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Blog de Jean-Claude Grosse
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ÉCRIRE À LA CORDE

7 Avril 2024 , Rédigé par grossel Publié dans #SEL, #amitié, #essais, #vraie vie, #écriture

l'ami commun, Marcel Conche / ÉCRIRE À LA CORDE / Je veux parler librement parce que j’ai l’amour du vivant / Esther Ferrer, 1979 “Pistolet avec drapeaux" série jeux éducatifs dans la morbide économie kapitalbalkannibalistique
l'ami commun, Marcel Conche / ÉCRIRE À LA CORDE / Je veux parler librement parce que j’ai l’amour du vivant / Esther Ferrer, 1979 “Pistolet avec drapeaux" série jeux éducatifs dans la morbide économie kapitalbalkannibalistique
l'ami commun, Marcel Conche / ÉCRIRE À LA CORDE / Je veux parler librement parce que j’ai l’amour du vivant / Esther Ferrer, 1979 “Pistolet avec drapeaux" série jeux éducatifs dans la morbide économie kapitalbalkannibalistique
l'ami commun, Marcel Conche / ÉCRIRE À LA CORDE / Je veux parler librement parce que j’ai l’amour du vivant / Esther Ferrer, 1979 “Pistolet avec drapeaux" série jeux éducatifs dans la morbide économie kapitalbalkannibalistique

l'ami commun, Marcel Conche / ÉCRIRE À LA CORDE / Je veux parler librement parce que j’ai l’amour du vivant / Esther Ferrer, 1979 “Pistolet avec drapeaux" série jeux éducatifs dans la morbide économie kapitalbalkannibalistique

Contexte :
tu connais Voragine Fosproy par Marcel Conche, il t'a parlé d'elle comme philosophe dont il suit le travail, elle t'a envoyé des textes; tu lui as confié un créneau lors des soirées au Bateau-Lavoir en 2018 pour le passage du temps, elle y a chanté accompagnée d'une multi-instrumentiste; un jour d'opportunité en juillet 2022, tu te retrouves chez elle avec Rosalie où tu retrouves le comte Salvatore de Spada auquel aussi tu avais confié une performance jubilatoire et une avocate de partie civile lors du procès de presque 9 mois du Bataclan
 
évidemment, le pseudo, à la fois masque et miroir, tu peux le faire parler, ça parlera de toi donc
Fosproy, fausse proie, fosse à proie,
Voragine phonétiquement proche de Moravagine féminisation de mort à vagin, le roman le plus terrible de Blaise Cendrars, les voraces de vagins, les voraces à vagins

avec un tel pseudo, avec une dizaine de messages par jour, avec parfois des photos ou des musiques allant dans les sens des désécritures, il te paraît clair que cette page FB est sa page d'écriture brute, un lâcher de ballons ou de bombes, selon ; c'est une écriture à deux faces, une écriture s'inventant en s'invitant par nécessité intime donc libre :

- la face Voragine où sont bien pinées les pines à morpions de la morbide économie comme dirait Tristan Laouen citant Harmut Rosabourg, Crawl Marx ou Mickaël Occult :

« La manière dont le principe prométhéen de la rencontre du monde, dont le but est la conquête, se forme et s’affûte avec la modernité capitaliste, réprimant d’autres possibilités de l’être-dans-le-monde, en particulier ce qu’on pourrait décrire comme le rapport orphique ou érotique au monde. » Harmut Rosa, Rendre le monde indisponible, La découverte, Janvier 2020, p.14
 
« Il y a à opposer au consensus de la culture, le courage de l’art dans sa vérité barbare. L’art moderne, c’est le cynisme dans la culture, c’est le cynisme de la culture retournée contre elle même. Et si ce n’est pas simplement dans l’art, c’est dans l’art surtout que se concentrent, dans le monde moderne, dans notre monde à nous, les formes les plus intenses d’un dire vrai qui a le courage de prendre le risque de blesser. » Michel Foucault, Le courage de la vérité, Le gouvernement de soi et des autres II, Cours au collège de France, 1984, Seuil, Hautes Études, Janvier 2009, p.174
 
- la face Élodie pensant-dansant avec ses pieds sur les rochers de Sicile, tentant une voix orphique, une voie dionysiaque
 
donc quand tu lis sur FB des messages de cette amie, plusieurs fois par jour, que certains messages te parlent immédiatement, que d'autres te résistent, se refusant à ta compréhension, tout en sentant confusément que c'est le vif d'un corps écorché qui cherche à ne pas subir sa mise à mort par les tueurs mous, formatés au vitriol du vol et du viol invisibilisés, tu te dis, quelques mois après, que tu vas faire un montage de ses messages, repérer les réitérations, les boucles en spirales, les émetteurs et destinataires car Je n'est pas les autres
ça te demande quelques heures de travail, tu choisis un autre ordre que l'ordre chronologique et tu renvoies le miroir brisé à l'amie
ça va devenir son manifeste, pas un scum manifesto à la Valérie Solanas, non, son manifeste personnel, à usage intime
et merdre aux ubus qui croyaient te faire kokul /
JCG
 
tu lis par exemple les messages de ce dimanche 7 avril 2024, jour des abeilles dans ton village :
 
Comment vous allez, est-ce que le meurtre paye ?
En toute objectivité sociologique, sans citations capitalistiques ?
Venez faire du saut à l’élastique, allez, sautez, traversez le grand vortex de la charcuterie désossante de l’idéologie de rentes ….
Courage
 
ou
Une société paranoïaque ne produit que des micro systèmes d’arnaques, et la lumière unique peu à peu agit en creux, diffracte dans une surexposition et le son d’os qui craquent, les ors du hasard. jusqu’à ce que le faisceau en tunique force les corps reflector qui compriment les torses et impriment le tatouage d’asymbolique langage au visage. Un grammairage de nettoyage.
La lettre ou les créances du vide
(ne me trempez pas dans l’acide)
 
ou
En fait tout se Voix. Mais il faut travailler son chant.
Les voix fausses scenarisent des conflits, projettent, regardez la télé, l’imaginaire bête déployer le grossier Monopoly avec des mythologies Fisher Price, des gros monstres en plastique, du fantastique magique de dessin animé de petit garçon, du pan pan de gros nenfant qui veut tout.
Regarder la délinquance tout simplement. La délinquance des instances, et le terrorisme intellectuel d’attaque. Ils n’entendent même plus ce que tu dis. Ils projettent leur désir d’empire de squelettes, de ruines, les petits enculés de la banalité du mal avec les joujoux du vivant, qui tuent femmes hommes et enfants dans l’hyperproductin du cinéma d’action.
Regardez comme le monde est con.
Et comme on y croit.
Et comme beaucoup imitent ces hors lois.
Regardez. La rétroaction des moralines en trous de pines. Regardez l’excitation au naufrage, le désir de guerre sans âge et la superficialité des descriptions identitaires.
Regardez comment l’Espèce se perd.
L’absurde glandulaire des pulsions de praire.
 
ou
Le poème c’est le Réel
Aristote et bout de ficelles
Je m’ennuie beaucoup aux entraves des insignifiances, qui tranchent ma danse depuis que les mâchoires d’étalonnement miroirs ont dissocié les voix, le geste, le corps texte des fragments flottants aux intervalles souples, aux articulations motrices des choix qui augmentent la poussée des plantes et des voi. La négativité, le chaînon manquant, doit être employé au mouvement d’un chant du monde où vague abonde.
Je crois bien que la route de leurs yeux s’est perdue dans les creux qu’ils forment au corps de l’autre pour regarder l’âme hors, et la corruption des corps. Je crois bien qu’ils ont confondu l’image de voix et la vocalisation créatrice des spontanéités motrices. Ils ont imité et le manque a scellé en eux des fixités ineptes, à tel point que l’aveu du merveilleux lien, des dialectiques sensuelles, des caresses du temps, le vent dans les cheveux, la lumière dans les yeux, les volumes naturels d’un lange qui battit entre le jour et la nuit, ils l’ont perdue. Leur langue paralytique, leur connaissance meta syntaxique les coupent de l’ordre cognitif des matières et de l’ouvert, de l’univers.
Je pense avec mes pieds.
Ouhais, mes pieds cornés de page qui éternue le langage …
Car aucun ne finit de dire la peau
 
ou
Nous on savait continuer d’apprendre et de construire, on savait continuer le bien simple et la métaphysique, la beauté.
On savait continuer.
J’ai eu mal au mouvement dans les amputations du temps, comme des douleurs d’atomes, de membres fantômes.
Quand ils tranchaient les liens dans leurs mâchoires de chiens.
Parce que la Parole simple, ce qui crée entre nous l’harmonisation, l’action, l’habitation des spatialités vivantes, l’effectivité de la pensée, de la relation, ce mouvement qui va chercher le bois pour chauffer plus que soi dans une maison, et que nous prolongeons dans la poïesis existentielle, fut détruit à chaque fois . Ce bois, ce geste, ce petit feu que nous savions continuer en pensée, la note belle et utile du Réel, était violée à chaque fois dans le corps, les livres des morts, dans les maisons, dans les films que nous écrivions, dans l’avenir que nous dessinions.
Nous, nous savions continuer.
Ils blanchissaient toutes les spatialités ceux du clivage, qui rêvaient de naufrage, ils violaient sans savoir les spatialités d’Espoir.
Je suis né d’un temps où les arts meurent dans l’objet. J’ai été amputée. Plusieurs fois dévorée.
Je ne suis pas une victime, je suis commune et mon os voit l’Espèce, en sa honte, en son silence,
dans les volumes et les écumes du sens.
La Parole est un arbre avec des jambes.
 
et l'amie te répond
merci l’ami, l’article d’une humaine chercheuse, ne se défendant pas des affres désastreuses, ne se confondant pas à la victime intime des journaux d’un féminisme de pouvoir, mais une chercheuse d’humanité au corps éprouvé par lave hérité, explorant sa propre honte (il n’y a pas d’art sans honte) et ouvrant son métalangage pour que les descriptions ne forment pas de cages d’accusations, les faits sont les faits, des Eloïses d’affects, des effets, nous mourons d’idées fausses, nous marchons sur nos os, je cherche des équations qui soignent sans boucles d’empoigne, mon corps se dégage des pièges qui nous assiègent, les aphorismes sont mon laboratoire sans capitale d’oubli, sans fixité de mémoire vendue au pouvoir, des écrits à l’eau de vie. 
Voragine Fosproy / Élodie Després
 
abeille pollinisée / noeuds / L’avant garde c’est le réel,  mais pour le toucher faut mouiller sa truelle mes gazelles / défaire orphiquement les noeuds / s'envoler à l'ivresse dionysiaque / faire le bond sourd de la bête féroce
abeille pollinisée / noeuds / L’avant garde c’est le réel,  mais pour le toucher faut mouiller sa truelle mes gazelles / défaire orphiquement les noeuds / s'envoler à l'ivresse dionysiaque / faire le bond sourd de la bête féroce
abeille pollinisée / noeuds / L’avant garde c’est le réel,  mais pour le toucher faut mouiller sa truelle mes gazelles / défaire orphiquement les noeuds / s'envoler à l'ivresse dionysiaque / faire le bond sourd de la bête féroce
abeille pollinisée / noeuds / L’avant garde c’est le réel,  mais pour le toucher faut mouiller sa truelle mes gazelles / défaire orphiquement les noeuds / s'envoler à l'ivresse dionysiaque / faire le bond sourd de la bête féroce

abeille pollinisée / noeuds / L’avant garde c’est le réel, mais pour le toucher faut mouiller sa truelle mes gazelles / défaire orphiquement les noeuds / s'envoler à l'ivresse dionysiaque / faire le bond sourd de la bête féroce

ÉCRIRE À LA CORDE

 

Je suis ton asperge, ton hypoténuse, ta sœur de Syracuse
Mais certainement pas ta muse
Une muse c’est une morte d’économie par l’anomie
Moi je suis chercheuse de geste au présent infini


Plus tu es rationnelle plus tu es soumise socialement à la Question par les plus cochons d’Indes qui s’accrochent à tes tétons pour finir par t’arracher un jarret, un jambon, ta panse de brebis farcie, et vivre à crédit avec les morceaux abstraits ou charnus de ta  vie.
Tu deviens une verrue peau de chien dans la répéttiion de leur excrémentation partielle de pucelles du transférentiel.

