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Blog de Jean-Claude Grosse

Résultat pour “La dernière génération d'octobre”

une histoire de la vraie vie / 60 ans après / la fermière du Calvados

24 Septembre 2021 , Rédigé par grossel Publié dans #histoire, #vraie vie, #écriture, #poésie, #pour toujours

gîte la petite forge à Gonneville sur Honfleur

gîte la petite forge à Gonneville sur Honfleur

cela m’est arrivé le 16 septembre 2021 à 14 H 14 via le formulaire de contact de mon blog

 
Sujet 
Fils de Colette Groult 

Message 
Bonjour Mr Grosse
Si vous avez dormi dans un camion environ un mois fin des années 1950 début des années 1960 chez Claude et Colette Groult à Clecy dans le Calvados (14) 
si vous vous reconnaissez vous pouvez prendre contact soit par mail avec moi ou appeler ma mère Colette 
Elle a encore des lettres que vous leur aviez envoyées 
Cordialement 
B Groult
 
j’ai répondu me reconnaître
 
et le 17 septembre, 1/2 H d’échanges avec Colette Groult au téléphone, 84 ans soit 3 ans de plus que moi
voix vive, enjouée
Claude son mari est parti, il y a 22 ans; deux fils, l’un agriculteur, 59 ans, en couple depuis 2 ans, l’autre mécanicien-marine de bateaux de pêche, 56 ans, célibataire
la ferme de Clécy a été vendue
ils sont installés dans une ferme du côté de Honfleur, chacun sa maison à Gonneville sur Honfleur, 873 habitants
avec un gite pour couple La petite forge et un autre gîte rural de 6 places, Le pastel
on trouve sur internet gîte Colette Groult
 
Colette ne veut rien connaître du monde d’internet
ce qui l’intéresse ce sont ses amis et amies de proximité, sa famille, les réunions associatives
Colette me dit son bonheur d'avoir une vie de routine sans ennui, sobre et tournée vers le bonheur des gens qui l’entourent

sur le site de la commune Gonneville sur Honfleur, j’ai trouvé cette annonce : 

LDC

Nous sommes une quinzaine, qui jouons à la coinchée, belotte, scrabble, rumycube, dominos, triomino et... depuis cette année, au tarot. Nous nous réunissons tous les jeudis après-midi, notre rencontre se termine par un goûter, et nous faisons une sortie restaurant avant les vacances d'été.

Le bureau se compose ainsi :  - présidente : Mme Colette Groult

                                                 - secrétaire : Mme Odile Pivet

                                                 - trésorier : M. Jacques Eudeline

                                                 - trésorière-adjointe : Mme Renée Eudeline

elle a conservé mes lettres et poèmes dont un qui lui est dédié, elle a même une lettre d’Annie 
(j’ai demandé que son fils prenne une photo du poème et de la lettre)
à l’époque, 1960-1961, j’avais fait la connaissance de Babette
j’ai une photo où on me voit au sommet d’un gros rocher dominant l’Orne et une autre de Babette
 
Je pensais souvent à ce couple de fermiers heureux, avec lesquels j’avais beaucoup sympathisé
 
et 60 ans après …
 
 
poème du 18 août 1961, sans doute en lien avec le personnage de Gilles de Rais, maréchal de France devenu tueur d'enfants

poème du 18 août 1961, sans doute en lien avec le personnage de Gilles de Rais, maréchal de France devenu tueur d'enfants

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Balade dans le sud marocain

9 Novembre 2008 , Rédigé par Jean-Claude Grosse Publié dans #voyages

Balade dans le sud marocain
par Grossel et son guide Ya.Smine
Cette balade a duré 6 jours, au départ de Marrakech, du 23 au 28 octobre 2008, après deux jours de pluies abondantes, à deux, avec un bon 4X4, pique-nique vers 13 H, là où ça nous plaisait, soirée en gîte d’étape, simple, avec cuisine locale.
1° jour : nous partons vers le sud par le Tizi n Tichka, pluie et neige vers le col, puis 40 kilomètres de piste en 4 heures entre Telouet où se trouve la casbah en piteux état du Glaoui et la casbah d’Aït Ben Hamoud, déjà vue en 2006, que nous saisissons aux feux couchants, l’idéal.
Heureusement, aucun véhicule pendant la descente abrupte de je ne sais quel col.
Nuit à Tamdaght,  à La Cigogne, tenue par de jeunes marocains, village plus  authentique qu’Aït Benhadou, près de la casbah où vit Bahia que nous n’avons pas vues, partis trop tôt le lendemain matin après achats chez Omar, l’antiquaire qui a une caverne d’Ali Baba d’objets magnifiques et à bons prix.

 
 
2° jour : passage par Taliouline pour se procurer du safran. C’est le temps de la récolte et c’est le meilleur safran du Maroc. J’en achète 20 grammes. Thé au safran bien sûr.
Arrivée par une route magnifique sur Tafraout, après avoir traversé au pas puis à pied, un village où se déroulait un « moussem », une fête traditionnelle. J'achète 6 kilos de dattes de Tata, pareilles à celles de Zaghora, appréciées en 2006.
Nous logeons 3 jours à La Tête du Lion agréable hôtel tenu par Christophe et Hakima.

3° jour : nous passons 5 heures à Eden Rocks, au coin des rochers peints par

Jean Verame

un artiste belge, en 1984, coin très visité aujourd’hui, comme quoi le land art peut ouvrir des perspectives. Nous découvrons et baptisons plusieurs rochers naturels non répertoriés dont l’impensable Richard Cœur de Lion. Mais aussi le dauphin, l’aigle, les cavaliers teutons, le singe…
 

4° jour : promenade dans la palmeraie d’Aït Mansour, le matin et longue visite au souk d’Aït Abdallah. De nombreuses photos prises par Ya.Smine, portraitiste de talent, Marocain de cœur, qui s’est mis à l’arabe et s’ouvre ainsi les cœurs et les visages.
Comme il a plu, c’est déjà tout vert, la terre est meuble et les femmes travaillent avec le soc et le mulet, de petites parcelles. Pas d’hommes, au travail ailleurs, en ville ou en Europe.
L’après-midi, retour à Tafraout par un immense plateau. De nombreuses maisons luxueuses en plein désert. Les « soucis » préparent leur retraite.

 
5° jour : direction Taroudant par un détour au nord de Tafraout à travers le djebel Lext. Magnifique route, précipices vertigineux, pas une voiture sur 100 kilomètres à 30 à l’heure maxi et arrêts multiples pour photos et panoramiques.
Soirée et nuit au Palais Sallam en chambre double, en mezzanine avec terrasse, la pointe de luxe à prix honnête, nécessaire pendant une balade.
 
6° jour : retour à Marrakech par le Tizi n Test. Route et paysages impressionnants. Pique-nique et visite de la mosquée oubliée de Tinmel.
Arrivée sous la pluie à Marrakech.
Ce qui m’a frappé après deux ans d’absence : l’impressionnant travail d’infrastructure, pistes devenues routes, électricité partout, téléphone partout, désenclavement, signalétique des douars et villages, constructions neuves partout dans les endroits les plus inattendus, grandes maisons construites par ceux qui vivent et travaillent en Europe, en France avec leurs commerces ouverts tard le soir, les « soucis ».
Le Maroc décolle.
Dommage que l’éducation soit à la traîne, en matière d’hygiène, de propreté.
Comme par hasard, c’est dans les centres des petites villes que les rues et routes sont défoncées.
Merci à Ya.Smine pour cette balade, hors circuits touristiques.
 
 
 

 

À Marrakech,
- J’assiste à deux vernissages (je n'ai pas de reproductions à proposer; mille excuses du pays des mille et un paysages):

  _un de peinture à la galerie Artes Mundi, belle galerie toute en profondeur ce qui crée une belle proximité, intimité avec l'oeuvre de Rachid Zizi, artiste modeste qui a déjà une clientèle  et déjà reconnu, qui a envie d'aller plus loin, ailleurs et a fait des avancées en 5 ans, que l'exposition permet d'évaluer (bonne continuation donc, Rachid, et à 2010, peut-être), exposition visible tout novembre 2008
  _un de céramiques: Mailles d'émail de Kamal Lhababi, artiste de dimension internationale, dans les allées des hôtels Saadi, sur le thème des costumes d'apparat, céramiques tout à fait abordables par leurs prix (commande lui a été faite de grandes fresques en céramique, il y a quelques années, fresques à voir absolument dans le hall du Casino des Saadi, fresques s'intégrant à merveille à l'architecture de ces lieux: Les jeux, Les cinq sens et le sixième, L'arrivée du poète Saadi à Marrakech, Les lions de l'Atlas), exposition visible tout novembre 2008.

 

- Je lis intégralement le N° trimestriel de la revue MarocPremium consacré à la peinture contemporaine marocaine. Excellent N°.
- Je rencontre le photographe de la revue, Mostapha Romli, lui fait une analyse de ce que j’ai pu constater en regardant les reproductions. Échanges en cours et en vue.
- Je rencontre aussi Sijel, un pharmacien renommé de Casablanca qui s'est lancé dans la production et la commercialisation de produits marocains destinés à la cosmétique et à la cuisine traditionnelle. J'éditerai peut-être un livre aux Cahiers de l'Égaré. On peut avoir une idée de ce travail avec Charme du Maroc.

- Je regarde Ya.Smine travailler ses toiles ainsi que Chérifa Rabeh. Ils ont exposé avec succès tout septembre à La Maison des Arts de Rabat.
En deux ans, ils ont gagné en maîtrise et en propositions, chacun dans son registre. Je ne suis pas étonné que Chérifa ait été retenue par la revue.

(article de Jean Roguès)

Grossel à Marrakech, le 4 novembre 2008
 
 

Fondamentals by Chérifa


L’évolution de la peinture de Chérifa Rabeh
et Jean-Pierre Grosse (Ya.Smine)
artistes-peintres résidant à Marrakech


Je n’avais pas vu leur travail depuis novembre 2006. Voir des reproductions d’œuvres en catalogue internet et voir les œuvres réelles sont deux expériences différentes, la première permettant de saisir des ensembles, des cohérences, la seconde de saisir des singularités, les deux expériences se complétant donc car des œuvres singulières peuvent aussi constituer une œuvre « ouverte », un ensemble construit par le regard et la pensée de l’observateur, du peintre aussi bien.
Si j’essaie d’appréhender l’évolution de Chérifa Rabeh-Grosse, outre le passage à des formats plus importants, 80X100cm, je note la part essentielle prise par les compositions florales, souvent agrémentées d’une théière, compositions dont la richesse chromatique, la chaleur plutôt est communicative. Voilà une peinture subjective, peu soucieuse de netteté, éclairée de l’intérieur par une énergie, une vitalité qui se communiquent au spectateur. Peinture qui nous veut du bien, invitant à saisir la toile dans sa totalité mais aussi à la promenade du regard, voyage aléatoire au gré des formes et couleurs et qui fait chaud au cœur, procure du bonheur, l’espace d’un présent qui dure le laps de temps qu’on veut bien lui donner. Peinture donc de la liberté, de la libération car la liberté n’est que la succession des libérations que nous nous créons. Les gris de notre vie routinière sont avec les fleurs de Chérifa, coquelicots en particulier, dissous dans la profusion et l’éclat, la vitalité de la nature. On en oublie l’éphémère de la fleur pour se nourrir de son offrande gratuite, don sans contrepartie, voie d’une vie autre, nouvelle, la vraie vie.

 
Poppies in Northern Morocco by Chérifa

Si j’essaie d’appréhender l’évolution de Jean-Pierre Grosse, outre le passage à des formats plus importants, 120X100cm, je note deux partis-pris nouveaux, des portraits très acérés dans le trait, d’une netteté, d’une vérité pouvant aller jusqu’à l’insoutenable, jusqu’au malaise, portraits en outre souvent  présentés en triptyques donc relativisant toute saisie, la dynamisant aussi, obligeant à promener le regard alors qu’il a tendance à se fixer sur un visage. C’est le cas de « A certain vision of life ».     

On fait là une expérience phénoménologique qui mérite que je m’y attarde un peu. Regarder un visage ne va pas de soi. S’autorise-t-on à le regarder franchement, à le capturer, le saisir ou préfère-t-on le découvrir par effleurements, regards de biais, sans insistance comme une caresse, avec respect. Voilà que regardant mon regard, je prends conscience de mon rapport à autrui.
Autrui regardé, vivant, réagit à mon regard, modifiant mon nouveau regard, intimidé ou rassuré.
Autrui regardé, peint, se livre à moi dans son intensité, sa vérité, son éternité, expérience apparemment simple, en réalité impossible. Bien que s’offrant comme un tout, le visage est appréhendé comme un mystère : il semble vouloir me dire ce qu’il est et je ne saisis pas ce qu’il exprime. Je fais l’expérience de l’indicible, la vérité de ce visage m’est inaccessible : je vois bien la dureté de la vie marquant ce visage ridé, buriné mais comment se situe-t-il par rapport à cette vie, sa vie, acceptation, protestation, résignation, révolte, acquiescement, voilà quelques mots dont je mesure l’insuffisance.
De même pour ce regard de femme, « Nasrine », magnifique, quelle expérience intime j’en fais, non partageable ?

