur toutes les scènes du monde, toujours porté dans les bras d’une jeune femme. Une leçon de vie, un mode d’emploi. Plusieurs sélections internationales dont Cannes, Florence... Sortie en salles en 1983 et sur TF1
Archie Shepp Je suis jazz, c'est ma vie
Archie Shepp : Je suis jazz... c'est ma vie de Frank Cassenti à voir sur CinéMutins : https://www.cinemutins.com/archie-shepp-je-suis-jazz-c-est-ma-vie La musique d'Archie Shepp nous fait entendr...
La musique d’Archie Shepp nous fait entendre le cri d’un peuple, un cri de rage et de lutte mais aussi un cri d’amour et d’espoir. Primé dans plusieurs festivals internationaux, « Archie Shepp, Je suis jazz… c’est ma vie » est un portrait de l’un des grands représentants de la culture africaine-américaine, héritier de Coltrane, qui nous livre ses impressions sur la musique et sur la société.
Novecento pianiste - avec Jean-François Balmer - (2004)
un film de Frank CASSENTI d'après la pièce d'Alessandro BARICCO avec Jean-François BALMER musiciens Archie SHEEP Aldo ROMANO Michel BENITA Stéphane GUERY
Novecento pianiste - avec Jean-François Balmer - (2004) / 1 H 16' avec Jean-François BALMER musiciens Archie SHEEP Aldo ROMANO Michel BENITA Stéphane GUERY
Par FRANCIS MARMANDE.
Publié le 23 septembre 1980 à 00h00, modifié le 23 septembre 1980 à 00h00
Quand Pierre Goldman est mort, le 20 septembre 1979, tué par un étrange commando qui se fait appeler Honneur de la police, Frank Cassenti se mit à filmer Pour tromper son chagrin, ou pour le rendre exact. Il a filmé des lieux de Paris brièvement, des lieux qu'aimait Goldman, et la place où il est mort. Et il a filmé de la musique aussi : parce que Frank Cassenti (l'Affiche rouge, la Chanson de Roland), musicien à ses heures – il est bassiste du Fusion Jazz Quartet, - sait filmer la musique sans bizarreries, mais selon son tempo propre, ses oppositions et il sait nous la faire aimer.
Il ne s’agit pas dans Ainama de n'importe quelle musique, mais de la salsa, cette musique que Goldman aimait à la passion, cette musique qu'il s'employait à faire connaître. Pour lui, la salsa, avec ses pulsations et les mots de ses tambours et le côté clinquant des cuivres, ne pouvait être dissociée des mouvements de libération d'Amérique latine qu'il avait connus ; et elle appartenait de plein droit à sa vie à lui, plus comme un rythme cardiaque que comme une musique de fond : " Mort et plaisir enfin réunis l'apaisent. "
Autour de ce cri de ralliement des musiciens afro-cubains, Ainama, la rage du plaisir et de la danse, on retrouve Azuquita (invité à Paris par Goldman), Henri Guédon (un de ses amis), le groupe Bidon K, l'étonnant Éric Cosaque et Voltage 8, bref tous ceux qui ont participé au concert Salsa pour Goldman. Et le film glissa imperceptiblement de l'événement qui l'a provoqué à des images de musiques et de danses simplement habitées par le souvenir de Goldman. Car la salsa a tout à fait cette gravité étourdie qui la fait aller de la mort ou de la misère au plaisir de l'oubli, sans jamais s'y perdre.
Inutile donc de reprocher au film cette tension maintenue entre deux pôles par quoi il semble esquiver tout en s'y prêtant, le portrait, l'analyse politique et l'analyse musicale. Il est plus que cela : le témoignage d'une sensibilité collective en prise directe sur un accident historique. On en jugera par l'émotion qu'il sait évoquer ou reconstruire autour de l'enterrement de Goldman (images fugitives de Sartre, pleurs et rage des tambours...) comme autour du concert ou des propos des musiciens. Ainama, par quoi on peut découvrir la salsa, est aussi un exemple rare d'impressionnisme – salsa, biographie et récit de Cassenti mêlés – mais d'impressionnisme objectif.
FRANCIS MARMANDE.
Extraits du film "La chanson de Roland" de Frank Cassenti (1978). Le combat et la fin tragique de Roland, Olivier, Turpin, et les autres pairs de France au col de Roncevaux (Pyrénées). - " Ne plaise
Extraits du film "La chanson de Roland" de Frank Cassenti (1978). Le combat et la fin tragique de Roland, Olivier, Turpin, et les autres pairs de France au col de Roncevaux (Pyrénées). - « Ne plaise à Dieu, notre Seigneur, Que France la douce sombre dans le déshonneur ! » Roland refusant d'utiliser son cor ("La chanson de Roland") - « Compagnon, sire, le faites-vous exprès ? Je suis Roland qui vous ai toujours aimé ! » Roland à Olivier qui, aveuglé et mortellement blessé, vient de lui donner un coup ("La chanson de Roland") - « Âmes des Chevaliers, revenez-vous encor ? Est-ce vous qui parlez avec la voix du Cor ? Roncevaux ! Roncevaux ! Dans ta sombre vallée
Bocal agité sur la mer
Thème : la mer.
En partenariat avec le Café-Culture, l’atelier d’écriture : cafetière à plume ,
avec la participation d’Alain Juillet, photographe (exposition visible jusqu’au 12 mai au Café-Culture et le 13 mai à Saint-Mandrier ; et diaporama sur des pêcheurs au Sénégal),
en relation avec la fête du nautisme de Saint-Mandrier, le 13 mai, toute la journée, quai Séverine.
13 participants plus quelques visiteurs-spectateurs.
Déroulement :
présentation d’un diaporama par Alain Juillet
distribution d’un livre sur Les représentations de la Méditerranée (10 livres, 10 pays du pourtour de la Méditerranée, 2 auteurs par pays : 1 romancier ou poète, 1 historien)
distribution de grands poèmes sur la mer de Valéry, Saint-John Perse, Odysseus Elytis, Lorand Gaspar, Yannis Ritsos, JMG. Le Clézio, Salah Stétié, Supervielle, Pablo Neruda, Jean Cocteau
lecture de 3 textes : Rimbaud, Cyril Grosse et JCG
production d’un texte d’une page à partir de ces matériaux
repas en commun avec ce que les participants avaient apporté
bilan de la journée.
L’eau claire et endormie
Barque échouée, solitaire
Aux rives du Levant.
Le silence absolu m’étreint et l’horizon
Masque de l’infini les promesses joyeuses.
Mer porteuse de rêves
Navires transparents et galions orgueilleux
Poursuivant leurs chimères sur l’écume des Dieux.
Mer d’aquarelle
Noire, blanche ou bleue.
Dans la magie du soir
Tu épouses lascives les criques assombries
Et laisse dans le flot indolent
Ouverte la porte à ces départs oiseaux
Dans lesquels chacun, tel un Ulysse charmé
Par le chant de brume de sirènes enchanteresses
S’échappe loin, au-delà d’un horizon en mouvance
Qui recule à nos pas, qui s’éloigne
Inaccessible à nos avances.
