Résultat pour “La dernière génération d'octobre”
Voyage à Nantes pour Marilyn
la liquide Laetitia Casta, la BB du film Gainsbourg (Vie héroïque) de Joaan Sfar avec Eric Elmosnino
le mémorial de Nantes
Mon voyage à Nantes
Parti le 17 février 2013 en début d'après-midi de Toulon, avec le soleil, je suis arrivé vers 22 H chez Anne de Bretagne, nom de la chambre d'hôte que j'avais choisie, bien placée dans le Vieux Nantes, proche de tout ce qu'il faut voir. Des prospectus divers m'attendaient que j'ai consultés, prenant vite mon parti de découvrir la ville, le nez aux vents. Pendant les 4 jours passés à Nantes, le soleil fut au rendez-vous mais aussi le froid, de plus en plus marqué ou ressenti.
J'ai marché en moyenne 6 heures chaque jour, tantôt dans la ville et ses quartiers, tantôt sur les bords des rivières baignant Nantes, la Loire et l'Erdre en particulier. Pas de bateaux pour descendre l'estuaire. Donc découverte circonscrite à 5-6 kilomètres de mon point d'hébergement.
La lecture des prospectus validés par les affaires culturelles de la ville est édifiante. On distingue deux sortes de parcours, patrimoniaux, événementiels. On nous invite à voir le quai Turenne, le quai de la Fosse, la rue Kervegan. On y voit les maisons penchées des armateurs, ceux qui ont fait leur fortune sur le bois d'ébène.
C'est le 25 mars 2012 que le mémorial de l'abolition de l'esclavage a été inauguré, conçu par l'artiste polonais Krzysztof Wodiczko et l'architecte argentin-américain Julian Bonder (6,9 millions d'euros). On a le nom de tous les bateaux (1710), le nom de tous les comptoirs (290), les dates d'expédition, on a des panneaux inclinés à 45° avec le mot Liberté en une cinquantaine de langues sur 90 mètres. J'étais seul, les deux fois où j'ai visité. C'est un parcours méditatif est-il dit, qui suppose donc d'être seul. Ça ne doit pas être souvent le cas. Pas une image de nègre, pas un nom de nègre : n'existaient pas, crevaient avant d'arriver et s'ils débarquaient, quel sort ! En tout cas, merci à Christine Taubira pour la loi du 21 mai 2001. Et bravo à Nantes Métropole pour cette réalisation qui a demandé 3 ans.
Pour Wodiczko et Bonder, « la conception du Mémorial procède de deux gestes fondamentaux, dévoilement et immersion, qui ensemble serviront à créer une expérience à strates multiples, en profondeur, grâce à laquelle les visiteurs pourront découvrir et interpréter les diverses dimensions d’une histoire qu’ils croyaient déjà connaître. » « Ce Mémorial (…) s’inscrit dans une double perspective. D’un côté, il est tourné vers une ville située au bord de l’estuaire de la Loire, situation marquée, soutenue pour ainsi dire, par des quais massifs, lesquels sont interrompus aux endroits où le fleuve a été comblé. D’autre part, il est lié à la mer, véhicule du commerce triangulaire (…) Les marées de l’estuaire apporteront un élément dynamique supplémentaire à la conception du Mémorial. » « La transformation d’un espace aujourd’hui « vide » en « passage » permettra d’entrer en contact, du côté terre comme du côté mer, avec le sol même de la ville de Nantes. Les visiteurs du Mémorial descendront eux-mêmes « vers la mer » par un passage longeant le quai du XIXe siècle, et se trouveront par endroits quasiment enfermés dans des sous-structures du XXe siècle rappelant l’extrême confinement du transport maritime. Ces espaces découverts ou nouvellement créés communiqueront également au visiteur la force émotionnelle de l’emprisonnement implicite et explicite dans le logement et le transport des esclaves. Une immense plaque de verre inclinée à 45°, comme jetée au travers du Mémorial, célèbrera la grande rupture que représente l’abolition de l’esclavage. Ce passage souterrain sera le cœur du Mémorial ». C’est conceptuel comme il se doit et je dois éprouver les émotions annoncées, en toute liberté bien sûr.
Après le patrimoine nègres (on doit imaginer leurs conditions de survie à bord de L’Égalité ou Le Nègre), le patrimoine constructions navales. Ce que le prospectus Laissez-vous conter Nantes appelle L'essor du port de commerce (13°-17° siècles) – Une ville bourgeoise et ouvrière (19°-20° siècles). Patrimoine industriel mais rien sur les ouvriers des chantiers navals nantais vivant et travaillant dans des conditions insalubres, rien sur leurs luttes et pourtant il a dû y en avoir. Un film évoque un peu une lutte, Une chambre en ville de Jacques Demy, qui a donné son nom à la médiathèque, tourné en 1982. Nantes, 1955. Les chantiers navals sont frappés par une grève. Dans la rue, les ouvriers s'opposent aux C.R.S. Aux premières lignes, François Guilbaud, ajusteur-outilleur, qui manifeste avec son camarade Dambiel, Les forces de l'ordre obligent les manifestants à se disperser. François regagne la chambre que lui loue Mme Langlois. Celle-ci bouscule un peu son locataire mais lui porte une grande affection. Cependant, elle lui interdit de recevoir des jeunes filles dans sa chambre, et François est obligé de voir sa fiancée Violette à l'extérieur. Violette est vendeuse dans un grand magasin et aimerait bien que François se décide à l'épouser. Mais le jeune homme hésite du fait qu'il est sans le sou et surtout parce qu'il ne pense pas avoir de sentiments assez forts pour Violette. Entre temps, il va faire la connaissance d'Édith (la fille de Mme Langlois), laquelle est très perturbée par son récent mariage avec Edmond. Ce dernier est brutal et jaloux, et Edith ne cesse de fuir le domicile conjugal pour aller se confier à sa mère. Edith apprend a sa mère qu'une voyante lui a prédit un grand amour avec un ouvrier métallurgiste, et lorsqu'elle rencontre par hasard François et qu'il lui dit être ajusteur, Edith sent que l'homme de sa vie est enfin arrivé ! François et Edith connaissent une nuit de passion, mais lorsqu'elle retourne au magasin de son mari, Édith manque de se faire assassiner par Edmond. Finalement, celui-ci se suicide devant elle. Édith n'a plus qu'à retrouver François chez sa mère, mais le destin a encore frappé : François a été mortellement blessé lors d'une nouvelle manifestation de rue. Il meurt devant Edith et celle-ci se donne également la mort pour rejoindre celui qu'elle avait décidé de ne plus quitter.
En clair, les parcours patrimoniaux, ça montre ce que les riches ont arraché de la sueur et du sang des exploités. Restent leurs châteaux du bord de l'Erdre, leurs maisons cossues, le passage Pommeraye pour s'y rencontrer et montrer. Mais pas traces du monde du travail.
On me dit qu'au musée du Château des ducs de Bretagne… avec un billet à 8 euros ou un pass … Las, deux musées sont en travaux pour plusieurs années. La ville est d'ailleurs en chantier, à l'île Feydeau, place du Commerce, place Graslin. Un système impressionnant de bus, de busways, de tramways. Tout est fait pour décourager la reine déchue : j'ai vu les PV pleuvoir sur les automobilistes mal garés. Résultat : peu de voitures circulent, obligées de faire des détours pour contourner les voies ferrées et peu de gens dans les rues sauf les quelques artères et places commerçantes. Presque une ville morte alors que l'offre artistique est importante, que les librairies sont nombreuses, que c'est de toute évidence une ville d’art et de lecture, que des coins sont ravissants comme l'île Versailles, le Jardin des Plantes. Quelques monuments commémorent des morts, ceux des deux guerres mondiales près de la Préfecture, les 50 otages fusillés par les nazis en représailles à l’assassinat d’un officier allemand, Karl Hotz.
J'ai profité des librairies pour trouver Mai 68 - Nantes et La retraite en chantant, éditions de la librairie Coiffard de Nantes, ne trouvant aucun recueil des paroles des chansons consacrées à Nantes, nombreuses (la sublime Nantes de Barbara, écrite en 1963 avec la rue imaginée de la Grange-au-Loup, inaugurée en 1986). Je me rappelais, très investi que j'avais été dans 68, que c'est à Nantes qu'avait eu lieu la première occupation d'usine dès le lendemain du 13 mai 1968 et que ça avait été une traînée de poudre jusqu'à la paralysie du pays par la grève générale. C'était à Sud-Aviation et un des leaders de cette occupation s'appelait Yvon Rocton, une figure du syndicalisme de classe, secrétaire du syndicat FO de Sud-Aviation, trotskyste par ailleurs, décédé en 2008. Une autre figure, plus complexe, plus sulfureuse, celle d'Alexandre Hébert, secrétaire de l'UD 44 CGT FO de 1948 à 1992, décédé en 2010.
Inutile de demander aux patrons des Machines de l'Île ou du Voyage à Nantes Estuaire (la grande fabrique à événements pérennes ou éphémères le long de l'estuaire de la Loire), de faire lien avec l'histoire du mouvement ouvrier nantais ou avec le passé négrier des bourgeois de la ville. Le chef du projet culturel Le voyage à Nantes est aux ordres et au service de ceux qui le subventionnent. Il doit attirer les touristes en masse, venus du monde entier par le futur aéroport de Notre-Dame des Landes, en pleine zone humide.
La folie des grandeurs a atteint les édiles de Nantes Métropole et leurs serviteurs de service public. La plaquette Estuaire est explicite. On y lit : Le voyage à Nantes est une société publique locale qui développe un projet culturel pour la promotion touristique de la destination Nantes Métropole. Son actionnariat (sic) rassemble… Et ça marche. Les folles journées de Nantes de fin janvier-début février attirent les foules.
Pendant ce temps, un chômeur s'immole par le feu devant Pôle emploi de Nantes, un père de famille s'installe sur la grue Titan jaune de l'Île de Nantes pour obtenir de voir son fils (en fait, il semble que ce soit un coup d'éclat médiatique d'une association réactionnaire pro-masculiniste; heureusement, il y a des veilleurs, des guetteurs et des alerteurs). « J’ai une émotion toute particulière pour ce drame et pour la famille du chômeur qui s’est immolé », a déclaré le Président de la République. « Ce geste désespéré est le signe de la détresse d’une personne et donc de la gravité d’une situation. » « Le service public de l’emploi a été exemplaire et nul besoin d’aller chercher des responsabilités. » « Quand il se produit un drame personnel, c’est aussi un questionnement à l’égard de toute la société. » À retenir, non ? Faut vite éteindre l'incendie possible. Mais la France n'est pas la Tunisie. On a à Nantes l'Éléphant de La Machine qui nous asperge avec sa trompe (ça dit quelque chose, n'est-ce pas ?) : ça trompe énormément ce qui est Royal et de Luxe.
L'île de Nantes est le lieu du patrimoine naval, fermé en 1986. Comme les chantiers de La Seyne-sur-Mer, fermés en 1989. La disparition de nombreux sites industriels a donné l'idée des friches d'artistes. À Marseille, la Friche Belle de Mai. À Nantes, les machines de l'île de François Delarozière et Pierre Orefice (atelier de fabrication, galerie d'exposition) dont le fameux éléphant. Le Lieu Unique est implanté depuis le 1° janvier 2000 dans l'ancienne fabrique LU. Voici leur présentation, j'entends les fanfares des fanfarons :
Scène nationale de Nantes, le lieu unique est un espace d’exploration artistique, de bouillonnement culturel et de convivialité qui mélange les genres, les cultures et les publics. Son credo : l’esprit de curiosité dans les différents domaines de l’art : arts plastiques, théâtre, danse, cirque, musique, mais aussi littérature, philo, architecture et arts gustatifs.
Lieu de frottements, le lieu unique abrite à côté de ces espaces dédiés à la création, un ensemble de services : bar, restaurant, librairie, hammam, crèche, une boutique “d’objets d’artistes et de l’air du temps” où l’indispensable côtoie l’introuvable… Et la Tour LU se visite, offrant une vue imprenable sur la ville ! 550 000 passages et plus de 100 000 spectateurs pour les activités artistiques. Visitez sans faute les WC, c'est le plus du plus.
Combien coûtent de telles installations, de telles friches, cette folie de la culture dans la rue ou sur l'eau pour badauds ? On doit à Jean-Luc Courcoult (Royal de Luxe) une merveille du Voyage à Nantes Estuaire, La Maison penchée dans la Loire, même pas quai de la Fosse.
À LU, on m'a dit que je ne pouvais filmer, droit à l'image. Or aucune affiche ne l'indiquait : j'ai filmé. Mais j'ai vu ailleurs des indications disant qu'il fallait demander l'autorisation pour le droit à l'image. Décidément ces artistes au goût du jour ne perdent pas le sens du portefeuille.
Laissons cette culture de masse pour touristes rassasiés pourrir sur pieds comme Lunar Tree de MRZYK et Moriceau.
Mon voyage à Nantes n'avait pas pour objectif de me mettre dans le sillage du Voyage à Nantes de Jean Blaise. J'étais venu pour la soirée On a tous en nous quelque chose de Marilyn, organisée par Françoise Thyrion et Michel Valmer de la salle Vasse, lundi 18 février à 20 H 30, avec le soutien des EAT Atlantique. Le livre Marilyn après tout que j'ai édité aux Cahiers de l'Égaré était au coeur de la soirée. Merci aux artistes pour la qualité, la générosité, la convivialité et pour l'ambiance électrique et attentive. 70 personnes ont écouté et applaudi une vingtaine de textes dits intégralement plus deux chansons a cappella de Marilyn, reprises en choeur et une improvisation désopilante et interactive de Marilyn elle-même, enfin peut-être. Les textes ont été choisis par la compagnie Azimut et les amis de Vasse soit 22 personnes. Ont été lus les textes de Pascal Renault, Frédérique Renault, Diana Vivarelli, Monique Chabert, Marcel Moratal, Denis Cressens, Moni Grego, Roger Lombardot, Simone Balazard, Benjamin Oppert, Yolands, Gilles Cailleau, Alain Pierremont, Anne-Pascale Patris, Shein Baker, Noëlle Leiris, Dominique Chyssoulis, moi-même et Michel Valmer a lu deux textes écrits pour la circonstance, l'un par Michel Lhostis, l'autre par Françoise Thyrion
Le mardi soir, je suis revenu salle Vasse pour deux lectures.
Un texte de Marcel Zang, L'un et l'autre, la queue et le trou, écriture pulsionnelle ou inspirée (je pense à la transe de Rainer Maria Rilke écrivant sous la dictée les premiers vers des Élégies à Duino), une tentative-tentation de penser sans mettre la raison en premier, texte dense, poétique, rythmé, tentant de saisir l'insaisissable, l'impossible fusion de deux en un, du trou et de la queue.
Un texte de Sandrine Roche, 9 petites filles, écrit à partir d'ateliers d'écriture. On retrouve les peurs des petites filles, leurs fantasmes (viol, inceste), leur cruauté aussi. La lecture à 5 voix, 4 voix de femmes pour les situations distribuées de façon aléatoire et 1 d'homme pour les didascalies sur les mouvements des corps (coups, chutes …) était chorale, percutante, sensible. Je visualisais les situations, j’étais hermétique à comment les corps décrits réagissaient.
Les deux textes avaient du provocant, du dérangeant en eux. Et c’est mieux que le ronron. La discussion qui a suivi dans le hall de la salle Vasse a été intéressante, révélant la démarche de l'équipe de direction, Françoise Thyrion, Michel Valmer. Les petits fascicules édités aux éditions du petit véhicule disent le projet : donner à voir, à sentir, ressentir puis accompagner par la parole et l'écrit, traces donc.
La salle Vasse, un ailleurs poétique, est un théâtre, un beau théâtre moderne de 340 places, datant de 1886 et portant le nom d'une comédienne célèbre dans l'entre deux-guerres, Francine Vasse, (j'ai trouvé un livre rare de 1944, édité à Nantes, De la scène à la Loire, petite suite poétique, écrit par elle et illustré par Bernard Roy) donne sur le lycée Guist'hau qui a des sections consacrées aux arts du spectacle, (cinéma, théâtre, régie son ou lumière). On comprend les liens tissés avec ce lycée mais aussi avec l'université, d'autres écoles et lycées. L'équipe a le souci de préparer les futurs acteurs et spect'acteurs. On note en regardant le programme, la forte présence des écritures d'aujourd'hui, mises en scène ou lues. Je ne pouvais que me sentir bien dans cet environnement exigeant qui a à son actif, 35000 spectateurs sur l'année. Autres caractéristiques de l'équipe dirigeante, les rapports entre théâtre et sciences (Le théâtre de sciences de Michel Valmer a été publié par les éditions du CNRS en 2006). Et l'intérêt concomitant depuis des années pour Diderot. Ce qui ne sera pas sans effet sur le projet Diderot 2013 initié par les EAT Méditerranée et ouvert à l'ensemble des EAT (36 contributeurs à parité F/H)
Pas de voyage sans rencontres inopinées ou provoquées. Ce voyage m'a permis de rencontrer Yvon Quiniou qui a coordonné le livre Avec Marcel Conche que j'ai édité en 2011 aux Cahiers de l'Égaré. Beau moment et belle discussion sur Marx, le Retour à Marx, titre de son dernier livre chez Buchet-Chastel. Nous avons pris la passerelle Victor Schoelcher pour nous rendre au Palais de justice conçu en 2000 par Jean Nouvel, édifice impressionnant. Son architecture simple exprime la force, vertu de la justice, et utilise la transparence par de grandes parois vitrées, autre nécessité de la justice. La couleur extérieure dominante est le noir. Jean Nouvel a utilisé, dans un style moderne, les formes classiques du péristyle et des colonnes. Puis nous avons parcouru l'île de Nantes en regardant les 18 anneaux dans leur alignement ou à travers chacun, fenêtre sur la Loire et la rive opposée, de Daniel Buren et Patrick Bouchain. De la grue Titan jaune à la grue Titan grise par le hangar à bananes, le quai des Antilles en passant devant boutiques et restaurants pour finir au Cargo avec vue sur Trentemoult, l'ancien village de pêcheurs devenu bobo et où je me suis rendu le jeudi par grand froid et navibus pour voir Le Pendule de Roman Signer et déjeuner d'une choucroute de la mer au restaurant La Civelle.