 
Nasrine by Ya.Smine
 
Le flou est l’autre nouvelle tentative du peintre, le mouvement, également en triptyques. C’est une expérience contraire, saisir la fugacité et se livrent d’autres vérités : l’audace d’une femme qui s’expose dans sa danse, se livre dans sa transe, la fusion des cavaliers s’affrontant dans le rituel de la fantasia dans « Fantaisie »…

Voilà deux artistes sans grosse tête, authentiques chercheurs de beauté, de chaleur, de vérité définitive ou de vie éphémère, avec lesquels on fait des expériences à la fois esthétiques, existentielles, philosophiques, si on est disponibles, prêts à prendre le temps de longuement regarder, ce qui n’est pas fréquent dans le monde de l’ « art » livré aux marchands et aux snobs.
Dans le dernier N° de Maroc Premium, remarquable N° consacré aux peintres marocains contemporains, Chérifa Rabeh-Grosse a été retenue parmi 70 artistes. C’est là un signe de reconnaissance qui devrait s’étendre dans un prochain N° à Jean-Pierre Grosse, Marocain de cœur, exprimant à travers ses portraits, non l’exotisme marocain mais l’universel humain d’avant le temps des chairs bouffies, des visages sans âge traités aux cosmétiques.
De ce N° lu en totalité, je dirai qu’il présente un panorama intéressant d’artistes contemporains, qu’il fait un état des lieux sans complaisance des avancées et des difficultés, des carences. Une aporie se découvre à la lecture : l’oscillation entre un point de vue marchand et un point de vue artistique. L’art peut-il se passer du marché ? Comment faire pour que le marché ne fausse pas la valeur artistique par la valeur marchande ? Comment un artiste peut-il sauver son âme et son art en étant commercial ? Jusqu’où ? Le modèle occidental n’est pas une garantie : la multiplicité des appréciations n’empêche en rien les modes, les exclusions, les combinaziones, les usurpations, les impostures, les oukazes, que cela vienne des fonctionnaires de l’art, des marchands d’art, de la presse spécialisée, des spéculateurs, des réseaux d’influence.
                                                                  
 
Jean Roguès, Marrakech
le 30 octobre 2008
 
 
 
 
A certain vision of life by Ya.Smine
 
 
 
 
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La politique de l'oxymore/Bertrand Méheust

8 Mai 2009 , Rédigé par grossel Publié dans #notes de lecture

La politique de l'oxymore/Bertrand Méheust
La politique de l’oxymore de Bertrand Méheust
Les empêcheurs de penser en rond/La Découverte, 2009

Voilà un essai particulièrement intéressant et dérangeant. Son pessimisme méthodologique, son heuristique de la peur suffiront-ils à ouvrir les yeux des gens ? Sans doute pas.
De quoi est-il question ? De notre système, de notre modèle, système de prédation reposant sur des résultats tellement probants, l’élévation du niveau de vie, du confort du plus grand nombre dans les pays développés qu’il est inconcevable de le voir changer de paradigme, de renoncer à ses dogmes : la croissance comme moteur du progrès pour tous, la croissance infinie comme moyen de réduire les inégalités, les bienfaits de la main invisible du marché pour résoudre les problèmes rencontrés par le système, l’homme de la science et de la technique trouvera toujours les remèdes aux dégâts qu’il cause.
S’appuyant sur des concepts de Georges Simondon, l’auteur montre qu’un système persévère dans son être jusqu'à saturation et jusqu’à la rupture. Notre système n’échappe pas à la règle d’autant que la pression du confort rend très difficilement envisageable les mesures de décroissance supportable qu’il faudrait prendre dès maintenant à supposer qu’il ne soit pas trop tard. L’auteur  pense que notre biosphère est atteinte de façon irrémédiable sans pouvoir le prouver autrement que par des exemples (mais les optimistes de la croissance, les mitigés du développement durable ne peuvent pas davantage prouver le contraire pour la bonne raison que l’échelle de temps à considérer est trop importante : des milliers, voire des millions d’années).
La réflexion sur les échelles de temps est importante et ici je la combine avec celle de Marcel Conche : le temps du marché, de la bourse est quasi-nul, c’est le temps de l’immédiateté ; le temps de chacun entre sa naissance et sa mort est un temps rétréci, le temps du souci, le temps de l’emploi ou du chômage, le temps des crédits à court terme (2-3 ans) ou à plus long terme (15-20 ans) ce qui signifie notre servitude volontaire pour 2 à 20 ans et l’impossibilité de se libérer des schémas de vie proposés par le système ; le temps des sociétés, des cultures, des civilisations, le temps de l’histoire, de la longue durée (200-5000 ans) ; le temps de l’homme, de l’hominisation (plusieurs centaines de milliers d’années) ; le temps de la planète, de notre biosphère (plusieurs millions d’années) ; le temps de l’univers (plusieurs milliards d’années), le temps de la Nature au sens de Marcel Conche (temps infini, éternel).
Grâce aux connaissances accumulées, nous sommes capables aujourd’hui d’avoir une vision temporelle très vaste, vision nécessaire pas seulement pour comprendre d’où nous venons, où nous allons mais pour agir en relative connaissance de causes et d’effets. Vivre à l’échelle de l’immédiateté c’est s’aveugler volontairement, s’impuissanter quand les catastrophes surviennent. Cette incapacité à se placer à la bonne échelle, aux bonnes échelles est liée à cette morgue dont fait preuve l’homme cartésien , voulant devenir maître de la nature.
Le chapitre qui donne son titre au livre est court, accrocheur, montrant que l’oxymore est toujours utilisé dans les temps de tension et pour manipuler les esprits. Il montre avec pertinence que le nazisme est la matrice du monde-spectacle dans lequel nous nous vautrons. Des esprits suffisamment lucides sur les moyens mis en œuvre par ce que j’appelle les brasseurs de langue de bois comme par les brasseurs de langue de vent peuvent-ils échapper à cette virtualisation des cerveaux, à cette déréalisation du réel au profit de ses reflets dans le lobe droit ou gauche de chacun ? Certes le réel ne se fait jamais oublier, se rappelle au bon souvenir de ceux qui gouvernent, manipulent en l’évacuant à coups d’oxymores déroutant les esprits car cette union des contraires en temps de tension a bien pour objectif de faire vaciller les repères, de rendre impossible le retour à la lutte des classes, le recours à la révolution.
C’est moi qui dis cela, en conclusion de cette note, tirant l’auteur dans mon sens.
Note de lecture de Jean-Claude Grosse, 8 mai 2009

La politique de l’oxymore*

Politis, jeudi 9 avril 2009, par Dominique Plihon


Ceux qui nous gouvernent sont des illusionnistes qui, en s’appuyant sur les médias, nous abusent en faisant le contraire de ce qu’ils annoncent à grand renfort de publicité. Ainsi, la défense du pouvoir d’achat est érigée en slogan de campagne électorale puis en objectif prioritaire du gouvernement. Mais quand la crise est là, qui touche en premier les bas revenus, c’est une relance « par l’offre » qui est orchestrée, c’est-à-dire la multiplication des aides et des exonérations de charges en direction des entreprises. Politique non seulement inéquitable, mais aussi contre-productive, puisque c’est d’un effondrement de la demande des ménages, lié à la déflation salariale, que souffre l’économie. De même, la « moralisation du capitalisme » est décidée face au scandale des patrons voyous qui se goinfrent de primes et de parachutes dorés. Mais le bouclier fiscal qui protège les grandes fortunes n’est pas remis en cause. Et le décret sur les bonus et les stock-options exonère la plupart des PDG du CAC 40 pour ne toucher que les patrons des quelques banques et entreprises ayant reçu des aides de l’État. Le Medef peut se rassurer, il n’est pas question de supprimer les stock-options ni d’imposer une limite aux rémunérations des patrons, ce qu’ont pourtant fait les autorités américaines et allemandes.

Allant crescendo, nos gouvernants proclament une « refondation du capitalisme mondial » à l’occasion du G20 de Londres, présenté comme historique. La fermeture des paradis fiscaux, jugés intolérables, est annoncée. Et l’on se retrouve avec un catalogue de mesures ronflantes mais molles, telles que la levée partielle du secret bancaire et la publication d’une liste de « paradis fiscaux non coopératifs ». Et nos autorités se gardent bien de s’attaquer aux principaux paradis fiscaux européens, à commencer par Monaco et le Luxembourg – ce dernier étant dirigé par le président de l’Eurogroupe, chargé de coordonner la politique économique européenne…

Sur le thème des migrations, les dirigeants européens ne sont pas à une contradiction près. Chantre de la mondialisation et de la liberté de circulation des personnes à l’intérieur de ses frontières, l’Europe a érigé des remparts technologiques et policiers, se transformant en « forteresse » pour celles venant de l’extérieur. Continent des droits de l’homme, elle a vu des milliers de migrants mourir à ses frontières et met en danger l’un des droits les plus précieux : le droit d’asile. Pour donner à cette politique un nom respectable, on la qualifie de migrations choisies, alors qu’il s’agit d’une politique migratoire sélective, fondée sur la contrainte.

Dernier exemple de cette politique de l’oxymore (la liste pourrait être beaucoup plus longue), qui n’est pas le moins inquiétant : la question écologique, présentée comme l’ardente obligation de ce début de XXIe siècle, Grenelle de l’environnement à l’appui. Or, la plupart des cent mesures du plan Fillon de relance consistent à accélérer la construction d’autoroutes et à bétonner le pays, tout en affirmant que l’objectif de croissance à tout prix (rapport Attali pour une croissance forte oblige) est la seule voie pour sortir la France de la crise. Le salut viendra du « capitalisme vert », autre splendide oxymore ! Cette utilisation massive des oxymores – qui consistent à fusionner deux réalités contradictoires – remplit trois fonctions pour le pouvoir politique. C’est d’abord une technique éprouvée pour occuper l’espace médiatique, avec l’aide d’organes de presse souvent complaisants, voire complices, en exhibant à coup de gesticulations des objectifs mirifiques qui suscitent le débat. C’est ensuite un moyen de neutraliser l’opposition en la doublant sur sa gauche (pouvoir d’achat) ou sur sa droite (migrations). C’est enfin, ce qui est le plus grave, une stratégie destinée à « enfumer » les citoyens, en s’attaquant à leur univers mental et en jouant avec leurs rêves. Ceux qui gouvernent ainsi font preuve d’un cynisme et d’un mépris profonds des citoyens. L’art de gouverner se confond avec celui de manipuler. La politique et la démocratie en sortent dévalorisées…

 

La politique de l’oxymore

de Françoise Simpère


    "La politique de l’oxymore » (éd. La Découverte) c'est le titre ô combien littéraire- "cette obscure clarté qui tombe des étoiles", mon oxymore préféré- le titre donc  d’un petit bouquin dont je vous recommande la lecture, écrit par un philosophe. Ce n’est pas la joie, puisque, en gros, il affirme que nous sommes foutus si nous ne nous décidons pas à changer de logiciel de pensée- ce que je répète ici sans me lasser- mais rappelle que l’être humain a le plus grand mal à le faire pour moult raisons.   

      Première raison, résumée brillamment par mon directeur d’agence bancaire : « Les décisions prises contre la crise émanent des décideurs à l’origine de cette crise, qu’ils soient politiques ou financiers. Il ne faut pas oublier que celle-ci, avant de leur faire perdre de l’argent, leur en a fait gagner tellement que même avec les pertes actuelles, ils restent gagnants. Pourquoi voudriez-vous qu’ils changent un logiciel qui leur est bénéfique ? Ils vont calmer les esprits avec un peu d’argent et repartir dans la même direction.» Absence de changement par intérêt personnel, pas moral mais logique.    

    Deuxième raison, fréquente : l’absence de changement par peur de la     nouveauté et/ou du risque. C’est le cas de ceux qui restent dans un couple ou un boulot qui ne leur conviennent plus, au motif qu’on sait ce qu’on perd, mais qu’on ne sait pas si on va gagner. La merde dont le goût est familier, on finit par s’y habituer... jusqu'au jour où elle rend malade.  

      Troisième raison, irrationnelle : le refus de la réalité, de la nécessité     absolue de changer de logiciel, parce qu’on ne VEUT pas y croire. Exemple : tout le monde se SAIT mortel,     personne n’arrive à s’imaginer mort. Tout le monde SAIT que la planète ne PEUT pas supporter qu'on continue à l’exploiter sans mesure, mais personne ne veut vraiment y croire, car imaginer la fin du monde et de     l’humanité est insoutenable.   

      Alors, les cyniques qui ont intérêt à ce que ça continue pour les deux ou trois  décennies qui leur restent à vivre (les puissants sont rarement très juvéniles) ont inventé la politique de l’oxymore : ils associent des concepts     incompatibles qui donnent l’illusion qu’ils agissent, et font croire à ceux qui ont peur de  changer ou qui ne veulent pas admettre la nécessité de changer qu’on va pouvoir, au bord du   gouffre, faire un grand pas en avant sans tomber, comme dans les dessins animés où Donald pédale dans le vide …   

      MORALISER LE CAPITALISME: impossible puisque ce système, basé sur l’appropriation par quelques-uns de toutes   les richesses du monde au détriment de la majorité des gens, basé donc sur l'injustice et l'exploitation est, par essence, immoral.   

      DEVELOPPEMENT DURABLE : une croissance continue sur une planète limitée aux ressources épuisables est évidemment impossible. Pour que tous les terriens puissent accéder à un confort convenable, il faut que les plus favorisés modifient leur mode de vie en consommant et polluant moins. Y a de la marge, vu les gaspillages!   

      NUCLEAIRE ECOLOGIQUE : une énergie qui produit des déchets toxiques indestructibles qu’on ne sait pas où mettre excepté sous le bitume des cours d’école et des routes (excellent documentaire récent sur le sujet à FR3) n’est pas écologique puisqu’elle oblitère le destin des générations futures. Le fait qu’elle ne produise pas de CO2 ne suffit pas à la rendre inoffensive, sans même parler de son éventuelle utilisation militaire.   

      GUERRE PROPRE : sans commentaire.   

