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Blog de Jean-Claude Grosse

amitie

le pas-sage de Marcel Conche

Rédigé par grossel Publié dans #Albert Camus, #FINS DE PARTIES, #amitié, #cahiers de l'égaré, #essais, #les entretiens d'Altillac, #pour toujours, #vraie vie, #écriture, #voyages, #poésie

contemplant la grande prairie depuis la fenêtre de son bureau à Treffort

contemplant la grande prairie depuis la fenêtre de son bureau à Treffort

un hommage à Marcel Conche, inédit, qui aurait pu être lu le 9 avril 2022

 

Ce naïf que fut Marcel Conche

Je me souviens très bien de ma première rencontre avec Marcel Conche. Ce qui l’a caractérisée, c’était non seulement la gentillesse avec laquelle il me reçût, mais aussi l’intérêt qu’il accordait à votre personne.

Ce jour, je venais lui demander la dédicace d’un de ses livres, il voulut savoir pour quelle raison je m’intéressais à la philosophie. Je lui expliquais que ce n’était pas pour moi, mais que je souhaitais offrir ce livre pour l’anniversaire d’un ami qui avait découvert sa philosophie avec beaucoup d’intérêt.

Mais vous, me demanda-t-il, que pensez-vous de la philosophie ?

Peu habitué à ce genre de questions, surtout posées par l’un de ses plus éminents spécialistes, je préférais botter en touche.

- Euh, moi je m’intéresse plutôt au bouddhisme.

- Ah ! me fit-il, je ne connais pas cette religion, et vous en pensez quoi ? Il se gardait bien de me dire qu’il avait écrit un ouvrage intitulé « Nietzche et le bouddhisme ».

Je ne pouvais à nouveau échapper à la question et je fis appel à mes dernières lectures qui étaient relativement fraîches, car l’apprenti bouddhiste, que j’étais, avait été accroché par le sourire irrésistible du Dalaï-Lama qui était en couverture d’un livre censé parler du bonheur.

Néanmoins méfiant, je ne me lançais pas dans de longues explications et je m’en tins à l’essentiel.

Je lui parlais de la douleur perpétuelle compagne de nos vies, et qu’aucune félicité n’est durable, ça j’étais sûr de mon coup, que cette douleur naît de la «soif» de vivre, des désirs et des passions qui font naître la convoitise, la jalousie, la haine et l'erreur. Jusque-là j’étais en phase totale avec le bouddhisme tout autant qu’avec le principe de causalité qui explique qu’en supprimant la cause, on annule son effet ; lorsque j’avançais cela à cette époque, j’en étais certain. Mais j’appris, grâce à Marcel Conche, qu’il faut s’apprêter parfois à changer nos convictions. Ceci ne manqua pas d’arriver avec le principe de causalité. Je découvrais qu’il n’était vrai qu’en apparence ; et qu’en supprimant la cause, on n’annule pas toujours les effets, mais, bien au contraire, que les effets eux- mêmes étaient générateur d’autres causes. Depuis je m’intéresse plus au principe du tao avec le Yin et le yang qui ont plus satisfait mon goût de la vérité, car, en éteignant les désirs, on n’annihile pas totalement la souffrance, il reste toujours un peu de Yin dans le Yang ; ainsi renaissent d’autres souffrances. C’est sans doute pour cette raison que je me suis arrêté en chemin et que je ne pourrais jamais parler de la quatrième vérité, qui est la «Voie des huit vertus» qui conduit au Nirvana des bouddhistes. Cependant, je n’arrêtais pas totalement mes recherches, Marcel Conche prit le relais de mon éducation spirituelle. Il m’enseigna les principes d’Épicure qui me convenaient mieux, il ne conseillait pas d’éteindre en nous toute cette soif de vivre, mais de s’en tenir aux désirs essentiels. J’interprétais ce conseil à ma manière en agrémentant parfois mes repas avec un petit verre de vin que je trouve essentiel pour border ma vie avec le bonheur avec qui j’ai décidé depuis longtemps d’entretenir de bonnes relations, car, à ce jour, je ne vois pas en quoi il y a quelque chose d’intelligent à ne pas vouloir être heureux.

 

C’est en me questionnant avec cette naïveté socratique, ce que faisait souvent Marcel Conche, qu’il ouvrit en moi une curiosité philosophique qui depuis ne m’a jamais quittée. C’est ainsi qu’il interrogeait le monde et les hommes avec cette fausse naïveté qui lui permettait de mieux vous analyser et ci-besoin était de vous placer en face de vos incohérences. Des amis qui souhaitaient le rencontrer s’en souviennent encore.

Durant des dizaines d’années, j’allais avoir l’honneur de recevoir les leçons particulières de ce grand professeur qu’il fut également. Il ne me posait que des questions auxquelles j’étais capable de répondre. Il ne chercha à aucun moment à me mettre en difficulté, mais sans m’en rendre compte il me fit progresser sur la voie de la réflexion. Je l’en remercie encore, il fut mon véritable père et mon guide dans la vie. Je gardais du bouddhisme ce qui me semblait bon au même titre que chez les philosophes Grecs comme Héraclite avec l’impermanence et la sobriété d’Épicure. En soulignant naïvement, les limites de mon discours il m’accompagna vers le scepticisme. C’est ainsi qu’il m’offrit mon premier burin avec un marteau pour que je puisse effacer, si le besoin s’en faisait sentir, certaines de mes convictions que je croyais gravées dans le marbre. Depuis je me sens plus léger donc libre. C’est ainsi qu’il m’aida à découvrir d’autres facettes d’une vie éternellement changeante. Il me prépara à aimer ce monde plongé au cœur d’une nature merveilleuse. Pour appréhender tout ceci sans doute comprit-il très tôt qu’il fallait mieux être ce Candide de Voltaire. Parfois, dans nos conversations, j’avais l’impression que nous n’étions que deux grands enfants naïfs, mais pas crédules pour autant.

Cette naïveté que j’ai partagée avec lui, celle que Georges Sand attribuait à son personnage qu’était Planet : «   naïf comme un enfant , avec un esprit pénétrant et une finesse déliée », ne pouvait que nous tenir à l’écart de tous ceux qui n’avaient que des certitudes. Aujourd’hui il en est toujours ainsi avec ceux qui nous promettent le bonheur avec une croissance infinie de l’avoir, dussent-ils oublier l’être, l’humanisme et l’environnement. Ils sont si éloignés des conseils de Maître Eckart qui conseille d’être vide de notre propre connaissance, non pas d’oublier ce que nous savons, mais d’avoir une sorte d’innocence, pas loin de la naïveté qui nous prépare à une disponibilité de l’esprit pour mieux nous imprégner des choses ; ce qui est indispensable, car, celui qui ne comprend pas le problème ne trouvera jamais la solution. Alors comprenons-nous bien le sens et la possibilité d’un développement durable, ou sommes-nous simplement dans le développement durable de nos erreurs ?

Notre société est en face de deux points de vue radicalement différents. Ce sont des contraires et ces derniers sont indissociables comme nous l’a enseigné Héraclite. Mais œuvrer pour l’un ou pour l’autre, ceci aura des conséquences radicalement différentes.

Nous avons un premier groupe, qui sous l’impulsion des femmes 

( majoritairement) se développe rapidement, car elles sont animées par la force de ceux qui savent, comme les Grecs et les bouddhistes, qu’aucune félicité n’est durable. Si ces naïves arrivent à faire des choses qui semblent impossibles pour beaucoup, c’est qu’elles sont propulsées par la culture de la vie qui fait si souvent défaut aux hommes ; ces derniers sont essentiellement manipulés par la culture du face à face, que j’appelle par ailleurs, la culture de la mort. Ces ignorants se croient autorisés à traiter ces dernières de naïves ou de rêveuses plus ou moins utopistes. Puis, pour bien enfoncer le clou, du haut d’un prétendu savoir, ils leur expliquent que le monde ce n’est pas ça, qu’elles ne comprennent rien aux affaires, à l’économie et à la politique ; que les choix qu’elles proposent ne sont que des choix fictifs, sans fondement sérieux en dehors d’un petit cercle de rêveurs plus ou moins naïfs comme elles.