On n’en est qu’au jambon mi cuit de la théorie
tant que vous dégagez les visions que par le prisme du zizi post industrie.
C’est moi qui vous le dit !
Va falloir élargir le soupirail d’yeux de paille
et de fœtus de la jouissance d’anus !
De catalogue démagogue d’identification,
Va falloir soulever le voile de l’idée sans s’exonérer dans les représentations des ennemis désignés, sans tuer dans la lumière des poursuites de chasses à l’autre où tout se vautre.
Va falloir mettre de l’ordre, se tordre un peu, s’emmêler les cheveux et bouffer ses noeuds !

Ce que le discours reprend il le tue tout le temps.
Il faut que les signifiants traversent le corps comme un fiât d’amore.
Hors, l’Ensemble a dissocié non par adaptation mais par lâcheté, l’intuition, le touché, la sensation et les géométries de la nécessité.
La psychose blanche discourt et tue, sépare le gain et le salut d’un départ de vérité, pose des peaux de bananes sous les pas des Voix qui dépassent le cercle nerveux des réflexes maniaques, elle rate le manque de la chaîne signifiante, le lien physique d’un Imaginaire technique.


Je ne suis pas pure, ma langue suppure sous la torture sociale où la structure obsessionnelle détruit le bleu du ciel.
Je suis dominée.

En tant  que femme autrice soulevant les lièvres encore vivants je n’ai jamais été aussi isolée que depuis que le féminisme s’est financiarisé.
D’un certain point de vue c’est une validation des processions excluantes du capitalisme d’épouvante qui dévore les grandes plantes, et de l’autre c’est une tristesse collective qui vient prolonger mon livre et démontrer qu’au delà d’un phénomène de tri androgène, d’une domination bestiale remontant la mémoire de l’espèce quand la perte menace, la reproduction du système de domination n’épargne pas les réflexes des guenons lorsqu’elles n’ont pas fait le travail de porter leur condition.
L’élimination ne relève pas tant d’un déterminisme naturel que d’une réplication des comportements sociaux, de classes et d’angoisses réflectrices qui ferment le couvercle du cercueil sur l’œil, quand appelle la jouissance d’écueil et les vengeances libidinales d’une ordonnance sociale.
Le libéralisme ressemble à une contagion de maladie mentale d’exonération libidinale. À l’autorisation silencieuse du meurtre au plan intersubjectif, comme si l’émanation politique de l’idée de Monde devenait le La immonde de l’intime, comme si nous perdions le hasard et que les cellules miroirs étalonnaient leur gloire sur les quantités et les mouroirs.


Que deviennent les signifiants ?

La fameuse distance, une flatulence chimique de répliques dénégatives, une stratégie d’évitement, une démission, une violation des lois de vie, un narcissisme libéral bête, taré, le maquillage permanent sur le Réel, de la merde industrielle d’idéologie sacrificielle, avec ses petits ordres de sourires, son contrôle sur les expressions, l’interdît de vérité, l’interdît de spontanéité, le tri permanent dans les émotions des gens, l’immonde marché du bien être, l’humiliation de la condition, la contagion du fascisme, le tourisme intellectuel, le non regard au rang d’art, l’anti lien, la conglomération Silencieuse, l’ordre natif de l’érectilité inconsciente à la rente, l’histoire des morts,la voix des morts comme capital, l’immonde soustraction paradoxale, les morcèlements pédants par clans invisibles, les mafias affectives, à La Défense de son cul, de son nombril, de son esthétisme superficiel de société culturelle désossée de toute profondeur effective, la beauté sans eaux vives, les cerveaux pétés des enfants sur la barge du temps, nos retards brouillards, nos héros rock’n roll totalement obsolètes, le charme pourri de nos embourgeoisements, la décrépitude immobilière, la poudrière atmosphérique qui fait de nous des rats d’Amérique, les sceptiques ou croyants artificiels absurdes ineptes abjects des sports exotiques et des jobs du fric, les bambouseraies, les relations décoratives, les récupérations de luttes pour pomper du fric comme des putes, la honte, la honte qui s’étale, le silenc sociale, l’hypocrisie historicienne, la mort d’une bourgeoisie de savoir, qui savonne l’Espoir, les inductions médiatiques fabriquant leur politique délirante de Monopoly orgiaque ridicule et funeste , l’inaptitude professionnelle des sélections, la gloire aux plus cons, les arguments à la plume miroir, une perversion d’urine, d’habitude, de maigre amplitude, la perfidie, la lâcheté, la médiocrité, le mensonge, le carnaval caricatural bouffant les intervalles vertébraux, l’animal rival des sélections mécaniques de la réduction organique, la misère d’une non dialectique des instances et l’outrecuidance, l’intériorisation de pragmation, l’histrionisme de stérilisation, la profusion d’incantations , le viol des intuitions.
La violence

 

La mémoire vive n’est plus dans les livres
Il faut la vivre

 

Théorie générale des réductions spatiales
Sur l’antériorité négative
des défenses oppressives
Thèse de l’école des folles
Au cerveau corps arboricole
Outils de bois et démonstration sans nom
Os trace de l’intérieur

Un pied dans la merde un pied ailleurs
Concept majeur sans doigt : spéculum autonome et aporie d’octrois
Fœtale d’emplissement et flash d’éblouissement
Enfance civilisationnelle et violence culturelle

 

Peux-tu dessiner les courbes de ma fluidité
entravée par les raptus de projections d’anus
et la pulsion de mort de l’économie psychique
des dealers d’objets taxidermiers ?
Mediator

 

La mysoginie n’a pas de sexe, elle a une structure et un nombre, derrière, son crâne est sombre. Et c’est de l’aplomb propre au non dialectal, au fermoir occipital que l’on tombe. D’un seul coup. Après rafle des traces tu deviens l’égout. C’est tellement évident quand on circonscrit dans le temps la forclusion du mouvement, l’insipidité des significations sans révolution ergonomique, sans création vitale, sans imaginaire enraciné dans la nécessité qu’on souffre sans souffrir.
Il n’y a pas de dépression, mais une tristesse objective devant la cratérisation du livre.


Joie sait pleurer

 

Chez moi les clartés s’assombrissent, comme disait Marcel, parce que je ne suis pas pucelle du Réel et des entraves sacrificielles d’économie de cervelle.
Ne lisez pas Bataille comme un placement de Voix au pays de l’homoengendration et de la satisfaction.
Prenez en dans la gueule du corps, plein le son.

 

Le signifiant argent peut tuer un visage en un éclair


La bouche se serre et l’œil humidifie son envie, les paysages de l’intersubjectivité, l’existence déployée s’effacent, la pronation  excite une tension, et l’humain devient jouissant en réduction, tout son corps oublie la mort, les volumes et les forces opérant dans la Nature du manque. Comme dans la sexualité.


L’anti-création des combustions libidinales commence à faire mal, même à ceux qui ne  sont pas folles. On va manquer de camisoles.
 

Silence Euclidien hante bien.

 

Les narrations de manipulation gagnent avec la peur de la perte, tout le temps, elles recouvrent tout, et induisent un scénario fantasmatique de crise de « civilisation » ou « de religions » totalement théâtralisé, provoqué, faux.
C’est une interprétation de pure excitation pour masquer la primitivité libidinale. Le sadisme anal auquel sont rendus les détenteurs de capitaux pour maintenir leur rente de situation, leur dopamine d’animaux d’impasse, pour qu’ils puissent continuer de croire en leur Pouvoir. Dessous ruisselle le fiel de ce terrorisme intellectuel qui désignera le corps d’éclat et de mort. Celui que le groupe avide suicide pour rendre plus fluide, invisible, sa part excrémentielle .
Primitivisme sacrificiel. Avec crème historique à la sauce utilitariste et une odeur profondément débile de jouissance d’essence sur pensée tiède, avec Catharsis moraliste en intermède.
Ils ne veulent pas péter le garde corps de leur barrage d’animaux morts au langage et à la connaissance.
De l’intime au politique
De l’enfant à l’adulte
Les spatialités s’amenuisent
Les réflexes maniaques justifient leur niaque par l’inspiration paranoïdale qui les soulage du doute, et du travail de la paix, et de l’altérité.
Ce que la Voix féminine annonçait n’est rien d’autre, que cet autre annulé qui facilite l’investissement dans l’ordre déviant d’un idéal.
L’idéalisme est toujours le fascisme de contention d’une perversion sociale générale.
Le droit de tuer est revenu par la liberté d’un impensé qui ne supporte pas le bâti des voix.


« Tais-toi »

 

L’oppression, quand elle est sortie des récitations professionnelles, des missels antifascistes des fétichistes de l’esthétique, la plupart des gens l’ont adoptée immédiatement.
Comme si c’était tout blanc et plat dedans les gens, finalement.
Il se sont révélés sans intuitions, sans corps méta-fondant.
C’est hyper bizarre maintenant.

C’est la boucherie du jugement superficiel qui décharge son angoisse dans les corps habités de traces. C’est la chasse des rétroactions, des sevrages d’espèce, quand la condition régresse et que le manque menace .
Dans le corps habité de traces, l’obsession peut enfoncer sa merde d’indigestion, c’est profond. Ils échappent à la réflexion miroir, y trouvent des os compensatoires et des suspensions délicates.
C’est le corps économique de son exonération, il vit dans la crème culturelle qui recouvre la transaction de mort qui assure ses injections dopaminiques et ses pertes électriques.
Junky tantrique
Le fascisme est la propagation des dilutions du psychisme d’adaptation.

 

J'ai la morula bleue quand j'écris dans les creux

 

 

J’ai un désintérêt profond pour l’objet quand il devient le stimulant dément des régressions de l’autre. Un démêlant d’exténuation, quand rien ne forme plus de passage et que les visages crispent une projection qui annonce et menace. Les conflits sont des surfaces. Vous vivez hors volumes désormais, l’éditeur me hait. C’est un enfant des livres du capital. Moi je suis une besace occipitale. Je suis une menace de tremblement.
L’ami a rapté le film, dans sa boucle intime de connections d’images. L’autre a signé la transaction des stérilisations, les haines libidinales les ont conduits aux vengeances animales. Ma langue est un Népal Beauceron d’enfant tôt initiée à la lumière des os dans le Vert du rayon d’un sureau. Par hasard. Je suis né quand meurt l’art dans l’objet. Je suis né quand le confort sépare la culture de la nécessité des métaphores. J’ai visité la maison de marbre et bu le lait de l’arbre.
Les réalisateurs ont volé par deux fois en couple, par photocopies et mise en concurrence de croupes. Il fallait bien ça pour qu’ils boivent la coupe d’une jouissance, avec cet étrange habitus erectus. Et les actrices prolongatrices. Il y a des cicatrices d’anus sur les existences où des jouissances finissent de hisser leur terrorisme en entravant les corps en mouvements.

