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Blog de Jean-Claude Grosse

poesie

L'ardeur / à bâtir / à détruire / la grâce

23 Janvier 2024 , Rédigé par grossel Publié dans #poésie, #jean-claude grosse

La civilisation (la culture ?) est une histoire contre la poésie.

FLAUBERT

Les oiseaux1 !
Mais pourquoi
On ne chante pas comme eux ?
Car les oiseaux ont leurs langages
Et nous les nôtres.
Tous les êtres vivants ont leurs langages et leurs mondes particuliers. Les oiseaux ont pour monde le ciel et les arbres
Et pour langage le chant.
Les insectes vivent sous terre et dans l’herbe
Et font cricri.
Les animaux dans la forêt
Où ils font ouhouh.
Et nous dans les villes
Où on fait blabla.
Chacun a son monde et son langage, Incompréhensibles aux autres.
Puisqu’on ne peut apprendre les langues des autres, Puisqu’on ne peut pénétrer les mondes des autres,
Alors il faut respecter tout ce qui vit,
Tout ce qui existe.

Tracy-Lee, 6e

1. Ce poème a été écrit, en écho au Rêve d’une école de la vie, (page 23), par une élève de 6e du collège de Barjols, lors d’une bip (brigade d’intervention poétique) pendant Le Printemps des Poètes 2003. Ces bip existent depuis 2000 dans les collèges du Var, organisées par l’Inspection académique du Var, le Conseil général du Var, Les 4 Saisons du Revest et Les Cahiers de l’Égaré. Une trentaine de poètes font partie des bip.

L'ardeur / à bâtir / à détruire / la grâce
L'ardeur / à bâtir / à détruire / la grâce
Rêve d’une école de la vie
Pour Marcel Conche
Je rêve d’une école de la vie de trois classes.
Une classe pour apprendre à raconter. Pour seize enfants de 6 à 9 ans.
Une classe pour apprendre à s’émerveiller. Pour seize adolescents de 11 à 14 ans.
Une classe pour apprendre à penser et à vivre vraiment. Pour seize jeunes gens de 16 à 19 ans.
Des gosses des rues. Pas voulus.
Des survivants du travail précoce, du sida général, de la guerre perpétuelle.
Des adolescents à la dérive sur l’amertumonde.
Bref, tous les jeunes pourraient avoir accès à cette école.
Ont-ils été voulus les ballottés des familles éclatées ?
Ne sont-ils pas livrés au biberon télévisuel ? à la consolation virtuelle ? à la rue commerçante et bruyante ?
Ne sont-ils pas entraînés à s’absenter d’eux-mêmes et de leur vie ?
Se veulent-ils un passé ? un avenir ? Veulent-ils même un présent ?
Veulent-ils une vie autre que celle de soumis volontaires qui refusent d’être cause d’eux-mêmes ?
La classe des petits serait confiée à un aède, Homère par exemple. Ils seraient assis en rond, huit garçons et huit filles. De toutes les couleurs. Ça commencerait par des questions. Pourquoi le soleil ne fait pas le jour toujours ? Pourquoi quand il y a le soleil, il n’y a pas la lune ? Pourquoi la lune n’éclaire pas comme le soleil ? Pourquoi les étoiles brillent la nuit ? C’est quoi la nuit ? Pourquoi il y a la pluie ? le vent ? les nuages ? D’où vient la mer ? Pourquoi les vagues inlassables ? C’est quoi le temps ? Pourquoi on ne chante pas comme les oiseaux ? Pourquoi volent-ils ? Pourquoi les roses ? Pourquoi elles fanent ?
Homère leur raconterait des histoires. Les enfants seraient ravis, auraient peur. Ils riraient, pleureraient. Ouvriraient grands les yeux, comprendraient, resteraient bouche bée. Ils parleraient des histoires, les raconteraient à leur tour, en inventeraient. Il y aurait des livres où sont écrites les histoires racontées. L’Iliade 2. L’Odyssée 3. Des livres sans images. Parce que les mots, ce sont des images. Et maintenant, questionnez. Puis racontez, inventez.
La classe des moyens serait confiée à un poète, Linos, Orphée, Sappho, et à un peintre, celui de la grotte Chauvet, vieux de 33 000 ans. Ils se promèneraient, huit garçons et huit filles de toutes les différences. Ils feraient des promenades d’abord longues, deux mètres en une heure, s’arrêtant au gré de leurs intérêts. Linos ferait entendre un chant très ancien sur le soleil de ce matin-là. Orphée inventerait un poème d’éternité pour un sourire derrière une fenêtre. Avec Sappho, ils goûteraient à l’inachevé : Il faut tout oser, puisque... Les promenades deviendraient plus courtes, quelques centimètres au gré de leurs émerveillements. L’homme de Chauvet les aiderait à impressionner les murs, à faire vibrer la lumière, à donner corps à l’esprit. Ils rempliraient leurs cahiers de peintures rupestres et urbaines, de poèmes des quatre saisons pour leurs enfants dans cent générations : La neige, le vent, les étoiles, pour certains… ce n’est pas assez.
Et maintenant, émerveillez-vous. Puis chantez, créez.
La classe des grands serait confiée à un élu, battu aux élections, à un chef d’entreprise, en faillite, à un directeur de pompes funèbres, en retraite et à un philosophe très ancien, Anaximandre, Héraclite, Parménide, Empédocle. Huit filles et huit garçons en quête de soi, de l’autre et d’une place se poseraient de vraies questions : qu’est-ce que l’homme ? qu’est-ce que la nature ? quelle est la juste place de l’homme dans la nature ? qu’est-ce que vivre vraiment ? qu’est-ce que devenir soi, cause de soi ?
En quelques semaines, ils se sèvreraient de la télévision et des jeux vidéo, ils se purgeraient des modes alimentaires, vestimentaires, langagières et comportementales.
En quelques mois, les multinationales de la mal-bouffe, de la fringue clinquante, du divertissement formaté, les médias du prêt-à-ne-pas-penser et de la manipulation des cerveaux, les partis de l’immobilisme seraient en faillite et sans influence.
En quelques siècles, ils renonceraient aux vains désirs : la richesse, le pouvoir, la gloire, aux valeurs qui ne valent rien : l’argent facile, la beauté trompeuse, la jeunesse éternelle, l’exploit éphémère, le voyage dépaysant, le progrès constant.
En quelques millénaires, ils renonceraient aux illusions : l’amour pour toujours, le bonheur sans le malheur, la santé sans la maladie, le plaisir sans la douleur ; et aux croyances : à la vie éternelle, à l’âme immortelle, au retour perpétuel.
Pour une école du gai savoir, Les Cahiers de l'Égaré, 2004
20° printemps l'ardeur affiche ernest pignon-ernest / 23° frontières / 25° printemps la grâce, affiche fabienne verdier
20° printemps l'ardeur affiche ernest pignon-ernest / 23° frontières / 25° printemps la grâce, affiche fabienne verdier
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20° printemps l'ardeur affiche ernest pignon-ernest / 23° frontières / 25° printemps la grâce, affiche fabienne verdier

TRIBUNE CONTRE LA NOMINATION DE SYLVAIN TESSON COMME PARRAIN DU PRINTEMPS DES POÈTES

Tribune signée par 1200 personnes du monde de la poésie contre la présidence de Sylvain Tesson pour le Printemps des Poètes 2024, dont le thème est la grâce

(réactualisation à la date du 22 janvier 2024, d'un article du 8 mars 2018 sur le 20° Printemps des poètes, 2018)

La fin de l’année 2023 a signé le glissement du second mandat d’Emmanuel Macron, un président auto-désigné comme « ni de droite, ni de gauche », vers un projet politique plus que jamais proche de l’extrême-droite, illustré notamment par le vote de la nouvelle loi sur l’immigration – revendiquée comme une « victoire idéologique » par Marine Le Pen – et marqué par une idéologie réactionnaire où les changements sociaux, pourtant inhérents à toute société démocratique, incarnent un danger.

Au vu de ce contexte, nous, poétesses, poètes, éditrices et éditeurs, libraires, bibliothécaires, enseignantes et enseignants, actrices et acteurs de la scène culturelle française, refusons la nomination de Sylvain Tesson comme parrain du Printemps des Poètes 2024. 

En mars, bien au-delà de la programmation officielle du Printemps des Poètes, la poésie est mise en valeur de façon autonome par de nombreuses structures, notamment en milieu scolaire, en médiathèque, en librairie et dans des festivals, où nombre de poétesses et de poètes sont invité·es. Nous refusons qu’un événement culturel auquel nous sommes de fait inextricablement lié·es de façon symbolique, créé « afin de contrer les idées reçues et de rendre manifeste l’extrême vitalité de la poésie », soit incarné par un écrivain érigé en icône réactionnaire. Sylvain Tesson a été proche par exemple de Jean Raspail, auteur d'un ouvrage de référence de l’extrême-droite, Le camp des saints, qui n’est autre qu’une dystopie raciste sur l’immigration, ou encore déclaré tout sourire à l’Express : « Si vous voulez faire peur à vos enfants, ne leur lisez pas les contes de Grimm, mais certaines sourates du Prophète ! ». Comme l’a largement montré le journaliste indépendant François Krug dans Réactions françaises. Enquêtes sur l’extrême-droite littéraire, un essai publié aux éditions du Seuil en 2023, Sylvain Tesson fait figure de proue de cette « extrême-droite littéraire », aux côtés de Michel Houellebecq et Yann Moix, un triste panel d’« écrivains en vogue » dont les prétendus accidents de parcours se révèlent, en réalité, les arcanes d’un projet « d’une sinistre cohérence » que nous refusons et condamnons.

Nous alertons sur le fait que la nomination de Sylvain Tesson comme parrain du Printemps des Poètes 2024, loin d’être contingente, vient renforcer la banalisation et la normalisation de l’extrême-droite dans les sphères politique, culturelle, et dans l’ensemble de la société. En fermant les yeux sur ce dont cet écrivain est le nom, la directrice Sophie Nauleau et son conseil d’administration témoignent de cette normalisation au sein des institutions culturelles, que nous rejetons fermement. Elle avait déjà, en 2018, inauguré la manifestation par un défilé de la Garde républicaine. De plus, des sommes considérables issues de l’argent public sont allouées au Printemps des poètes, pour une activité concentrée essentiellement sur une manifestation de deux semaines. L’argent public engage à servir le public et non des prises de positions politiques personnelles de la direction, surtout quand celles-ci sont anti-démocratiques. La vague de commentaires d’indignation suite à l’annonce de la nomination de Sylvain Tesson sur les réseaux sociaux, loin d’avoir été prise en compte, a été systématiquement supprimée, sans qu’aucune justification ne soit formulée par le Printemps des poètes.

Nous soutenons que la banalisation d’une idéologie réactionnaire incarnée par Sylvain Tesson va à l’encontre de l’extrême vitalité de la poésie revendiquée par le Printemps des poètes. La poésie est une parole fondamentalement libre et multiple. Elle ne saurait être neutre, sans position face à la vie. La poésie est en nous, elle porte nos douleurs. Elle est dans la masse. Le quotidien. L’infâme. La tendresse. La rue. L’épuisement. Le quartier. Elle est dans nos silences. Nos joies. Elle est dans nos corps broyés, nos corps souples, nos regards flamboyants et nos brèches. Dans les souffrances de nos sœurs. Dans ce qui résiste. Dans la langue debout. Elle est aussi dans le queer, le trash, la barbarie, le vulgaire. Dans la colère qui rythme nos souffles. Dans tout ce que nous sommes et ce en quoi nous n’étions pas destiné·es à survivre. 

Nous, poétesses, poètes, éditrices et éditeurs, libraires, bibliothécaires, enseignantes et enseignants, actrices et acteurs de la scène culturelle française, nous élevons contre la nomination de Sylvain Tesson et demandons au Printemps des Poètes d’y renoncer. S’iels nous prennent la grâce, nous garderons la dignité.

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Une tribune de débat aurait été une tribune de questions et questionnements argumentés

comme il y a quelques années par la revue Art Absolument.

Cette tribune est délibérément polémique. Je n'ai pas cherché à en faire une analyse comme a pu la faire André Markowicz. Une polémique engendre une contre-polémique et pendant ce temps, le monde est comme évaporé.

 

J'ai parcouru 1/4 de la liste des signataires, j'ai trouvé les noms de plus de cinquante poètes, écrivains, éditeurs que je connais, dont j'apprécie le travail ; je ne leur ai pas signifié un quelconque étonnement et ne me suis engagé dans aucune polémique ou débat avec aucun d'entre eux ;

j'ai noté aussi l'absence d'autres poètes, écrivains que je connais, dont j'apprécie le travail ; ils ne s'expriment pas, je respecte et m'en retourne, sans débat ni polémique

- à la complexité de l'être humain qui veut la paix à Gaza et fait sa guerre sur FB

- à la complexité du monde, terrain d'affrontements idéologiques, économiques, religieux, démographiques, territoriaux d'empires et de nations, de manipulations invisibilsées à grande échelle, alors que l'avenir de l'espèce semble se jouer

 

je n'ai pas signé cette tribune ; jamais, je ne signerai une telle tribune (j'en avais connaissance via le site l'atelier de Bernard Noël) ;

je n'ai besoin que de ma seule autorisation pour lire, apprécier, critiquer, me nourrir ou me détourner d'un poète, d'un écrivain, d'un artiste créateur ;

 

d'autres figures que l'artiste sont aussi porteuses de possibles, d'imaginaires

le jeune fou, le vieux sage philosophe, Jésus, François d'Assise, le casanier homme ordinaire, la soigneuse femme de ménage, la vieille dame en soins palliatifs, la clocharde céleste, la femme alcoolique anonyme, la fille de joie mystique Myriam de Magdala, le foetus porteur de la co-naissance absolue avant le doigt de l'ange posé sur les lèvres, la bébé braillarde et goulue, l'infans turbu-lent, la petite fille sage comme une image, l'adolescente rebelle grimpant aux arbres, l'adolescent mutique avachi sur son pupitre

 

bref chacun d'entre nous sur le curseur

entre conformisme et originalité

entre brèves de comptoir et langue de schizo

et sous le double pharmacon : tu es aimé, tu es mon bien-aimé

(émetteur mystérieux, non-géolocalisable dans l'espace et le temps, destinataire sourd, aveugle et muet)

 

Sylvain Tesson fait partie des écrivains que j'aime lire, dont j'ai regardé film (la panthère des neiges) et documentaire (sur l'Odyssée)

(ci-dessous 4 notes de lecture)

 

le problème de l'extrême-droitisation de la société française, de la plupart des pays européens et dans le monde ne relève pas du champ du poïétique (vivre en poète) mais des champs politique et historique

 

les réactions d'une certaine presse à cette tribune (libre à chacun de la lire ou pas, de la commenter ou l'ignorer...) :

je lis

et avec ardeur passe à la grâce de la contemplation sans action

 

"Sylvain Tesson sera-t-il « annulé » par la police des poètes ?"(Le Point)
"le prince des poètes au pays des médiocres"(Le Figaro)
"Les «cultureux» contre Sylvain Tesson" (Europe 1)
"Sylvain Tesson parrain du Printemps des poètes : les cafards se rebiffent"( Valeurs actuelles)
"Printemps des poètes : un collectif woke s'attaque à Sylvain Tesson" (le JDD)
"Ce n’est pas Sylvain Tesson parlant de poésie qui amènera le RN au pouvoir" par Adeline Baldacchino (Marianne)
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une tribune voulant proposer un débat sur le Printemps des poètes aurait posé des questions essentielles comme celles qui ont engendré les écritures de Vélimir Klebnikov ou de Gatti
serait remonté aux conceptions développées par Novalis et Hölderlin
Dans la cosmologie de Novalis où « tout est symptôme de tout », où les corps « peuvent s’évaporer en gaz ou se condenser en or », où « un véritable amour pour une chose inanimée est parfaitement concevable », où toutes les inclinations du cœur « semblent n’être que religion appliquée » et le ciel lui-même rien d’autre que « le produit supérieur du cœur productif » , il n’y a pas de chose absolument isolée, si ce n’est « la chose en soi », c’est-à-dire « la matière simple », non déterminable, ni connaissable. On comprend alors pourquoi il peut affirmer qu’« un amour fondé sur la foi est religion » , car seule une religion qui trouve Dieu partout, jusque dans la moindre chose, peut identifier Dieu et l’amour.
Pour Hölderlin aussi, dans la nuit moderne règne encore le sacré, car même si « Le Père ayant détourné des hommes son visage, la tristesse a établi son juste règne sur la terre », néanmoins « nous gardons souvenance aussi des Immortels, qui furent jadis nos hôtes, et qui reviendrons au temps propice », car « le dieu du vin » que « chantent les poètes » est « celui qui réconcilie le jour avec la nuit »
relirait Pour écrire un seul vers (1910) de Rainer Maria Rilke
serait même remontée jusqu'à la condamnation par Platon des arts / La condamnation platonicienne de l'illusionnisme en art est liée à la normativité ontologique des Idées-Formes, modèles que l'art divin se donna pour informer la matière et façonner le monde (Flaubert semble platonicien dans sa volonté de l'art comme absolu avec dissolution du scripteur).
Chez Aristote, le monde étant éternel, la normativité des formes est prescrite par la raison./
l'affiche du 25° printemps réalisée par Fabienne Verdier /  avec Marina / avec Fernando
l'affiche du 25° printemps réalisée par Fabienne Verdier /  avec Marina / avec Fernando
l'affiche du 25° printemps réalisée par Fabienne Verdier /  avec Marina / avec Fernando

l'affiche du 25° printemps réalisée par Fabienne Verdier / avec Marina / avec Fernando

Édition 2024
La Grâce

 

Pour les 25 ans du Printemps des Poètes, quel emblème arrimer à la septième lettre de l’alphabet, dans l’écho de L’Ardeur, de La Beauté, du Courage, du Désir, de L’Éphémère ou des Frontières ?

 

Quel vocable de fière lignée, qui soit tout aussi déroutant, inspirant que vaste, à la fois doté d’un sens ascendant capable d’éveiller les voix hautes et valeureuses, mais lesté cependant d’injonctions brusquées, franches et quelques fois fatales ?

 

Ce sera donc La Grâce, avec son accent circonflexe qui hausse en un instant le ton. Autrement dit La Grâce dans tous ses états, du plus sublime à celui, brutal et définitif, qui foudroie sur le coup.

 

De grâce implorent à jamais les amants des tragédies, alors que Joachim du Bellay décèle chez Marguerite de France cette grâce et douceur, et ce je ne sais quoi… Ce «  je ne sais quoi  » qui ne cessera, siècle après siècle, de changer de registre, d’appeler à la transcendance ou à la dissonance, jusqu’à Michel Houellebecq, maître du contre-pied : Dans l’abrutissement qui me tient lieu de grâce.

 

Car La Grâce n’est pas que divine ou bénie, pas que gracieuse, évanescente ou mièvre, pas que céleste et inexprimable.

 

Il y a bien sûr la bonne ou la mauvaise grâce rimbaldienne, la grâce consolante de Verlaine, la grâce charnelle d’Éros, la grâce d’union mystique, la grâce du cœur et de l’esprit de Max Jacob mort à Drancy, qu’a célébré Éluard. Il y a ce chant de grâce pour l’attente, et pour l’aube plus noire au cœur des althæas, qui chez Saint-John Perse, et ces fleurs de guimauve claires, amplifie à dessein le mystère.

 

Mais il y a surtout cet état de grâce de la parole, et du corps tout entier, que connaissent les poètes autant que les athlètes ou les aventuriers.

 

Il est temps d’affûter nos âmes pour que la créativité, l’allégresse et la splendeur, comme on le disait des Trois Grâces de la mythologie, transcendent nos imaginaires et nos vies, quelles que soient les heures ténébreuses ou solaires.

 

Sophie Nauleau
l'affiche du 20° Printemps des poètes, réalisée par Ernets Pignon Ernest

l'affiche du 20° Printemps des poètes, réalisée par Ernets Pignon Ernest

poème d'ardeur sans adresse, sans destinataire partant en fumée et réduit en cendres dispersées avec ardeur, le 3 mars 2018 vers 19 H; ce geste poétique n'eut qu'un témoin;  brûler avec ardeur à détruire un poème d'ardeur à bâtir : ce geste poétique est-il recevable par la "communauté" des poètes et par l'inhumaine-humaine humanité (toujours l'unité des contraires) ?

poème d'ardeur sans adresse, sans destinataire partant en fumée et réduit en cendres dispersées avec ardeur, le 3 mars 2018 vers 19 H; ce geste poétique n'eut qu'un témoin; brûler avec ardeur à détruire un poème d'ardeur à bâtir : ce geste poétique est-il recevable par la "communauté" des poètes et par l'inhumaine-humaine humanité (toujours l'unité des contraires) ?

Sophie Nauleau : « Pour Le Printemps des Poètes 2018, je voulais plus qu’un thème, je voulais un emblème. Une bannière qui étonne et aimante à la fois. Un mot dont tous les synonymes disent l’allant, la passion, la vigueur, la fougue, l’emportement. Un vocable vaste et généreux qui, à lui seul, condense l’élan et l’inspiration poétiques. Plus qu’un intitulé, L’Ardeur est le souffle même de la Poésie. Ernest Pignon-Ernest, qui avait calligraphié la signature du Printemps dès l’origine, a imaginé ce somptueux pastel représentant l’envol d’un être ailé. Est-ce un homme, une femme, un ange, une chimère ? C’est tout cela, mais aussi Zélos, le dieu grec du zèle et de l’ardeur, frère méconnu de Niké, la Victoire. Cette aile bleue sur un revers de toile brute est à l’image de notre ambition : à la fois intense et artisanale. Un dessin fait main qui importe en ce troisième millénaire de très haute technologie. Car s’il s’agit d’habiter encore poétiquement le monde, il est vital que la langue des poètes continue de pulser en chacun de nous. Ce qui ne nous empêche guère de travailler à une toute nouvelle version du site internet pour 2018 : la Poésie aussi étant un art de pointe. »

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L'article de Slate ci-dessous montre la face cachée de cette institution qu'est le Printemps des poètes, ce qui se joue entre les poètes nantis et les démunis, entre les poètes et le public.

Dans Pour une école du gai savoir (Les Cahiers de l'Égaré, 2004), j'insiste sur le rôle de la poésie dans l'éducation des enfants et adolescents. Le livre se termine par deux poèmes d'élèves de 6°, Chloé et Tracy-Lee écrits lors du Printemps 2003 et sur cette citation : La civilisation est une histoire contre la poésie (Gustave Flaubert).

ll y eut 5 éditions du Printemps des poètes dans les collèges du Var (2000 à 2004, 20 poètes dans 20 collèges), manifestation initiée par l'Inspection académique du Var en partenariat avec le Conseil Général du Var et Les Cahiers de l'Égaré pour l'édition des textes des élèves et des poètes.

Ma passion pour la poésie s'est exprimée de plusieurs façons: faire créer des textes de haute altitude comme Marie des Brumes d'Odysseus Elytis, Les tragédiennes sont venues de Saint-John Perse, Judée de Lorand Gaspar, Lecture d'une femme de Salah Stétié. Des N° de la revue APORIE ont été consacrés à ces poètes et à ces créations. Des rencontres ont eu lieu avec nombre de poètes pour  parler d'Odysseus Elytis (Toulon), de Lorand Gaspar (La Seyne) et de Salah Stétié (Le Revest). Saint-John Perse eut droit aussi à un hommage à Toulon. Il y eut à la Maison des Comoni des Paroles d'auteur, des Poètes en partage, un colloque sur Léon Vérane, un autre sur Germain Nouveau. Je fus un des invités du colloque Rimbaud à Aden en novembre 1994. Bref, des événements assez nombreux.

Enfin last but not least, je tiens à signaler que je n'ai fait aucun effort pour être reconnu (malgré mes relations dans le milieu  comme on dit) comme poète, pour être dans l'annuaire des 1000 poètes du Centre de ressources du Printemps des poètes.

Comme je tiens à remarquer que tu peux faire plein de manifestations, si tu ne communiques pas, tu restes ignoré. Pas de reconnaissance.

J'aime cette ombre qui me protège.

Dans la cosmologie de Novalis où « tout est symptôme de tout », où les corps « peuvent s’évaporer en gaz ou se condenser en or », où « un véritable amour pour une chose inanimée est parfaitement concevable », où toutes les inclinations du cœur « semblent n’être que religion appliquée » et le ciel lui-même rien d’autre que « le produit supérieur du cœur productif » , il n’y a pas de chose absolument isolée, si ce n’est « la chose en soi », c’est-à-dire « la matière simple », non déterminable, ni connaissable. On comprend alors pourquoi il peut affirmer qu’« un amour fondé sur la foi est religion » , car seule une religion qui trouve Dieu partout, jusque dans la moindre chose, peut identifier Dieu et l’amour.
Pour Hölderlin aussi, dans la nuit moderne règne encore le sacré, car même si « Le Père ayant détourné des hommes son visage, la tristesse a établi son juste règne sur la terre », néanmoins
« nous gardons souvenance aussi des Immortels, qui furent jadis nos hôtes, et qui reviendrons au temps propice », car « le dieu du vin » que « chantent les poètes » est « celui qui réconcilie le jour avec la nuit »

Françoise Dastur dans Retrait des dieux et modernité selon Novalis et Hölderlin (Les études philosophiques 2016)

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"Pour écrire un seul vers, il faut avoir vu beaucoup de villes, d’hommes et de choses, il faut connaître les animaux, il faut sentir comment volent les oiseaux et savoir quel mouvement font les petites fleurs en s’ouvrant le matin. Il faut pouvoir repenser à des chemins dans des régions inconnues, à des rencontres inattendues, à des départs que l’on voyait longtemps approcher, à des jours d’enfance dont le mystère ne s’est pas encore éclairci, à ses parents qu’il fallait qu’on froissât lorsqu’ils vous apportaient une joie et qu’on ne la comprenait pas (c’était une joie faite pour un autre), à des maladies d’enfance qui commençaient si singulièrement, par tant de profondes et graves transformations, à des jours passés dans des chambres calmes et contenues, à des matins au bord de la mer, à la mer elle-même, à des mers, à des nuits de voyage qui frémissaient très haut et volaient avec toutes les étoiles – et il ne suffit même pas de savoir penser à tout cela. Il faut avoir des souvenirs de beaucoup de nuits d’amour, dont aucune ne ressemblait à l’autre, de cris de femmes hurlant en mal d’enfant, et de légères, de blanches, de dormantes accouchées qui se refermaient. Il faut encore avoir été auprès de mourants, être resté assis auprès de morts, dans la chambre, avec la fenêtre ouverte et les bruits qui venaient par à-coups. Et il ne suffit même pas d’avoir des souvenirs. Il faut savoir les oublier quand ils sont nombreux, et il faut avoir la grande patience d’attendre qu’ils reviennent. Car les souvenirs ne sont pas encore cela. Ce n’est que lorsqu’ils deviennent en nous sang, regard, geste, lorsqu’ils n’ont plus de nom et ne se distinguent plus de nous, ce n’est qu’alors qu’il peut arriver qu’en une heure très rare, du milieu d’eux, se lève le premier mot d’un vers.
– Pour écrire un seul vers (1910) - Rainer Maria Rilke
 

20° Printemps des poètes

3-19 mars 2018

Ma participation au 20° Printemps des Poètes sur le mot ardeur (3-19 mars): 3 poèmes d'ardeur (à aimer, à vivre) de 1965 et un poème d'ardeur parti en fumée le 3 mars 2018 (l'ardeur à détruire aussi forte que l'ardeur à bâtir); évidemment j'exclus l'ardeur au travail, j'opte pour l'ardeur à la paresse, retraité doré que je suis, content d'être ponctionné par solidarité inter-générationnelle; ah jeunesse si tu savais, méfie-toi des ardeurs juvéniles

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L'ardeur / Un homme et une femme

 

Je suis le lieu de toutes les contradictions.