C’est là qu’une femme plus hardie que les autres prit la parole :


- Cher Monsieur, vous et vos amis tous tellement persuadés d’avoir raison je vous signale que « Fictif » ne signifie pas forcément « impossible ». J’en veux pour preuve que le papier-monnaie, que vous vénérez tant, n’a qu’une valeur fictive, pourtant c’est le moteur du monde que vous prétendez nous imposer et qui aujourd’hui ressemble à un cauchemar.

 

Je vois bien qu’avec votre sourire narquois, vous souhaitez nous envoyer sur l’ile d’Utopia, ce vieux pays imaginaire où les habitants sont gouvernés d’une manière idéale et sont parfaitement heureux. Ne vous y trompez pas ce pays qu’est l’Utopia dont nous parle Thomas More ce philosophe humaniste anglais existe bel et bien, ce sont toutes mes sœurs et mes frères, ces entrepreneurs du sens, qui chaque jour lui donne vie en mettant en place non seulement une économie de précaution, mais aussi des moulins à bonheur.

Nous sommes les nouveaux résistants face à la dystopie que vous installez un peu partout et dont la dernière guerre en Ukraine n’est qu’un pâle reflet de ce qui malheureusement arrivera ailleurs. Votre économie mondialisée est devenue une économie hégémonique. Puis comme toutes les hégémonies, elle ne pouvait que devenir despotique en détruisant les hommes et leur environnement. Une dystopie ce n’est plus simplement une fiction terrifiante, mais c’est devenu une réalité avec cette économie mise en place par ceux qui sont persuadés d’être les maîtres du monde. Il sera de plus en plus difficile de leur échapper, car ils entendent tout dominer et exercer une autorité totale sur leurs consommateurs qui se prennent encore pour des citoyens qui peuvent exercer leur libre arbitre. Espérons qu’il n’est pas trop tard pour choisir son camp, Utopie contre Dystopie, croissance contre bonheur.

Marcel nous avait prévenus

Jean Delorme 

(ce texte aurait été lu à la soirée Marcel Conche du 9 avril si Jean Delorme avait pu y venir mais de nuit et de loin c'est peu prudent)

 

affiche de la soirée du 9 avril consacrée à Marcel Conche

affiche de la soirée du 9 avril consacrée à Marcel Conche

le pas-sage de Marcel Conche
 
Le siècle de Marcel Conche comporte une préface de Hollande (ex-président et corrézien)
il aurait dû comporter un texte de Macron (se réclamant des chemins buissonniers de Marcel Conche dans le 1 d'Eric Fottorino) 
et un texte de feu Chirac (feu président et feu corrézien) 
(texte que j'ai hésité à écrire)
c'eut été drôle d'avoir des "paroles" de présidents sur un philosophe métaphysicien, 
porté par la Nature infinie, éternelle, créatrice au hasard selon lui,
partisan de la décroissance, adepte de la sobriété à tous les points de vue, sensible à la souffrance des enfants (sa notion de mal absolu en est déduite) et des animaux
---------------------------------
je n'ai pas obtenu non plus, les "paroles" de Jacques Weber, Gérard Depardieu, Michel Onfray, Jérôme Garcin, Laure Adler, Roland Jaccard (suicidé juste avant la parution, pour ses 80 ans, comme son père et son grand-père) et de Natale Luciani, son ami corse (disparu aussi avant parution)

L'ami Marcel Conche, métaphysicien de l'infini de la nature est décédé,

dcd, (j'ai repris décédé sur proposition d'Annie Bergougnous)

le dimanche 27 février 2022, à 8 H du matin,  dans son sommeil.

J'ignore quel a été son état dans les jours qui ont précédé. Mais une quinzaine de jours avant, je lui avais téléphoné. Clair, lucide comme d'habitude même si, à ce que M.M me racontait, il perdait peu à peu une certaine mémoire, celle du quotidien, heure, jour-nuit, repas pris ou pas...

Marcel est mort de sa belle mort, d'une mort naturelle comme il la décrit dans un article de 6 pages Comment mourir ? paru dans la Revue L'enseignement philosophique, N°3, mars-mai 2013.

Une mort naturelle qui vient après le parcours des âges de la vie (enfance, adolescence, âge adulte, vieillesse) à la différence des morts paranaturelles (par virus, amiante, rayonnement...), des morts infligées par assassinat (Marseille, Corse), par fanatisme religieux (un peu partout), par la guerre à laquelle on participe par patriotisme ou toute autre raison idéologique, qu'on subit parce qu'on ne peut pas fuir, guerre qu'on peut ne pas faire par pacifisme, objection de conscience, désertion avec risque personnel bien sûr (guerres en cours, ne focalisons pas seulement sur l'Ukraine), des morts encourues  par  de vains désirs non naturels, infinis, insatiables tels que décrits par Épicure : manger trop riche, trop gras, boire à l'excès, fumer comme un pompier, baiser à mort, être baisé à mort entre pluri partenaires, se droguer en dur, en doux, pratiquer des sports extrêmes pour l'état de flow, pour se dépasser, se surpasser => usure prématurée du corps, désirer les honneurs, la richesse, la gloire, le pouvoir, la domination, la conquête, (dans ces cas-là, la compétition est féroce et on finit toujours par tomber de haut), l'immortalité (le transhumanisme annonce la couleur pour les ultra-riches).


Marcel Conche en menant une vie d'Épicure en Corrèze a en quelque sorte choisi sa mort, une belle mort, comme on dit, chez lui, dans son lit, dans son sommeil, soigné, aidé, accompagné, pendant 4 ans par une femme admirable de dévouement de sa famille, M.M.C. et par les services de l'hospitalisation à domicile (j'ignore pendant combien de temps; il perdait de son autonomie mais rien de sa vivacité intellectuelle, de son sens de la répartie, du rebond).

Mourir chez soi plutôt qu'en Epahd, c'est ce que je souhaite à chacun. Je l'ai permis, à mon père dont j'ai recueilli le dernier souffle, à ma mère, morte dans son sommeil, moi dormant dans la pièce à côté. Pendant 4 ans, j'ai été l'aidant de mon beau-père, accueilli chez nous avant son départ. Quand une famille le peut, qu'elle n'abandonne pas celui qui vieillit "mal" (par perte d'autonomie...) et va passer (à plus ou moins longue échéance et déchéance) aux marchands de l'or gris.

Disons pour être plus précis, qu'en vivant comme Épicure, en Corrèze, Marcel se donnait plus de chances de mourir de mort naturelle, sans garantie cependant de ne pas mourir de mort accidentelle, brutale ou des suites d'une longue maladie comme on dit aujourd'hui pour désigner les fins de vie par cancer avec traitements lourds, voire soins palliatifs.

Que philosopher c'est apprendre à mourir dit Montaigne et de l'imaginer par une tuile tombant d'un toit ou suite d'une mauvaise chute. Combien de fois, avons-nous eu la sensation d'avoir frôlé la mort, de lui avoir échappé, sans même avoir besoin de l'imaginer. Une vie prudente ne nous en protège pas certes mais une vie prudente est une vie sage pouvant rendre le pas-sage plus lointain.

Marcel a pu ainsi quasiment jusqu'au bout écrire, jusqu'au 13 novembre 2021, où écrivant sa dernière lettre pour M.C., il se pose la question "les morts ont-ils une réalité autre que dans nos souvenirs et nos coeurs ?"

Son dernier livre publié, le 27 septembre 2021 au milan de sa centième année, L'âme et le corps est d'une belle vigueur.