Mer paresseuse, femme habillée d’écume
Ou gorgone tempétueuse qui crache ses embruns
Mère dont les flots protègent nos corps heureux
Et dont l’infini porte en son ventre arrondi
Nos échappées les plus belles
Nos sourires intérieurs
Ceux qui glisseront flamboyants
Sans quitter le port.
La mer
D’où vient l’échec de ce qu’on désire ? Voir plus loin, voir plus vrai ?
La mer n’est pas le lieu où je viens chercher la sécurité. Elle ne l’a jamais été. Elle est autre, étrangère, presque dangereuse. Ses appels m’ont longtemps obsédée comme une non réponse, une envie de partir parce que plus rien ne retient à la terre. S’échapper dans cette mer blanche, pour qui cherche le blanc. Blanc comme le deuil dont on se pare pour oublier qu’il existe encore des possibilités de départ, d’infinis moments d’absence où se retirer.
Est-il suffisant d’avoir une carte d’identité pour se sentir attachée à sa terre ? Je ne pense pas mais à force de se sentir étrangère partout, on finit par l’être aussi dans ses rêves de départ.
La notion d’étrangeté remplace alors l’autre et le désir devient un leurre comme l’ombre du photographe sur la falaise dominant la mer ou la lumière du soleil se reflétant dans la vague avant qu’elle ne s’écrase sur la grève. Mes envies de départ sont comme l’hiver, métallique et lisse. Rien qui raccroche, qui laisse une prise. Juste un bruit de drisses qui susurre l’indécision, le manque. Perdue dans cette immensité, je m’acharne à transformer le livre en paroles vives, et ces paroles en se multipliant me rendent peu à peu muette et sourde.
En me retournant un peu, comme ça, l’espace d’un secret, je revois d’autres mers, d’autres rives, coulée d’or ou d’ambre, feu de pourpre et de sanguine incarnadin, mouvement d’indigo ou de violine. Je revois mes rêves de voyage échoués, inaboutis, fragments de vies inachevées et multiples qui m’ont faite, moi !
En m’imposant aujourd’hui le silence, sorte de couvre feu de ce qui aurait été, je pense avoir oublié cette attirance pour le danger. Je me sens soudain tel ce bibliothécaire arrachant les livres aux naufrages, grattant le papier et recollant les tranches pour un lecteur qui ne viendra pas. Vaine !
A moi de sortir de ce cadre comme la Vénus qui aurait bien offert son bras par amour s’il ne s’en était allé. A moi d’y croire encore, non comme un aboutissement mais seulement pour sortir mes pieds de la vase dans lequel le ras le bol finit par me happer.
A cette photo floue d’autres doux visages se superposent, toutes ces femmes qui passent et qui m’échappent, comme le reflux des vagues laisse l’écume
De toujours, j’ai rêvé de tour du monde, d’images de rencontre et de solitudes. Il est comme l’horizon vers lequel on avance sans cesse, je le connais ce but ultime, ce cercle nu, sans bruit, sans vagues, ce miroir dans lequel je m’enfoncerais.
Suis-je responsable du temps, aurais-je le choix de prendre à droite de m’accorder cette trêve, de saborder le bateau.
Je veux encore des petits matins, l’étrave vers l’horizon contempler ces rivages prometteurs de visages souriant, de bonnes pêches pour flouter ce rêve et garder la distance.
Une mère m’a donnée la vie, je la rendrais à la mer, quand j’aurais épuisé tous ces bras aimant.
La mer vivante, féminine capricieuse, voluptueuse, tumultueuse, rageuse.
Tu frémis, tu palpites, tu rugis, d’autre fois langoureuse, caressante tu t’abandonnes sur le sable, tu en baves de plaisir, joie de rencontrer la terre.
T abandonnes sur le sable d’étranges arabesques, hiéroglyphes des dieux, d’autre fois folle de rage, tu délègues tes vagues et c’est la chevauchées fantastique, elles se poursuivent l’une l’autre avec frénésie.
Il ne fait pas bon t’approcher, pour ne pas subir ton courroux. Tu te répands en écume irradiant de ton haleine parfumée et étincelante tes amoureux qui voudraient t’admirer de trop près.
Un instant au goût d’éternité.
Elle sortit de la maison de pierres. Elle était très vieille. Le poids du temps s’appuyait sans scrupules sur ses frêles épaules. Elle marchait à petits pas saccadés, minuscule. Aussi petite que dans les champs des souvenirs de son enfance, toute voûtée.
La vie lui avait ôté tous ceux qu’elle chérissait. Mais elle, elle était debout. Après bien des tempêtes, elle se sentait enfin sereine. Debout, et elle entendait son cœur battre doucement.
La vie lui avait tout volé. Tout, sauf cette immense dame bleue, cette grande amie fidèle, ce premier souffle qu’elle observait et sentait depuis tant d’année sans se lasser chaque fois qu’elle ouvrait ses volets lourds, si lourds. Cette compagne fidèle qu’elle n’avait traversée que dans ses rêves, imaginant ses riches récits et les parfums de liberté qui étaient arrivés jusqu’à sa porte mais qui n’avaient fait que frôler ses narines.
Et aujourd’hui, ce petit bout de femme écoutait une fois de plus le clapotis des vagues, émerveillée, comme si c’était la première fois.
Elle l’avait aimée cette Méditerranée, bercée dans les draps de son lit de mystères. Elle avait vu les algues et les poissons se déchaîner dans des courants bleus poétiques.
Sous le soleil brûlant, elle s’allongea sur le sable fin et écouta… Les grises profondeurs lui renvoyaient des échos d’éternité. Un chant d’enfance qu’elle avait presque oublié. Le vent salé épousa ses larmes. Elle savoura ce pur instant de nostalgie, consciente qu’elle vivait là sa dernière minute de bonheur. Heureuse, car la mer ne se tairait jamais…
Bocal agité, eau et sable mêlés, eau salée bien sûr. Le bocal est posé sur la table, le sable se dépose, les algues se collent à la paroi.
Fallait-il la bouger la mer ? Sûrement pas !
Suis-je responsable des mouvements de lune ? Et des courants de la mer ? disait Cyril.
Je n’ai pas choisi, ni les photos, ni les livres, ni le rivage où je suis née. C’est le destin qui a guidé ma main vers la Turquie et le poète grec, frères ennemis. Mer au milieu des terres, voie royale des échanges des conquêtes, tu nous relies, tu nous écartes, tu es là immobile, présente, attirante. On te chante et on te fuit comme le mouvement des vagues. Neptune est ton roi et on le craint. Vite, je saisis le bocal et je cours vers toi te rendre la mer et le sable qu’on t’avait pris. Came-toi, ce n’est rien, c’était juste pour un instant de rêve et d’écriture. Repars vers les hauts fonds, laisse les hommes s’agiter sur tes rives, s’aimer et se haïr depuis la nuit des temps. Ils t’ont remplacé depuis longtemps par un dieu d’amour. Te eaux bleues sont rouges de sang et d’ordures mêlées.