J'accepte toutes les souffrances et tous les combats.

Je veux engendrer toutes les douleurs, recevoir tous les coups.

Tout cela pour que rien ne se perde.
Je veux tout recueillir.
La vie a besoin de grands puits où se font toutes les synthèses.
Je veux avoir la profondeur des puits et l'immensité de toutes les mers pour accumuler toutes les larmes.

Et de toutes ces larmes naîtront des nuages de joie.

Au fond de toutes les contradictions, au plus profond des douleurs,

je te retrouverai et nous dénouerons ensemble tous les fils du bonheur.
Ma main n'aura plus besoin de ta main pour me guider.

Elle ne sera plus que caresses sur ta peau.

 

Alors nous pourrons marcher vers la maison de la vérité.

Personne ne se mettra plus en travers de notre chemin parce que nous n'aurons plus de routes à barrer, parce que sur nos chemins nous saurons croiser tout le monde.

Nous ne nous soucierons plus de nous et les hommes seront notre monde.

 

Que ta joie demeure ! Je resterai pour y veiller.

Toi qui n'es plus que toi parce que je suis enfin moi,

je t'aime !

Je t'aime en surface de nos caresses

en profondeur de nos présences et aussi

de nos absences.

 

Viens ! Les sources du bonheur ne tariront jamais pour nous.

Nous saurons épouser toutes les métamorphoses.

Nous serons de toutes les décantations.
Et s'il le faut nous renaîtrons de nos cendres.

(poème écrit en 1965, paru dans le recueil

Poignées de gros sel pour tranches de vie, 1980)

jamais republié

Jean-Claude Grosse

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Désir 1 (1965)

avec toi je me sens (inspirer fort)

(expirer fort) sans toi

avec toi je deviens

prolifération d’analogies

succession d’annexions

chiens et chats s’insinuent dans mes cris d’amour

je suis miaulements avant

grognements pendant

mes ongles et mes doigts deviennent griffes et pattes

aux anges je prends leur légèreté

au taureau sa virilité

dans les plis de mes rêves

je reconstruis sans les déformer

villes d’orgies

clairières de sorcières

sur les draps je me crucifie

râlant et bavant

je deviens théâtre de la cruauté

sur ta peau s’ébauchent formes et volumes nouveaux

mes mains

autour de tes seins

sur ton ventre

font une procession

je construis de longs itinéraires

qui me révèlent

t’édifient

dont les clefs sont l’origine du tracé

nos désirs sans objet

ton vagin sanctifié

sacrifié

tremble sous la pression de ma précipitation

irrépressibles tentations

la peur du sacrilège me tenaille et me déchaîne

pour toi je galope étalon d’alpages

sans bouger du matelas

toi tu passes vite

comme les hirondelles

faisant siffler l’air à nos oreilles à l’approche de l’orage

assis dans la mousse de ton pubis

je joue avec mon pénis

cadeau et défi

tes yeux m’envahissent

et j’apprends à lire

des rires venus de toi me croisent

aèrent mon corps crispé sous le tien

tes étonnements font naître les miens

dans ma main droite ils se débattent

tes yeux parfois alors se voilent

et du merveilleux glisse sur ma peau océane

l’angoisse te fait craquer comme le bois

écorce j’éclate

cuirasse je cède

à tes mains je me livre pour un feu de joie

pour tes yeux je me délivre de mes grincements de scie

(devant L’origine du Monde de Courbet et

le Nu couché, bras ouverts de Modigliani)

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Désir 2  (1965)

Tu sais dire avec des mots de tous les jours

les délices de ta peau

les blandices de ton âme

tu sais dire avec des phrases sans difficultés

ce que tu sens en surface

ce que tu ressens au profond

ainsi tu m’introduis

dans tes jours et nuits de chatte du bonheur

j’y accède

feulant

comme chat attiré attisé au seuil d’une nuit d’allégresse

des jets d’ombre épaississent ta vérité de vibrante

angoisse de la vie

la mort prépare déjà ses allumettes

mais ton corps est encore d’ici

et tes mots me pénètrent

ils tombent drus et durs

morceaux de ta peau

désirante

délirante

ils tombent dans mon sommeil

flaque stagnante en attente

carrousel tournoyant de rêves libérés

ils tombent étoiles froides désorbitées

des couches de tes désirs

lourds et doux

si proches des miens

si lointains

tes mots me pénètrent

mouillés salivés

resurgissent empoussiérés

curetage qui me débarrasse de mes soumissions d’esclave

tes mots se propagent lentement à travers les croûtes de mon être

restes d’autres agressions d’autres fusions

ils se propagent en sautant d’un étage à l’autre de mon être

montant descendant

des escaliers

en ruines

en projets

débris de bombardements insolents

gravats de contacts bouleversants

par toi en moi je trouve mes dimensions

je découvre mon espace

deux visages penchés sur une rêverie de berceau rose et bleu

je touche à mon présent

nos désirs sans retenue pour donner vie

(Désir 1 et Désir 2 ont été publiés dans La Parole éprouvée, 2000)

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Le libre jeu (Une fille à la dérive)
 

Prends
Je t’apporte un corps des lèvres une peau
des yeux une voix des gestes
je t’apporte mes caresses mes mots
mon cafard mes espoirs mes cuisses mon ventre 
Prends-moi dans tes bras dans tes draps
Je t’apporte tout cela
et plus encore
mon cœur et ses faiblesses
ses angoisses sa force et son mystère
et ma tête ni bien pleine ni bien faite
Je t’apporte tout cela
sans calcul sans pari
sans savoir si je me donne ou me refuse 
spontanément facilement
Je t’apporte tout cela
sans tendre la main
ni pour trouver toit
sans cris ni larmes
dispersée rassemblée
enracinée déracinée
dans un sourire 
pour aujourd’hui
Prends-moi dans tes bras dans tes draps 
Débrouille-toi avec tout cela
Je ne sais faire ni vaisselle ni cuisine
pas même l’amour
Je ne sais que croire
sans savoir à quoi et sans savoir pourquoi 
Débrouille-toi avec tout cela
aujourd’hui
peut-être demain
ici n’importe où
peut-être ailleurs
Peut-être que demain tu ne seras plus comme tu es 
peut-être qu’ailleurs ce sera un nouveau départ 
néant ou nouvel élan
peut-être qu’ici ce sera une foi nouvelle
ou une fois de plus
Prends maintenant
que je me délivre
car peut-être tout à l’heure
me verra partir sans bagages
à cause d’un vieux souvenir
qui vient me presser la tête
au milieu de la fête
poussée par le vent
de l’impossible oubli
n’importe où


(JCG, Lille, 1964, au sortir d'un film de Paule Delsol, La dérive ou Une fille à la dérive)

Une fille à la dérive ou La dérive, film de Paule Delsol, vu en février 1964 à Lille; toujours en mémoire, hipocampe, hippocampe, pourquoi ? je n'avais pas encore rencontré la fille de ma vie, la femme d'une vie, cela se passa en octobre 1964 à Le Quesnoy dans le nord
Une fille à la dérive ou La dérive, film de Paule Delsol, vu en février 1964 à Lille; toujours en mémoire, hipocampe, hippocampe, pourquoi ? je n'avais pas encore rencontré la fille de ma vie, la femme d'une vie, cela se passa en octobre 1964 à Le Quesnoy dans le nord

Une fille à la dérive ou La dérive, film de Paule Delsol, vu en février 1964 à Lille; toujours en mémoire, hipocampe, hippocampe, pourquoi ? je n'avais pas encore rencontré la fille de ma vie, la femme d'une vie, cela se passa en octobre 1964 à Le Quesnoy dans le nord

L’ARDEUR DU POÈME

Partout, en tous pays et dans toutes les langues, des poèmes s’improvisent, se composent, se disent ou s’écrivent. Ces chants, ces invocations, ces exorcismes, ces textes sacrés ou profanes, ces cris de révolte, ces blasphèmes, ces jeux, ces litanies d’amour, ces déplorations, ces visions lumineuses ou sombres, qu’on les nomme ou non poèmes, participent d’un même élan, d’une même ardeur. Avoir recours à la parole et aux mots pour créer un alliage de sens et de sons qui excède les limites du langage ordinaire, et par là les interdits et les normes, voilà qui semble une pratique commune sans rien jamais de commun, puisqu’il s’agit d’expériences exception- nelles ou banales, mais transmuées en créations singulières.

Qu’est-ce donc que cette activité qui ne se connaît pas de frontières alors qu’elle requiert une multitude de passeurs ? Qu’est-ce donc que la poésie ? Quelle est sa spécificité dans le champ de la littérature et des arts ? Pourquoi son importance capitale dans l’histoire des civilisations est-elle sans commune mesure avec son audience immédiate ? Quel est son rôle et quel est son défi dans le monde d’aujourd’hui ? En quoi est-elle résistance, en quoi est-elle promesse ? Comment les poètes conçoivent-ils la poésie ? Qu’ont- ils à nous dire de leur expérience et de leur pratique personnelles ? C’est un riche faisceau de questions qui est à l’origine de ce numéro d’Europe. Nous avons voulu mener cette exploration en donnant la parole à des poètes du monde entier, persuadés qu’on respire mieux et plus intensément au grand large que confiné dans son pré carré.

Dans A Defence of Poetry, en 1821, méditant sur le destin de la poésie, Shelley rappelait qu’elle était née en même temps que l’homme et redoutait un âge où sa voix ne se ferait plus entendre que comme les pas d’Astrée quittant le monde. Pourtant, disait-il, « la culture de la poésie n’est jamais plus désirable qu’aux époques pendant lesquelles, par suite d’un excès d’égoïsme et de calcul, l’accumulation des matériaux de la vie extérieure dépasse le pouvoir que nous avons de les assimiler aux lois intérieures de la nature humaine ». C’était souligner à quel point la poésie concerne de près le foyer de l’humain. Dans le rapport entre forme de vie et forme de langage, peut-être est-elle ce qui s’offre en plus active offrande. Pour désigner ce dont il est ici question, Dante avait forgé le néologisme trasumanar : accomplir jusqu’aux plus lointaines limites tout le parcours dans l’humain, jusqu’à un seuil où le poème, après avoir « traité les ombres comme choses solides », ce qui revient à circonscrire jusqu’à l’incorporel dans le corporel, à porter le langage au-delà du sensible avec le sensible, révèle un point d’incandescence qui est aussi un état de silence et de nudité : « Plus pauvre désormais sera ma parole / [...] que celle d’un enfant / qui baigne encore sa langue à la mamelle ». Ainsi, au terme de la Divine comédie, au chant ultime du « Paradis », il y a comme un cri d’enfant, image de la vie au plus près de sa naissance.

Le poème est aussi naissance. «Une âme inaugurant une forme » disait Pierre Jean Jouve. Il constitue une expérience qui nourrit le principe vital. Selon les mots de Shelley, la poésie « crée un être dans notre être... elle libère notre vue intérieure de la pellicule de l’habitude qui nous rend obscure la merveille de notre être, elle nous impose de sentir ce que nous percevons, et d’imaginer ce que nous connaissons ». Même dans le cri d’enfant qui passe entre les vers de Dante, elle est toujours une voix, jamais un écho. Mais de quelle voix et de quelle naissance s’agit-il ?

Sans doute faut-il s’interroger sur le fait qu’en des temps reculés, en Inde comme en Grèce, furent tissés sur une même trame la poésie et le sacrifice. « Le Sacrifice désira la Parole. “Ah ! comme je voudrais faire l’amour avec elle !” Et ils s’unirent » lit-on dans le Shatapatha-Brâhmana (III, 6-2-16). En Grèce ancienne, Apollon était ce dieu dont Pindare nous dit qu’il octroie la cithare et donne la Muse à qui lui plaît. Apollon était aussi le dieu boucher et sacrificateur (mágeiros), celui « qui aiguise, innombrables, les coutelas de Delphes et instruit ses serviteurs en cet office », lit-on chez Aristophane. Qu’il fût habile à manier le couteau, l’épisode du dépeçage de Marsyas nous le rappelle aussi. Et que cette maîtrise ne soit pas sans lien avec l’art du poème, Dante nous le laisse entendre au chant I du Paradis, quand sur le point de s’engager dans ce qu’il estime être le plus haut défi de son poème, il invoque Apollon en ces termes : « Entre dans ma poitrine et souffle, ô dieu, / comme le jour où tu fis Marsyas / hors du fourreau de ses membres jaillir. » Ce qu’implique le propos de Dante, au-delà d’un appel à l’inspiration, c’est que cette dernière ne peut surgir et habiter le poète que s’il s’est préalablement vidé de lui-même, défait de soi jusqu’à atteindre au plus extrême dénuement. Celui qui ressent son insignifiance est mieux que tout autre préparé à tenter le geste du poème. Il va convertir son mutisme douloureux en un silence où la parole pourra s’incarner. Une parole où derrière chaque mot, c’est le langage tout entier qui tente une sortie.

Car le poème est une naissance au monde. Il s’accomplit dans la pleine conscience ou l’intuition obscure que l’origine n’est pas un point fixe à l’orée d’une vie, mais qu’elle constitue un processus constant : une manière d’engager à nouveau un pari avec l’inconnu, une activation de la vie qui autrement s’enliserait dans la narcose, dans la fatigue et l’usure du quotidien. « Incessante origine », a dit Mario Luzi. Mais si le poème est naissance au monde, il est aussi naissance du monde. C’est le sens même du sacrifice.

En effet, la fonction du sacrifice est de revivifier l’univers en actualisant le moment apertural de l’origine. Il n’affirme pas un principe d’invariance et de répétition, mais le fait que depuis le premier jour, et chaque jour depuis, toute chose a été, est et doit être accomplie radicalement, c’est-à-dire selon sa racine, dans l’aurore d’une genèse. L’Inde ancienne nous offre à ce propos des ouvertures fécondes, qui nous incitent aujourd’hui encore à interroger la signification profonde du fait poétique. La pensée védique du sacrifice, intimement liée à la pensée du poème, rejoint les réflexions des Formalistes russes du Xxe siècle sur l’œuvre d’art comme conjuration de l’entropie. « Les premiers poètes ont marché dans le sentier de la Parole grâce au sacrifice » lit-on dans le Rg-Veda (X, 71). Selon les hymnes védiques, la parole a pouvoir d’ordonner et d’harmoniser la totalité du cosmos. Et dans le Shatapatha-Brâhmana, composé entre le Xe siècle et le VIe siècle avant notre ère, le monde régénéré par le poème-sacrifice fait à son tour entendre un chant : « Se sentant tout entière achevée la Terre chanta : d’où son nom de Cantatrice... c’est pourquoi ce qui se croit achevé chante, ou se plaît aux chants ».

La poésie n’est pas une essence. Elle est peut-être ce qui relie l’énergie de l’âme à l’énergie de la langue. Quand ces deux énergies ne sont pas au contact ou restent assoupies, l’humanité en nous mortifie son essor. Nous gisons alors, pour reprendre la phrase de Shelley, « sous les cendres de notre propre naissance et couvons un éclair qui n’a pas trouvé de conducteur ». La poésie ne serait-elle pas, comme l’amour, et dans la conscience même de notre finitude, ce qui nous relève quotidiennement de notre propre mort psychique et spirituelle ? Dans Résurrection du mot (1914), Victor Chklovski observe que dans le langage de tous les jours, nous revêtons fatale- ment la cuirasse de l’habitude et ne prêtons plus attention aux mots que nous employons. Nous ne les entendons plus. De ce fait, si les mots nous permettent encore de reconnaître le monde, ils ne nous invitent plus à le voir et à le ressentir. « Nous sommes semblables aux riverains de la mer qui n’entendent plus le bruit des vagues... semblables au violoniste qui aurait cessé de ressentir son archet et ses cordes... Seule la création de formes nouvelles de l’art peut rendre à l’homme la sensation du monde, peut ressusciter les choses et tuer le pessimisme » écrit Chklovski. Dans le droit fil de cet argument, les Formalistes russes ont mis en circulation le concept d’ostranenié, terme qui pourrait se traduire par défamiliarisation, dans le sens de « rendre étrange », c’est-à-dire « de créer une perception particulière de l’objet, de créer sa vision et non pas sa reconnaissance ». Il y a trois mille ans, l’Inde avait déjà conceptualisé l’écart entre le travail profane et le travail du rite, comme entre le discours de la communication usuelle et le poème. Dans Cuire le monde, Charles Malamoud signale que selon les théoriciens indiens, « le principe qui est la base des figures de la poétique est le vaicitrya (diversité-étrangeté), ou la bhangi (rupture), ou encore la vakrotki (diction courbe). » Et sur ce qui fait lien entre poème et sacrifice, le grand indianiste nous dit encore : « Pindare, arrivant à Delphes, offre un péan, en guise de victime ; le poète taille dans la matière verbale comme le sacrificateur dans la chair de l’animal ; les articulations du vers sont l’image des membres du corps, et les césures une transposition des incisions, etc. Le poème peut être une offrande, parce qu’il est l’analogue d’une victime. Dans l’Inde, la victime peut être une offrande parce que le couteau du dépeceur en fait l’analogue d’un poème. »

Le poème et le sacrifice n’ont d’autre fin que de transformer la parole et le geste humain en véhicule de l’aurore. Au cours du siècle qui vient de s’achever, Pierre Jean Jouve l’a expressément écrit : la fonction du poète, disait-il, implique le sacrifice, « car pour être chargé de la puissance d’amour antagoniste à la mort, le poète doit transporter cette puissance dans tous les endroits où elle est attaquée et recevoir avec elle les coups ». Il précise que dans un monde adonné au ravage, à la destruction, à la négation féroce, l’affirmation du poème doit traverser « une vraie mort, sinon corporelle, du moins mentale : la mort à toute certitude, à la seule certitude nécessaire ». Si le poème participe à la recomposition du monde, c’est qu’il naît d’une dislocation ou qu’il a traversé l’épreuve de l’anéantissement.

On s’étonnera peut-être qu’au seuil d’un numéro d’Europe qui ouvre ses pages aux réflexions de poètes contemporains, on ait risqué une ouverture à tonalité transhistorique. Sans doute y a-t-il là une part d’impertinence, mais on ne répétera jamais assez avec Marina Tsvetaeva que «toute vraie contemporanéité est coexistence des temps ». Et qu’il n’est nullement anachronique, le présent n’étant pas moins tragique que le plus lointain passé, de voir la poésie comme la voyait Mandelstam : « un soc qui affouille le temps afin d’en faire émerger les couches profondes, le tchernoziom », condition nécessaire pour atteindre aux terres vierges du temps.

Apollinaire qui avait connu d’autres combats, de ceux qui laissent le corps physiquement meurtri, demandait néanmoins : « Pitié pour nous qui combattons toujours aux frontières / De l’illimité et de l’avenir ». Alors, pitié ou pas, ne désertons pas cet horizon fragile qui est à reconquérir sitôt conquis, à rêver, à perdre, à réinventer, dans cet irrépressible mouvement qui tient de l’effraction et de la lumière.

Jean-Baptiste PARA et André VELTER Revue Europe, mars 2002

les 3 textes manuscrits ouvrant et fermant La Parole éprouvée, parue le 14 février 2000 / Et ton livre d'éternité ? 2022
les 3 textes manuscrits ouvrant et fermant La Parole éprouvée, parue le 14 février 2000 / Et ton livre d'éternité ? 2022
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LES DITS D'UN POÈTE

9 POÈMES À VOIX HAUTE

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Balades ardéchoises

1 Décembre 2023 , Rédigé par grossel Publié dans #album, #amitié, #ateliers d'artistes, #cahiers de l'égaré, #engagement, #essais, #films, #histoire, #poésie, #FINS DE PARTIES, #notes de lecture, #pour toujours, #spectacles, #voyages, #vraie vie, #écriture, #épitaphier, #éveil

Women 68 avec Luisa Gaillard Sanchez, Françoise Sourd, Line Wiblé / paru en 2017 dans MAMAE Meurtre Artistique Munitions Action Explosion (al dante)
Women 68 avec Luisa Gaillard Sanchez, Françoise Sourd, Line Wiblé / paru en 2017 dans MAMAE Meurtre Artistique Munitions Action Explosion (al dante)

Women 68 avec Luisa Gaillard Sanchez, Françoise Sourd, Line Wiblé / paru en 2017 dans MAMAE Meurtre Artistique Munitions Action Explosion (al dante)

Balades ardéchoises
Du samedi 25 novembre au mercredi 29 novembre


samedi 25 novembre, 19 H 30, à l'Atelier à Privas, 50 places
Women 68, même pas mort

 

" Ce sont des crazy women, des suffragettes émancipées, des « triplettes de Belleville » façon 68, elles chantent Frank Zappa et Janis Joplin. Toujours engagées, enragées, elles n’ont peur de rien et surtout pas des petits mâles dominants.
Elles racontent et chantent le mois de mai 68 à Clermont-Ferrand, avec la nécessité aujourd’hui de continuer à marcher, à avancer, à partager le souffle incoercible de la liberté ! «
3 comédiennes, 75, 67 et 65,

c'est drôle, profond,

une traversée dans 50 ans de féminisme, de condition des femmes, d’émancipation, de libération.
Il y a des moments où je me suis bidonné comme on dit,

par exemple, la séquence sur les pratiques tantriques

ou celle sur l'orgasme clitoridien à la Nina Hagen
 

Après spectacle, partage du repas, échanges avec Françoise Sourd et Luisa Gaillard Sanchez qui me parle de sa mère, elle a fait 15 ans de prison franquiste et en a laissé un témoignage

peut-être en serai-je l'éditeur ?

l'écriture de women 68 remonte à 2008, commande de Bruno Boussagol, Brut de Béton : les mémés rouges sont des hommes

en 2018, Nadège Prugnard met en scène women 68 à Montluçon avec Monique Brun, Marie-Do Fréval entre autres mémés rouges

la compagnie janvier et lipes, d'Ardècle, monte cet oratorio, j'ai lu gratterie, en 2023

je me suis dit: je verrais bien Katia, Sophia et Valérie  créer cette gratterie, juste pour le plaisir de 50 personnes

depuis, il y a eu metoo et d'autres mouvements contre les féminicides, contre la justice patriarcale protégeant les pères incestueux en condamnant les mères protectrices, pour l'inscription du droit à l'avortement dans la Constitution...

 

Bienvenue sur la Terre de et par Roger Lombardot avec Gari Grèu (Massilia Sound System)
Bienvenue sur la Terre de et par Roger Lombardot avec Gari Grèu (Massilia Sound System)
Bienvenue sur la Terre de et par Roger Lombardot avec Gari Grèu (Massilia Sound System)
Bienvenue sur la Terre de et par Roger Lombardot avec Gari Grèu (Massilia Sound System)

Bienvenue sur la Terre de et par Roger Lombardot avec Gari Grèu (Massilia Sound System)

L'art affirme ce que l'homme a de meilleur : l'Espérance, la Foi, l'Amour, la Beauté, la Prière... Ce dont il rêve, ce en quoi il espère... L'artiste exprime l'instinct spirituel de l'humanité.

Andrei Tarkovski

avant le spectacle, montée et descente vers Balazuc, un des plus beaux villages de France, petite balade au bord de l'Ardèche, plantade, on change de vallée au retour, faut faire demi-tour

https://www.francetvinfo.fr/culture/patrimoine/ardeche-a-la-decouverte-de-la-ville-de-balazuc-et-de-son-heritage_4808829.html

 

https://youtu.be/AEzsyNoDzGQ?si=JG54J3ENrBsEZsOT

 
dimanche 26 novembre, 18 H, à L’Atelier-théâtre à Laurac-en-Vivarais
 
Bienvenue sur la Terre, de l'Ardèche à la Toscane sur les traces de Léo Ferré
Dans la continuité de Voyage autour de ma cabane, l’auteur raconte un autre voyage, celui qu’il a fait de l’Ardèche à la Toscane sur les traces de Léo Ferré. Il le raconte à une enfant qui vient de naître, lui parle des poètes, des musiciens, des peintres… de tous les artistes qui enchantent le monde. Il lui dit aussi la beauté de la nature, à l’heure où elle est plus que jamais menacée par nos excès. Une manière pour lui de souhaiter la bienvenue sur la Terre à tous les enfants qui naissent aujourd’hui.
Texte et interprétation : Roger Lombardot
Chansons en scène : Gari Grèu (Massilia Sound System)
Photographies et régie : Manuel Lombardot
 
ayant trouvé une place au 1° rang de cet espace pour 50 personnes, j'ai pu apprécier ce voyage faisant découvrir le lien qu'il y a eu entre l'Ardèche et Léo Ferré,
c'est un travail quasi-patrimonial qu'a réalisé Roger Lombardot, débouchant sur le nom donné à un espace musical à Aubenas, l'espace Léo Ferré en place de l'Espace de la Gare (l'Ardèche est le seul département sans gare)
 
bel hommage de Roger Lombardot à Richard Martin, décédé le 16 octobre 2023, et qui n'a donc pu voir ce travail

Bienvenue sur la Terre  
Roger Lombardot (extrait)

Eh, oui, nous devons déjà partir. Nous avons rendez-vous à Marseille, au théâtre Toursky… Toursky, c’est le nom d’un poète : Alexandre Toursky, un russo-provençal né à Cannes en 1917, mort à Marseille en 1970. « De tous les poètes, vous êtes celui dont je voudrais avoir tout l’œuvre dans le cœur. » lui avait dit un jour Joë Bousquet, un autre poète originaire du midi de la France… Comme Léo Ferré, qui avait chanté pour la première fois au théâtre Toursky en 1971, à l’invitation de son directeur, Richard Martin. Un sacré bonhomme, celui-là, comédien et metteur en scène, qui avait eu le culot d’implanter un théâtre dans l’un des quartiers les plus pauvres d’Europe. Un lieu de culture et de fraternité qui existe toujours plus de cinquante ans après sa fondation. Chapeau bas, Richard, pour ton courage et ta persévérance ! L’amitié et le respect que Léo te portait étaient grandement mérités, toi qui as mis en scène avec tant de respect, de talent, de sincérité… les diverses facettes et nuances de son œuvre. Claude Frigara m’a confié que Léo avait écrit dans ton livre d’or cette très belle épigraphe à propos de ta ville : « Ô Marseille, ô Marseille, je te dirai un jour ce que tu as semé en moi : l’ardeur, le courage et l’accent de la Méditerranée, cette mer monstrueuse d’affection et de tendresse. »
C’est Gari Grèu, un membre du groupe Massilia Sound System qui m’avait reparlé de Richard et de ce fameux quartier de La Belle de mai, peuplé d’étrangers venus de partout à la suite des Italiens. Un quartier ouvrier comme il n’en existe plus guère… les ouvriers étant devenus de nos jours invisibles… Manuel nous entraîne vers le centre. Il connaît un peu Marseille… Noailles… et ses façades coloriées. On croirait marcher dans les pages d’un album de bandes dessinées. J’aime beaucoup.
Ça doit plaire aussi à Saïd, grand amateur de BD… et ami très cher, Marseillais à mi-temps, originaire de Largentière, où il exerce son deuxième mi-temps. Il a habité rue du Panier, dans le quartier du même nom, dit de Marseille que c’est la plus belle ville du monde parce que le monde entier y est représenté. Quand il y vient par le train, il s’attarde longuement sur l’esplanade de la gare Saint-Charles pour la regarder, la remettre dans son cœur, avant de s’y fondre… Gari venait de s’installer à Largentière, en Ardèche, et, tout naturellement, on avait décidé de travailler ensemble sur ce spectacle. Je lui avais demandé s’il accepterait d’ouvrir le bal avec cette chanson qui dit si bien Marseille et la Méditerranée et les senteurs et les couleurs et les accents du monde entier… On était en train de répéter la scène quand on avait appris le décès de Richard Martin, survenu le 16 octobre dernier. Ça nous avait plombés. Et puis, convaincus qu’il aurait aimé que le spectacle continue, on avait décidé de lui dédier ce morceau. Richard, ça te va !