Rencontre inopinée vers 19 H 30, le mercredi 20 février, au bord du canal Saint-Félix, avec Laetitia Casta. Je me trouve là par hasard après avoir échangé avec deux étudiantes russes à la Brasserie du Château. Me penchant sur l'eau, je suis happé par l'image mouvante, émouvante d'une nymphe. Installation intitulée Nymphéa de Ange Leccia. Je suis seul et heureux de l'être, les Nantais ignorant malgré la communication abondante que ça existe. Je profite donc pendant une quinzaine de minutes de ce tête-à-tête avec une nymphe que je saisis à travers l'écran de mon camescope. C'est une curieuse expérience que de mettre entre soi et l'autre un appareil. On voit autrement, en détail. Et j'imagine la mouette à tête rouge faisant la nymphe.
Dernière rencontre, celle de l'ancien responsable du fond théâtre de la médiathèque de Saint-Herblain, Bernard Bretonnière. Beaux échanges avec un connaisseur, qui plus est, des Cahiers de l'Égaré. Je lui dois la découverte éblouie de Marc Bernard : La mort de la bien-aimée, (L'imaginaire Gallimard 1972), Au-delà de l'absence,(L'imaginaire Gallimard 1976) dévorés lors du voyage retour. À l'aller, c'est avec Le goût de vivre de Comte-Sponville que j'avais voyagé. Grâce à lui aussi les Huit monologues de femmes de Barzou Abdourazzoqov, chez Zulma 2013. Et pour finir parce que la salle Vasse en a organisé une lecture le 18 décembre 2012, par Michèle Laurence et Françoise Thyrion, lecture suivie d'une discussion et d'une livraison du Petit véhicule, Je me souviens de demain, la Lettre à Zohra D. (Flammarion 2012) de Danielle Michel-Chich. J'avais échangé à ce propos vers la mi-décembre 2012 sans connaître le texte avec Simone Balazard que je vais lire très vite.
Cher Jean-Claude,
J'ai regardé les enregistrements des débats de La Criée à Marseille sur l'indépendance de l'Algérie entre Zora D. et BHL, que tu as envoyés suite à l'annonce de la lecture à Nantes.
Zora D ( qui a été ma condisciple au lycée Fromentin de la sixième à la terminale, et, dans une autre section que moi - droit pour elle - philo pour moi - à l'Université d'Alger) donne un exemple remarquable de langue de bois du parti au pouvoir en Algérie.
Le plus drôle, dans le genre humour noir, c'est que c'est l'enseignement français qui a formé ces esprits plus faux que moi tu meurs.
Simone
Bonjour Simone,
je suis d'accord avec la langue de bois; on en a deux en fait, celle de Zora D. et celle de BHL
l'une, Zora D., reste dans le référentiel d'il y a plus de 50 ans, nous étions des résistants comme vous pendant l'occupation, grand écart entre votre armement d'occupant et nos moyens d'occupé; c'est l'argumentaire des Palestiniens du Hamas et à une époque aussi du Fatah ... et de tout un tas d'autres groupes s'abritant derrière un certain usage dévoyé de l'Islam à moins que l'Islam soit potentiellement fasciste ou au moins fascisant
l'autre, BHL, utilise le référentiel d'aujourd'hui, le terrorisme, sachant que le combat contre le « terrorisme » prend toute sa dimension après le 11 septembre 2001 et que ce sont les USA de Bush qui déclarent la guerre au « terrorisme », à l'axe du mal; Obama reste sur cette ligne et toutes les démocraties suivent, (démocratie=paravent de l'exploitation capitaliste sans grande repentance depuis deux siècles et aujourd'hui encore plus qu'hier) et il utilise massivement des drones pour éliminer sans contrôle
c'est pour ça que j'ai donné tous les liens car il y a des points de vue différents, des témoignages différents (sur le Milk Bar, sur Guelma, sur la peine de mort en Algérie, voir la vidéo de 1'42)
il serait intéressant de connaître le contenu de la lettre à Zora D qui sera lue à Nantes
j'espère qu'elle n'est pas celle de quelqu'un qui sait la vérité mais de quelqu'un qui se pose des questions même si elle a perdu une jambe et perdu sa grand-mère.
terrible ce que je dis
Jean-Claude
à propos de l'Algérie 50 ans après 1962
avec Zorah Drif et BHL à Marseille le 1° avril 2012 (il y eut aussi les 30 et 31 mars)
7 vidéos de 14' environ
(ici BHL parle de la bombe du 30 septembre 1956 posée par Djamila Bouhired et Zohra D.)
(ici Zora D. répond)
à comparer avec
http://babelouedstory.com/ecoutes/milk_bar/milk_bar.html
http://babelouedstory.com/ecoutes/nicole_guiraud/nicole_guiraud.html
et cette séquence sur la défense de Djamila Bouhired par Jacques Vergès
http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article2680
http://www.algeria-watch.org/fr/article/div/livres/reggui.htm
http://blogs.rue89.com/balagan/2009/02/13/histoire-de-famille-et-de-guelma-massacres-oublies-89112
Le 14 mai 1968, Yvon Rocton fait voter la grève totale à Sud-Aviation Nantes: premiere occupation d'usine
Par Christian GAUVRY
FENIOUX (Deux-Sèvres), 17 avril 2008(AFP) - 40 ans après, le syndicaliste et trotskiste Yvon Rocton, 70 ans, reste fier d'avoir fait voter la première occupation d'usine de mai 1968, celle de Sud-Aviation, par plus de 2.500 salariés qui ont séquestré leur patron pendant près de deux semaines.
La moustache fière et les bretelles bien en place comme en 1968, Yves (dit Yvon) Rocton n'a rien perdu de sa fougue. Entré à l'usine Sud-Aviation de Bouguenais (sud de Nantes) en 1956, il a pris en 1964 la tête de la section Force Ouvrière du site, largement minoritaire.
En mai 1968, l'entreprise qui compte 13 établissements connaît une crise sans précédent depuis quatre mois.
Alors que des grèves tournantes se multiplient, Yvon Rocton prône la mise au vote de "la grève totale" qu'il va obtenir le lendemain de la manifestation nationale du 13 mai.
« La décision s'est prise dans les WC, à trois représentants syndicaux: FO, CGT, CFDT, ils m'ont dit : Ok Rocton tu soumets au vote la grève générale. »
Il était 16h30 ce 14 mai. Lors d'une assemblée générale rassemblant environ 2.500 des 2.800 salariés, l'occupation immédiate de l'usine est votée "en dix minutes".
"L'ambiance est électrique, ça fait plusieurs mois que ça dure, les gars en ont ras le bol de faire des grèves qui ne marchent pas", se souvient Yvon.
La peur de l'intervention des forces de l'ordre a duré 48 heures, "on était isolé...". Mais, le 15 mai, le site de Renault à Flins (Yvelines) se met aussi en grève. "Quand Renault est parti, on savait que c'était bon".
Les rares femmes travaillant dans le site quittent les lieux. Les hommes s'organisent pour tenir un siège. Ils se répartissent dans 27 postes et installent des cabanes de fortune et des cartons de machine à laver en guise de couchettes.
"Les ouvriers de mon âge revenaient d'Algérie, et dans le djebel qu'est ce que c'est, sinon des cabanes d'occupation ? On a occupé l'usine comme un camp militaire", résume le syndicaliste. Il se souvient d'avoir vu "des fusils à l'usine, et pas qu'un".
"Les gars jouaient à la belote, à la pétanque mais on n'allait pas dans les ateliers. Il n'y a pas eu de détérioration", précise Yvon.
Un service d'ordre est créé. Les ouvriers, comme le directeur de l'usine et ses cadres, ne peuvent sortir du site. "Au bout de 10 à 15 jours il y a eu quelques souplesses: on faisait comme à l'armée, il y avait des permissions", note-t-il.
Une quinzaine de jours après le début du conflit, le directeur de l'usine est renvoyé dans ses foyers et, le 13 juin, la reprise du travail est votée à une courte majorité.
"On a sauvé l'usine et obtenu la plupart des revendications. De ce point de vue, on ne s'en est pas mal tiré. Mais, sur le contexte général, nous n'étions pas très contents: avec une puissance de grève comme on avait, on a fait reprendre les mecs d'une manière ridicule", regrette Yvon. "Ca avait un goût amer".
Yvon Rocton est parti à la retraite en 1995, après 13 avertissements de sa direction et deux mises à pied, notamment pour "manquements graves à la discipline".
Aujourd'hui, le syndicaliste n'a rien perdu de ses convictions: il milite encore au Parti des Travailleurs.
Yvon Rocton raconte son mai 1968, 30 ans après, en 1998
Yvon Rocton raconte à Braudeau une vie de militant et, pour 68, comment il a combattu la tactique des grèves tournantes de la CGT. Il rappelle le «cinquième plan quinquennal, qui prévoyait 15 000 licenciements dans l’aéronautique, Rochefort en tête et ensuite Nantes. Nous, on était pour une grève générale, contre I'avis de la CCT et de la CFDT. Il a fallu les événements étudiants et le 13 mai pour qu'on y arrive». Une fois la grève partie, «pendant quarante-huit heures, on a eu la trouille, on ne savait pas si on n'allait pas rester tout seuls. Le lendemain, à Paris, la Sécu nous a suivis. Et puis Renault a embrayé, l'appareil du Parti communiste a reculé». Mais, note Braudeau, Yvon Rocton «se défend d'être un boutefeu, il ne fait que sentir le mécontentement des travailleurs: « On ne déclenche pas, on aide. On organise la grève ensuite, pour associer tout le monde, ne pas couper les grévistes des têtes du syndicat. On dit : les meneurs, les meneurs ! Il y a des gars qui ont les idées claires, mais si les gens ne sont pas prêts, bonjour l'Alfred !».
Les résultats ? Un accord société signé en 1970, condamné par la CGT et la CFDT, qui a permis, note FO, «d'améliorer sensiblement la situation salariale dans les usines Aérospatiale» et qui se solde aujourd'hui (en 1998) par «30% d'écart de salaire avec d' autres entreprises du département, par exemple les Chantiers de l' Atlantique.»
Pour le reste, Rocton confie son scepticisme à Braudeau: «“Faites l’amour, pas la guerre”, quelle foutaise ! Les soldats n'ont pas attendu pour faire les deux. L’autogestion ? très négatif, ça atomise la société. Ce qu'il y a eu de valable en 68, c'est 69, l'échec du référendum sur la régionalisation et le Sénat corporatiste.»
Article de Wikipédia sur Alexandre Hébert:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Hébert
Jean-Claude Grosse
retour du directeur du Voyage à Nantes, le 26 février à 18 H 19 sur cet article
Mais c’est très bien, vous avez du temps, continuez…
Jean Blaise
BOCAL AGITÉ VIEMORTMÊLÉES
Consignes :
1- Énumérez 10 souhaits de vie. Donnez une explication pour un seul des 10
2- Énumérez 10 peurs de mourir. Donnez une raison pour la dernière
3- Mêlez vos deux énumérations (l’alternance n’est pas nécessaire)
4- Rédigez votre épitaphe en 70 à 100 signes en disant Je , une autre en disant Tu, une dernière en disant Il ou Elle
5- Racontez une anecdote de vie en 100 signes que vous aimeriez marbrer dans le grave
6- Quelles premières paroles aimeriez-vous avoir prononcées
7- Quelles dernières paroles aimeriez-vous prononcer
8- Quelle est la parole, réelle ou imaginaire, dont vous êtes le plus fier
9- Quelle est la parole, réelle ou imaginaire, dont vous êtes le moins fier
10- Rédigez l’épitaphe en 70-100 signes de votre père qui vous battait, puis de votre mère qui vous gavait, puis de votre mari ou femme qui vous trompait, enfin de votre enfant qui vous a déçu. Vous finissez, une fois sur deux, par : je te pardonne ou je ne te pardonne pas
11- Listez les 10 choses que vous aimeriez faire avant de mourir
12- Il vous reste 1/4 H à vivre. Que faites-vous ?
Quelques résultats de ce bocal :
1- j’aimerais vivre en bonne santé jusqu’à l’arrêt cardiaque
2- j’ai peur de mourir en souffrant
3- j’aimerais continuer à vivre avec toi
4- j’ai peur de mourir abandonné
5- j’ai peur de mourir avant toi
6- j’aimerais que notre amour du premier jour dure jusqu’à notre dernier jour qui sera le même dernier jour
7- j’aimerais vivre dans un monde plus juste,plus égal, plus fraternel
8- j’ai peur de mourir de mort horrible infligée par la folie froide des hommes de pouvoir et de guerre, au gaz, au feu, au froid, au napalm, à la fragmentation, à l’irradiation
9- j’ai peur de mourir dans une guerre civile, par déchaînement de haine, épuration, exécution sommaire
10- j’aimerais que les Etats-Unis soient punis par le dieu qu’invoque Bush
11- j’aimerais que la planète se rebelle, qu’il y ait plus de catastrophes naturelles dans les îles à cocotiers et dans les paradis fiscaux
12- j’ai peur de mourir d’une pandémie, contaminé par des virus, des microbes, des bactéries, bouffé par prolifération de l’infime métastasant et mutant
13- j’aimerais que les Français se ressaisissent :ils sont en train de déconner un max
14- j’ai peur de mourir chaque jour un peu plus
Première parole : C’est un peu tôt, je ne suis pas prêt
Dernière parole : C’est un peu tôt, je ne suis pas prêt
Épitaphes : J’ai vécu ma jeunesse/ ma vieillesse/ aimant et simple/ j’ai eu mal au monde/ je m’en suis détaché
Tu as été un éclair/ un amer/ un fanal/ un carrousel/ un aimant
Il est apparu à son insu/ il a disparu à son insu/ sorti du paradis des innocents/ il a rejoint l’enfer des coupables
Épitaphes :
Papa
Je voulais pas faire de premiers pas
Pourquoi tu m’as tendu tes bras
Pourquoi tu m’as ensuite battu
Je t’ai pas pardonné
Pourquoi tu t’es pendu
Maman
Tu m’as gavée
Suis devenue oie
Pas devenue moi
T’ai répété toi
Te pardonne pas
Mon homme
Par d’autres femmes
Tu t’es fait sauter
Mais tu me souriais
C’était si doux
Je te pardonne
Mon fils
Tu étais mon espoir
Ingénieur ingénieux
Je te voyais
D’overdose t’as fini
Te pardonne pas
Avant de mourir, je voudrais retirer mon argent de la banque et le planquer dans le jardin :ça les ferait chier tous ceux qui me voient déjà crevé pour hériter. J’aimerais écrire une lettre d’injures au maire, au président français, au président américain.J’aimerais me laver les dents, me raser, prendre une douche, faire un repas sympa, boire un coup en disant à votre santé et claquer. J’oubliais : pisser un coup et chier aussi une dernière fois en lisant le Financial Times.
10 souhaits de vie
1° Je souhaite faire envie parce que c’est toujours agréable d’être en complicité, en connivence, en phase, en forme.
2° Je souhaite garder le sourire parce que c’est très lourd le repli, la sale gueule, le silence, l’ailleurs, le rejet, l’absence quand on est là.
3° rassembler parce que c’est ennuyeux d’être seul, de ne plus être, d’avoir été, de ne pas mourir à ses certitudes, de ne pas déranger ses opinions, parce que c’est salutaire de se nourrir.
4° Agencer la beauté parce que c’est le bordel d’enjamber, de chercher, de se faire bouffer par les souris et emmerder par les mites.
5° Accepter de redécouvrir et rechercher encore ceux qui me sont donnés, ceux qui sont là, ceux que je suis allé rejoindre.
6° Apprendre pour ordonner ma tête et agrandir mes champs, pour parler les langages des autres, des mondes éloignés de ma culture.
7° Harmoniser pour la paix intérieure, pour la paix des voisins, pour la paix familiale.
8° Rencontrer pour être surpris, pour me renouveler, pour écouter.
9° Je voudrai accueillir pour partager.
10° Je voudrai être à l’aise, dans mon élément, dans ma liberté, dans ma joie, dans la création.
10 peurs de mourir
1° J’ai peur de mourir en étant désagréable, en ronchonnant.
2° J’ai peur de mourir en regrettant.
3° J’ai peur de mourir avec les malentendus.
4° J’ai peur de mourir seul.
5° J’ai peur de mourir longtemps.
6° J’ai peur de me scléroser et de juger.
7° J’ai peur d’être surpris au milieu d’une préparation sans queue ni tête pour le garde – champêtre, pour l’aide ménagère, pour les enfants.
8° J’ai peur de mourir défiguré.
9° J’ai peur de mourir maintenant alors que nous n’en sommes qu’à la deuxième consigne.
10° J’ai peur de mourir pendant que la bourse baisse et que les loyers augmentent parce que je n’arrive pas à oublier que le fruit des années, c’est ce qu’on peut donner, c’est ce qu’on peut transmettre, que j’aime la plus-value alors que j’ai promis publiquement de me dépouiller pour aller trouver la richesse ailleurs que dans le porte - feuilles, que j’ai dépossédé du bonheur.
Mêlon des 20 phrases
Je souhaite garder le sourire parce que c’est très lourd le repli, la sale gueule, le silence, l’ailleurs, le rejet, l’absence quand on est là.
J’ai peur de mourir en étant désagréable, en ronchonnant.
Je veux rassembler parce que c’est ennuyeux d’être seul, de ne plus être, d’avoir été, de ne pas mourir à ses certitudes, de ne pas déranger ses opinions, parce que c’est salutaire de se nourrir.
J’ai peur de mourir longtemps. Je veux accepter de redécouvrir et rechercher encore ceux qui me sont donnés, ceux qui sont là, ceux que je suis allé rejoindre.
J’ai peur de me scléroser et de juger.