      FLEXIBILITE PROFESSIONNELLE SECURISEE : l’emploi est stable et sûr, ou flexible et précaire, ceci sans jugement de valeur sur ce qui est souhaitable pour mieux vivre. Mais en aucun cas il ne     peut être flexible et sûr ! Perso, je pense que la sécurité est mieux assurée avec plusieurs employeurs qu'un seul, toujours le principe écologique de la diversité, qui évite la dépendance.

La politique de l’oxymore se nourrit de contradictions : prétendre revaloriser le travail mais refuser la moindre augmentation des salaires. Prôner l’effort et le mérite mais favoriser fiscalement les revenus des capitaux et l’héritage qui n’exigent pas d’efforts démesurés pour les gagner. Limiter la vitesse pour les conducteurs, mais ne pas brider les moteurs des automobiles. Faire de la publicité pour une barre riche en sucres et en graisses et écrire en dessous « pour votre santé, manger moins gras et moins sucré ». Multiplier les
informations alarmistes et les faits-divers en boucle puis exhorter les gens à «mieux gérer leur stress ». Prôner le goût du risque mais mener une politique obsessionnellement sécuritaire. Parler de simplification administrative et pondre une nouvelle loi et dix décrets par jour. Considérer que les services publics ne servent pas à grand-chose et déplorer que leurs grèves bloquent le pays. Vouloir la libre circulation des marchandises et des capitaux mais fermer les frontières à la libre circulation des humains.   

      Ca rend fou, non ? Effectivement, oxymore signifie étymologiquement « folie aigue », dit l’auteur du livre. Une folie qui préfère s’enivrer de contradictions plutôt qu’accepter que son logiciel de pensée soit périmé. Pourtant, comme dit le proverbe, « se cacher la tête dans le sable n’a jamais empêché  l’autruche de se faire botter le cul. » 
   

 


L’intraitable beauté du monde,
adresse à Barak Obama

par Patrick Chamoiseau, Edouard Glissant


Deux écritures pour cette adresse, l’une poétique, l’autre politique, même si chaque écriture contamine ou hybride l’autre. L’une plus rationnelle, l’autre plus métaphorique, ma préférence allant à l’écriture politique rationnelle car les métaphores du gouffre, du limon m’ont peu parlé pour entendre les voix, les souffrances des esclaves.
L’élection de Barak Obama est pour eux l’émergence de la diversité, de la créolisation, au plus haut niveau, dans le pays le plus puissant du monde et les effets de cette émergence seront indépendants de ce que fera ou ne fera pas Obama.
Ils attribuent à Obama une vision, une intuition poétique, une connaissance du monde inattendue chez un Américain, un African-American, (Obama a eu cette chance de n’être pas un descendant d’esclaves, de n’être ni Américain blanc ni American-African noir; son père est Africain, sa mère Américaine…et à ses débuts, il ne fut reconnu ni par les Noirs ni par les Blancs), intuition ouvrant des possibles en particulier à la beauté car la beauté est manifeste quand la politique mise en œuvre est d’ouverture et non de fermeture, est une politique de Relation.
Ils montrent comment la campagne d’Obama a su surmonter les clivages, les antagonismes, a su rassembler, réconcilier, même si ensuite en cours de mandat,  on assistera à une remontée des haines.
Cette adresse à Obama, l’ayant lue après ma lecture de La politique de l’oxymore, m’a paru en deçà des enjeux du Tout-Monde. Je ne crois pas que la créolisation, les petites sociétés soient l’avenir du Tout-Monde même si c’est mieux que la mondialisation, la séparation, (paradoxe en effet de voir des murs se dresser au temps de la mondialisation ; ponts et routes seraient préférables) car je pense qu’il est déjà trop tard, que nous avons heurté le mur écologique et que nous n’en avons même pas conscience parce que nous vivons dans un temps trop rétréci, nos échelles de temps sont trop petites, incapables de se situer à l’échelle de la biosphère : l’immédiateté du gain, des besoins, du confort et les millions d’années de la biosphère ne font pas bon ménage.
Cette adresse écrite dans la foulée de l’élection d’Obama, de son investiture ne peut bien évidemment pas prendre en compte ses premiers choix politiques. Les auteurs ne font pas de pari sur ce que sera la politique d’Obama, à la différence de Noam Chomsky ou de Kristin Ross qui n’attendent pas de modifications de la politique américaine. Ils pensent que son élection a ouvert une voie à l’ouverture. On était en droit d’attendre d’eux un peu plus de perspicacité. Là où Obama va rater, c’est sur le plan financier, sur le plan économique : il ne prendra pas les mesures fortes qu’il faudrait prendre, organiser la banqueroute des banques d’affaires pour sauver ce qui doit l’être et qui concerne le quotidien et le demain des gens. Mais même s’il prenait de telles mesures, elles s’inscriraient dans le schéma de la croissance ou plus modérément dans celui du développement durable, oxymore typique de notre temps pour se masquer la réalité et se faire croire que nous avons encore un peu de temps pour retarder l’inévitable, pour corriger l’inévitable.
Note de lecture de Jean-Claude Grosse, 8 mai 2009



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On donne quoi quand on ne donne pas son temps ?/JC Grosse

30 Janvier 2018 , Rédigé par grossel Publié dans #FINS DE PARTIES, #pour toujours

1° juillet 1967 à Le Quesnoy, Nord, agapes au chalet de l'étang au Quesnoy, 6 juillet 2003 au Revest, Annie en led déclarant son amour pour toujours
1° juillet 1967 à Le Quesnoy, Nord, agapes au chalet de l'étang au Quesnoy, 6 juillet 2003 au Revest, Annie en led déclarant son amour pour toujours
1° juillet 1967 à Le Quesnoy, Nord, agapes au chalet de l'étang au Quesnoy, 6 juillet 2003 au Revest, Annie en led déclarant son amour pour toujours
1° juillet 1967 à Le Quesnoy, Nord, agapes au chalet de l'étang au Quesnoy, 6 juillet 2003 au Revest, Annie en led déclarant son amour pour toujours
1° juillet 1967 à Le Quesnoy, Nord, agapes au chalet de l'étang au Quesnoy, 6 juillet 2003 au Revest, Annie en led déclarant son amour pour toujours
1° juillet 1967 à Le Quesnoy, Nord, agapes au chalet de l'étang au Quesnoy, 6 juillet 2003 au Revest, Annie en led déclarant son amour pour toujours
1° juillet 1967 à Le Quesnoy, Nord, agapes au chalet de l'étang au Quesnoy, 6 juillet 2003 au Revest, Annie en led déclarant son amour pour toujours
1° juillet 1967 à Le Quesnoy, Nord, agapes au chalet de l'étang au Quesnoy, 6 juillet 2003 au Revest, Annie en led déclarant son amour pour toujours

1° juillet 1967 à Le Quesnoy, Nord, agapes au chalet de l'étang au Quesnoy, 6 juillet 2003 au Revest, Annie en led déclarant son amour pour toujours

Je viens de me rendre compte d’une coïncidence extraordinaire
ce 1° juillet 2017, je fêterai mes 50 ans de mariage avec  Annie Grosse Bories, partie le 29 novembre 2010; ça remonte donc au 1° juillet 1967, photos prises à la sortie de l’église et oui et oui (alors que nos convictions athées étaient solides; pour son enterrement, point d'église, une cérémonie laïque dans la salle des fêtes de Corsavy, une fête inventée avec tous ceux nombreux, tout le village particulièrement secoué, venus l'accompagner),
à la mairie, c’est le maire du Quesnoy, Eugène Thomas, ancien ministre des postes sous de Gaulle à la Libération qui nous a réunis, le prof et l’élève, en présence du proviseur du lycée, de nombreux collègues, ça n’avait pas fait scandale, un an après, en 1968-1969, ce sera le scandale de Mourir d'aimer à Marseille (suicide de la prof Gabrielle Russier)
les photos de 2003 nous montrent dansant comme des marionnettes pour les 20 ans des 4 Saisons du Revest, le 6 juillet, notre fille Katia Ponomareva, comédienne et metteur en scène ayant eu la responsabilité artistique de la journée du 6, le danseur William Petit, la responsabilité d'une des 4 autres journées; Katia nous proposa un remariage symbolique à la mairie du Revest, ce que nous acceptâmes, moment intense sans maire et sans curé pour ce faire
Je comprends tout d’un coup le choix inconscient de la date, du lieu, du thème du 2° été du Léthé, ce 1° juillet à La Coquette à Toulon 
- la date, 1° juillet pour moi c’est 1/2 + 1/2 = 1, les deux moitiés de l’année, chacun sa moitié, quitte à empiéter sur la moitié de l’année de l'autre et réciproquement, les deux moitiés du couple qui ne fait qu’un, bref, le cirque, parce que c'est rond, que ça tourne rond, en rond, ce rond rond ronron en indisposant plus d'un, le soi-disant morne ennui quotidien alors que c'est la vie, la vraie vie et de choisir l'aventure sous toutes ses formes où l'infidélité a sa place; évidemment, je ne porte aucun jugement, chacun son chemin et quand un chemin m'est raconté, bien raconté, j'écoute toujours avec plaisir et prends plaisir à être dérouté car beaucoup de chemins sont déroutants (qu'est-ce que tu racontes ?); moi, j'ai fait choix de fidélité, ça me convient, je m'y sens bien; je me, je nous donne le temps; on donne quoi quand on ne donne pas son temps ? réplique dans le superbe film Danse avec lui de Valérie Guignabodet (2007)
- le lieu La Coquette a le même côté romanesque (romantique ?) que le chalet de l’étang du Quesnoy où nous nous sommes agapés; ce fut une très belle fête avec danses, poèmes (déjà, j’ai fait écrire chaque qu'on-Vive), chansons à boire d'où la photo floue que j'ai prise du frère d'Annie, Michel Bories (Pof), parti dans le même accident que Cyril Grosse;

la robe de mariée s'appelait Mouette, elle a resservi pour les 20 ans des 4 Saisons du Revest, le 6 juillet 2003 et au mariage de la plus ancienne amie d'Annie; on comprend pourquoi l'épousée est aussi la mouette à tête rouge, un personnage pour l'éternité, c'est la magie de l'écriture, de la parole éprouvée
- le thème c’est l’amour sublime, ça je m’y connais en sublimation mais sublimer un amour (j’en ai sublimé 2) n’est pas égal à amour sublime
ce 2° été du Léthé va être chargé et léger, ça finira en danses et lectures

Je ne peux pas ne pas mettre en ligne cette scène de Là où ça prend fin (Les Cahiers de l'Égaré 2014) entre l'épousé et l'épousée; ils ne savent pas que la fin de l'épousée est dans l'air, ils se rappellent leur rencontre, 46 ans avant quand élève, A.B.1, 16 ans, elle se déclare à son professeur, lui ne comprenant, n'acceptant enfin le sens de cette déclaration qu'en août 2010 car professeur, il lui fallait se barrer, être barré comme homme, ne pas entendre avec la raison; évidemment, il a compris, il a entendu avec le coeur et le corps et ce furent 46 ans de vie commune avec bizarrerie de l'inconscient, son amour à lui pour une élève, 24 ans après en 1988, donc 32 ans d'écart entre lui et cette élève, follement désirée, bizarreries : même âge, 16 ans, même classe, 2°, même initiales A.B.2; sublimé, cet amour fou est devenu une belle amitié qui dure depuis 30 ans; l'épousée avait été informée et avait été un soutien car difficile de sublimer les pulsions sexuelles, sublimer c'est d'abord décider de ne pas "consommer" (en l'occurrence, j'avais trop la conviction qu'en passant à l'acte, consentement ou pas, j'aurais été un violeur et ça, pas question d'autant que je voulais rester fidèle, donc ne pas "jouer" avec le feu de l'élève, avec l'élève A.B.2); une fois la décision prise (comment ne pas comprendre qu'une histoire de ce genre est vouée à l'échec ?), la sublimation est un douloureux exercice où la mise en mots est un des moyens d'y arriver; ce furent les poèmes de Parole d'aimant(e) (Les Cahiers de l'Égaré, 1989); dommage que l'histoire de Gabrielle Russier et de Christian Rossi, née 4 ans après la nôtre n'ait pu trouver un autre déroulement que ce déroulement tragique; c'est pour ça que je n'ai jamais oublié cette affaire, que je me suis efforcé de faire qu'elle ne s'oublie pas; à l'automne 2019, je tenterai d'organiser une soirée au Théâtre Toursky, façon de faire que Marseille se ressouvienne; à comparer d'ailleurs cette tragédie d'il y a 50 ans à la "réussite" du couple présidentiel actuel (on en a jusqu'en 2022), 24 ans d'écart, le président de la monarchie française épousant sa professeur, jadis mariée; tout est possiblement en marche quand on est dans l'"élite" et que tout le système est corrompu.

24 –

L’épousée et l’épousé, après une séance de banya, prennent leur bain dans l’eau fraîche du lac.

L’épousée    … tu te souviens de notre première fois ?

L’épousé   tu aimes bien l’entendre, j’aime le début des histoires d’amour, c’est souvent émouvant, poétique, après, ça dépend des gens …  c’était mon premier poste, j’avais adopté une attitude d’ouverture au mal-être des jeunes. Tu étais une de mes élèves

L’épousée   … c’est trop cette histoire … au départ des vacances de Toussaint je t’ai parlé dans un couloir du 2° étage du lycée 

L’épousé   … c’était mon anniversaire, tu n’en savais rien

L’épousée   je t’ai dit : je pense à vous autrement qu’à un professeur 

L’épousé   je n’ai pas pu te répondre : je ne pense à vous que comme élève 

L’épousée   je ne sais pas ce qui m’a pris, en tout cas, je ne regrette pas, notre histoire a commencé là parce que tu ne lui as pas fermé la porte 

L’épousé   je ne sais pas non plus ce qui m’a pris, en tout cas, je ne regrette pas de l’avoir laissé ouverte 

L’épousée   tu ne m’aimais pas encore ?