Au marché du soleil/Gari Grèu

https://youtu.be/tMGfZ0Treak?si=pGHx_dPIIYvN3I5_

Il y a de l’or en barre, du bronze et de l’argent, L’écho d’une guitare, des fontaines d’Orient, On y va promener, sous la vieille sono, Elle joue parfois Bob Marley, il fait toujours beau. Tu verrais la joncaille, les perles et les diamants, Des sourires en pagaille, un peu tous les accents. Ça sent le poulet frit sous la vieille sono, Elle joue parfois du Chaabi, il fait toujours beau. Viens avec moi au Marché du Soleil, Près de la mosquée de Marseille Dans ses ruelles, on se dépêche pour acheter Viens avec moi au Marché du Soleil On y déniche des merveilles, Mais les plus belles, pour les avoir faut se dépêcher On vient de tous côtés de la Méditerranée Tout le monde est occupé, tout le monde est employé Tout le monde est affairé, ceux qui viennent biznesser Et qui vont retraverser, recomptent les paquets Les bateaux remplis de toutes ces denrées Bientôt les cales seront pleines à craquer Quand la côte phocéenne se sera éloignée Les boutiques du marché seront déjà fermées. Du vrai cagnard d’Afrique, il y en a à foison De l’arc-en-ciel magique, du rouge du Japon Viens prendre le kawa sous la vieille sono, Elle joue parfois Massilia, il fait toujours beau. On y vient pour voyager, on y vient pour palabrer On y vient pour se rencontrer, pour occuper sa journée On y vient pour respirer, on y vient pour échanger On y vient sans se presser, on prend le temps pour savourer Aujourd’hui les Marseillais de toutes communautés, Ont besoin d’espaces pour se rencontrer. Si on voulait vraiment embellir notre cité Il faudrait un Marché du Soleil dans chaque quartier. Ò vòli veire, Veire lusir l’estèla, Ausir lo vent Calinhar ambé la vèla. Ò vòli córrer, m’encargar de meravilhas, M’entornar fièr sus lo camin de Marselha. Ò vòli anar Cavaucant sus leis èrsas. Sentir lo vent Quand lo monde s’enversa. O vòli córrer, tenir la mar per familha, M’entornar fièr vèrs lei filhas de Marselha.

 
très magnétique présence de Gari Grèu avec lequel j'ai échangé après, fils d'immigrés italiens de 3° génération
 
après le spectacle, échanges avec une femme au regard de feu, Marie
- que faites-vous ?
- touche-à-tout
- et de toucher à tout, cela vous permet de toucher quoi ?
ma question ne porte pas sur les médiums utilisés par Marie, toucher à quoi ?, ses pratiques mais sur le toucher quoi ?
et qui est d'après moi, aujourd'hui, le miracle et le mystère de la Vie (incluant la mort dont je ne peux et ne veux rien dire non plus), miracle et mystère indicibles mais pouvant peut-être être touchés, effleurés en de rares moments de plénitude, de communion avec le UN
et de lui parler de la camigraphie expressive, pratiquée par Aïdée Bernard, pratique qui pourrait s'ajouter à ses autres pratiques
 
 
 
ayant lu le lendemain la plaquette de 84 pages, 40 ans de création théâtrale,
 
 
j'ai pris pleinement conscience de la démarche de Roger
pas seulement par une parole persuasive de nous persuader que seule la beauté sauvera le monde selon le propos de Dostoïevski et donc par une telle parole nous inciter à faire choix de la beauté dans notre vie, dans notre relation à nous, aux autres, à la nature
mais par des actions performatives sur le terrain, la proposer, la partager, la faire vivre et nous amener à faire de même, selon nos possibilités
 
aujourd'hui, on appelle ça événementiel et c'est toujours d'en haut que c'est commandé (l'ouverture de la coupe du monde de rugby, l'ouverture des J.O.) et ça coûte un fric dingue et c'est raté, et c'est moche
 
Lombardot fait jouer un orchestre au sommet du Mont Blanc et c'est retransmis dans 23 pays, le 21 juin 1993, introduction d'Hubert Reeves
ou il fait jouer un violoniste pendant le conflit en Bosnie, y compris dans des caves où sont réfugués des Bosniaques persécutés par les Serbes
 
des fois, il ne trouve pas les moyens
 
d'autres fois, il trouve un mécène, exemple le spectacle pour une seule spectatrice avec 1000 roses rouges sur l'île au tombeau de JJ Rousseau au château d'Ermenonville

UN JOUEUR (texte datant de 2003, il y a 20 ans)

Il a 56 ans. Pour lui, la vie, sa vie doit être créatrice. L’art lui est essentiel. Celui des autres. Génies de la musique, de la peinture, de l’architecture. Celui qu’il cultive : l’art du théâtre, de la mise en scène.

Il a réussi à faire jouer au sommet du Mont Blanc par orchestre et chœur et pianiste à son piano, la IXe symphonie de Beethoven, pour les montagnes et sans mélomanes.

En pleine guerre de Bosnie, il a organisé des convois humanitaires formés de musiciens qui offraient dans des caves des soirées musicales à des Bosniaques réunis par le bouche à oreille au nez des miliciens Serbes.

Il a organisé un spectacle gratuit Le Voyage de six heures pour une spectatrice, parcours artistique de 60 km conduisant la spectatrice d’une grange à ciel ouvert avec un pianiste jouant Schubert à une chapelle avec une soprano, d’un café plein d’ivrognes-poètes à un château où mille roses l’attendaient sur la pelouse. Ce spectacle, cher, n’a eu qu’une représentation.

Il peut donner rendez-vous à sa femme à onze heures du soir à Vallon Pont d’Arc. À cette heure il n’y a plus personne. Et sous l’arche naturelle, il a préparé un souper aux chandelles et au champagne pour eux deux.

Il peut mobiliser des amis artistes, en leur faisant croire que c’est l’anniversaire de sa femme et celle-ci, dans un parcours inattendu, se voit offrir un joyeux anniversaire qui la fait rire aux étoiles ainsi que les amis, dupes indulgentes d’un joueur amoureux.

Il a obtenu de visiter la grotte Chauvet en compagnie de son découvreur.

Voici donc un artiste descendu dans cette grotte découverte en 1994 et où se trouvent les plus anciennes peintures pariétales connues à ce jour : 36 000 ans. Il a fait de son rêve, une réalité et une œuvre : un monogue de femme, hommage théâtral à la grotte Chauvet : La Rose. Dont il a fait un spectacle présenté vingt-cinq fois dans le théâtre de 50 places qu’il a construit chez lui, dans l'ancienne cave à vin. C’était plein tous les soirs !

Ce joueur s’appelle Roger Lombardot.

Pour une école du gai savoir, page 246

dernière, le dimanche 26 novembre 2023

dès le jeudi 30 novembre 2023

J’ai attaqué hier les premières répétitions de L’expérience humaine qui sera créée le 17 mars 2024 à la Ferme familiale de Gustave Courbet, à Flagey dans le Doubs, faisant partie du Pôle Courbet qui comprend le musée, l’atelier du peintre et la ferme aménagée en lieu de spectacle.

Partant de L’Origine du monde, m’appuyant sur une cinquantaine de toiles de maîtres, je reviens sur mon parcours de vie et sur les événements du monde qui l’ont jalonné. Mais cette fois je ne serai pas sur scène, c’est mon personnage qui prendra ma place. Ce personnage de femme que tu connais bien qui hante la plupart de mes pièces. Arrive le moment où il faut s’incliner et reconnaître avec José Saramago que le personnage est le maître et l’auteur son apprenti.

Roger Lombardot, mail du 1° décembre 2023, 10 H 50

 
 
 

Lombardot, chantre du monde et artiste de l'humain

ma rencontre avec Danyèl Waro

ma rencontre avec Danyèl Waro

lecture de Ma rencontre avec Danyèl Waro

et la découverte du maloya, le blues de La Réunion

6 livres lus
 
Ma rencontre avec Danyèl Waro de Roger Lombardot
 
Y a-t-il eu un instant zéro ? de Etienne Klein
 
Véra veut la vérité de Léa et Nancy Huston
je vais tenter de donner "ma" réponse à la question de Véra,
- qu'est-ce que c'est, morte ?
la réponse de son père n'étant qu'une des réponses possibles
- ben, ça veut dire une chose qui a été vivante et qui ne vit plus...tout ce qui est vivant doit mourir...c'est la vie
 
Fils du brouillard de Georges Moustaki et Siegfried Meir
ou comment les camps de Birkenau puis Mauthausen font de Siegfried, un garçon apprenant à survivre, sans illusion sur les gens, kapos, bourreaux, développant de multiples astuces et réussissant à en réchapper, devenu ami avec Moustaki
 
Un an dans la forêt de François Sureau
l'histoire de la fabuleuse année 1938 que Blaise Cendrars passa dans la forêt des Ardennes avec Elisabeth Prévost, madame mon copain
 
 
Molière Matériau(x) de Pierre Louis-Calixte
je retourne en Ardèche le 14 décembre pour entendre ce texte et pour écrire-dire une lettre à Pierre Louis-Calixte
 
 
2 films
 
Et la fête continue !
 
Good bye Julia
(film d'un soudanais sur le Soudan pendant la guerre civile, le Soudan présent pour la 1° fois à Cannes
film vu à la dernière séance au LUX, scène nationale de Valence)
madame mon copain / Molière Matériau(x) de et par Pierre Louis-Calixte
madame mon copain / Molière Matériau(x) de et par Pierre Louis-Calixte

madame mon copain / Molière Matériau(x) de et par Pierre Louis-Calixte

Balades ardéchoises

dossier de presse de Good bye Julia

l'exposition de la compagnie Stereoptik au LUX

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Armand Gatti

17 Septembre 2023 , Rédigé par grossel Publié dans #Corsavy, #FINS DE PARTIES, #Le Revest-les-Eaux, #SEL, #agoras, #ateliers d'artistes, #engagement, #notes de lecture, #pour toujours, #poésie, #spectacles, #voyages, #écriture, #épitaphier

Gatti, 100 ans le 26 janvier 2024, portrait Ernest Pignon-Ernest
Gatti, 100 ans le 26 janvier 2024, portrait Ernest Pignon-Ernest
Gatti, 100 ans le 26 janvier 2024, portrait Ernest Pignon-Ernest
Gatti, 100 ans le 26 janvier 2024, portrait Ernest Pignon-Ernest

Gatti, 100 ans le 26 janvier 2024, portrait Ernest Pignon-Ernest

Un poète et un photographe se retrouvent dans ce livre : Armand Gatti et Paolo Gasparini. De leur rencontre à Cuba en 1962 au moment du Débarquement de la Baie des Cochons, naitra plus qu’une complicité, un dialogue. Je me suis demandé comment ce lien avait pu durer jusqu’à la mort de Gatti. Rien n’est simple...

La poésie de l’étoile
Paroles, textes et parcours
Armand Gatti et Claude Faber, 
postface de Bertrand Cantat
entretiens entre octobre et novembre 1997
Collection Les passeurs de frontières
Descartes et Cie, 1998
Après Golovanov, traduit par Hélène Châtelain, compagne d’Armand Gatti, il me fallait lire en cohérence avec ce que j’avais lu. 
Deux livres d’Armand Gatti me faisaient signe : 
- La poésie de l’étoile, entretiens, 
- La parole errante, 1760 pages, chez Verdier 
(les 3 tomes des oeuvres théâtrales, Verdier, sont au Revest). 
Plusieurs raisons à ce choix : Gatti vu et écouté au banquet du Livre à Lagrasse, deux ans de suite, Gatti et Jean-Jacques Hocquard vus à La parole errante (les anciens studios Méliès) à Montreuil, Gatti vu en Avignon avec les loulous, Gatti vu à la Bibliothèque Armand Gatti à La Seyne-sur-Mer. 
Je n’ai pas échangé avec lui mais j’ai écouté, j’ai lu, j’ai suivi.
Les entretiens sont passionnants. Ce n’est pas une biographie au sens classique, ni des entretiens édifiants sur une stature. Gatti et le journaliste essaient de mettre au jour, ce qui a mis en mouvements 
- l’enfant vivant dans un bidonville de Monaco avec un père d’origine italienne, éboueur, anarchiste, soucieux de verticalité et dont la langue est la Baleine et une mère également italienne et franciscaine, insistant pour qu’il soit le premier en français (sinon, tu lècheras toujours le cul des riches), 
- l’adolescent de 16 ans qui rejoint le maquis de Berbeyrolle en Corrèze avec des livres de poèmes et comme arme, une poire à lavement, 
- le camp de concentration (la cloche sous-marine à - 200 m, les jouets des enfants juifs entassés dehors, les 3 rabbins et leur théâtre, leur humour dans le camp, la question trouvée dans une boîte hermétique : le mot chien aboie-t-il ?, 
- l’évasion et les 3 mois pour rejoindre Bordeaux, le chemin inverse de celui d’Hölderlin, 
- le journalisme, le prix Albert Londres, 
- les grands voyages de reporter en Sibérie, en Chine, au Guatémala, Nicaragua…, 
- le cinéma : L’enclos, primé à Cannes, 
- le théâtre institutionnel avec Jean Vilar, 
- la bifurcation vers un théâtre pour et avec les loulous (chômeurs, prisonniers, délinquants) 
- et en fin d’entretien, le projet L’été indien. 
Gatti a 73 ans en 1997, né en 1924. Il meurt en 2017.
S’il y a une ligne dans cette vie, c’est le choix de la prise de conscience contre toute prise de pouvoir, c’est le choix de la connaissance comme ouvrant les possibles contre tout dogmatisme, religieux, idéologique, c’est la conviction qu’il faut placer la barre haut quand il s’agit d’écriture, de poésie. 
D’où son amitié avec Michaux, 
d’où sa passion pour le hassidisme et la kabbale, pour les idéogrammes chinois, 
d’où sa passion pour la physique quantique dont il parle très bien et dont il montre bien quelle nous permet de voir autrement qu’à travers le déterminisme de la physique newtonienne.
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Depuis ces entretiens de 1988, le boson de Higgs dont il parle a été fabriqué mais aussi a été découverte l’expansion accélérée de l’univers et nous ne sommes peut-être donc pas l'agonie d'une étoile… 
Et le sous-commandant Marcos n'est plus le porte-parole anonyme des Indiens du Chiapas. 
Lire Jérôme Baschet, la rébellion zapatiste.
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De là où j’en suis aujourd’hui, je trouve sa cherche très intéressante avec deux bémols, les mots combat, résistance. 
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Si tu crois que tu es fait pour l’aventure de l’écriture comme renversement du constat de Felipe :
« vos mots racontent mais ils ne disent rien » 
alors pratique tes injonctions : « au commencement était le verbe et le Verbe était Dieu. Voulez-vous être Dieu avec moi… Nous ne dirons plus ici l’Histoire, nous dirons l’Univers. »
et n'en fais pas une croisade, un combat, une résistance; 
t'as pas besoin d'ennemis à désigner; 
crée, invente des langues
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Gatti, l’homme qui faisait parler les arbres, les chiens, les loups, la baleine, qui rendait la parole des morts comme L’inconnu N°5, comme les dix Irlandais en grève de la faim au temps de Bobby Sands, comme Rosa collective ou les Indiens du Chiapas.
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Armand Gatti ne cache pas son intention : « nous préparons la guerre civile des mots »
Claude Faber
Pour moi, une certitude est une capitulation. La qualité principale de l’homme, c’est d’être imprévisible. Il faut aller à l’encontre de toute modélisation. Les normes ne conduisent qu’aux déformations de l’humain.
Armand Gatti
La page du livre
Claude Faber : Mais avec le métier de journaliste, tu vas multiplier les voyages, donc les trajectoires et les rencontres. Peut-on dire que cette période va te servir à collecter la matière que tu utiliseras plus tard pour tes pièces ?
Armand Gatti : Oui, puisque je n’ai rien oublié de ces voyages. Ils m’ont permis de mieux connaître le monde et surtout le destin des hommes. Quand j’ai découvert la Sibérie en 56–57, j’ai pris conscience de tout un continent, d’une véritable aventure humaine, faite de visages, d’immensité et de froid. Sans ce métier, je n’aurais peut-être jamais aussi bien découvert l’Amérique latine et toute cette vie qui prend souvent des airs baroques et exubérants. Prenons l’exemple du Nicaragua, j’ai une anecdote qui mériterait de figurer dans les œuvres de Garcia Lorca. Quand je suis arrivé à Managua, mes valises ont immédiatement disparu. Je suis allée au commissariat pour me plaindre et j’ai gueulé si fort qu’ils m’ont mis en prison. Les policiers m’ont dit que dans la cellule d’à côté, il y avait une petite Française. Alors moi, j’ai essayé de communiquer avec elle, mais elle ne répondait pas. Quand l’ambassadeur français est venu me chercher, j’ai appris qui était la Française. C’était une 4 CV de Renault. Il faut savoir que Somoza, le dictateur du pays, était représentant en automobiles. Là-bas, il n’y avait que des grosses voitures américaines. Or, ces monstres n’étaient pas faits pour les petites routes du Nicaragua. Il fallait voir ces scènes odieuses quand, à certains passages trop étroits ou trop mauvais, les Indiens portaient chaque voiture avec son propriétaire resté au volant. C’était d’un lugubre. Le proprio poussait la compassion parfois à descendre et marcher derrière. Pour « être aimable » avec Somoza, le gouvernement français n’avait rien trouvé de mieux que de lui offrir une petite 4 CV. Comme tout bon dictateur, il n’a pas pu s’empêcher de défiler dans les rues, vantant les mérites de son nouveau véhicule. L’ambassadeur des USA a très mal pris la chose et il est intervenu. Du coup, Somoza à la solde des Américains, s’est excusé, a traité publiquement la voiture de salope et la mise en prison. L’histoire peut sembler incroyable mais c’est vrai.
Ne jamais chercher le prophète
Chercher le combattant,
Seul le combat de chaque jour invente
Seul le combat de chaque jour crée
Ne cherchez pas le prophète
Seul le combat possède le don de la prophétie.
Rosa Collective, Armand Gatti
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Pauline Tanon a avec Jean-Jacques Hocquard consacré une belle étude à Gatti et aux arbres. Dans le maquis des mots. Actes-Sud, 2014.
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Merci à Georges Perpès et à Françoise Trompette d’avoir pensé à lui pour la Bibliothèque de théâtre Armand Gatti qui a démarré à L'abattoir à Cuers et se retrouve depuis 2012, à La Seyne, place Martel Esprit, devenue aussi lieu d’écritures théâtrales et du projet Un auteur dans ma classe qui en est à sa 8° année : Théâtre de la Jeunesse # 8, sous la houlette depuis 4 ans, depuis 2019 de Cyrille Elslander et Hélène Mégy.
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préambule très précis donnant à voir la démarche d'écriture de Gatti par Michel Séonnet
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en lecture, après Gatti, parce que jamais lues et pourtant je les avais depuis 1988, Mémoires d'Hélène de Sophie Chauveau dont j'ai fait la connaissance à à la FDL d'Hyères en mai, éditions Robert Laffont/JJ Pauvert, avec en titres sur le rabat de 4° de couverture : Jean-Claude Carrière (les années sauvages), sans nom d'auteur Le prix d'un Goncourt, Emmanuelle Arsan (Emmanuelle) et deux autres titres
les 3 tomes des 45 oeuvres de Gatti, parution 1° juin 1991; apparemment indisponible chez verdier

les 3 tomes des 45 oeuvres de Gatti, parution 1° juin 1991; apparemment indisponible chez verdier

Résumé

Quatre mille pages, quarante-cinq pièces : l’oeuvre d’Armand Gatti, homme de théâtre et écrivain, est hantée par l’expérience des camps et des maquis (d’abord celui de 40-45 bien sûr, mais aussi ceux du Guatemala, de l’Irlande du Nord et des banlieues d’ici). Hantée par le Verbe aussi, arme de résistance et de révolution. Ses mises en scène ? Jamais dans un théâtre classique, toujours dans des lieux dérangeants, habités, urbains (cités, prisons, usines). Ses spectacles ? Jamais payants, toujours avec banquets d’anarchistes. Jamais répétés, encore moins ressassés, toujours créations uniques. Ils s’étirent sur trois jours et se dispersent parfois même partout, parmi les figures de pierres. Armand Gatti n’est pas seul, bien sûr. Jean-Jacques Hocquart, Gilles Durupt, Hélène Chatelain, Stéphane Gatti, l’accompagnent depuis fort longtemps dans sa guérilla urbaine. Depuis quinze ans, de Toulouse à Marseille, de Fleury-Mérogis à Avignon, ils opèrent dans les villes ensemble. C’est ainsi, qu’à partir d’un lieu dont ils font leur base, ils vont chercher et tirent à eux tous les laissés pour compte avec lesquels ils vont fomenter leurs spectacles.

Gatti dans son bureau à Montreuil le 26/1/2004 et le bureau le 24/8/2023; la maison de Gatti à Montreuil deviendra-t-elle en 2024 pour le centenaire maison des Illustres ?
Gatti dans son bureau à Montreuil le 26/1/2004 et le bureau le 24/8/2023; la maison de Gatti à Montreuil deviendra-t-elle en 2024 pour le centenaire maison des Illustres ?

Gatti dans son bureau à Montreuil le 26/1/2004 et le bureau le 24/8/2023; la maison de Gatti à Montreuil deviendra-t-elle en 2024 pour le centenaire maison des Illustres ?

La rébellion zapatiste

 

Jérôme Baschet

La rébellion zapatiste
Insurrection indienne et résistance planétaire
Édition mise à jour et augmentée d'une nouvelle postface
1er janvier 1994. Dans le Sud du Mexique surgit un mouvement politique absolument neuf. Autour de son porte-parole, le sous-commandant Marcos, émerge une ample dynamique sociale, forte de décennies de luttes menées par les paysans indiens du Chiapas.
La rébellion zapatiste, prenant ses distances à l ’égard des doctrines de Lénine ou de Che Guevara, ouvre la voie à une autre pensée révolutionnaire. Son but n’est pas de prendre le pouvoir, mais de construire un monde où il y ait place pour de nombreux mondes ; son combat pour la justice sociale et la dignité partagée, qui se déploie dans l’expérience de l’autonomie, s’adresse à tous ceux qui résistent à l’ordre néolibéral.
Étude approfondie des idées et des valeurs du zapatisme, ce livre met aussi en perspective les apports et les stratégies d’un mouvement qui continue d’être une source d’inspiration bien au-delà du Mexique, rencontrant un vif écho auprès d’intellectuels et d’activistes du monde entier. Parution 2 janvier 2019
poème aztèque néolithique, entendu hier matin dans un entretien d'Ivan Illich en 1972
et qui me semble convenir au Songe d'une nuit d'été vu hier soir
et à la vie de chacun d'entre nous, 
la vie nous est prêtée pour un petit temps seulement mais elle est couleur, chant, odeur, saveur avant effacement, 
idem pour toute rencontre
"C'est un poème néolithique aztèque écrit par un Espagnol en lettres espagnoles, mais dans le Nahuatl. Ce poème [adressé à un dieu] dit :
Pour un tout petit temps seulement, nous sommes prêtés l'un à l'autre.
Nous vivons parce que tu nous dessines.
Nous avons de la couleur parce que tu nous peins.
Et nous respirons parce que tu nous chantes.
Mais seulement pour un tout petit temps, nous sommes prêtés l'un à l'autre.
Parce que nous nous effaçons comme dans le dessin même quand il est fait dans l'obsidienne.
Nous perdons notre couleur comme même le quetzal, le bel oiseau vert perd sa couleur.
Et nous perdons notre son et notre respir comme même le chant de l'eau.
Pour un tout petit temps, nous sommes prêtés l'un à l'autre."
Ivan Illich, extrait d'un entretien télévisé avec Jean-Marie Domenach en 1972. Illich dit le poème à 49'50"
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Vassili Golovanov / Vélimir Klebnikov / Andréï Platonov

16 Septembre 2023 , Rédigé par grossel Publié dans #Corsavy, #FINS DE PARTIES, #SEL, #essais, #histoire, #notes de lecture, #pour toujours, #poésie, #écriture, #épitaphier

Vassili Golovanov / Vélimir Klebnikov / Andréï Platonov
Vassili Golovanov / Vélimir Klebnikov / Andréï Platonov
Vassili Golovanov / Vélimir Klebnikov / Andréï Platonov
Vassili Golovanov / Vélimir Klebnikov / Andréï Platonov
Vassili Golovanov / Vélimir Klebnikov / Andréï Platonov
Vassili Golovanov / Vélimir Klebnikov / Andréï Platonov
Vassili Golovanov / Vélimir Klebnikov / Andréï Platonov
Vassili Golovanov / Vélimir Klebnikov / Andréï Platonov
 
que lire après de tels livres, Suite française, Le passage des anges ?
un livre à la célèbre couverture jaune des éditions Verdier m'a attiré tout de suite : espaces et labyrinthes
son auteur Vassili Golovanov m'avait enthousiasmé avec son Éloge des voyages insensés, il y a quelques années 
déjà deux récits lus: 
- La source, consacré à la source de la Volga avec une évocation magnifique de fête traditionnelle avec accordéoniste et artistes, fête dédiée à la Vierge Marie en date du 21 septembre dans un village perdu proche de la source (femmes et hommes ont besoin de ces fêtes, boire, oublier, s'oublier, chanter, danser, se souvenir, le malheur de chacun étant connu de tous et chacun le faisant sien)
- et Khlebnikov et les oiseaux, l'inventeur de la langue Zaoum, 
là, je pense à D. K. qui m'a fait connaître ce génie
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D.K. qui m'a fait découvrir Khebnikov, lisant Zanguezi au parc du Mugel à La Ciotat Poésie dans l'arbre, une initiative portée par Jacqueline Dussol, cela se passa en août 2011

D.K. qui m'a fait découvrir Khebnikov, lisant Zanguezi au parc du Mugel à La Ciotat Poésie dans l'arbre, une initiative portée par Jacqueline Dussol, cela se passa en août 2011