L'âme et le corps, son dernier livre paru au milan de sa centième année, le 27 septembre 2021 / Lettres en vie, lettres écrites pour des personnes en soins palliatifs à La Seyne-sur-mer, un livre d'accompagnement, lettres dAlain Cadéo, peintures de Michel Cadéo
L'âme et le corps, son dernier livre paru au milan de sa centième année, le 27 septembre 2021 / Lettres en vie, lettres écrites pour des personnes en soins palliatifs à La Seyne-sur-mer, un livre d'accompagnement, lettres dAlain Cadéo, peintures de Michel Cadéo
L'âme et le corps, son dernier livre paru au milan de sa centième année, le 27 septembre 2021 / Lettres en vie, lettres écrites pour des personnes en soins palliatifs à La Seyne-sur-mer, un livre d'accompagnement, lettres dAlain Cadéo, peintures de Michel Cadéo
L'âme et le corps, son dernier livre paru au milan de sa centième année, le 27 septembre 2021 / Lettres en vie, lettres écrites pour des personnes en soins palliatifs à La Seyne-sur-mer, un livre d'accompagnement, lettres dAlain Cadéo, peintures de Michel Cadéo

L'âme et le corps, son dernier livre paru au milan de sa centième année, le 27 septembre 2021 / Lettres en vie, lettres écrites pour des personnes en soins palliatifs à La Seyne-sur-mer, un livre d'accompagnement, lettres dAlain Cadéo, peintures de Michel Cadéo

Contexte de la nouvelle du pas-sage de Marcel Conche

Un mail adressé à 12 H 30 m'informe du passage de Marcel. Je suis en balade sur la route des crêtes avec les enfants. Au bord des falaises de Cassis et dans Cassis. Je découvre le mail vers les 20 H. Je ne m'y attendais pas et posais comme réalisé le souhait de nous retrouver le 27 mars pour ses 100 ans lorsque je parlais aux deux oliviers de 50 ans, dédiés à Marcel, sur la restanque front de mer de 20 m où je fais mes allers-retours tous les jours pendant 30 à 40' deux fois par jour.

Mais depuis le 24 février, début de la crise ukrainienne, je suis nerveux, cherchant à comprendre sans réussir à me positionner.

La nouvelle me percute. Quand auront lieu les obsèques ? Comment effectuer le voyage ?

On continue nos balades en famille dans des lieux chargés énergétiquement, spirituellement, la Sainte-Baume, le 4 mars, Lourmarin, le 5 mars.

Rosalie venue deux fois chez Marcel  appréciée de lui qui lui avait offert 3 robes, ne veut pas assister aux cérémonies (nous n'insistons pas); elle remonte en train le dimanche 6 mars. Elle sera seule pendant 4 jours mais reliée téléphoniquement et humainement avec Toto.

Son anniversaire des 14 ans  sera le lendemain de celui de Marcel (27, Marcel, 100, 28, Rosalie, 14).

en date du 1° mars

france culture remet en ligne les 5 entretiens Hors-Champs de 2010 avec Laure Adler suite au décès de Marcel Conche, le 27 février 2022, à un mois de son 100° anniversaire, le 27 mars 
 
la soirée Marcel Conche du 9 avril à 19 H à la maison des Comoni au Revest est maintenue avec la projection du film de Christian Girier La nature d'un philosophe suivie d'un débat
elle sera l’occasion d’évoquer la figure et l’oeuvre de Marcel Conche
 
je souhaite garder un côté intime à ce départ d’un ami dont la sagesse tragique m’a guidé de 1967 à 2020
fin 2020, une métamorphose « inattendue » m’a amené à une approche plus spirituelle de la vie 
(Et ton livre d'éternité ? paru le 14 février 2022)
il me semble que Marcel Conche, un grand frère de 18 ans mon aîné que je tutoyais (comme il le voulait) n’était plus très loin d’une telle approche 
(dernier échange téléphonique vers la mi-février en lien avec mon livre d'éternité)
 
évidemment, ce qui s’exprime dans les nécrologies (Roger-Pol Droit et autres), c’est le nihilisme ontologique de Marcel Conche, son naturalisme, son scepticisme pour autrui
 
le voilà déjà figé dans un statut, une statue
alors qu'il était en mouvement permanent comme tout ce qui vit
et il écrivait le mouvement, le passage comme son ami Montaigne
je ne sais qu'écrire nous avait-il dit en 2019 
toujours questionnant 
 
l’approche des 100 ans, approche aussi de la mort l’a conduit à se poser une ultime question dans une lettre presqu'illisible du 13 novembre 2021 qui ne permet pas de se débarrasser de la mort comme il l'a fait à 84 ans 
"les morts ont-ils une réalité autre que dans nos souvenirs et nos coeurs ?"
 
(entretien dans philo-magazine, avec Juliette Cerf, le 3 octobre 2006)
(La mort ne peut plus m'enlever ma vie. Ma vie, je l'ai eue. Je n'appréhende pas le fait d'être mort. Epicure le dit très bien, la mort n'est rien. Il n'y a rien après la mort : je disparais, je m'évanouis, la vie s’arrête.)
 
je relève au passage l'absence de toute référence aux Cahiers de l'Égaré dans les nécrologies qui circulent
pourtant 10 livres ont été édités
Les Cahiers de l'Égaré n'ont pas cherché et ne cherchent pas la visibilité médiatique. 
Faire oeuvre, humblement, selon une exigence de vérité intime, de conviction vécue.
Être cause de soi et non conséquence des influences d'autrui.

4 mars, la Sainte-Baume

retour de la Sainte-Baume, le 4 mars à 22 H, car en famille, les balades durent, durent, tellement on s'immerge dans ce qui s'offre, balade conclue par un documentaire de 25' sur ce lieu où les rencontres les plus inattendues se font pour peu qu'on dise bonjour et qu'on s'adresse vraiment à la personne
ce fut trois fois le cas,
- avec un photographe ami revenant de la grotte avec des élèves de lycée qu'il initiait à la prise de vues 
- avec une chercheuse en science de l'ingénieur, une vosgienne (nous avons voulu aller à la grotte aux oeufs mais trop dur pour mes genoux; accord à 100%, mots compris, sur la Conscience, la Présence d'amour inconditionnel à l'oeuvre dans ce qui vit, meurt...;
plus tard, je découvre que j'ai discuté avec la 1° adjointe au maire de Nancy, également conseillère régionale, directrice d'un institut supérieur de recherche, (École nationale supérieure en génie des systèmes industriels et Institut national polytechnique de Lorraine); elle m'a donné ses cordonnées
- avec une femme au bonnet bleu devant un vitrail Noli me tangere, échange sur un sens possible de ce Ne me touche pas, des yeux extraordinaires comme je n'en ai jamais vus, comme si j'étais absorbé; ce fut court, chaleureux, sans échange d'adresse ni de noms, prénoms; juste la rencontre livrée à l'éternité du moment présent
évidemment, j'ai présumé de mon endurance sans repos ni restauration, suis tombé deux fois dont la dernière juste au niveau de la voiture avec 4 pompiers buvant un coup à La Terrasse et venant me relever, m'offrant un café sucré et plein de conseils avec un humour savoureux; merci 
 
à la boutique du pèlerin, je note l'absence de L'évangile de Marie, traduit et commenté par Jean-Yves Leloup, je demande s'il y a du Jean-Yves Leloup, ancien dominicain de la Sainte-Baume, devenu prêtre orthodoxe; non parce que les écrits actuels de Jean-Yves Leloup ne correspondent pas à nos critères mais si vous en voulez, je peux vous les commander
 