 

Vous savez, il est fort possible que l’Ensemble défensif de l’étalonnement oppressif , l’économie psychique la plus prégnante et la vantardise libérale du sujet, son droit autoritaire à baiser ou à obtenir du droit par des particularismes dont la texture ressemble à une pauvre confiture, plus qu’à la structure ordinale d’un délire hospitalier, expansif et harmonieux, soit la preuve même que le verbe doit souffler dans le vent, les ligaments, et selon les dimensions très simples.
Car tout nous sépare physiquement depuis que les cerveaux trempent dans ce tempo démagogique de leur développement métabolique et adoptent la facilité professionnelle de l’assouvissement surréel.
Le sacré c’est le rationnel.
Beaucoup d’amis sont venus non des nuages mais du clivage ontophage qui tranche à l’usage dans l’ange : le surcroît étrange des espaces si tu crées.
Non de l’objet, mais du lien .
Il y a eu la remontée d’un réflexe ancien.

J’ai un rêve de justice en métaphore quand les corps sont dans la honte défensive et tiennent à la brume ma plume. Je voudrais un banquet de voix sur une table de bois où, Nous l’humain, ouvririons une soupière de lave en ébullition pour y Voir l’équation de lumière qui assèche le nerf des instincts, des physiologies, et que logos et os retrouvent les spatialités que vous n’avez pu que tuer.


Il n’y a pas d’art sans honte.
La Parole est un arbre avec des jambes.

 

Ce sont des rapports de vitesses, et de stratégies de contrôles, de morts économiques qui frôlent. L’obsessionnel dit ce qu’il est. Il suffit de remonter son langage. La rétroaction étrange à qui étaye sa langue entre sensation, géométrie et action.
La prévoyance du Silence rend la note de son langage. Un maquillage sans liens fins. Un trait non ancré et un droit de tuer qui opère. Car le dire ne change rien.
Il y a une scission de moins en moins graduelle, un droit archaïque qui apparaît, en réalité, sous les livres de Lois qui ont brûlés déjà.
Car les grammaires blanchissent la violence dans les chairs. C’est la jouissance qui espère et confond, la nuance et la négation.
La pudeur et la responsabilité interdisent l’exemple concret tant la laideur agit et défait le lit des rivières, des amours et de la connaissance.
Tu veux une danse pour oublier.
Mais c’est pas mon métier.

 

Voragine Fosproy face Élodie Després pile 

(10 mars 2024 - 31 mars 2024 avec réminiscences sur 2023 et 2022)

Venez faire du saut à l’élastique, allez, sautez, traversez le grand vortex de la charcuterie désossante de l’idéologie de rentes / Courage
Venez faire du saut à l’élastique, allez, sautez, traversez le grand vortex de la charcuterie désossante de l’idéologie de rentes / Courage

Venez faire du saut à l’élastique, allez, sautez, traversez le grand vortex de la charcuterie désossante de l’idéologie de rentes / Courage

Gestion dopaminique et élimination économique chez les grands singes.

 

Tu possèdes tu n'es plus peau cédée

 

Ils attendent les subventions pour retrouver la Raison. Et dire l’abomination. La lettre du pouvoir est toujours en retard. Un revolving à bouches miroirs quand il est trop tard. Les morts c’est bien, ça rapporte, et ça n’engage à rien.
Remplissez vos dossiers d’occurrences prévisionnelles, d’enfants morts et pas chers, dans la déférence temporelle qui assure le retour sur investissement de l’ensilenciation.
Prolongez vos fictions d’exonérations de classes, raflez en masse par la disjonction dégueulasse de vos pensées de surfaces.

 

J’veux un tailleur, une raideur honnête
Une robe squelette
Besoin de symboliser ma racine carrée

Parce qu’ils me butent dans leur morale de putes snobes de littérature de libidinouze de fin de partouze.

 

Quand tu perçois les conséquences de Voix tu dois.

 

L’arbre c’est l’écorché aux terminaisons nerveuses ajourées
Clarté

Les fictionnaires d’état
C’est cet embourbé de l’art secondaire
Moi je suis postière

 

Faites-vous animaux du vrai
 

Vos fictions sur les fictions

Sont un champ de coton

Quand le jeu de domino aura tombé tous les os, nous n’aurons plus l’achoppement partiel des défenses qui suivent la vague immense des violences. La femme sera le même homme car la domination n’a pas de sexe, en réalité, mais un réflexe animalier de bouche sèche et serrée.


Réel répond
Il exprime l’ordre des intentions
Ce rebours où nous ne faisons plus l’amour
Les chansons meurent à la kommandanture

Il suffit d’une toute petite contrariété
au junky social de l’image érotophage,
pour qu’il tue et rembobine les heures d’usine.
Leur légèreté est une rapine, une superficialité d’inconséquence, une connerie d’aisance ignorante.
Avec le terme économique d’une projectivité dynamique dont il ne mesure absolument pas les conséquences, il y a même dans la crispation des solutions lyopholisées de mémoires industrielles qui gonflent au besoin, quand il faut annuler le soin, la voisine, l’enfant, des sexualités de vengeances, du symbolique exotique, un pauvre à baiser quelque part pour le soumettre à l’Espoir migratoire.


Il n’y a plus d’objets d’arts.

Ce qu’on est on ne le possède pas


Vous ne pouvez que tuer
Et décorer vos Voix de rafles séquentielles
validées par le fascisme déjà trop installé
du surréel, c’est à dire d’un rapport dupe
à la fiction
Moi je ne sais pas du tout
Je ne sais pas du tout comment
nous pouvons ne pas voir les sélections
du retard sous les ossements d’enfants .
L’obsessionnalité constitue dans ses complicités silencieuses l’émanation politique de la Perversion.
Le Grand Con des psychoses blanches
Et les raideurs faciales des directeurs de la morale
Le fric des putes qui détruisent les luttes en raflant la chance par la laideur d’adaptation de la solution finale et la négation virale.
La tumeur sociale.

Vous naviguez au cul des idées
Vous n’y êtes pas

Ce qui broie à l’achoppement des voix c’est la ligature instinctive et la morale pré abortive du discours, de la Kulture, du réflexe, cette rollflexe invisible des physiologies d’une démocratie de sujets malades.
Ma Voix était la maison et le cadre de l’image mouvement, l’usine de transcription et de création,
Mon corps caméra, chambre noire des bords et des triangulations de projets, la grange mon palais.
Qu’avez-vous fait dans cette étrange fiction du Monde ? Alors que je mesurais les ondes entre l’hôpital en ruine et le Silence de Pute qui nous ampute, qui nous sépare, ce brouillard.
J’ai travaillé et vous avez répété la destruction d’une programmation sociale très pâle. Quand l’homme m’a éliminée, la femelle a fui, j’ai vu les femmes nazies tuer la poésie. J’ai vu la libidinalité épouvantable des imaginaires insolvables trahir le vivant, dans des prises et reprises. Le cinéma c’est le pare-brise.
Vous m’avez appris à ne plus aimer. Ces dernières années. Et la structure rétroactive des sujets dérivés d’une bourgeoisie de l’idée, qui ne connaît pas son corps. Qui n’a pas bâti sa voix. Vous m’avez appris que vous voliez ce que vous ne comprenez pas . Et que l’argent dont vous ne manquez pas, représente l’étalon profond de vos physiologies de confort et d’ignorance. Vous m’avez appris la récurrence structurelle de la violence.

Peut-être battre un fléau de Temps
Sévèrement
Me privant
Pour vivre spontanément la vérité d'un Poème
Ce mouvement d'amour légal de chair transcendantale

Ajusté


Je voudrais tant retirer
Le gilet pare-balles
Qui me fait mal

 

Un féminisme sans Marxisme
ne constituera pas un progrès
pour l’humanité, il ne sera qu’un
phallicisme imitant le vide d’un
pouvoir archaïque qui, en plus
de ne rien changer, encouragera
tout à fait la disparition
de la féminité du monde.
Le Pouvoir est immonde
d’où qu’il vienne, mécanique
ancienne….

 

De toute façon  ça sent la crème d’anus autoritaire y’a une pulsométrique sonore qui catapulte des animaux morts, expédie par les yeux blancs collés sa temporalité arrière, l’intentionnalité forme des sauts négatifs dans une langue abortive avec diminution de propositions, et pédale tampon, et tuberculose de libidoze étalonnée à la sauce mortier, rapidité d’économie pure de kapo de la figure.
 

Réductiomètre

C’est-à-dire toi du jouir nerveux,
Tu crois au jeu de proie et au meurtre dodécaphonique  des images chronologiques
d’identification culturelle.
C’est-à-dire que vous tuez pas exprès quand vous détruisez les œuvres, l’enfant, la santé.
C’est-à-dire que l’image fascinante (fascinum) est un couteau démago, une bobinette de bête meurtrie, un turbo injection de négation implicitement autorisée par l’introjection d’une valeur sociale du sujet.
C’est une bascule de transaction nulle.
Un jet privé qui encule un nuage, ou bien percute des oies sauvages parce qu’il ne contrôle plus rien, en vrai. C’est ce qui est Exprimé.
Le meurtre est une soustraction réflexe d’espace.

Alors, dans les cartes de voix fragmentées par ensilenciations filées je remarque un relief depuis l’aéronef, une accélération de division sous le mode clivé de l’action, qui peine à ré-articuler sans tuer, comme si la dite structure ne parvenait pas à faire de choix harmonieux et devait dans sa croyance et sa physiologie trouver les conditions d’injections motrices qui passent par l’agressivité et la menace, l’exclusion coupable et défendue qui renvoie de fait au paradoxe de sa projectivité.
Comme s’il fallait que quelqu’un meure dans une rétroaction intentionnelle, sorte d’apriori sacrificiel.
Un conditionnement archaïque qui remonte et reprend un silence de honte quand le climat démonte l’ondulatoire  naturelle et qu’il faudrait trianguler dans de nouveaux herbiers.
L’arnaque du réflexe maniaque envahit l’estomac.

C’est-à-dire que j'aurais jamais pu réduire quelqu’un que j’aime à la spermaculture des figures, aux amours hors sol, fétichiser les sexes pistol, confondre le vivant avec le monde de connardoll de nos egos rock-n-roll.
J’ai jamais confondu une personne avec les modes sans fêlures de nos caricatures transitoires. J’ai jamais tué pour la gloire. J’aime les trajectoires qui niquent pas le sens. J’aime l’essence. La puissance des moteurs de voix. Ça m’a fait honte tous ces plans serrés. Ça m’a fait honte d’aimer sous des mâchoires rétractées. Ça ravage la liberté. Ensilence la beauté. C’est-à-dire ... que ... ça vous fait pas vomir les anus de cuir, les capitons de sac congélation de la création...?
Le cadavérisme de voix tout ça ... les doigts de fils à papa, le capitalisme de l’art, ça vous donne pas envie de déplacer les pierres, de foutre en l’air justement, ce doigt misérable de la révolution rentable, de pas reprendre nos morts à peine morts, tout ça, ça va pas, nan, ça va pas. À force on dirait des nécrologies nos vies. Nos vies de désordre établi.

Je trouve les gens brouillons dans la vie et raidissant leurs expressions pour faire croire qu’ils maîtrisent alors qu’ils détruisent comme des casses-noisettes les crânes entre leurs fesses.

Vous êtes où ?
T’es où ?
Dans la passoire à trous ?

Les souffrances sont étoufées ou réinterprétées parce qu’elles montrent.
Parce qu’elles obligent.
Parce qu’elles obligent la conscience,
et l’acte.
Parce qu’elles obligent à autre chose que l’acte économique.
Les souffrances sont les nouveaux sexes cachés d’un panorama spectaculaire, qui ne supporte pas de voir, sauf si ce voir rapporte le bénéfice d’une théâtralisation , d’une mémoire d’automatisation du geste,  d’une secondarisation, d’une mise à distance profitable,  d’une petite messe exonérant de l’action concrète. L’art est devenu l’exosquelette du politique. Sa charte graphique .
L’objet n’est plus d’actualité.

Vous avez cru ne pas croire et le monde s’est transformé en passoire.

Vous n’avez pas rendu vrai ce qui était possiblement vrai et élargissant.
Vous n’avez rien désiré.
Rien.