Sur les 6 récits lus dans Espaces et labyrinthes de Vassili Golovanov, décédé à 60 ans, en avril 2021, un écrivain rare et puissant, édité par Verdier à Lagrasse, l’éditeur d’Armand Gatti, de Pierre Michon et la ville du Banquet du livre, où je me suis rendu plusieurs fois, il y a bien des années, au tout début.
Récits fouillés, documentés, d’actualité et de toujours parce que Vassili Golovanov ne peut pas vivre dans ce monde globalisé, de consommation et de soumission volontaire, de destruction de la terre, des gens, des langues, des cultures et part donc en géographe métaphysique vers des lieux à la fois réels et mythiques, mystérieux et pouvant ouvrir des possibles liés à des territoires oubliés mais encore vivants, où vivent encore quelques rares témoins de traditions et de langues en train de mourir mais chargées de significations et d’énergies. 
- Ainsi le récit sur le retour à la source de la Volga, avec sa fille, source gardée par un gardien tentant de conserver ce qui peut l’être, révélant sur quoi ouvre cette source, le plus grand fleuve de Russie débouchant par de multiples bras, souvent impraticables dans la mer Caspienne, face à la Perse, face aux steppes de l’est. 
- Suit le récit sur Khlebnikov, sur les relations entre le père, ornithologue dans la réserve caspienne et le fils, sur l’attrait de la Caspienne, terre et mer où peuvent se voir des lotus venus d’Asie, des ibis venus d’Égypte… Le génie verbal de Khlebnikov, « inventeur de langues », semble être le résultat d’une initiation d’âme à âme par un maître soufi persan, mort plusieurs siècles avant Vélimir, Attâr, l’auteur entre autres de La conférence des oiseaux. 
Évidemment, une telle thèse est incompréhensible, irrecevable pour et par des esprits cartésiens, rationalistes.
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- Le récit du retour au mont Bogdo avec son amour est le récit d’une ascension de 140 mètres seulement sur un mont réel et très chargé énergétiquement, ouvrant sur les steppes.
- Le 4° récit est consacré au parc de Priamoukhino, agencé par le père de Bakounine, dans l’esprit de la philosophie des jardins du XVIII° siècle, visant à rendre sensible l’harmonie entre une famille et la nature qui l’entoure (maison de 24 pièces pouvant accueillir 6 invités en même temps, avec des chênes plantés pour la naissance des 11 enfants…). 
Aujourd’hui, cette maison, ce parc en ruines, est gardé par un gardien et restauré l’été par des anarchistes russes. 
Long essai sur Bakounine, très documenté, partisan de la destruction des structures de tout état, bâtiments, documents, archives. Et sur les liens inattendus, ambigus entre Bakounine et Dostoïevski qui se serait servi de lui comme modèle (sans la flamboyance) pour le personnage de Nicolas Stavroguine dans Les démons.
- Le 5° récit, Vision de l’Asie, journal de Touva, est centré sur les steppes, au-delà de la taïga, de là où sont venues les invasions des Barbares, selon l’appellation des Grecs. Et de découvrir le Grand Interdit de Gengis Khan, l’histoire secrète des Mongols, écrite en 1240, transmise de bouche à oreilles pendant 8 siècles, grand interdit interdisant toute construction de ville, tout travail agricole et même chasses et battues dans la région où il se retira après sa blessure, autour de la montagne sacrée Khamar-Daban, en Bouriatie. 
Ce grand interdit pour assurer un monde de paix et d’harmonie a duré 7 siècles. 
Quel barbare !
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- Le 6° récit est consacré à la recherche des ruines de Tchevengour, d’après le titre du roman d’Andreï Platonov, achevé en 1928, paru sous une forme tronquée en France en 1972, et en 1988 en Russie. Auteur russe majeur déclare Brodsky avant de disparaître. 
N’ayant jamais entendu parler de Platonov, ce récit m’a intéressé en montrant comment un ingénieur de l’époque révolutionnaire, chargé de grands travaux d’irrigation comprend assez vite que le monde nouveau, l’homme nouveau, l’avenir radieux est porteur de tout ce qu’a engendré le totalitarisme bolchevique (Staline avait commenté en marge d'un manuscrit de Platonov : c’est un salaud) et de créer l’anti-Pétersbourg, l’anti-Moscou, Tchevengour, le paradis des gueux, ces paysans jugés inutiles par les bolcheviks. 
Platonov comprend que la Terre est un organisme vivant, que tout y est en lien et à respecter. Il est sur la même longueur d’onde que Vernadski. 
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Tchevengour (en russe : Чевенгур) est un roman écrit par Andreï Platonov entre 1926 et 1929, et publié intégralement pour la première fois en URSS en 1988. Refusé par la censure, le livre connut cependant plusieurs publications très fragmentaires, la première fois en avril 1928. Le héros parcourt l’URSS vers 1925 pour découvrir "le Socialisme réalisé ", et découvre le village de Tchevengour, où le Socialisme a été établi : les "bourgeois " locaux ont été massacrés, le commerce et le travail sont strictement interdits. Le soleil doit pourvoir à tous les besoins. Et les villageois meurent de faim... 
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« Vous êtes un homme de talent, c'est sans conteste, et vous avez une langue tout à fait originale. Mais avec toutes ces qualités indiscutables, je ne pense néanmoins pas que vous serez édité. L'obstacle, c'est votre mentalité anarchiste, qui est visiblement une partie consubstantielle de votre esprit. Que vous le vouliez ou non, vous avez donné à votre description de la réalité un caractère lyrico-satirique. Malgré toute votre tendresse pour les hommes, vos personnages sont voilés d'ironie, le lecteur voit moins en eux des révolutionnaires que des toqués, des cinglés. Je n'affirme pas que cela soit fait consciemment, mais c'est ainsi que pense le lecteur, du moins moi, Peut-être me trompé-je. J'ajoute ceci : parmi les responsables de revue actuels, je n'en vois aucun qui serait capable d'apprécier votre roman, à l'exception de Voronski, mais comme vous le savez, il n'est plus aux commandes. »
— Maxime Gorki, Lettre du 18 septembre 1929
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Ces récits parus en 2008, écrits avant (le dernier en 2001) sont des récits d’un homme soucieux par ses expériences géographiques (aller voir sur place et pas en touriste) de mieux comprendre ce qui se joue là où il vit (Moscou et le monde occidental ou le triomphe de la rationalité et de l’exploitation no limits) et comment le déjouer, comment renouer avec la sensibilité, l'intuition, comment retrouver le lien avec des spiritualités nettoyées de dogmatisme. 
En 2023, ce ne serait pas des anarchistes qui investiraient le parc de Priamoukhino mais des colibris ou une association usant pour son fonctionnement du RIC. 
En 2023, Tchevengour, ce serait des tiers-lieux pluri-indisciplinaires, des centres de méditation, de non-agir. 
Il me semble qu’en une quinzaine d’années, la demande non de sens, mais de valeur, de virtu est en augmentation. 
Le confinement pendant la covid a fait prendre conscience à pas mal de gens de l’absurdité de la vie qu’on mène et du monde dans lequel on vit. D’où d’innombrables essais, expérimentations, terreau propice à peut-être un changement de paradigme, s’il n’est pas trop tard. 
Ces récits tournés vers les steppes m'ont rappelé mes deux voyages en Bouriatie et au Baïkal, ma rencontre avec trois traditions, orthodoxe, bouddhiste, chamanisme. Et le mensonge dans lequel j'ai cru pendant 60 ans : la nécessité de la révolution.
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Vélimir Khlebnikov
Vélimir Khlebnikov (1885-1922), « président du globe terrestre », le plus grand des poètes russes, si grand qu’il « ne passe pas par n’importe quelle porte », a participé à la fondation du mouvement futuriste, puis s’en est écarté pour suivre un chemin de solitude. Novateur, il va au-delà du langage transmental des futuristes (zaoum, élégamment traduit par l’outrâme), dynamitant le langage pour recréer un monde nouveau. Les mathématiques, l’ornithologie (la profession de son père), l’astronomie, la philosophie façonnent cette langue nouvelle – langue des oiseaux, poésie stellaire – qui dit les bruissements du monde, en cherche la structure profonde. Salué par Roman Jakobson, il est aussi admiré par les poètes de sa génération, aussi différents de lui que Mandelstam, Pasternak, Tsvetaeva, et fascine des peintres comme Larionov ou Malevitch.
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La révolution a eu lieu. Elle a entamé radicalement le siècle.
En mai 1919, Khlebnikov quitte Moscou, une petite valise à la main : « Je vais dans le Midi, c’est le printemps. »
Il part vers l’un des points les plus brûlants de la guerre civile, l’Ukraine. L’errance va durer plus de trois ans et le mènera autour de la Caspienne, en Azerbaïdjan, au Daghestan, en Perse, puis de nouveau en Russie. Il sera emporté par la misère et la gangrène à Santalovo, un village du Nord, près de Novgorod.
La valise a fait place à une légendaire taie d’oreiller dans laquelle il entasse ses manuscrits, poèmes, proses, lettres, feuilles parfois volées ou envolées, qui accueille aussi son sommeil.
Il écrit aussi dans l’urgence, dans l’obscurité, dans la maison des fous, au profond de la faim, des abris de fortune, devant des feux de camp où s’échangent pain et poème, pain et immortalité.
Langue des oiseaux, poésie stellaire, écriture des nombres…
Je pense écrire une chose dans laquelle toute l’humanité, 3 milliards, participerait et où elle serait obligée de jouer. Mais la langue habituelle ne convient pas pour la chose, il va falloir pas à pas en créer une nouvelle.
(Lettre à Maïakovski, 18 février 1921.)
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Oeuvres
1 150 pages, 47,00 €, 978-2-86432-920-6, septembre 2017
aux éditions Verdier

In the Deathcar est la chanson du générique d'introduction du film d'Emir Kusturica Arizona Dream. Écrite par Iggy Pop, elle est interprétée d'une voix lugubre par le chanteur punk sur une musique plagiée.

Le générique de fin reprend sous le titre This Is a Film la même musique avec un chœur et des paroles, non chantées, d'Emir Kusturica.

 

In the Deathcar

 

Le poème, écrit par Iggy Pop, évoque, sur le thème du post coïtum animal triste, différentes scènes métaphoriques du film récurrentes dans l'œuvre de Kusturica : l'aboiement du chien fidèle, la vie conçue comme un accident, l'amour à plus d'âge, la vie plus vraie vécue par les personnages de cinéma, la civilisation de la voiture comme un emportement illusoire... Son refrain « Dans la voiture de mort, nous sommes en vie » exprime la philosophie calderonienne, développée dans le film, d'une vie qui n'est faite que d'illusions mais d'un désir qui se perpétue au-delà de la mort.

 

This Is a Film

 

Les paroles, écrites par Emir Kusturica, reprennent les mots d'Andrei Platonov dans son roman Tchevengour« Il voudrait montrer à Zakhar Pavlovitch les yeux d'un poisson mort et lui dire, Regarde, là est la sagesse! Le poisson se tient entre la vie et la mort, et c'est pour cela qu'il reste muet et impassible. Je veux dire, que même un veau pense, mais un poisson, non. Il sait déjà tout. ».

Le titre initialement envisagé pour « ce film » était en effet La Valse du turbot

 

 
 
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Vers les confins / Rezvani

14 Août 2023 , Rédigé par grossel Publié dans #Corsavy, #Emmanuelle Arsan, #FINS DE PARTIES, #SEL, #agoras, #histoire, #notes de lecture, #pour toujours, #poésie, #voyages, #écriture

Rezvani retour en Avignon, Serge Rezvani en Avignon avec France Culture, le 14 juillet dans les jardins du Musée Calvet
Rezvani retour en Avignon, Serge Rezvani en Avignon avec France Culture, le 14 juillet dans les jardins du Musée Calvet

Rezvani retour en Avignon, Serge Rezvani en Avignon avec France Culture, le 14 juillet dans les jardins du Musée Calvet

édition 1992, dédicacée suite à la visite à La Béate, le 2 août 2001, lue en 2012
édition 1992, dédicacée suite à la visite à La Béate, le 2 août 2001, lue en 2012

édition 1992, dédicacée suite à la visite à La Béate, le 2 août 2001, lue en 2012

La Traversée des Monts Noirs

supplément au Rêve de d'Alembert

de Serge Rezvani

(Belles Lettres 2012)

 

voilà un roman d'une densité telle qu'il faut une grande attention et concentration pour ne pas s'égarer, lu dans l’édition de 1992 chez Stock, disponible en 2012 aux Belles Lettres

un roman dialogué ou plutôt monologué par des personnages divers qui parfois se coupent, se contredisent, s'affrontent, se comprennent, partagent mais l'essentiel est ce qu'ils assènent à coups d'arguments affutés sur des sujets divers qui leur tiennent à coeur ou sur leurs sentiments, leurs relations ; rien de superficiel dans ces échanges et ces confidences ; on admet sans méfiance particulière malgré les mises en garde sur un tel ou un tel qu’il s’agit d’une mise à nu sincère des différents protagonistes d’une histoire d’amours sur fond d’une histoire de dominations et de migrations ; on est amené à les croire même si les versions sont multiples, les subjectivités étant en jeu

ces monologues-dialogues ont pour témoin un Français qui ne dit pas un mot de tout le roman mais nous décrit en didascalies les péripéties, déplacements, arrêts, les lieux, les moments ; lui se déplace assez peu, le train, le planétarium ; les confidents ne cessent d'être en différents points du globe (en monologues) mais principalement Pologne, Russie, Israël ; ces confidents l'ont adopté pour la raison qu'ils croient qu'il ne comprend pas le russe ; ils parlent devant lui, le prenant à témoin (donc nous, lecteurs), lui parlant parfois en français, parfois en anglais, ne lui demandant jamais son avis ; cette avalanche de discours en 3 langues est paradoxalement écrite dans une seule langue, la française ce qui rend d'autant plus savoureux les remarques de nature linguistique sur le russe mais aussi le français : noirs = rions ou autre palyndrome : roc cornu pour parler des Monts Noirs

les personnages sont essentiellement des scientifiques, la majorité d'origine juive ; il y a une femme, la dernière juive polonaise, fauvette, hantée par le cimetière de ses ancêtres de la « juiverie » impossible à retrouver sauf peut-être sous un roncier qu’elle fait brûler pour ramener les cendres en Israël, l'homme des fauvettes dit le professeur, Sterne, le dernier descendant polonais des comtes pendeurs qui ont parqué si longtemps en bas de leur château la « juiverie », un jeune mathématicien, Math, un vieil entomologiste, un neuro-ornithologue et un arpenteur sans arpents, sans doute palestinien ; n'apparaît jamais mais est évoqué, un enquêteur des lointains districts qui enquête sur des crimes très archaïques

ces scientifiques sont des virtuoses de la logique et quand on dit d'une logique qu'elle est diabolique, on en a l'illustration à longueur de pages avec une insistance à donner le tournis car chacun insiste, reprend, ressasse ; sont-ils pris au piège de la raison, du raisonnement ? sont-ils pris au piège de l'expérimentation aussi ? Car fauvette, le professeur, l'entomologiste, Math, Sterne, le neurologue dit le docteur sont des expérimentateurs et observateurs d'espèces de toutes sortes, oiseaux, insectes, mais aussi de leurs comportements pris dans l’engrenage de l’histoire perpétuelle de la domination (comment se comporte un dominant ? comment se comporte une dominée ? qu’en est-il du dominé quand il se transforme en dominant ?)

je suis incapable de dire si ce qui est raconté sur le plan scientifique (et qui est sidérant souvent) repose sur la réalité ou si l'auteur nous mène en bateau ; en tout cas, pour moi, cet univers de scientifiques est un univers de malades, ils ont la maladie des symposiums où tout est vide avec sérieux, ils ont la maladie de savoir et cela les rend extrêmement manipulateurs, tortionnaires justifiés aussi ; les scientifiques ne sortent pas grandis de ce roman (à part l’étonnement qu’on peut avoir devant leurs découvertes) d'autant que les échappées métaphysiques déduites de ces expérimentations se ramènent à peu de choses ; tout est dans l'inné, mécaniquement reproduit d'où l'immobilité sous l'apparence du mouvement, ça revient toujours, ça revient toujours au même, palingénésie

ce roman, sans doute bien documenté scientifiquement, date de 1992 ; 20 ans, cela suffit à le rendre en partie obsolète de ce point de vue ; les découvertes des dernières années en cosmologie mettent à mal la stabilité et même le chaos n'est plus le meilleur moyen de rendre compte de ce qui se passe et qui est dans ce que l'on pourrait appeler la créativité de la Nature pour un métaphysicien et les étonnants pouvoirs du vide quantique pour un cosmologiste ; les univers naissent du vide quantique, se déploient, vieillissent, meurent, redeviennent vide quantique pendant qu'ailleurs de nouveaux univers surgissent ; les considérations sur la matière noire ne sont plus aussi pertinents ; avec la métaphysique naturaliste de Marcel Conche, on aurait un roman moins noir ; la nature des Monts Noirs est chaotique, effrayante, elle est métaphorisée comme les autres lieux, la Pologne du dégel, de la boue, le désert israélien ; cette nature hostile, à traverser, où séjourner, est propice aux désirs d’envol, de départ des oiseaux migrateurs comme des éternels migrants, sans arpents, propice aussi aux nostalgies de retour des mêmes oiseaux, des mêmes migrants ; les scientifiques, fauvette en tête, agissent sur l’inné des oiseaux avec leur planétarium au ciel mobile faisant croire aux fauvettes qu’elles ont voyagé jusqu’en Israël et voici qu’une fauvette pond dans les Monts Noirs croyant être en Israël ; la duperie a fonctionné, la simulation du voyage immobile puisque seul le dôme a tourné ; que peut-on prouver ainsi ? que veut-on prouver ainsi ? à moins qu’il ne s’agisse d’humour avec de gros moyens financiers tout de même (noirs = rions); à moins qu'il ne s'agisse d'appliquer ces déductions d'observations aux hommes  aussi ?

là où ce roman apporte beaucoup c'est sur la relation dominant-dominé, sur la dangerosité ou non de la symétrie (rendre à l'autre ce qu'il nous donne, lui reprendre ce qu'il s'est indûment approprié) ; les pages sur le crime de Sterne, écrasant un enfant palestinien de l’intifada avec ses pierres et son cocktail molotov, crime transformé en accident par Israël, crime insupportable pour fauvette qui était dans la voiture au moment des faits … montrent la complexité de la situation en Palestine avec les jeunes en guerre (sous chaque pierre, un couteau), en Israël avec les anciens comme l’entomologiste, venus de nulle part, les sans arpents de toujours et les jeunes comme Math, nés là, faisant des palestiniens les nouveaux sans arpents

évidemment, fauvette, la dernière juive de Pologne, travaillant dans les Monts Noirs, traquée avec son consentement par le dernier comte pendeur est le nœud du roman ; quatre hommes comme pour les fauvettes, quatre mâles pour une femelle, quatre hommes donc tournent autour d'elle qui va de l'un à l'autre sauf le professeur, pour finalement préférer le frère déclaré de l'enfant tué ; le roman se termine sans doute sur la mort de Sterne, tué par l'arpenteur, qui avait annoncé à Sterne que ça finirait par son assassinat, symétrie !

tout ce qui concerne ce crime de l’enfant et d’autres crimes similaires (celui d’un enfant juif poignardé par un enfant palestinien lequel est immédiatement lynché par les israéliens), avec références à l’actualité (propos d’un premier ministre nommant « animaux bipèdes » les enragés palestiniens, propos d’un Nobel de la paix israélien, propos de Leibowitz), révèle l’implication de Rezvani qui à travers les points de vue de ses personnages et leurs attitudes (fauvette va jusqu’au village de l’enfant écrasé au prix de sa vie) semble ne pas croire à une solution de paix possible. 20 ans après, ce qu'écrit Rezvani n'est pas obsolète. On en est au même point, pire peut-être, effets ravageurs de la symétrie ! Ce pessimisme (cette lucidité) me semble en lien avec la métaphysique sous-jacente aux développements scientifiques comme à la fin, celui consacré aux affinités répulsives, qu’on retrouve dans Isola Piccola :

« Mais savez-vous que c'est par une infinie répulsion que se tient en place l'univers ? En mathématique comme en chimie ou en physique l'élément d'affinité répulsive sert en quelque sorte de liant. Les affinités répulsives fondent la chimie, la biochimie, la physique nucléaire... et aussi le sexe ! L'univers ne tient ensemble que par le jeu des affinités répulsives. Nous-mêmes ne sommes que des charges électriques dont les phases ne cessent de s'inverser. Cette électricité déphasée, ces pertes et ces retours de tension font de l'univers une curiosité. Sans la folie des flux électriques répulsifs, l'univers ne serait pas cette curiosité qui maintient nos propres flux électriques en éveil. Nous crèverions d'ennui si nous n'étions non seulement plongés dans le chaos mais nous-mêmes chaos. Aucun de nous n'éprouve envers l'Autre ce qu'on nomme naïvement du sentiment... ou si vous préférez une affinité stable. » Isola Piccola

Évidemment, cette dernière affirmation est contredite par les 50 ans d'amour de Rezvani pour Lula et réciproquement et par l'Ultime amour

 

Jean-Claude Grosse, le 16 avril 2012

édition 2014, lue en août 2023

édition 2014, lue en août 2023

Fin d'après-midi et soirée du 8 août, je décide de me plonger dans Vers les confins de Serge Rezvani, dont j'ai lu La traversée des Monts noirs. Énorme et agréable surprise.
Ce roman foisonnant correspond à ce sur quoi je travaille en rendant compte de mes lectures de revues. Humour ravageur, dommage que je sois seul, je ne peux partager mes rires. Roman dont j'ai déjà lu un tiers. les livres I et II sur 4 livres. Après reprise du dernier chapitre de La traversée des Monts noirs, et deux jours et une nuit dans le tunnel passant dans les Monts noirs, on prend un convoi de camions militaires en route pour les Confins, désert sans fin où vivent les Esséniens, les descendants de la Bible d'avant sa défiguration par le Nouveau Testament.
Si avec la revue Front populaire, ça déboulonne, avec ce roman, on atteint l'apothéose des déboulonnages, où Spartacus précède de 70 ans, le Christ, où la doctoresse et la mathématicienne sont les seules femmes du voyage d'élucidation des crimes commis dans les Confins, les autres personnages s'appelant l'ami français, l'enquêteur du district, le criminologue, le chercheur en philosophies oubliés, où la philosophe du deuxième sexe n'est pas nommée mais déconstruite... Bref, un régal.
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deux extraits par la doctoresse, Déborah
« – Oui, je veux dire que la Vie est sans pensée, elle ! Sans programme, elle ! Que la Vie va s’épanouir là où se trouvent dans la Nature des interstices qui lui sont favorables. Elle s’improvise Vie ! Sans savoir qu’elle est Vie ! Voyez l’Australie. À peine s’était-elle détachée des autres continents qu’en quelques millions d’années elle invente les marsupiaux. N’est-ce pas sublime d’imaginer, avec notre étrange cerveau spécifiquement humain, que l’Univers se peuple à l’infini d’une Vie aveugle, sans conscience et à la fois de la même violence inventive que le Feu, lui aussi aveugle et sans conscience, des Mondes en fusion ? Que la Vie et le Feu cohabitent à l’infini dans l’Univers comme cohabitent Vie et Mort ? N’a-t-on pas découvert dans les abysses des mers les plus profondes – là où les feux telluriques jaillis du magma terrestre luttent avec l’eau – non seulement des particules de vie mais d’étranges amalgames de cellules formant des corps composés, munis d’étranges griffes et de crochets, capables de supporter des chaleurs proches de l’ébullition ?

Quand nous eûmes roulé un moment en silence, elle avait ajouté :

– La Vie ne connaît aucun obstacle. Et même quand je mets en garde ces bergers dont nous parlions tout à l’heure, à propos de la radioactivité des métaux qu’ils arrachent aux carcasses des grandes épaves ensablées, je sais qu’à l’échelle des générations, l’espèce humaine, le jour où elle sera atomisée, comme ces espèces animales ou végétales qui survivent et prolifèrent en dépit de tout autour des centrales nucléaires dévastées, oui l’espèce humaine même si elle est défigurée, même si elle est méconnaissable, je dis bien l’espèce humaine revenue s’il le faut à son animalité la plus primitive qui n’est que Vie sans figure humaine, s’arrangera pour survivre coûte que coûte en se réinventant autre par tâtonnements successifs. » (pages 102-103)
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évidemment, je constate la coïncidence d'inspiration avec un poème écrit en juillet et que j'ai mis en voix (5'45"), non partagé
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Metamorphosis
Cosmogonie orgasmique

Somnolent dans le fauteuil Louis-Philippe,
une image te vient :
La Terre et ses milliers de bouches éruptives,
ses milliers de vulves-geysers,
la Terre ronde est ronde
de toutes les grossesses animales et humaines,
de toutes les germinations florales et végétales,
de toutes les minéralisations calcaires et granitiques.
La Terre est la porteuse, l’accoucheuse
de tout ce qui naît, de tout ce qui prend corps.
Le corps, les corps, encore et encore.
Incarnations en chairs et en os,
en racines et cimes,
en strates et sédiments.
Et tu te vis, foetus en position foetale, dans le ventre-terre.
Du ventre-mer, du ventre-mère
tu es passé au ventre-terre, au ventre-univers

........................
Tu as inspiré l’air du Large.
Tu es monté dans la pirogue du Fleuve.
Tu as été fécondé par les abeilles de l’Amour.
Tu accueilles, tu recueilles, tu donnes, tu offres.
Tu ne tries pas, tu ne juges pas, tu n’opposes pas.
Ce qui advient devait arriver,
ce qui adviendra arrive déjà,
ce qui est advenu arrive toujours
parce que le passé ne s’efface pas.
Tout est mémorisé, devient mémoire vivante.
Tu t’es laissé glisser dans l’Océan que tu es.
Tu n’es pas une vie minuscule gouvernée par un zizi ridicule.
Tu es une vie Majuscule reliée au Tout.
Tout copule et consent avec joie à copuler.
Poussières et semences d’étoiles,
germes et spermes de l’orgie de l’évolution,
de l’ontogenèse, de la phylogenèse,
à la vie à la mort.
La fabrique des corps. Et au coeur du corps, le coeur.
Tu es humble de ton humus,
humain de ton humanité,
universel de ton universalité,
divin de ta divinité.
En ouvrant tes bronches,
en activant ouïes, branchies,
tu retrouves tes éléments, l’air, l’eau.
Tu entres dans l’innocence.
Tu es miracle et mystère de ta naissance.
Tu seras mystère et miracle de ta mort.
Tu fais choix de l’ignorance.
Tu ne refuses pas les connaissances
mais surtout tu sais qu’on ne sait rien.
Rien du début, rien de la fin, rien du sens s’il y en a un.
Tu acceptes d’être dans l’incertitude,
tu ne cherches pas de certitudes.
Tu ne crois plus qu’il y a la Vérité à chercher.
Tu essaies d’être dans la Vie, dans l’Amour, dans la Mort.
Tu montes et descends l’échelle,
Du Tartare à l’Olympe,
du Ciel à l’Enfer
et tu bivouaques sur la Terre.
Du Tartare, tel Orphée, tu ramènes poèmes et mélodies.
Épitaphier de tous les morts aimés.
Dans l’Enfer, pas de damnés condamnés à jamais.
Du Ciel, tu ne fais pas le séjour de Dieu ni le paradis des ressuscités.
Dieu ayant créé se cache, tsimtsoum.
Le ciel est espace de légèreté pour la gente ailée.
Dieu est dans le silence d’un souffle subtil.
Dans l’Olympe, aucune guerre des dieux.
Ils ont eu le temps d’apprendre et de pratiquer l’anarchie.
La Terre est danses et cycles.
La grande roue du Grand Manège tourne
bien huilée
sans grincements de dents.
Dieu et les dieux sont présences ineffables.
Tu n’es plus un hamster.
Tu es à Parfaire. Tu es un Parfait. Tu es Parfait.

 

édition 2014, lue en août 2023

édition 2014, lue en août 2023

Circonstances de lecture
Après avoir écrit sur deux N° de Front populaire dont un article approfondi sur 3 philosophes face à la bombe : Camus, Jaspers et Anders.