L’épousé   non mais je n’étais pas insensible

L’épousée (petite voix)   je peux savoir comment ça t'est venu ?

L’épousé   il me suffit de te regarder aujourd’hui …

L’épousée (petite voix)   oui ?

L’épousé   j’adore te regarder au moment des repas ; je reçois de la beauté plein les yeux et tout ailleurs, je suis traversé par un rayonnement inépuisable venu de toi, sensation très physique, expérience métaphysique de l'infini, je me dis, je te dis, quelle chance 

L’épousée  … merci … tu t’es senti piégé par ma déclaration ?

L’épousé   … pourquoi cette insistance  ? … la sirène ?  … difficile de répondre ; toi, jeune fille, tu me disais je pense à vous comme homme, je ne l’ai pas entendu, j’ai entendu le désir dans cette phrase lorsque  …

L’épousée   pas de mots, licence, ce n’est pas ce que je veux dire, … silence …  professeur, tu ne pouvais entendre que l’amour admiratif d’une élève, pas mon désir de jeune fille pour toi comme homme

L’épousé   en me barrant comme professeur, tu m’autorisais comme homme

L’épousée   je n'ai jamais eu le professeur à domicile que je voulais

L’épousé   homme désiré, je me suis fait désirer jusqu’à notre mariage, quel con !

L’épousée … tu m’as demandé beaucoup, je n’imaginais des ébats que sous des draps ; j’ai surmonté timidité, pudeur, j’ai trouvé du bonheur …

L’épousé   … contacts d’algues de nos corps sans péchés d’origine ni de chair, bonheurs d’épure

(elle rit, rire gai en cascade)

L’épousée   … j’aime tes poèmes Caresses 1 - Caresses 2 - … Caresses 1001… je ne sais plus à combien tu en es  … pourquoi cette aimée d’un jour ?

L’épousé   … Baïkala, ça te blesse … L’amour juvénile, c'est ce qui se rapproche le plus du pur amour … ça donne du bonheur, j’ai connu ce bonheur avec toi, je n’ai pas voulu résister à cette ultime vague qui m'a submergé, j'ai fait choix de l'aimer sauce Platon pour ne pas cesser de t'aimer sauce Cupidon

L’épousée entre le début de notre histoire et cette histoire … il y a un lien

L’épousé   …

L’épousée   entrer dans mon désir t’obligeait à beaucoup de retenue, tu sublimais … tu as les qualités pour faire des apnées … cesse de respirer un peu

(il ferme les yeux, se concentre, s’arrête de respirer ; elle compte 1-2-3 … 15, c’est bon, reprends ton souffle lentement)

L’épousée  je ne sais pas pourquoi, ça me blesse, j'ai peur …

L’épousé   … pardonne-moi, si tu peux … je sais que tu veux, mouette blessée, tu m' accompagnes … portée par ton amour inconditionnel pour moi 

L’épousée   … ma déclaration initiale t’a marqué au fer rouge de l’amour sublime 

L’époux  l’amour sublime, c’est ton arme, la paix, ton aile, mon amour 

ils s’embrassent longuement, sans reprendre leur souffle, ça dure, ça dure, ça dure; apnée d'amour et de désir


 

Puisque j'en suis à parler d'amour entre élèves et professeurs, je ne peux pas ne pas évoquer l'exemple de Marcel Conche qui épouse sa professeur de lettres de 15 ans son aînée. Cela se passe en 1942. Marcel Conche a publié les lettres de sa femme dans Ma vie (1922-1947), un amour sous l'occupation et ses lettres dans Lettres à Marie-Thérèse (1942-1947).

Marcel Conche était élève-maître en première au lycée de Tulle lorsqu’il eut comme professeur une jeune agrégée des lettres classiques venue de Strasbourg, réfugiée à Tulle. Il lui demanda d’être sa « correspondante » en ville (condition pour avoir droit à la sortie du dimanche). Ainsi pouvait-il la rencontrer régulièrement. On les vit bientôt se promener la main dans la main dans les pentes de Tulle. Les vacances étaient l’occasion d’échanger de longues lettres. Presque toutes celles de Marie-Thérèse sont ici reproduites. Elles disent son amour inconditionnel, son souhait d’être épouse et mère, son immense bonheurlorsque ces choses-là sont arrivées. Presque aucune lettre de Marcel n’est ici reproduite. Elles disent une ardeur d’un autre ordre que l’amour humain, car, s’il s’agit d’amour, c’est d’un amour inconditionnel pour la philosophie. On a voulu qu’une figure de femme fasse l’unité de ce livre : on y voit sa vraie vie, qui commence par l’amour (1942), qui se continue par l’engagement auprès de l’époux, qui s’accomplit par le don de la vie (1947) – cela sans qu’il y ait de relâche dans le bonheur d’aimer, mais non sans tribulations (y aurait-il quelque risque à aimer un philosophe?).

les deux livres de lettres éditées par Marcel Conche, d'abord celles de sa femme en 2012 puis les siennes en 2016
les deux livres de lettres éditées par Marcel Conche, d'abord celles de sa femme en 2012 puis les siennes en 2016
les deux livres de lettres éditées par Marcel Conche, d'abord celles de sa femme en 2012 puis les siennes en 2016

les deux livres de lettres éditées par Marcel Conche, d'abord celles de sa femme en 2012 puis les siennes en 2016

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Internet: un séisme dans la culture ?/Marc Le Glatin

21 Septembre 2007 , Rédigé par Jean-Claude Grosse Publié dans #notes de lecture

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Internet: un séisme dans la culture ?

Marc Le Glatin
 
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Ce 3° opus de la collection La culture en questions des éditions de l’attribut, paru en juin 2007, est d’une grande clarté et facile à lire.
Optimiste, Marc Le Glatin montre avec précision ce que les usages actuels d’internet,leur élargissement, leur approfondissement, s’ils ne sont pas contrecarrés par les intérêts privés de l’industrie culturelle de masse, s’ils sont consolidés par des dispositifs législatifs et juridiques et par des politiques culturelles appropriées, peuvent engendrer comme bouleversements dans la vie de chacun, dans les rapports sociaux, dans les conceptions et représentations du monde, un équivalent de ce que fut la révolution néolithique, bien plus profonde que les révolutions industrielles.
Les obstacles à cette révolution ne manqueront pas. Les majors, productrices de biens culturels de masse, formatés et aliénants, déploient et déploieront tous les moyens pour conserver et consolider leurs privilèges et leurs rentes à travers la gigantesque bataille sur le copyright à connotation féodale et le droit d’auteur à connotation libérale, expressions des droits exclusifs de la propriété intellectuelle. Avec le développement d’internet, les majors qui produisaient des biens culturels matériels, organisant la rareté pour s’assurer la rente, vendant ces biens et services matériels devenant après achat la propriété des consommateurs, sont tentées avec les biens immatériels proposés sur internet de vendre des droits d’accès à ces biens et services, à faire payer chaque transfert d’une œuvre sur un nouveau support, voire chaque fois qu’un internaute la regarde, l’écoute ou la lit, autrement dit à être propriétaires pour l’éternité des œuvres immatérielles circulant sur la Toile. Ce n’est pas un hasard si le temps de  passage dans le domaine public des œuvres est passé de 10 à 70 ans à tel point qu’aucune œuvre audio ou visuelle n’est encore dans le domaine public. Les biens immatériels circulant sur internet ont pour caractéristiques d’être non excluables, l’usage par un internaute de ce bien n’empêchant pas son usage par d’autres, à l’infini, comme c’est le cas avec l’usage des mots de la langue : pas de pénurie, le règne de l’abondance où c’est à chacun selon ses besoins et non à chacun selon ses moyens. Par leurs pratiques de téléchargement gratuit des œuvres, les internautes ont ébranlé les bases du système de rentes et on comprend mieux les enjeux des batailles autour des droits d’auteurs, de la rémunération des auteurs, des artistes et interprètes. Voilà le paravent derrière lequel les majors camouflent leurs appétits. Auteurs, artistes, états jouent leur partition dans ce concert de dupes. L’adoption de la loi DADVSI en juin 2006 a été l’occasion d’apprécier l’inféodation d’un gouvernement, d’un ministre de la culture passé aux oubliettes, d’une majorité de parlement aux intérêts des lobbies de l’industrie culturelle de masse et de quelques artistes contre les intérêts de la plupart des artistes. La France avec Donnedieu de Vabre a opté pour l’impossible répression des internautes, encore protégés par le droit à la copie privée. Ce qui peut émerger de la pratique des internautes, c’est la notion à fonder politiquement, légalement et juridiquement de biens collectifs, communs, non excluables, non rivaux. Cela concerne les biens culturels immatériels, les logiciels libres, les séquences génétiques, les organismes biologiques, les variétés végétales. Avec une telle notion, les pays du Sud auraient quelque chance de devenir des producteurs d’innovations et de développement pour tous.
Cependant la révolution introduite par les usages d’internet ne se limite pas aux effets du téléchargement dit illégal : ébranlement des bases du capitalisme de la rente par une technique et non par une idéologie ; dissolution de la notion de propriété privée et de toutes les notions connexes : auteur, œuvre, créateur, producteur, diffuseur, culture de masse, culture de distinction ; émergence de connivences entre artistes et amateurs ; émergence de nouvelles proximités sur la Toile et sur le territoire ; émergence d’une économie du don et non du profit…
Les pratiques des internautes, avec plus ou moins de maturité, de maîtrise, d’inventivité, de créativité, modifient nos rapports à la connaissance et à l’information : on les cherche, on les produit, on les critique, on les échange, on les partage. Un internaute juge, évalue, compare, confronte, toutes attitudes actives à l’opposé du conditionnement des esprits voulu par les industriels et les communicants.
Les pratiques des internautes renouvellent aussi les circuits de la diffusion culturelle : du haut vers le bas, du un vers tous proposé par l’industrie culturelle comme par la culture de distinction, on passe à une diffusion par réseaux où les extrémités prennent le pas sur le centre. Le système de pair à pair (P2P) est un système de mutualisation et non un système de consommation puisque ce sont les internautes qui téléchargent, échangent les fichiers, les font connaître, les accompagnent de commentaires, en font la critique. Ont été remis en circulation des films, des œuvres, des livres « oubliés » par les industriels. Plus : les internautes interviennent sur les œuvres proposées, les mixent, les revisitent comme le faisaient les créateurs qui n’ont jamais créé ex-nihilo mais à partir d’œuvres antérieures. Plus : des internautes, de nouveaux créateurs proposent des œuvres spécifiques pour le net, le net art.
Les pratiques des internautes bousculent par là même le statut de la création : l’association d’idées, de techniques, processus analogique est devenu un fondement essentiel de la création à l’ère du numérique. Les internautes créatifs, souvent autodidactes, font la pige aux créateurs professionnels : la frontière s’estompe ; on invente l’enfance d’un personnage existant, ses amours secrètes, on modifie la fin d’une histoire ou d’un personnage, on comble les trous, on propose des alternatives à la fin de Roméo et Juliette. Arrivent aussi des œuvres nomades, éphémères, réalisées en un temps très bref, des œuvres évolutives, ouvertes, selon la terminologie d’Umberto Ecco, des œuvres collaboratives, collectives. Sur le net, la créativité naît des interactions entre des internautes qui sont lecteurs, spectateurs, auditeurs et producteurs de textes, d’images et de sons. Par un jeu de détournements et de réappropriations de contenus divers,  chacun mixe, sample, échantillonne, écrit dans un travail jamais achevé d’affinage de soi, de construction de soi, tout en se frottant aux autres, une façon de vivre ensemble séparément et de s’émanciper de la figure paternelle du créateur comme de la figure maternante de la consommation consolante.
Les pratiques des internautes favorisent , dynamisent la diversité culturelle. Dans ce chapitre, Marc Le Glatin montre comment les négociations internationales ont failli donner le pouvoir aux majors, en guerre contre le piratage comme leurs états sont en guerre contre le terrorisme, (ce n’est sûrement pas un hasard), comment les Européens, France en tête, ont su faire fructifier la notion dure d’exception culturelle, avant de fléchir et de la remplacer par celle, sans valeur juridique, de diversité culturelle mais donnant tout de même, avec la convention internationale adoptée à l’Unesco, le 20 octobre 2005 et entrée en vigueur le 18 mars 2007, une base pour contrer les tentatives hégémoniques des Etats-Unis et de leurs industries culturelles qui ont depuis opté pour des accords bilatéraux avec des pays peu capables de leur résister.
L’optimisme de Marc Le Glatin est l’optimisme d’un analyste mais aussi sans doute d’un militant qui croit dur comme fer aux mérites de la démocratie, aux effets positifs des politiques culturelles et éducatives bien orientées, à la justice , justesse de la licence globale pour la rémunération décente des artistes, à l’efficacité des actions citoyennes et à l’inventivité des internautes, à la conjonction des actions d’en bas avec celles des états contre les industries transnationales, basées aux USA.
Ce livre aura des conséquences sur ma façon de gérer les blogs que j’anime, en particulier celui des cahiers de l’égaré ou celui des agoras du Revest. Il n’a donc pas qu’un intérêt informationnel mais a su susciter en moi l’envie de modifier après deux ans de pratique, ma pratique d’internet.
Jean-Claude Grosse, le 7 août 2007.
 