Quand dire ne change rien, voire pire,
il faut aller dans le bois des os, brûler les oripeaux d’objets qui figent l’œil, les objets de Voix, les voiles, les linceuls, faire Voix de seuil pour voir où ta sœur a fermé le cercueil d’ivoire, faire voix de seuil, mouvement, gond d’engendrement et saisir une nouvelle objectivité par-delà la projectivité générale qui recale, rétropédale, fait régresser les formes des potentiels d’informations Actuelles.
Cette entrave structurelle que peu à peu ils rejoignent quand tu soignes, quelque chose imite et éloigne.

 

Elle est dure comment ta vie, toi ?
Elle est dure dans l’air et la facture, dans le lien, elle est dure comme un camp de concentration invisible dans les données du sensible, elle est dure comme une frustration de confiture ou bien comme une révélation d’économie pure, elle est dure à quelle place ta vie , dans la honte jouie ou dans lave hérité, elle est dure dans le réel ou dans une culotte en dentelle, elle est dure dans ton corps présent ou dans l’identification au monde, est-ce que tu as un geste en toi, un mode d’acte qui soulage sans dents, est-ce que tu as un chant existentiel sans contrôle partiel ?

La sédation aux instincts, des fictions, les rafles réflexes, les placements, les meurtres du mouvement, les reprises, les satisfactions qui sadisent, le mode cathartique presque trop répété, le retour du débridage, et la texture de l’impossible, l’entrave des spatialités suaves où le donné rencontre le sujet sensible, la prolifération des irréversibles, la notion de choix qui apparaît bien basse, bien freluquette, un peu sans squelette, avec ses réservations, sa projectivité un peu démodée, sa petite honte à ensilencer, sa culpabilité qui ne résiste pas à la pronation d’un Objet partiel, orificiel.
Le rapide insipide, l’étalonnement morbide de l’inassenti.

Vous n’avez jamais essayé de rembobiner vos organes de prises instinctives pour lessiver les meurtres et voir l’économie sans brouillard ?
Avez-vous partagé le langage sans marquage d’obtention, de gain, avez-vous poussé en vous autre chose que des compositions culturelles de validation d’œil poudreux ?
Avez-vous cessé de tuer quand vous aimiez ?
Avez-vous dépassé les moires d’aprioris invasifs de sélections, avez -ous percé votre corps pour ne pas ressembler ?

Dans la chute du langage j’ai aimé le bois de chauffage et l’instant, dans le temps, du decrescendo, j’ai vu de Lacan l’enfant salaud,
la mère porteuse et l’homme clou, les structures toutes dures et les violes  psychiques des identifications magiques, les meurtres classiques.


L’Espèce
Je suis dans l’écologie du langage où vos mâchoires voyagent en rétropédalage, j’ai rendu les objets, mais la courbe de l’enfer a mordu l’angle de terre, c’est zombiland pour moi, j’ai pas les os aveugles, je ne vis pas dans les images de voix et la poudre à narines des distributeurs d’urine. L’homoengendrement ratisse et mange les formes, l’impossible physicalise son retour. Il n’y a presque plus de contre-jour . Je ne peux pas dire l’amour car cela n’est plus un sujet. C’est une vantardise en surjet, une surface bleue de chasse. Je n’ai pas le corps au jeu. Il est trop spongieux. Et tout a eu lieu.
Les cartes de voix ne me laissent  pas placide et combustible devant un génocide, je n’arrive pas à éjecter le réel hors cervelle, mon désir n’est pas structuré comme un empire. J’ai appris à mourir.
Et j’ai une immense capacité de retrait depuis que j’ai mesuré le rapport à l’Objet. Et je vois. Et je voix.
Le foutre voix des ondes, le tri, les culpabilités débordées qui achèvent les chevaux de la pensée.
Et les bambouseraies artificielles. Et les économies sacrificielles vendre la viande dans des culbutes de remboursement impossible de récits intangibles.
La vulgarité vibre.

Je trouve que la singularité n’est plus du tout du côté de la transgression.
Que le Politique est devenu transgression.
Et que la transgression ne frotte plus rien, ne déplace plus rien.
Une soupe de latences qui bout, de grumeaux d’images, d’arnaques, de vulgarités.

De toute façon la dictature financière
c’est un truc à structure prépubère …
C’est la valve du sphincter

A ce rythme de l’amore au rat, de l’indistinction,
que veux-tu qu’il reste des conditions de l’espèce et de l’éducation.

Alors mes puputes, on cahute entre la commandenture invisible de la main du futon convertible de l’idéologie transgressive et le collier de métaphores qui vend pas la Voix des morts ?
On chambre sa quille, on se maquille, on hésite entre l’anguille spéculaire des sanctuaires et la langue native téléportative ?


Vous voulez un petit coup de pied au cul, un tourbillon d’inconnu ?

 

Voilà je suis comme ça maintenant. A cause du monde liquide qui vide les corps. Sèche, verticale, anti-diversion, sans dispersion, grise, efficace, tutrice, pas baisante, pas fantaisiste, anti-flou, utile et militaire, tellement la chimère financiaro cathodique, libero-effractante, elle est doucement violente.

Voilà, faut tenir raide comme ça. Toute raide comme ça.

 

Voragine Fosproy face Élodie Després pile 

(10 mars 2024 - 31 mars 2024 avec réminiscences sur 2023 et 2022)

à l'aide d'une langue extrêmement sensible et sensuelle, poétique, le philosophe Jean-Philippe Pierron poursuit son exploration écobiographique (voir son précédent livre dans la collection Mondes Sauvages : "Je est un nous") pour révéler l'importance primordiale de gestes en apparence triviaux et anodins, ceux du jardinier, du paysan, de l'artisan, du cuisinier, mais aussi ceux du musicien, du danseur et de l'écrivain, dans l'élaboration concrète et quotidienne, profonde et le plus souvent tue, d'une manière d'être au monde révélatrice d'un souci, d'une attention portée au monde et aux vivants qui cohabitent avec nous.

à l'aide d'une langue extrêmement sensible et sensuelle, poétique, le philosophe Jean-Philippe Pierron poursuit son exploration écobiographique (voir son précédent livre dans la collection Mondes Sauvages : "Je est un nous") pour révéler l'importance primordiale de gestes en apparence triviaux et anodins, ceux du jardinier, du paysan, de l'artisan, du cuisinier, mais aussi ceux du musicien, du danseur et de l'écrivain, dans l'élaboration concrète et quotidienne, profonde et le plus souvent tue, d'une manière d'être au monde révélatrice d'un souci, d'une attention portée au monde et aux vivants qui cohabitent avec nous.

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Marlon Brando (1924-2004)

3 Avril 2024 , Rédigé par grossel Publié dans #pour toujours

article du 4/4/2010 réactualisé ce 3/4/2024

Marlon Brando

(1924-2004)

 

Blanche meets Stanley

dans Un Tramway nommé désir

(A Streetcar Named Desire)

d'Elia Kazan (1951)

trouble et sensualité: c'est bien le tramway nommé désir 

 

Marlon Brando et Mary Murphy

dans L'Équipée sauvage

(The wild one)

de Laslo Benedek (1953)

l'échange de sourires est magnifique de profondeur et de luminosité 

 
 
Terry (Marlon Brando) and Edie (Eva Marie Saint)
dans Sur les quais
(On the waterfront)
d'Elia Kazan (1954)
la scène du gant que ramasse Terry et dont il joue est une trouvaille inoubliable de l'acteur Marlon Brando
 
 
 
Marlon Brando et Anna Magnani
dans The fugitive King
de Sydney Lumet (1959)
 
Je mets en lien, deux articles : un sur Maria Schneider et Le dernier tango à Paris, l'autre sur Apocalypse now
 
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Billets de contrebande / Alain Cadéo

8 Mars 2024 , Rédigé par grossel Publié dans #JCG, #notes de lecture, #écriture, #éveil, #voyages, #vraie vie

2024 et 2018
2024 et 2018
2024 et 2018

2024 et 2018

Billets de contrebande (inédits)
Alain Cadéo
Editions La Trace, 2024

Plus de 300 pages de billets. Je n’ai pas compté le nombre de billets. Billets quotidiens ou presque. Comme l’ami Marcel Conche, Alain Cadéo ne fait qu’écrire. Irrépressible pulsion donnant Mots de contrebande, Billets de contrebande, récits, romans, pièces de théâtre. Il envoie ses billets à quelques amis qui font parfois retour. Ça s’appelle pisser dans un violon ou prêcher dans le désert. Comme s’il disait  : C’est gratuit, mon ami. Mon écriture, nécessaire, vitale pour moi, énergisante, électrifiante ne vise aucune utilité, surtout pas sociale, au mieux, amicale si toi, l’ami, tu veux bien recevoir ces billets que je te passe en contrebande.
Le mot contrebande fait écho à ce qu’a dit Le Clézio à Augustin, le 25 janvier 2024, sur son chemin niçois des contrebandiers. Être contrebandier demandait courage et résistance physique. Être contrebandier en littérature, dit-il, demande de recevoir ce qu’apporte la mer, images, personnages pour en faire nouvel usage, nouvelles histoires. Le contrebandier fait passer en douce, dans l’obscurité souvent, des produits illicites mais fort demandés, appréciés.
Alain Cadéo se dit passeur de mots, contrebandier de mots. Ces mots viennent d’ailleurs, vont vers ailleurs. L’ailleurs d’origine n’a pas de nom. L’ailleurs de destination n’a pas de nom. Du VERBE, titre du 1° billet, inentendable par les vivants, jaillissent des profusions-vibrations à foison, devenant à réception, paroles gelées, mots empaillés, livrés au papier d’imprimerie. Ces mots « humblement s’agenouillent et se taisent. »
Pour parler de ses cueillettes, fenaisons, moissons, vendanges, de ses grappillages, glanages, de ses traques, de ses affûts, de ses rapts, Alain Cadéo use de métaphores filées de grandes richesses. Métaphores visuelles, auditives, gustatives, olfactives, tactiles, cénesthésiques. On voit la scène, on entend bruissements et chants. On savoure les nectars. On hume les odeurs. Une véritable renaissance des sens. Que je préfère à L'insurrection des sens du philosophe Jean-Philippe Pierron (Actes-Sud).
Il est nomade, bohémien, trappeur, clown de cirque ambulant. Il est de toutes les latitudes et longitudes, des pôles à des îles luxuriantes, paradis introuvables, non-géolocalisables car naissant des mots sur la blanche page, sur sa table, auprès du poêle.
Cette présentation m’amène à soulever plusieurs paradoxes.
- L’auteur Alain Cadéo est de toute évidence, homme de grande culture. Quand il est traversé par des mots jaillis du VERBE, qu’il les reçoit en glaneur, en bohémien, est-il un passeur fidèle de la transmission ? Ce qui est frappant, c’est la richesse du vocabulaire. Je ne doute pas de l’inventivité, de la créativité du Verbe, du scripteur. Je ne doute pas non plus de la qualité d’oreille du récepteur, de sa capacité à être au bon endroit, au bon moment pour des saisies vertigineuses et des partages savoureux où les poches trouées du bohémien se remplissent et se vident des cailloux du guet-apens. Mais paradoxe, l’auteur a sa part dans ce jeu de passage et de partage. Elle est sans doute plus importante qu’une simple capture et restitution.
- Le second paradoxe a trait au scripteur, à la puissance du VERBE. Infini potentiel s’actualisant et se dégradant en infini actuel par la parole indéfinie (incommensurable mais non infinie) des hommes. Le VERBE comme source, jaillissement, potentiel est inentendable. Il est SILENCE parce que PUISSANCE. Les hommes par la parole, leurs mots enfilés comme perles, tentent d’entendre, veulent capter la Source, la reconnaître, la con-naître, la comprendre alors que l’attitude humble (d’humus) consisterait à se taire. Or, paradoxe, Alain Cadéo qui sait, sent cela du plus profond de son âme, la nécessité de SE TAIRE car capter le Silence est vol et pas envol mais chute d’Icare, écrit chaque jour son billet de contrebande.
- La capture quotidienne, dis-je est vol, non envol, chute d’Icare. Cela veut-il signaler l’hubris, l’orgueil de l’écrivain ? Que nenni ! La pulsion d’écrire, de dire n’est pas que le propre de l’écrivain Alain Cadéo. Quiconque avec ses moyens, son histoire, son héritage, ses limites  se pose quelques questions inessentielles : D’où venons-nous? Où allons-nous ? La vie a -t-elle un sens ? Est-elle absurde ? Qui suis-je ? Inessentielles parce que sans réponses ! Mais aiguillons de nos vies, de nos corps et culs plombés, de nos cerveaux et esprits disponibles, de nos âmes et coeurs secs. Alain n’a pas de mots assez durs pour stigmatiser nos petitesses d’adultes rabat-joie. Comme il n’a pas assez d’images aériennes pour nous relever, d’images terriennes pour nous ramener au ras du sol et ainsi nous faire retrouver le goût de l’enfance, la magie de nos jeux d‘enfant solitaire ou en bande où l’imagination avait tout pouvoir de faire danser les comptines de mots et chanter les graviers d’écorchures.