(Possibilité d’usage d’armes nucléaires dans la proxy war russo-ukrainienne-otanienne)


Plutôt perturbé, à la fois joyeusement et douloureusement par les « accusations et preuves » de mensonges, manipulations des idéologies humanistes, universalistes comme des religions d’amour, j’ai sorti, sans doute pas par hasard, le roman de Rezvani, Vers les Confins, faisant suite, 12 ans après, à La Traversée des Mont Noirs, en supplément au Rêve de d’Alembert.
Je l’ai lu en 3 jours. 4 livres de courts chapitres, IX pour le I (pages 11 à 87), X pour le II (pages 89 à 174), X pour le III (pages 176 à 264), XV pour le IV (pages 266 à 387)
Impressions subjectives, sans tri ni analyse.
Jubilatoire, drôle, parodique, décapant, désespérant, répétitif, symétrique, réversible, asymétrique, lard cochon, hypnotique, profond, léger, paradoxal, contradictoire, iconoclaste, manipulateur, séducteur, raisonneur, rationaliste, matérialiste, scientiste, démolisseur, dynamiteur, palindromique, poétique, lyrique, fantaisiste, magique, encyclopédique, musical = bruit infernal (du train puis de la chenillette), bavard, suspendu, pictural, amoureux, amoureusement féminin, des seins féminins, horriblement masculin érecteur, éjaculateur, émasculateur, cornaqué par le petit cornac, profondément juif, profondément humoristique yiddish
chaque mot mériterait une illustration mais je laisse chaque lecteur faire son travail de lecteur
Voilà des contes tirés des mille et une dunes d’un désert sans fin, illimité
Comme dit la 4° de couverture : « depuis l’aube de l’intelligence humaine, ne faisons-nous pas que délirer…poétiquement, dites-vous, pourquoi pas ? », reprise d’une remarque de la mathématicienne Adema, page 168
Évidemment, l’écrivain de langue française, d’origine russe et perse, de nulle part, muet dans La Traversée, est amené à se dévoiler comme écrivain, donc à parler d’écriture donc de lecture; puisque est énoncé le lieu commun bien éculé (pratiqué par qui ?) du lecteur faisant la moitié du chemin.

Lecteur, je vais tenter de faire la moitié du chemin emprunté par l’auteur se parodiant dans le personnage de l’écrivain de langue française.

Les lieux :
- les Monts Noirs, gelés, glacés, un tunnel sous les Monts qu’il faut deux nuits, un jour pour les traverser avec arrêt dans une gare de triage, de réapprovisionnement, de contrôles… Chemins de fer = trains de la mort de masse, des déportations de masse. Monts Noirs = métaphore = réalité des territoires immenses sous la coupe de tyrans et dictateurs, se prétendant porteurs d’un monde nouveau, d’un homme nouveau.
- Les Confins, du sable encore du sable, des dunes encore des dunes ; et des surprises, des carcasses d’engins indescriptibles, innommables, innommés car rien ne doit être nommé de ce qui est vu. Un cratère géant dû à la chute d’un météorite. Des Esséniens de la lointaine époque de la langue araméenne, des Sages, tous fous merveilleux, le Sage des poules, le Sage des tombes et peut-être le Sage des sages qui a la Réponse. La Déesse des sables, descendante de Lilith, préférée à Ève. S’il est trop curieux, s’il veut aller plus loin que la Montagne Rouge, l’écrivain de langue française est prévenu, il n’en reviendra pas.

Les personnages :
- ceux de la mission sous la responsabilité de l’enquêteur du district, la doctoresse Déborah, la mathématicienne Adema, le criminologue, le chercheur en philosophies oubliés, l’écrivain de langue française
- les personnages rencontrés : l’Arpenteur sans arpents, le Sage des poules, Sarah, le Sage des tombes, le Christ errant éternellement ressuscité, la Déesse des sables
- Les personnages  évoqués : l’anthropologue, Math, Sterne, l’ornithologue des Fauvettes

Les styles :
- Très peu de descriptions, alors même que l’écrivain de langue française y est invité mais attention, seulement pour lui et eux, pas à diffuser, d’ailleurs, pas de prises de notes ou si, destruction des notes
- Très peu de narrations, sauf confidences de l’écrivain de langue française évoquant la maladie de son aimée de 50 ans ou certains de ses écrits antérieurs dont les paroles d’une neuve marseillaise
- Essentiellement des discussions entre les personnages avec insistance sur la nomination de l’émetteur de chaque réplique, et sa façon de dire, ironique, agacée, énervée, colérique, railleuse, câline, ce qui produit beaucoup de comique

Le sujet :
 
c’est quoi cette espèce tueuse douée d’intelligence et qui en est arrivée à rendre invivable son milieu de vie et à être au bord de la disparition collective ? Comment comprendre cette propension, cette pulsion archaïque à tuer, d’abord les siens, pères et frères assassinés, enfants égorgés, femmes lapidées, ensuite les autres, mis en esclavage et exterminés
est interrogée, questionnée la Bible; sont cités des épisodes et des recommandations à se demander comment ne pas se rendre compte de la monstruosité de ce qui est raconté et comment ne pas se détourner définitivement de ce genre de récit; comment expliquer la fascination exercée par ce Livre et par son symétrique, le Coran, tous deux engendrant des fous de Dieu, Yaveh, Allah depuis des millénaires
Comment est-on passé de la Bible, de son Dieu irascible, en colère au Nouveau Testament, au Fils du Père, mourant pour tous sur la croix, par amour de l’homme. Comment est-on passé de la colère divine à l’amour divin, sans pour autant renoncer aux meurtres de masse, aux inquisitions, aux bûchers pour sorcières, aux tortures les plus abominables, aux évangélisations forcées, aux missions colonisatrices … et comment s’est opéré le glissement vers les messianismes terrestres, eux-mêmes porteurs d’exterminations de masse

Ce livre n’épargne rien, aborde tous les aspects liés à trois questions : d’où venons-nous ? Où allons-nous ? Qui sommes-nous ?

D’où venons-nous ?


de la première femme, d’un utérus originel, d’entre les cuisses de la Mère, et donc d’incestes à répétition ?
de l’homme insufflé par le souffle divin, la femme étant tirée de la cuisse de l’homme ?
Genèse utérine = ire es tu - égal en grand écart
(Ève rêve)

Où allons-nous ?

Fin du monde, fin de l’humanité sont des métaphores; le temps de l’extinction sera peut-être le temps de la métamorphose (rire de Kafka se lisant), le temps de l’adaptation aux pires conditions de survie, comme les monstres animaux engendrés par la vie sous terre dans les confins; nous nous acheminons vers une métamorphose de monstres humains en monstres insectes
(rions noirs)

Qui sommes-nous ?

Des monstres originels, des monstres de tout temps, d’avant, de maintenant, d’après, d’ici, d’ailleurs, de nulle part, des monstres éternels

En conclusion :
Rezvani en écrivant ce livre poursuivait-il un but ? En revendiquant d’être artiste de lui-même, d’être créatif, en faisant travailler ses deux hémisphères, celui du langage, celui des images, ayant été témoin de la dégénérescence du cerveau de l’aimée (l’âme neuronale de Lula), Rezvani me semble-t-il, ne poursuit d’autre but que celui de se faire plaisir, avec désinvolture, sans attachement à l’oeuvre, « son » oeuvre, tant que son cerveau peut délirer poétiquement.

En regardant sur internet, j’ai très peu vu de notes de lecture sur ces deux livres (un 3° me semble annoncé).
C’est le signe me semble-t-il d’une liberté radicale, peu soucieuse de l’écho rencontré, de faire oeuvre dans le cocon menacé par le Feu de La Béate dans les Maures.
Comme j’ai trouvée cette liberté radicale, chez Emmanuelle Arsan qui n’a jamais accordé d’interviews, est restée d’une discrétion absolue, vivant à Chantelouve, menacée par le Feu dans la forêt dracénoise.

Je pense donc que ces deux livres écrits par Rezvani pour se faire plaisir en se grattant là où ça lui  fait très mal (la tête) et où ça peut aussi nous faire très mal (le cul) ne sont lisibles que par les quelques-uns qui en auront le désir.

(l’arpenteur sans arpents n’est-il pas un chrétien palestinien, le symétrique des arpenteurs sans arpents que furent les juifs pendant des millénaires et se revendiquant aujourd’hui d’Israël colonisant à tout va des territoires palestiniens)


Après Onfray (va-t-il aussi profond et aussi drôlement?), on va avec Rezvani au coeur du magma pulsionnel, de l’énigme. Il n’y a pas de Réponse à la Question, il n’y a pas de Sage des Sages au-delà de la Montagne Rouge.
L’enquêteur du district chargé d’élucider les innombrables crimes commis dans les Confins, a compris qu’il n’y a rien à élucider. Ces crimes sont des crimes « naturels », perpétrés depuis la nuit des Temps.

Le crime précède la loi l’interdisant.
Le tribunal Russell ou le Tribunal pénal international doivent condamner avant l’exécution des crimes.

Pour raconter tout cela à nos amis-enne-amis extra-terrestres, une seule hellade suffira, soit un milliard de signes binaires.
Faut-il raconter ou faire silence ? Faut-il se souvenir ou oublier ? Faut-il parler, user des mots ou se penser en connexion avec le Tout ? Faut-il honorer le veau d’or ou pratiquer le don ?

J’inviterai certains amis à en être lecteurs.
Et pourquoi pas, organiser quelques lectures à voix haute de certains des très courts chapitres des 4 livres de ce Livre.

Longue vie encore à Rezvani, 95 ans en 2023, cent ans moins cinq comme il se présente, artiste pluri-indisciplinaire,

qu'il s'amuse, continue à s'amuser, qu'il en  amuse quelques-uns d'entre nous.

 

 

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L'amour de la vie

15 Août 2022 , Rédigé par grossel Publié dans #JCG, #cahiers de l'égaré, #développement personnel, #engagement, #poésie, #vraie vie, #écriture

j'illustre ce carnet par une nouvelle particulièrement prenante de Jack London, en situation extrême dans le Grand Nord : l'amour de la vie  (le trappeur sur la couverture est trop joyeux d’après moi)  les situations extrêmes sont aujourd'hui de sècheresse, de températures très au-dessus des normales saisonnières, de méga-feux, d’inondations, de famines, de pollutions nocives, d’épidémies, de migrations dramatiques, de contrôle social total…
j'illustre ce carnet par une nouvelle particulièrement prenante de Jack London, en situation extrême dans le Grand Nord : l'amour de la vie  (le trappeur sur la couverture est trop joyeux d’après moi)  les situations extrêmes sont aujourd'hui de sècheresse, de températures très au-dessus des normales saisonnières, de méga-feux, d’inondations, de famines, de pollutions nocives, d’épidémies, de migrations dramatiques, de contrôle social total…
j'illustre ce carnet par une nouvelle particulièrement prenante de Jack London, en situation extrême dans le Grand Nord : l'amour de la vie  (le trappeur sur la couverture est trop joyeux d’après moi)  les situations extrêmes sont aujourd'hui de sècheresse, de températures très au-dessus des normales saisonnières, de méga-feux, d’inondations, de famines, de pollutions nocives, d’épidémies, de migrations dramatiques, de contrôle social total…
j'illustre ce carnet par une nouvelle particulièrement prenante de Jack London, en situation extrême dans le Grand Nord : l'amour de la vie  (le trappeur sur la couverture est trop joyeux d’après moi)  les situations extrêmes sont aujourd'hui de sècheresse, de températures très au-dessus des normales saisonnières, de méga-feux, d’inondations, de famines, de pollutions nocives, d’épidémies, de migrations dramatiques, de contrôle social total…

j'illustre ce carnet par une nouvelle particulièrement prenante de Jack London, en situation extrême dans le Grand Nord : l'amour de la vie  (le trappeur sur la couverture est trop joyeux d’après moi) les situations extrêmes sont aujourd'hui de sècheresse, de températures très au-dessus des normales saisonnières, de méga-feux, d’inondations, de famines, de pollutions nocives, d’épidémies, de migrations dramatiques, de contrôle social total…

La révolte positive de deux octogénaires

Jean Delorme, ami proche de Marcel Conche, le philosophe centenaire,

octogénaire comme moi, m'a proposé, il y a quelques semaines, d'éditer une collection Les Carnets de la culture de la vie

qui aurait pensé qu'amis et éditeur de Marcel Conche, deux octogénaires, décident de produire des carnets de la culture de la vie;

une révolte positive dans les sillages tracés sur la mer par le philosophe de l'infini de la Nature

Jean m'a envoyé un premier carnet : Le calme, une drogue bienfaisante

puis un deuxième carnet : Une nouvelle classe émergente, la classe des entrepreneurs du sens

me demandant de réagir, voire de contribuer

 

j'ai pris la mouche, les nerfs à fleur de peau, les poils hérissés, de la sueur aux aisselles, me suis levé du pied gauche et après quatre journées de marche-démarche, je peux livrer le carnet L'amour de la vie, écrit à l'encre sympathique à partir de là où j'en suis aujourd'hui

 

étant passé d'une approche naturaliste

(accord quasi-total avec les métaphysiques de Marcel Conche)

à une approche spiritualiste expérientielle

(reposant sur un vécu sensoriel, émotionnel, sans mots, sans pensées dans la tête = très difficile)

mes propositions-affirmations sont sans preuves

ce sont mes croyances actuelles (je crois que tout est croyance)

d'où l'importance des effets placebo et nocebo des croyances

d'où l'importance de la méthode Coué, pharmacien génial, précurseur des thérapies brèves

(croire est générateur d'effets)

“Si toute vie va inévitablement vers sa fin, nous devons durant la nôtre, la colorier avec nos couleurs d’amour et d’espoir” Marc Chagall
“Si toute vie va inévitablement vers sa fin, nous devons durant la nôtre, la colorier avec nos couleurs d’amour et d’espoir” Marc Chagall
“Si toute vie va inévitablement vers sa fin, nous devons durant la nôtre, la colorier avec nos couleurs d’amour et d’espoir” Marc Chagall
“Si toute vie va inévitablement vers sa fin, nous devons durant la nôtre, la colorier avec nos couleurs d’amour et d’espoir” Marc Chagall

“Si toute vie va inévitablement vers sa fin, nous devons durant la nôtre, la colorier avec nos couleurs d’amour et d’espoir” Marc Chagall

carnet N° 1 

 

LE CALME 

Une drogue bienfaisante

Éditeur Les cahiers de l‘égaré
Collections les carnets de la culture de la vie Inès Nezzerwe et Jean Delorme

Le calme est une drogue bienfaisante, naturelle et durable. Elle ne coûte rien à la différence d’autres drogues dont la liste s’agrandit au même rythme que nos déséquilibres psychiques* qui suivent une courbe exponentielle comme celle des inventions inutiles. La première chose à faire pour échapper à cette spirale infernale, dans laquelle nous pousse la société, c’est de cultiver le calme. Le calme rallonge ta vie, la colère détruit tes jours et raccourcit ton existence.

Mon maître Marcel Conche me disait, il faut mettre la distance la plus grande entre ce qui vaut et ce qui ne vaut rien. Après de longues années de pratique, je sais que nul ne peut être calme s’il ne respecte pas ce précepte.

* L’Oms signale qu’en 2020 la première cause invalidante dans nos sociétés a été les troubles psychiques, elle souligne qu’en Europe 1 personne sur 4 en souffre.

 

Table des matières

1 – FAIS ATTENTION A TES PENSEES 4

Confidence 5

Mieux définir le calme 8

La recherche d’un maître 10

2- TES PENSEES CONDITIONNENT TES ACTIONS 13

Penser ou calculer ? 14

Puissance et limite de la parole 16

Paroles de grand-mère 19

3- TES BONNES HABITUDES T’AIDERONT DANS TES ACTIONS. 21

Emploi du temps, ordre et rangement 22

Pour une méditation active 24

Le contrôle de la respiration ! 26

4 -CES ACTIONS FORGERONT TON CARACTERE. 28

Le calme rend notre temps plus doux 29

Remise en cause 31

Le calme dans le champ des possibles 32

5 – ET CE CARACTÈRE DEVINT MON DESTIN 35

Il y a toujours un départ 36

Puis arriva une lettre 37

Confidence

Ce carnet est le récit d’un court instant de la rencontre entre Oumalon, un philosophe atypique qui se présente souvent comme un égaré heureux dans l’aventure humaine, et une jeune étudiante prénommée Nezza venue d’un pays lointain. Doctorante en philosophie, elle était chez lui depuis plus de six mois, et venait de terminer d’écrire sa thèse sur ce philosophe, quand, quelques jours avant son départ elle lui fit cette confidence :

C’était un lundi matin, après les salutations d’usage autour d’un café, Nezza

- Je suis souvent stressée, et tu ne peux pas savoir combien ceci me handicape, peux-tu me donner quelques conseils pour être plus calme en toutes circonstances ?

Oumalon :

Pour commencer, je dirais, c’est bien que tu remarques ton état de stress, beaucoup sont incapables de le constater ; chez eux c’est un état normal, alors ils ne voient pas l’intérêt de changer. Tu as mille fois raison de considérer que ton manque de calme est un handicap. Pour commencer, sache que le calme ne se décrète pas, c’est le fruit d’une vie bien construite, c’est un peu le jardin de Voltaire que l’on doit cultiver et entretenir tous les jours. Si tu te donnes cette peine, tu auras de belles récompenses. Une dispute comme un problème ont toujours une histoire, le calme, tout comme le bonheur eux aussi doivent assez peu au hasard. Car rien ne se crée à partir de rien. Les Hommes* ont toujours eu du mal à identifier les causes réelles de leurs difficultés, qui passent dans un premier temps par un ressenti émotionnel donc subjectif qui exclut pratiquement toute analyse. Pour commencer, la première idée qui me vient à l’esprit c’est le chemin de la beauté. Dostoïevski disait : la beauté sauvera le monde. Ici la beauté est prise dans son sens le plus large qui va de la beauté d’un paysage aux qualités d’une belle personne jusqu’au caractère de ce qui est moralement ou intellectuellement admirable.

Nezza :

Si elle peut sauver le monde, elle aura bien la bonté de m’aider dans ma quête du calme, dit-elle avec un petit sourire au coin des lèvres.
Oumalon non moins malicieusement
Si j’ai choisi de passer par la beauté, c’est que j’ai deviné que ton absence de calme à trop de causes et qu’il serait trop long de les identifier précisément. En te proposant la beauté comme remède, c’est que personnellement je m’en sers régulièrement pour mettre la distance la plus grande entre ce qui vaut et ce qui ne vaut rien.

* Homme lorsque j’écris Homme avec une lettre majuscule veuillez lire les femmes et les hommes en attendant qu’on invente un meilleur mot que les humains que je réserve à la biologie, quant au mot individu pour parler de notre espèce je trouve ce mot un peu trivial. Alors on se servira de cette vieille règle de grammaire où le masculin l’emporte, mais sachez que c’est une victoire à la Pyrrhus, car le féminin finit toujours par l’emporter.

ce que nous faisons de la planète, un chaudron; et nous pensons nous en sortir avec du green washing
ce que nous faisons de la planète, un chaudron; et nous pensons nous en sortir avec du green washing

ce que nous faisons de la planète, un chaudron; et nous pensons nous en sortir avec du green washing

carnet N° 2

UNE NOUVELLE CLASSE

ÉMERGENTE

Loin des sociologues et autres instituts d’analyses, depuis un certain temps émerge une nouvelle classe sociale, « la classe du sens ».

 

Les politiques, les intellectuels comme tous ceux qui quelque part pensent avoir un droit* plus ou moins affiché sur le peuple ne savent pas qui sont ces nouveaux résistants qui revendiquent ce sens. Pour une raison très simple, ils ne comprennent pas ce que veut dire le sens en dehors des sens interdits et des sens uniques dans lesquels nous devons filer droit si nous voulons avoir une chance de figurer dans l’arbre généalogique des bonnes figures de notre République.

Une guerre de l’incompréhension est engagée entre nous, les entrepreneurs du sens, (j’explique qui ils sont dans le chapitre suivant) et la République de nos aïeux à qui nous devons beaucoup, car nous savons qu’au bout de tous ces sens uniques, que nous proposent nos dirigeants, cette nouvelle classe sociale sait, depuis assez longtemps, qu’ils finissent pour la plupart dans un cul-de-sac.

Malheureusement avec le temps, notre vieille République,  s’apparente plus à une sorte de monstre fabuleux des temps modernes avec toutes ses têtes pensantes qui appartiennent aux castes  universitaires, industrialo économiques, politiques, voire religieuses. L’hydre républicaine ne pense plus, elle ne fait que régenter tout ceci à grand coup de sens. Les lois qui sont des sens interdits, puis tous ces sens uniques, qui, tels des cours d’eau viennent alimenter le grand lac des héritages désastreux* qu’ils soient scientifiques ou culturels.  Mieux que n’importe quel président, fût-il par ailleurs intelligent, cette nouvelle classe du sens,  forte de ses millions de têtes pensantes*, a le devoir de lutter contre l’hydre Républicaine* ce monstre fabuleux de la mythologie moderne qui prétend nous aimer en nous détruisant.

 

* Si je dis pensent avoir un droit, c’est tout simplement que la notion du devoir ne veut plus rien dire, et que nos éminents académiciens, bientôt,  pourront rayer ce mot de leur dictionnaire. La majorité de nos responsables pensent qu’ils sont les plus aptes à diriger, pour eux ceci ne fait aucun doute, une sorte de droit divin. Notre République a basculé.

 

*Héritage désastreux, je ne ferai pas l’affront à mes lecteurs qui savent, aussi bien que moi, combien en si peu de temps avec tous ceux qui se prennent pour les maîtres du monde nous avons détruit notre maison commune «  La Terre ». Si, comme mes amis, nous respectons la partie de cet héritage qui constitue nos plus belles avancées civilisationnelles ; par contre, nous entendons lutter contre cette autre partie représentée par la part négative de cet héritage, mise en place et soutenue par ceux qui se prennent pour les maîtres du monde, et ils le sont, mais d’un monde qui s’écroule.

* Têtes pensantes. Nous avons l’habitude de dire, et ceci à juste titre, qu’il y en a plus dans 100 têtes que dans une, alors des millions ! qu’en pensez-vous Monsieur Macron ?

* L’Hydre Républicaine, je sais que la démocratie est le moins mauvais des systèmes, et je salue tout ce que nous lui devons. Je sais aussi qu’une majorité d’États de par le monde mènent une politique plus dévastatrice pour notre planète et l’humanité. Mais, si nous ne dénonçons pas ces erreurs qui vont de toutes ces oppressions administratives que l’on paie avec trop d’impôts au cercle infernal qui consiste à déclarer des guerres que nous aurions pu éviter. Seule, cette classe du sens, la cheffe de file de la société civile peut instaurer une République réellement fraternelle qui pourra servir de modèle pour ceux qui veulent lutter contre toutes ces oppressions qui ne sont ni notre destin ni une fatalité. 

Alors ensemble, ouvrons une voie nouvelle qui ne manquera pas de nous éclairer au fur et à mesure que sortiront tels ou tels carnets qui auront tous vocation à nous accompagner et à prouver qu’une autre façon de vivre est possible, plus fraternelle, plus heureuse, protectrice de la nature et de l’humanité.

 

 

 

la langue des oiseaux pour se libérer, que ta volonté soit fête...
la langue des oiseaux pour se libérer, que ta volonté soit fête...
la langue des oiseaux pour se libérer, que ta volonté soit fête...
la langue des oiseaux pour se libérer, que ta volonté soit fête...

la langue des oiseaux pour se libérer, que ta volonté soit fête...

carnet N° 3

 

ce carnet renvoie en moins allumé, illuminé à Et ton livre d’éternité ?

666 pages écrites en « état » de flow

livre paru le 14 février 2022

 

L'amour de la vie

 

1 – l'amour de la vie est notre éventuelle réponse individuelle à l'Amour inconditionnel de la Vie pour tout ce qu'elle crée selon ses deux pharmacons :

Tu es aimé, à égalité avec tout ce que je crée, de la bactérie à la galaxie.

Tu es mon bien-aimé, dans ta singularité, dans ton unicité.

En te réjouissant, tu me réjouis. 

 

Lire, relire le chapitre 5 de l'évangile selon Matthieu; tout est dit et fort, propositions inouïes, inaudibles

https://www.aelf.org/bible/Mt/5

 

2 – la Vie crée ; elle est puissance créatrice ; elle crée par et avec amour inconditionnel ; source éternelle, sans forme, énergie infinie, elle donne forme et vie temporaire à tout ce qu'elle crée ; l'amour inconditionnel est une puissance génitrice, pas un sentiment

 

3 – l'amour de la vie ne juge pas, ne sépare pas, ne classe pas, ne hiérachise pas.

Aimer la vie, c'est aimer tout ce qui existe, c'est respecter tout ce qui existe.

À commencer par soi. S'aimer, se mettre au centre, être auto-centré

pas au sens narcissique de l'ego gonflant son nombril, ses muscles, ses compétences, sa fortune

au sens de je suis au centre, je suis le centre de ma vie, j'en suis le co-responsable, le co-créateur, le co-développeur.

C'est en étant auto-centré, co-créateur de ma vie, que je deviens un être rayonnant, aimant ce qui m'entoure, nature, sociétés, cultures, Histoire, histoires et légendes, vrais mensonges et fausses vérités, gens, animaux, végétaux, minéraux, étoiles, bactéries et virus, vivants et morts, curieux du proche comme du lointain, allant facilement au contact, accueillant ce qui s'offre dans sa diversité, sa variété. La peur a disparu.

 

Proposition d'Hélène Tysman sur une page de Thierry Zalic :

En langue des oiseaux : j'ai peur => j'épure

 

GAME OVER

«  Et si je faisais comme si « je » était mort ?

Juste un jeu… parce qu’on ne sait pas encore faire « pour de vrai ».

Alors on ferait comme si…

Comme si tout était déjà fini, conclu, accompli, réalisé.

Comme lorsqu’on assiste aux funérailles de quelqu’un et que l’on voit la fin de cette histoire. La fin de l’histoire de cet individu.

Mais que réalise-t-on vraiment de cet incompréhensible ?

Cela me fait penser au train qui passe. Au train qui passe devant les vaches.

La vache regarde le train qui passe une seconde dans sa vie de vache. Il ne fait que passer.

De même, cette vache n’est qu’une apparition dans la vie du train.

Ainsi est le personnage.

Une apparition.

Si l’esprit décide que tout est déjà terminé, que se passe-t-il ?

Ne serait-ce pas cela que l’on nomme l’abandon, au sens mystique ?

Pas celui d’une résignation mal placée.

Au contraire, celui qui permet le véritable commencement de toute chose.

En un mot : liberté.

Le personnage est mort. Vive le personnage !

Comment vous comporteriez-vous si vous aviez appris que vous étiez mort et assisté à vos propres funérailles pour ensuite avoir un boulevard devant vous ?

A quoi ressemblerait ce chemin quand tout conditionnement est mort ?

Lâchées les attentes, lâchés le début et la fin, lâchés l’histoire, les doutes et les croyances…

Imaginez.

Que verriez-vous du monde ?

De vous ?

Des nuages dans le ciel ?

De vos pas qui vous mènent ici ou là par les odeurs et les sons ?

Si « je » n’existe plus… tout prend la forme de la vastitude. L’infini.

Les frontières n’existent plus.

Une goute de pluie devient un océan, un grain de sable le désert entier.

Je pense à @alejandro.jodorowsky à l’instant et me dit :

voilà le rituel magique que nous pourrions faire, à peine nés.

Mourir à soi ! La folle sagesse.

Sans souffrance nécessairement.