J’emprunte au poète ses derniers vers :
À présent le déclin des Dieux
À présent la cendre de l’homme
À présent, à présent le néant
Et à jamais l’univers, l’infime, l’insondable.
Combien de temps encore pourrons-nous manger du poisson ?
Tous ces peuples qui vivent de pêche, que deviendront-ils ?
Le monde change avec la pollution. Ce n’est pas naturel.
Tous les pays du monde devraient être d’accord pour soigner la planète jour après jour, la surveiller sérieusement et trouver des solutions efficaces pour qu’elle aille mieux.
Combien de temps encore pourrons-nous faire des châteaux de sable sans que le sable soit pollué, courir sur la plage sans peur, respirer l’air du large, se faire bronzer sans risque.
Nous avons du mal à respirer.
L’être humain na va pas bien.
Nous survivons ?
Alors que nous sommes là, assis, le crayon à la main, il y a quelque part et partout des endroits merveilleux.
C’est dommage que l’on ne puisse pas en profiter. Quoi de plus beau que le crépuscule sur la mer qui vire du bleu au violet puis au noir profond. Et l’aurore, quel enchantement ! Hélas, peu de personnes ont le plaisir d’assister au lever du soleil à l’horizon. Le ciel se pare de tons pastel. Tandis que l’astre amorce son ascension, la mer se pare de paillettes d’or à en faire pâlir le ciel.
La vie reprend, les algues se balancent dans le bleu de l’eau, les petits poissons engourdis s’éloignent, les rochers brillent et semblent se pâmer sous la caresse des vaguelettes.
Je suis née au bord de la Méditerranée, je la voyais chaque jour, chaque heure dans tous ses états. Lorsque l’on m’a obligée à m’en éloigner, je n’ai pensé à rien d’autre qu’à revenir près d’elle et j’ai tout quitté une seconde fois. Je me suis réfugiée dans sa vie, son odeur, son ciel et son soleil où dit-on la misère est moins cruelle.
Elle est la seule à calmer mes angoisses.
Mon vœu le plus cher est de mourir près de la mer et d’y reposer pour l’éternité.
Elle est retrouvée, quoi ?
L’éternité
C’est la mer allée avec le soleil
Plongeons dans la vague éternelle. Plongeons au sein des marées.
Mare nostrum : toute une troupe de joies fidèles ressort de mes pensées.
De quand j’étais enfant jusqu’à adulte je devins, une tonne de poissons entre les mains.
L’eau me fit vivre une perpétuelle renaissance du cimetière marin de Sète aux sources de Djerba. L’oasis de Gabès me laissa pantoise car elle est faite d’eau douce et d’eau de mer. Un paradis !
Ainsi mer de chez nous on te dit bleue, noire et même blanche chez les arabes.
On a de toutes façons peur que tu te déshabilles à travers toutes les batailles livrées sur les rives. Rappelons un moment l’épopée grecque et Pénélope restée auprès des oliviers et puis aussi la puissance byzantine restée accrochée aux marches des églises de Venise. Quelle splendeur !
Seul, assis sur les galets de la grève, le regard perdu au loin, Christophe rêvait.
Il voyait sur le vaste océan, une caravelle naviguer vers des terres inconnues.
Son père lui racontait souvent les aventures des marins partis au loin. Les exploits intrépides de ces hommes, l’évocation de terres où coulaient l’or et le miel, Ulysse bravant les vents et les sirènes, avaient bercé ses rêves enfantins.
Il savait tout du grec, de Carthage, des phéniciens et des barbares qui tout au long des siècles avaient laissé leurs empreintes tout autour de la méditerranée .
Mais, cette mer fermée, berceau des civilisations,était trop petite pour lui.
En un court voyage, de Gènes à Séville, se décidait l’avenir de peuples inconnus.
Trois caravelles partirent
Ouragans, vagues énormes qui ballottaient les bateaux tels fétus de paille, et la faim, et la soif.
Un jour, la terre.
Sur le rivage, de petits hommes couleur pain d’épice.
Et, dans cette vallée de douceur, descendit l’exterminateur.
L’homme blanc s’installa, et, avec lui, ce furent le sang, la cendre et le pillage.
Les rêves d’ailleurs toujours plus beaux, le flux les emporte, le reflux les rapporte.
Mer d’hier, nourricière de rêves et de poissons, aujourd’hui tu accompagnes les marées de touristes tristes qui te violent et te salissent.
Mais, dans un petit village de pêcheurs préservé du temps, un petit Christophe, en réparant ses filets, rêve lui aussi d’horizons lointains.
« Que sont les siècles pour la mer » ‘(Victor Hugo)
L’homme orgueilleux, qui de son passage veut laisser la trace, oublie que les vagues effacent ses traces.
Ce texte devant moi : éblouissant qui jaillit comme un dard planté dans le cœur.
Cet inconnu qui me parle. Ses mots sont si beaux que je ne peux plus en inventer d’autres ;
ce serait inélégant.
Il parle : « des rues qui sont des ports », « des instants navires », des mouvements de lunes », « de l’horizon inachevé ».
Il a compris la mer sous toutes ses formes.
La fuite, le rêve, les départs intérieurs que l’on ne perçoit pas physiquement mais qui secouent l’être avec une force immense, pour l’abandonner pantelant au bord de le grève.
Je vais donc « prendre à droite », comme il me le conseille.
J’ai choisi la photo d’un « phare ».
La lumière qui guide les hommes de la mer pour ne pas se fracasser sur les rochers.
Et qui guide aussi les hommes de la Terre pour ne pas perdre espoir dans la tempête de la vie.
Elle a fait un grand « sfloc » par terre, un « sfloc » mouillé, vaguement dégoûtant. Elle s’est étalée, un peu par ici, un peu par là, irrégulière comme une carte. Oubliant, par ci, par là, un creux, une roche, une herbe.
La lumière est tombée, et les femmes sont en noir. La terre là bas se peuple de sirènes, silhouettes jetées comme des tâches d’encre à contre jour. La lumière étendue n’a pas de prise sur elles, qui marchent légères sans laisser d’empreintes. Ni sur la terre, ni sur le sable, ni sur l’eau.
Et cette foule qui bruisse, cette foule qui se masse, qui grossit et qui roule. Cette foule sombre qui gronde maintenant, et dont j’ai peur qu’elle crie,
Qu’en faire sinon attendre, se cacher derrière la dune ou la vache immobile couchée là depuis le commencement des temps ?
Qu’en faire sinon attendre, et voir enfin venir l’une contre l’autre et s’affronter ces deux forces, l’une qui rampe et l’autre debout, l’une qui se tait et l’autre qui hurle ?
Dieu a abandonné le gouvernail, et la terre roule et tangue, elle aussi incertaine, elle aussi emportée. Et la lumière et l’ombre, et la vache couchée, et moi cachée derrière, muette.