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BOCAL AGITÉ TERRE MANGÉE

13 Février 2006 , Rédigé par Jean-Claude Grosse Publié dans #bocals agités

Bonjour,

Un bocal agité est une forme imaginée par Moustapha Aouar de Gare au théâtre et expérimentée un bon nombre de fois.
Un bocal n'est pas nécessairement thématique; c'est moi qui ai proposé à Mouss d'expérimenter cette formule avec le bocal agité algéro-varois de juin 2002 dont il reste une trace imprimée, un livre publié par Gare au théâtre. Le thème avait été: 40 ans après l'indépendance de l'Algérie, 40 ans après le retour des Pieds-Noirs avec 10 écrivains de théâtre, algériens venus d'Algérie et pieds-noirs venus de France.
Pas de bocal sans agitateur et pour être agitateur, il faut avoir participé à plusieurs bocals comme auteur.
Un bocal se déroule en 3 temps:
- le temps de l'écriture où l'agitateur propose des consignes à ceux qui sont volontaires pour écrire un texte de 5 à 10 minutes, sur un thème ou pas: les écrivents.
- le temps de la mise en jeu par ceux qui ont envie de participer au jeu: les actants, au nombre de 2 ou 3 par texte, qu'ils aient ou non de l'expérience, inventent entre eux ou avec l'aide d'un regard extérieur la forme qu'ils vont donner au texte qu'ils n'ont pas choisi car c'est l'agitateur qui répartit les textes
- le temps de la présentation au public et du bilan avec tous les participants et le public, suivi d'un temps de convivialité.



CONSIGNES POUR LE BOCAL AGITÉ DU 12 novembre 2005
AU LYCÉE AGRICOLE D’HYÈRES AVEC MALTAÉ

THÈME : LA TERRE MANGÉE


- Utilisez les objets et documents fournis comme des personnages
- Donnez - leur un âge, un sexe, une taille et une corpulence, beauté-laideur ?, couleur des cheveux ?, les ongles ?, l’odeur ou le parfum ?, une posture corporelle, la voix ?, la parole ?, un tic, un nom, une position sociale, un ancrage géographique, un lieu d’habitation, un trait de caractère, un sentiment dominant, un fétiche ou un emblème, une valeur ou non-valeur les caractérisant
- Vous pouvez ne retenir que deux éléments si vous le souhaitez
- Vous expliciterez cette caractérisation que vous intègrerez à votre texte soit en didascalie initiale, soit au fur et à mesure des besoins de votre texte
- Attribuez arbitrairement une couleur à 3 de vos personnages
- Vous avez droit de mettre en jeu les 3 personnages colorés : décrivez la situation colorée qui permet leur rencontre colorée, leur affrontement ou leur rapprochement coloré, l’enjeu étant La terre mangée
- Vous avez droit à 12 répliques soit 4 par personnage coloré
- Le premier personnage coloré à s’exprimer sera la photo
- Le troisième coloré qui aura le dernier mot sera le sachet de terre
- La solution sera le légume ou le fruit attribué à chaque écrivent
- Vous ponctuerez le texte en choisissant pour le point, la virgule, le point-virgule, le point d’exclamation, le point d’interrogation, un couple de mots pris dans le répertoire
- Vous donnerez à votre texte un titre : vous choisirez pour titre un couple de mots pris dans le répertoire, sans rapport avec votre histoire
- Vous finirez votre travail d’écriture en évoquant sous la forme de votre choix : invocation, appel, interpellation… la terre mangée.Ce sera la fin de votre texte.
- Vous n’êtes pas obligé de suivre l’ordre des consignes ni la totalité des consignes mais vous devez en respecter au moins deux. Et conserver l’esprit donné par l’ensemble.

L’agitateur
Jean-Claude Grosse

CONSIGNES POUR L’APRÈS-MIDI

- Lecture par les auteurs de leur texte, lecture blanche, non-interprétative
- Distribution aléatoire des textes aux groupes de 3 nécessaires pour la mise en jeu
- Les écrivents peuvent être aussi actants mais dans un groupe ne portant pas leur écriture
- Les actants utiliseront une des contraintes proposées pour mettre en jeu leur texte, à savoir: avec un porte-voix, en chantant Les mots bleus ou une autre chanson populaire, en hurlant ponctuellement, en déclamant à un moment du texte une liste de 20 mots du répertoire, en sifflant d’admiration pour ponctuer le jeu, en sifflant de rejet, en imitant la sirène des pompiers : pimpom, en faisant au pas de course le tour du plateau, en faisant des mouvements de gymnastique, en faisant silence à un moment clef…

L’agité du bonnet

Bocal agité du 12 novembre 2005 au lycée agricole d’Hyères
La terre mangée

Photo JCG: en s'arrêtant à Beyrouth.

Quelques résultats
Texte de Tonton
Cabanes et cabanons

Personnages :
- plan de masse, en gestation, sexe inconnu malgré échographies à répétition, beauté froide de papier glacé, amateur de plus-value, tatouage du billet vert sur le nombril
- l’aménageur, cadre sorti de HEC (ou comment prendre les gens pour des cons, (ce qu’ils sont déjà), nageur en eaux troubles, au service des nantis, avec retombées sur ses comptes secrets, calculette est son instrument pour l’enculette
- sachet de terre dit grand sachem, très ancien représentant de la terre mère, anonyme, ouverte à l’accueil de ce que les vents transportent, bon grain, ivraie, muette et obstinée, de partout et de nulle part, fertile ou stérile selon les saisons, les climats, le travail


Plan masse : Quand vais-je arriver à terme Accès à la mer

L’aménageur : On a un problème Apprivoiser le rivage Les côtes sont prises d’assaut Apprivoiser le rivage Il n’y a plus de terrain où te réaliser Apprivoiser le rivage


Plan masse : Je veux voir la mer à mes pieds Apparition du complexe


L’aménageur : Arrête d’exiger Apparition du complexe


Plan masse : Augmente les lots Apparition du complexe Diminue les prix Apparition du complexe Ne cible pas que les nantis Apparition du complexe Pense aux petits qui n’ont qu’une envie territoire à enjeux imiter les nantis Apparition du complexe Partage bétonnage de la côte nageur en eaux troubles Apparition du complexe

L’aménageur : Oui bétonnage de la côte mais le terrain Accès à la mer

Plan de masse : Délocalise Apparition du complexe dans les îles à cocotiers Apparition du complexe


L’aménageur : Submersibles par les minatsu Apprivoiser le rivage

Plan masse : Tsunami Apprivoiser le rivage Oui bétonnage de la côte il faut se méfier Apprivoiser le rivage La mer à ses pieds bétonnage de la côte c’est bien Apparition du complexe La tête sous les eaux bétonnage de la côte c’est pas sain Apparition du complexe

L’aménageur : C’est la ruine Apparition du complexe

Plan masse : Que faire Accès à la mer

Sachet de terre dit Grand sachem : Marcher pieds nus sur la terre sacrée Apprivoiser le rivage Cueillir la lavande à sa portée Apprivoiser le rivage S’enivrer Apprivoiser le rivage

Cueillez, cueillez la lavande. Dansez, dansez la farandole. Enivrez-vous. Vous finirez en poussière. La terre vous mangera. Vous voulez l’aménager. Elle ne vous ménagera pas. Sous terre, vous finirez.

Texte de Marie Arizi

Un personnage grand, mince, de sexe masculin,cheveux en broussaille comme s'il venait juste de se lever, le visage carré et sanguin, les yeux enfoncés, un gros nez, des habits pas très propres, ses mains épaisses avec des doigts boudinés aux ongles sales.

Homme : Qu'est-ce que vous faites ici bon air c'est une propriété privée Estagnol
Femme: Nous cherchons des champignons bon air mais je ne savais pas que c'était privé Estagnol
Fille : Maman viens on s'en va Estagnol
Homme : Y a rien à voir ici bon air foutez-moi le camp Estagnol
Femme : Pa strès agréable bon air viens Louise on s'en va Estagnol
Fille : Tu sais Maman bon air il m'a fait peur le monsieur Estagnol
Femme : Tu crains rien ma chérie bon air d'ailleurs Papa n'est pas loin Estagnol
Homme : Hé ! Ohé! Vous deux bon air revenez bon air j'en ai trouvé un mais je ne sais pas s'il est bon Estagnol
Femme : Vous pouvez vous le garder bon air et le mangerEstagnol Vous verrez bien s'il est bon Estagnol
Papa : Que se passe-t-il Estagnol
Homme : Je suis gêné bon air tellement de gens viennent sur ma propriété bon air ils me saccagent tout bon air donc si j'ai un peu bon air été grossier avec votre dame bon air je m'en excuse Estagnol Pour me faire pardonner bon air je vous autorise le cueillette des champignons Estagnol
Femme, homme, fille : Merci beaucoup Estagnol
Fille : Maman pipi Estagnol
Papa : Va donc dans le fourré Estagnol
Homme : Attention aux sangliersbon air y en a pas mal dans le coin Estagnol
La fillette s'en va. Quelques instants plus tard.
Fille : Papa bon air Maman bon air venez vite bon air y a tout plein de champignons Estagnol
Papa : C'est formidable Estagnol Le panier va vite être rempli Estagnol
Femme : Vite mon couteau Estagnol
Elle se penche et coupe un champignon couleur orange, un safrané. De la terre est restée collée sur le pied. Elle le porte à son nez en fermant les yeux.
Femme : ça sent bon le terre et le champignon. L'automne, c'est la saison où l'on ressent toutes les odeurs. C'est magnifique, toutes ces couleurs. On en prend plein les yeux et plein les narines.


Texte de Murielle Gébelin
Champ chamboulé chant sans boulet

Bureau deTara, femme d'affaires. Elle est de mauvaise humeur mais reste sûre d'elle, de sa capacité à tout résoudre avec le temps. Elle a 55ans, porte un tailleur marine mais malgré son acharnement au travail, elle aime être à l'aise, c'est pourquoi elle s'est déchaussée et décoiffée. Elle passe régulièrement la main dans sa chevelure, se décoiffe de minute en minute.

Sa secrétaire, Pomme, 30 ans, prête à tout pour Tara, porte une robe de velour rouge, un violent parfum, un ineffaçable sourire énigmatique et ambigu, une maladresse trompeuse. On la sent volontaire, naïve, assez primaire.

Entrée de Bill, chef de chantier, quarantaine séductrice un peu stupide. Il est vêtu d'une élégante veste de peau brune dont il relève mécaniquement le col. Il est prétentieux, un peu « con ».

Bill : Tara sel je suis venu te dire que ça n'avance pas Frontière
Tara : Tiens donc Bill abattoir Aurai-tu enfin des scrupules ou des états d'âme mur ça me fait presque plaisir frontière Pomme abattoir
Pomme renverse une énorme pile de dossier sur Bill. Elle va lentement les ramasser. La discussion se poursuit.
Bill : Ce chantier sel c'est l'avenir sel la résolution des transportssel le renouveau économique sel sel des affaires sel du fric sel de la vie quoi abattoir Et toi tu freines pour des idées vertes sel des espaces verts sel des petits hommes verts Mur
Pomme (intervient sans que personne ne le lui demande) : Elle n'a jamais été d'accord Frontière Que des pépins ce truc sel excusez-moi Abattoir (Elle continue de s'affairer puis : ) Je vous sers un jus de pomme Mur un potage Mur un bouillon de 11 heures Mur
Bill : Un projet mûri sel grandiose sel extraordinaire sel un symbole de la civilisation pour l'avenir frontière Tu y penses à l'avenir Mur
Tara : L'avenir sel je ne pense qu'à ça sel tu m'entends Mu Ton projet sel il a poussé trop vite frontière C'est pas lui qui est mûr c'est toi Abattoir Le problème avec les crétins de ton espèce c'est qu'ils ne savent pas s'arrêter frontière Je leur donne l'occasion de creuser un trou sel et ils m'en font dix sel persuadés de me faire plaisir Abattoir
Pomme : (pour Bill exclusivement) Depuis le temps qu'on vous épluche le dossier sel vous devriez comprendre Abattoir ( Maternelle, elle lui tourne les pages d'un énorme cahier)
Tara : (expliquant comme à un gosse pas sage) Si ce projet ne fleurit pas comme tu le souhaites, c'est que je le sabote Frontière Mes pouvoirs sont immenses sel anciens sel mais tu ne t'en rends pas compte Frontière Les ambitieux comme toi sel je les mets entre les mains de Pomme sel ils ne résistent pas Abattoir
Pomme : (réjouie, fait craquer ses jointures) Qu'est-ce que j'en fais Mur Lavage de cerveau Mur Traitement de choc Mur Thérapie eugénique Mur
(Tout en parlant, elle commence à s'emparer de Bill qui se défend comme il peut)
Bill : Mais Frontière Frontière Frontière Voyons Frontière Frontière Frontière Tara Abattoir Vous la laissez faire Mur Pomme sel d'habitude vous êtes si aimable sel si charmante sel si Frontière Frontière Frontière comme j'aime Abattoir
Pomme : Je vois Abattoir La méthode douce Abattoir (A Tara) Plus long mais plus efficace avec le temps Frontière Alors Mur
Tara : Si ce n'est qu'une question de temps Frontière Frontière Frontière
(Elle regarde sortir Pomme et Bill, l'une traînant l'autre)
Tara : Quel appétit insatiable ! Mais quand s'arrêteront-ils ? Quand ?

Texte de Raymonde Le Pezeron
Aérogare-Camelle

Apolline :
25 ans, enceinte, sort d'une rupture sentimentale, vit en Bretagne et vient dans le midi en vacances une fois par an chez Terriane.

Terriane :
30ans, célibataire, passionnée de chevaux, habite dans un mas provençal, une exploitation qu'elle dirige avec Sacha, elle loue aussi des chambres d'hôtes.

Sacha :
48 ans, travaille dans l'exploitation avec Terriane, pas très grand, visage rond, lunettes d'écaille, toujours poli, très doux, sait s'imposer dans son travail. Ami avec Terriane et amoureux en secret d'Apolline.