arrivée chez moi, je trouve par mail un tract Gallimard offert
Bonjour Jean-Claude Grosse,
Veuillez trouver, en lecture gratuite, ce texte inédit de Régis Debray :
Des musées aux missiles. 
À propos de ce livre
Pas de panique. C’est toujours ainsi que les choses se passent. La guerre, c’est quand l’histoire se remet en marche. La paix, c’est quand dominent les arts de la mémoire. Guerre et paix. Cela alterne. Diastole, laisser-faire laisser-dire, systole, on serre les poings et les rangs. Les sociétés aussi ont un cœur qui bat. Tout se passe comme si les grandes vacances allaient devoir se terminer en Europe, que nous sortions du régime mémoire, pour aborder, once again, le régime histoire. Il y a un temps pour tout. Pour le patrimonial et pour les arsenaux. Pour le musée et pour le missile. Le passage de l’un à l’autre est toujours déconcertant, mais l’Européen a assez d’expérience pour ne pas s’étonner du changement de phase, et de pied.
5 mars, Lourmarin
d'abord le cimetière, tombe d'Albert Camus, 
je lis un extrait de La voie certaine vers "Dieu" après avoir indiqué pour le silence qui nous enveloppe (personne pendant notre balade de 1 H 30) que Marcel Conche par sa métaphysique de l'infini de la nature nous sauve de la philosophie de l'absurde.
"La religion repose sur la notion d’amour inconditionnel. C’est la religion fondamentale et universelle, la religion de l’avenir. L’amour du prochain au sens évangélique, qui définit la voie droite « vers Dieu », est inconditionnel : quel que soit l’être humain – sain ou malade, vieux ou jeune, beau ou laid, noir ou blanc, honnête ou malhonnête, intelligent ou sot, croyant ou incroyant, ami ou ennemi, etc. , on doit l’aimer d’un tel amour. Selon ce qui est naturel, on aime plutôt celui qui est beau que celui qui est laid, celui qui est honnête que celui qui est malhonnête, celui qui a bon caractère que celui qui a mauvais caractère, le généreux que l’égoïste, et bien entendu on aime l’ami et non l’ennemi. 
Mais Jésus dit: « Aimez vos ennemis. » (Matthieu, 5.44). C’est là le renversement complet de ce qui est naturel. « Aime ton ennemi »: ce n’est pas là une exigence morale, car, du point de vue strictement naturel et humain, l’amour ne se commande pas et ne résulte pas d’un acte volontaire. Un tel impératif d’amour inconditionnel nous arrache au plan des sentiments naturels, nous transporte au plan proprement religieux, non naturel, celui de la religion de l’amour. Ainsi, je vis dans la religion de l’amour si j’aime autrui simplement en tant qu’être humain, même s’il ne le mérite pas."
À méditer en temps de guerre. 
Puis la tombe d'Henri Bosco, auquel on doit entre autres L'enfant et la rivière, Malicroix, l'auteur le plus cité par Gaston Bachelard.
Aujourd'hui, beau soleil, peu de monde. Tours et détours. 
Pas trace de Bernadette Lassalette, l'hôtesse reine de Lourmarin, rencontrée l'an dernier avec A.B.
Vers 15 H 30, je m'installe sur la terrasse au soleil du Bistrot, face au château, deux tables et quatre chaises en attendant les enfants. 
Je remarque que les tables sont numérotées. 
Celle où je me suis installée, c'est la 27, à côté la 26. 
Le pas-sage : le 26 en vie, le 27 passé, 
peut-être en vie d'une autre vie. 
Je remercie cette coïncidence me mettant en face à face avec le décès de Marcel Conche le 27 février à 8 H du matin, dans son sommeil, à un mois de son 100° anniversaire, le 27 mars 2022.
La voie certaine vers "Dieu" est un petit livre majeur, 28 pages d'une réflexion s'achevant par cette phrase : la voie de l'amour est la voie du moulin, qui mène au moulin même s'il n'y a pas de moulin. 
Hasard ? ce 5 mars, c'est le début du printemps des poètes dont le thème est l'éphémère. Les amandiers explosent. 
En sortant du cimetière est arrivé un jeune père de famille avec ses deux filles Swann et Romance pour aller sur la tombe de Camus. Bel échange. 
 
Le soir, film proposé par Rosalie : Écrire pour exister, film dramatique américain écrit et réalisé par Richard LaGravenese, sorti en 2007. 
Il s’agit de l’adaptation du livre The Freedom Writers Diary d'Erin Gruwell et de ses élèves, des élèves inféodés à leurs gangs, s'affrontant en classe (la salle 203) où ils sont intégrés dans le cadre d'un programme de discrimination positive du gouvernement américain après les émeutes de Los Angeles de 1992.

les cérémonies

quand Marcel Conche, métaphysicien de l’infini de la nature, décédé-dcd le dimanche 27 février 2022 à 8 H du matin, à 1 mois de ses cent ans, dans son sommeil, nous fait faire un voyage en zig et en zag de 1500 kilomètres par autoroutes et routes plutôt sinueuses
 
mardi 8 mars 2022, à 14 H 30, obsèques au centre omni-cultes de Bourg-en-Bresse dans l'Ain
partis à 8 H 40 du Revest, nous arrivons à 14 H 15 au funérarium : requiem de Mozart, messages et textes, temps de silence
quand le cerceuil est mis dans le corbillard, le factotum ferme la porte nous séparant du dehors; le corbillard démarre, disparaît, fait le tour du rond-point, réapparaît; la porte se réouvre lentement et complètement; 
un coup de vent me dit l'athée de service; 
même avec le coup de vent judicieux, cette réouverture, je la reçois comme peut-être une réponse à la question que s'est posé Marcel dans sa dernière lettre du 13 novembre 2021 à M.C. 
«  Les morts ont-ils une réalité autre que dans nos souvenirs et nos cœurs? »
 
retrouvailles entre autres avec la traductrice de Actualité d’une sagesse tragique, alors étudiante au lycée Dumont d’Urville, à Toulon, aujourd’hui journaliste à RFI amérique latine
 
de 17 à 19 H 30, famille et amis proches se retrouvent à Treffort dans l'Ain (et pas en Isère comme prétendent Télérama et d’autres), à 15 kms de Bourg-en-Bresse dans la maison où Marcel a passé ses 4 dernières années; moment très chaleureux avec beaucoup de tendresse, foin des précautions sanitaires; 
je remets à la famille 2 N° de la revue corse I Vagabondi dont le 2° consacré à la nature à partir d’une phrase de Marcel dans La nature et l'homme publié le 27 mars 2021 pour ses 99 ans et le livre pluriel 22 femmes qui font la Corse (offerts par les éditions Scudo, avant le départ de Marcel)
 
de 20 H à 22 H, balade autour du monastère royal de Brou; l'auberge bressane est fermée le mardi; c'est là en 2019 pour les 97 ans que nous avions dîné avec F.C.; sur les verres somptueux, AB
nuit dans un appart loué
 
mercredi 9 mars 2022, à 16 H, inhumation au cimetière d'Altillac en Corrèze
partis à 9 H 40 de Bourg, nous arrivons à Altillac à 15 H 30 par l'autoroute des Puy, Auvergne, Vulcania; de la neige sur les sommets côté Cantal
messages, textes, devant la tombe de son père Romain, maire apprécié d’Altillac, la voisine de Marcel à la Maisonneuve et son fils, sa femme de ménage, des corréziens et corréziennes, en écriture inclusive des corrézien.e.s (rire hénaurme)
levant la tête, je vois un nuage à forme d'homme, entouré d'un halo ensoleillé; une sensation de légèreté, de présence bienveillante 
 
de 17 H 30 à 20 H 30, balade dans Beaulieu-sur-Dordogne, tous les endroits faits avec Marcel et photos-mots à l’identique
 
remontée sur Paris à partir de 20 H 40 par les autoroutes Brive, Limoges, Orléans, Chartres avec une lune de premier quartier présente presque toute la route
arrivée à 4 H du matin à Saint-Denis après une sortie d'autoroute obligatoire suite à un accident entre deux poids lourds, renversés et ayant pris feu ; j'ai pris le volant pendant 1 H 30 
ce retour m'a fait ressentir avec l'intense circulation des poids lourds dans les deux sens que nous y allons...
 