La nature et l'homme / Marcel Conche
PHILOSOPHIE. « La Nature et l’Homme », de Marchel Conche
Né en 1922, le philosophe Marcel Conche a eu 99 ans le 27 mars. Cela ne l’empêche nullement de réfléchir, ni d’écrire. Pour preuve cette série de 109 fragments où se répondent, comme autant de courts chapitres, interrogations métaphysiques et souvenirs d’une vie. Il est ici question de la nature qui doit remplacer Dieu, d’Héraclite et du changement universel, des femmes aimées, des amis présents ou perdus, des souvenirs toujours vifs d’une enfance rurale – entre autres et tour à tour. Par-dessus tout, avec humour ou gravité, se trouve célébrée la philosophie, considérée comme vocation et choix de vie originaire. Un petit paysan fit à 13 ans des Pensées de Pascal son livre de chevet, ne put aller au lycée, apprit tard le latin et le grec, édita finalement Héraclite aussi bien qu’Epicure et devint professeur à la Sorbonne. La recherche de la vérité organise cette existence, ce qui constitue une rareté. R.-P. D.
compte-rendu du Monde des Livres, rédigé par Roger-Pol-Droit, publié jeudi 6 mai
Est paru, le 27 mars 2021, pour ses 99 ans, le dernier livre de Marcel Conche : La nature et l'homme.
ISBN : 978-2-35502-123-7
192 pages / 19 €
référencé et distribué par Soleils Diffusion, 3 rue Jean Dollfus, 75018 Paris
Avant-propos
La nature est le lieu sans limites où naissent et persistent des mondes innombrables. On peut parcourir indéfiniment la nature : elle est donc in- définie. Mais elle est aussi infinie, car on ne peut rien lui ajouter qui ne serait pas naturel. Un monde est une totalité structurée. Une grenouille perçoit d’innombrables excitations. Ces excitations ne forment pas un ensemble disparate : elles ont une unité car la grenouille est une, l’ensemble des excitations est donc une totalité structurée, un monde. C’est le monde de la grenouille. La grenouille ne peut sortir de son monde, pas plus que le serpent du sien. Autant d’êtres vivants, autant de mondes qui mutuellement s’ignorent. Aucun être vivant ne peut se mettre à la place d’un autre pour percevoir la nature comme il la perçoit. Autant d’êtres vivants, autant de perceptions différentes de la nature. Autre est la cour de la ferme pour le canard, autre pour le crapaud, autre pour le hérisson. Le canard ne peut se mettre à la place du hérisson pour voir la cour de la ferme en hérisson. Mais l’homme non plus ne le peut. La nature se diversifie selon la diversité des êtres qui vivent et la perçoivent. Encore en est-il de même pour la diversité des humains. La forêt n’est pas la même pour le charbonnier, pour le chasseur qui dans les bêtes innocentes voit des proies, pour le peintre ou le poète, et pour le philosophe amateur des chemins qui ne mènent nulle part. Que faire d’autre que d’avancer comme on peut dans l’obscurité des choses ? Depuis quand cette obscurité s’est-elle éclaircie ? Nous sommes, humains, sur la planète Terre. Par quelle cause ? Selon la théorie de la panspermie, les germes de vie sont venus de l’espace, apportés par des météorites ou des comètes. Cela explique le comment. Reste le pourquoi. Après la cause qui explique vient la raison qui justifie. Justifier et montrer que ce qui a lieu est bon, existe en vue du bien. L’homme est sur cette Terre pour faire être le bien, pour agir en vue du bien. « L’homme » ce sont les hommes, les nations, les États. Chaque chef d’État doit avoir en vue, non pas seulement l’intérêt de son État, mais l’intérêt de l’ensemble des États, qui est de réaliser la paix universelle, préface à l’amour universel.
LXVI
Le non engagement
Si l’on considère l’ensemble de ma vie, on peut dire que j’ai choisi le non engagement.
Mon cousin germain Fernand s’est engagé dans l’armée. Il est venu à Altillac se montrer chez mes parents, avec son bel uniforme de sergent-chef. Je n’ai pas vu en lui un exemple à suivre et je ne l’ai pas admiré. Mais j’ai souffert lorsqu’il a été tué à la guerre.
Je n’ai combattu pour aucune cause : ni la cause politique, car je n’ai adhéré à aucun parti, ni la cause nationale, car je ne me suis pas engagé dans la Résistance, contrairement à Marie-Thérèse et à mon père, ni la cause internationale.
Nous vivons tous une brève vie. Il ne faut pas par imprudence, la raccourcir encore – en fumant la cigarette, en buvant des apéritifs alcoolisés, en pré- férant trop souvent le vin à l’orangina, en fatiguant son corps par des efforts excessifs. Il faut surtout ne pas risquer de la raccourcir en s’engageant dans des actions où l’on risque sa vie.
Je pense aux guerres de 14-18 et de 39-45. Je n’ai pas participé à la guerre de 39-45. Il est certain que je n’aurais pas participé à celle de 14-18. Cette certitude tient à la conscience que j’ai de moi-même.
« Connais-toi toi-même » : telle est la leçon des Grecs. Je me connais en ce sens que je sais ce que je veux et aussi ce que je peux vouloir et ne vouloir pas.
Je sais que je ne peux rien vouloir de ce qui porterait préjudice à ceux que j’aime, à mes amis, à mon pays, et qu’au contraire, je veux travailler de façon à réaliser une œuvre qui ait de la durée.
Vienne la nuit sonne l’heure Les jours s’en vont je demeure
Certes, je vais mourir. Mais mon âme ne meurt pas, car mon âme est dans les livres. Et comme auteur de mes livres, mon nom est dans le dictionnaire Larousse, lequel ne disparaîtra qu’avec la civilisation.
Ne pas s’engager c’est ne pas risquer de faire naufrage, c’est ne pas susciter des rivaux et des jalousies, c’est préserver ses forces comme Napoléon le faisait de sa garde. Ne pas s’engager, c’est aussi laisser les événements suivre leur cours, sans intervenir plus que sur des phénomènes météorologiques.
LXXIV
Le moi et Héraclite
Puisque « tout s’écoule », selon Héraclite, le moi, comme toutes choses doit s’écouler. Pas plus que le fleuve dans lequel on entre à midi n’est le même que celui dans lequel on est entré ce matin, le moi qui s’éveille le jeudi matin ne saurait être le même que celui qui s’est endormi le mercredi soir. Cependant la carte d’identité me dit que c’est la même personne. Si la société devait tenir compte du fait que chaque personne varie sans cesse, l’ordre social serait impossible, et même l’ordre familial. Le père reste le « père », le fils reste le « fils », l’oncle reste « l’oncle », même si chacun a beaucoup changé. Certes rejoignant Alfred après plusieurs années où il était au Maroc, je puis dire : « Comme il a changé ! ». Je le reconnais néanmoins. Nous faisons continuellement abstraction des changements que nous constatons chez les personnes, nous rangeant au point de vue de la société qui veut qu’elles soient les mêmes. Le « tout s’écoule » d’Héraclite est une vérité philosophique qui contredit l’expérience et la vie quotidiennes. Pour Héraclite, le fixe n’est qu’une apparence. Il n’y a rien de fixe. Même la tour Eiffel bouge quelque peu. Or, l’homme agit, et il ne pourrait agir si son action ne pouvait s’appuyer sur des choses fixes, telles que la charrue, la bicyclette, le tracteur, les outils (du menuisier, du charpentier, etc.). La philosophie fait voir les choses en profondeur et dans ce qu’elles ont d’éternel. Mais l’on vit dans le présent et l’écoulement, entre le passé, écoulé et voué au non-être, et l’avenir, non encore écoulé. Sous la fixité des apparences, la mouvance maintient son règne. Car tout se meut, s’écoule et, écoulé, va au néant. De toutes les actions de l’homme, de toute l’histoire humaine, que peut-il rester au bout de 106 milliards d’années ? Mais l’âme n’est pas à oublier. La religion et certains philosophes disent qu’elle est immortelle. Mon âme est dans mes livres. Ai-je une âme autre que celle qui est dans mes livres ? Je n’incline pas à le croire – tout en suspendant mon jugement.