Juste un râle.

Juste un souffle.

Le dépôt d’une illusion dans une boîte.

Rendre la finitude à la finitude.

Puis gonfler à bloc les poumons déchargés de ce bagage inutile.

Alors commence la Vérité !

Ni le train ni la vache.

Seul existe l’instant.

 

Selon cette manière de voir, arrive ce qui arrive, arrivera ce qui arrivera : je suis l'attracteur de ce qui m'arrive ; cela est vrai individuellement, sans doute collectivement.

Dans cette optique, je ne suis jamais victime, j'accueille ce qui arrive, bonheurs, malheurs, comme moments, épreuves pour, si je le décide, le désire, me nettoyer, me guérir,

par exemple d'une blessure d'enfant, enfouie au tréfonds, devenue programme me faisant répéter des relations amoureuses sans retour, moi, le petit enfant rejeté au moment de l'arrivée du cadet

ou pour une évolution plus consciente, une élévation de conscience,

par exemple en expliquant la martingale d'un nouveau CNR faisant exploser le plafond de verre créé par Miterrand, pour voter RN au 2° tour de la présidentielle

ce qui a eu pour effet d'éloigner de moi, tout un tas d'"amis" du monde de la culture

mais dont les résultats aux législatives sont clairs :

pas une voix au RN fait monter le RN depuis 20 ans

et les GJ entre autres ont par leur vote de 2° tour donné 89 députés RN contre 25 à 40 d'après les sondeurs, empêchant un 2° mandat à majorité absolue de Macron.

https://www.bfmtv.com/politique/elections/legislatives/legislatives-pourquoi-les-scores-du-rn-ont-ils-ete-sous-evalues-par-les-sondages_AN-202206200384.html

 

 

4 – s'aimer, se mettre au centre, c'est cultiver la fluidité, ne pas se figer dans une identité, reconnaître les variations d'humeur, les influences multiples, multiformes, repérer les coïncidences, provoquer les synchronicités, aller vers, au risque, au plaisir de se perdre ; aller vers, c'est s'ouvrir à la différence, à l'altérité, c'est en être modifié, bonifié, même quand ça rate, qu'on croit que c'est raté ; rater pour mieux rater propose Beckett

 

5 – aimer la vie, c'est l'aimer dans l'immédiateté des ressentis. Corps, esprit, âme, cœur, ventre, pieds, mains sont les organes de nos ressentis, incroyablement riches, subtils et qui n'attendent que notre écoute.

Être à l'écoute du corps, du pied gauche au réveil, du pied droit au coucher, être à l'écoute du ventre, de l'alchimie fumante et pétaradante qui y est à l'oeuvre, être à l'écoute du cœur au sens pascalien et pour son magnétisme aux 40000 neurones.

Enfants, nous avons été des praticiens sans connaissances de ces écoutes des ressentis. Puis est venu le temps des formatages, des programmes inconscients distillés par les parents puis des programmes scolaires à attraper des scolioses pour devenir aveugle, sourd et muet.

On est passé à la médiation par mots et concepts, à la déréalisation du réel.

Est fustigée la dictature de l'émotion par les réseaux sociaux.

Les fustigeurs ? Hommes des mots, de la rationalité, des raisons, devenus souvent insensibles, voire cyniques.

Que la multitude use des réseaux sociaux pour exprimer ses émotions, ses ressentis, primaires disent les fustigeurs, me semble un laboratoire pour un grand nettoyage émotionnel qui donnera ce qu'il donnera.

Je ne partage donc plus la négativité des jugements portés sur le narcissime à l'oeuvre dans les selfis, exprimé par les like sur les posts, même si personnellement, je limite ces usages.

Retrouver l'immédiateté des ressentis demande attention, intention et intuition.

 

Satisfaire mes 7 corps :

« Mon corps Physique me réclame du confort, de la douceur, de la tendresse, de la sensualité, de la sécurité, une alimentation moindre, plus saine et de l'exercice mesuré. Il aime que je sois attentif à son rythme biologique et à ses messages. Il aime quand je GOÛTE la vie, avec l'acuité de mes 5 sens.

Mon Corps Mental désire toujours plus de simplicité, d'autonomie, d'évidence, de pouvoir personnel et d'amplitude d'action. Je lui offre de la reconnaissance intérieure. Il sait ce qu'il veut : de la fluidité et rien d'autre.

Mon Corps Emotionnel me demande de la musique, de la lecture, que je lui propose des histoires enchantées, des contes, que je joue et que je crée en permanence avec ma vie.

Mon Corps Christique me réclame de l'Amour et désir l'offrir aux autres en retour. Il aime servir et partager sans rien attendre en retour, parce qu'il sait que donner est recevoir. Il apprécie particulièrement quand j'offre mes clefs de compréhension, quand je fais des trocs, quand la notion d'argent n'existe plus.

Mon Corps Ethérique cherche un dialogue énergétique permanent et harmonieux avec toutes les consciences et avec tous les règnes ... il adore "guérir", apaiser, ressentir le subtil vibratoire.

Mon Corps Astral se nourrit du discernement, de l'inspiration, de l'imagination, de visions et de la hauteur de vue sur mon expérience de vie, ou sur celle des personnes qui me sollicitent. Tel un voyageur de l'invisible, il est constamment sur le qui-vive, toujours prêt à aller chercher l'information au-delà du temps et de l'espace.

Mon Corps Causal me réclame de l' Art, du Sacré, de l'humour, du rêve, de la magie, la beauté mathématique invisible de la nature, des architectures et des lois de l' Univers. La règle est qu'il n'y en a plus. Ma pure liberté d'être est son délice.

Peu à peu, mes 7 corps sont passés aux commandes de ma vie. Je ne contrôle plus rien.

Il est définitivement terminé le temps de la demi-mesure ou de la négociation envers moi-même.

En retour, selon mes actes, mon attitude ou mes pensées, je reçois une claque ou une caresse.

J'apprends.

Je suis attentif à leurs moindres DESIRS.

Mon corps est mon maître intérieur.

Mon coeur vibre avec l'univers.

Je sais qu'un désir, une intention, une envie est toujours un APPÂT envoyé par l' UNIVERS.

UNE LECON se trouve dans le CHEMIN qui mène au DESIR. »

 

by Jacky Le Faucheur relayé par Nathalie Froment sur une page de Thierry Zalic

 

 

 

cahier des futurs désirés, un travail d'intelligence collective pour et avec Corsavy / la beauté à Collioure, racines et rocher, le peuple y est
cahier des futurs désirés, un travail d'intelligence collective pour et avec Corsavy / la beauté à Collioure, racines et rocher, le peuple y est
cahier des futurs désirés, un travail d'intelligence collective pour et avec Corsavy / la beauté à Collioure, racines et rocher, le peuple y est
cahier des futurs désirés, un travail d'intelligence collective pour et avec Corsavy / la beauté à Collioure, racines et rocher, le peuple y est

cahier des futurs désirés, un travail d'intelligence collective pour et avec Corsavy / la beauté à Collioure, racines et rocher, le peuple y est

6 – La gratitude permet de dire merci à ce qu'on vient de vivre, de prendre conscience de ce vécu : rien ne nous est dû, tout nous est donné, l'abondance est en nous, autour de nous, dans un regard, un sourire, une poignée de mains, une caresse.

L'abondance s'offre sans demande de résultats, sans attente de résultats, sans prières pour obtenir.

L'abondance dont je parle se moque de la sècheresse. La beauté est partout présente à qui veut la recevoir. L'amour est à l'oeuvre dans toute germination, toute éclosion, dans tout chant d'oiseau, tout croassement de noir corbeau, dans tout vol de papillon, dans toute poussée de sève, dans toute montée de désir où le fantasme joue sa partition en lien avec l'impossible coïncidence-fusion avec l'autre, jamais aimé tel qu'il est puisque mystère et opacité.

 

7 – la beauté (et la beauté de la laideur, du monstrueux) offerte par la nature, la beauté créée par l'homme, la beauté donc est aussi une puissance ; elle a des effets ; il suffit de voir un coucher de soleil sur l'Atlantique, d'entendre les applaudissements au moment de la disparition du disque. En Méditerranée, on n'applaudit pas, il y a dans la Méditerranée des milliiers de migrants noyés.

 

8 – aimer la vie, c'est la vivre comme miracle pour notre irruption dans le monde, comme mystère pour notre sortie du monde.

Aucun savoir, aucune théorie de quelque science que ce soit ne rendront compte de ce miracle de la naissance, de ce mystère de la mort. On peut donc allègrement s'émanciper de l’influence des chercheurs, des experts.

Tout au plus, les connaissances scientifiques confirmeront l'évidence qu'à n'importe quel moment du chemin de connaissance, on ne sait rien selon le paradoxe que ce que l'on sait augmente le champ de ce que l'on ne sait pas.

Il n'y a pas de savoir ultime.

Éventuellement, les connaissances scientifiques consolideront notre curiosité et notre émerveillement.

 

9 – aimer la vie avec gratitude, c'est prendre conscience que ce qui nous entoure est miroirs, que dans ces miroirs c'est toujours une partie de moi que je projette, que je perçois.

La tendance dominante est de prendre ces reflets pour des réalités, autrement dit ce que je n'aime pas ou que j'aime chez l'autre est objectivé et je ne perçois pas que c'est une partie de moi que je n'aime pas ou que j'aime.

Si on a conscience que c'est notre regard, les mots qu'on emploie qui créent ce que l'on croit réel, extérieur, alors l'autre n'est jamais un ennemi, on n'a aucun ressentiment à son égard, on ne le jalouse pas, on ne lui veut aucun mal, aucun bien non plus.

J'ai mis longtemps à admettre que je n'ai pas à sauver l'autre, que je ne dois rien lui proposer quand il m'expose ses problèmes. Seulement l'écouter avec bienveillance, compassion. Vouloir aider, sauver, c'est en croyant donner, en donnant, demander un retour, généralement d'amour.

Cela vaut me semble-t-il pour ce que l'on cherche à entreprendre pour résoudre les maux de la société, pour soigner les plaies de la planète.

20 – le féminin ayant été maltraité pendant des siècles (l'inquisition a brûlé des millions de soricères), il faut le résusciter, le remettre debout. Voici quelques indications tirées de Emmanuel Tala formation :  « Le féminin sacré est tout ce qui est liée à l'intuition, la contemplation, l'empathie, la solitude, la douceur, l'introspection et l'intuition.
20 – le féminin ayant été maltraité pendant des siècles (l'inquisition a brûlé des millions de soricères), il faut le résusciter, le remettre debout. Voici quelques indications tirées de Emmanuel Tala formation :  « Le féminin sacré est tout ce qui est liée à l'intuition, la contemplation, l'empathie, la solitude, la douceur, l'introspection et l'intuition.
20 – le féminin ayant été maltraité pendant des siècles (l'inquisition a brûlé des millions de soricères), il faut le résusciter, le remettre debout. Voici quelques indications tirées de Emmanuel Tala formation :  « Le féminin sacré est tout ce qui est liée à l'intuition, la contemplation, l'empathie, la solitude, la douceur, l'introspection et l'intuition.
20 – le féminin ayant été maltraité pendant des siècles (l'inquisition a brûlé des millions de soricères), il faut le résusciter, le remettre debout. Voici quelques indications tirées de Emmanuel Tala formation :  « Le féminin sacré est tout ce qui est liée à l'intuition, la contemplation, l'empathie, la solitude, la douceur, l'introspection et l'intuition.

20 – le féminin ayant été maltraité pendant des siècles (l'inquisition a brûlé des millions de soricères), il faut le résusciter, le remettre debout. Voici quelques indications tirées de Emmanuel Tala formation : « Le féminin sacré est tout ce qui est liée à l'intuition, la contemplation, l'empathie, la solitude, la douceur, l'introspection et l'intuition.

15 – Aller et venir / Laisser le poids dans le fauteuil

 

Laisse le poids dans le fauteuil

S’il te plaît

s’il te plaît

s’il te plaît

là,

enfonce-toi,

laisse tes épaules emplir le dossier du fauteuil, emplir les coussins.

Laisse tes fesses pénétrer le tissu.

Laisse tes bras épouser le bras de ton siège… s’il a des bras…

Tu as pris ta respiration comme on prend un enfant contre soi, puis tu as repoussé cette respiration comme tu l’aurais repoussée sur une balançoire,

et maintenant elle revient… puis repart… et revient…

Par ses deux temps, aller, et venir, s’emplir, puis se vider… elle vient, et elle va…

Tu t’enfonces, ton poids s’enfonce. Ce qui va de l’autre côté y va, et revient… Au moment où le souffle te quitte, éprouve entièrement qu’il te quitte.

Et quand il revient, éprouve entièrement qu’il revient.

Tu es ni triste ni soulagé, tu es dans le va-et-vient, tu es soulagé sans même te le dire, tu t’es retrouvé au contact de toi-même par le va-et-vient.

Un nouveau contact.

Et ça va, et ça vient, en rythme des marées, et ça nettoie ce qui avait besoin d’être nettoyé.

Là…

tu retrouves le contact, autant quand ça va, que quand ça vient.

Là… tu es là.

Les déchets partent avec la marée, et tu retrouves le contact.

Le poids s’évacue par tes fesses,

il s’évacue par tes pieds, il s’évacue par tes oreilles.

Tu ne fais rien. Une neige chaude tombe sur toi, une neige de chaleur, ou une brume, une brume claire, à moins qu’une fée t’enveloppe, te lange.

C’est bizarre.

Les images se succèdent, différentes, toujours soyeuses.

Tu entres dans l’œuf en même temps que tu en sors.

Tu vas-et-viens en entrant et sortant de l’œuf, sans même entrer ni sortir. Tu es dans la frontière du va-et-vient, dans l’oxymore des grammairiens qui t’introduit à la suspension active et dynamique.

Tu es dans le rythme immobile de la marée vivante, dans son souffle va-et-venant qui te recouvre de l’intérieur comme un linge doux, qui te caresse les lèvres, un éternel instant.

Thierry Zalic Extrait de Hypnose quantique 3 : La Joie

des images, des photos, des montages sont souvent des déclencheurs d'envies, de désirs, de rêves, d'énergies, de vibrations ; les mots et concepts n'ont pas ces pouvoirs
des images, des photos, des montages sont souvent des déclencheurs d'envies, de désirs, de rêves, d'énergies, de vibrations ; les mots et concepts n'ont pas ces pouvoirs
des images, des photos, des montages sont souvent des déclencheurs d'envies, de désirs, de rêves, d'énergies, de vibrations ; les mots et concepts n'ont pas ces pouvoirs
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des images, des photos, des montages sont souvent des déclencheurs d'envies, de désirs, de rêves, d'énergies, de vibrations ; les mots et concepts n'ont pas ces pouvoirs

21 – un billet d'Alain Cadéo : Légèreté

Si il y a une chose que nous avons bien oublié, c’est de se laisser porter, par les vents, les idées, un tourbillon d’instants vivants. Nous avons tant voulu tout contrôler et tout nous a échappé. C’est bien fait ! Un crétin prévoyant ne vaudra jamais un idiot insouciant. Alors évidemment, vous me direz: « Oui, l’insouciance c’est bien joli, mais il faut tout de même assurer ses arrières ! » Quelle vilaine expression ! Car à trop protéger son cul, de plomb, d’or ou de barbelés, on finit par couler, s’enliser, bardé de certitudes. Non, rien ne vaut d’être léger comme un sentier de plumes, sans calcul ni arrière pensée, car si la joie existe c’est devant, avec l’œil rond de l’innocent.
 
« si les anges volent, c'est parce qu'ils se prennent eux-mêmes à la légère »
G.K. Chesterton
L'amour de la vie

l'amour de la vie, offert en pdf, 24 pages, 25 articles, oeuvre en partie plurielle; les emprunts sont indiqués

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La vie ? processus ? mystère ?

16 Mai 2022 , Rédigé par grossel Publié dans #SEL, #agoras, #développement personnel, #engagement, #essais, #jean-claude grosse, #poésie, #spectacles, #vraie vie, #écriture

hier après-midi et soirée, 21 février 2024, goûter de retrouvailles à 7,
3 comédiennes, la cinquantaine passée, 2 techniciens du spectacle, même génération, une jeune fille et un pépé, soit 4 générations
6 heures d'échanges, drôles (beaucoup d'humour, de rires), de souvenirs, joyeux ou nostalgiques, de choses qui sortent (de quoi gerber), de discussion sur ce qui se passe dans les milieux du cinéma, du théâtre, du sport
on parle longuement de Lévi-Strauss, de la prohibition universelle de l'inceste, permettant de passer de l'endogamie à l'exogamie, de la nature à la culture ; je fais remarquer que la réponse mâle à ce tabou est la pratique universelle du viol puis avec Françoise Héritier que l'assujettissement des femmes par les mâles est dû à ce qu'elles font les fils dont les mâles ont besoin pour perpétuer leur domination
on évoque longuement le micro-chimérisme foetal-maternel
voici donc un article de mars 2022 que je complèterai avec ma note de lecture sur un livre majeur : Les cellules buissonnières
deux dessins des jumeaux exécutés yeux fermés, le 2° avec les deux mains alternativement
deux dessins des jumeaux exécutés yeux fermés, le 2° avec les deux mains alternativement
deux dessins des jumeaux exécutés yeux fermés, le 2° avec les deux mains alternativement

deux dessins des jumeaux exécutés yeux fermés, le 2° avec les deux mains alternativement

les jumeaux ? 
c'est une remontée inattendue d'une des dernières paroles d'Annie, le 29 octobre 2010 : il y a un morceau de Sylvain qui se balade quelque part (chimérisme foetal-maternel ?);
attendant Sylvain, c'est Katia qui est arrivée 
jusqu'à ce que Magali B. me mette le nez dessus, le 21 mars 2022 : mais peut-être ils étaient deux ?
21 mars, jour du printemps, jour de Nowruz, de sainte Clémence (morte le 21 mars 1176), de la trisomie 21, pour l'élimination de la discrimination raciale (quelle légèreté une journée pareille)
vrai ou faux, impossible de trancher 
donc le défi des prochains mois, retourner dans le ventre porteur d'Annie et écrire la légende des jumeaux Sylvain (s'il vînt, il ne devait pas venir, avais-je répondu) et Katia (bien là)
que s'est-il passé entre eux ?
ces dessins yeux fermés sont déjà façon de les palper, de les sentir, ressentir
avant les mots, des sensations
les 9 mois du paradis foetal : processus descriptible ? processus miraculeux ? sait-on ce qu'on interrompt dans une interruption volontaire de grossesse ? sait-on ce qu'est le ciel vécu par le foetus nautilus dans les profondeurs amniotiques ?
les 9 mois du paradis foetal : processus descriptible ? processus miraculeux ? sait-on ce qu'on interrompt dans une interruption volontaire de grossesse ? sait-on ce qu'est le ciel vécu par le foetus nautilus dans les profondeurs amniotiques ?
les 9 mois du paradis foetal : processus descriptible ? processus miraculeux ? sait-on ce qu'on interrompt dans une interruption volontaire de grossesse ? sait-on ce qu'est le ciel vécu par le foetus nautilus dans les profondeurs amniotiques ?
les 9 mois du paradis foetal : processus descriptible ? processus miraculeux ? sait-on ce qu'on interrompt dans une interruption volontaire de grossesse ? sait-on ce qu'est le ciel vécu par le foetus nautilus dans les profondeurs amniotiques ?

les 9 mois du paradis foetal : processus descriptible ? processus miraculeux ? sait-on ce qu'on interrompt dans une interruption volontaire de grossesse ? sait-on ce qu'est le ciel vécu par le foetus nautilus dans les profondeurs amniotiques ?

J'ai vu « Le Processus » de Catherine Verlaguet, lauréate du Prix de la Pièce de théâtre contemporain pour le Jeune Public 2022, sélection 3ème/2nd, au Telegraphe ce mercredi 6 avril à 19h30 en partenariat avec le Planning Familial Varois.

C’est ton corps, dit-il (Fabien, son petit ami). Je te suivrai quelle que soit ta décision.

Claire est au lycée. Elle tombe amoureuse et enceinte de Fabien, qui est aussi amoureux d’elle mais pas vraiment prêt à affronter ce qui leur arrive. Claire entame alors un processus d’avortement…

« C’est ce processus que je vous propose de suivre sans manichéisme : le positionnement des proches, l’efficacité des médecins, les doutes et les certitudes qui se mélangent, le tout entrecoupé de flash-back sur l’histoire d’amour, la naissance du désir et ce premier émoi entre Claire et Fabien.

« Je suis pour l’avortement. Je suis pour que les femmes disposent de leur corps. Je suis pour le fait que la décision d’avorter leur appartienne.

Je pense aussi qu’il est des cicatrices que l’on ne regrette pas, mais que l’on n’oublie pas pour autant." écrit C.V. comme Claire Valège, C.V., comme C.V., Curriculum Vitae.

Ce spectacle se vit en immersion sonore, casque sur la tête, sauf à la fin, 1° cachet abortif absorbé.

C'est très bien joué par Juliette Allain qui a, à son actif, au moins 80 représentations.

Dispositif simple, une table, une chaise.

Des techniques d'acteur également simples mais efficces pour les changements de personnages (il s'agit d'un solo d'actrice jouant tous les personnages).

Metteur en scène Johanny Bert, Théâtre de Romette (Auvergne).

Le débat avec le public et le planning familial, avec lecture de textes datant du manifeste des 343 (1971), du manifeste des 331 (1973) et de la loi Simone Veil (17 janvier 1975) a été centré sur les motivations de l'autrice-auteure, sur le personnage de Claire et son choix (c'est mon corps, c'est ma vie), sur la qualité de l'interprétation et sur le dispositif avec casque permettant d'être en direct et de façon intime avec Claire.

L'auteure-autrice a signalé l'importance pour elle d'éviter les clichés, de renverser la relation habituelle mettant l'intime sous la coupe du politique (on se sent et on se met sous le regard et le pouvoir de l'Autre, la pharmacienne, la mère, le médecin, le petit ami, les copines...), elle cherchant plutôt à montrer l'impact possible de l'intime sur le politique (je tiens à décider par moi-même, même si j'ai des doutes, des hésitations, des peurs, je tiens à les gérer moi-même ; les autres, l'Autre, les dispositifs légaux d'aide à l'avortement se mettant au service de mon choix).

Ce débat m'a fait remonter aux années 1974-1980 (retour à Toulon) parce qu'Annie Grosse-Bories a été longtemps secrétaire bénévole au Planning familial 83, avant de devenir assistante sociale, éducatrice spécialisée, puis psychologue clinicienne au CMPP de La Seyne, formatrice à l'école d'assistantes sociales de la Croix-Rouge et enfin psychanalyste (je cite ce parcours parce que révélant sa force d'engagement). C'était rue Peiresc sous la houlette de Jeanine Braendlin à l'époque.

C'est dire si j'ai suivi les luttes du planning familial. Et bien sûr, j'ai soutenu les interventions d'éducation sexuelle du Planning familial au Lycée Rouvière, avec humour déstabilisateur parfois quand par exemple j'ai fait croire que le sida, très destructeur, était renforcé par une autre maladie, le stob, attrapé quand on fait l'amour sans amour.

Dois-je dire que je perçois aujourd'hui le poids terrible de l'initiation sexuelle sur les jeunes, et ce de plus en plus jeune, dès 7 ans, garçons mais aussi filles (on se provoque, alors tu t'es branlée cette nuit...), parce que l'industrie pornographique (particulièrement florissante, entre les mains de mafias) est à l'oeuvre au travers des réseaux sociaux, parce que les réseaux pédophiles, pédo-criminels sont particulièrement puissants et opaques, parce que le tourisme sexuel et la prostitution sont pratiques courantes, ouvertes ou cachées, parce que tellement de possibilités sont proposées, y compris de changements de sexe (homo, lesbienne, drag-queen, bi, trans, woke, cancel-culture), parce que tout semble devenir possible (PMA, GPA grâce aux ventres ukrainiennes, clones, chimères...). Avec l'homme augmenté, l'intelligence artificielle, on va être pucé, prothésé, bionisé, remisé à l'éternité. 

La vie comme la mort sont devenues de vastes champs d'expérimentations, de manipulations (suicide assisté, éternité par cryogénisation... ; film Soleil vert)
En écoutant ce qui se disait, j'ai soudain pris conscience que cette soirée était sous le signe d'une idéologie scientiste, d'un matérialisme dogmatique, d'un athéisme réducteur.

Pris de je ne sais quelle émotion devant l'ampleur de ce que je ressens comme un désastre, j'ai failli ne pas intervenir.

Je l'ai fait tout de même en tentant de socratiser le débat : qu'est-ce qui permet à Claire de dire avec cette certitude, cette assurance qu'à un jour près le cœur du foetus ne bat pas, donc pas de vie, donc pouvant se dédouaner, je ne tue pas.

L'affirmation c'est mon corps et j'en dispose comme je veux, aujourd'hui, me paraît d'une démesure, d'un orgueil décalés par rapport à ce qui m'apparaît comme mystère et miracle.

Ton corps est mystère parce qu'il est une incarnation de la Vie qui te le reprendra puisque naître c'est être voué à la mort, elle-même mystère.

Bienheureux ceux qui savent ce qu'est la mort, néantisation par exemple.

Ta liberté sera le suicide ou l'euthanasie.

Ton corps à naître, ta naissance est miracle même avec le soutien du corps médical, d'une science médicale devenue domination sanitaire d'experts sur les patients (voir avec la Covid).

Il y a un processus en cours bien plus mystérieux que le simple récit qu'en fait un cours de SVT, une rencontre entre spermatozoïde et ovule, division cellulaire, spécialisation cellulaire... Aujourd'hui, on sait que le fameux ADN, (1%), la soi-disant identité infalsifiable, génétiquement immuable (avec maladies génétiques prévisibles) de chacun est un dogme scientiste battu en brèche par les découvertes de l'épigénétique et par les travaux sur les 99% d'ADN dits poubelle, méprisés par les chercheurs américains et étudiés avec succès par les chercheurs russes.

Pour complexifier le tableau, je rajouterai que nous sommes mémoires, que ce sont toutes les mémoires de ce qu'on appelle évolution qui nous constituent, par exemple, l'extraordinaire parcours de l'atome de fer depuis l'explosion d'une super-novae jusqu'à ce qui caractérise notre sang, l'hémoglobine, en passant, oui, oui par le magma terrestre (une molécule d'hémoglobine qui se trouve à l'intérieur d'un globule rouge, ce sont 10000 atomes dont 4 de fer pour capter 4 atomes d'oxygène, transporté par circulation sanguine à chaque cellule du corps).

ou autre fantaisie, les 50000 milliards de bactéries, vieilles de 3,5 à 4,5 milliards d'années et qui colonisent notre ventre, le 2° cerveau, et sans lesquelles il n'y aurait aucune transformation de ce que nous mangeons.
Donc, il y a de quoi même avec la science s'émerveiller et se dire, on ne sait rien car savoir c'est savoir que ce qui reste à trouver est de plus en plus difficile à percer. 

Allant ailleurs vers des traditions spirituelles fort anciennes et quasi-universelles (présentes dans toutes les aires et sociétés), ne peut-on supposer, poser qu'une âme vient s'incarner dans un corps, le temps d'une vie, d'une réincarnation, d'une résurrection et que la mort c'est rendre l'âme, l'âme hors pour une nouvelle réincarnation.