Je veux agencer la beauté parce que c’est le bordel d’enjamber, de chercher, de se faire bouffer par les souris et emmerder par les mites.
J’ai peur de mourir défiguré. Je veux apprendre pour ordonner ma tête et agrandir mes champs, pour parler les langages des autres, des mondes éloignés de ma culture.
J’ai peur de mourir maintenant alors que nous n’en sommes qu’à la deuxième consigne. Je voudrai accueillir pour partager.
J’ai peur de mourir pendant que la bourse baisse et que les loyers augmentent parce que je n’arrive pas à oublier que le fruit des années, c’est ce qu’on peut donner, c’est ce qu’on peut transmettre, que j’aime la plus-value alors que j’ai promis publiquement de me dépouiller pour aller trouver la richesse ailleurs que dans le porte - feuilles, parce que j’ai dépossédé du bonheur.
Je souhaite faire envie parce que c’est toujours agréable d’être en complicité, en connivence, en phase, en forme.
J’ai peur de mourir en regrettant.
Je veux harmoniser pour la paix intérieure, pour la paix des voisins, pour la paix familiale.
J’ai peur d’être surpris au milieu d’une préparation sans queue ni tête pour le garde – champêtre, pour l’aide ménagère, pour les enfants.
Je veux rencontrer pour être surpris, pour me renouveler, pour écouter.
J’ai peur de mourir avec les malentendus.
Je voudrai être à l’aise, dans mon élément, dans ma liberté, dans ma joie, dans la création.
J’ai peur de mourir seul.
Je t’aime
Consigne n°5 La parole réelle ou imaginaire dont on a honte
Un jour, je te promets que je t’aimerai, un jour. Je sens que cela vient.
Consigne n°6 Quelles ont été mes premières paroles
Vous ne pourriez pas mettre mon petit lit dans une autre chambre ?
Avec du recul, ça ne devait pas être aussi simple.
Consigne n°7 Quelles seront les dernières paroles qu’on aimerait dire ?
Vous ne pourriez pas venir faire du théâtre, de la peinture, de la musique dans ma chambre ; avec cette perfusion, ça ferait un peu misère de mettre mon lit dans la cuisine.
Consigne n°8 Son épitaphe entre 66 et 103 signes
Je suis encore sur le fil tendu en espérant qu’au loin il peut vibrer une musique
Tu es descendu funambule, la corde raide joue encore pour une nouvelle partition
Jean fait rire, Michel fait pleurer depuis le début jusqu’à toujours. Souviens-toi des larmes de joie
Consigne n°9 L’épitaphe pour mon père, il m’a battu et cela m’a marqué
Tu m’as battu en intransigeance tu n’y as pas gagné en estime
Tu es pardonné parce que je ne suis pas encore au bout du chemin.
Pour ma mère qui m’a gavé
Tu m’as refilé le cholestérol
Du service de la viande au souper j’ai gardé le plaisir de la chair
C’est toi qui juges
Pour votre amour qui vous a trahi
Tu as cru m’aimer plus que tout autre, ça fait très mal
Je ne te pardonne pas d’avoir eu raison
D’un de mes enfant qui m’a déçu
Tu aurais pu manger davantage
On aurait continué pour de vrai à s’engueuler et à s’adorer
Je te pardonne
Consigne n°10 Les 10 choses que l’on aimerait faire avant de mourir
Prendre mon petit - enfant dans mes bras puis par la main
Avoir un beau potager fleuri
Ne plus dire « Ah, ce n’était pas avec toi ? »
Aimer sans mesure
Vassili Golovanov / Vélimir Klebnikov / Andréï Platonov
Le 4 août 2008 dans le cadre du banquet "Le Monde existe-t-il ?", Jacques Bonnaffé lit Vasiliĭ Golovanov " Eloge des voyages insensés "
à Lagrasse au banquet du livre en 2008
Vassili Golovanov : Le livre de la Caspienne - En attendant Nadeau
Récit d'un voyage en Azerbaïdjan, Le livre de la Caspienne est le dernier livre de Vassili Golovanov (1960-2021).
https://www.en-attendant-nadeau.fr/2023/09/09/vassili-golovanov-livre-caspienne/
article du 9 septembre 2023
D.K. qui m'a fait découvrir Khebnikov, lisant Zanguezi au parc du Mugel à La Ciotat Poésie dans l'arbre, une initiative portée par Jacqueline Dussol, cela se passa en août 2011
Le poète russe Velimir Khlebnikov est né en 1885 sur les rives du delta de la Volga, où se croisent le fleuve et la mer Caspienne. Mêlant les mots et les mathématiques dans ses écrits pour te...
https://www.arte.tv/fr/videos/106673-001-A/la-volga-poetique-de-velimir-khlebnikov/
Du 23/11/2021 au 23/11/2023, documentaire remarquable où on voit le mont Bogdo, le delta
In the Deathcar est la chanson du générique d'introduction du film d'Emir Kusturica Arizona Dream. Écrite par Iggy Pop, elle est interprétée d'une voix lugubre par le chanteur punk sur une musique plagiée.
Le générique de fin reprend sous le titre This Is a Film la même musique avec un chœur et des paroles, non chantées, d'Emir Kusturica.
Le poème, écrit par Iggy Pop, évoque, sur le thème du post coïtum animal triste, différentes scènes métaphoriques du film récurrentes dans l'œuvre de Kusturica : l'aboiement du chien fidèle, la vie conçue comme un accident, l'amour à plus d'âge, la vie plus vraie vécue par les personnages de cinéma, la civilisation de la voiture comme un emportement illusoire... Son refrain « Dans la voiture de mort, nous sommes en vie » exprime la philosophie calderonienne, développée dans le film, d'une vie qui n'est faite que d'illusions mais d'un désir qui se perpétue au-delà de la mort.
Les paroles, écrites par Emir Kusturica, reprennent les mots d'Andrei Platonov dans son roman Tchevengour, « Il voudrait montrer à Zakhar Pavlovitch les yeux d'un poisson mort et lui dire, Regarde, là est la sagesse! Le poisson se tient entre la vie et la mort, et c'est pour cela qu'il reste muet et impassible. Je veux dire, que même un veau pense, mais un poisson, non. Il sait déjà tout. ».
Le titre initialement envisagé pour « ce film » était en effet La Valse du turbot
La culture, pour qui ?/ Jean-Claude Wallach
La culture, pour qui ?
Jean-Claude Wallach
Ce petit livre de 120 pages qui a pour sous-titre : Essai sur les limites de la démocratisation culturelle, n’est guère engageant par les titres de son sommaire
- prologue : des mots pour nos maux
- premier acte : la démocratisation est-elle soluble dans la culture ?
- deuxième acte : la culture est-elle soluble dans la démocratisation ?
- épilogue : c’est au pied du mur que l’on voit (qu’on voit) le maçon
On se dit : jeux de mots faciles. Il se révèle à la lecture, pas toujours aisée, que les mots pour bien nommer les choses sont définis, étudiés dans leurs origines historiques, dans leurs effets idéologiques, politiques.
D’abord la distinction entre art et culture. Art désignant les critères, procédures, circuits de soutien à la création, de production d’œuvres tendant à l’excellence artistique. J.- C. Wallach montre bien que depuis Malraux, les artistes, autoproclamés, ont su imposer à l’état, l’autonomisation de leurs pratiques, rendant difficile l’évaluation, favorisant un monde de l’art pour l’art, peu soucieux de la rencontre avec les publics et avec les problèmes d’une société en pleine mutation. La notion d’excellence artistique est du plus grand flou artistique, elle est autoréférentielle, n’a pas à se définir, les experts de l’excellence artistique faisant partie du milieu, les professionnels de la profession, légitimant leurs places et celles des artistes dans un grand processus de cooptation où l’innovation, l’émergence de formes et d’artistes nouveaux ont du mal à se faire une place. Il s’agit bien d’une lutte des places. Culture désigne tout ce qui concerne l’aménagement du territoire en équipements culturels, en moyens et personnels dégagés pour favoriser la circulation des œuvres, selon la finalité définie par Malraux : permettre l’accès des œuvres au plus grand nombre, exigence ayant entraîné la mise en place de politiques successives de démocratisation culturelle. Sans résultats convaincants malgré un maillage du territoire réussi, des moyens conséquents, les financements croisés qui ont impliqué de plus en plus les collectivités autres que l’état, méprisées, négligées longtemps par les artistes, soucieux avant tout de leur reconnaissance par l’état, garant de leur indépendance, malgré aussi des personnels en nombre et compétents pour faciliter la médiation entre les œuvres et les publics.
Une des explications fournies pour expliquer cet échec est intéressante. Quand Malraux a créé le ministère de la culture, en remplacement des Beaux-Arts, jusqu’alors rattachés à l’éducation nationale, il a séparé ce qui relevait de l’art, des artistes, de leur professionnalisation de ce qui relevait des pratiques amateurs, rattachées à la jeunesse et aux sports. Cela a eu pour conséquences une double tendance au mépris :des professionnels pour les amateurs et des amateurs pour les professionnels, avec repli de chaque milieu sur lui-même.
Or, avec l’apparition des nouvelles technologies, les pratiques amateurs ont considérablement évolué, se sont considérablement diversifiées, avec une autodidaxie importante, court-circuitant les institutions de formation, de sélection, d’habilitation. Pendant que les professionnels vivaient entre eux, en vase clos, sauf aventures exceptionnelles, difficilement reconnues d’ailleurs, les vrais gens s’aventuraient ailleurs, inventant leurs nouveaux territoires de l’art, à définir autrement que le sens donné par un rapport à Michel Dufour en 2001, leurs nouvelles pratiques culturelles que les professionnels disqualifient en les caractérisant de pratiques de consommation culturelle, visant particulièrement l’usage de la télévision.
Tout ce qui est dit sur la diversité des pratiques culturelles aujourd’hui, sur leur individualisation, sur leur ancrage dans la sphère privée, à la maison, avec toutes les conséquences que cela a : dissolution de la notion de goût comme attribut d’un groupe social légitime et légitimant, dissolution des notions d’auteur, de créateur, d’œuvre, dissolution des missions des équipements culturels, dissolution des frontières entre amateurs et professionnels… me conforte dans ce que j’ai proposé depuis plusieurs années et au moment de la présidentielle 2007. Les pistes proposées par J.- C. Wallach pour réconcilier art et culture, artistes et publics, amateurs et professionnels dans la perspective d’une démocratie culturelle bien plus pertinente que la chimérique démocratisation culturelle sont à prendre en considération même si on sent trop le désir de maîtrise de l’avenir, peu compatible avec ce que la complexité du monde introduit d’incertitudes dans le champ social.
Une réjouissance : les exclus de la culture, ceux qui disaient : ce n’est pas pour moi, ceux que les « élites » méprisaient, ayant le dégoût de leurs goûts, tentant d’universaliser les leurs, les déplacés pas à leur place à l’opéra, au concert, au théâtre, au musée, ont développé, non une contre-culture, mais d’autres formes leur permettant de se singulariser, de se situer dans le monde, de s’exprimer, de créer. Belle revanche qui provoque depuis plus de 10 ans maintenant, la crise des institutions culturelles et annonce peut-être la mort de l’art et de la culture « officiels » qui avaient pour but non l’appropriation par le plus grand nombre des chefs d’œuvre mais l’instauration d’une culture « légitime » réservée en fait à une « élite ». Revanche porteuse selon moi d’espoir dans la mesure où, ce qui se passe avec la musicalisation de la société le montre, les vrais gens que les pouvoirs s’efforcent de contrôler, de formater, font la preuve, non de leur résistance, mais de leur capacité à se déplacer, à se déporter ailleurs que là où on veut les situer. Même l’usage de la télé est moins aliéné que ce que les gens de pouvoir s’imaginent, moins aliénant donc. Il semble se passer la même chose avec les images qu’avec la musique : une imaginalisation de la société. Ce retour de et à la sphère privée, ce tour de la sphère privée, ce détour par la sphère privée que cette société s’efforce de réduire au maximum me semble être la meilleure résistance à Big Brother et surtout la meilleure façon pour chacun de devenir cause de soi-même, au sens où Marcel Conche entend cette expression. On devine que je me désintéresse par suite du sort des artistes et de la culture « officielle ».
Marilyn, la dernière déesse/Jerome Charyn
Note de lecture sur
Marilyn, la dernière déesse/Jerome Charyn
Ce livre de la collection Découvertes/Gallimard date de 2007. La bibliographie comporte 14 titres, l'essentiel des titres sur Marilyn. Iconographie et légende de qualité. Témoignages et documents bien choisis.
Que nous apporte ce livre ? Des points de vue dont celui de Charyn. Des points de vue contrastés, à l'image de la Jekill and Hyde féminine que fut Marilyn (qui était Gémeaux), femme de lumière (pour autrui) et d'obscurité (à soi), me semble-t-il. Disons que de ces contrastes émerge une femme qui apparemment échappe aux clichés qu'on a présenté d'elle, ce que l'on pressentait. Intelligente, usant de stratagèmes le plus souvent inconscients, réactions somatiques si l'on veut, pour faire entendre raison autrement que par des arguments à ceux qui prétendaient la diriger dans sa vie professionnelle comme dans sa vie privée. Elle a payé le prix fort de cette radicale indépendance ou liberté alors même qu'elle était sous contrat avec des magnats ressemblant à des soudards. Certes, elle s'est plantée avec les Marilyn Monroe Productions, mais n'avait pas renoncé comme le montre sa lettre à Lee Strasberg dans les Fragments. Elle a ouvert la voie à l'indépendance des stars par rapport au star-system. Elle a su séparer, à peu près, vie publique et vie privée, ce que font aujourd'hui la plupart des vedettes.
Ce que ce livre rend perceptible aussi sans que l'on rentre dans les détails, c'est la difficulté à séparer la légende et la réalité, à trouver la vérité. Entre les rumeurs colportées par le service communication des studios, favorables ou défavorables à Marilyn selon ses rapports avec les patrons, les légendes inventées par elle sur son enfance, son adolescence, celles colportées par les plumes acerbes ou chaleureuses des chroniqueurs d'Hollywood, celles colportées par ses hommes, amants, collègues, partenaires … il est impossible de reconstituer un chemin de vérité. On en est réduit à se dire que cette image composite, floue, fruit de multiples interactions d'images n'est maîtrisée par personne, et pas par la personne concernée, cela malgré son indéniable talent et travail sur elle (son corps et son visage ; elle dit sa capacité à faire dire à son visage ce qu'elle veut) et son image (elle passe des heures à LA regarder, en réalité à la fabriquer avec les magiciens qui s'occupent de ses cheveux, de son maquillage, de son corps).
Ce qui me frappe, en écrivant ceci, c'est le relativisme affiché par Marilyn sur la célébrité dont elle sait qu'elle est éphémère et qu'elle ne sert à rien quand on est seule et qu'on a froid la nuit, qu'elle la doit pour l'essentiel à la chance et aux hommes qu'elle a rencontré au bon moment (Johnny Hyde qu'elle a couvert de son corps, la nuit de sa mort, à l'insu de la famille du défunt, dit la légende inventée par Elia Kazan mais c'est si vrai ; ou Lee Strasberg pour sa carrière). Autrement dit, non une vie comme un destin, non une vie comme une tragédie, mais une vie jouée aux dés, une vie livrée aux hasards, Marilyn intervenant avec son intelligence non pour maîtriser, orienter mais dévier ( comme au jeu de billards). Elle dit d'une fille intelligente, qu'elle embrasse mais n'aime pas, qu'elle écoute mais n'est pas dupe, qu'elle quitte avant d'être quittée. Joyce Carol Oates dit que Marilyn, née au moment de la grande crise de 1929, avait une chance sur des millions de devenir ce qu'elle est devenue. Elle avait si peu d'atouts (un corps de rêve, des rêves fous et forts, et un inconscient qui lui a fourni le meilleur (son talent comique mais pas exclusivement) et le pire (ses angoisses, insomnies, ses peurs, ses dépendances). La chance, l'intelligence et les circonstances (la guerre froide, l'anticommunisme des Américains, le maccarthysme – elle fit preuve d'une solidarité exemplaire avec Arthur Miller, lui-même courageux face à ces inquisiteurs – , la fabrique à rêves – moyen d'une domination culturelle mondiale dénoncée par les soviétiques – , l'émergence de la sexualité dans une Amérique puritaine où il faut échapper à la censure … ) ont donné ce cocktail indescriptible : Marilyn Monroe, que je vois moins en déesse qu'en sirène, être hybride. Et parmi les sirènes,
– là-bas ! Thelxiopé la troublante ! ici ! Thelxinoé l'enchanteresse !
Mais ce pourrait être Himeropa, Parthénopé, Molpé, Aglaophone, Aglaopé ...
Jean-Claude Grosse
3 philosophes face à la bombe
Carte des 2053 explosions nucléaires 1945 - 1998
L'artiste japonais Isao Hashimoto a créé une time lapse indéniablement effrayante des 2053 explosions nucléaires qui ont eu lieu entre 1945 et 1998, commençant par le test "de Trinité" du Pro...
Comparatif de la Puissance des Bombes Nucléaires (de Little Boy à la Tsar Bomba)
Bonjour à tous et bienvenue dans cette 2ème des 7 vidéos refaites sur la chaine ! Aujourd'hui nous allons voir ensemble un petit comparatif (en animation) de l'évolution de la puissance des arm...
Les Japonais commémorent le bombardement d'Hiroshima sans nommer les USA
En commémorant l'anniversaire du bombardement nucléaire d'Hiroshima par les États-Unis en 1945, les politiques japonais ont passé sous silence son auteur, mais n'ont pas manqué de mentionner l...
ce 6 août 2023 au Japon
Du N° 13, de la revue Front Populaire, Guerre à la guerre, tu retiens pour t’interroger, l’article Trois philosophes face à la bombe (Albert Camus, Karl Jaspers, Günther Anders) pages 145-151. Tu ignores si le complexe militaro-intellectuel qui vend la guerre sur les plateaux TV, sans la faire, évoque la possibilité de l’usage de l’arme nucléaire dans la guerre russo-ukrainienne otanienne.