Marcel Conche, philosophe, psychologue et moraliste
Dans ce nouveau livre, le philosophe Marcel Conche se révèle un étonnant psychologue et moraliste. Il rappelle l'importance qu'il donne à la nature, mais analyse aussi avec finesse divers senti...
une note de lecture de Yvon Quiniou
note de lecture de Gérard Lépinois
note de lecture de Jacques Larrue
Chapeau Marcel ! |
L'Intime l'Etat
Retour de lecture sur l’essai de Frédéric Dussenne
L’intime, l’état
Apologie du drame
le samedi 13 janvier 2024 à 10:24
Bonjour Jean-Claude. J'espère que tu vas bien. Je ne sais pas si tu te souviens de moi. Nous étions venus à Le Revest avec les Ateliers de l'Echange et notre diptyque Molière. Tu m'avais donné avant notre départ un exemplaire tout chaud sorti de presse de La lettre au directeur du théâtre que j'ai lu à haute voix dans la voiture qui nous ramenait à Bruxelles. Nous dissolvions notre collectif. Nos larmes coulaient. On se reconnaissait profondément dans ce texte. Je suis attelé à la rédaction d'un essai sur le rapport, dans le théâtre dramatique, entre l'intime et le politique. J'aimerais te le transmettre pour avoir ton avis si ça t'intéresse. Je t'embrasse Frédéric Dussenne
J'ai reçu par mail son essai manuscrit L'intime et l'État, apologie du drame, 119 pages.
Connaissant par FB, l'engagement d'acteur et de citoyen de Frédéric, je n'ai aucune réticence à m'autoriser la lecture.
Je te dirai deux choses, Frédéric :
- quand tu parles de théâtre, 1 - le spectateur, 2 - l'acteur, je te trouve juste;
c'est du vécu, du ressenti, du vrai, du réel; je m'y reconnais comme spectateur d'hier quand je cherchais des spectacles, accueillais des porteurs de projets mais je te le dis : aujourd'hui, je vais de moins en moins au théâtre ou au cirque, trop de productions, peu de créations, peu de diffusion, trop de divertissement; et quand tu passes d'un paradigme athée-matérialiste-lutte des classes-révolution à un paradigme spiritualiste comme cela s'est imposé à moi par cheminement personnel en 2021-2022, alors, tu chemines ailleurs ou tu restes sur-place pour un voyage intérieur
ce que j'ai tenté de dire à Pierre Louis-Calixte qui dans son monologue Molière Matériau(x) traite sa rencontre et sa mise au service de Jean-Baptiste en termes de hasards (approche matérialiste) alors que j'y ai vu une nécessité (de toute éternité);
tu sens le grand écart ? ça déchire le corps, l’esprit, le coeur et ravit l’âme
quand tu tentes de décrire l'état du monde, l'état de la démocratie, là pour moi, tu dois réviser ton récit qui reprend le roman national et mondial dominant, car - c’est une prise de conscience récente chez moi, vers 2022-2023 -, ce roman et ses déclinaisons fascistes, nationalistes, droitistes, extrême-centristes, gauchistes, anarchistes, communistes, est mensonger qu'il s'agisse de la révolution industrielle anglaise, de la révolution française, de la révolution bolchévique, du Moyen-Âge, de la Renaissance, des Lumières; bref, ce qu'on appelle perte de repères est en réalité jeu de colin-maillard dans une forêt équatoriale où tous les sentiers, chemins, routes et autoroutes qu'on y a tracés sont des impasses et des mirages auxquels on nous a fait croire
et l'esprit critique même le plus développé ne se rendrait pas compte des manipulations de masse dont nous sommes bombardées via médias, réseaux... ou qui sont secrètement provoquées
(ce sont sans doute les plus monstrueuses, par exemple, les Projets MK Ultra de la CIA depuis 1951 à Fort Detrick, Maryland;
je ne parle pas évidemment du projet Manhattan, ultra-secret et où deux hommes laissant dans l'ignorance leurs concitoyens et leurs ennemis, pas leurs "alliés" ont décidé de l'usage de la bombe spéciale par deux fois
"Le , le président Harry S. Truman approuve le largage des bombes sur le Japon. Le 24 juillet, l'ordre est relayé par le secrétaire à la Guerre, Henry Lewis Stimson, et le lendemain, le général Thomas Handy envoie un ordre secret au général Spaatz, autorisant le largage de la bombe après le 3 août, « dès que le temps le permettra », sur Hiroshima, Kokura, Niigata ou Nagasaki. Ce sera le seul ordre écrit concernant l'utilisation de la bombe. L'ordre n'évoque pas la nature de l’explosif, se contentant de mentionner une bombe spéciale. Cet ordre fut donné avant même que l'ultimatum de Potsdam ne soit publié." wikipédia)
faut-il en bon complotiste pas con poser l'existence de forces occultes genre mafias, Big pharma, services secrets, labos expérimentaux se vouant à l'organisation du chaos ? (la stratégie du choc, Naomi Klein)
à cette étape, j'ignore ce qu'il faut faire à part
- s'invisibiliser (pour vivre heureux...), extrême prudence dans l'usage des outils internautiques (je ne suis que sur FB, j'ai découragé pratiquement tout like, je réagis à très peu de messages...FB est ma page d'écriture)
- la part du colibri, par exemple user de la pratique du don fiscal pour aider projets, artistes
- les ouvertures que furent la Commune de 1871, les GJ et la tentative de RIC CARL (référendum d'initiative citoyenne, constituant, abrogatoire, révocatoire, législatif)
dans ce sens, je vais soutenir une collection dans Les Cahiers de l'Égaré : Les entrepreneurs du sens
grand festival d'un jour sur cette thématique le samedi 20 avril 2024 de 10 à 23 H au domaine de la Castille à La Crau (1000 personnes attendues)
un livre majeur que je te conseille : ce livre a provoqué une conscientisation du Grand Mensonge
L'impitoyable aujourd’hui d’Emmanuelle Loyer, à compléter avec trois émissions remarquables de Pacôme Thiellement sur Blast
et un récit essentiel Dolly d’un grand cosmologiste bruxellois,
Edgar Diane Gunzig, postfacé par Thomas Gunzig
ou comment Dolly, juif communiste, vivant à Bruxelles, membre de l’orchestre rouge a vécu dans sa chair et compris dès 1931, l’impasse qu’était le sionisme, a combattu dans les Brigades internationales contre Franco…
Molière Matériau(x) / Pierre Louis-Calixte - Blog de Jean-Claude Grosse
le monologue avec un corps d'acrobate contorsionniste, les deux affiches du spectacle Jeudi 14 décembre 2023, 19 H 30, à L'Atelier, fabrique d'imaginaires, 50 places, à Privas, Ardèche, départ...