TGV de retour à 15 H 05 jeudi; 
par Tulle, 11 H de trains au pluriel
 
merci à Marcel pour ce périple; merci à toutes les personnes qui se sont déplacées pour l'accompagner; merci à Katia pour son énergie et sa générosité; merci à Guillaume, son co-pilote vigilant et efficace; merci à Titine, le multispace à toit transparent qui permet de profiter du ciel; on n'a jamais dépassé 110
 
désolé, pas de photo, pas de vidéo, rien à montrer, c'est voulu
 
je ne me suis pas exprimé, ni à Bourg ni à Altillac; notre amitié a quelque chose de très intime, de non partageable
 
depuis déjà plus d'une semaine, je ne m'adresse plus aux deux oliviers dédiés à Marcel sur la restanque front de mer de 20 mètres de la villa Joie de la même façon; plus de souhaits, plus de projets; une présence par les souvenirs et dans le coeur et peut-être autre; il connaît ou pas désormais la réponse mais nous, vivants, ne la connaîtrons pas
 
la soirée Marcel Conche du 9 avril, à 19 H à la Maison des Comoni, au Revest, 1 mois après son inhumation, sera l'occasion d'évoquer ce que Marcel a été pour ceux qui l'ont connu ou étudié ou lu…à partir du film de Christian Girier, la nature d’un philosophe
 
en couverture du Bouquins consacré à L'infini de la nature, une oeuvre de Nicolas de Staël, Paysage
dominante : des rouges
dominante du voyage dans les paysages de la France rurale : des verts
 
rappel : le livre d’éternité en lien avec la question de vie et de mort d’Annie Bories, l’épousée je sais que je vais passer, où vais-je passer ? et qui m’a interpellé pendant 11 ans est sous le signe presque jusqu’à la fin de la sagesse tragique de Marcel; 
la métamorphose de J.-C. en Vita Nova ne lui doit rien, 
il s’agit d’une expérience spirituelle intime et la pensée n’y a pas accès
 
disponible en librairie, sur plateforme ou chez moi
le pas-sage de Marcel Conche
le pas-sage de Marcel Conche
le pas-sage de Marcel Conche
affiche du film de Christian Girier qui sera présenté le 9 avril 2022 à 19 H , salle Pétrarque, maison des Comoni, théâtre du Revest et de la métropole TPM; Marcel près de la chapelle des Pénitents à Beaulieu sur Dordogne, Marcel sortant de la partie médiévale de Beaulieu, Marcel me disant Heureusement qu'on meurt (photos F.C.); portrait de Pétrarque réalisé par Ernest-Pignon Ernest
affiche du film de Christian Girier qui sera présenté le 9 avril 2022 à 19 H , salle Pétrarque, maison des Comoni, théâtre du Revest et de la métropole TPM; Marcel près de la chapelle des Pénitents à Beaulieu sur Dordogne, Marcel sortant de la partie médiévale de Beaulieu, Marcel me disant Heureusement qu'on meurt (photos F.C.); portrait de Pétrarque réalisé par Ernest-Pignon Ernest
affiche du film de Christian Girier qui sera présenté le 9 avril 2022 à 19 H , salle Pétrarque, maison des Comoni, théâtre du Revest et de la métropole TPM; Marcel près de la chapelle des Pénitents à Beaulieu sur Dordogne, Marcel sortant de la partie médiévale de Beaulieu, Marcel me disant Heureusement qu'on meurt (photos F.C.); portrait de Pétrarque réalisé par Ernest-Pignon Ernest
affiche du film de Christian Girier qui sera présenté le 9 avril 2022 à 19 H , salle Pétrarque, maison des Comoni, théâtre du Revest et de la métropole TPM; Marcel près de la chapelle des Pénitents à Beaulieu sur Dordogne, Marcel sortant de la partie médiévale de Beaulieu, Marcel me disant Heureusement qu'on meurt (photos F.C.); portrait de Pétrarque réalisé par Ernest-Pignon Ernest
affiche du film de Christian Girier qui sera présenté le 9 avril 2022 à 19 H , salle Pétrarque, maison des Comoni, théâtre du Revest et de la métropole TPM; Marcel près de la chapelle des Pénitents à Beaulieu sur Dordogne, Marcel sortant de la partie médiévale de Beaulieu, Marcel me disant Heureusement qu'on meurt (photos F.C.); portrait de Pétrarque réalisé par Ernest-Pignon Ernest

affiche du film de Christian Girier qui sera présenté le 9 avril 2022 à 19 H , salle Pétrarque, maison des Comoni, théâtre du Revest et de la métropole TPM; Marcel près de la chapelle des Pénitents à Beaulieu sur Dordogne, Marcel sortant de la partie médiévale de Beaulieu, Marcel me disant Heureusement qu'on meurt (photos F.C.); portrait de Pétrarque réalisé par Ernest-Pignon Ernest

Marcel Conche et JCG, Marcel et Cyrille Elslander (des 4 saisons du Revest à l'époque, devenu directeur-adjoint du Pôle) en juin 2002 à Treffort dans l’Ain; 20 ans d’amitié, 10 livres de et sur Marcel Conche édités par Les Cahiers de l’Égaré dont le dernier, L’âme et le corps, le 27 septembre 2021 au mitan de sa centième année
Marcel Conche et JCG, Marcel et Cyrille Elslander (des 4 saisons du Revest à l'époque, devenu directeur-adjoint du Pôle) en juin 2002 à Treffort dans l’Ain; 20 ans d’amitié, 10 livres de et sur Marcel Conche édités par Les Cahiers de l’Égaré dont le dernier, L’âme et le corps, le 27 septembre 2021 au mitan de sa centième année

Marcel Conche et JCG, Marcel et Cyrille Elslander (des 4 saisons du Revest à l'époque, devenu directeur-adjoint du Pôle) en juin 2002 à Treffort dans l’Ain; 20 ans d’amitié, 10 livres de et sur Marcel Conche édités par Les Cahiers de l’Égaré dont le dernier, L’âme et le corps, le 27 septembre 2021 au mitan de sa centième année

échange post-mortem

Merci, Jean-Claude, de votre restitution fidèle et émouvante du ou des jours de départ de Marcel. C'est souligner que la famille de pensée (dont Yvon Quiniou) était là pour épauler et honorer la famille de sang (famille qui s'est exprimée avec justesse et profondeur !)  
C'est vrai, vous n'y avez rien dit, mais vous expliquez ici très bien que l'amitié n'a pas nécessairement de compte-rendu public à faire.
Merci aussi d'avoir remarqué aussi bien le nuage à forme d'homme (que vous avez vu pour nous, je n'étais pas à Altillac) que la réouverture "pneumatique" (comme dirait Jankélevitch) de la porte du funerarium (je la confirme).
J'étais heureux qu'un de ses éditeurs (Jacques Neyme) soit présent : leur travail commun fut ardent, exigeant, et juste !
Et bonne chance aussi dans le déploiement de la "métamorphose" que vous accueillez (ou qui vous accueille...). Conche n'excluait rien - pas même (je plaisante à peine) que Bergson ou Jung aient finalement vu juste. 
   merci, 
        m.
 
merci M. pour ce retour
je n’ai rien exprimé, par amitié inconditionnelle pour l’homme Marcel, d’une complexité rare, impossible à démêler, complexité à accueillir sans jugement dans son entièreté et son mystère qui se confondent
(cela vaut pour chacun, chacun est mystère et en cela sacré)
mais aussi pour une autre raison
Marcel en partant est devenu un être-un corps pour autrui sartrien, objectivé-aliéné
(impossible maintenant de nous surprendre par un acte, une action "inattendus") 
qu’il a su faire exister comme figure du philosophe par vocation
(il a fabriqué sa légende, son monument; rien de péjoratif là-dedans; on est tous des fictions, des légendes qu’on fabrique; ce n’est pas mensonge, ce n’est pas vérité, c’est croyance, conviction vécue comme dit Marcel) 
et Comte-Sponville sera sans doute le garant de cette doxa, reprise partout
or les discussions que j’ai eu à la fin avec Marcel dont une évoquée dans le livre d’éternité m’ont révélé qu’il était bien en chemin, prêt à concevoir que la Nature (ou tout autre nom, ne nécessitant pas qu’on se fasse la guerre des noms et des dieux) n’est pas seulement créatrice au hasard, aveugle mais créatrice avec-par amour inconditionnel, sans jugements, sans oppositions, de tout ce qui existe; l’amour comme force créatrice, pas seulement sentiment accompagnateur, compassion…
oui Bergson (citation en début du livre d'éternité), oui Jung
mais je leur préfère aujourd'hui Christiane Singer, Jean-Yves Leloup
9 mars 2022, entre 18 H et 20 H, sur la trace des souvenirs; dernière photo : l'idiot regarde le doigt, ne voit pas la lune montrée par le doigt (photos K.P et G.B.)
9 mars 2022, entre 18 H et 20 H, sur la trace des souvenirs; dernière photo : l'idiot regarde le doigt, ne voit pas la lune montrée par le doigt (photos K.P et G.B.)
9 mars 2022, entre 18 H et 20 H, sur la trace des souvenirs; dernière photo : l'idiot regarde le doigt, ne voit pas la lune montrée par le doigt (photos K.P et G.B.)
9 mars 2022, entre 18 H et 20 H, sur la trace des souvenirs; dernière photo : l'idiot regarde le doigt, ne voit pas la lune montrée par le doigt (photos K.P et G.B.)
9 mars 2022, entre 18 H et 20 H, sur la trace des souvenirs; dernière photo : l'idiot regarde le doigt, ne voit pas la lune montrée par le doigt (photos K.P et G.B.)
9 mars 2022, entre 18 H et 20 H, sur la trace des souvenirs; dernière photo : l'idiot regarde le doigt, ne voit pas la lune montrée par le doigt (photos K.P et G.B.)