Prolongeant cette intervention, je pense qu'il y a deux approches que je ne souhaite pas opposer, n'invitant personne à faire un choix plutôt qu'un autre

- une approche scientiste qui se sert de la science pour séparer : ça c'est la vie, ça c'est la mort; ça c'est vivant, ça non; distinguer le plaisir et la procréation, ça c'est le propre de l'homme, ce n'est pas le propre des animaux qui rutent par nécessité de reproduction (moins le propre de la femme, dans une société patriarcale mais aujourd'hui elles revendiquent et pratiquent de plus en plus le droit de jouir sans entraves, de vivre leur plaisir clitoridien en solitaire ou pas avec godes ou pas), baiser ou faire l'amour pour le plaisir et par plaisir à 99,9999 % pour deux enfants dans une vie (on peut en devenir addict sans doute), abstinence, beurk, sublimation, késako, satisfaction immédiate, oui, oui, ça urge (d'où viols, forçages de toutes sortes, chantages, méprises sur le consentement non-consenti-consenti-consentant, la fameuse zone grise) ; on le devine : l'éducation sexuelle pour gérer toute cette complexité seulement physique, épidermique (qui ne prend pas en compte, émois, émotions, sentiments, désirs, fantasmes, résistances, réticences, rythmes...) n'est pas une éducation sentimentale, encore moins une éducation à l'amour.
- une approche spirituelle où je considère ma vie comme un cadeau, un don, gratuit fait par la Vie (le contraire du je n'ai pas demandé à naître), cadeau fait par la Vie, sans jugement, par amour inconditionnel, m'aimant aussi bien salaud que saint, héros que bourreau, avorteuse de « mon » fœtus que jeune mère accueillante du fœtus dont une légende raconte
que quand un bébé vient au monde, il connaît les mystères de la création. Mais juste avant sa naissance, un ange pose le doigt sur sa bouche : « chut ! » et l’enfant oublie tout, il vient ainsi au monde innocent…
C’est pourquoi nous avons tous un petit creux au-dessus de la lèvre supérieure, signe de L’Empreinte de l’ange.

« Avant sa naissance, dit le Talmud, l'homme est un pur esprit et possède encore le savoir ultime de ses vies antérieures. C'est alors qu'un ange apparaît et lui enjoint de tenir ce savoir secret. L'ange pose son doigt sur la lèvre de l'enfant et à cet instant précis, le bébé oublie tout pour entrer dans la vie. Du geste de l'ange, il reste une trace: le petit creux qui dessine un fossé entre notre lèvre supérieure et la base de notre nez... Alors seulement, il peut pousser son premier cri. »

La tradition dit, en effet, qu'avant la naissance, l'âme "descendue" dans l'embryon connait "toute la Torah", qu'elle voit la vie qu'elle va mener lors de l'incarnation, les choix qu'elle devra faire et leurs conséquences....
Lors de la naissance, l'ange, en effet, lui pose le doigt sur la bouche afin qu'il oublie ce qu'il sait et ait le plaisir de le redécouvrir, de faire ses choix librement et la trace de ce doigt angélique est le sillon naso labial.

Cette tradition est parfaitement bien exploitée dans "Les bienveillantes" de Jonathan Little lorsque le "héros" rencontre ce vieux juif à qui il manque justement ce sillon naso labial, qui se "souvient" donc de tout y compris du moment de sa mort, et dont la rencontre donne lieu à un dialogue entre la "pensée occidentale" et la tradition juive.

Dit autrement et ça se dit aujourd'hui, ce ne sont pas les parents qui font les enfants mais les enfants (leur âme) qui choisissent leurs parents.

Avec le temps, à 80 ans passés, je suis passé d'une approche à l'autre.

Car la vie nous fait vivre, revivre des expériences. Par exemple Annie qui, entrée à l'hôpital en octobre 2010, revient sur la naissance de Sylvain-Katia et qui me dit un morceau de Sylvain se balade quelque part.

Elle croyait attendre un garçon, arriva une fille. Pas d'échographie à l'époque, en 1968. Et en 2022, je découvre que peut-être, elle attendait des jumeaux homo ou hétérozygotes et qu'un n'est pas apparu.

Voici de récentes découvertes sur ce qui se passe, le microchimérisme foetal-maternel

Pendant la grossesse, les cellules du bébé migrent dans la circulation sanguine de la mère et retournent ensuite dans le bébé, c'est ce qu'on appelle le « microchimérisme fœtal-maternel ». ⁠

Pendant 41 semaines, les cellules circulent et fusionnent et après la naissance du bébé, beaucoup de ces cellules restent dans le corps de la mère, laissant une empreinte permanente dans les tissus, les os, le cerveau et la peau de la mère, et y restent souvent pendant des décennies.

Chaque enfant laissera une empreinte similaire.

Des études ont également montré des cellules d'un fœtus dans le cerveau d'une mère 18 ans après son accouchement.

Des recherches ont montré que si le cœur d'une mère est blessé, les cellules fœtales se précipitent vers le site de la blessure et se transforment en différents types de cellules spécialisées dans la réparation du cœur.

Le bébé aide à réparer la mère, tandis que la mère construit le bébé.

C'est souvent pourquoi certaines maladies disparaissent pendant la grossesse.

C'est incroyable de voir comment le corps de la mère protège le bébé à tout prix, et comment le bébé protège et reconstruit sa mère - afin qu’il puisse se développer en toute sécurité et survivre.

Si vous êtes une maman, vous savez que vous pouvez ressentir intuitivement votre enfant même quand il n'est pas là ...

Eh bien, maintenant il y a une preuve scientifique que les mamans portent leurs enfants pendant des années et des années, même après qu'elles les aient mis au monde.

Pour conclure, à partir de là où j'en suis, je crois que tout est croyance, qu'il n'y a de preuve de rien, des arguments peut-être, que donc ce sont les mots que l'on emploie qui crée ce que l'on prend pour la réalité. Change de mots et tu changes la réalité. Change de mots et tes maux changent.

Dans cet état d'esprit, je trouve particulièrement beau, le récit d'Alain Cadéo, Le ciel au ventre, qui date d'avril 1993 et qui est le dialogue d'un père avec le foetus nautilus attendu par sa femme, foetus qui n'a rien d'inerte, de passif, riche déjà de toutes les convulsions galactiques, de toutes les incandescenses.
C'est aussi ce que j'ai tenté avec le texte Trois femmes (Le corps qui parle)

À Le Revest, le 8 avril 2022

 

 

 

 

un livre majeur

un livre majeur

dans une conversation hier, mercredi 11 octobre 2023, j'ai été amené à dire que depuis quelques temps, je me sentais travaillé par le ventre des femmes, et d'abord celui de l'épousée
sans doute en lien avec une histoire de jumeaux, une phrase de l'épousée lors de son testament oral, le 29 octobre 2010 (il y a un morceau de S. qui se balade quelque part en moi), un mois avant son passage, le 29 novembre 2010,
avec l'intérêt que je porte au micro-chimérisme foetal-maternel depuis qu'il m'a été évoqué lors d'une séance de guérison avec 1.2.3. Soleil (ainsi s'appelle-t-elle), il y a deux ans environ
et voici qu'aujourd'hui sort cet article de Libération sur un livre qui s'annonce essentiel
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Il est des livres qui bouleversent notre vision du monde.
Dans les Cellules buissonnières (Premier Parallèle, 2023), la journaliste scientifique Lise Barnéoud relate des cas scientifiques extrêmes qui nous permettent de mieux comprendre la composition de nos propres corps. Comme celui de l’Américaine Karen Keegan, mère de trois enfants, qui s’est vu dire par les médecins : «Deux de vos fils ne correspondent pas à votre ADN.» Une découverte fortuite alors que ceux-ci passaient des examens de compatibilité avec leur mère en vue de lui donner un rein. Idem pour Lydia Fairchild, dont les tests de maternité nécessaires à l’obtention d’une aide sociale aux Etats-Unis révèlent que, d’un point de vue génétique, elle n’est pas la mère de ses deux enfants.
Le livre de Lise Barnéoud est une plongée dans ces résultats scientifiques des plus troublants connus sous le nom de «microchimérisme». Comme la créature mythologique mi-chèvre mi-lion à queue de serpent, beaucoup d’entre nous (tous ?) sont constitués de plusieurs populations de cellules ne contenant pas le même génome. «L’équation maintes fois apprise "1 individu = 1 génome" ne couvre pas toutes les réalités», déconstruit la journaliste scientifique. Mais d’où proviennent ces cellules autres ? Une première piste nécessite de décortiquer les mécanismes de la grossesse et de se pencher sur la notion de «jumeau évanescent».
LA «REINE DES PREUVES»
Tous les embryons ne vont pas au bout de leur développement. Quand une grossesse commence avec deux fœtus mais qu’un seul arrive à son terme, on appelle l’autre un «jumeau évanescent». Ce cas toucherait 10 % à 30 % des naissances uniques. Une trace de ce frère ou de cette sœur jamais né(e) peut perdurer dans le corps de son jumeau avec lequel il a partagé quelques jours le même utérus. Ses cellules ont pu s’insérer dans l’être en formation à côté de lui, allant jusqu’à devenir des constituantes à part entière de certains de ses organes. Dans le cas de Karen Keegan, les médecins pensent même que les deux fœtus ont fusionné. Concrètement, certains de ses ovules contiennent les informations génétiques de Karen et d’autres celles de sa sœur qui n’est jamais née. Cette affaire donne son sous-titre au livre de Lise Barnéoud : L’enfant dont la mère n’était pas née et autres folles histoires du microchimérisme. Le cas de Karen Keegan, décrit dans un article scientifique, a sauvé Lydia Fairchild face à l’administration américaine. En découvrant cette folle histoire, l’avocat de cette dernière lui propose de faire un frottis du col de l’utérus. Bingo, certaines cellules récoltées sont compatibles avec l’ADN de ses enfants. Lydia a bien porté ses enfants, même si elle est génétiquement leur tante. De quoi se faire des nœuds à l’arbre généalogique.
Le microchimérisme n’a pas que des conséquences sur la parentalité. Dans les affaires criminelles, il peut également remettre en cause la «reine des preuves», à savoir l’ADN. Lise Barnéoud raconte ainsi comment, en 2004, la police scientifique de l’Alaska identifie le sperme présent sur une scène de crime comme étant celui d’un individu déjà en prison. L’homme avait des cellules séminales identiques à celles de son frère. Pas de jumeau évanescent dans ce cas précis : le mécanisme de transmission est une greffe de moelle osseuse entre les frangins. La littérature scientifique fleurit de cas similaires où les cellules du donneur sortent de l’organe greffé pour se balader dans le corps du receveur et parfois s’insérer dans d’autres organes sans en altérer le fonctionnement. «Je est un autre», écrivait Rimbaud.
Le microchimérisme bouleverse également les croyances scientifiques. Le dogme dominant pour expliquer le fonctionnement du système immunitaire repose sur la capacité des défenses du corps à distinguer le soi - les cellules du corps qu’il ne faut pas tuer - du non-soi - les cellules étrangères à dézinguer. Cette théorie avait, certes, déjà été fragilisée par la découverte du microbiote, cette flopée de bactéries qui vivent sur la peau ou dans les intestins, essentielles au bon fonctionnement du corps humain. Mais voilà qu’on découvre aussi que certaines parties de notre corps peuvent être constituées de deux populations cellulaires génétiquement distinctes. L’immunité de l’organisme est donc une relation de coopération entre nos cellules, celles dites microchimériques et les micro-organismes.
À TRAVERS LE PLACENTA
La principale source de microchimérisme reste la grossesse. En témoigne la première référence au microchimérisme trouvée par Lise Barnéoud, qui remonte à 1893, quand un médecin allemand trouve des cellules du placenta dans les poumons de femmes mortes en couches. Mais la grossesse est encore insuffisamment explorée par la science moderne. «Quand je voyais écrit, il y a quelques années, dans les manuels de biologie de ma fille, que le placenta ne laissait pas passer les cellules, je n’en revenais pas»,se désole Nathalie Lambert, chercheuse à l’Inserm et spécialiste du microchimérisme, invitée à la présentation du livre à Paris le 21 septembre. Car les échanges entre un fœtus et sa mère vont bien au-delà de quelques nutriments, de l’oxygène et des défenses immunitaires. Le placenta laisse aussi passer des cellules. Ce transit à travers le placenta est même probablement l’une des conditions de réussite de la grossesse. En effet, les cellules de l’embryon se rendent en priorité dans le thymus de la femme enceinte pour inciter le système immunitaire à accepter la présence du fœtus dans son organisme. «Elles s’assurent que l’embryon reçoive le gîte et le couvert», résume Lise Barnéoud.
Si les cellules passent dans un sens, elles peuvent donc passer dans l’autre. Ainsi, la mère donne à son fœtus ses propres cellules et, potentiellement, celles des embryons qu’elle a déjà portés, voire celles de sa propre mère qui peuvent encore être présentes dans son organisme. Dans une étude publiée en 2021 dans la revue The Lancet,Nathalie Lambert a découvert des cellules microchimériques de leur grand-mère dans le sang de cordon de cinq bébés sur 28.
LES CINQ GOMMETTES
Quand elle présente son livre à la presse, Lise Barnéoud propose à chacun de coller une gommette sur son épaule pour chaque voie de transmission prouvée de cellules microchimériques qui nous concerne. Une gommette pour sa mère, une pour sa grand-mère. Une gommette pour chaque grossesse de sa propre mère avant sa naissance. Une gommette si on a subi une transplantation solide ou une greffe de moëlle osseuse. Enfin, pour les femmes, une gommette pour chaque grossesse menée à terme ou non. On a fini avec cinq gommettes sur l’épaule. De quoi sérieusement revisiter le concept de sa propre identité.
Malgré l’importance conceptuelle de ce phénomène, il reste peu étudié avant les années 90. «Nous manquons encore beaucoup d’informations de base sur ces sujets. Comme nous avions du mal à démontrer une application possible, nous n’avions pas suffisamment de financement»,regrette J. Lee Nelson, chercheuse américaine retraitée de l’institut Fred-Hutchinson de Seattle, également là à la présentation du livre à Paris et grande spécialiste du sujet.
Néanmoins, les résultats récents étayent le rôle de ces cellules dans nos corps et relancent l’intérêt des financeurs. Alors, que font-elles, ces cellules porteuses d’un ADN différent mais qui nous constituent ? Est-il dangereux d’être «multi-génétique» ? C’est que ces cellules peuvent se retrouver dans n’importe quel organe.
Dans un article publié dans la revue PlosOneen 2012, J. Lee Nelson trouvait des neurones masculins (contenant des chromosomes XY) dans le cerveau de 37 femmes sur 59 autopsiées. Certains chercheurs pensent même qu’elles peuvent se transmettre par le sperme. «La chanson Can’t Get You Out of My Head [«je ne peux pas te sortir de ma tête», ndlr] n’a jamais semblé aussi juste», se marre aujourd’hui J. Lee Nelson. Les cellules microchimériques peuvent avoir un impact positif ou négatif en fonction des cas, comme souvent en biologie. Lise Barnéoud raconte ces femmes greffées d’un rein qui déclenchent un cancer des années après leur opération. Surprise, leurs cellules cancéreuses sont toutes mâles, donc issues de l’organe greffé. Le microchimérisme pourrait aussi jouer un rôle dans le développement de certaines maladies auto-immunes, dont les trois quarts des victimes sont des femmes, souvent de plus de 45 ans. Enfin, dans les cas de jumeaux évanescents de sexes différents, si des cellules mâles et femelles se côtoient dans le même appareil génital, cela peut donner lieu à des malformations. Comme cette petite Américaine opérée en 1962 et qui présentait du tissu ovarien d’un côté et du tissu testiculaire de l’autre…
LE CÔTÉ OBSCUR
Au début de ses recherches, dans les années 90, J. Lee Nelson a par ailleurs démontré qu’on avait plus de chances de trouver des cellules mâles dans le sang des femmes atteintes de sclérodermie, une maladie auto-immune, que dans le sang de femmes en bonne santé. Voilà pour le côté obscur. Car «ce n’est pas parce qu’on voit des pompiers à chaque fois qu’il y a un incendie, qu’il faut en conclure qu’ils causent l’incendie», temporise Lise Barnéoud.
J. Lee Nelson a d’ailleurs «toujours cru que les bons côtés l’emportaient sur les moins bons». Des études épidémiologiques laissent ainsi penser que les femmes qui ont des cellules mâles dans le sang ont moins de risques de développer certains cancers (sein, ovaires et cerveau). Elles auraient un effet protecteur, donc. De quoi pousser des scientifiques à plancher sur leur effet curatif éventuel. Selim Aractingi, chercheur à l’hôpital Cochin à Paris, obtient des résultats positifs en utilisant ces cellules pour guérir des plaies cutanées et même réparer les tissus après des accidents cérébraux chez la souris. Il espère pouvoir utiliser chez l’humain le potentiel thérapeutique de ces cellules attirées par les zones blessées et capables de s’insérer dans un organe tout en garantissant son fonctionnement. D’autres résultats tendent à prouver que les cellules microchimériques de la mère «éduquent» le système immunitaire de l’enfant. Dernier espoir évident : la possibilité d’augmenter la tolérance des greffes. Mais ce n’est pas pour toute de suite.
Lise Barnéoud Les cellules buissonnières Premier Parallèle, 208 pp., 19 €
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évidemment, j'assisterai jeudi 19 octobre à 19 H à la projection au Royal à Toulon du documentaire de Claire Simon, Notre corps, en sa présence
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Pour résumer ma position aujourd’hui
Naissance = miracle et mystère
Mort = mystère et miracle
(miracle = heureusement qu'on meurt, dixit Marcel Conche)
Ces deux mots, selon moi, n'ont pas à être élucidés, conceptualisés (tentation humaine)
mais doivent induire des attitudes
Le savoir sert à confirmer l’impossibilité de savoir
mais sert aux pouvoirs
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une histoire de la vraie vie / Gabriel/le Guez Ricord

14 Mai 2022 , Rédigé par grossel Publié dans #Albert Camus, #FINS DE PARTIES, #poésie, #pour toujours, #écriture, #vraie vie

découverte par hasard ? et par étapes de la tombe du poète Christian Gabriel/le Guez Ricord (1948-1988)
découverte par hasard ? et par étapes de la tombe du poète Christian Gabriel/le Guez Ricord (1948-1988)
découverte par hasard ? et par étapes de la tombe du poète Christian Gabriel/le Guez Ricord (1948-1988)
découverte par hasard ? et par étapes de la tombe du poète Christian Gabriel/le Guez Ricord (1948-1988)

découverte par hasard ? et par étapes de la tombe du poète Christian Gabriel/le Guez Ricord (1948-1988)

12 heures d'escapade dans le sud lubéron, mercredi 11 mai 2022
avant Rognes, un superbe champ de coquelicots
Rognes, halte au marché, la boulangerie au bon pain, le cercle des travailleurs
Lourmarin, très long moment au cimetière dès l'arrivée, comme à chaque fois
tombe d'Albert Camus
tombe d'Henri Bosco
lectures de textes
parce qu'il fait chaud, Annie Bergougnous se met à l'ombre d'un monument funéraire, discret, peu visible, presque en vis à vis de la stèle d'Albert Camus
profondément surprise et émue de découvrir par étapes ce qui va se révéler être la tombe du poète Christian Gabriel/le Guez Ricord.
"Faisant presque face à celle d'Albert Camus, en me penchant par hasard et curiosité sur le carré de pierre reposant aux angles sur quatre cubes de verre que j'ai ensuite pris soin de nettoyer, une émotion puissante à la lecture de ce vers, gravé sur la fine bande de marbre incrustée sur trois de quatre côtés du carré de pierre.
Dépôt de deux roses Pierre de Ronsard
puis lecture de quelques lignes de Velibor Čolič -Manuel d'exil-". A.B.
Impossible de déchiffrer le nom.
arrive une dame qui intéressée par la description que lui fait Annie Bergougnous se met à déchiffrer avec son doigt :
Gabrielle Guez Ricord 1948-1988
Je réagis immédiatement, connaissant bien le parcours de Christian Gabriel/le Guez Ricord, un poète majeur né et mort à Marseille, prix Paul Valéry dès son premier recueil à 17 ans.
Je connais ce poète car il fut un temps au Revest, lors de mon premier mandat municipal avec Charles Vidal et Jacques Rullier (1983-1989), où un imprimeur à l'ancienne éditait Spectres familiers.
L'Annoncée [I], Spectres familiers, Le Revest-les-Eaux, 1983.
Emmanuel Ponsart quitta Le Revest, peu propice à la reconnaissance d'une telle activité et devint le directeur du CipM, le Centre international de poésie de Marseille, installlé à la Vieille Charité.
C'était à l'époque d'un adjoint à la culture de Marseille, Christian Poitevin, connu sous le nom de Julien Blaine, poète performeur
L'inscription :
tu peux voir le corps
et pour lui, l'Ange
la mort a ses images
Or une oeuvre de Guez Ricord porte ce titre
La Mort a ses images, dessin de Jean-Jacques Ceccarelli, Thierry Bouchard, Losne, 1985.
En cherchant dans la biographie de Guez Ricord, je n'ai trouvé nulle part l'indication de son lieu d'inhumation, discret, très fortement pensé et conçu
photos d'Annie Bergougnous dont la curiosité insatiable a permis cette mise à jour
si vous vous rendez au cimetière de Lourmarin pour Camus et Bosco, pensez dorénavant à Guez Ricord
la phrase en trois bribes sur la tranche de la tombe du poète fou et mystique Christian Gabriel/le Guez Ricord (1948-1988) au cimetière de Lourmarin rien à la face Tu peux voir le corps (côté gauche) et pour lui  l'ange, (côté droit) la mort a ses images (à l'arrière en capitales) voilà une inscription bien pensée, la tombe étant elle-même bien conçue, pieds de verre, plateau granitique, tranche en marbre photos et découverte Annie Bergougnous
la phrase en trois bribes sur la tranche de la tombe du poète fou et mystique Christian Gabriel/le Guez Ricord (1948-1988) au cimetière de Lourmarin rien à la face Tu peux voir le corps (côté gauche) et pour lui  l'ange, (côté droit) la mort a ses images (à l'arrière en capitales) voilà une inscription bien pensée, la tombe étant elle-même bien conçue, pieds de verre, plateau granitique, tranche en marbre photos et découverte Annie Bergougnous
la phrase en trois bribes sur la tranche de la tombe du poète fou et mystique Christian Gabriel/le Guez Ricord (1948-1988) au cimetière de Lourmarin rien à la face Tu peux voir le corps (côté gauche) et pour lui  l'ange, (côté droit) la mort a ses images (à l'arrière en capitales) voilà une inscription bien pensée, la tombe étant elle-même bien conçue, pieds de verre, plateau granitique, tranche en marbre photos et découverte Annie Bergougnous

la phrase en trois bribes sur la tranche de la tombe du poète fou et mystique Christian Gabriel/le Guez Ricord (1948-1988) au cimetière de Lourmarin rien à la face Tu peux voir le corps (côté gauche) et pour lui l'ange, (côté droit) la mort a ses images (à l'arrière en capitales) voilà une inscription bien pensée, la tombe étant elle-même bien conçue, pieds de verre, plateau granitique, tranche en marbre photos et découverte Annie Bergougnous

article sur Vincent La Soudière, paru dans Le Monde le jour de l'annonce publique de la mort de Christian Bobin / Jean-Claude Grâce à vos indications, j'étais aujourd'hui sur la route du cimetière de Lourmarin, pour saluer Christian Guez, quand j'ai appris, à la radio, la mort de Bobin. Un article élogieux (de Roger-Pol Droit) sur Vincent La Soudière (Eschaton, édité par Sylvia Massias) venait de paraître dans le Monde du matin. En une journée, étrangement les trois poètes qui ont le plus compté dans ma vie ont été réunis par les circonstances. Au cimetière de Lourmarin, j'ai bien trouvé la tombe là où vous l'avez découverte, et j'ai pensé à vous, aussi.   Merci   marc

article sur Vincent La Soudière, paru dans Le Monde le jour de l'annonce publique de la mort de Christian Bobin / Jean-Claude Grâce à vos indications, j'étais aujourd'hui sur la route du cimetière de Lourmarin, pour saluer Christian Guez, quand j'ai appris, à la radio, la mort de Bobin. Un article élogieux (de Roger-Pol Droit) sur Vincent La Soudière (Eschaton, édité par Sylvia Massias) venait de paraître dans le Monde du matin. En une journée, étrangement les trois poètes qui ont le plus compté dans ma vie ont été réunis par les circonstances. Au cimetière de Lourmarin, j'ai bien trouvé la tombe là où vous l'avez découverte, et j'ai pensé à vous, aussi. Merci marc

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Lettres de Pétrarque à son frère

30 Janvier 2022 , Rédigé par grossel Publié dans #Le Revest-les-Eaux, #amour, #poésie, #écriture, #vraie vie, #voyages, #pour toujours, #notes de lecture, #histoire, #essais

la salle de spectacles de la Maison des Comoni devrait retrouver son nom d'origine, salle Pétrarque, noms donnés lors de l'inauguration du lieu, le 1° juillet 1990, adoptés dans un conseil municipal de l'époque
Maison des Comoni plutôt que Théâtre parce que
Maison = accueil + chaleur,
Comoni parce que la plus ancienne trace d'occupation du lieu, la tribu ligure des Comani, citée, gravée sur le trophée d'Auguste à La Turbie, devenant par déformation orale Comoni
Pétrarque parce que celui-ci a séjourné deux fois à la Chartreuse de Montrieux, en 1347 puis en 1353, rendant visite à son frère cadet Gherardo, père supérieur de cette Chartreuse, décimée par la peste noire et à laquelle Gherardo survécut, avec lequel François avait fait la montée du Ventoux le 26 avril 1336;
en grimpant sur le pierrier, la xalada (mot de Pétrarque) au-dessus du Revest par le col des morts où une carrière mange la pierre calcaire pour les besoins du BTP, des autoroutes, du nouveau port de Monaco, on peut arriver au monastère en 1 H 1/2; c'est le même territoire de rochers, d'avens, de forêt de chênes
Pétrarque parce que couronné Prince des Poètes au Capitole à Rome en avril 1341, inventeur du sonnet, amoureux à vie de Laure de Noves, épouse Sade (aïeule donc du divin marquis), idéalisée après l'avoir vue à l'église Sainte-Claire d'Avignon, le 6 avril 1327 (elle meurt le 6 avril 1348), objet-sujet, figure-visage-présence de deux oeuvres majeures de la littérature courtoise, le Canzonniere écrit sur 20 ans dans ce qui va devenir l'italien, les Triomphes de l'amour
Pétrarque parce qu'il a écrit 6 Lettres familières à son frère, lettres dont j'ai rendu compte dans un article remis au bibliothécaire de la chartreuse le 25 mai 2006
merci au maire du Revest d'avoir pris note de cette demande de restitution de son nom à cette salle: un lieu est chargé de mémoire, d'énergie en fonction de ce qui s'y est passé
les personnes présentes à la soirée Germain Nouveau, mendiant mystique, le vendredi 28 janvier 2022 ont sans doute ressenti cette charge
au passage, je signale que Germain Nouveau a écrit les Valentines (la doctrine de l'amour) en lien avec une Valentine rencontrée, devenue femme plurielle, Valentine, la Laure de Germain, lequel parmi les 17 hétéronymes qu'il a utilisés avait choisi Jean de Noves et le succulent Monsieur François Laguerrière
Petrarque par Ernest-Pignon Ernest, le Christ vu par le peintre revestois Marief, peinture visible dans le bureau du maire du Revest
Petrarque par Ernest-Pignon Ernest, le Christ vu par le peintre revestois Marief, peinture visible dans le bureau du maire du Revest

Petrarque par Ernest-Pignon Ernest, le Christ vu par le peintre revestois Marief, peinture visible dans le bureau du maire du Revest

Les lettres familières de Pétrarque
à son frère Gherardo,
moine
à La Chartreuse de Montrieux


La Chartreuse de Montrieux, ce 25 mai 2006, à midi,
où a été présenté le texte ci-dessous,
donné ensuite aux moines chartreux.