https://les4saisons.over-blog.com/2023/12/moliere-materiau-x/pierre-louis-calixte.html
la rencontre entre Molière et Calixte, hasards selon Calixte, nécessité selon JCG
le roman national ment / Pacôme Thiellement - bric à bracs d'ailleurs et d'ici
Marie-Madeleiine par Donatello où Marie-Madeleine se retrouve au coeur d'un autre possible récit national que le roman national qui ment par Pacôme Thiellement j'avais déjà abordé ce thème e...
https://www.bricabracs.fr/2024/01/le-roman-national-ment/pacome-thiellement.html
en 3 épisodes
Dolly / Edgar et Diane Gunzig - Blog de Jean-Claude Grosse
Dolly / le photographe de Mauthausen / Relations d'incertitude Dolly (sorti chez Lamiroy en Belgique en septembre 2023) a été placé sous le sapin par mère Noëlle qui est allée le chercher à ...
https://les4saisons.over-blog.com/2024/01/dolly/edgar-et-diane-gunzig.html
Dolly, juif communiste, vivant à Bruxelles, membre de l’orchestre rouge a vécu dans sa chair et compris dès 1931, l’impasse qu’était le sionisme, a combattu dans les Brigades internationales contre Franco…
2° épisode, 3 - l’écrit, 4 - le conflit ou défense et illustration des nécessités personnelles, collectives du drame porté sur un plateau de théâtre
ces pages sont bruissantes d'Histoire avec sa grande H, d'histoires du metteur en scène, de ses rapports à des auteurs de théâtre, à des acteurs, à l'histoire du théâtre, d'histoires de son enfance-adolescence, de considérations sur la langue d'abord analogique et même plus archaïque que cela, avant de devenir conceptuelle;
ta dénonciation de la société consumériste, de la mondialisation, du marché, de la société du spectacle (Debord n'est jamais cité, ni Vaneigem) est forte mais il me semble que nous sommes déjà sortis de cela, même si ça va demander 20 ans;
ce ne sont pas les attentats du 11 septembre 2001 qui auront provoqué l'effondrement de l'impérialisme américain;
ce qui provoque la défaite de l'Occident, c'est une réorientation géo-stratégique de toutes les puissances du Sud global à travers deux guerres entre autres (Ukraine, Palestine)
et la désintégration de l'éthique protestante au fondement de la puissance économique des USA, qui a su produire toutes les idéologies (théories) nécessaires à justifier sa domination (droits de l'homme, démocratie, axe du mal, Fukuyama, Brzezinski, Huntington, contre-culture ou soft-power de domination culturelle: cinéma, pop-music),
mais aujourd'hui la société américaine est au bord de la guerre civile, le dream de Luther King qui a dit I have a dream et pas we have a dream alors qu’il y avait six organisateurs dont une femme essentielle Anna Hedgeman pour l’organisation, la logistique (250000 personnes) a explosé, n'a jamais eu la moindre chance de se réaliser
le wokisme, dernière idéologie issue des universités américaines, effet-boomerang en partie des philosophies de la déconstruction de la French theory, contribue à cet émiettement,
mais il est peut-être porteur de possibles (small is beautiful d'une part et d'autre part préférer la fluidité à l'identité est peut-être découverte de la surprise, de l'inattendu)
il y a une conviction viscérale chez Frédéric: le moment de fusion spectateur-acteur lors d'une représentation est un moment d'expérience ensemble de ce qui fait commun au travers du traitement du conflit sur scène; le conflit, un procès par exemple, est nécessaire pour refaire cité, société
n'est pas évoquée la possibilité de la compassion, du pardon, ce que savent pratiquer des sociétés premières ou des spiritualités largement répandues sur la planète, l’ho’oponopono
autre pratique, celle de la gratitude pour tout ce qui vit et qu'on vit, sans tri
la découverte par Frédéric qu'il est autre et Autre, expérience sans transmission, expérience personnelle, constitutive, lui a révélé son être et ce faisant son devenir d'acteur et de citoyen; il me semble que ce qui a valu pour lui vaut pour tout un chacun: la transformation ou la réalisation personnelle de chacun, décisive, durable, est en lien avec une expérience propre, où l'inconscient collectif (au sens jungien avec les archétypes, encore plus archaïques et universels que les mythes) joue sa partition car nous sommes plongés dans le grand bain de l’inconscient auquel nous nous livrons pendant nos petites morts nocturnes sous la forme des rêves; parfois, un passeur peut provoquer le déclic; mais c'est quand on est prêt, ouvert, accueillant, que l'épreuve révélatrice, initiatrice s'offre sur notre chemin (coïncidences, synchronicités...); autrement dit: je ne crois pas que la représentation du conflit (jamais sa solution mais la question que le drame pose) soit transformatrice de chacun des membres du collectif rassemblé ce soir-là, surtout le public bourgeois des théâtres (ressentir au profond de moi, le doigt sur la détente comme celui de l’acteur sur le plateau suffira-t-il à me sauver du geste d'appuyer me faisant retrouver mon humanité au bord de mon inhumanité ?)