9 mars 2022, entre 18 H et 20 H, sur la trace des souvenirs; dernière photo : l'idiot regarde le doigt, ne voit pas la lune montrée par le doigt (photos K.P et G.B.)

dialogue à venir entre J.-C. di Vita Nova et Jean-Claude Carrière, auteur de La vallée du néant, paru chez Odile Jacob en décembre 2018,  en cours de lecture depuis le 14/02/2022, 74° anniversaire de l'épousée

présentation du livre

"Nous en venons et nous y retournons. Pourtant, nous ne pouvons rien en dire. Le néant – qui n’est ni le rien, ni le vide – reste l’inconnu fondamental, le non-être, sans sensation, sans conscience et sans mémoire.

Pour m’en approcher, prudemment, je me suis lancé dans une promenade, un peu au hasard des chemins, en reprenant un vieux thème persan. J’ai voulu voir comment d’autres ont réagi, ici ou là, dans l’histoire du monde, au plus secret, au plus insistant des mystères. J’ai découvert, au passage, plusieurs attitudes, qui peuvent paraître contradictoires. Chacun peut choisir.

C’est banal à dire, nous sommes tous emportés par un mouvement irrésistible. Il est notre maître, et nous savons où il nous conduit. Rien ne reste, rien ne revient. Pour peupler ce passage où il n’y a « rien » (« N’y a-t-il rien dans ce rien ? » se demandait Chateaubriand), nous avons, au long des siècles, imaginé toute une farandole de monstres, de vapeurs, de fantômes, des hurlements, dont un grand nombre sont évoqués ici. 

Avec quelques questions inévitables : comment nous protéger du désespoir et de la vanité de toutes nos vies, si nous n’en devons rien garder ?

Comment, peut-être, en tirer une force, et même une joie ?
Pourquoi rire ? Pourquoi pleurer ?
Et pourquoi rêver d’immortalité ?"

Scénariste, dramaturge, écrivain, Jean-Claude Carrière est l’auteur de grands succès comme Einstein, s’il vous plaît, Fragilité, Tous en scène et, plus récemment, Croyance et La Paix

La vallée du néant, offert à Noël, livre d'occasion dédicacé à X; lecture à venir d'un livre offert parce que j'avais choisi , jeune professeur au lycée de Le Quesnoy (nord), un nom de poète Jean Rogues
La vallée du néant, offert à Noël, livre d'occasion dédicacé à X; lecture à venir d'un livre offert parce que j'avais choisi , jeune professeur au lycée de Le Quesnoy (nord), un nom de poète Jean Rogues

La vallée du néant, offert à Noël, livre d'occasion dédicacé à X; lecture à venir d'un livre offert parce que j'avais choisi , jeune professeur au lycée de Le Quesnoy (nord), un nom de poète Jean Rogues

commentaires sur l'article

Annie Bergougnous

Question, pourquoi notez-vous chaque fois "dcd", plutôt que "décédé"?
Je comprends bien sûr le raccourci, mais personnellement, ne l'apprécie pas. J'aime l'idée d'un mot, nom adjectif et autre, écrit en son entier. Dire et non pas raccourcir.
Dire "mort", "décédé", plutôt que "parti","dcd". J'aime l'idée de nommer dans son entièreté la mort que nous passons notre vie à évacuer de nos vies !!!
Nommer, c'est dire ce qui est et non éviter
Je sais que vous n'évitez rien, Jean-Claude; mais ce "dcd" je le trouve inélégant, si tant est que l'on puisse dire qu'il y ait une quelconque élégance...à ce sujet.(Bien que).
Rien de personnel, simplement mon ressenti quant à ce...."dcd" !
 
Jean-Claude Grosse
Annie Bergougnous je prends en compte en ce qui concerne dcd, pas en ce qui concerne mort car je crois aujourd'hui que la mort est un pas-sage (écrit avec la polyysémie de la langue des oiseaux); merci même si je sais pourquoi je l'ai fait; VIE = Vibration Information Energie; I information = tout est déjà écrit-informé dans les nombres-univers comme Pi (décédé/dcd => 4-3-4, réductibles à des 0-1 en langue binaire) Le terme bit est une contraction des mots binary digit (que l'on peut traduire par chiffre binaire en français). Il désigne l'unité la plus simple utilisée dans un système de numération. Cette unité, directement associée au système binaire, ne peut prendre que deux valeurs : 0 et 1 et reste pourtant à écrire par chacun de nous; chacun écrit son livre d'éternité déjà écrit, non destiné à un jugement dernier, cadeau-contre-don en retour de la vie qui nous a été donnée
dernier point: je crois aujourd'hui que ce sont les mots qu'on emploie qui crée la réalité; donc je ne crois pas qu'employer le mot mort dise la réalité vraie de ce qui est appelé mort; employer le mot crée une réalité séparant, opposant vie et mort;
 
 
de plus, le mot n'est pas la chose; mis pour la chose, il tue la chose en l'abstractisant, en la conceptualisant alors que la chose est unique, charnelle, vivante (lire La mort et la pensée de Marcel Conche ou ma note de lecture)
si on s'appuie sur la physique quantique, on expérimente de façon incompréhensible d'ailleurs (Richard Feymann) la superposition d'états, l'indétermination des états, les fluctuations d'états... d'où le mot pas-sage, inventé sans génie, sans doute inspiré à l'occasion de cet article
 
Rachel Kaposi
"Certitude n'est pas preuve". Mais mourir paisiblement devrait être un pas-sage obligé.
La fureur des vivants ne doit-elle pas choisir ce moment unique entre tous pour un dernier recueillement ?
Jean-Claude Grosse
pas de preuve, que des convictions vécues ou des opinions d'emprunt ou du bla-bla...la gamme est infinie du conformisme à l'authenticité, de l'imbécilité-bêtise à "sa" vérité; quant à moment unique pour un dernier recueillement, je dirai moment unique pour LA RESTITUTION FINALE, la résurrection, enfin debout, sortie du sommeil, éveil et pas repos éternel...
 
Bonjour Monsieur Grosse, Je lis toujours avec intérêt les parutions sur ce blog et les vôtres. Je tiens à vous dire ma tristesse alors que j'apprenais le décès de Marcel Conche. J'avais prévu de lui écrire pour son anniversaire mais il ne m';en a pas laissé le temps . Il a rejoint cet infini qui lui avait taraudé l'esprit dés son plus jeune âge, cet étonnement qui pour moi est la marque de la philosophie. J'ai beaucoup de sympathie et d'admiration pour cet homme de la terre. Comme lui je suis né dans une famille pauvre et marquée par cet esprit de la campagne , celui qui fait de la simplicité la source de la joie. Et ses ouvrages! et son escapade auprès d'Emilie ! et son allure si singulière ! et sa façon de parler, de plaisanter toujours avec considération pour ce qu'il avait à dire! Et le mal absolu qui en ce moment frappe des enfants ukrainiens! Voilà entre autres choses ce que Marcel Conche laisse comme témoignage pour moi. Ses livres comme il l'a écrit sont et seront pour moi le message d'un homme et d'un philosophe qui inspire ma vie dans cette recherche de la vérité , seul message sensé pour une époque tourmentée. Merci Monsieur Conche pour tout ce que vous avez donné à vos lecteurs et plus généralement à la philosophie ! Non votre corps n'ira pas rejoindre "le fumier des cochons" , pour moi il sera toujours quelque part dans cet infini et plus concrètement là où la terre de Corrèze vous a vu tendre le regard au loin comme pour mieux y revenir. Merci Monsieur Grosse de poursuivre votre travail pour perpétuer la mémoire de Marcel Conche. Respectueusement. Claude Cognat Annecy

un PDF de Marcel Conche présentant sa philosophie, à tété-charger

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Lettres en vie / Soins palliatifs / Alain et Michel Cadéo

Rédigé par grossel Publié dans #FINS DE PARTIES, #amitié, #amour, #engagement, #notes de lecture, #pour toujours, #poésie, #écriture

un livre d'exceptions, un livre pour oser, un livre d'édification; quand la poésie et la peinture sont forces vives, donnant à vivre

un livre d'exceptions, un livre pour oser, un livre d'édification; quand la poésie et la peinture sont forces vives, donnant à vivre


Lettres en vie

six années de rencontres au sein de l'unité de soins palliatifs de l'Hôpital de La Seyne-sur-Mer

éditions La Trace

septembre 2020

 

Lettres en vie

4° de couverture

Dostoïevsky parle du « saint des saints » lorsqu'il évoque « l'Homme dans l'homme »...