Apolline : Bonjour Terriane accès à la mer Heureuse de revenir en vacances chez toi accès à la mer
Terriane : Mais je vois que tu m'apportes une bonne nouvelle amer
Apolline : Oui tu vois bien amer J'attends un bébé pour septembre accès à la mer l'année prochaine nous viendrons à trois amer
Terriane : Viens accès à la mer on va annoncer la bonne nouvelle à Sacha qui doit être dans ses serres d'oeillets amer
Elles sortent toutes les deux.
Sacha : Bonjour accès à la mer Terriane et Apolline amer
Terriane : Ouh ouh amer Bonjour Sacha accès à la mer tu as bronzé amer
Sacha : C'est à force de rester au soleil amer Apolline accès à la mer content de te voir amer Que fais-tu là amer
Apolline : Je vais passer quelques jours de vacances à la campagne au soleil accès à la mer car la Bretagne en ce moment amer
Sacha : Je vois que tu nous a fait une belle surprise amer ça s'est arrangé avec Claude amer
Apolline : Oui accès à la mer je crois amer Mais je suis seule pour passer mes vacances amer ça me fera du bien
Sacha : Si tu veux accès à la mer on peut faire ce soir un repas tous les trois accès à la mer n'est-ce pas Terriane amer
Terriane : Volontiers amer Je ferai un bon gratin de pommes de terre du jardin amer Et Apoliine nous fera sa tourte aux fruits de mer amer
Sacha : Je ferai une tarte aux pommes rouges accès à la mer avec un bon vin blanc accès à la mer ça terminera bien le repas amer Je suis vraiment heureux de te revoir Apolline amer

Tous les trois finiront cette soirée dans le mas d'Apolline, qui l'a baptisé « Terre mangée », où les petits plats se cuisinent avec les produits du terroir, cultivés sans produit chimique, juste avec leurs mains et leur sueur, qui ont suffit pour en faire profiter des milliers de générations.










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Viva/Patrick Deville

13 Décembre 2014 , Rédigé par grossel Publié dans #notes de lecture

Viva

Patrick Deville

Seuil, août 2014

Présenté comme un roman, Viva comporte 30 chapitres fort documentés sur des personnages qui ont marqué dans deux domaines, politique, artistique, Trotski, Lowry, Frida Kahlo, Diego Rivera, Traven, Cravan, Artaud, Breton. Cela se passe au Mexique dans les années 30 pour l'essentiel mais comme certains de ces personnages sont des errants, des exilés, des clandestins, l'auteur nous fait voyager là où le hasard, le destin les ont conduits, jamais pour longtemps. Je dis hasard, destin, sans trop chercher à distinguer les deux notions. Disons que hasard me semble convenir pour parler du moment où ça surgit, où ça arrive, que destin me semble approprié après coup, quand on sait ce qui a surgi, ce qui est advenu. Ce qui semblait ne pas être écrit d'avance, après coup semble l'être, illusion d'optique : ce n'était pas écrit d'avance mais quand c'est enfin écrit, ça semble une évidence.

Les péripéties incroyables accompagnant l'écriture d'Au-dessous du volcan (que j'ai dans l'édition « définitive » de Buchet-Chastel de 1960) illustrent me semble-t-il mon propos. Lowry ne semble pas savoir ce qu'il démarre et qui lui demande dix ans d'efforts, de déménagements et déambulations (en particulier vers Vancouver dans une cabane où tout ce qu'il a écrit brûle), sa femme d'alors, Margerie, se mettant entièrement au service de cette écriture (tous les deux en paient le prix) mais quand paraît le livre en 1947, il est évident que c'était pour cela, pour ce livre, que Lowry avait vécu ces 10 ans, la disparition du consul, son assassinat par des fascistes le traitant de bolchevik, anticipant la sienne propre quelques temps après, étouffé par ses vomissures.

On pourrait presque faire le même constat avec Trotski qui alors qu'il est au faîte de sa puissance comme chef de l'Armée Rouge va se reposer, se ressourcer, se remettre à sa place, sa toute petite place, dans une nature sauvage qui l'apaise, le ramène à ses justes proportions, à sa juste mesure, pendant que dans son dos à Moscou conspire Staline. L'homme complet Trotski, à la fois homme d'action et homme de contemplation, de réflexion, de grande écriture n'a pas su, n'a pas voulu peut-être au moment crucial redevenir homme d'action, de décisions fulgurantes, éliminer Staline et c'est lui qui est d'abord effacé des mémoires, des livres, des photos, lui qui est calomnié, déporté, exilé et qui finira par être éliminé physiquement, assassiné par un tueur qui finit ses jours à La Havane au pays de Castro, ce dont parle le roman, L'homme qui aimait les chiens de Leonardo Padura, paru en 2011.

La riche documentation de Patrick Deville, qu'il est allé chercher sur le terrain, mériterait qu'on lise ce roman avec un planisphère Mercator devant soi, un peu comme celui dont disposait Trotski. En plus du planisphère, il faudrait une éphéméride. Et studieusement noter dates et lieux pour pleinement savourer toutes ces coïncidences mises en avant par l'auteur, coïncidences qu'il est seul à repérer, les protagonistes de l'histoire les ignorant et n'en ayant cure puisque repérées après coup. On est donc dans une histoire rapportant des faits mais aussi dans une histoire construite. La plume qui raconte est aussi plume qui relève, souligne. Ce n'est donc pas un roman-documentaire objectif, c'est impossible, c'est un roman documenté mettant l'accent sur ce qui apparaît à l'auteur comme devant être relevé, souligné, un roman où le présent occupe une place importante puisque l'auteur qui connaît la suite de l'Histoire (en gros, une Grand-Roue Ferris qui tourne où ceux qui sont en haut ne vont pas tarder à se retrouver en bas, où les perdants d'aujourd'hui seront les gagnants de demain) peut évoquer la suite des coïncidences comme dans l'insurrection zapatiste des indiens du Chiapas avec comme porte-parole le sous-commandant Marcos en 1994, le surgissement d'un portrait d'Antonin Artaud au milieu des portraits du Che et de Zapata. (Voir ci-dessous deux liens récents, d'actualité, sur ces Indiens)

Se posent quelques questions : ces coïncidences soulignées, repérées après coup font-elles sens ? Indiquent-elles qu'il y a une marche de l'Histoire, un sens de l'Histoire, un moteur de l'Histoire ? Marche, sens, moteur induisent une vision linéaire du cheminement humain vers le progrès, vers le bonheur, vers l'humanisation de l'humanité, vers le triomphe de la raison sur les passions. Trotski en marxiste y croit. Une autre métaphore est souvent utilisée, celle de la Roue qui tourne comme révolution. Je crois que ces manières de voir, très prégnantes, nous éloignent du cheminement réel, balbutié, obscur, aléatoire, hasardeux, coïncidences pétrifiantes comme disaient les surréalistes.
Je dois dire que ma culture politique d'ancien trotskiste (dès qu'il y a un regroupement de 6 trotskistes, il y a scission, dit l'auteur et c'est presque vrai et c'est le problème) et que ma culture littéraire n'ignorant rien des auteurs et artistes évoqués m'ont beaucoup aidé. Je n'ai à aucun moment été égaré par cette profusion d'informations « érudites ». Mais un lecteur lambda peut sans doute être perdu par ces références. C'est donc une lecture passionnante que j'ai faite, me replongeant dans les enfers de ces hommes et femmes, joués et jouant, quêteurs aveugles et aveuglés d'absolus, la révolution, l'oeuvre, l'alcool, l'amour, les femmes... Les citations d'oeuvres sont stimulantes. Y a t-il un héritage, que devient-il, comment tourne la Grand-Roue Ferris ? Ou tout cela retourne-t-il au silence comme celui des Indiens qui ont tout compris : se taire devant le mystère de tout ce qui se présente.

Jean-Claude Grosse

Viva/Patrick Deville

montage que j'ai réalisé avec des documents d'époque + a capella la voix de Dasha Baskakova

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Passion arabe/Gilles Kepel

16 Juin 2013 , Rédigé par grossel Publié dans #notes de lecture

Passion arabe de Gilles Kepel, Témoins chez Gallimard, 2013

Journal 2011-2013

J'ai acheté ce journal à Casablanca le 9 mai, au prix marocain soit la moitié du prix français. J'ai commencé à le lire pendant mon périple de 3700 kilomètres dans l'est et le nord du Maroc. Puis mon frère se l'est approprié et l'a terminé avant moi. Je l'ai achevé à Paris le 12 juin. Tant de temps pour le lire, autant dire que ma note va s'en ressentir.

J'ai apprécié les deux versants de ce journal, récit « objectif » de rencontres nombreuses dans les différents pays où ont eu lieu les révolutions arabes, à partir de l'immolation de Mohamed Bouazizi, à Sidi Bouzid le 17 décembre 2010, et journal « personnel » par retour dans le passé sur ce qui a déclenché cette passion arabe, ces deux mots étant les deux derniers du livre en italiques avec majuscule. La parole est donnée aux arabes, leaders religieux, leaders politiques, gens du peuple, étudiants. Les connaissances linguistiques, historiques de l'auteur lui servent à décrypter les propos. L'écriture est fluide, nourrie aussi de mots rares.

On comprend, grâce à ce travail réalisé sur le terrain (avec sa part de risques) et inscrit dans la temporalité, la complexité de ce qui est sorti des révolutions arabes et dont l'évolution dépendra des rapports de force entre les différentes composantes islamiques et des réactions populaires.

On a, soutenus par le richissime Qatar à la manne gazière, les Frères musulmans, très bien organisés, pouvant aller de la modération pseudo-démocratique au radicalisme djihadiste. Soutenus par l'Arabie saoudite à la manne pétrolière, les salafistes, particulièrement offensifs, radicaux. Soutenus par l'Iran, les chiites, également radicaux. Les puissances régionales sont la Turquie où émerge un renouveau de l'ottomanisme, l'Iran qui vise la possession de l'arme nucléaire pour dominer la péninsule, l'Arabie saoudite qui veut contrecarrer l'Iran, le Qatar qui soutient tout ce qui peut affaiblir Iran, Arabie saoudite, afin de continuer à exister. Il semble aller de soi que le rêve de kalifat mondial des uns et des autres a peu de chances de se réaliser étant données les divisions internes au monde islamique. C'est peut-être ce qui fera qu'après la main mise des islamistes soi-disant modérés sur le pouvoir dans certains pays (Tunisie, Égypte, Turquie) et après la déception très grande de certains couches des populations, on verra refleurir les aspirations démocratiques.

Ce livre fourmille d'anecdotes, d'histoires qui ne demandent qu'à être prolongées en pièces, romans, nouvelles. Je pense à la page consacrée à la Lybienne Houda Ben Hamer ou aux quatre pages consacrées à la Tunisienne Fayda Hamdi. Je lirai d'ailleurs ces pages le 11 juillet à Présence Pasteur dans le cadre de Voyages de mots en Méditerranée.

Le dernier voyage, périlleux, consiste à passer en Syrie à partir de la Turquie. Gilles Kepel relate à la fois ce passage risqué et un voyage réalisé 40 ans plus tôt à Antioche et qui fut le déclic de sa passion arabe. À 40 ans d'intervalle, l'auteur est accompagné par une jeune femme. On sent son attirance pour les beautés arabes comme on sent sa passion de transmettre, sa passion de professeur. Bref, un livre important pour comprendre une région du monde qui agace trop de nos con-citoyens, partisans du simplisme réducteur, du racisme, à l'image d'ailleurs des islamistes, simplistes (L'Islam est la solution, slogan dominant), antisémites, anti-occidentaux.

Pour ma part, ce livre m'a fait prendre conscience que cette région du monde, bien que poudrière, a peu de chances de provoquer un déchaînement mondial. Mon regard a alors toute latitude pour tenter de voir d'où viennent les dangers. J'en suis convaincu : c'est chez nous que banquiers, financiers, multi-nationales travaillent contre les peuples, contre la démocratie, contre l'avenir et l'espoir.