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article du 10/1/2024 sur le wokisme, livre d'Anne Toulouse
3° et dernier épisode, 5 - la praxis et 6 - l'intime et l'état
le 5 - m'a beaucoup intéressé car parlant de Molière, de l'illustre théâtre, de la troupe, du travail de troupe, de ce vivre et faire ensemble incluant conflits, harmonie, départs, retours, plus important que de faire oeuvre car dans ce vivre ensemble se forge comme un corps collectif qui finit par faire, agir, sans avoir besoin de mots; l'illustre théâtre est reconnu par le jeune Louis XIV et Molière va développer ses comédies dont certaines très noires pour, tout en divertissant, corriger les moeurs, dénoncer l'hypocrisie, le patriarcat, non sous la forme de leçons mais en faisant rire
comme lui Frédéric a provoqué le rire quand, autorisé, il s'est servi de ses longs bras dont il ne savait que faire;
Frédéric raconte sa riche propre expérience de troupe pendant les 10 ans des ateliers de l'échange;
j'ai été arrêté par une remarque sur la double séparation qui survient à la naissance : l'expulsion comme arrachement, le temps du contact peau à peau, du nouveau-né et de la mère, suivi presque tout de suite de la séparation d'avec la mère et de l'emmaillotement; à reprendre, à développer (je me sens de plus en plus travaillé par le ventre des femmes)
le 6 - l'intime et l'état creuse avec beaucoup de redites, l'idée de ce qui se joue lors d'une représentation, la possibilité de vivre ensemble dans la singularité de chacun, ce qui fait société, ce qui fait commun, le vivre-ensemble;
je ne vois pas le monde occidental de façon aussi noire; ni le monde;
je ne suis pas inquiet de ce qu'il croit être le dernier soubresaut du marché, l'individualisme poussé à l'extrême vers le développement, l'épanouissement personnel en égoïste, égocentrique, narcissique, cynique;
la distinction d’Hannah Arendt entre sphère privée et sphère publique ne me semble plus opératoire; on est dans le panopticon, tous vus et voyeurs, le tout contrôle ou contrôle social total, nos données transformées en algorithmes, piégés dans le bocal mondial du virtuel, du miroir dans le miroir dans le miroir à l’infini
évidemment, ce contrôle social total qui s'est manifesté pendant la Covid 19 révèle une évidence : tout État est contre son peuple, aucun État n'est au service de son peuple, tout État est au service d'intérêts particuliers (castes diverses)
comment retrouver ou trouver la souveraineté ? question que les ateliers constituants d'Etienne Chouard permettent de creuser concrètement
Aparté
Jeanne-Claude Grosse -
Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, est en train de se construire un immense complexe sur une île de l'archipel d'Hawaï / 250 millions d'euros / Des architectes aux ouvriers, tous ont dû signer un document ultra-confidentiel, ils ont interdiction absolue de parler du projet à la presse.
J'ai voulu faire ce montage pour mettre dans un ordre cohérent les infos d'Etienne Chouard pour donner une bonne compréhension de ce qu'il nous explique...
https://www.facebook.com/100009945343886/videos/827965017545002
démocratie directe par tirage au sort, ateliers constituants / Etienne Chouard
Le réel même au sens de Lacan se réduit : reste la liberté intérieure qui est liberté d’un esprit, liberté spirituelle me mettant à hauteur des souffrances corporelles, mentales, psychiques qui me sont infligées dans un camp, un goulag.
deux mots sont utilisés: catastrophe et miracle; il insiste sur le fait que des miracles sont possibles, que les catastrophes annoncées ne seront pas nécessairement effectives;
mais le miracle est quotidien, universel:
celui de vivre, de survivre même (le désir de vivre des survivants est souvent admirable, solidaire)
Et quand surviennent massacres ou noyades, il existe des Jean Genet donnant voix et vie aux massacrés durant 36 heures à Sabra et Chatila, du 16 au 18 septembre 1982;
aujourd'hui, il y a massacres anonymes à Gaza et la voix de Gaza Visages;
les noyés de Méditerranée ont leurs statues au fond de cette mer où je refuse désormais de me baigner
la dissolution par le wokisme de toute identité, identification n'est pas que division, extension du domaine des particularismes, des minorités tyranniques, des communautarismes contre la majorité silencieuse, le plus souvent peureuse, incapable de se mettre en branle sauf de rares épisodes;
les mouvements de décolonisation culturelle, de rejet de la blanchité, du suprémacisme blanc, du patriarcat, le combat contre la culture du viol, metoo#, balancetonporc, metoo#theatre, metoo#inceste, le combat des transgenres (Orlando), les combats contre les violences faites aux femmes et contre les féminicides,
contre les maltraitantes infligées aux animaux
(plus de 80 milliards d'animaux terrestres et plus de 300 milliards d'animaux aquatiques abattus chaque année)
la bataille juridique pour la reconnaissance des écocides et autres crimes contre Gaia (Le chiffre est vertigineux : d'après une étude indépendante (en portugais) publiée le 18 juillet par la plateforme collaborative MapBiomas, l'Amazonie a perdu en moyenne dix-huit arbres par seconde en 2021)
sont me semble-t-il des miracles en cours, évidemment sous la forme du conflit et du risque
Je voudrais terminer par plusieurs points :
1 - Et si le miracle passait par une prise de conscience intime, comme une illumination, que tout est connecté, relié, que tout est mémorisé, que chacun est mémoire de l’univers, de la Vie (qui inclut la mort, à désirer, à aimer, la tâche accomplie même si on ne sait pas laquelle) depuis son émergence (peu importe la façon, livre de Jean-Pierre Luminet, L’écume de l’espace-temps), que tout ce que nous vivons, pensons, faisons est livré (sans doute une réplique légèrement déviante, mutante de ce qui a déjà été livré par d’autres, plusieurs fois depuis le mystère-miracle de l’origyne comme tu écris, voire même une réplique à l’identique parce que déjà écrite de toute éternité; la recherche du temps perdu est déjà, avant même son écriture, écrite dans le nombre-univers Pi) à cette mémoire éternelle dans l’instant, comme un don, un présent fait au présent, le seul temps réel, pas sûr ?
Vivre alors sous le double pharmacon : Tu es aimé à égalité avec tout ce que à quoi moi, le Sans Forme (le vide du bol du potier sans lequel le bol ne peut exister), je donne forme, de la bactérie à la galaxie
Tu es mon bien-aimé, dans ta singularité, ton unicité, alors éclate-toi, que Sans Forme expérimente ce que c’est que vivre en Frédéric ou en Jeanne-Claude puisque j’ai choisi, il y a peu de signer ainsi pour affirmer, exprimer, réaliser ma part de féminin
je complète en indiquant que la prise de conscience, la transformation peuvent être accompagnées : psychanalyse, psychothérapies et autres techniques, hypnose, coaching
2 - A propos du langage et de son usage, voici via Benoît Rivillon, un extrait d’un livre récent renvoyant au débat entre Platon et les sophistes que M.Jean-Dominique Michel à co-écrit avec le chercheur en neurosciences Mark Waldman.
" On ne convainc personne.
Une recherche décrite dans le numéro de janvier 2017 de Scientific American montre que plus vous essayez de convaincre une personne qu’une croyance à laquelle elle tient est fausse, plus elle s’y accrochera, en particulier s’il s’agit d’une idée conspirationniste (le covidisme, ou adhésion aveugle à la doxa médiatico-politique au sujet du Covid en fait désormais partie !) ou attribuant de la malveillance à autrui. Les coléreux deviennent encore plus fâchés, les bigots encore plus intolérants, les xénophobes encore plus racistes, les abuseurs encore plus abusifs. Et ceux qui sont en désaccord avec vous auront encore plus de mépris à votre égard, même et surtout si vous avez raison.
Alors, que pouvez-vous faire ? La recherche en neurosciences a souligné l’importance du scepticisme : c’est la seule attitude qui permette de questionner nos propres biais de pensées et nos croyances erronées. Comme nos idées de la réalité sont (pour des raisons neuropsychologiques) par définition largement fausses, il s’agit de la seule posture intellectuellement honnête... et saine d’un point de vue relationnel.