 

à l'aide d'une langue extrêmement sensible et sensuelle, poétique, le philosophe Jean-Philippe Pierron poursuit son exploration écobiographique (voir son précédent livre dans la collection Mondes Sauvages : "Je est un nous") pour révéler l'importance primordiale de gestes en apparence triviaux et anodins, ceux du jardinier, du paysan, de l'artisan, du cuisinier, mais aussi ceux du musicien, du danseur et de l'écrivain, dans l'élaboration concrète et quotidienne, profonde et le plus souvent tue, d'une manière d'être au monde révélatrice d'un souci, d'une attention portée au monde et aux vivants qui cohabitent avec nous.

à l'aide d'une langue extrêmement sensible et sensuelle, poétique, le philosophe Jean-Philippe Pierron poursuit son exploration écobiographique (voir son précédent livre dans la collection Mondes Sauvages : "Je est un nous") pour révéler l'importance primordiale de gestes en apparence triviaux et anodins, ceux du jardinier, du paysan, de l'artisan, du cuisinier, mais aussi ceux du musicien, du danseur et de l'écrivain, dans l'élaboration concrète et quotidienne, profonde et le plus souvent tue, d'une manière d'être au monde révélatrice d'un souci, d'une attention portée au monde et aux vivants qui cohabitent avec nous.

un billet

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note passée en douce à l'auteur des billets de contrebande
Les billets d'Alain Cadéo
paradoxal peut-être d'adresser sa note de lecture
non à d'autres possibles lecteurs pour leur donner envie, partager notre bonheur
mais à l'auteur
non pour lui dire nos ressentis, réflexions à la suite de sa lecture
mais pour lui tendre un miroir rond, son miroir à alouettes
toi l'auteur d'une oeuvre au noir, toi si peu au parfum de ce qui te pousse ou t'aspire quand tu écris ton billet, poussé, siphonné  par tu ne sais quelle pulsion
(enfin si)
elle est née, a surgi, à 7 ans quand posant simplement, bêtement, un miroir rond sur la table du jardin, tu as vu le ciel à l'envers, le reflet du ciel, d'un morceau de ciel dans ce miroir rond
et là, VERTIGE
tout reflet nous oblige à casser la pensée écris-tu, page 84 dans Si j'ai gaspillé mon énergie ...
le fils de paysan Marcel Conche est devenu philosophe quand, âgé de 7 ans, voyant le tournant sur la route de Beaulieu, il s'est demandé qu'y a-t-il après le tournant ?
cela l'a animé pendant 100 ans
toi, tu as été saisi de vertige
je ne peux pas ne pas penser un peu à la caverne de Platon : ce que les hommes enchaînés prennent pour des réalités et qui ne sont qu'ombres, reflets
mais c'est appauvrir ce qui s'est offert à toi, gamin : dehors, dans un jardin qu'on entretient, un ciel que tu vois quand tu lèves la tête, bleu ou nuageux, un soleil brillant ou pâle, des oiseaux qui volent, se posent, chantent sur les branches, des insectes bourdonnant, les parfums des magnolias et autres fleurs sans pourquoi comme dit Silésius de la rose, la terre qui colle aux sabots, un dehors à la fois limité par le clos et ouvert dans toutes les directions, appréhendable par tous tes sens
et le reflet du ciel, le reflet changeant d'un morceau de ciel en mouvement lent, reflet silencieux
puissant, dynamisant rappel du Silence dont tes billets sont des fragments, des débris, fort bien écrits mais si peu par rapport à la plénitude du Silence, du Verbe-mère, du Savoir, de l'Absolu, du Parfait
Souffle sacré dont toi l'intuitif, l'enfant dont on disait, il a la science infuse, tu as accepté qu'il soit ton moteur de grand désir, pour une quête de possible Béatitude sur fond d'inquiétude, d'incertitude
.
Chaque lecteur fera l'usage qu'il pourra de tes billets.
La citation du bandeau se trouve page 69.
---------------------------------------------
les inédits billets de contrebande seront présents sur le stand des Cahiers de l'Égaré à la 10° Fête du Livre d'Hyères, les 4 et 5 mai 2024, avec Arsenic et Eczéma (théâtre), M. (récit), avant parution en septembre d'une réédition du récit Le ciel au ventre, publié il y a plus de 30 ans et épuisé depuis longtemps

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# balance ton pygmalion Judith Godrèche

24 Février 2024 , Rédigé par grossel Publié dans #Emmanuelle Arsan, #FINS DE PARTIES, #SEL, #agoras, #développement personnel, #engagement, #essais, #histoire, #psychanalyse, #vraie vie, #écriture, #éveil

49° symphonie cacaphonique aux Césars 2024: beaucoup de césarisés centrés sur des remerciements de famille ou sur leur nombril avec palmes et palmiers, exception de 3 interventions d'étrangères évoquant Assange, Navalny, Gaza, et à mots couverts l'Ukraine; bien sûr Judith s'est exprimée mais disant fortement au milieu : je ne vous entends pas;

photographie d'un milieu trop convaincu sans doute de sa mission de pont entre comme a dit Golshifteh, manquant peut-être d'humilité, chemin vers l'humanité ; de l'humus à l'humain

Judith : des paroles fortes, vraies, des appels à agir sur soi, sur le monde, dans le monde

et lenteur du changement;

ce qu'on croit des lames de fond ne sont que vaguelettes de surface

c'est donc que ça freine de tous les côtés, hommes, femmes, sociétés, politiques, artistes... parce que c'est si ancré dans la nature humaine, que ce n'est pas qu'une construction culturelle et sociétale

ce qui semblerait devoir aller de soi ne va pas du tout de soi

d'où ma conviction-pratique, ne pas vouloir en priorité que le monde change mais me regarder dans le miroir et me mettre en jeu quand de tels faits sociaux globaux se déclenchent et renvoient à chacun une image de ce qu'il croit être, qu'il est à l'instant T; travailler sur soi et pas commenter ou récupérer

par exemple, la faute que constitue ma liste de 1998, 100 livres pour la vie qui ne comprenait que des hommes

par exemple, la mise à mort, façon matador, d'une pulsion sexuelle et d'un sentiment d'amour parce qu'un OUI n'a pas été dit clairement (voir en bas de cet article Métamorphosis et Kosmorgasmik)

et last but not least, sans doute inaudible

si du # balance ton pygmalion,
tu passais au # pardonne à ton pygmalion et pardonne-toi
quant à toi l'agresseur, reconnais tes abus, tes violences,
demande pardon à tes victimes, paie le prix de la justice et pardonne-toi
l'affaire Depardieu, fait social global selon la définition de Marcel Mauss / metoo a démarré en octobre 2017 avec l'affaire Weinstein / Depardieu a été laché en quelques mois / Kevin Spacey a été blanchi de toutes les accusations qui lui ont coûté sa carrière, tant aux USA qu'en GB / attendons que les plaintes contre Depardieu soient jugées et que la plainte de Judith Godrèche contre Benoît Jacquot soit jugée

l'affaire Depardieu, fait social global selon la définition de Marcel Mauss / metoo a démarré en octobre 2017 avec l'affaire Weinstein / Depardieu a été laché en quelques mois / Kevin Spacey a été blanchi de toutes les accusations qui lui ont coûté sa carrière, tant aux USA qu'en GB / attendons que les plaintes contre Depardieu soient jugées et que la plainte de Judith Godrèche contre Benoît Jacquot soit jugée

Judith Godrèche aux Césars 2024
Judith Godrèche aux Césars 2024

Judith Godrèche aux Césars 2024

"C’est compliqué de me retrouver devant vous tous ce soir.
Vous êtes si nombreux.
Mais, dans le fond, j’imagine qu’il fallait que ça arrive.
Nos visages face à face, les yeux dans les yeux.
Beaucoup d’entre vous m’ont vue grandir.
C’est impressionnant, ça marque.
Dans le fond, je n’ai rien connu d’autre que le cinéma.
Alors, pour me rassurer, en chemin, je me suis inventé une petite berceuse.
«Mes bras serrés, c’est vous, toutes les petites filles dans le silence,
Mon cou, ma nuque penchée, c’est vous, tous les enfants dans le silence,
Mes jambes bancales, c’est vous, les jeunes hommes qui n’ont pas pu se défendre.
Ma bouche tremblante mais qui sourit aussi, c’est vous, mes sœurs inconnues.»
Après tout, moi aussi, je suis une foule.
Un foule face à vous.
Une foule qui vous regarde dans les yeux ce soir.
C’est un drôle de moment pour nous, non ?
Une revenante des Amériques vient donner des coups de pied dans la porte blindée.
Qui l’eût cru ?
Depuis quelque temps, la parole se délie, l’image de nos pères idéalisés s’écorche, le pouvoir semble presque tanguer, serait il possible que nous puissions regarder la vérité en face ?
Prendre nos responsabilités ? Etre les acteurs, les actrices d’un univers qui se remet en question ?
Depuis quelque temps, je parle, je parle, mais je ne vous entends pas, ou à peine. Où êtes-vous ? Que dites-vous ? Un chuchotement. Un demi-mot.
«Ça serait déjà ça», dit le Petit Chaperon rouge.
Je sais que ça fait peur.
Perdre des subventions.
Perdre des rôles.
Perdre son travail.
Moi aussi.
Moi aussi, j’ai peur.
J’ai arrêté l’école à 15 ans, j’ai pas le bac, rien.
Ça serait compliqué d’être blacklistée de tout.
Ça serait pas drôle.
Errer dans les rues de Paris dans mon costume de hamster.
Me rêvant une Icon of French cinema…
Dans ma rébellion, je pensais à ces termes qu’on utilise sur un plateau. Silence.
Moteur demandé.
Ça fait maintenant trente ans que le silence est mon moteur.
J’imagine pourtant l’incroyable mélodie que nous pourrions composer ensemble.
Faite de vérité.
Ça ne ferait pas si mal. Je vous promet.
Juste une égratignure sur la carcasse de notre curieuse famille.
C’est tellement rien comparé à un coup de poing dans le nez.
A une enfant prise d’assaut comme une ville assiégée par un adulte tout-puissant, sous le regard silencieux d’une équipe.
A un réalisateur qui, tout en chuchotant, m’entraîne sur son lit sous prétexte de devoir
comprendre qui je suis vraiment.
C’est tellement rien comparé à 45 prises, avec deux mains dégueulasses sur mes seins de 15 ans.
Le cinéma est fait de notre désir de vérité.
Les films nous regardent autant que nous les regardons.
Il est également fait de notre besoin d’humanité. Non ?
Alors, pourquoi ?
Pourquoi accepter que cet art que nous aimons tant, cet art qui nous lie soit utilisé comme une couverture pour un trafic illicite de jeunes filles ?
Parce que vous savez que cette solitude, c’est la mienne mais également celle de milliers dans notre société.
Elle est entre vos mains.
Nous sommes sur le devant de la scène.
A l’aube d’un jour nouveau.
Nous pouvons décider que des hommes accusés de viol ne puissent pas faire la pluie et le beau temps dans le cinéma.
Ça, ça donne le ton, comme on dit.
On ne peut pas ignorer la vérité parce qu’il ne s’agit pas de notre enfant, de notre fils, notre fille.
On ne peut pas être a un tel niveau d’impunité, de déni et de privilège qui fait que la morale nous passe par-dessus la tête.
Nous devons donner l’exemple.
Nous aussi.
Ne croyez pas que je vous parle de mon passé, de mon passé qui ne passe pas.
Mon passé, c’est aussi le présent des deux mille personnes qui m’ont envoyé leur témoignage en quatre jours… C’est aussi l’avenir de tous ceux qui n’ont pas encore eu la force de devenir leur propre témoin.
Vous savez, pour se croire, faut-il encore être cru.
Le monde nous regarde, nous voyageons avec nos films, nous avons la chance d’être dans un pays où il paraît que la liberté existe.
Alors, avec la même force morale que nous utilisons pour créer,
Ayons le courage de dire tout haut ce que nous savons tout bas.
N’incarnons pas des héroïnes à l’écran, pour nous retrouver cachées dans les bois dans la vraie vie ; n’incarnons pas des héros révolutionnaires ou humanistes, pour nous lever le matin en sachant qu’un réalisateur a abusé une jeune actrice, et ne rien dire.
Merci de m’avoir donné la possibilité de mettre ma cape ce soir et de vous envahir un peu.
Il faut se méfier des petites filles.
Elles touchent le fond de la piscine, se cognent, se blessent, mais rebondissent.
Les petites filles sont des punks qui reviennent déguisées en hamster.
Et, pour rêver à une possible révolution,
Elles aiment se repasser ce dialogue de Céline et Julie vont en bateau :
Céline. «Il était une fois.
Julie. — Il était deux fois. Il était trois fois.
Céline. — Il était que, cette fois, ça ne se passera pas comme ça, pas comme les autres fois.»
Judith Godrèche lors de la 49° cérémonie des Césars
# balance ton pygmalion Judith Godrèche
 