La Chartreuse, le 8 octobre 2005


Pétrarque a écrit 6 lettres familières et une lettre de la vieillesse à son frère Gherardo.
Les 6 lettres sont disponibles en version bilingue : latin-français depuis 2005 aux Belles Lettres.
La lettre de la vieillesse ne sera disponible qu’en 2006 ou 2007, aux Belles Lettres.
La 1° lettre est du 25 septembre 1349, plus de 6 ans après la prise de l’habit par Gherardo.
La 2° est du 2 décembre 1349.
La 3° est du 11 juin 1352.
La 4° non datée a été écrite probablement entre janvier et février 1353.
La 5° est du 7 novembre 1353.
La 6° est du 25 avril 1354.
Dans ces 6 lettres, nous ne trouvons pas d’indications sur la région sauf une référence à la grotte de la Sainte Baume, non nommée comme telle mais comme grotte où se retira Marie-Madeleine, grotte visitée par Gherardo et aussi par Pétrarque.
La 4° est celle qui nous en dit le plus. Gherardo a survécu seul à la peste de 1348. Il a perdu ses 34 compagnons de prière. Il a défendu seul la Chartreuse contre les brigands en leur parlant. Il a obtenu du prieur de la Grande Chartreuse, Jean Birelle, de choisir un nouveau prieur et des moines pour restaurer Montrieux.
Les autres lettres sont des méditations provoquées par la réception d’un coffret de buis et d’une lettre de Gherardo, par l’envoi d’un exemplaire des Confessions d’Augustin à Gherardo. Pétrarque semble fier de la fermeté de la foi de son frère, se met à son niveau par les références aux Pères de l’Église et à des philosophes ou sages de l’Antiqité. Il s’interroge sur lui-même, est partagé entre une attitude de pénitence, de repentance et une attitude d’humaniste, ne pouvant renoncer aux biens de ce monde, variables avec l’âge (on ne désire pas les mêmes choses, jeune, puis vieux). Malgré l’admiration qu’il éprouve pour son frère, on sent que Pétrarque est soucieux d’autre chose que de vivre dans la gloire de Dieu et pour Dieu, même si celui-ci est évoqué de nombreuses fois. La piété de Pétrarque, réelle, n’est pas suffisante pour l’amener à renoncer par exemple à son amour idéalisé pour Laure qui va l’occuper toute sa vie, avec les 10 rédactions successives du Canzoniere, son chef d’œuvre en italien quand il était persuadé qu’il passerait à la postérité par ses écrits en latin.
Pétrarque François est né le 20 juillet 1304 à Arezzo en Italie qui n’est pas encore l’Italie.
Gherardo est né en 1307.
En 1311, la famille quitte Pise pour le Vaucluse où se trouve la Papauté, en Avignon. Elle s’installe à Carpentras.
Vers 1316, Pétrarque découvre le site de la Fontaine du Vaucluse.
Entre 1320 et 1326, les deux frères étudient le droit à Bologne.
Dante meurt en 1321. Avec lui, meurt une certaine conception du monde, un certain usage de la vie caractérisée par un ascétisme que l’on commence à trouver excessif parce qu’une nouvelle classe émerge, la bourgeoisie, et qu’avec elle va émerger une nouvelle vision de la vie qui ne mérite pas tant de malédictions et dans laquelle il y a place pour la douceur du monde, les plaisirs, la beauté, les beautés. Certes, on continue à croire que le perfectionnement compte plus que la joie mais on voit bien qu’avec Pétrarque, Laure n’a pas le même statut que la Béatrice de Dante. La chair sourit, le soleil brille, l’homme a des désirs et des rêves, la volonté fléchit, la mélancolie et l’angoisse surgissent, l’élégie redevient possible. Avec Laure, on peut dire que Béatrice, symbole de la divinité, conduisant l’homme vers la perfection par des raisonnements élevés, conscience vigilante de l’homme, devient la beauté qui inspire des sentiments sublimes. Laure a levé les yeux, a souri à l’homme qui l’aime et voilà que Laure se promène dans les prairies, au bord des ruisseaux, contemple son image dans les sources, cueille des fleurs. Le poète ose la regarder, non comme une idée, un idéal mais comme la Femme prête à se laisser contempler par son amant.
Pétrarque vit ce changement de vision avec culpabilité et c’est cette tension entre hier et aujourd’hui, entre la nécessité de la perfection et son impossibilité pour lui, qui va faire la matière de son œuvre, partagée entre les œuvres latines édifiantes et l’œuvre en langue vulgaire où il cède à l’avidité du regard contemplatif, osant regarder les yeux, les mains, le visage, les cheveux, le sourire de la Femme aimée, ce que Dante n’avait pas osé faire.
Pétrarque renverse donc la perspective dantesque. Quand Dante projette la terre vers le ciel, Pétrarque trouve le ciel sur terre, sentiment religieux à rebours, nourri de la nostalgie des formes aimées et disparues, de l’angoisse impuissante de voir s’évanouir dans le néant ce corps adoré.
Revenons à la biographie.
Le 6 avril 1327, il rencontre Laure en l’église Sainte-Claire d’Avignon, vision décisive et définitive qu’il chantera toute sa vie.
En 1333, il reçoit d’un moine un minuscule exemplaire des Confessions d’Augustin qui l’accompagnera toute sa vie et qu’il donnera en 1374, peu avant sa mort, à un jeune moine augustinien. Il fait cadeau en 1354 d’un exemplaire des Confessions, copie transcrite par un jeune familier de Pétrarque, à son frère, cadeau évoqué dans la 6° lettre.
Le 26 avril 1336, il entreprend l’ascension du Ventoux avec son frère, véritable exploit pour l’époque. Au sommet, il ouvre au hasard son exemplaire des Confessions et tombe sur ce passage : « Et les hommes s’en vont admirer les hauts sommets, les immenses houles marines, les fleuves au large cours, l’Océan qui tout embrasse, les révolutions des astres ; et ils se laissent eux-mêmes à l’abandon. » Gherardo est saisi par ce passage, veut en entendre davantage mais François n’en lira pas plus. Il s’est perdu dans la montée quand son frère est arrivé sans encombres, il est fatigué, la montée a duré 7 ou 8 heures, il faut redescendre à Malaucène, il y en a pour 6 heures encore.
Gherardo doit sans doute sa vocation, sa conversion, à cette ascension et aux Confessions mais elle ne se révèlera qu’après la mort de celle qu’il aime en 1340. Laure, elle, sera emportée, comme le cardinal Colonna, protecteur de Pétrarque, par la peste de 1348. François apprendra la nouvelle le 19 mai 1348.
Gherardo décide de se retirer du monde à Montrieux et prend l’habit de moine en avril 1343.
Pétrarque passera un jour et une nuit à Montrieux, début 1347, visite à la suite de laquelle il écrira en latin le De otio religioso dédié aux moines chartreux.
Le 6 avril 1341, Pétrarque avait été spectaculairement couronné Prince des Poètes au Capitole à Rome. Il avait tout mis en œuvre pour obtenir cette consécration.
Pétrarque passera le 20 avril 1353 à Montrieux avant de quitter définitivement la Provence pour l’Italie, fin mai ou début juin 1353. Il s’installe d’abord à Milan au grand dam de son ami Boccace puis à Venise à la demande des doges où il reçoit un palais en échange de ses manuscrits car Pétrarque, fantastique érudit, avait réussi à dénicher des manuscrits rares.
En 1368, il s’installe à Padoue-Arquà. Il meurt le 19 juillet 1374 à sa table de travail et est enseveli dans l’église d’Arquà.
Le Canzoniere, commencé en 1342 (Laure a été vue le 6 avril 1327), prendra toute sa vie : en 1374, il travaille à la 10° rédaction de ce texte qu’il récusait pourtant.
Revenons au contenu des lettres.
La 1° lettre évoque les années de dissipation (1326 et après) dont seul Gherardo réussit à se libérer par la conversion. Comme toujours chez Pétrarque, érudit, l’imitation des Anciens est une source d’inspiration. Pour cette lettre, le fond doit aux Confessions d’Augustin et la forme aux Psaumes de David.
Avec la 2° lettre, Pétrarque envoie Parthenias, première églogue écrite en 1347 de son Bucolicum carmen, dans laquelle Pétrarque affirme que les Psaumes de David ne sont pas seulement un témoignage de foi mais aussi une œuvre poétique, développant ainsi cette thèse que la poésie a une origine religieuse et que la théologie est une poésie ayant Dieu pour objet.
Le 10 juin, veille du jour où Pétrarque rédige sa 3° lettre, il reçoit de Gherardo, un coffret de buis réalisé par son frère lui-même et une lettre de conseils, composée en grande partie de citations des Pères de l’Église, lettre perdue. La lettre de Pétrarque développe les raisons de la diversité observée entre les êtres humains et en un même être. Je n’ai pu m’empêcher d’entendre Montaigne, deux siècles et demi plus tard. Pétrarque emprunte à Aristote sa tripartition entre vie voluptueuse, vie politique et vie contemplative.
La 4° lettre est consacrée au courage de Gherardo pendant la peste de 1348.
La 5° est en relation avec un livre écrit par Gherardo sur la philosophie chrétienne et sur les principes à suivre pour une vie qui lui soit conforme, livre dont une copie a été remise à François. Ce livre est également perdu. Pétrarque s’interroge sur quelle est la vraie philosophie, quelle est la vraie loi et quel est leur meilleur maître à toutes les deux.
La 6° lettre en lien avec le cadeau d’une copie des Confessions à Gherardo aborde le sujet des livres et de leurs copies et pourquoi les copies des savants comportent plus d’erreurs que celles des copistes.
Comme on le voit, les circonstances d’écriture conditionnent en partie le sujet des lettres mais l’érudition de Pétrarque, sa culture donnent à ses lettres une dimension qui dépasse les circonstances, lui permettant de s’adresser à tout un chacun.
Pour conclure, on mesure cependant, en lisant ces lettres aujourd’hui, notre inculture de fond, l’absence de fréquentation des textes anciens, y compris religieux, expliquant cette distance entre nous et Pétrarque.
Je ne suis pas sûr que nous ayons perdu quelque chose d’essentiel en perdant ce qui sollicitait Pétrarque ou Dante. Nous avons trouvé d’autres interrogations, d’autres visions du monde, d’autres façons de vivre. En essayant de me situer à peu près au même niveau, à la même hauteur d'exigence que Gherardo ou François Pétrarque, il me semble que la sagesse tragique d’un Marcel Conche répond mieux à mes attentes, à mes envies fortes de vivre vraiment ma vie, que la vocation de Gherardo pour la voie de la perfection, ou que le clivage de Pétrarque entre son aspiration à la vraie vie spirituelle et sa complaisance pour la vie mondaine que par ailleurs il critique. La perfection recherchée par Gherardo, l’écartèlement de Pétrarque, cela ne me parle pas, ne me mobilise pas, ne correspond pas à mon expérience. Je suis en recherche d’authenticité et de vérité, comme eux sans doute, mais sur cette voie, j’ai d’autres maîtres: Montaigne et Marcel Conche.


Jean-Claude Grosse, ce 25 mai 2006

 

La Chartreuse de Montrieux, ce jeudi 25 mai 2006, à midi.

La Chartreuse, le 8 octobre 2005


PS : Une légende veut que Pétrarque se soit arrêté au Revest en rendant visite à Gherardo. Rien dans les lettres ou dans les notes érudites ne permet d’accréditer la légende. Pour se rendre à Montrieux depuis le Vaucluse, le passage par Le Revest ne semble pas se justifier.
Mais on peut se rendre à Montrieux depuis Le Revest en passant par Siou Blanc et son pierrier, une xalada selon un terme du Canzoniere. Il faut 2 bonnes heures de marche.
Le Revest a donné le nom de Pétrarque à la salle de spectacle de la Maison des Comoni, le 1° juillet 1990. Pétrarque est donc associé aux activités artistiques et culturelles de ce lieu rayonnant : c’est une autre forme de couronnement ; c’est une reconnaissance légitime quand on sait l’influence de Pétrarque depuis 7 siècles sur la poésie et ses formes, en particulier le sonnet, jusqu’à Baudelaire en passant par Lamartine, qui lui a consacré un de ses cours familiers de littérature.

Une des 3 manifestations Poètes en partage qui se sont déroulées aux Comoni  a été consacrée à Pétrarque dit en latin, en italien et à René Char. 

 

La Chartreuse de Montrieux, ce 25 mai 2006, à midi,
où a été présenté le texte ci-dessus,
donné ensuite aux moines chartreux.

La Chartreuse, le 8 octobre 2005
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lettres ouvertes à Mona Chollet et à Edgar Morin

21 Janvier 2022 , Rédigé par grossel Publié dans #JCG, #SEL, #agoras, #amour, #engagement, #essais, #notes de lecture, #poésie, #vraie vie, #écriture

cher instant je te vois, je te vis, je t'entends et j'apprends à conjuguer je même, je t'aime, je sème, je m'aime
cher instant je te vois, je te vis, je t'entends et j'apprends à conjuguer je même, je t'aime, je sème, je m'aime

cher instant je te vois, je te vis, je t'entends et j'apprends à conjuguer je même, je t'aime, je sème, je m'aime

courte lettre ouverte à Mona Chollet

chère madame,

j'ai sauté sur votre livre à cause de son titre que j'ai interprété selon mon miroir intérieur

j'ai connu un amour inouï de 46 ans avec l'épousée, passée il y a onze ans déjà

impossible de reconnaître ce vécu, deux vécus avec hauts et bas, mais d'amour vif, vivifiant, vivifié, partagé, discuté, fortifié, dans votre livre

si l'épousée, alors jeune fille, avait lu votre livre, c'est bardée de méfiance qu'elle m'aurait approché

(oh que voilà un mâle dominant qui va me croquer, m'exploiter ; elle aurait lancé le mouvement #balance ton génie !, à dire à l'épouse de Dostoiëvski, à celle de Tolstoï)

et l'aveu n'aurait pu jaillir : je pense à vous autrement qu'à un professeur,

aujourd'hui les délateurs diraient un pédophile, hier, ils disaient un détournement de mineure (Gabrielle en est morte par suicide, j'ai été accueilli par la famille;

j'ai beaucoup accompagné l'histoire de Gabrielle et de Christian, voir sur ce blog les 6 pages qui y sont consacrées)

déclaration d'amour inconditionnel auquel elle s'est tenu

aveu auquel je n'ai pas répondu : et moi, je ne pense à vous que comme élève

d'avoir été incapable de répondre, ouvrait la voie à une rencontre, à un amour partagé, inégalitaire certes, en construction permanente parce que nous avons fait choix de l'installer dans le temps

(s'aimer au dernier jour comme au premier jour, un effet lune de miel, lire ou écouter Bruce Lipton, engendrant un effet de vie comme ça arrive parfois avec une oeuvre d'art, pour la vie; voir la théorie étayée sur l'effet de vie de Münch Marc-Mathieu), reposant sur confiance et fidélité, une dimension sacrée confirmée à l'église alors que nous nous déclarions athées

en tendant votre miroir intérieur vers le chaos, vous avez trouvé le chaos d'où la tâche infinie de déconstruction quasi-guerrière du mâle dominant, du patriarcat, émasculation qui ne favorisera à mon humble avis d'incompétent, d'aucune façon, l'émergence de nouveaux hommes développant leur féminin sacré (késako ?) ni l'émergence de nouvelles femmes, insoumises aux diktats politiques et culturels d'une société capitaliste de l'hubris machiste, du narcissisme de chacun et chacune, développant leur masculin sacré (késako ?),

nouvelles femmes initiatrices, nouveaux hommes à l'écoute

pouvant réellement réinventer l'amour qui ne peut-être qu'une reprise, à mon humble avis d'incompétent, du projet d'amour courtois

(lire ou écouter Catherine Millot, la logique et l'amour),

https://youtu.be/dhfNFOzgPgc?si=oIgjVn_g4Jjw14kj

jouant sur l'échelle des 10 degrès de l'amour, de porneia à agapé

si vous aviez tendu votre miroir intérieur vers la lumière et la beauté, vous seriez peut-être tombée sur des lettres écrites en 1903 par Rainer Maria Rilke, autrement plus inspirantes pour moi dans ma vie de tous les jours que toutes ces enquêtes, romans, BD, témoignages de la woke et de la cancel culture venues du pays le plus prédateur et le plus guerrier au monde

ou déclarations des people de France et d'ailleurs (Bertrand Cantat, Vincent Cassel...)

vous auriez aussi découvert de magnifiques portraits de femmes et d'hommes

tourmentés chez Dostoïevski

et bons ou les deux chez Tolstoï

pour moi, vous vous êtes trompée d'aire géographique et culturelle

(j'ai évité de réagir épidermiquement, plutôt vous accueillir comme témoin de ce qui agite sexes, coeurs et têtes-arrière-têtes de la plupart des gens)

merci de m'avoir permis de faire un peu le point sur ma sexualité vieillissante sans viagra et ma pratique du désir et de l'amour

inconditionnel, l'amour-agapé me semble être un sentiment mais aussi une force créatrice, à l'oeuvre dans l'univers, créant sans jugement, détruisant sans jugement; ce que décrit fort bien la prière du coeur dite de la philocalie, dans les Récits d'un pèlerin russe (késako ?)

à la dualité qui voit la paille dans l'autre œil pour ne pas voir la poutre dans le sien, je choisis l'unité des contraires ou plus justement la complémentarité des contraires travaillant à s'ajuster

dans la mesure où vous vous mettez aussi en jeu en parlant de vos amours, de vos fantasmes, je vous invite à changer votre regard, de passer d'Histoire d'O à Emmanuelle,

(j'ai eu une magnifique correspondance avec celle qui a chanté l'amour hybride, rose, heureux, risqué, sans péché originel ni jugement dernier; lire Bonheur 2)

oui, vous avez raison, nous devenons ce que nous lisons et disons, sans même nous en rendre compte souvent, nous devenons ce que nous dénonçons en toute méconnaissance de causes et d'effets, persuadés de détenir la vérité 

d'où ces conseils de lecture: Jacqueline Kellen (L'éternel masculin : traité de chevalerie à l'usage des hommes d'aujourd'hui; Aimer d'amitié : comment l'amitié enseigne à aimer), Odile Grande (femmes qui se réinventent), Lydie Bader (le couple conscient)

aux mâles, je dirai regardez moins dans votre sleep, centrés sur votre nombril en quête d'avoirs sonnants et trébuchants (aux sens propre et figuré)

aux femmes, je dirai regardez moins dans votre miroir, cherchez à être plus qu'à paraître (selon le principe de la complémentarité des contraires, je serai plus paraître, masquillée à 18 ans et plus soi s'aime/sème à 60 ans)

à 81 ans passés, veuf depuis 11 ans, parange d'un fils depuis 20 ans, je me suis risqué à une nouvelle histoire d'amour que je reçois comme l'occasion d'aller avec l'autre à une forme élevée dans l'échelle de l'amour, d'eros à charis

gratitude pour cette chance, merci à la d'âme

dernière remarque : j'ai  apprécié votre évocation de Serge et Lula Rezvani qu'avec l'épousée, nous avons rencontré à La Béate dans les Maures, le 2 août 2001, 45 jours avant la perte du fils (le récit en est fait dans Et ton livre d'éternité ?, à paraître le 14 février 2022)

deux photos de spectacles Le Jubilé de Tchekhov avec Frédéric Andrau, Valérie Marinèse, Jeanne Mathis, créé en 1995 par Cyril Grosse, parti à 30 ans le 19 septembre 2001, La Forêt d'Ostrovsky, créée en 1999
deux photos de spectacles Le Jubilé de Tchekhov avec Frédéric Andrau, Valérie Marinèse, Jeanne Mathis, créé en 1995 par Cyril Grosse, parti à 30 ans le 19 septembre 2001, La Forêt d'Ostrovsky, créée en 1999

deux photos de spectacles Le Jubilé de Tchekhov avec Frédéric Andrau, Valérie Marinèse, Jeanne Mathis, créé en 1995 par Cyril Grosse, parti à 30 ans le 19 septembre 2001, La Forêt d'Ostrovsky, créée en 1999

Retour sur internet

 

après une semaine sans ordi, du 11 au 18 janvier,

le retour à quoi ?

pendant la semaine sans ordi, 4 livres lus :

Mona Chollet (réinventer l'amour),

Edgar Morin (leçons d'un siècle de vie),

Jean-Yves Leloup (à l'écoute de notre maître intérieur),

Alexis Jenni (parmi les arbres),

la relecture passionnante des lettres de Rilke à un jeune poète

(1903, il y a des pages d'une actualité et d'une acuité inouïes;

gentes dames déchaînées, tirez-en profit

et vous mâles dominants, pensez moins à votre sleep)

 

depuis le 18, fin de matinée, actualisation de ma page FB

(annonce de la soirée Germain Nouveau du 28 janvier, 19 H, aux Comoni)

 

18, soirée impromptue, on se retrouve à 5 au bar de Dardennes pour un café-culture horizontal sur vérité et réalité, personne, on s'est trompé de date (18 février et non 18 janvier);

alors direction le Haut-Ray, lentilles aux saucisses ou l'inverse + riz, pommes à la cannelle et surtout échanges,

- l'amour, la tendresse (un ange passe, je monte sur l'échelle de porneia à agapé mais ne me souviens plus de l'échelon où je me suis arrêté)

- politiques (ce qui semble en marche c'est le projet et la réalité de tout pouvoir - capitaliste, capitalo-communiste, bureaucratique, technocratique, médiocratique - de contrôler au plus serré sa population pour le bien-être des plus riches, même au prix de l'effondrement et de la disparition de l'espèce, les pseudo-démocraties suivant ce mouvement mondial),

- artistiques et culturels (le monde de la culture ne se pose pas de question sur le deux poids, deux mesures en cours, pass pour la culture, pas pass pour le commerce; ça dit beaucoup sur l'aveuglement du monde culturel; en paiera-t-il le prix ?),

- lecture d'un superbe texte d'Isaac sur la mort de son père; texte qui m'a fait penser à celui du fils d'Alexandre Jodorowski

- des souvenirs sur Cyril Grosse avec Jeanne, Ivan et Michelle qui l'ont bien connu

 

« Qu’il soit entendu que je ne donne de leçons à personne. J’essaie de tirer les leçons d’une expérience séculaire et séculière de vie, et je souhaite qu’elles soient utiles à chacun, non seulement pour s’interroger sur sa propre vie, mais aussi pour trouver sa propre Voie. » E.M.  À 100 ans, Edgar Morin demeure préoccupé par les tourments de notre temps. Ce penseur humaniste a été témoin et acteur des errances et espoirs, crises et dérèglements de son siècle. Il nous transmet dans ce livre les enseignements tirés de son expérience centenaire de la complexité humaine. Leçons d’un siècle de vie est une invitation à la lucidité et à la vigilance.

« Qu’il soit entendu que je ne donne de leçons à personne. J’essaie de tirer les leçons d’une expérience séculaire et séculière de vie, et je souhaite qu’elles soient utiles à chacun, non seulement pour s’interroger sur sa propre vie, mais aussi pour trouver sa propre Voie. » E.M. À 100 ans, Edgar Morin demeure préoccupé par les tourments de notre temps. Ce penseur humaniste a été témoin et acteur des errances et espoirs, crises et dérèglements de son siècle. Il nous transmet dans ce livre les enseignements tirés de son expérience centenaire de la complexité humaine. Leçons d’un siècle de vie est une invitation à la lucidité et à la vigilance.

courte lettre ouverte à Edgar Morin

cher Edgar,

je vous lis depuis longtemps

à votre démarche que j'apprécie, humaniste, il manque selon moi, une dimension, la pratique de l'éveil spirituel

vous vous posez les questions de Kant : Que puis-je savoir ? Que puis-je espérer ? Qu'est-ce que l'homme ?

D'entrée, vous vous limitez

avant de se demander que puis-je savoir ?

peut-être se demander puis-je savoir ?

De la science, on passe à la métaphysique

plus de preuves toujours provisoires (vérité inatteignable, seulement prouver que ce n'est pas faux

d'où pour moi, nécessité de se méfier de la science, de la techno-science, de la contrôler (science sans conscience n'est que ruine de l'âme,

conscience et âme, termes inaudibles par une société matérailiste, consumériste, quasi-nihiliste)

seulement des arguments, ne valant que pour ceux qui en sont convaincus

d'où le cheminement d'un séculaire comme vous, Marcel Conche dont je suis le cheminement depuis 1967

et dont je me suis aperçu fin 2020 qu'il avait été l'écran derrière lequel je me planquais pour éviter l'appel de l'infini vivant, aimant, de l'éternité embrassant notre conception du temps, passé-présent-futur, de la Vie créatrice, sans jugement et destructrice, sans jugement

votre humanisme, votre anthropomorphisme (une version de l'homme est la mesure de toutes choses, Protagoras) donnent des leçons pratiques plus englobantes, plus complexes que les mesures des experts, que les décisions des acteurs politiques et économiques mais on reste dans une approche humaine, trop humaine, empêchant d'accéder aux 10 échelons de la conscience (de la conscience matricielle à la conscience apophatique) comme aux 10 échelons de l'amour (de porneia à agapé)

 

je vous renvoie à l'enseignement de Jean-Yves Leloup

Qui est mon maître ? À l'écoute de notre maître intérieur (Presses du Châtelet, août 2021)

je n'en rendrai pas compte car il s'agit de pratique personnelle, intime et parfois en groupe réel ou virtuel mais je donne des liens

Qui oriente mes désirs, mes pensées ? À qui puis-je accorder ma confiance ou ma foi ? Qui a autorité sur moi ? Lorsqu’il vient à notre rencontre dans les moments où nous sommes troublés ou perdus, notre maître intérieur nous lie à la Présence Intérieure qui nous ramène au coeur de notre existence. Afin de nous guider sur le chemin, Jean-Yves Leloup fait appel aux recherches de la psychologie contemporaine comme à l’intuition poétique, particulièrement celle de Rainer Maria Rilke, dont il relit de façon éclairante les Lettres à un jeune poète. Évoquant la présence des anges au sein des grandes traditions spirituelles, ainsi que dans les Dialogues avec l’ange transmis par Gitta Mallasz, il nous incite à écouter avec attention cette Voix qui nous parle, nous enseigne, nous guide… au plus inti

Qui oriente mes désirs, mes pensées ? À qui puis-je accorder ma confiance ou ma foi ? Qui a autorité sur moi ? Lorsqu’il vient à notre rencontre dans les moments où nous sommes troublés ou perdus, notre maître intérieur nous lie à la Présence Intérieure qui nous ramène au coeur de notre existence. Afin de nous guider sur le chemin, Jean-Yves Leloup fait appel aux recherches de la psychologie contemporaine comme à l’intuition poétique, particulièrement celle de Rainer Maria Rilke, dont il relit de façon éclairante les Lettres à un jeune poète. Évoquant la présence des anges au sein des grandes traditions spirituelles, ainsi que dans les Dialogues avec l’ange transmis par Gitta Mallasz, il nous incite à écouter avec attention cette Voix qui nous parle, nous enseigne, nous guide… au plus inti

4 titres récents des Cahiers de l'Égaré
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