L’article de Combat du 8 mai 1945 dans lequel Camus développe sa position est écrit à chaud, deux jours après Hiroshima qui selon la lettre de Claude Heatherly, pilote ayant participé à l’opération, adressée au révérend N., le 8 août 1960, est une erreur accidentelle (la ville n’était pas la cible).
Camus dégage l’enjeu, avec cette arme c’est le suicide collectif de l’humanité qui est possible. La science censée apporter la connaissance et de meilleures conditions d’existence, contribuer au bonheur des gens dans leur vie quotidienne est utilisée pour des meurtres de masse avec une bombe de la grosseur d’un ballon de football.
On a fait de gros progrès depuis, la bombe la plus puissante ayant jamais explosé en essai aérien est la bombe russe Tsar Bomba (3300 fois celle de Hiroshima).
Jaspers fait une conférence 11 ans après Camus, en août 1956 « La bombe atomique et l’avenir de l’homme » qu’il développera ensuite dans un livre de 700 pages, épuisé, paru en 1963 chez Buchet-Chastel. Il met en avant le fait que la théorie de la dissuasion est une folie. Croire qu’on empêchera la guerre parce qu’on possède l’arme nucléaire, c’est ne pas comprendre que toute arme nouvelle finit toujours par être utilisée. Donc, une guerre nucléaire est possible. Ce qui confirme cette hypothèse,
ce sont les essais nucléaires (le chiffre des essais aériens, souterrains, sous-marins sur une trentaine d’années est ahurissant)
et l’impossibilité d’empêcher la dissémination de l’arme nucléaire (sauf à faire une injuste guerre juste).
Anders publie en 1956, la même année que Jaspers, le 1° tome de son magistral livre L’obsolescence de l’homme. Il pense comme Jaspers que la bombe est appelée à être utilisée, que c’est pour cela qu’on l’essaie, que ce ne sont pas des essais de dissuasion pour la vitrine. Au delà de Jaspers, il voit les effets désastreux pour de très longues durées (millénaires) sur les humains, la faune, la flore.
Tchernobyl entre autres est là pour nous raconter ce qui se passe au niveau des sols contaminés, des eaux radioactives, des peaux brûlées, des modifications génétiques…
Avec la guerre russo-ukrainienne otanienne, on est sorti (on est en voie de sortie) de la pax americana c’est-à-dire des guerres innombrables menées par l’impérialisme US depuis la fin de la 2° guerre mondiale (je devrais citer aussi les guerres menées par la France en tout un tas d’endroits en Europe, en Afrique, en Asie) sous couvert de démocratie et de droits de l’homme
pour entrer dans une recomposition géo-politique entre divers impérialismes, dans une ère de choc des civilisations où ce qui était annoncé se déroule tout à fait différemment en dépit des experts (une guerre russe rapide qui s’éternise, un effondrement de l’économie russe suite aux sanctions qui a fort bien résistée, une Europe et un OTAN dépassant toutes les lignes rouges en laissant les Ukrainiens payer le prix fort de la guerre, les États-Unis faisant ce qui s’appelle une proxy war (une guerre médiée par un adversaire-tampon, l’empire visé au-delà de la Russie étant la Chine), des BRICS de plus en plus nombreux et puissants, optant pour un monde multi-polaire.
Ce qui m’étonne, c’est apparemment, le peu de crédit accordé au risque de nucléarisation de ce conflit.
Je préfère penser le contraire, même si c'est désespérant. Oui, cette guerre peut devenir une guerre nucléaire et le conflit peut se mondialiser. Personne ne me semble maître du « jeu ». On est dans un conflit portant sur des valeurs et pas seulement sur des territoires, sur des ressources. Comme les guerres de religion, les conflits de valeurs, de visions du monde, sont des croisades et donc ce n’est pas la guerre pour faire la paix (la guerre c'est la continuation de la politique par d'autres moyens d'après Clausewitz), c’est la guerre pour s’imposer, imposer sa foi, sa vision. L’enfer est peut-être devant nous. Avec son prix, le meurtre, le suicide ? collectif d’une partie de l’humanité.
Pour Camus, le suicide dans un monde absurde est l’ultime liberté de l’individu.
Le suicide collectif, comment doit-il être considéré ? Il est clair qu’il ne s’agira en aucune manière d’une décision libre de chacun et de tous. Aucune concertation des peuples n’a eu lieu. Nous sommes en guerre par le fait de « nos » dirigeants. Aucun vote de l’Assemblée, aucun consultation du peuple par référendum. L'ONU est court-circuitée.
Donc, s’il y a suicide collectif, c’est plutôt d’un meurtre de masse qu’il faudra parler, meurtre imposé, subi. Les princes seront des criminels, devant quel tribunal ? Que les princes, dictateurs, présidents puissent en arriver à cette solution finale, cela s’expliquera-t-il par notre passivité, notre soumission volontaire, notre lâcheté, notre impuissance, notre insouciance, notre inconscience ? Quel activisme pourrait nous en garder ? Camus proposait de combattre pour la paix par la raison, aspirant à un gouvernement mondial (ce sera l’ONU en 1948). Jaspers propose la raison et la sensibilité. Vivre en paix, en harmonie avec les gens qu’on côtoie, qu’on aime, avec la nature, en contemplant la beauté de ce qui s’offre, tant que cela s’offre. J’ignore ce qu’Anders propose.
Vers qui se tourner ? Des 300 livres d’Épicure, il ne reste que quelques pensées de lui sur la politique, dans les maximes capitales. Épicure a été « détruit » par le christianisme. Raison : sa philosophie et sa politique sont immanentes et non transcendantes. Il était incompatible avec Dieu et les fables qui en sont issues, la naissance d’un enfant sans père, une femme qui donne naissance sans géniteur, un fils de Dieu qui meurt et ressuscite, l'eucharistie. Ces fables sont puissantes, durables. Elles sont peu en rapport avec des faits réels. Elles ont plutôt à voir avec nos désirs, celui d'éternité par exemple (Le désir d'éternité, Ferdinand Alquié).
« La justice n’est pas quelque chose en soi mais quand les hommes se rassemblent en des lieux, peu importe, chaque fois, lesquels et leur grandeur, un certain contrat sur le point de ne pas faire de tort ou de ne pas en subir. » M.C. XXXVIII.
Pour Épicure, la politique c’est l’art de produire les conditions de possibilités sociales d’une vie hédoniste pour tous. Il veut que le contrat vise l’établissement de lois justes pour tous, pas pour une minorité de privilégiés. Il sait que l’homme n’est pas naturellement bon et que c’est culturellement qu’il peut le devenir par la philosophie politique épicurienne en particulier. Il est le penseur de la puissance de la majorité, l’antidote à la tyrannie des minorités, des maîtres sur les esclaves. (N°12, Front Populaire pages 6-7).
On voit en quoi des initiatives comme Construisons notre bonheur sont éminemment épicuriennes et sans doute une des bonnes façons de passer contrat. C’est du local, de l’action décidée par RIC.
Ou le projet de Jean Delorme avec les Entrepreneurs du sens.
Si on prend en compte, toutes les initiatives, installées dans le temps, à périodicité stable, (mensuelle, bimensuelle), on se rend compte que certes, les dirigeants nous feront tuer en masse (et cela nous dépasse) mais que nous avons encore de la latitude pour nous rencontrer, discuter, décider de faire notre bonheur avec d'autres.
Maximes capitales - Wikisource
Ce qui est bienheureux et immortel ne s'embarrasse de rien, il ne fatigue point les autres ; la colère est indigne de sa grandeur, et les bienfaits ne sont point du caractère de sa majesté, parc...
Assemblée Coopérative Démocratique Constructive
Dans une ACDC chacun dispose des moyens pour : Apporter son idée Soutenir une initiative Améliorer une situation Réaliser des projets d'intérêts collectifs Être à l'initiative de la loi et l...
Entretien avec Jean Delorme - Éloge d'une économie de précaution
Philippe Guerin, ancien ambassadeur, polytechnicien comme l'a été son père et son grand-père après une lecture attentive m'a adressé par mail cette réflexion : Bonjour Jean. Je viens de term...
https://www.simply-crowd.com/entretien-avec-jean-delorme-eloge-dune-economie-de-precaution/
Après deux N° de la revue des deux mondes, deux N° de la revue Front populaire.
Avec Jean-François Kahn, dans la revue des deux mondes, tu te confirmes dans ce jugement que chiffres et sondages des « experts » de plateau TV et autres tribunes ne sont là que pour habiller, voiler, maquiller, bidouiller, manipuler, orienter, formater l’opinion, ne sont là que pour se substituer à l’opinion, à la voix citoyenne, ne pouvant s’exprimer par la voie référendaire (au sens du RICCARL) localement, régionalement, nationalement, européennement, onusiennement.
Chiffres et sondages, conseils des cabinets de conseils étrangers (américains, allemands) grassement payés contre la voix des gens ordinaires, contre la voie démocratique dégageant une majorité que Tocqueville a décrit comme « le despotisme de la majorité » dans De la démocratie en Amérique.
Voilà une "bible" dont il faut reconsidérer l'impact.
Soit aujourd’hui, « démocratie directe » pas du tout réalisée contre « démocratie représentative » où les représentants élus se servent, s’accordent privilèges et prébendes avec cynisme et mépris du peuple = des gens ordinaires = des périphériques, invisibilisés au profit de minorités agissantes de toutes sortes, les plus gueulardes ayant le plus pignon sur plateau, contribuant à la fragmentation de la société, à son éclatement, à sa décomposition, à la guerre civile, à bas bruits pour le moment, selon Michel Onfray, décrivant par exemple ce qui se passe régulièrement quartier Perseigne, à Alençon, Orne, son département aimé, quartier devenu « territoire perdu de la République » selon un euphémisme pudique, territoire devenu territoire d’une tribu marquant son territoire par « tirs de mortiers, incendies de poubelles et de voitures, barricades, dégradations de mobilier urbain, caillasses, guets-apens de policiers et de pompiers, une bande d’une cinquantaine de personnes masquées, cagoules, armées de barres de fer est allée au contact de la police forte de 35 membres pendant 3 heures. » N° 12, pages 5-6
Avec les N° de Front populaire, N° 12, La tyrannie des minorités, l’art de détruire la France et N° 13 Guerre à la guerre, contre les impérialismes, te voilà en présence d’analyses argumentées, de droite, de gauche, d’ailleurs et de nulle part comme se présente la revue.
Ça déboulonne, ça renverse les statues, ça jette à bas quantité de logiciels, de paradigmes, de discours admis sans distance, par méconnaissance (puisque tout est voilé, truqué) et ça fait un bien fou, tout en déstabilisant au point de ne pas en dormir, sans doute pour remettre un peu de cohérence dans tes convictions.
Tu es confirmé dans ta conviction récente (depuis 2020 environ) que tout un tas de récits sur des épisodes du roman national sont des faux,
- la révolution française (il vaut mieux lire Taine que Michelet ou Jean Tulard),
- l’universalisme des droits de l’homme,
- la colonisation civilisatrice (le célèbre discours de Victor Hugo du 21 août 1849 au Congrès de la Paix, souvent cité mais toujours caviardé, coupé de ce qui aujourd’hui gêne),
- la résistance sous Vichy,
- le gaullisme, le mitterrandisme, le chiraquisme;
qu’il en est de même de tout un tas de récits sur des épisodes internationaux :
- la révolution bolchevique, le stalinisme,
- la libération de la France par les américains,
- la guerre du Viet-nam,
- les guerres du Golfe (l’énorme mensonge de Colin Powell montrant une fiole d’ « arme bactériologique » du régime de Sadam Hussein aux TV),
- les guerres de l’axe du bien contre les axes du mal,
- les guerres justes qui fonctionnent selon un schéma hérité de Saint-Paul, Saint-Augustin, Saint-Thomas d’Aquin, médiatisé par deux Bernard, BK et BHL: je te fais la guerre préventivement à toi dictateur dangereux, au nom des droits de l’homme, de la démocratie, de l’universalisme, d’une façon active, pas réactive, pour t’empêcher de me faire la guerre liée à ta folie. Je tue des gens réels, je cause des souffrances réelles, des injustices réelles au nom d’injustices virtuelles, de souffrances virtuelles. (N°13, pages 2 à 9)
Tu es effaré de voir comment on est passé
- de la génération de 68, dite des Boomers, rimbaldienne, utopiste, qui rêvait d’une société différente, de courir le monde, d’inventer une contre-culture, de définir une liberté neuve
- à la génération des Millennials qui font choix d’un monde fait d’interdits, de censures de tous calibres, de frontières pathologiques entre les races, les cultures, les sexes, les âges.
Comme si on était passé, en quelques décennies, d’« il est interdit d’interdire » à « il faut faire taire celui qui m’offense ». Selon Brice Couturier (N° 12, page 157)
exit avec cette génération, la résilience: ce qui ne te tue pas, te rend plus fort
Tu penses à Marcel Conche, à ses fondements de la morale, au devoir de prendre la parole pour ceux qui ne l'ont pas
(à mettre en contraste avec ce qui est arrivé au Canada à Ariane Mnouchkine, voulant donner la parole dans un spectacle aux indiens autochtones, sans eux et se faisant tailler en pièces, parce que sans eux c'est contre eux = = activisme décolonial; voir aussi ce qui est arrivé à J.K. Rowling)
Woke veut dire éveillé, qui s'éveille, prend conscience. Comment l’éveil a t-il pu engendrer le Wokisme, source de régressions impensables il y a une dizaine d'années ?
Le wokisme est la rencontre selon Jean-François Braunstein d'un courant américain du protestantisme théorisant la notion de péché d'un point de vue collectif et pas seulement individuel (tous coupables, le méchant blanc) et de la french theory, les philosophes français dits de la déconstruction (Foucault, Derrida, Baudrillard).
Pour ma part, j'approuve que l'on révèle la réalité coloniale, dominatrice, exterminatrice, extractrice, prédatrice de l'Occident. Après vient le débat : réparation, repentance... Avec le wokisme, plus de débat possible : il faut passer par la revanche, la vengeance.
Autre point à évoquer : la question de l'identité. Là encore, l'idée de définir, de faire évoluer son identité, ses identités, n'est pas en soi une "mauvaise" idée. Personnellement, je suis favorable à ce que j'appelle la fluidification de l'identité puisque cela correspond à la variété de nos humeurs, sensations, émotions, sentiments, pensées. Mais de là à exiger la reconnaissance par autrui ou par la loi de mes choix personnels me semble correspondre à ce proverbe : les chemins de l'enfer sont pavés de bonnes intentions.
----------------------------------------
(Une vague de folie et d’intolérance submerge le monde occidental. Venue des universités américaines, la religion woke, la religion des « éveillés », emporte tout sur son passage : universités, écoles et lycées, entreprises, médias et culture.
Au nom de la lutte contre les discriminations, elle enseigne des vérités pour le moins inédites. La « théorie du genre » professe que sexe et corps n’existent pas et que seule compte la conscience. La « théorie critique de la race » affirme que tous les Blancs sont racistes mais qu’aucun « racisé » ne l’est. L’« épistémologie du point de vue » soutient que tout savoir est « situé » et qu’il n’y a pas de science objective, même pas les sciences dures. Le but des wokes : « déconstruire » tout l’héritage culturel et scientifique d’un Occident accusé d’être « systémiquement » sexiste, raciste et colonialiste. Ces croyances sont redoutables pour nos sociétés dirigées par des élites issues des universités et vivant dans un monde virtuel.
L’enthousiasme qui anime les wokes évoque bien plus les « réveils » religieux protestants américains que la philosophie française des années 70. C’est la première fois dans l’histoire qu’une religion prend naissance dans les universités. Et bon nombre d’universitaires, séduits par l’absurdité de ces croyances, récusent raison et tolérance qui étaient au cœur de leur métier et des idéaux des Lumières. Tout est réuni pour que se mette en place une dictature au nom du "bien" et de la « justice sociale ». Il faudra du courage pour dire non à ce monde orwellien qui nous est promis.
Comme dans La philosophie devenue folle, Braunstein s’appuie sur des textes, des thèses, des conférences, des essais, qu’il cite et explicite abondamment, afin de dénoncer cette religion nouvelle et destructrice pour la liberté.
Un essai choc et salutaire.)
----------------------------------------------------
Appliqué à l'école, ça donne : "l’école inclusive est la « révolution copernicienne » du système éducatif, la fin heureuse d’une école « ségrégationniste et élitiste » avec l'extension du domaine du handicap...La dyslexie a ouvert le bal à la fin du siècle dernier, destinée à camoufler l’échec de l’apprentissage de la lecture par la méthode globale, bientôt suivie de tous ses avatars poursuivant peu ou prou le même objectif : dissimuler l’échec des réformes pédagogiques engagées depuis quarante ans en l’attribuant aux supposés « dysfonctionnements » neurocérébraux d’élèves chaque année plus nombreux. Cette extension organisée du domaine des « dys » explique sans doute l’étrange statistique selon lequel un quart des élèves français relèverait aujourd’hui du handicap… La déconstruction de la norme – par rapport à laquelle se définit nécessairement le handicap – et l’idéologie victimaire qui sert de boussole aux instances supranationales ont pour effet de pathologiser la société. Pour preuve, la catégorie de « handicap ressenti », strictement déclarative et très sérieusement utilisée par l’INSEE dans l’établissement de ses statistiques sur le handicap en France... Tous handicapés, tous victimes, tel serait donc l’idéal de l’école inclusive." Anne-Sophie Nogaret, N°12, pages 126 à 131.
Une monstruosité médiatique : LCI -- Djamel LABIDI
Dans la propagande occidentale sur la guerre en Ukraine, les medias lourds français, officiels et officieux, à part quelques exceptions, se font particulièrement remarquer dans un soutien sans ...
https://www.legrandsoir.info/une-monstruosite-mediatique-lci.html
à lire, relire, partager
8 août 2023
7 H 10 balade d’une heure sur la route de Montferrer, 4 kms AR.
Mon ombre portée devant moi avec le soleil rasant atteint 15 m. Je vois ma belle allure d’homme à la Giacometti.