Par Valentine Oberti et Lénaïg Bredoux sur Médiapart
Godrèche ou la prophétie autoréalisatrice

« Je parle, je parle, mais je ne vous entends pas, ou à peine », a lancé Judith Godrèche lors de la cérémonie des César, où elle venait prendre la parole au sujet des violences sexuelles dans le monde du cinéma.  

Elle ne croyait pas si bien dire. 

Six minutes durant, elle a interpellé le monde du cinéma sur ses dérives et sa complaisance à l’égard des agresseurs. Dénoncé un système qui les protège. Demandé à ce qu’on en finisse. 

Bien sûr, elle a été applaudie. Elle a même eu droit à une standing ovation de la salle. « Mais après sa parole, le silence a semblé s’installer à nouveau, (…) la cérémonie a continué son chemin, comme si de rien n’était », écrivent Marine Turchi et Zeina Kovacs dans leur reportage. 

Il y a bien eu des paroles. Sur la guerre à Gaza, la crise agricole, le climat. Mais une fois encore, le monde du cinéma a démontré, par ce silence quasi-total, son incapacité à affronter ses turpitudes. 
Certes, on peut se réjouir de la place inédite – facile, puisqu’on ne partait de rien – laissée à la question des violences sexuelles dans une telle cérémonie. Mais il reste encore tant à faire qu’il est difficile de s’en contenter.
l'affaire Depardieu, fait social global selon la définition de Marcel Mauss / metoo a démarré en octobre 2017 avec l'affaire Weinstein / Depardieu a été laché en quelques mois / Kevin Spacey a été blanchi de toutes les accusations qui lui ont coûté sa carrière, tant aux USA qu'en GB / attendons que les plaintes contre Depardieu soient jugées et que la plainte de Judith Godrèche contre Benoît Jacquot soit jugée

l'affaire Depardieu, fait social global selon la définition de Marcel Mauss / metoo a démarré en octobre 2017 avec l'affaire Weinstein / Depardieu a été laché en quelques mois / Kevin Spacey a été blanchi de toutes les accusations qui lui ont coûté sa carrière, tant aux USA qu'en GB / attendons que les plaintes contre Depardieu soient jugées et que la plainte de Judith Godrèche contre Benoît Jacquot soit jugée

entrons dans le vif d'une polémique en lien sans doute avec un basculement lent, inexorable, nécessaire de modes, de mondes et de comportements tant individuels que collectifs
ce qu'on appelle un fait social total selon Emile Durkheim et Marcel Mauss
d'abord la série d'Arte visible jusqu'au 20/6/2024 où Judith Godrèche ressaisit son histoire par la fiction, une auto-fiction prenante, retenue quant à l'évocation de l'emprise traumatique, non vécue comme telle, décomplexée quant au lexique sur le sexe
(si on pose que les mots employés induisent les comportements => je n'aimerais pas "baiser" avec une partenaire ayant ce vocabulaire),
drôle aussi, foisonnante par les pistes non exploitées (sur la drague par un black en grande surface, sur les passions du producteur de cinéma, sur les effets d'une île sur les corps), série où se posent à elle des questions sans réponses encore
je lui dis : continuez à creuser ces chemins du consentement (la zone grise en particulier) et changez de mots, ceux de la psychanalyse ne me semblent plus correspondre aujourd'hui à ce qui est nécessaire à la pacification du vécu de l'enfance (du père, de la mère, la sienne, celle de sa fille)
je donne ensuite une série de liens, intéressants, contributions de femmes
puis me plaçant du côté ambigu de Jeanne-Claude Grosse, je donne la parole à la part masculine, yang et à la part féminine, yin de chacun de nous
hier après-midi et soirée, mercredi 21 février 2024, goûter de retrouvailles à 7,
3 comédiennes, la cinquantaine passée, 2 techniciens du spectacle, même génération, une jeune fille et un pépé, soit 4 générations
6 heures d'échanges, drôles (beaucoup d'humour, de rires), de souvenirs, joyeux ou nostalgiques, de choses qui sortent (de quoi gerber), de discussion sur ce qui se passe dans les milieux du cinéma, du théâtre, du sport
on parle longuement de Lévi-Strauss, de la prohibition universelle de l'inceste, permettant de passer de l'endogamie à l'exogamie, de la nature à la culture ; je fais remarquer que la réponse mâle à ce tabou est la pratique universelle du viol puis avec Françoise Héritier que l'assujettissement des femmes par les mâles est dû à ce qu'elles font les fils dont les mâles ont besoin pour perpétuer leur domination
on évoque longuement le micro-chimérisme foetal-maternel
voici donc un article de mars 2022 que je complèterai avec ma note de lecture sur un livre majeur : Les cellules buissonnières
 Des hommes justes Du patriarcat aux nouvelles masculinités Ivan Jablonka  Comment empêcher les hommes de bafouer les droits des femmes ? En matière d’égalité entre les sexes, qu’est-ce qu’un « mec bien » ? Il est urgent aujourd’hui de définir une morale du masculin pour toutes les sphères sociales : famille, entreprise, religion, politique, ville, sexualité, langage. Parce que la justice de genre est l’une des conditions de la démocratie, nous avons besoin d’inventer de nouvelles masculinités : des hommes égalitaires, en rupture avec le patriarcat, épris de respect plus que de pouvoir. Juste des hommes, mais des hommes justes.

Des hommes justes Du patriarcat aux nouvelles masculinités Ivan Jablonka Comment empêcher les hommes de bafouer les droits des femmes ? En matière d’égalité entre les sexes, qu’est-ce qu’un « mec bien » ? Il est urgent aujourd’hui de définir une morale du masculin pour toutes les sphères sociales : famille, entreprise, religion, politique, ville, sexualité, langage. Parce que la justice de genre est l’une des conditions de la démocratie, nous avons besoin d’inventer de nouvelles masculinités : des hommes égalitaires, en rupture avec le patriarcat, épris de respect plus que de pouvoir. Juste des hommes, mais des hommes justes.

Des hommes justes
Du patriarcat aux nouvelles masculinités

Comment empêcher les hommes de bafouer les droits des femmes ? En matière d’égalité entre les sexes, qu’est-ce qu’un « mec bien » ? Il est urgent aujourd’hui de définir une morale du masculin pour toutes les sphères sociales : famille, entreprise, religion, politique, ville, sexualité, langage. Parce que la justice de genre est l’une des conditions de la démocratie, nous avons besoin d’inventer de nouvelles masculinités : des hommes égalitaires, en rupture avec le patriarcat, épris de respect plus que de pouvoir. Juste des hommes, mais des hommes justes.