Je renvoie à mon voyage au Maroc et à un lien pour compléter ma note :

http://www.huffingtonpost.fr/ruth-grosrichard/passion-arabe-gilles-kepel_b_2934514.html

Jean-Claude Grosse

Passion arabe/Gilles Kepel
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Marilyn et JFK/François Forestier

1 Juillet 2011 , Rédigé par grossel Publié dans #notes de lecture

Marilyn et JFK/François Forestier
Note de lecture
Marilyn et JFK
François Forestier

Voilà un livre qui s’appuie sur une documentation considérable. Pas moins de 122 titres sont énumérés dans la bibliographie.
Cela rejaillit-il sur l’écriture ?
Voilà un récit assez peu chronologique puisque démarrant le 22 novembre 1963 à Dallas, jour de l’assassinat de JFK, se terminant presque sur la mort de Marilyn, le 4 août 1962. Le dernier chapitre étant consacré à La grande lessive, au grand nettoyage, avec l’assassinat à Washington, le 12 novembre 1964, de Mary Pinchot Meyer. Chapitre suivi d’un In memoriam édifiant consacré à 25 personnages de cette saga sordide vue sous l’angle du sexe. JFK fut-il un grand président ? À part quelques allusions, l’auteur nous livre en pâture la frénésie sexuelle de JFK, celle de MM, ces deux exacerbés du sexe ne semblant pas se retrouver que pour la culbute. Cette saga se déroule au vu et au su de tous sans que ça transpire dans les journaux car les ausculteurs des culbutes du président et de la star par Magnet-o-Phones planqués, photos  compromettantes  (mais cela suppose une attitude de coincé, les moeurs ont tout de même fortement évolué et ceux qui étaient, sont choqués par les galipettes n'ont après tout qu'à ne s'intéresser qu'à leur vie privée et pas à celle des autres) et autres moyens d’espionnage ont tous des dossiers sur les autres, peuvent jouer de l’arme du chantage, s’en serve jusqu’à la mort de MM. Sont dans le cirque à scruter la piste, le FBI et Hoover à titre personnel (tenu par le pénis pour une photo de fellation détenue par deux membres de la Mafia), la CIA et Angleton à titre personnel, la Mafia et plusieurs de ses membres à titre personnel (qui finissent très mal comme Sam Giancana, tortionnaire des balances et violeur de MM, un soir de bourre), Robert Kennedy, Joe DiMaggio (le plus propre, le plus fidèle, le plus aimant), Ralph Greenson le dernier analyste de la star (démoli par l'auteur) et d’autres, détectives privés travaillant pour plusieurs clients et pour eux-mêmes, spécialistes des écoutes travaillant pour plusieurs clients et pour eux-mêmes… Chacun est regardé pendant qu’il regarde.
On sort de cette lecture, lessivé. Le mythe JFK est réduit en miettes. La famille Kennedy, Joe en tête, apparaît pour ce qu’elle est, cynique, manipulatrice, idéologiquement raciste, quasi fasciste (pour Joe, le père tout puissant). Le mythe MM explose : en particulier, elle était sale, (mais cela renvoie peut-être à ce qu'elle a été salie, toute petite et comme on ne veut pas, sait pas quand on est petit la responsabilité du violeur, on se fait sale, on se croit sale... mais l'auteur n'a pas ce genre de réflexions, pas davantage sur ses "caprices") clivée entre la star et Norma Jeane. FBI, CIA, Mafia, organisations de l’ombre apparaissent en pleine lumière, manipulatrices, en conflit et se rendant de mutuels services.
Tout cela se passe en pleine guerre froide avec des moments particulièrement risqués : la baie des Cochons, Berlin, l’affaire des missiles soviétiques à Cuba.
Sûr qu’on aimerait que ces histoires de cul trouvent leur toute petite place (et encore car les histoires de cul ça ne regarde que les intéressés mais l'intrusion dans la vie privée ça commence avec les ragots entre voisins et ça grimpe tous les échelons jusqu'au 7° ciel) dans une fresque d’envergure. Dans la guerre culturelle entre l’Occident et l’Union soviétique, les USA ont été particulièrement offensifs pour compenser l’adhésion des intellectuels de gauche, très majoritaires, au modèle communiste, transformé en modèle totalitariste par des idéologues et propagandistes américains et par quelques « théoriciens ». Le livre de Frances Stonor Saunders, Qui mène la danse ? La CIA et la guerre froide culturelle, publié chez Denoël en 2003 est éloquent à ce sujet.
Je reprocherai à l’auteur de faire du mauvais esprit : il le revendique dans l’avant-propos. Son mauvais esprit consiste en jugements de valeur lapidaires sur certains personnages, certains faits. Le style est plutôt débraillé, fait pour aller vite, à la hussarde comme JFK (le coup en 20 ou 40 secondes):
il y a monsieur raf raf,
« Marilyn pourrit tout, autour d’elle, en cercles. »

« Un jour, une femme de ménage trouve une petite culotte noire dans le lit du président. Elle la rapporte à la first lady. Jackie va voir son mari, lui tend la dentelle, et se contente de dire :
-    Pas ma taille
Franchement, il y a quelque chose de pourri à Camelot. » (page210).
Et je pourrais continuer ainsi.
Ce mauvais esprit là pourrit tout, autour de lui, en cercles, à l’image de la pourriture qu’il décrit et juge. C’est le Tous pourris des spectateurs de la politique spectacle, de ceux qui ont viré leur cuti, communistes devenus front national, soixanthuitards devenus cyniques hommes d’affaires, banquiers de haut « vol », voisins- voisines du ragot de caniveau…
François Forestier est journaliste au Nouvel Observateur.

 
Jean-Claude Grosse, le 22 juin 2009

Marilyn dernières séances
 
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le regard éloigné

19 Novembre 2022 , Rédigé par grossel Publié dans #FINS DE PARTIES, #Le Revest-les-Eaux, #agoras, #développement personnel, #engagement, #essais, #histoire, #jean-claude grosse, #vraie vie, #écriture

l'accueilleuse-guérisseuse et le chasseur (carnet culture de la vie en cours d'écriture, j'ai le chasseur, me manque l'accueilleuse) / 20 novembre 2022 mieux-vivre ensemble et cultiver des relations vraies; que peuvent apporter, proposer les séniors ?
l'accueilleuse-guérisseuse et le chasseur (carnet culture de la vie en cours d'écriture, j'ai le chasseur, me manque l'accueilleuse) / 20 novembre 2022 mieux-vivre ensemble et cultiver des relations vraies; que peuvent apporter, proposer les séniors ?
l'accueilleuse-guérisseuse et le chasseur (carnet culture de la vie en cours d'écriture, j'ai le chasseur, me manque l'accueilleuse) / 20 novembre 2022 mieux-vivre ensemble et cultiver des relations vraies; que peuvent apporter, proposer les séniors ?
l'accueilleuse-guérisseuse et le chasseur (carnet culture de la vie en cours d'écriture, j'ai le chasseur, me manque l'accueilleuse) / 20 novembre 2022 mieux-vivre ensemble et cultiver des relations vraies; que peuvent apporter, proposer les séniors ?

l'accueilleuse-guérisseuse et le chasseur (carnet culture de la vie en cours d'écriture, j'ai le chasseur, me manque l'accueilleuse) / 20 novembre 2022 mieux-vivre ensemble et cultiver des relations vraies; que peuvent apporter, proposer les séniors ?

le mythe du déficit par Stephanie Kelton / « Nous gérons notre économie comme une personne d’un mètre quatre-vingts qui se déplace courbée en deux en permanence sous un plafond qui est à deux mètres cinquante, parce qu’on l’a convaincue que, si elle tentait de se redresser, elle subirait un terrible traumatisme crânien. »
le mythe du déficit par Stephanie Kelton / « Nous gérons notre économie comme une personne d’un mètre quatre-vingts qui se déplace courbée en deux en permanence sous un plafond qui est à deux mètres cinquante, parce qu’on l’a convaincue que, si elle tentait de se redresser, elle subirait un terrible traumatisme crânien. »

le mythe du déficit par Stephanie Kelton / « Nous gérons notre économie comme une personne d’un mètre quatre-vingts qui se déplace courbée en deux en permanence sous un plafond qui est à deux mètres cinquante, parce qu’on l’a convaincue que, si elle tentait de se redresser, elle subirait un terrible traumatisme crânien. »

20 novembre, rencontre organisée par Construisons notre bonheur, salle Lanza à Solliès-Toucas de 10 à 22 H; j'ai assisté et participé de 10 à 17 H 30

de 10 à 13 H 30, présentation du SEL (système d'échange local), du JEU (jardin d'échange universel), du BLÉ (bourse locale d'échanges)

présentation de la monnaie locale de l'aire toulonnaise, la Fève

présentation de la monnaie libre, la June

intervention d'Etienne Chouard sur les questions de la démocratie et de la monnaie; bibliographie proposée

L'Ordre économique naturel (Die Natürliche Wirtschaftsordnung) est un livre de Silvio Gesell écrit en 1916 dans lequel l'auteur présente sa théorie de l'économie libre.

1932 - 1933

Première expérience de monnaie parallèle, à Wörgl au Tyrol

Suivant les théories de l'économiste Silvio Gesell, la commune autrichienne de Wörgl met en place, en 1932, une monnaie locale conçue pour perdre chaque mois 1% de sa valeur. Ses détenteurs sont ainsi fortement incités à l'utiliser au plus vite et à consommer : cette expérience a donc notamment pour but de lutter contre la thésaurisation, dans le contexte de la Grande Dépression. Cette monnaie locale connait un grand succès à Wörgl mais également auprès d'autres communes autrichiennes qui veulent s'en inspirer. Elle sera interdite par le tribunal administratif, fin 1933.

En Suisse, en 1934, un autre système de monnaie parallèle, le wir, sera lancé par quelques patrons zurichois, également pour suppléer à l'insuffisance de liquidités. Cette monnaie circule encore actuellement.

récit de Claude Bourdet sur l'argent fondant

https://fr.wikisource.org/wiki/W%C3%B6rgl_ou_l%E2%80%99%C2%AB_argent_fondant_%C2%BB

- Le mythe du déficit de Stéphanie Skelton (les liens qui libèrent) La Théorie moderne de la monnaie et la naissance de l'économie du peuple

Un livre iconoclaste, véritable phénomène figurant sur la liste des best-sellers du New York Times pendant de longues semaines. Saluée par la critique comme l’une des plus brillantes économistes hétérodoxes, figure de proue de la Théorie moderne de la monnaie (TMM) – la nouvelle théorie économique la plus importante depuis des décennies –, Stéphanie Kelton livre une analyse radicale qui renverse toutes nos idées reçues sur le déficit, et au-delà, sur la pensée économique contemporaine.

 

« Nous gérons notre économie comme une personne d’un mètre quatre-vingts qui se déplace courbée en deux en permanence sous un plafond qui est à deux mètres cinquante, parce qu’on l’a convaincue que, si elle tentait de se redresser, elle subirait un terrible traumatisme crânien. »

De nombreuses convictions se sont enracinées dans l’imaginaire collectif au sujet de la question du déficit. Stephanie Kelton déconstruit l’idée que les États doivent tenir leurs budgets comme des ménages, que le déficit prouve que l’État dépense trop, que la dette publique est insurmontable, que les déficits de l’État évincent l’investissement économique ou que les programmes de prestation sociale sont financièrement insoutenables… Elle démontre au contraire avec brio que le déficit budgétaire n’appauvrit pas l’État, que la dette n’est pas un fardeau et que le juste niveau de dépense publique s’évalue à partir du taux d’inflation et du niveau réel des ressources.

Cette exploration modifie profondément notre compréhension de nombreuses questions cruciales : la pauvreté, l’inégalité, la création d'emplois, l'extension des systèmes de santé ou le changement climatique. Car aujourd’hui toute proposition ambitieuse se heurte inévitablement à la forteresse inexpugnable de la question du déficit. Stephanie Kelton propose donc d’imaginer de nouvelles politiques pour passer du récit du manque à celui de la possibilité…

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repas partagé et échanges divers : deux livres d'éternité sur trois apportés partent entre les mains d'une octogénaire d'une septuagénaire

15 H à 16 H 30 présentation du modèle de gouvernance par le RICCARL de Construisons notre bonheur

16 H 30 à 17 H présentation d'une SCIC société coopérative d'intérêt citoyen (ou collectif) labellisée RSE, intervenant dans le domaine des économies d'énergie 

17 à 17 H 30 que peuvent apporter les séniors ? en l'absence de Jean Delorme, je présente l'esprit de la collection numérique les carnets de la culture de la vie portée par Les Cahiers de l'Égaré et en quoi, je ne cherche pas à construire notre bonheur ni mon bonheur mais à vivre ma vie, la vie-cadeau, la vie-miracle intégrant la mort-mystère, vie se vivant instant après instant, rendus à l'instant-éternité

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je renonce à raconter 7 H 30 de rencontres, de partages, d'échanges;

c'est l'histoire de ceux qui y ont participé;

ceux qui ont envie de faire des bouts de chemins sur ces chemins d'essais où s'essaient des pratiques neuves et très anciennes n'ont qu'à prendre le temps de s'informer, de chercher;

ceux que ça n'intéresse pas, c'est leur histoire aussi sans jugement sur leurs choix ou non-choix

en ce qui me concerne, j'opte pour une curiosité à 360°, circulaire horizontale, sphérique toutes directions, de la bactérie aux galaxies, des galaxies aux bactéries, des virus à nous et nous, à moi et moi,  à je et je est un autre,  à toi et tu...

l'infinie variété du vivant me passionne, l'infinie diversité des humains aussi

tout accueillir, tout ce qui se manifeste, sans jugement, sans tri, du salaud au saint, du monstrueux au sublime (il y a du monstre, du sublime, du normal, du foldingue... dans tout humain); si ça se manifeste, c'est que c'est nécessaire (y en a qui appellent ça hasard)

qui suis-je pour trier ? ça c'est bon, ça c'est mauvais ?

du miracle de la naissance au mystère de la mort

la VIE vibration information énergie

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un  sentiment d'ensemble : des gens engagés, des indignés, des gens qui agissent, des entrepreneurs (la SCIC de déshydratation alimentaire, c'est du concret, le lieu de l'agora sous chapiteau de 40 mètres carrés à Solliès-Pont, c'est du concret...)

il me semble que l'important dans ce mouvement, c'est ce qui se fait;

les discours pour se démarquer ne sont pas nécessaires, sont peut-être même contre-productifs; ce sont des discours de séparation: les 200 familles, les usuriers, les prédateurs et nous, les vertueux;

quand on en parle, ils ne sont pas là, n'entendent pas, ce sont paroles vaines qui s'envolent, rassurent, font croire qu'on existe;

d'après moi, il y a du nettoyage à faire en se regardant dans le miroir

(contradiction, je demande de faire le tri alors que ces discours sont nécessaires au mouvement, pas à moi donc que ça continue);

l'autre que j'abomine me renvoie toujours une partie de moi, souvent inconsciente (tu as trop de pouvoir, un pouvoir toxique, je veux du contre-pouvoir, un pouvoir autre et c'est encore du pouvoir : sur soi, (pleine conscience), sur les autres (présenté comme pouvoir avec les autres)

et pas ce dont nous somme faits et traversés, l'amour inconditionnel de la Vie pour tout ce qu'elle crée

ma contribution : la mise à disposition de 14 PDF téléchargeables, amorce d'une bibliothèque numérique; un PDF n'a pu être téléchargé, celui sur le mouvement des Gilets Jaunes; je peux le communiquer sur demande par mail

laisse-toi guider par l'accueilleuse-guérisseuse / trois N° à lire : que de baffes dans les certitudes, on en est tous bardés mais là comme ce sont des certitudes "réactionnaires", ça fait du bien pour les bardés de certitudes "progressistes"
laisse-toi guider par l'accueilleuse-guérisseuse / trois N° à lire : que de baffes dans les certitudes, on en est tous bardés mais là comme ce sont des certitudes "réactionnaires", ça fait du bien pour les bardés de certitudes "progressistes"
laisse-toi guider par l'accueilleuse-guérisseuse / trois N° à lire : que de baffes dans les certitudes, on en est tous bardés mais là comme ce sont des certitudes "réactionnaires", ça fait du bien pour les bardés de certitudes "progressistes"
laisse-toi guider par l'accueilleuse-guérisseuse / trois N° à lire : que de baffes dans les certitudes, on en est tous bardés mais là comme ce sont des certitudes "réactionnaires", ça fait du bien pour les bardés de certitudes "progressistes"

laisse-toi guider par l'accueilleuse-guérisseuse / trois N° à lire : que de baffes dans les certitudes, on en est tous bardés mais là comme ce sont des certitudes "réactionnaires", ça fait du bien pour les bardés de certitudes "progressistes"

 LE JEUDI 17 NOVEMBRE AU REVEST LES EAUX

19H30

SALLE SAUVAIRE


 

L’ASSOCIATION HUMANITAIRE CAMERON DENTAL OUTREACH

DR KALAIN BAMENDA (CAMEROUN)

L’ASSOCIATION DU DR OULI (SENEGAL)

PRÉSENTERONT 2 THEMES SUR LA PRISE EN CHARGE EN AFRIQUE.