8 H 10 je croise Clive, archi-pressé comme à son habitude et dont j’ai rencontré la fille Charlotte quelques jours avant. Magnifique jeune femme de 25 ans. Très émotive, elle avoue que d’avoir 25 ans l’angoisse car il lui faut décider de son projet de vie. Elle veut devenir maman. Fini le temps de l’insouciance, des virées sac à dos dans le monde entier.
On a envisagé une soirée barbecue à 4.
8 H 15, courses légumes-fruits chez les filles. Café.
Je peux me connecter et travailler sans que ça rame à publier l’article Face à la bombe. Jusqu’à 11 H 30.
Interruption d’une bonne demie heure suite au surgissement de Ninon, psychologue et de son père, éducateur spécialisé en retraite. Reprise d’une discussion sur Irvin Yalom, on parle de Camus. Le père est allé sur la tombe de Camus à Lourmarin. J’évoque la tombe de Gabriel Guez-Ricord, quasiment en face.
12 H 30, repas partagé avec Rosalie et Lula.
Sieste d’une heure, réglée comme papier à musique.
15 H 15, balade de 6 kms sur la route de Montefferrer AR.
17 H, discussion sur la place de la république avec papy gaga et un pompier professionnel de Lyon, en retraite. Papy gaga nous annonce la 3° guerre mondiale pour 2025.
Ne nous empêchons pas de construire notre bonheur. Avec nos proches, des gens rencontrés, des amis.
------------------------------
Fin d'après-midi et soirée, je décide de me plonger dans Vers les confins de Serge Rezvani, dont j'ai lu La traversée des Monts noirs. Énorme et agréable surprise.
Ce roman foisonnant correspond à ce sur quoi je travaille en rendant compte de mes lectures de revues. Humour ravageur, dommage que je sois seul, je ne peux partager mes rires. Roman dont j'ai déjà lu un tiers. les livres I et II sur 6 livres. Après reprise du dernier chapitre de La traversée des Monts noirs, et deux jours et une nuit dans le tunnel passant dans les Monts noirs, on prend un convoi de camions militaires en route pour les Confins, désert sans fin où vivent les Esséniens, les descendants de la Bible d'avant sa défiguration par le Nouveau Testament.
Si avec la revue Front populaire, ça déboulonne, avec ce roman, on atteint l'apothéose des déboulonnages, où Spartacus précède de 70 ans, le Christ, où la doctoresse et la mathématicienne sont les seules femmes du voyage d'élucidation des crimes commis dans les Confins, les autres personnages s'appelant l'ami français, l'enquêteur du district, le criminologue, le chercheur en philosophies oubliés, où la philosophe du deuxième sexe n'est pas nommée mais déconsrtruite... Bref, un régal.
https://les4saisons.over-blog.com/article-la-traversee-des-monts-noirs-serge-rezvani-103527428.html
--------------------------------
deux extraits par la doctoresse, Déborah
« – Oui, je veux dire que la Vie est sans pensée, elle ! Sans programme, elle ! Que la Vie va s’épanouir là où se trouvent dans la Nature des interstices qui lui sont favorables. Elle s’improvise Vie ! Sans savoir qu’elle est Vie ! Voyez l’Australie. À peine s’était-elle détachée des autres continents qu’en quelques millions d’années elle invente les marsupiaux. N’est-ce pas sublime d’imaginer, avec notre étrange cerveau spécifiquement humain, que l’Univers se peuple à l’infini d’une Vie aveugle, sans conscience et à la fois de la même violence inventive que le Feu, lui aussi aveugle et sans conscience, des Mondes en fusion ? Que la Vie et le Feu cohabitent à l’infini dans l’Univers comme cohabitent Vie et Mort ? N’a-t-on pas découvert dans les abysses des mers les plus profondes – là où les feux telluriques jaillis du magma terrestre luttent avec l’eau – non seulement des particules de vie mais d’étranges amalgames de cellules formant des corps composés, munis d’étranges griffes et de crochets, capables de supporter des chaleurs proches de l’ébullition ?
Quand nous eûmes roulé un moment en silence, elle avait ajouté :
– La Vie ne connaît aucun obstacle. Et même quand je mets en garde ces bergers dont nous parlions tout à l’heure, à propos de la radioactivité des métaux qu’ils arrachent aux carcasses des grandes épaves ensablées, je sais qu’à l’échelle des générations, l’espèce humaine, le jour où elle sera atomisée, comme ces espèces animales ou végétales qui survivent et prolifèrent en dépit de tout autour des centrales nucléaires dévastées, oui l’espèce humaine même si elle est défigurée, même si elle est méconnaissable, je dis bien l’espèce humaine revenue s’il le faut à son animalité la plus primitive qui n’est que Vie sans figure humaine, s’arrangera pour survivre coûte que coûte en se réinventant autre par tâtonnements successifs. » (pages 102-103)
-----------------------------------
évidemment, je constate la coïncidence d'inspiration avec un poème écrit en juillet et que j'ai mis en voix (5'45"), non partagé
-----------------------------------
Metamorphosis
Cosmogonie orgasmique
Somnolent dans le fauteuil Louis-Philippe,
une image te vient :
La Terre et ses milliers de bouches éruptives,
ses milliers de vulves-geysers,
la Terre ronde est ronde
de toutes les grossesses animales et humaines,
de toutes les germinations florales et végétales,
de toutes les minéralisations calcaires et granitiques.
La Terre est la porteuse, l’accoucheuse
de tout ce qui naît, de tout ce qui prend corps.
Le corps, les corps, encore et encore.
Incarnations en chairs et en os,
en racines et cimes,
en strates et sédiments.
Et tu te vis, foetus en position foetale, dans le ventre-terre.
Du ventre-mer, du ventre-mère
tu es passé au ventre-terre, au ventre-univers........................
Tu as inspiré l’air du Large.
Tu es monté dans la pirogue du Fleuve.
Tu as été fécondé par les abeilles de l’Amour.
Tu accueilles, tu recueilles, tu donnes, tu offres.
Tu ne tries pas, tu ne juges pas, tu n’opposes pas.
Ce qui advient devait arriver,
ce qui adviendra arrive déjà,
ce qui est advenu arrive toujours
parce que le passé ne s’efface pas.
Tout est mémorisé, devient mémoire vivante.
Tu t’es laissé glisser dans l’Océan que tu es.
Tu n’es pas une vie minuscule gouvernée par un zizi ridicule.
Tu es une vie Majuscule reliée au Tout.
Tout copule et consent avec joie à copuler.
Poussières et semences d’étoiles,
germes et spermes de l’orgie de l’évolution,
de l’ontogenèse, de la phylogenèse,
à la vie à la mort.
La fabrique des corps. Et au coeur du corps, le coeur.
Tu es humble de ton humus,
humain de ton humanité,
universel de ton universalité,
divin de ta divinité.
En ouvrant tes bronches,
en activant ouïes, branchies,
tu retrouves tes éléments, l’air, l’eau.
Tu entres dans l’innocence.
Tu es miracle et mystère de ta naissance.
Tu seras mystère et miracle de ta mort.
Tu fais choix de l’ignorance.
Tu ne refuses pas les connaissances
mais surtout tu sais qu’on ne sait rien.
Rien du début, rien de la fin, rien du sens s’il y en a un.
Tu acceptes d’être dans l’incertitude,
tu ne cherches pas de certitudes.
Tu ne crois plus qu’il y a la Vérité à chercher.
Tu essaies d’être dans la Vie, dans l’Amour, dans la Mort.
Tu montes et descends l’échelle,
Du Tartare à l’Olympe,
du Ciel à l’Enfer
et tu bivouaques sur la Terre.
Du Tartare, tel Orphée, tu ramènes poèmes et mélodies.
Épitaphier de tous les morts aimés.
Dans l’Enfer, pas de damnés condamnés à jamais.
Du Ciel, tu ne fais pas le séjour de Dieu ni le paradis des ressuscités.
Dieu ayant créé se cache, tsimtsoum.
Le ciel est espace de légèreté pour la gente ailée.
Dieu est dans le silence d’un souffle subtil.
Dans l’Olympe, aucune guerre des dieux.
Ils ont eu le temps d’apprendre et de pratiquer l’anarchie.
La Terre est danses et cycles.
La grande roue du Grand Manège tourne
bien huilée
sans grincements de dents.
Dieu et les dieux sont présences ineffables.
Tu n’es plus un hamster.
Tu es à Parfaire. Tu es un Parfait. Tu es Parfait.
Danse des mots - Vers les confins (rediffusion)
Depuis des " annes-lumière ", Rezvani délire poétiquement dans des romans qui coulent et nous emportent; Vers les confins nous emmène aux limites de l'écriture romanesque et à la frontière d...
https://www.rfi.fr/fr/emission/20141229-vers-confins-rediffusion
L'amour de la vie
18 septembre Le Revest 1° salon des artistes et écrivains - Les Cahiers de l'Égaré
quelques-uns des invités : Alain Cadeo, Philippe Chuyen, Julien Daillère, Moni Grego, la collection privée du capitaine, Gilles Cailleau, Guillaume Cantillon 1° salon des écrivains et des arti...
le projet initial
j'illustre ce carnet par une nouvelle particulièrement prenante de Jack London, en situation extrême dans le Grand Nord : l'amour de la vie (le trappeur sur la couverture est trop joyeux d’après moi) les situations extrêmes sont aujourd'hui de sècheresse, de températures très au-dessus des normales saisonnières, de méga-feux, d’inondations, de famines, de pollutions nocives, d’épidémies, de migrations dramatiques, de contrôle social total…
La révolte positive de deux octogénaires
Jean Delorme, ami proche de Marcel Conche, le philosophe centenaire,
octogénaire comme moi, m'a proposé, il y a quelques semaines, d'éditer une collection Les Carnets de la culture de la vie
qui aurait pensé qu'amis et éditeur de Marcel Conche, deux octogénaires, décident de produire des carnets de la culture de la vie;
une révolte positive dans les sillages tracés sur la mer par le philosophe de l'infini de la Nature
Jean m'a envoyé un premier carnet : Le calme, une drogue bienfaisante
puis un deuxième carnet : Une nouvelle classe émergente, la classe des entrepreneurs du sens
me demandant de réagir, voire de contribuer
j'ai pris la mouche, les nerfs à fleur de peau, les poils hérissés, de la sueur aux aisselles, me suis levé du pied gauche et après quatre journées de marche-démarche, je peux livrer le carnet L'amour de la vie, écrit à l'encre sympathique à partir de là où j'en suis aujourd'hui
étant passé d'une approche naturaliste
(accord quasi-total avec les métaphysiques de Marcel Conche)
à une approche spiritualiste expérientielle
(reposant sur un vécu sensoriel, émotionnel, sans mots, sans pensées dans la tête = très difficile)
mes propositions-affirmations sont sans preuves
ce sont mes croyances actuelles (je crois que tout est croyance)
d'où l'importance des effets placebo et nocebo des croyances
d'où l'importance de la méthode Coué, pharmacien génial, précurseur des thérapies brèves
(croire est générateur d'effets)
projet Les Cahiers Culture de la vie - Les Cahiers de l'Égaré
ce ne sera pas un mur, ce sera un four, un chaudron de magma Roberto JUARROZ Aujourd'hui je n'ai rien fait. Mais beaucoup de choses se sont faites en moi. Des oiseaux qui n'existent pas ont trouvé...
https://cahiersegare.over-blog.com/2022/05/projet-les-cahiers-culture-de-la-vie.html
un bel hommage à Marcel Conche par Jean Delorme
“Si toute vie va inévitablement vers sa fin, nous devons durant la nôtre, la colorier avec nos couleurs d’amour et d’espoir” Marc Chagall
carnet N° 1
LE CALME
Une drogue bienfaisante
Éditeur Les cahiers de l‘égaré
Collections les carnets de la culture de la vie Inès Nezzerwe et Jean Delorme
Le calme est une drogue bienfaisante, naturelle et durable. Elle ne coûte rien à la différence d’autres drogues dont la liste s’agrandit au même rythme que nos déséquilibres psychiques* qui suivent une courbe exponentielle comme celle des inventions inutiles. La première chose à faire pour échapper à cette spirale infernale, dans laquelle nous pousse la société, c’est de cultiver le calme. Le calme rallonge ta vie, la colère détruit tes jours et raccourcit ton existence.
Mon maître Marcel Conche me disait, il faut mettre la distance la plus grande entre ce qui vaut et ce qui ne vaut rien. Après de longues années de pratique, je sais que nul ne peut être calme s’il ne respecte pas ce précepte.
* L’Oms signale qu’en 2020 la première cause invalidante dans nos sociétés a été les troubles psychiques, elle souligne qu’en Europe 1 personne sur 4 en souffre.
Table des matières
1 – FAIS ATTENTION A TES PENSEES 4
Confidence 5
Mieux définir le calme 8
La recherche d’un maître 10
2- TES PENSEES CONDITIONNENT TES ACTIONS 13
Penser ou calculer ? 14
Puissance et limite de la parole 16
Paroles de grand-mère 19
3- TES BONNES HABITUDES T’AIDERONT DANS TES ACTIONS. 21
Emploi du temps, ordre et rangement 22
Pour une méditation active 24
Le contrôle de la respiration ! 26
4 -CES ACTIONS FORGERONT TON CARACTERE. 28
Le calme rend notre temps plus doux 29
Remise en cause 31
Le calme dans le champ des possibles 32
5 – ET CE CARACTÈRE DEVINT MON DESTIN 35
Il y a toujours un départ 36
Puis arriva une lettre 37
Confidence
Ce carnet est le récit d’un court instant de la rencontre entre Oumalon, un philosophe atypique qui se présente souvent comme un égaré heureux dans l’aventure humaine, et une jeune étudiante prénommée Nezza venue d’un pays lointain. Doctorante en philosophie, elle était chez lui depuis plus de six mois, et venait de terminer d’écrire sa thèse sur ce philosophe, quand, quelques jours avant son départ elle lui fit cette confidence :
C’était un lundi matin, après les salutations d’usage autour d’un café, Nezza
- Je suis souvent stressée, et tu ne peux pas savoir combien ceci me handicape, peux-tu me donner quelques conseils pour être plus calme en toutes circonstances ?
Oumalon :
Pour commencer, je dirais, c’est bien que tu remarques ton état de stress, beaucoup sont incapables de le constater ; chez eux c’est un état normal, alors ils ne voient pas l’intérêt de changer. Tu as mille fois raison de considérer que ton manque de calme est un handicap. Pour commencer, sache que le calme ne se décrète pas, c’est le fruit d’une vie bien construite, c’est un peu le jardin de Voltaire que l’on doit cultiver et entretenir tous les jours. Si tu te donnes cette peine, tu auras de belles récompenses. Une dispute comme un problème ont toujours une histoire, le calme, tout comme le bonheur eux aussi doivent assez peu au hasard. Car rien ne se crée à partir de rien. Les Hommes* ont toujours eu du mal à identifier les causes réelles de leurs difficultés, qui passent dans un premier temps par un ressenti émotionnel donc subjectif qui exclut pratiquement toute analyse. Pour commencer, la première idée qui me vient à l’esprit c’est le chemin de la beauté. Dostoïevski disait : la beauté sauvera le monde. Ici la beauté est prise dans son sens le plus large qui va de la beauté d’un paysage aux qualités d’une belle personne jusqu’au caractère de ce qui est moralement ou intellectuellement admirable.
Nezza :
Si elle peut sauver le monde, elle aura bien la bonté de m’aider dans ma quête du calme, dit-elle avec un petit sourire au coin des lèvres.
Oumalon non moins malicieusement
Si j’ai choisi de passer par la beauté, c’est que j’ai deviné que ton absence de calme à trop de causes et qu’il serait trop long de les identifier précisément. En te proposant la beauté comme remède, c’est que personnellement je m’en sers régulièrement pour mettre la distance la plus grande entre ce qui vaut et ce qui ne vaut rien.
* Homme lorsque j’écris Homme avec une lettre majuscule veuillez lire les femmes et les hommes en attendant qu’on invente un meilleur mot que les humains que je réserve à la biologie, quant au mot individu pour parler de notre espèce je trouve ce mot un peu trivial. Alors on se servira de cette vieille règle de grammaire où le masculin l’emporte, mais sachez que c’est une victoire à la Pyrrhus, car le féminin finit toujours par l’emporter.
ce que nous faisons de la planète, un chaudron; et nous pensons nous en sortir avec du green washing
carnet N° 2
ÉMERGENTE
Loin des sociologues et autres instituts d’analyses, depuis un certain temps émerge une nouvelle classe sociale, « la classe du sens ».
Les politiques, les intellectuels comme tous ceux qui quelque part pensent avoir un droit* plus ou moins affiché sur le peuple ne savent pas qui sont ces nouveaux résistants qui revendiquent ce sens. Pour une raison très simple, ils ne comprennent pas ce que veut dire le sens en dehors des sens interdits et des sens uniques dans lesquels nous devons filer droit si nous voulons avoir une chance de figurer dans l’arbre généalogique des bonnes figures de notre République.
Une guerre de l’incompréhension est engagée entre nous, les entrepreneurs du sens, (j’explique qui ils sont dans le chapitre suivant) et la République de nos aïeux à qui nous devons beaucoup, car nous savons qu’au bout de tous ces sens uniques, que nous proposent nos dirigeants, cette nouvelle classe sociale sait, depuis assez longtemps, qu’ils finissent pour la plupart dans un cul-de-sac.
Malheureusement avec le temps, notre vieille République, s’apparente plus à une sorte de monstre fabuleux des temps modernes avec toutes ses têtes pensantes qui appartiennent aux castes universitaires, industrialo économiques, politiques, voire religieuses. L’hydre républicaine ne pense plus, elle ne fait que régenter tout ceci à grand coup de sens. Les lois qui sont des sens interdits, puis tous ces sens uniques, qui, tels des cours d’eau viennent alimenter le grand lac des héritages désastreux* qu’ils soient scientifiques ou culturels. Mieux que n’importe quel président, fût-il par ailleurs intelligent, cette nouvelle classe du sens, forte de ses millions de têtes pensantes*, a le devoir de lutter contre l’hydre Républicaine* ce monstre fabuleux de la mythologie moderne qui prétend nous aimer en nous détruisant.