Une autre voie, une autre voix que la voie-voix d'Ivan Jablonka
 
De Emmanuel Pampuri (sur une page privée FB)
A l’âge ou la prise de conscience du désir sexuel apparaît chez la plupart des humains j’ai pris un chemin de traverse, j'ai compris que je ne serai pas un homme "comme les autres".
J’étais certes né dans un corps d’homme mais je ne me reconnaissais pas dans la posture masculine qui m’était proposée voir imposée par la société. J’ai pris conscience de ma polarité féminine et de ma facilité à accueillir celle ci.
Ça a toujours été plus facile pour moi d’être en compagnie des femmes.
J’avais clairement peur de mon yang, peur d’être de ces hommes caricaturaux proposés par le modèle patriarcal. Peur d’être un être violent, un abuser, un violeur, un agresseur, un prédateur ...
L’injonction de virilité m’a toujours emmerdé. J’ai préféré explorer mon yin et mettre de côté mon yang pendant des années. Paradoxalement j’ai grandi avec cette idée très binaire que masculin = force et féminin = douceur. Je me suis perdu pendant des années dans le rôle du sauveur. Ce chevalier blanc prêt à tout pour protéger les femmes de leurs éventuels agresseurs. Montrant le contre exemple, j’envoyais un message clair “aime moi car je suis différent et moi, je ne te ferai pas de mal” j’ai pris conscience que ce rôle du sauveur était d’une perversion ignoble. En proposant ça j’achetais leur amour. Quel amour ? Le sauveur que j’étais venait quémander l’amour de l’autre pour combler le déficit de l’amour de moi. Des fois ça a fonctionné mais que fait la femme une fois sauvée ? Elle se barre …
J’ai été rejeté par des femmes qui me reprochaient mon manque de virilité, qui me disaient qu’elles avaient besoin de se sentir en sécurité avec un mâle qui « pose se couilles sur la table »
J’ai été aussi raillé, humilié par des femmes qui me disait qu’elles ne pourraient pas prendre leur pied avec moi si je ne les maltraitaient pas un peu. J’ai eu des partenaires qui m’ont demandé de leur faire mal, je suis parti en courant.
Dans ma posture de victime je me suis réfugié dans la nourriture, je suis devenu addict à la bouffe, faisant des crises de boulimie, j’ai été violent avec mon corps, je me suis infligé des punissions, jusqu’a me dégouter de moi même et à me faire engueuler par les médecins qui me disent depuis 30 ans que je vais mourir si je ne fais pas quelque chose pour mon poids.
J’ai aussi subit des chantage, ignoble « si tu ne perds pas 10kg tu ne me touche plus » privé de sexe, le sexe comme récompense, l’amour au conditionnel.
Je n’en veux pas à ces femmes, je ne suis pas en train de me plaindre, j’assume la pleine responsabilité de mes choix mêmes s’ils étaient inconscients.
Aujourd’hui je remercie ces femmes qui ont croisé ma route et qui m’ont aussi permis de devenir l’homme que je suis.
Comme beaucoup de jeunes hommes j’ai été éjaculateur précoce. Drôle de formule inventée par notre monde, comme si c’était une maladie. J’ai compris avec le temps que j’étais juste tellement branché sur l’intensité de mes émotions que je ne pouvais pas retenir cette explosion de plaisir. J’ai pourtant vécu ça comme un handicap, j’avais peur à chaque nouveau rapport sexuel de ne pas tenir assez longtemps pour donner du plaisir.
Cette faiblesse est devenue une force, je me suis intéressé aux secrets de l’orgasme féminin, j’ai développé une vraie passion pour le sexe oral et les caresses.
J’ai appris à donner du plaisir avec autre chose que mon sexe. J’ai compris que l’obligation de faire l’amour en respectant le protocole imposé préliminaire / pénétration / éjaculation ne me convenait pas et que je pouvais faire l’amour autrement.
Dans ma sexualité j’ai été aussi explorer le “toujours plus loin, toujours plus fort”, car à chaque fois j’avais une sensation qu’il me manquait quelque chose. Depuis la puberté j’avais cette croyance que la sexualité devait être sacrée.
J’ai eu la chance d’avoir été initié à d’autres formes de sexualité et le Tantra m’a ouvert à ce que l’on appelle justement « la sexualité sacrée ».
J’ai découvert récemment que la douceur n’étais pas l’exclusivité du féminin. Le masculin peut être doux. Je suis un être humain de sexe masculin qui revendique le droit à la douceur et qui refuse l’injonction à la virilité abusive.
Aujourd’hui je suis fier de témoigner mon parcours car je me sens invité à le faire. Mes frères viennent vers moi et me font des retours incroyables en me disant que ma façon d’être fait de moi un guide, un homme inspirant. J’ai eu peur de ça aussi peur d’être orgueilleux et prétentieux, mais je ressens un appel, il est peut être grand temps de me pardonner, de me féliciter pour mon parcours et d’assumer ma puissance. La puissance masculine n’a rien à voir avec l’injonction « soit fort mon fils »
C’est tout autre chose, j’ai appris à aimer ma verticalité, je cultive mon enracinement, ma connection avec la terre mère et avec ce qui est en haut.
C’est quoi être un Homme aujourd’hui ? comment incarner le masculin dans un monde ou les femmes nous accusent d’être la cause de tous leurs soucis ?
Oui le patriarcat est un parasite et nous devons passer à autre chose. Mais les femmes aussi en sont responsable: Je pense qu’il n’y a aucune guerre à mener, mais plutôt des solutions à trouver ensemble dans la fraternité et dans l’amour, pour proposer une autre façon d’être Masculin.
Aujourd’hui les hommes sont paumés, désorientés, ils ont peur et vu que nous sommes incapables de nous montrer vulnérables entre nous c’est encore plus compliqué.
Je propose la création d’un manifeste pour un masculin nouveau. Une sorte de charte éthique responsable et engageante qui soit une force de proposition à tout nos frères qui sont en perte de repère.
Nous avons besoin de nous unir, dans la fraternité. Sans être dans la compétition avec les femmes qui ont su magnifiquement entrer dans la sororité pour récupérer leur puissance. Merci à elle de m’inspirer 🙏🏻
Si toi aussi tu ne te reconnais pas dans cette caricature du masculin qui est proposée par la société peut être que nous pouvons nous prendre par la main et dans un élan du coeur, apprendre à grandir ensemble pour créer un référentiel d’un masculin nouveau, profond, bienveillant et doux.
Vive les hommes nouveaux
# balance ton pygmalion Judith Godrèche
# balance ton pygmalion Judith Godrèche

Une autre voie, une autre voix que la voie-voix d'Ivan Jablonka

(Paroles de Femme-F'âme)

Dans ce jeu pervers, où j’ai été entraînée, très jeune, j’ai choisi la conduite des dominants, avec mes atouts de femme. J’ai brimé le féminin en moi et donné beaucoup de place à mon masculin. J’ai séduit les hommes et adopté l’attitude de la préhension envers les hommes mais aussi envers mon propre féminin que je n’ai pas écouté. Je suis devenue victime et bourreau de moi même. A présent, je demande pardon, je ne veux plus survivre de mes blessures passées. Je suis prête à t’écouter, à t’aimer, à exprimer ce que je ressens et à vivre la joie de l’être. J’ai confiance en ton écoute, j’ai foi dans nos actes. Je demande pardon aux femmes, à la femme que j’ai reniée en moi, je demande pardon au féminin sacré que je n’ai pas honoré à travers ma conduite, je demande pardon aux hommes que j’ai essayé de dominer pour me venger, je demande pardon au masculin sacré que j’ai castré du plaisir de me rencontrer vraiment. A présent je te dis où je ressens tes gestes trop intrusifs et où ils sont bons pour moi. Je t’accueille tel que tu es, sans attente, sans volonté. C’est cet Amour qui m’apprend à être, élève mon esprit et rejoint mon âme.

A chaque Lune
je sens ma force et ma fragilité.
La puissance de ce cycle.
La fragilité due au sang qui s’écoule, sort du corps.
La porosité au monde,
mon humeur sensible.
La force du sang qui nettoie, l’amour du don.

A chaque Lune
je ressens le besoin de Nature, de méditation,
d’écoute intérieure.
Qu’est-ce qui part ?
Qu’est-ce qui vient ?

Les enseignements de Lune
avec l’âge sont plus précis et impératifs.

A chaque Lune
donner à voir ce qui ne se voit pas. Laisser couler ce qu’on ne veut pas voir. Et transmettre la fécondité du cycle
à la Terre.
Nourrir par la sensibilité aiguisée, l’empathie.
Faire fondre la surface
et être, respirer dans la trame du Lien.

C’est de cette richesse intérieure que naît mon art,
je me rends disponible à lui pour mieux l’incarner.

En art ce qui est le plus difficile, selon moi, c’est d’être simple. Pour l’être, je dois passer par des états multiples, me rencontrer sous différentes formes, me regarder dans différents miroirs et tout à coup, quelque chose est là. Je ne sais jamais combien de temps ça va durer sauf quand il y a un cadre avec restitution-exposition. C’est là que j’ai découvert que finalement je pouvais tout le temps être, être tout simplement, donner à voir matières et formes à un instant donné. Tout en restant dans mes complexités de regards, quelque chose peut naître, que j’extrais de moi pour faire œuvre.

J’aime toujours ce jeu de l’attente, comme de celle d’un enfant sauf que je ne sais pas de quelle espèce je suis enceinte, combien de temps va durer la gestation. Comment je vais être transformée, métamorphosée... Sentir le déclenchement naturel de l’accouchement, c’est vraiment merveilleux, addictif, puis vient la jouissance de la naissance.

C’est parce que je suis surprise que je sens que la création est là. Et c’est infini... Il y a toujours du malaise, du bonheur, des chutes, des envols. Des attachements, des silences, des invitations.

Un ami me demandait si je ne cherchais pas ces zones obscures pour créer finalement, comme une fouineuse de personnages peu recommandables afin de me sauver moi- même par mes plus beaux poèmes... Ça me dérangeait qu’il pense cela, même s’il y a surprise, c’est quand même toujours vexant de se faire attraper en pleine masturbation alors que vous pensiez être deux à jouer !

Puis j’ai accepté ces rencontres avec ceux qui servaient le mieux mes personnages pour plonger avec eux dans les aventures sinueuses, romantiques, extatiques, froides... Au fur et à mesure c’est devenu comme un jeu, de trouvailles en trouvailles, je me suis rendue compte que j’étais toujours merveilleusement servie par ces miroirs tendus par la vie. J’ai appris à être plus fine, à reconnaître ceux avec lesquels je vibrais le plus, et ce jeu m’a amené à m’aimer encore d’avantage, jusque dans mes failles les plus obscures, la séductrice, la papillonne, la guerrière, la chieuse, ouf et aussi la dictatrice et évidemment la blessée en souffrance... Je crois que sur ce chemin, j’apprends à être détachée tout en gardant cet élan vers l’autre. Ce sentiment que tout est plus beau car je t’ai aperçu ne serait ce qu’un instant furtif et que dans cet iris nous étions deux et un en même temps.

Après 28 jours de confinement, le 13 avril 2020. Aïdée Bernard

Et ton livre d'éternité ?  pages 222-224

À la sortie d'une messe funéraire, une musique retentit et un homme se met à danser, comme s'il étreignait une partenaire invisible.

À la sortie d'une messe funéraire, une musique retentit et un homme se met à danser, comme s'il étreignait une partenaire invisible.

Et si du # balance ton pygmalion,
tu passais au # pardonne à ton pygmalion et pardonne-toi
 
En Inde, on enseigne ; " Les quatre lois de la spiritualité ".
La première dit : " La personne qui arrive est la bonne personne ", c'est-à-dire personne n'entre dans notre vie par hasard, toutes les personnes autour de nous, toutes celles qui interagissent avec nous, sont là pour une raison, pour nous apprendre et progresser dans toutes les situations.
La deuxième loi dit : " Ce qui s’est passé est la seule chose qui aurait pu arriver." rien, mais rien, absolument rien de ce qui s’est passé dans notre vie n’aurait pu être autrement. Même le plus petit détail. Il n'y a pas de " Si j'avais fait ce qui s’était passé autrement ..." Non. Ce qui s'est passé était la seule chose qui aurait pu arriver, et c'est comme ça que nous apprenons la leçon et que nous allons de l'avant. Chacune des situations qui se produisent dans notre vie est l'idéal, même si notre esprit et notre ego sont réticents et non disposés à l'accepter.
La troisième dit : " Le moment où c'est le moment est le bon moment :" Tout commence au bon moment, pas avant ni plus tard. Quand nous sommes prêts à commencer quelque chose de nouveau dans notre vie, c'est alors qu'il aura lieu.
La quatrième et dernière : " Quand quelque chose se termine, c'est fini. " C'est ça. Si quelque chose est terminé dans notre vie, c'est pour notre évolution, donc il est préférable de le laisser, aller de l'avant et continuer désormais enrichis par l'expérience.
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L'Intime l'Etat

28 Janvier 2024 , Rédigé par grossel Publié dans #FINS DE PARTIES, #SEL, #agoras, #ateliers d'artistes, #bocals agités, #engagement, #essais, #histoire, #notes de lecture, #pour toujours, #spectacles, #vraie vie, #écriture, #épitaphier, #éveil

Retour de lecture sur l’essai de Frédéric Dussenne
L’intime, l’état
Apologie du drame


le samedi 13 janvier 2024 à 10:24

Bonjour Jean-Claude. J'espère que tu vas bien. Je ne sais pas si tu te souviens de moi. Nous étions venus à Le Revest avec les Ateliers de l'Echange et notre diptyque Molière. Tu m'avais donné avant notre départ un exemplaire tout chaud sorti de presse de La lettre au directeur du théâtre que j'ai lu à haute voix dans la voiture qui nous ramenait à Bruxelles. Nous dissolvions notre collectif. Nos larmes coulaient. On se reconnaissait profondément dans ce texte. Je suis attelé à la rédaction d'un essai sur le rapport, dans le théâtre dramatique, entre l'intime et le politique. J'aimerais te le transmettre pour avoir ton avis si ça t'intéresse. Je t'embrasse Frédéric Dussenne

J'ai reçu par mail son essai manuscrit L'intime et l'État, apologie du drame, 119 pages.