PANORAMA DES MALADIES BUCCO DENTAIRES AU CAMEROUN

ACTION HUMANITAIRE AU SENEGAL.

Le numerique solution pour l‘afrique


 

Suivi d’une table ronde sur l’action des missions humanitaires de proximité

Prévention éducation à la sante France Afrique


 

PROF PIGNOLY DR KARSENTI (UFSBD) et TOURNEUR

Dr Hoffman, Guibert, Gonzalez. Drauge….

Mme Le Tiec (adjointe MAIRIE du REVEST)

Société ADP (donnateur)

CAFE CULTURE REVEST DARDENNES


 

(Ouvert à tous publics intéressés par le bénévolat humanitaire)

ce fut pour moi, une soirée très enrichissante

avec le docteur Ouli qui pratique dans le département mais retourne régulièrement en Casamance, on découvre que tout ce qui concerne l’hygiène et les premiers soins de nécessité (en cas de brûlure par exemple) est à transmettre, à apprendre et que beaucoup de résistances retardent ces apprentissages; ça rentre difficilement dans les têtes et dans les moeurs; la brosse à dent et son entretien, ça alors ! la dangerosité du cure-dent ne convainc pas
on ne rit pas étant données les conséquences avec une espérance de vie de 45 à 55 ans pour les hommes et au vu de photos de personnes très abîmées
avec le docteur Kalain, on se retrouve dans une des deux régions anglophones du Cameroun,
où règne une guerre civile depuis 6 ans avec la partie francophone dominante;
son exposé avec diapos sur certains cas traités de mâchoires rongées donnant des malformations faciales énormes (5 opérations lourdes en une dizaine d’années) est impressionnant 
avec en prime l’enlèvement de sa femme, accompagné d’une demande de rançon 
(pourquoi ce n'est pas lui, l'enlevé; ben qui paierait ?)
avec Marie T. on est une ONG intervenant en Tanzanie pendant 9 ans à raison de 1 mois par an (les vacances) pour des soins bucco-dentaires; tous les problèmes liés à la rencontre entre une société rurale, encore chamanique et les représentants d’une société pourvoyeuse de progrès médical sont évoqués; leur présence modifie les comportements de la société d’accueil et eux-mêmes sont modifiés par ce qui leur est retourné (les priorités par exemple); 
le Masaï en tenue de guerrier refusant l’anesthésie faciale parce que la 1° fois, il n’avait rien senti, et ne bronchant pas d’un cil pendant le grattage de la zone infectée; aucun d'entre nous n'endurerait cette douleur; eux ont connu la rigueur des rites d'initiation
le gamin récupérant grâce à une prothèse, ses dents de devant, arrachées par le chaman, son sourire et la possibilité de trouver une fiancée
 
du beau monde issu du milieu dentaire et associatif humanitaire venu pour certains de loin (Marseille et ailleurs)
le pot de l’amitié
 
merci à Gérard Maltese, au café-culture, à la municipalité, aux intervenants, aux associations, pour les échanges à la fin (le triple abrazo joyeux, spontané avec Fred que je ne connais que sous ce prénom; sacré beau moment)
 
j’écris ce message de compte-rendu pour que chacun profite à sa façon de ce que j’ai pu vivre, ressentir au contact (au travers de trois récits) de réalités économiques, politiques, sociétales que nous ne pouvons imaginer; on peut sortir d'une telle réunion avec plus d'amour au vu de toutes ces souffrances de populations déplacées à cause de la guerre, fuyant les zones de combat, capturées, violées...

échange avec Jean Delorme, président d’une ONG burundaise intervenant dans une zone agricole en autonomie alimentaire 

comment garder les Africains en Afrique ?
qu’ils puissent vivre de leurs ressources et terres pillées de l'intérieur par des pouvoirs corrompus et de l'extérieur par des multinationales
 
mes retours sur ton carnet la révolte des octogénaires
de très bonnes choses, sur les révoltes antérieures, sur l’exemplarité, l’humilité, la culture de la vie, la fraternité, les ismes…
 
bémol sur l’exemplarité : ça ne vaut que dans un monde stable d'au moins 30 ans (les trente glorieuses) 
dans un monde en accélération, sans repères, de retournement et dissolution des valeurs, de novlangue, de com’, déboussolé… quels exemples ? 
Google, Zuckerberg, Bezos, Musk ?  
 
le travail pour se changer soi, je préfère dire s’apaiser, faire la paix en soi entre pulsions de vie, de mort, avec les générations passées... me semble essentiel et peu développé dans ton essai, même si tu as écrit un beau carnet sur ce que tu appelles le calme, une drogue bienfaisante,
développement personnel, éveil spirituel, sont de vrais chantiers où on trouve le pire, le meilleur donc pratiquer, évaluer, comparer...
le temps de l’inspir, de l'expir = se sentir, en vie, on est en vie… donner et savourer le goût de respirer, de sentir, humer, siffler, danser, rire ...
 
comment prendre en compte l’égo pour le dépasser : je ne sais pas si c’est le bon mot
je suis plutôt partisan du tout accueillir, ne pas trier entre ce qui serait bon et ce qui ne le serait pas; le nécessaire retard d’interprétation me semble un réflexe vital surtout ne pas répondre aux injonctions de l’urgence ni de la rationalité, recherche des causes surtout si on pense comme moi que la naissance de chacun est un miracle et la mort de chacun, un mystère 
 
qu’est-ce que la Vie attend de moi sur Terre, question puissante pour le sens; comment trouver sa mission de vie ? on est là sur terre par nécessité, pas par hasard; difficile à admettre; on est unique et pas un parmi des milliards; c'est quoi notre boulot d'âme incarnée; évidemment, il y a toute l'histoire de l'univers, de la vie, de l'évolution des espèces: ce sont des connaissances, des théories scientifiques,, scientistes, déterministes qui ont leurs preuves, leur validité momentanée mais le miracle de la naissance, le mystère de la mort, ça échappe à cette rationalisation, à la philosophie et même à la métaphysique
 
je pense à un carnet intitulé l’accueilleuse-la guérisseuse et le chasseur 
on vient de là et on y est encore dès que la survie semble en jeu (paniques, razzias dès annonces de pénuries)
 
mais on est aussi un esprit, un coeur, une âme, un corps; on est pris dans les discordances des temps et faut se dépatouiller
 
là je travaille à un texte l’impossible aujourd’hui sur les différentes manières de ne pas être de son temps, de refuser ce temps 
 
le temps de la méditation, très positif pour les enfants, sur-actifs entre autres… 
échec du temps de méditation lors du non-débat politique avec Giran (de son fait), le 18 septembre pour le 1° salon des écrivains et des artistes
 
l’humilité, la hâte lente, je l’appelle pratiquer le retard d’interprétation (on interprète tout de suite, on ne prend pas le temps du silence, de l’observation de soi, de comment l’événement nous saisit, nous enjoint de répondre…, se mettre plutôt en position de témoin, 
de ce qui disparaît, fondamental (il y avait beaucoup de sens dans beaucoup d'anciennes coutumes, façons de dire, façons de faire…)
de ce qui apparaît (le miroir aux alouettes des nouveautés, des urgences)...
 
pratiquer le regard éloigné de Lévi-Strauss, ou le devenir Grec homérique de Marcel Conche; prendre conscience des discordances des temps 
 
il y a en France, une guerre de déjà deux siècles entre le paradigme de la révolution française (Balzac, l’ambitieux, le créateur démuni monte à Paris, Rastignac, Depardieu) et ce qui subsiste de l’ancien régime, la province se meurt lentement (pourvu que ça dure encore et encore) en laissant plein de traces profondes…, prenant des formes surprenantes, décrites par écrivains, historiens, ethnologues, les vies minuscules de Pierre Michon, façons de dire, façons de faire de Yvonne Verdier (la laveuse, la couturière, la cuisinière, disparition des travaux d’aiguille vers 1950)
 
cela rejoint le sujet abordé lors du 2° festival citoyen (voir vidéos ci-dessous)
peut-on faire des oeuvres d’arts des communs appartenant à tous et non des biens appartenant à leurs créateurs ?
exposé fait le 3 avril 2022 au 2° festival citoyen à l'auberge des Tuillières à Carnoules/ 
 
dimanche 20 novembre, l’association Construisons notre bonheur organise dans le cadre de son programme Refaisons société, de 10 H à 22 H 30 une rencontre sur le thème Mieux vivre ensemble et cultiver des relations vraies
salle Lanza, à Solliès-Toucas, entrée gratuite, repas partagé midi et soir
j'y participerai lors du thème présenté de 15 à 17 H : les séniors, un rôle-clef pour une société heureuse


 

Pi est-il un nombre univers ? 3,14159265358979323846264338327950288419716939937510582......................................; et c'est quoi  le nombre d'or ?
Pi est-il un nombre univers ? 3,14159265358979323846264338327950288419716939937510582......................................; et c'est quoi  le nombre d'or ?

Pi est-il un nombre univers ? 3,14159265358979323846264338327950288419716939937510582......................................; et c'est quoi le nombre d'or ?

De deux choses l’une, soit l’art est une sorte de décoration d’intérieur, un élément récréatif pouvant même susciter une sorte de pensée, soit il demeure un lien possible, tangible, avec les dieux qui nous ont faits. 
 
Pour moi, ce qui, d’une manière ou d’une autre, n’est pas habité par un certain sens du sacré est aussi bête et laid qu’une commode Louis-Philippe. L’artiste n’exprimant que le brouillon de ses tripes est un adroit garçon boucher ficelant son gigot avec un air satisfait, pesant le tout au prix du marché. Son seul souci est d’élargir sa clientèle et que son nom, lettres d’or ou fluo, honneur, fierté, travail bien fait, scintille sur un diplôme taché de ses empreintes au-dessus de sa plastronnante caisse enregistreuse, « tactile » s’il vous plait. 
 
Ah, comme les Hommes ont besoin qu’on les reconnaisse! C’est à la fois touchant et tellement infantile. C’est qu’ils ont peu de temps pour se croire puissants. Que de revanches aussi à prendre sur le dos des parents, des amis, du petit monde méprisant faisant et défaisant les gloires d’aujourd’hui! Tableau d’honneur ou bonnet d’âne, pire, tablier gris. Torses en avant et crocs-en-jambe, être important n’a pas de prix. L’humble d’hier, demain sera le suffisant. 
 
Rien pourtant ne vaudra jamais celui qui, silencieux et caché, œuvre et bouillonne dans les sous-sols de sa quête infinie. C’est qu’il n’est pas tenu par l’envie de paraître, son seul souci est d’alimenter cette fête d’un travail assidu, permanent: trouver l’accord parfait, l’arc électrique reliant sa pauvre tête au Monde de l’Esprit. 
 
Alain Cadéo

cahier Culture de la vie N° 3 l'amour de la vie JCG

cinq propositions pour reprendre le contrôle de nos vies, contribution d'un citoyen

de Claire Aerin Larminaux

Le Talisman Politique Vers le déclin du capitalisme, sur le chemin des sociétés intentionnelles collectives Faramir Garro : un essai stimulant d'un collectif invisibilisé, 330 pages

manifeste du Sous-Comité décentralisé des gardes-barrières en alternance

paru le 14 juillet 1902, 120 ans déjà et on continue de voter

livre en Droit d’auteur et crédits Licence Creative Commons : Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International (CC BY-NC-ND 4.0)

un livre essentiel d'un épigénéticien et d'un passeur Bruce Lipton

de JOSÉ RODRIGUES DOS SANTOS

deux versions, version cubaine, version baïkalienne (cette version n'est pas accessible)
deux versions, version cubaine, version baïkalienne (cette version n'est pas accessible)

deux versions, version cubaine, version baïkalienne (cette version n'est pas accessible)

L'éternité d'une seconde Bleu Giotto, épuisée en version papier, mise à disposition en PDF : la disparition du fils, la disparition de l'épousée

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