Là où cela se complique, c’est que l’incertitude est en soi une cause de stress neural ; plus une personne ou une société dans son ensemble est ébranlée ou en proie à des tensions, plus elle plébiscite des réponses simplistes. Une récente étude de l’Inserm a montré qu’une enfance vécue dans la précarité et l’insécurité prédispose à voter pour un mode de leadership autoritaire à l’âge adulte. Les dirigeants autoritaires, eux, feront tout ce qui est en leur pouvoir pour restreindre la liberté de parole de ceux qui sont en désaccord avec eux.
Quand il s’agit de relations personnelles, le mieux est de rester compassionnels et aimables lorsque nous confrontons les biais et les erreurs de pensée de nos proches. La composante identitaire de l’attachement à des croyances erronées est forte, et toute confrontation trop directe ne peut que conduire à l’inverse de l’effet escompté.
Et si vous faites face à des interlocuteurs extérieurs engoncés dans des certitudes fallacieuses, notre conseil : soyez respectueux de votre temps et de votre énergie en les consacrant à quelque chose d’agréable ou d’utile plutôt qu’à la tâche illusoire d’essayer de leur ouvrir l’esprit !"
cette "démonstration" disqualifie les discours faisant appel à la raison, au débat, au dialogue; quid alors des "missions" de l'école ? surtout quand on prend conscience que le langage aujourd'hui ne sert plus à chercher la « vérité », à constater, décrire ce qui est mais sert à manipuler, à discréditer, disqualifier, voire à provoquer le suicide de la harcelée ou la chute de l’ogre ou la démission du poète-aventurier;
l’usage performatif de la langue (quand dire, c’est faire, Austin, un énoncé est fait pour agir, il n’est plus ni vrai ni faux mais une action) l’emporte sur l’usage constatif, cognitif (décrire le monde, le connaître d’où un énoncé est vrai ou faux)
Illustration criante depuis 40 ans : quand on est anti faf, anti FN, RN, on fait monter le % des FN, RN; c'est le paradoxe de certains combats;
ce n'est pas vrai apparemment avec le bashing anti LFI;
il y a donc des questions à se poser du côté de la gauche humaniste, droitdelhommiste, pour la justice, la liberté, l’égalité, la fraternité.
3 - « Apprendre l’empathie, c’est très très bien. C’est structurant pour la personnalité, c’est excellent pour la santé mentale.
Apprendre à débattre sans violence, sans jugement, dans la contradiction, c’est bien aussi.
Ça suppose de savoir réfréner ses pulsions, de savoir maîtriser son agressivité et d’en détourner l’énergie dans le raisonnement.
Ça suppose de savoir Raisonner dans la complexité et de savoir émettre des arguments.
Tout cela participe au recul des violences en même temps qu’au recul de la pensée binaire , primaire et simpliste.
C’est là, il faut le croire, la source du vrai plaisir et même du bonheur. C’est aussi la source du sens profond de l’existence et des perspectives d’avenir.
L’un est indissociable de l’autre.
Neque enim disputari sine reprehensione potest. ("Il ne peut y avoir discussion sans contradiction." Cicéron)
« Quand on me contrarie, on éveille mon attention, non pas ma colère : je m’avance vers celui qui me contredit, qui m’instruit. La cause de la vérité, devrait être la cause commune à l’un et à l’autre. Que répondra-il ? la passion du courroux lui a déjà frappé le jugement : le trouble s’en est saisi, avant la raison ».
Montaigne, De l'art de conférer. » Nathalie Rocailleux
Cette conception était celle de Marcel Conche qui a tenté de fonder en droit (impossible dans les faits) la morale universelle des droits de l’homme sur l’acceptation par un nazi et un juif du dialogue;
imaginez Netanyahu dialoguant avec le Hamas.
Je crois qu’aujourd’hui, c’est d’apprendre à reconnaître les pervers narcissiques, les techniques d’emprise, les techniques pour déjouer la domination, l’exclusion, le harcèlement qui est important, y compris les outils du combat au corps ou d’esquive, apprendre à traverser les peurs en donnant confiance en soi. Il me semble que Gatti avait tenté cela avec des jeunes filles.
Jeanne-Claude Grosse, 27 janvier 2024
Notes sur la transcendance numérique (par Jane Clare Jones)
Texte tiré du deuxième numéro (hiver 2021) de la revue féministe britannique The Radical Notion, également reproduit dans...
https://www.partage-le.com/2024/01/27/notes-sur-la-transcendance-numerique-par-jane-clare-jones/
article remarquable : considérer la pieuvre comme une sorte de réplique évolutionnaire à notre métaphysique dualiste et à la vénération de notre cerveau comme matériel informatique. Le corps entier d’une pieuvre — en particulier ses multiples ventouses sensorielles — est une sensibilité gélatineuse complète, un corps-esprit aquatique sans colonne vertébrale, un corps d’intelligence ondoyant.
une tentative peut-être emphatique : Kosmorgasmik, poème final d'un ensemble inédit et qui le restera, appelé Métamorphosis La Terre et ses milliers de bouches éruptives, ses milliers de vulves-geysers, la Terre ronde est ronde de toutes les grossesses animales et humaines, de toutes les germinations florales et végétales, de toutes les minéralisations calcaires et granitiques. La Terre est la porteuse, l’accoucheuse de tout ce qui naît, de tout ce qui prend corps. Le corps, les corps, encore et encore. Incarnations en chairs et en os, en racines et cimes, en strates et sédiments.
Conférence "L'Écume de l'espace-temps"
Prononcée par Jean-Pierre LUMINET, astrophysicien et directeur de recherche CNRS au Laboratoire d'Astrophysique de Marseille, écrivain et poète.Chapitres:0:0...
https://www.youtube.com/live/oJQM4lDYl7E?si=rfcgcWgwM1h6cfq7
Un acte de langage (ou acte de parole) est un moyen mis en œuvre par un locuteur pour agir sur son environnement par ses mots : il cherche à informer, inciter, demander, convaincre, promettre, et...
le langage performatif
La Neuro-Communication (le wébinaire commence après 4-5 minutes)
En tant qu'êtres de paroles et de relations, nous passons notre temps à communiquer avec les autres. Lorsque nous sommes dans la sécurité de relations de confiance en parlant de sujets faciles,...
on ne convainc personne
Vous n'êtes pas seuls. Pour des ressources et du soutien: https://anxiete.org/ Je suis très fébrile au moment d'écrire ces quelques lignes. Il y a bientôt un an, je me rendais compte que nous ...
remarquable en particulier sur l'intelligence émotionnelle de 16' 40" à 20'
Danser avec le chaos: Accueillez l'inattendu dans votre vie
L'inattendu ce n'est pas ce que vous attendez, mais plutôt ce qui vous attend...https://monchaos.com
avec le jungien québécois Jean-François Vézina
Armand Gatti : université européenne de création
Eté 2010, Armand Gatti en Corrèze pour son université européenne de création. Première journée, première rencontre pour une trentaine de jeunes stagiaires
Eté 2010, Armand Gatti en Corrèze pour son université européenne de création. Première journée, première rencontre pour une trentaine de jeunes stagiaires attirés par l oeuvre et la démarche créatrice d Armand Gatti. Au programme cette année à Neuvic : les femmes en noir de Tarnac, science et résistance, kung fu et chant