Et de quoi parle-t-il ? Il parle de la part la plus authentique, inentamable, la plus sacrée, la plus mystérieuse, dissimulée au plus profond de chacun d'entre nous et qui ne se révèle que lors des grands chambardements du coeur, du corps et de l'esprit.

Faut-il être en bout de vie pour enfin s'affranchir de tous les cintres et de toutes les panoplies ?

Six ans de rencontres d'Alain et Michel Cadéo auprès des patients et soignants de l'unité de Soins Palliatifs de l'Hôpital de la Seyne sur Mer.

Chaque semaine, le service fut un lieu de partages de mots et des maux.

Les lettres ainsi échangées sont un témoignage simple, sincère et lucide de ces instants uniques.

 

Note de lecture

 

Alain Cadéo dont j'ai lu beaucoup d'oeuvres, que je connais personnellement, qui est un ami, un frère de cœur, m'a transmis ces Lettres en vie, le dimanche 11 octobre, à l'occasion de nos retrouvailles à la pizzeria du Colombier au Revest, en compagnie de Martine. Annoncées depuis le printemps, j'attendais la parution de ces Lettres d'autant plus qu'il m'avait proposé de vivre éventuellement cette expérience d'accompagnement. Cela ne s'est pas fait.

Cet ensemble de lettres et de peintures (car Michel Cadéo, le frère cadet d'Alain est peintre et il a rendu compte de ses rencontres avec les patients au travers de portraits et de paysages-voyages oniriques) est une œuvre d'humanité dans le sens où les deux frères (solides et mystérieux comme leurs confrères rochers au large des Sablettes à La Seyne) et les soignants font preuve d'humanité envers les patients. Faire preuve d'humanité, c'est voir l'humanité de l'autre même très diminué, parce que très diminué, parce que se dévalorisant, s'isolant. Faire preuve d'humanité c'est le reconnaître comme corps-esprit-âme, c'est l'accompagner avec bienveillance, bien-traitance, le soutenir dans ses essais de rester humain, digne, propre, coquet. C'est l'énergiser, lui redonner accès à ses désirs et rêves, à son enfant intérieur retrouvé. C'est l'esprit « soins palliatifs » tel que pratiqué à La Maison à Gardanne, pionnière dans ce domaine : le soin est un art, l'art est un soin selon la formule du docteur Jean-Marc La Piana.

En quoi est-ce un art ? Chaque patient est unique, une personne unique, un être unique et chaque rencontre, chaque moment est unique. Aucun protocole, aucune expérience ne peut préparer au caractère inédit, imprévu de la rencontre. Cela relève du ressenti et de l'intuition, facultés éminemment sensibles, d'un autre niveau que le mental qui juge, supposant un travail sur soi de nature spirituelle. Sans ce travail préalable de nettoyage, de dissolution des carapaces, cintres et panoplies dont nous nous affublons pour paraître, pour jouer le jeu, le jeu social, sans ce travail pour retrouver l'enfant qui est en nous, l'enfant porteur de notre être, il ne semble pas possible de pouvoir se mettre sur la même longueur d'onde que ce patient que je visite.

(aujourd'hui, je suis sensible aux deux enfants que nous portons en nous, l'enfant intérieur, lui-même double, l'enfant blessé car tout enfant connaît, vit un jour ou l'autre des blessures à vie, à vif, enfouies ensuite, l'humiliation par exemple, et l'enfant rêveur avec son jardin secret où il peut se réfugier quand ça tangue ; et l'enfant des étoiles, l'enfant de lumière, venu du ciel, d'en haut, qui nous visite parfois, faisant sentir le mystère de l'Éternité et de l'Infini ; pour donner un exemple, mon enfant intérieur pourrait être Coco, celui qui va au royaume des morts parce que les morts ont peur d'être oubliés et mon enfant de lumière est le petit prince qui apprend à voir avec le seul regard vrai, le regard du coeur),

Ce patient que je visite, le voilà en fin de vie, ne bougeant qu'un pouce, n'ayant qu'un filet de voix, de grosses difficultés respiratoires, des difficultés motrices s'il s'assoit, tente de se lever, de bouger. Par quels canaux va passer la mise en phase : le sourire, le toucher, la tendresse, le regard, l'écoute, la compassion, un récit, une sollicitation, une invite, une première lettre... ? Le livre ne témoigne pas de cela.

Les lettres d'Alain sont des portraits personnels des patients rencontrés dans leur intimité et dans leur être (dans la mesure où il s'est révélé). Portraits personnels en ce sens qu'Alain s'y met en jeu avec ses mots, ses images, ses exhortations, ses rejets et sa quête de sens, de beauté, de bonté, de perfection, d'Éternité, de grands espaces terrestres, célestes, de grandes profondeurs et houles océaniques. Portraits d'intimité car quand les patients se racontent, se livrent, se révèlent, on en retrouve trace dans les lettres (pas de détails, juste le parcours, le tracé d'une vie) et portraits faisant émerger l'être, l'enfant retrouvé donnant sens à un dernier acte de vie, par exemple le tableau réalisé par un patient pour le restaurant de sa fille et qui s'en va, le tableau exécuté ou tel autre écrivant un conte pour sa femme. Ces lettres sont des poèmes, elles ont le pouvoir que Novalis donne à la poésie : La poésie est le réel absolu.

Aux lettres d'Alain qui poussent à vivre la vie jusqu'au bout parce que l'abord est pour certains d'abord réservé, en retrait, mettant en avant le rien qu'on est, la fatigue, l'épuisement, pour d'autres l'abord est d'entrée curieux, ouvert, lettres qui sont de véritables porteuses de lumière et d'énergie (au sens quantique, agissante aux niveaux les plus profonds, infimes), les patients répondent par leur enchantement, leur étonnement d'être reçus, compris, soutenus.

L'équipe s'est aussi mise à l'écriture, médecin, psychomotricienne, psychologues, infirmières, accomplissant non seulement le travail quotidien d'accompagnement, (y compris des patients remarquables, c'est-à-dire à ne pas réanimer), mais s'investissant dans les rencontres du lundi en fonction de leurs disponibilités.

Les 27 œuvres de Michel Cadéo, portraits et paysages-voyages oniriques, accompagnant les lettres des uns et des autres (femmes, hommes, pas d'âge donné, sauf exception, pas de milieu d'origine ou de profession exercée) ont sans doute été réalisées après les rencontres sur la base de ce que Michel avait vécu, ressenti, prenant peut-être des croquis.

Le regard dans ces portraits a quelque chose du regard des portraits du Fayoum, d'il y a 2000 ans, l'intensité. Quand le corps est au bord des falaises, des gouffres, seul le regard intérieur, celui porté par le sourire intérieur, sourire de béatitude, peut l'amener ailleurs. Comme l'a si bien dit G.K. Chesterton : Si les anges volent, c'est parce qu'ils se prennent eux-mêmes, à la légère.

(Dans le clip Happens to the Heart, chanson posthume de Leonard Cohen sortie le 25 octobre 2019, à la fin de son cheminement de vie après dépouillement de ses vêtements, apaisement de ses souffrances puis rencontre d'un moine bouddhiste et adoption du vêtement monastique, le jeune personnage entre en lévitation et voit sereinement par son regard intérieur les gouffres.