* Si je dis pensent avoir un droit, c’est tout simplement que la notion du devoir ne veut plus rien dire, et que nos éminents académiciens, bientôt, pourront rayer ce mot de leur dictionnaire. La majorité de nos responsables pensent qu’ils sont les plus aptes à diriger, pour eux ceci ne fait aucun doute, une sorte de droit divin. Notre République a basculé.
*Héritage désastreux, je ne ferai pas l’affront à mes lecteurs qui savent, aussi bien que moi, combien en si peu de temps avec tous ceux qui se prennent pour les maîtres du monde nous avons détruit notre maison commune « La Terre ». Si, comme mes amis, nous respectons la partie de cet héritage qui constitue nos plus belles avancées civilisationnelles ; par contre, nous entendons lutter contre cette autre partie représentée par la part négative de cet héritage, mise en place et soutenue par ceux qui se prennent pour les maîtres du monde, et ils le sont, mais d’un monde qui s’écroule.
* Têtes pensantes. Nous avons l’habitude de dire, et ceci à juste titre, qu’il y en a plus dans 100 têtes que dans une, alors des millions ! qu’en pensez-vous Monsieur Macron ?
* L’Hydre Républicaine, je sais que la démocratie est le moins mauvais des systèmes, et je salue tout ce que nous lui devons. Je sais aussi qu’une majorité d’États de par le monde mènent une politique plus dévastatrice pour notre planète et l’humanité. Mais, si nous ne dénonçons pas ces erreurs qui vont de toutes ces oppressions administratives que l’on paie avec trop d’impôts au cercle infernal qui consiste à déclarer des guerres que nous aurions pu éviter. Seule, cette classe du sens, la cheffe de file de la société civile peut instaurer une République réellement fraternelle qui pourra servir de modèle pour ceux qui veulent lutter contre toutes ces oppressions qui ne sont ni notre destin ni une fatalité.
Alors ensemble, ouvrons une voie nouvelle qui ne manquera pas de nous éclairer au fur et à mesure que sortiront tels ou tels carnets qui auront tous vocation à nous accompagner et à prouver qu’une autre façon de vivre est possible, plus fraternelle, plus heureuse, protectrice de la nature et de l’humanité.
carnet N° 3
ce carnet renvoie en moins allumé, illuminé à Et ton livre d’éternité ?
666 pages écrites en « état » de flow
livre paru le 14 février 2022
L'amour de la vie
1 – l'amour de la vie est notre éventuelle réponse individuelle à l'Amour inconditionnel de la Vie pour tout ce qu'elle crée selon ses deux pharmacons :
Tu es aimé, à égalité avec tout ce que je crée, de la bactérie à la galaxie.
Tu es mon bien-aimé, dans ta singularité, dans ton unicité.
En te réjouissant, tu me réjouis.
Lire, relire le chapitre 5 de l'évangile selon Matthieu; tout est dit et fort, propositions inouïes, inaudibles
https://www.aelf.org/bible/Mt/5
2 – la Vie crée ; elle est puissance créatrice ; elle crée par et avec amour inconditionnel ; source éternelle, sans forme, énergie infinie, elle donne forme et vie temporaire à tout ce qu'elle crée ; l'amour inconditionnel est une puissance génitrice, pas un sentiment
3 – l'amour de la vie ne juge pas, ne sépare pas, ne classe pas, ne hiérachise pas.
Aimer la vie, c'est aimer tout ce qui existe, c'est respecter tout ce qui existe.
À commencer par soi. S'aimer, se mettre au centre, être auto-centré
pas au sens narcissique de l'ego gonflant son nombril, ses muscles, ses compétences, sa fortune
au sens de je suis au centre, je suis le centre de ma vie, j'en suis le co-responsable, le co-créateur, le co-développeur.
C'est en étant auto-centré, co-créateur de ma vie, que je deviens un être rayonnant, aimant ce qui m'entoure, nature, sociétés, cultures, Histoire, histoires et légendes, vrais mensonges et fausses vérités, gens, animaux, végétaux, minéraux, étoiles, bactéries et virus, vivants et morts, curieux du proche comme du lointain, allant facilement au contact, accueillant ce qui s'offre dans sa diversité, sa variété. La peur a disparu.
Proposition d'Hélène Tysman sur une page de Thierry Zalic :
En langue des oiseaux : j'ai peur => j'épure
GAME OVER
« Et si je faisais comme si « je » était mort ?
Juste un jeu… parce qu’on ne sait pas encore faire « pour de vrai ».
Alors on ferait comme si…
Comme si tout était déjà fini, conclu, accompli, réalisé.
Comme lorsqu’on assiste aux funérailles de quelqu’un et que l’on voit la fin de cette histoire. La fin de l’histoire de cet individu.
Mais que réalise-t-on vraiment de cet incompréhensible ?
Cela me fait penser au train qui passe. Au train qui passe devant les vaches.
La vache regarde le train qui passe une seconde dans sa vie de vache. Il ne fait que passer.
De même, cette vache n’est qu’une apparition dans la vie du train.
Ainsi est le personnage.
Une apparition.
Si l’esprit décide que tout est déjà terminé, que se passe-t-il ?
Ne serait-ce pas cela que l’on nomme l’abandon, au sens mystique ?
Pas celui d’une résignation mal placée.
Au contraire, celui qui permet le véritable commencement de toute chose.
En un mot : liberté.
Le personnage est mort. Vive le personnage !
Comment vous comporteriez-vous si vous aviez appris que vous étiez mort et assisté à vos propres funérailles pour ensuite avoir un boulevard devant vous ?
A quoi ressemblerait ce chemin quand tout conditionnement est mort ?
Lâchées les attentes, lâchés le début et la fin, lâchés l’histoire, les doutes et les croyances…
Imaginez.
Que verriez-vous du monde ?
De vous ?
Des nuages dans le ciel ?
De vos pas qui vous mènent ici ou là par les odeurs et les sons ?
Si « je » n’existe plus… tout prend la forme de la vastitude. L’infini.
Les frontières n’existent plus.
Une goute de pluie devient un océan, un grain de sable le désert entier.
Je pense à @alejandro.jodorowsky à l’instant et me dit :
voilà le rituel magique que nous pourrions faire, à peine nés.
Mourir à soi ! La folle sagesse.
Sans souffrance nécessairement.
Juste un râle.
Juste un souffle.
Le dépôt d’une illusion dans une boîte.
Rendre la finitude à la finitude.
Puis gonfler à bloc les poumons déchargés de ce bagage inutile.
Alors commence la Vérité !
Ni le train ni la vache.
Seul existe l’instant.
Selon cette manière de voir, arrive ce qui arrive, arrivera ce qui arrivera : je suis l'attracteur de ce qui m'arrive ; cela est vrai individuellement, sans doute collectivement.
Dans cette optique, je ne suis jamais victime, j'accueille ce qui arrive, bonheurs, malheurs, comme moments, épreuves pour, si je le décide, le désire, me nettoyer, me guérir,
par exemple d'une blessure d'enfant, enfouie au tréfonds, devenue programme me faisant répéter des relations amoureuses sans retour, moi, le petit enfant rejeté au moment de l'arrivée du cadet
ou pour une évolution plus consciente, une élévation de conscience,
par exemple en expliquant la martingale d'un nouveau CNR faisant exploser le plafond de verre créé par Miterrand, pour voter RN au 2° tour de la présidentielle
ce qui a eu pour effet d'éloigner de moi, tout un tas d'"amis" du monde de la culture
mais dont les résultats aux législatives sont clairs :
pas une voix au RN fait monter le RN depuis 20 ans
et les GJ entre autres ont par leur vote de 2° tour donné 89 députés RN contre 25 à 40 d'après les sondeurs, empêchant un 2° mandat à majorité absolue de Macron.
AELF - Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu - chapitre 5
01 Voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s'assit, et ses disciples s'approchèrent de lui. 02 Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait : 03 " Heureux les pauvres de cœur, car
Législatives: pourquoi les scores du RN ont-ils été sous-évalués par les sondages?
La parti d'extrême droite a obtenu le double d'élus par rapport à ce que les enquêtes lui prédisaient ces dernières semaines. Un score historique. Ce dimanche soir, et contre toute attente, l...
4 – s'aimer, se mettre au centre, c'est cultiver la fluidité, ne pas se figer dans une identité, reconnaître les variations d'humeur, les influences multiples, multiformes, repérer les coïncidences, provoquer les synchronicités, aller vers, au risque, au plaisir de se perdre ; aller vers, c'est s'ouvrir à la différence, à l'altérité, c'est en être modifié, bonifié, même quand ça rate, qu'on croit que c'est raté ; rater pour mieux rater propose Beckett
5 – aimer la vie, c'est l'aimer dans l'immédiateté des ressentis. Corps, esprit, âme, cœur, ventre, pieds, mains sont les organes de nos ressentis, incroyablement riches, subtils et qui n'attendent que notre écoute.
Être à l'écoute du corps, du pied gauche au réveil, du pied droit au coucher, être à l'écoute du ventre, de l'alchimie fumante et pétaradante qui y est à l'oeuvre, être à l'écoute du cœur au sens pascalien et pour son magnétisme aux 40000 neurones.
Enfants, nous avons été des praticiens sans connaissances de ces écoutes des ressentis. Puis est venu le temps des formatages, des programmes inconscients distillés par les parents puis des programmes scolaires à attraper des scolioses pour devenir aveugle, sourd et muet.
On est passé à la médiation par mots et concepts, à la déréalisation du réel.
Est fustigée la dictature de l'émotion par les réseaux sociaux.
Les fustigeurs ? Hommes des mots, de la rationalité, des raisons, devenus souvent insensibles, voire cyniques.
Que la multitude use des réseaux sociaux pour exprimer ses émotions, ses ressentis, primaires disent les fustigeurs, me semble un laboratoire pour un grand nettoyage émotionnel qui donnera ce qu'il donnera.
Je ne partage donc plus la négativité des jugements portés sur le narcissime à l'oeuvre dans les selfis, exprimé par les like sur les posts, même si personnellement, je limite ces usages.
Retrouver l'immédiateté des ressentis demande attention, intention et intuition.
Satisfaire mes 7 corps :
« Mon corps Physique me réclame du confort, de la douceur, de la tendresse, de la sensualité, de la sécurité, une alimentation moindre, plus saine et de l'exercice mesuré. Il aime que je sois attentif à son rythme biologique et à ses messages. Il aime quand je GOÛTE la vie, avec l'acuité de mes 5 sens.
Mon Corps Mental désire toujours plus de simplicité, d'autonomie, d'évidence, de pouvoir personnel et d'amplitude d'action. Je lui offre de la reconnaissance intérieure. Il sait ce qu'il veut : de la fluidité et rien d'autre.
Mon Corps Emotionnel me demande de la musique, de la lecture, que je lui propose des histoires enchantées, des contes, que je joue et que je crée en permanence avec ma vie.
Mon Corps Christique me réclame de l'Amour et désir l'offrir aux autres en retour. Il aime servir et partager sans rien attendre en retour, parce qu'il sait que donner est recevoir. Il apprécie particulièrement quand j'offre mes clefs de compréhension, quand je fais des trocs, quand la notion d'argent n'existe plus.
Mon Corps Ethérique cherche un dialogue énergétique permanent et harmonieux avec toutes les consciences et avec tous les règnes ... il adore "guérir", apaiser, ressentir le subtil vibratoire.
Mon Corps Astral se nourrit du discernement, de l'inspiration, de l'imagination, de visions et de la hauteur de vue sur mon expérience de vie, ou sur celle des personnes qui me sollicitent. Tel un voyageur de l'invisible, il est constamment sur le qui-vive, toujours prêt à aller chercher l'information au-delà du temps et de l'espace.
Mon Corps Causal me réclame de l' Art, du Sacré, de l'humour, du rêve, de la magie, la beauté mathématique invisible de la nature, des architectures et des lois de l' Univers. La règle est qu'il n'y en a plus. Ma pure liberté d'être est son délice.
Peu à peu, mes 7 corps sont passés aux commandes de ma vie. Je ne contrôle plus rien.
Il est définitivement terminé le temps de la demi-mesure ou de la négociation envers moi-même.
En retour, selon mes actes, mon attitude ou mes pensées, je reçois une claque ou une caresse.
J'apprends.
Je suis attentif à leurs moindres DESIRS.
Mon corps est mon maître intérieur.
Mon coeur vibre avec l'univers.
Je sais qu'un désir, une intention, une envie est toujours un APPÂT envoyé par l' UNIVERS.
UNE LECON se trouve dans le CHEMIN qui mène au DESIR. »
by Jacky Le Faucheur relayé par Nathalie Froment sur une page de Thierry Zalic
cahier des futurs désirés, un travail d'intelligence collective pour et avec Corsavy / la beauté à Collioure, racines et rocher, le peuple y est
6 – La gratitude permet de dire merci à ce qu'on vient de vivre, de prendre conscience de ce vécu : rien ne nous est dû, tout nous est donné, l'abondance est en nous, autour de nous, dans un regard, un sourire, une poignée de mains, une caresse.
L'abondance s'offre sans demande de résultats, sans attente de résultats, sans prières pour obtenir.
L'abondance dont je parle se moque de la sècheresse. La beauté est partout présente à qui veut la recevoir. L'amour est à l'oeuvre dans toute germination, toute éclosion, dans tout chant d'oiseau, tout croassement de noir corbeau, dans tout vol de papillon, dans toute poussée de sève, dans toute montée de désir où le fantasme joue sa partition en lien avec l'impossible coïncidence-fusion avec l'autre, jamais aimé tel qu'il est puisque mystère et opacité.
7 – la beauté (et la beauté de la laideur, du monstrueux) offerte par la nature, la beauté créée par l'homme, la beauté donc est aussi une puissance ; elle a des effets ; il suffit de voir un coucher de soleil sur l'Atlantique, d'entendre les applaudissements au moment de la disparition du disque. En Méditerranée, on n'applaudit pas, il y a dans la Méditerranée des milliiers de migrants noyés.
8 – aimer la vie, c'est la vivre comme miracle pour notre irruption dans le monde, comme mystère pour notre sortie du monde.
Aucun savoir, aucune théorie de quelque science que ce soit ne rendront compte de ce miracle de la naissance, de ce mystère de la mort. On peut donc allègrement s'émanciper de l’influence des chercheurs, des experts.
Tout au plus, les connaissances scientifiques confirmeront l'évidence qu'à n'importe quel moment du chemin de connaissance, on ne sait rien selon le paradoxe que ce que l'on sait augmente le champ de ce que l'on ne sait pas.
Il n'y a pas de savoir ultime.
Éventuellement, les connaissances scientifiques consolideront notre curiosité et notre émerveillement.
9 – aimer la vie avec gratitude, c'est prendre conscience que ce qui nous entoure est miroirs, que dans ces miroirs c'est toujours une partie de moi que je projette, que je perçois.
La tendance dominante est de prendre ces reflets pour des réalités, autrement dit ce que je n'aime pas ou que j'aime chez l'autre est objectivé et je ne perçois pas que c'est une partie de moi que je n'aime pas ou que j'aime.
Si on a conscience que c'est notre regard, les mots qu'on emploie qui créent ce que l'on croit réel, extérieur, alors l'autre n'est jamais un ennemi, on n'a aucun ressentiment à son égard, on ne le jalouse pas, on ne lui veut aucun mal, aucun bien non plus.
J'ai mis longtemps à admettre que je n'ai pas à sauver l'autre, que je ne dois rien lui proposer quand il m'expose ses problèmes. Seulement l'écouter avec bienveillance, compassion. Vouloir aider, sauver, c'est en croyant donner, en donnant, demander un retour, généralement d'amour.
Cela vaut me semble-t-il pour ce que l'on cherche à entreprendre pour résoudre les maux de la société, pour soigner les plaies de la planète.
20 – le féminin ayant été maltraité pendant des siècles (l'inquisition a brûlé des millions de soricères), il faut le résusciter, le remettre debout. Voici quelques indications tirées de Emmanuel Tala formation : « Le féminin sacré est tout ce qui est liée à l'intuition, la contemplation, l'empathie, la solitude, la douceur, l'introspection et l'intuition.
15 – Aller et venir / Laisser le poids dans le fauteuil
Laisse le poids dans le fauteuil
S’il te plaît
s’il te plaît
s’il te plaît
là,
enfonce-toi,
laisse tes épaules emplir le dossier du fauteuil, emplir les coussins.
Laisse tes fesses pénétrer le tissu.
Laisse tes bras épouser le bras de ton siège… s’il a des bras…
Tu as pris ta respiration comme on prend un enfant contre soi, puis tu as repoussé cette respiration comme tu l’aurais repoussée sur une balançoire,
et maintenant elle revient… puis repart… et revient…
Par ses deux temps, aller, et venir, s’emplir, puis se vider… elle vient, et elle va…
Tu t’enfonces, ton poids s’enfonce. Ce qui va de l’autre côté y va, et revient… Au moment où le souffle te quitte, éprouve entièrement qu’il te quitte.
Et quand il revient, éprouve entièrement qu’il revient.
Tu es ni triste ni soulagé, tu es dans le va-et-vient, tu es soulagé sans même te le dire, tu t’es retrouvé au contact de toi-même par le va-et-vient.
Un nouveau contact.
Et ça va, et ça vient, en rythme des marées, et ça nettoie ce qui avait besoin d’être nettoyé.
Là…
tu retrouves le contact, autant quand ça va, que quand ça vient.
Là… tu es là.
Les déchets partent avec la marée, et tu retrouves le contact.
Le poids s’évacue par tes fesses,
il s’évacue par tes pieds, il s’évacue par tes oreilles.
Tu ne fais rien. Une neige chaude tombe sur toi, une neige de chaleur, ou une brume, une brume claire, à moins qu’une fée t’enveloppe, te lange.