Ce clip et les paroles accompagnent bien les rencontres du lundi dans l'unité de soins palliatifs de l'hôpital de La Seyne sur Mer.

https://youtu.be/2AMMb9CiScI)

Va jusqu'où tu ne peux pas, ces mots de Kazantzakis sont pour Alain Cadéo comme un ex-voto, invitant au voyage, de nature spirituelle, c'est-à-dire de dépouillement, de purification, d'élévation.

Ce fut la règle de vie de Van Gogh : Mourir à soi-même, réaliser de grandes choses, arriver à la Noblesse, dépasser la vulgarité où se traîne l’existence de presque tous les individus… » Il disait aussi que peindre pour lui c’était le moyen de se tirer de la vie.

Ces Lettres en vie sont un OUI à la Vie.

 

 

Je ne peux m'empêcher de citer Jean-Yves Leloup, en complément éclairant de ces lettres et peintures dont les droits d'auteurs seront reversés à l'Association Pour les Soins Palliatifs.

Voilà une action sans utilité sociale, simplement humaine, discrète, persévérante (6 ans), gratuite (un don, une volonté), bénévole, sans médiatisation, sans recherche de reconnaissance, une action où les deux frères donnant, solides et généreux comme leurs confrères rochers ont reçu sans compter, sans attente de retour (les départs se font sans crier gare et sans fanfare). 

 

1- La gratitude, clef de la philocalie

Qu’est-ce qui peut nous rendre « sensible ›› à la beauté, à la grâce, à la Présence qui se donne à travers toute vérité, toute vie, toute bonté ?
la gratitude… la louange…la gratitude rend la grâce possible elle est notre ouverture à l’Ouvert
on pourrait dire ainsi qu’elle précède la grâce
dire merci avant de recevoir
est l’un des secrets du Bienheureux
dès qu’on a dit merci, tout ce qui nous arrive
est merci, miséricorde, grâce et don.
Celui qui ne dit jamais merci, ne reçoit jamais rien, car ce merci est l’acte même de la réception,
la possibilité d’une réceptivité, d’un accueil,
l’ouverture par laquelle le ciel enveloppe la terre,
l’ouverture par laquelle les dieux peuvent entrer.
Celui qui ne dit jamais merci, garde fermées les portes de la perception, comme celles de l’affectivité et de la connaissance.
L’enfer dans lequel nous nous enfermons consciemment est celui de notre ingratitude. Etre incapable de gratitude ou de louange c’est perdre toute joie d’être et de vivre. Nous mourons de ne pas savoir dire merci, dire merci à notre épreuve, c’est en faire une occasion de croissance, de dépassement ; dire merci à notre mort, c’est en faire une délivrance ou un passage vers une vie plus vaste.
Seuls ceux qui savent dire « merci ›› seront sauvés.
La gratitude met le cœur et le souffle « au large ›› (sens du mot salut Iescha en hébreu), elle est la clef qui nous ouvre à la beauté de toutes réalités visibles et invisibles, c’est elle qui nous permet « d’entrer ›› en philocalie.

 

2- "Le mot « résurrection » vient du mot grec anastasis qui signifie « se lever après le sommeil, se poser dans l’espace, dans la hauteur ». Ainsi, celui qui est ressuscité est celui qui est passé de l’état de conscience limitée à un état de conscience sans limite. C’est pour cette raison que dans la tradition on dira que le Christ était ressuscité avant de mourir. Et lorsque saint Jean parle de « vie éternelle » cela signifie que la vie éternelle n’est pas opposée à la mort, qu’elle est avant, pendant et après la vie ; c’est la dimension d’éternité qui est au cœur de la vie.
Et c’est à cette dimension qu’il s’agit de s’éveiller, à ce non-né, non-fait, non-créé, à cette dimension de l’incréé. C’est cela la résurrection. Aussi lorsqu’on dit que le Christ est ressuscité et que nous sommes appelés à la résurrection, cela signifie que nous ne sommes pas appelés à nous réanimer, mais à nous éveiller au cœur de notre finitude, à la dimension d’éternité, dimension que dans un autre langage on appellera l’Eveil…

Nous avons donc la liberté de nous ouvrir ou la liberté de nous fermer ; nous avons le choix entre l’ouvert et l’enfer. En nous ouvrant au cœur même des conditions dans lesquelles nous sommes, en nous ouvrant à cet infini qui nous habite, nous entrons dans le monde de la résurrection. Dans toutes les traditions, le but n’est jamais la réincarnation mais l’Eveil, la résurrection, la délivrance du Karma. 

Dans l’Evangile de Philippe il nous est rappelé (logion 21) que la Résurrection (Anastasis) n’est pas une réanimation…L’Evangile de Philippe, à la suite du Christ, nous invite à nous éveiller dès cette vie à ce qui en nous ne meurt pas et que Saint Jean appelle la Vie éternelle. La vie Eternelle n’est pas la vie « après la mort », mais la dimension d’éternité qui habite notre vie mortelle, et à laquelle il s’agit de s’éveiller comme le Christ avant de mourir.

 

Par ailleurs l’apôtre Paul précise bien que ce n’est pas notre corps biopsychique qui ressuscite, mais notre corps spirituel « pneumatique ».

Qu’est-il ce corps dit « spirituel » ? Ne se tisse-t-il pas déjà dès cette vie, à travers nos actes de générosité et de don ? Car la seule chose que la mort ne peut pas nous enlever, c’est ce qu’on aura donné. L’Evangile de Philippe insiste sur cette puissance du don, cette capacité d’offrande que le Soter (Sauveur) vient libérer en nous…

 

À Le Revest, le 18 octobre 2020,

Jean-Claude Grosse,

éditeur des Cahiers de l'Égaré

Maryse par Michel Cadéo / Alain et Michel Cadéo / Macadam Épitaphe, une écriture en fusion qui dissipe les frontières, les barrières, dissout les conforts, les étroitesses et petitesses et nous relie à la Vie, à l'enfance, au Rêve comme routes
Maryse par Michel Cadéo / Alain et Michel Cadéo / Macadam Épitaphe, une écriture en fusion qui dissipe les frontières, les barrières, dissout les conforts, les étroitesses et petitesses et nous relie à la Vie, à l'enfance, au Rêve comme routes
Maryse par Michel Cadéo / Alain et Michel Cadéo / Macadam Épitaphe, une écriture en fusion qui dissipe les frontières, les barrières, dissout les conforts, les étroitesses et petitesses et nous relie à la Vie, à l'enfance, au Rêve comme routes

Maryse par Michel Cadéo / Alain et Michel Cadéo / Macadam Épitaphe, une écriture en fusion qui dissipe les frontières, les barrières, dissout les conforts, les étroitesses et petitesses et nous relie à la Vie, à l'enfance, au Rêve comme routes

Marie-Christine, conductrice de poids lourd, allant souvent dans les pays du Moyen-Orient (imaginons les difficultés mais rêvons aussi quand le diesel du Scania qui ronronne vous lance sur ce que les routes et autoroutes induisent dans les âmes des conducteurs poètes) a demandé qu'on lise un extrait de Macadam Épitaphe, texte de 1986 d'Alain Cadéo qu'il lui avait offert, à son enterrement. Comme cet extrait n'est pas cité dans le livre Lettres en Vie, j'ai cherché dans Macadam Épitaphe.
Voici mon choix : J'ai aimé chaque fois avec l'ardeur et la vivacité d'un nouveau-né hurlant son aptitude à vivre. J'étais un bloc surgi d'immenses paysages tendres. Je n'ai jamais su que vous aimer. Tu es ma dernière course. Macadam Épitaphe. Je te dédie ces kilomètres inutiles. Je t'offre ces tonnes insignifiantes d'émotions et d'images. Je te marie ainsi avec mon temps. Partout j'ai creusé la terre, dans tous les sens cherchant les portes parallèles, celles que l'on franchit entre l'espace réel et celui de ses pensées. Je t'offre ma vie brouillonne et mélangée, pour que toi seule sache en extraire le succulent plaisir et qu'à ton tour tu le transmettes à qui te paraîtra assez grand. Ni suicide ni rien, non, je roulerai jusqu'à ce que je rencontre peut-être le moment qui devra m'échapper.

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