C’est bizarre.
Les images se succèdent, différentes, toujours soyeuses.
Tu entres dans l’œuf en même temps que tu en sors.
Tu vas-et-viens en entrant et sortant de l’œuf, sans même entrer ni sortir. Tu es dans la frontière du va-et-vient, dans l’oxymore des grammairiens qui t’introduit à la suspension active et dynamique.
Tu es dans le rythme immobile de la marée vivante, dans son souffle va-et-venant qui te recouvre de l’intérieur comme un linge doux, qui te caresse les lèvres, un éternel instant.
Thierry Zalic Extrait de Hypnose quantique 3 : La Joie
des images, des photos, des montages sont souvent des déclencheurs d'envies, de désirs, de rêves, d'énergies, de vibrations ; les mots et concepts n'ont pas ces pouvoirs
21 – un billet d'Alain Cadéo : Légèreté
Si il y a une chose que nous avons bien oublié, c’est de se laisser porter, par les vents, les idées, un tourbillon d’instants vivants. Nous avons tant voulu tout contrôler et tout nous a échappé. C’est bien fait ! Un crétin prévoyant ne vaudra jamais un idiot insouciant. Alors évidemment, vous me direz: « Oui, l’insouciance c’est bien joli, mais il faut tout de même assurer ses arrières ! » Quelle vilaine expression ! Car à trop protéger son cul, de plomb, d’or ou de barbelés, on finit par couler, s’enliser, bardé de certitudes. Non, rien ne vaut d’être léger comme un sentier de plumes, sans calcul ni arrière pensée, car si la joie existe c’est devant, avec l’œil rond de l’innocent.
« si les anges volent, c'est parce qu'ils se prennent eux-mêmes à la légère »
G.K. Chesterton
Covid : comment l'irrationalité s'est emparée de nos sociétés
Face au covid, il existe un dilemme fondamental entre liberté et santé, entre la sévérité des restrictions et le nombre de vies sauvées. Le rôle des pouvoirs publics est de trouver le bon co...
Texte de Samuel Fitoussi sur les biais cognitifs appliqués à la gestion de la covid ou comment les dirigeants dirigent une société paranoïaque sous hypnose collective, eux-mêmes, hypnotisés
Imbécilisation de l'espèce, le passage à l'Idiocène | FranceSoir
CHRONIQUE - Entre toutes les menaces existentielles, il en est une absente de tous les agendas. Et pourtant elle détermine le futur de notre espèce. Il s'agit du déclin global du coefficient ...
https://www.francesoir.fr/societe-sante/imbecilisation-de-l-espece-le-passage-l-idiocene
la crétinisation de masse est en marche, en haut, en bas, au milieu, aux extrêmes
" Courir derrière des besoins illimités est une impasse écologique et existentielle "
Cofondateur du Mouvement français pour un revenu de base, Solenne Vaulot Morel soulève la question des liens entre les formes contemporaines du travail, orienté vers la production sans limites, ...
▷ Picasso : la recette du bonheur - Créateur ✵ Paix intérieure
ll➤ Découvrez la vie et le parcours de Picasso ☆ Artiste insolite et audacieux, entre deux peintures, il nous partage sa RECETTE du BONHEUR.
https://createur-recherche-paix-interieure.com/recette-du-bonheur-picasso/
peut-être écrite par Picasso, une belle recette du bonheur pouvant servir au groupe Construisons notre bonheur, basé à Solliès dans le Var
l'amour de la vie, offert en pdf, 24 pages, 25 articles, oeuvre en partie plurielle; les emprunts sont indiqués
Marilyn Monroe/Don Wolfe/Joyce Carol Oates
Marilyn Monroe
Don Wolfe/Joyce Carol Oates
Travaillant au livre à 36 voix, Pour Marilyn, je suis amené à lire un certain nombre de livres, biographies, romans. Pour finir, ce seront les Fragments de Marilyn elle-même.
Marilyn Monroe/Enquête sur un assassinat de Don Wolfe date de 1998. 15 ans d'enquête, 6 ans d'écriture, c'est un temps considérable pour un résultat convaincant, en cinq parties. La 1° est consacrée à la mort de Marilyn. De plus en plus de livres et de documentaires télé comme le Contre-Courant de Stéphane Paoli du 21/11/2003 avancent la thèse d'un assassinat le 4 août maquillé en suicide le 5 août. Les motivations sont nombreuses, les principales étant les révélations supposées de Marilyn lors d'une conférence de presse prévue le 6 août, révélations sur les agissements et les projets du Président et de l'attorney général. Marilyn prenait des notes de ses conversations et son carnet rouge présentait une menace pour la sécurité nationale, d'après le FBI et la CIA. La présence de Robert Kennedy est attestée tant dans l'après-midi que dans la soirée du 4 août. Les détails varient d'un auteur à l'autre. Les variations sont plus importantes sur les causes : assassinat (homicide volontaire), maladresse médicale (homicide involontaire), sur les commanditaires et les exécutants, sur les complicités voulues ou involontaires. On peut renoncer à la théorie du complot mais observer de curieuses connivences de fait entre des protagonistes aux intérêts différents : Kennedy, Lawford, Greenson, Murray, Engelberg, Newcomb, Jefferies … On peut aussi constater ou admettre que ce que l'on appelle machine d'état, appareil judiciaire fonctionnent comme des machines et des appareils, se mettant au service de ce qui doit rester caché. On est impressionné par l'acharnement à ne pas relancer l'enquête, à ne pas présenter l'affaire devant un grand jury … Bref, le mystère de la mort de Marilyn, en grande partie élucidé, reste tout de même mystérieux.
Les autres parties du livre nous décrivent l'enfance de Norma Jeane, l'orphelinat, les familles d'accueil, le mariage à 17 ans, la pin-up, le bout d'essai, le premier contrat à 75 dollars par semaine et le nouveau nom : Marilyn Monroe, née le 24 août 1946, les films et mariages, les ruptures avec les maris comme avec Hollywood ou New York. J'ai apprécié les 4 parties consacrées à Marilyn Monroe, Zelda Zonk car elles sont écrites par quelqu'un qui a appris le métier d'acteur, qui a travaillé aux studios et qui donc fait preuve d'empathie pour son sujet et de connaissance sur son art. Il y a des trouvailles d'écriture qui font de cette biographie plus qu'une biographie, déjà un roman. Évidemment, on sort éprouvé de cette lecture. Certains chapitres comme le 58° sur le week-end des 28 et 29 juillet 1962 au Cal-Neva Lodge à l'invitation de l'infâme Franck Sinatra donnent la nausée. D'autres ouvrent sur des abîmes (le mystère de cette femme, de cette personne) comme le 41° : Ne tuez rien, s'il vous plaît ! J'en conseille la lecture ; c'est une mine qui se nourrit du travail de prédécesseurs sans les répéter inutilement. Les sources sont indiquées avec précision. Je relève au passage, la discrétion de M.M dans sa vie privée. Certes, avec la presse aux trousses, il y eut des révélations, scandales mais elle a su à de nombreuses reprises devenir anonyme, passer incognito et se préserver, préserver ses RV, ses rencontres. Perruque, lunettes noires, imper, noms de code et hop !
Blonde de Joyce Carol Oates date de 2000. C'est un roman et non une biographie, une synecdoque comme dit l'auteur dans sa note. L'empathie de Joyce Carol Oates pour le personnage de Norma Jeane est communicative. L'auteur, en 1110 pages (Livre de poche), réussit à nous faire rentrer dans la peau, l'âme de son personnage (La peau est mon âme. Il n'y a pas d'âme autrement. Vous voyez en moi la promesse de la joie humaine). On ne cherchera pas à démêler la fiction et la réalité. On a affaire comme dit l'auteur à une tragédie en 5 actes avec deux registres d'écriture, une écriture réaliste pour la réalité extérieure et une écriture surréaliste pour l'intime, la vie intérieure, les rêves, visions, hallucinations, un roman pluriel, à multiples voix, avec une présence forte du sexe (très impressionnant de voir comment cette romancière pudique sait nous balancer à la gueule nos turpitudes, nos fantasmes …), avec aussi cette recherche de l'amour, cet amour de la vie, de toute vie, son amour de la nature, même si Norma est plus citadine que paysanne. La variété des écritures me semble oeuvrer dans le sens d'une composition juste du personnage, aller dans le sens de la vérité du personnage : on est embarqué, on est touché, on s'attache, on n'abandonne pas (comme elle a été abandonnée partiellement par la mère, totalement par le père mais comme elle qui n'a jamais abandonné). Si on veut comprendre la blonde, il faut partir du contexte : la grande crise de 1929, comment s'en sortir ?, le mariage à 17 ans, fin de la vie pour la plupart des jeunes filles de l'époque, devient pour Norma, le point de départ d'une conquête de soi, d'une affirmation de soi, au travers d'une blonde sophistiquée créée par l'usine à rêves, même si le prix à payer fut en partie celui du cul (beaucoup ne voyaient que son cul, d'autres les seins, d'autres la bouche, les lèvres en O parfait, disant Mmmm, d'autres les yeux, quelques-uns le visage, et très rares, la femme, la personne ; s'il existait des photos prises par des soldats de Corée ou des souvenirs de son tour de chant ! en tout cas, elle sut montrer à ceux qui avaient produit la ravissante blonde idiote qui roule des hanches, qu'elle était une sacrée femme ; élevée un temps dans la Science chrétienne, il semble que l'affirmation de Mary Baker Eddy sur l'irréalité du mal ait influencé Norma Jeane qui semble avoir traversé les épreuves mauvaises et méchantes comme si elles ne l'atteignaient pas ; elle était sans doute blessée ; trop de signes : dépression, addictions diverses montrent les effets du mal mais malgré tout, à chaque fois, elle rebondit, à chaque fois, elle puise l'énergie contre ses propres tentations d'abandon, de suicide, de renoncement).
Joyce Carol Oates montre bien comment cette construction s'opère, comme un aller-retour entre réel et scène, scène et réel (et la scène se poursuivrait ainsi comme font les scènes, en notre absence, page 1096), comment ce qui pourrait s'apparenter à une structure psychotique (dédoublement) sert d'arme à Norma pour imposer son approche de ses personnages aux metteurs en scène, pour combattre les studios et les médias qui ne veulent montrer que le produit Marilyn, comment elle sait rompre quand elle perd son âme pour se retrouver elle, ailleurs, modeste et géniale actrice sur la scène d'une célèbre école de New York, anonyme dans les rues et accessible dans les jardins. Son rapport au temps ((qu'est-ce que le temps ? Sinon ce que les autres attendent de nous. Ce jeu que nous pouvons refuser de jouer. Et qu'elle sut si bien refuser de jouer !), ses retards sans culpabilité, ses séances de préparation qui durait des heures comme on prépare un cadavre, autant de faits révélant la force de Norma, difficile à vivre pour les autres, les salauds, navigatrice dans une rivière sans retour, impétueuse, et où il faut beaucoup d'instinct, d'intelligence, de volonté, de détermination, d'astuce, de stratégie, d'humour pour ne pas se naufrager. Car si mort jeune, il y a eu, elle est le fait des autres, des barbares dont le tireur d'élite.
Jean-Claude Grosse, à Corsavy, le 1° août 2011
Les arcanes des festivals de ciné Frémaux, dégueulé général, souhaitait la présence au Festival de Cannes de Blonde de Dominik, un film Netflix qui a mis une dizaine d'années à émerger po...
https://inculture.wordpress.com/2022/09/19/marilyn-de-risque/
Devenir Marilyn | Documentaire | ARTE Cinema
Marilyn n'est pas née Marilyn, elle l'est devenue. Elle se dévoile dans ce portrait inédit, avec ses mots à elle : une femme lucide et déterminée, reflet mouvant des diktats qui continuent à...
disponible jusqu'au 7 avril 2023
Jouer Marilyn - Les Cahiers de l'Égaré
pendant ma semaine de censure par FB pour la couverture du roman L'origine du monde de Serge Rezvani chez Actes-sud, j'ai appris la parution du N°9 de la revue d'études culturelles de l'universit...
https://cahiersegare.over-blog.com/2022/10/jouer-marilyn.html
Manifestations Marilyn après tout - Blog de Jean-Claude Grosse
Projet Marilyn Monroe lancé en avril 2011 réalisé en mai 2012 Le livre Marilyn après tout est paru aux Cahiers de l'Égaré Réalisations : 2015 : 10 mars à 19 H au Théâtre Denis à Hyères,...
https://les4saisons.over-blog.com/article-pour-marilyn-75491063.html
Misfit/Adam Braver - Blog de Jean-Claude Grosse
Misfit d'Adam Braver Éditions Autrement Ce roman sort au moment où Marilyn et son mythe sont célébrés, 50 ans après tout. S'appuyant sur des situations réelles, lieux et dates, personnages, ...
https://les4saisons.over-blog.com/article-misfit-adam-braver-105939972.html
The Misfits d'Arthur Miller (1960) - Blog de Jean-Claude Grosse
The Misfits d'Arthur Miller J'avais le livre dans ma bibliothèque depuis 1961, publié par Robert Laffont pour la Bibliothèque du Club de la Femme. 50 ans que ce livre attendait que je le lise ...
https://les4saisons.over-blog.com/article-the-misfits-d-arthur-miller-1960-77623058.html
Marilyn, une femme/Barbara Leaming - Blog de Jean-Claude Grosse
Marilyn, une femme par Barbara Leaming Cette biographie date de 2000. Elle est bien documentée pour le point de vue qu'elle adopte, l'essentiel étant centré sur le conflit permanent entre le Studio
https://les4saisons.over-blog.com/article-marilyn-une-femme-barbara-leaming-81931763.html
Marilyn, la dernière déesse/Jerome Charyn - Blog de Jean-Claude Grosse
Note de lecture sur Marilyn, la dernière déesse/Jerome Charyn Ce livre de la collection Découvertes/Gallimard date de 2007. La bibliographie comporte 14 titres, l'essentiel des titres sur Marily...
https://les4saisons.over-blog.com/article-marilyn-la-derniere-deesse-jerome-charyn-81398746.html
Fragments/Marilyn Monroe - Blog de Jean-Claude Grosse
Pour le 49° anniversaire de la disparition de Marilyn Monroe, le 5 août 1962, à 4 H 25, (on lira Enquête sur un assassinat de Don Wolfe par exemple), cette note de lecture sur les Fragments pub...
https://les4saisons.over-blog.com/article-fragments-marilyn-monroe-80749339.html
Marilyn Monroe dernières séances/La malédiction d'Edgar Hoover - Blog de Jean-Claude Grosse
Marylin dernières séances est devenu un film, présenté ce 24 janvier 2010 sur Arte et qu'on trouve en DVD. C'est une réussite. James Ellroy vient de sortir ...
Marilyn et JFK/François Forestier - Blog de Jean-Claude Grosse
Note de lecture Marilyn et JFK François Forestier Voilà un livre qui s'appuie sur une documentation considérable. Pas moins de 122 titres sont énumérés dans la bibliographie. Cela rejaillit-i...
Voyage à Paris et à Lille pour Marilyn et Arrabal - Blog de Jean-Claude Grosse
Mon voyage à Paris et à Lille Monté à Paris pour la soirée Marilyn après tout du 21 mars à la cinémathèque de la Sorbonne Nouvelle, organisée par Bernadette Plageman avec la participation...
https://les4saisons.over-blog.com/article-mon-voyage-a-lille-116575400.html
Voyage à Nantes pour Marilyn - Blog de Jean-Claude Grosse
la liquide Laetitia Casta, la BB du film Gainsbourg (Vie héroïque) de Joaan Sfar avec Eric Elmosnino le mémorial de Nantes Mon voyage à Nantes Parti le 17 février 2013 en début d'après-midi ...
https://les4saisons.over-blog.com/article-mon-voyage-a-nantes-115632452.html
Lettres de Pétrarque à son frère
Petrarque par Ernest-Pignon Ernest, le Christ vu par le peintre revestois Marief, peinture visible dans le bureau du maire du Revest
Les lettres familières de Pétrarque
à son frère Gherardo, moine
à La Chartreuse de Montrieux
Pétrarque a écrit 6 lettres familières et une lettre de la vieillesse à son frère Gherardo.
Les 6 lettres sont disponibles en version bilingue : latin-français depuis 2005 aux Belles Lettres.
La lettre de la vieillesse ne sera disponible qu’en 2006 ou 2007, aux Belles Lettres.
La 1° lettre est du 25 septembre 1349, plus de 6 ans après la prise de l’habit par Gherardo.
La 2° est du 2 décembre 1349.
La 3° est du 11 juin 1352.
La 4° non datée a été écrite probablement entre janvier et février 1353.
La 5° est du 7 novembre 1353.
La 6° est du 25 avril 1354.
Dans ces 6 lettres, nous ne trouvons pas d’indications sur la région sauf une référence à la grotte de la Sainte Baume, non nommée comme telle mais comme grotte où se retira Marie-Madeleine, grotte visitée par Gherardo et aussi par Pétrarque.
La 4° est celle qui nous en dit le plus. Gherardo a survécu seul à la peste de 1348. Il a perdu ses 34 compagnons de prière. Il a défendu seul la Chartreuse contre les brigands en leur parlant. Il a obtenu du prieur de la Grande Chartreuse, Jean Birelle, de choisir un nouveau prieur et des moines pour restaurer Montrieux.
Les autres lettres sont des méditations provoquées par la réception d’un coffret de buis et d’une lettre de Gherardo, par l’envoi d’un exemplaire des Confessions d’Augustin à Gherardo. Pétrarque semble fier de la fermeté de la foi de son frère, se met à son niveau par les références aux Pères de l’Église et à des philosophes ou sages de l’Antiqité. Il s’interroge sur lui-même, est partagé entre une attitude de pénitence, de repentance et une attitude d’humaniste, ne pouvant renoncer aux biens de ce monde, variables avec l’âge (on ne désire pas les mêmes choses, jeune, puis vieux). Malgré l’admiration qu’il éprouve pour son frère, on sent que Pétrarque est soucieux d’autre chose que de vivre dans la gloire de Dieu et pour Dieu, même si celui-ci est évoqué de nombreuses fois. La piété de Pétrarque, réelle, n’est pas suffisante pour l’amener à renoncer par exemple à son amour idéalisé pour Laure qui va l’occuper toute sa vie, avec les 10 rédactions successives du Canzoniere, son chef d’œuvre en italien quand il était persuadé qu’il passerait à la postérité par ses écrits en latin.
Pétrarque François est né le 20 juillet 1304 à Arezzo en Italie qui n’est pas encore l’Italie.
Gherardo est né en 1307.
En 1311, la famille quitte Pise pour le Vaucluse où se trouve la Papauté, en Avignon. Elle s’installe à Carpentras.
Vers 1316, Pétrarque découvre le site de la Fontaine du Vaucluse.
Entre 1320 et 1326, les deux frères étudient le droit à Bologne.
Dante meurt en 1321. Avec lui, meurt une certaine conception du monde, un certain usage de la vie caractérisée par un ascétisme que l’on commence à trouver excessif parce qu’une nouvelle classe émerge, la bourgeoisie, et qu’avec elle va émerger une nouvelle vision de la vie qui ne mérite pas tant de malédictions et dans laquelle il y a place pour la douceur du monde, les plaisirs, la beauté, les beautés. Certes, on continue à croire que le perfectionnement compte plus que la joie mais on voit bien qu’avec Pétrarque, Laure n’a pas le même statut que la Béatrice de Dante. La chair sourit, le soleil brille, l’homme a des désirs et des rêves, la volonté fléchit, la mélancolie et l’angoisse surgissent, l’élégie redevient possible. Avec Laure, on peut dire que Béatrice, symbole de la divinité, conduisant l’homme vers la perfection par des raisonnements élevés, conscience vigilante de l’homme, devient la beauté qui inspire des sentiments sublimes. Laure a levé les yeux, a souri à l’homme qui l’aime et voilà que Laure se promène dans les prairies, au bord des ruisseaux, contemple son image dans les sources, cueille des fleurs. Le poète ose la regarder, non comme une idée, un idéal mais comme la Femme prête à se laisser contempler par son amant.
Pétrarque vit ce changement de vision avec culpabilité et c’est cette tension entre hier et aujourd’hui, entre la nécessité de la perfection et son impossibilité pour lui, qui va faire la matière de son œuvre, partagée entre les œuvres latines édifiantes et l’œuvre en langue vulgaire où il cède à l’avidité du regard contemplatif, osant regarder les yeux, les mains, le visage, les cheveux, le sourire de la Femme aimée, ce que Dante n’avait pas osé faire.
Pétrarque renverse donc la perspective dantesque. Quand Dante projette la terre vers le ciel, Pétrarque trouve le ciel sur terre, sentiment religieux à rebours, nourri de la nostalgie des formes aimées et disparues, de l’angoisse impuissante de voir s’évanouir dans le néant ce corps adoré.
Revenons à la biographie.
Le 6 avril 1327, il rencontre Laure en l’église Sainte-Claire d’Avignon, vision décisive et définitive qu’il chantera toute sa vie.
En 1333, il reçoit d’un moine un minuscule exemplaire des Confessions d’Augustin qui l’accompagnera toute sa vie et qu’il donnera en 1374, peu avant sa mort, à un jeune moine augustinien. Il fait cadeau en 1354 d’un exemplaire des Confessions, copie transcrite par un jeune familier de Pétrarque, à son frère, cadeau évoqué dans la 6° lettre.
Le 26 avril 1336, il entreprend l’ascension du Ventoux avec son frère, véritable exploit pour l’époque. Au sommet, il ouvre au hasard son exemplaire des Confessions et tombe sur ce passage : « Et les hommes s’en vont admirer les hauts sommets, les immenses houles marines, les fleuves au large cours, l’Océan qui tout embrasse, les révolutions des astres ; et ils se laissent eux-mêmes à l’abandon. » Gherardo est saisi par ce passage, veut en entendre davantage mais François n’en lira pas plus. Il s’est perdu dans la montée quand son frère est arrivé sans encombres, il est fatigué, la montée a duré 7 ou 8 heures, il faut redescendre à Malaucène, il y en a pour 6 heures encore.
Gherardo doit sans doute sa vocation, sa conversion, à cette ascension et aux Confessions mais elle ne se révèlera qu’après la mort de celle qu’il aime en 1340. Laure, elle, sera emportée, comme le cardinal Colonna, protecteur de Pétrarque, par la peste de 1348. François apprendra la nouvelle le 19 mai 1348.
Gherardo décide de se retirer du monde à Montrieux et prend l’habit de moine en avril 1343.
Pétrarque passera un jour et une nuit à Montrieux, début 1347, visite à la suite de laquelle il écrira en latin le De otio religioso dédié aux moines chartreux.
Le 6 avril 1341, Pétrarque avait été spectaculairement couronné Prince des Poètes au Capitole à Rome. Il avait tout mis en œuvre pour obtenir cette consécration.
Pétrarque passera le 20 avril 1353 à Montrieux avant de quitter définitivement la Provence pour l’Italie, fin mai ou début juin 1353. Il s’installe d’abord à Milan au grand dam de son ami Boccace puis à Venise à la demande des doges où il reçoit un palais en échange de ses manuscrits car Pétrarque, fantastique érudit, avait réussi à dénicher des manuscrits rares.
En 1368, il s’installe à Padoue-Arquà. Il meurt le 19 juillet 1374 à sa table de travail et est enseveli dans l’église d’Arquà.
Le Canzoniere, commencé en 1342 (Laure a été vue le 6 avril 1327), prendra toute sa vie : en 1374, il travaille à la 10° rédaction de ce texte qu’il récusait pourtant.
Revenons au contenu des lettres.
La 1° lettre évoque les années de dissipation (1326 et après) dont seul Gherardo réussit à se libérer par la conversion. Comme toujours chez Pétrarque, érudit, l’imitation des Anciens est une source d’inspiration. Pour cette lettre, le fond doit aux Confessions d’Augustin et la forme aux Psaumes de David.
Avec la 2° lettre, Pétrarque envoie Parthenias, première églogue écrite en 1347 de son Bucolicum carmen, dans laquelle Pétrarque affirme que les Psaumes de David ne sont pas seulement un témoignage de foi mais aussi une œuvre poétique, développant ainsi cette thèse que la poésie a une origine religieuse et que la théologie est une poésie ayant Dieu pour objet.
Le 10 juin, veille du jour où Pétrarque rédige sa 3° lettre, il reçoit de Gherardo, un coffret de buis réalisé par son frère lui-même et une lettre de conseils, composée en grande partie de citations des Pères de l’Église, lettre perdue. La lettre de Pétrarque développe les raisons de la diversité observée entre les êtres humains et en un même être. Je n’ai pu m’empêcher d’entendre Montaigne, deux siècles et demi plus tard. Pétrarque emprunte à Aristote sa tripartition entre vie voluptueuse, vie politique et vie contemplative.
La 4° lettre est consacrée au courage de Gherardo pendant la peste de 1348.
La 5° est en relation avec un livre écrit par Gherardo sur la philosophie chrétienne et sur les principes à suivre pour une vie qui lui soit conforme, livre dont une copie a été remise à François. Ce livre est également perdu. Pétrarque s’interroge sur quelle est la vraie philosophie, quelle est la vraie loi et quel est leur meilleur maître à toutes les deux.
La 6° lettre en lien avec le cadeau d’une copie des Confessions à Gherardo aborde le sujet des livres et de leurs copies et pourquoi les copies des savants comportent plus d’erreurs que celles des copistes.
Comme on le voit, les circonstances d’écriture conditionnent en partie le sujet des lettres mais l’érudition de Pétrarque, sa culture donnent à ses lettres une dimension qui dépasse les circonstances, lui permettant de s’adresser à tout un chacun.
Pour conclure, on mesure cependant, en lisant ces lettres aujourd’hui, notre inculture de fond, l’absence de fréquentation des textes anciens, y compris religieux, expliquant cette distance entre nous et Pétrarque.
Je ne suis pas sûr que nous ayons perdu quelque chose d’essentiel en perdant ce qui sollicitait Pétrarque ou Dante. Nous avons trouvé d’autres interrogations, d’autres visions du monde, d’autres façons de vivre. En essayant de me situer à peu près au même niveau, à la même hauteur d'exigence que Gherardo ou François Pétrarque, il me semble que la sagesse tragique d’un Marcel Conche répond mieux à mes attentes, à mes envies fortes de vivre vraiment ma vie, que la vocation de Gherardo pour la voie de la perfection, ou que le clivage de Pétrarque entre son aspiration à la vraie vie spirituelle et sa complaisance pour la vie mondaine que par ailleurs il critique. La perfection recherchée par Gherardo, l’écartèlement de Pétrarque, cela ne me parle pas, ne me mobilise pas, ne correspond pas à mon expérience. Je suis en recherche d’authenticité et de vérité, comme eux sans doute, mais sur cette voie, j’ai d’autres maîtres: Montaigne et Marcel Conche.
Jean-Claude Grosse, ce 25 mai 2006
PS : Une légende veut que Pétrarque se soit arrêté au Revest en rendant visite à Gherardo. Rien dans les lettres ou dans les notes érudites ne permet d’accréditer la légende. Pour se rendre à Montrieux depuis le Vaucluse, le passage par Le Revest ne semble pas se justifier.
Mais on peut se rendre à Montrieux depuis Le Revest en passant par Siou Blanc et son pierrier, une xalada selon un terme du Canzoniere. Il faut 2 bonnes heures de marche.
Le Revest a donné le nom de Pétrarque à la salle de spectacle de la Maison des Comoni, le 1° juillet 1990. Pétrarque est donc associé aux activités artistiques et culturelles de ce lieu rayonnant : c’est une autre forme de couronnement ; c’est une reconnaissance légitime quand on sait l’influence de Pétrarque depuis 7 siècles sur la poésie et ses formes, en particulier le sonnet, jusqu’à Baudelaire en passant par Lamartine, qui lui a consacré un de ses cours familiers de littérature.
Une des 3 manifestations Poètes en partage qui se sont déroulées aux Comoni a été consacrée à Pétrarque dit en latin, en italien et à René Char.
Retour à la xalada chère à Pétrarque, le pierrier auquel il se compare dans le Canzoniere, pierre morte sur pierre vive car il ne sait comment trancher: il aime Laure mais l'aime-t-elle ? Le ...
une montée dans la xalada de Tourris
PÉTRARQUE - Le Temps vécu en flammes (France Culture, 1979)
Voici la publication du vendredi, jour dédié aux inspirations de la Poésie française :L'émission " La musique et les hommes ", par Bernard Michel, diffusée l...
sur France Culture en 1979
PÉTRARQUE (1304-1374) - Une vie, une œuvre [2004]
Par Francesca Isidori et Jean-Claude Loiseau.Émission diffusée pour la première fois sur France Culture le 18.07.2004.Francesca Isidori se penche sur la vie ...
sur France Culture en 2004
Comme un enfant qui joue tout seul / Alain Cadéo
Comme un enfant qui joue tout seul
Alain Cadéo
Éditions La Trace, 2019
D'abord, noter la qualité du livre. L'éditeur aime le beau livre, belle couverture à rabats, belle photo aux beaux bleus, comme aquarellée, papier ivoire, caractères lisibles et aérés. Invitation à la lecture avec un livre bien en mains et marque-page indispensable pour un voyage qui a duré presque un mois. Refus de crayonner, d'éterniser ce qui s'offrait dans l'instant. Ô mémoire quels tours vas-tu me jouer ?
En 4° de couverture : Il faut peut-être des millénaires de gestation pour fabriquer une Rencontre...
Un sacré coup de pouce du destin pour la favoriser...
Un seul instant pour s’en saisir...
Une seule seconde pour passer simplement à côté.
Raphaël, Eléna... ou le destin croisé de deux âmes errantes.
Il y a ainsi, toujours, si vous cherchez, aussi minime, aussi lointaine soit-elle, une histoire en commun entre deux êtres qui finissent par se trouver..
Au sortir de son travail, dans un bureau d'un grand ministère, un homme, un cadre, un homme du pouvoir est apostrophé par un clochard qui, lui demandant une cigarette, lui crache au visage : pourquoi es-tu si dur ? Le clochard se retire sans autre mot d'explication. Cette question portée par cet anonyme, ce vagabond de la grande ville amène l'homme du pouvoir anonyme, lui-même anonyme mais se croyant indispensable, à quitter du jour au lendemain, sa carrière, son confort, ses certitudes et à partir à l'aventure, avec sa voiture, direction ?
Une petite ville de province, ville d'enfance, retour en passé mais depuis ici et maintenant, réappropriation, revisitation de souvenirs, de sensations, d'émotions, de sentiments, rencontres d'anciens, de voisins, de connaissances qui racontent. Remontées au présent dans le passé vers celles et ceux qui ont compté, galerie de portraits reconstitués à partir de photos, d'un tableau, de lettres ou billets, d'objets aussi reçus comme talismans, scapulaires, porte-bonheur, fétiches chargés de sens, d'émotions, de souvenirs et Retour par étapes vers l'océan, l'Océan, cette mémoire immémoriale d'où vient la Vie, où se noie les vivants, en passant par le restaurant Roméro, bien planté dans le sable à quelques pas de l'océan, mugissant sur tous les registres et s'y attardant parce qu'il y a Eléna.
Deux corps, deux cœurs, deux histoires, deux âmes se trouvent, se retrouvent près de l'étang aux carpes. Étaient-ils destinés l'un à l'autre ? Deux itinéraires, à un moment, le bon moment ? le kaïros ? se croisent, auraient pu ne pas se croiser. L'improbable est devenu l'évidence. Le hasard fait bien les choses dit-on. Il s'agit plutôt du cheminement spirituel de chacun, se saisissant ou pas d'événements, d'incidents, de mots, de signes, d'objets pour se relier à ce qui existe de toujours, l'éternité de nos récits imbriqués, réels, imaginés et participant d'un grand Tout, mouvant, remuant, vivant, chaotique et ordonné. Retrouvailles (ou trouvailles, enfin on voit, les yeux se décillent) avec les arbres-mères, avec le scarabée, la carpe guetteuse, la mésange et l'alouette, les saisons, les pluies et tempêtes.
Roman composé en récits alternés, Barnabé Raphaël, Eléna, pour finir par Raphaël, Eléna, enfin réunis au bord de l'océan dont les vagues ne jouent plus comme un enfant qui joue tout seul.
Roman qui donne envie de goûter instants et gens, rencontres et solitude.
Roman qui fait du bien, loin du bruit urbain, du gouvernement imbécile, calculateur des choses et des gens.
Roman du détail qui donne sens, prend sens, fait signe, roman du mot juste, qui alerte, provoque l'arrêt-sur-image.
Jean-Claude Grosse, 5 novembre 2019
EXTRAIT :
p.12/13
(…)
Mon premier prénom, celui que j'ai longtemps refoulé dans le grenier des oubliés, me revient aujourd'hui en fanfare : Barnabé. Le second, Raphaël, fut plus facile à porter. Prénom si répandu de nos jours, comme un lâcher de pauvres archanges ne sachant plus voler. Mais Barnabé me plaît. Sa double labiale me rappelle «A.O. Barnabooth», ses «borborygmes», Valéry Larbaud, dont j'ai toujours aimé le dandysme, son regard fiévreusement mélancolique, sa nonchalance de gosse de riches à bord de paquebots et des grands trains de luxe.
On fait tous sa vie. Moi, j'ai défait la mienne. Maille après maille. Jour après jour. Sans calculs ni trompettes. J'ai désappris, tout désappris, et «je suis un berceau qu'une main balance, au creux d'un caveau : Silence, silence».
J'ai désappris ou je me suis défait, lambeau par lambeau, de tout ce qu'on m'a enseigné.
Et j'en suis là, désincarné, marchant sur un trottoir bordé de tulipiers.
Dans cette ville de province du sud-ouest, vieillotte et surannée aux maisons basses, avril offre à mes yeux neufs, la couleur blanche de toutes les naissances.
Oui, j'ai trente-sept ans, toutes mes dents et l'énergie d'un condottiere. J'ai sillonné le monde à grandes enjambées. J'ai travaillé comme un bourricot, noria des forçats de l'ère post-moderne. J'ai séduit, intrigué, connu l'ivresse du pouvoir, pauvre de moi... Et la voix d'un clochard un jour m'a remis à ma place : «Pourquoi es-tu si dur ?» Je me souviens toujours de cette voix. Elle fut le déclencheur de ma dégringolade ou de mon ascension. C'est selon.
(...)
Petite note sur Mots de contrebande d'Alain Cadéo
ce matin, j'ai fini les mots de contrebande d'Alain Cadéo, 105 mots et ce qui émergeait c'était ce que j'étais en train de devenir, assis devant mon grand bureau, sans ordi, avec une grande feuille de papier canson et une plume à tremper dans l'encrier, le grand bureau soudain barque, pirogue pour aventures sur des rives éblouies et des captures d'argent-vif frétillant puis le grand bureau soudain traineau pour glissades infinies sur lac gelé et flambées jusqu'au ciel sans risque d'incendie se propageant sans limite; bref, avec Alain Cadéo et ses mots prenant au lasso les cavales des désirs inconfortables, toujours insatisfaits, pour les apprivoiser, je me sentais grandi avec humilité, essentiel, sans enflure nombrilique, apte à prendre toutes les dimensions (nain, géant, famélique, efflanqué, obèse) pour avec les mains, les dents, mordre, mâcher, palper les beautés du monde, du cosmos sous les moisissures, les putréfactions organisées par ceux qui prétendent savoir; je redevenais un chasseur, pêcheur, cueilleur, un sauvage, un primitif en connexion avec le Mystère, ce qui a été avalé par les trous noirs, pas prêts à rendre la Lumière (4% de l'univers est composé de matière lumineuse donc observable)
Jean-Claude Grosse