Connaissant par FB, l'engagement d'acteur et de citoyen de Frédéric, je n'ai aucune réticence à m'autoriser la lecture.

Je te dirai deux choses, Frédéric :

- quand tu parles de théâtre, 1 - le spectateur, 2 - l'acteur, je te trouve juste;

c'est du vécu, du ressenti, du vrai, du réel; je m'y reconnais comme spectateur d'hier quand je cherchais des spectacles, accueillais des porteurs de projets mais je te le dis : aujourd'hui, je vais de moins en moins au théâtre ou au cirque, trop de productions, peu de créations, peu de diffusion, trop de divertissement; et quand tu passes d'un paradigme athée-matérialiste-lutte des classes-révolution à un paradigme spiritualiste comme cela s'est imposé à moi par cheminement personnel en 2021-2022, alors, tu chemines ailleurs ou tu restes sur-place pour un voyage intérieur
 

ce que j'ai tenté de dire à Pierre Louis-Calixte qui dans son monologue Molière Matériau(x) traite sa rencontre et sa mise au service de Jean-Baptiste en termes de hasards (approche matérialiste) alors que j'y ai vu une nécessité (de toute éternité);

tu sens le grand écart ? ça déchire le corps, l’esprit, le coeur et ravit l’âme


quand tu tentes de décrire l'état du monde, l'état de la démocratie, là pour moi, tu dois réviser ton récit qui reprend le roman national et mondial dominant, car - c’est une prise de conscience récente chez moi, vers 2022-2023 -, ce roman et ses déclinaisons fascistes, nationalistes, droitistes, extrême-centristes, gauchistes, anarchistes, communistes, est mensonger qu'il s'agisse de la révolution industrielle anglaise, de la révolution française, de la révolution bolchévique, du Moyen-Âge, de la Renaissance, des Lumières; bref, ce qu'on appelle perte de repères est en réalité jeu de colin-maillard dans une forêt équatoriale où tous les sentiers, chemins, routes et autoroutes qu'on y a tracés sont des impasses et des mirages auxquels on nous a fait croire
et l'esprit critique même le plus développé ne se rendrait pas compte des manipulations de masse dont nous sommes bombardées via médias, réseaux... ou qui sont secrètement provoquées

(ce sont sans doute les plus monstrueuses, par exemple, les Projets MK Ultra de la CIA depuis 1951 à Fort Detrick, Maryland;

je ne parle pas évidemment du projet Manhattan, ultra-secret et où deux hommes laissant dans l'ignorance leurs concitoyens et leurs ennemis, pas leurs "alliés" ont décidé de l'usage de la bombe spéciale par deux fois

"Le , le président Harry S. Truman approuve le largage des bombes sur le Japon. Le 24 juillet, l'ordre est relayé par le secrétaire à la Guerre, Henry Lewis Stimson, et le lendemain, le général Thomas Handy envoie un ordre secret au général Spaatz, autorisant le largage de la bombe après le 3 août, « dès que le temps le permettra », sur Hiroshima, Kokura, Niigata ou Nagasaki. Ce sera le seul ordre écrit concernant l'utilisation de la bombe. L'ordre n'évoque pas la nature de l’explosif, se contentant de mentionner une bombe spéciale. Cet ordre fut donné avant même que l'ultimatum de Potsdam ne soit publié." wikipédia)

faut-il en bon complotiste pas con poser l'existence de forces occultes genre mafias, Big pharma, services secrets, labos expérimentaux se vouant à  l'organisation du chaos ? (la stratégie du choc, Naomi Klein)

à cette étape, j'ignore ce qu'il faut faire à part

- s'invisibiliser (pour vivre heureux...), extrême prudence dans l'usage des outils internautiques (je ne suis que sur FB, j'ai découragé pratiquement tout like, je réagis à très peu de messages...FB est ma page d'écriture)

- la part du colibri, par exemple user de la pratique du don fiscal pour aider projets, artistes

- les ouvertures que furent la Commune de 1871, les GJ et la tentative de RIC CARL (référendum d'initiative citoyenne, constituant, abrogatoire, révocatoire, législatif)

dans ce sens, je vais soutenir une collection dans Les Cahiers de l'Égaré : Les entrepreneurs du sens

grand festival d'un jour sur cette thématique le samedi 20 avril 2024 de 10 à 23 H au domaine de la Castille à La Crau (1000 personnes attendues)

un livre majeur que je te conseille : ce livre a provoqué une conscientisation du Grand Mensonge

L'impitoyable aujourd’hui d’Emmanuelle Loyer, à compléter avec trois émissions remarquables de Pacôme Thiellement sur Blast

et un récit essentiel Dolly d’un  grand cosmologiste bruxellois,

Edgar Diane Gunzig, postfacé par Thomas Gunzig
ou comment Dolly, juif communiste, vivant à Bruxelles, membre de l’orchestre rouge a vécu dans sa chair et compris dès 1931, l’impasse qu’était le sionisme, a combattu dans les Brigades internationales contre Franco…

 

2° épisode, 3 - l’écrit, 4 - le conflit ou défense et illustration des nécessités personnelles, collectives du drame porté sur un plateau de théâtre

ces pages sont bruissantes d'Histoire avec sa grande H, d'histoires du metteur en scène, de ses rapports à des auteurs de théâtre, à des acteurs, à l'histoire du théâtre, d'histoires de son enfance-adolescence, de considérations sur la langue d'abord analogique et même plus archaïque que cela, avant de devenir conceptuelle;
ta dénonciation de la société consumériste, de la mondialisation, du marché, de la société du spectacle (Debord n'est jamais cité, ni Vaneigem) est forte mais il me semble que nous sommes déjà sortis de cela, même si ça va demander 20 ans;


ce ne sont pas les attentats du 11 septembre 2001 qui auront provoqué l'effondrement de l'impérialisme américain;

ce qui provoque la défaite de l'Occident, c'est une réorientation géo-stratégique de toutes les puissances du Sud global à travers deux guerres entre autres (Ukraine, Palestine)

et la désintégration de l'éthique protestante au fondement de la puissance économique des USA, qui a su produire toutes les idéologies (théories) nécessaires à justifier sa domination (droits de l'homme, démocratie, axe du mal, Fukuyama, Brzezinski, Huntington, contre-culture ou soft-power de domination culturelle: cinéma, pop-music),


mais aujourd'hui la société américaine est au bord de la guerre civile, le dream de Luther King qui a dit I have a dream et pas we have a dream alors qu’il y avait six organisateurs dont une femme essentielle Anna Hedgeman pour l’organisation, la logistique (250000 personnes) a explosé, n'a jamais eu la moindre chance de se réaliser


le wokisme, dernière idéologie issue des universités américaines, effet-boomerang en partie des philosophies de la déconstruction de la French theory, contribue à cet émiettement,

mais il est peut-être porteur de possibles (small is beautiful d'une part et d'autre part préférer la fluidité à l'identité est peut-être découverte de la surprise, de l'inattendu)

il y a une conviction viscérale chez Frédéric: le moment de fusion spectateur-acteur lors d'une représentation est un moment d'expérience ensemble de ce qui fait commun au travers du traitement du conflit sur scène; le conflit, un procès par exemple, est nécessaire pour refaire cité, société

n'est pas évoquée la possibilité de la compassion, du pardon, ce que savent pratiquer des sociétés premières ou des spiritualités largement répandues sur la planète, l’ho’oponopono

autre pratique, celle de la gratitude pour tout ce qui vit et qu'on vit, sans tri

la découverte par Frédéric qu'il est autre et Autre, expérience sans transmission, expérience personnelle, constitutive, lui a révélé son être et ce faisant son devenir d'acteur et de citoyen; il me semble que ce qui a valu pour lui vaut pour tout un chacun: la transformation ou la réalisation personnelle de chacun, décisive, durable, est en lien avec une expérience propre, où l'inconscient collectif (au sens jungien avec les archétypes, encore plus archaïques et universels que les mythes) joue sa partition car nous sommes plongés dans le grand bain de l’inconscient auquel nous nous livrons pendant nos petites morts nocturnes sous la forme des rêves; parfois, un passeur peut provoquer le déclic; mais c'est quand on est prêt, ouvert, accueillant, que l'épreuve révélatrice, initiatrice s'offre sur notre chemin (coïncidences, synchronicités...); autrement dit: je ne crois pas que la représentation du conflit (jamais sa solution mais la question que le drame pose) soit transformatrice de chacun des membres du collectif rassemblé ce soir-là, surtout le public bourgeois des théâtres (ressentir au profond de moi, le doigt sur la détente comme celui de l’acteur sur le plateau suffira-t-il à me sauver du geste d'appuyer me faisant retrouver mon humanité au bord de mon inhumanité ?)

 

l'enlèvement d'Euurope, Félix Vallotton

l'enlèvement d'Euurope, Félix Vallotton

3° et dernier épisode, 5 - la praxis et 6 - l'intime et l'état

le 5 - m'a beaucoup intéressé car parlant de Molière, de l'illustre théâtre, de la troupe, du travail de troupe, de ce vivre et faire ensemble incluant conflits, harmonie, départs, retours, plus important que de faire oeuvre car dans ce vivre ensemble se forge comme un corps collectif qui finit par faire, agir, sans avoir besoin de mots; l'illustre théâtre est reconnu par le jeune Louis XIV et Molière va développer ses comédies dont certaines très noires pour, tout en divertissant, corriger les moeurs, dénoncer l'hypocrisie, le patriarcat, non sous la forme de leçons mais en faisant rire
comme lui Frédéric a provoqué le rire quand, autorisé, il s'est servi de ses longs bras dont il ne savait que faire;
Frédéric raconte sa riche propre expérience de troupe pendant les 10 ans des ateliers de l'échange;
j'ai été arrêté par une remarque sur la double séparation qui survient à la naissance : l'expulsion comme arrachement, le temps du contact peau à peau, du nouveau-né et de la mère, suivi presque tout de suite de la séparation d'avec la mère et de l'emmaillotement; à reprendre, à développer (je me sens de plus en plus travaillé par le ventre des femmes)

le 6 - l'intime et l'état creuse avec beaucoup de redites, l'idée de ce qui se joue lors d'une représentation, la possibilité de vivre ensemble dans la singularité de chacun, ce qui fait société, ce qui fait commun, le vivre-ensemble;
je ne vois pas le monde occidental de façon aussi noire; ni le monde;
je ne suis pas inquiet de ce qu'il croit être le dernier soubresaut du marché, l'individualisme poussé à l'extrême vers le développement, l'épanouissement personnel en égoïste, égocentrique, narcissique, cynique;
la distinction d’Hannah Arendt entre sphère privée et sphère publique ne me semble plus opératoire; on est dans le panopticon, tous vus et voyeurs, le tout contrôle ou contrôle social total, nos données transformées en algorithmes, piégés dans le bocal mondial du virtuel, du miroir dans le miroir dans le miroir à l’infini

évidemment, ce contrôle social total qui s'est manifesté pendant la Covid 19 révèle une évidence : tout État est contre son peuple, aucun État n'est au service de son peuple, tout État est au service d'intérêts particuliers (castes diverses)

comment retrouver ou trouver la souveraineté ? question que les ateliers constituants d'Etienne Chouard permettent de creuser concrètement

Aparté

ÊTRE SOUVERAIN / par François Carrassan
Dans l’absolu, c’est ne dépendre de personne et pouvoir décider seul de son action. Un rêve d’autonomie. Quel individu pourrait-il y prétendre ?
Mais sur la scène internationale, là où chaque état est un loup pour les autres, là où seuls comptent les rapports de force, seul est souverain celui qui a ses lois, sa justice, sa monnaie et une armée qui lui permet de décider seul de la paix ou de la guerre.
C’est le réel : tout ce qui a échappé aux benêts de la mondialisation heureuse.
Il apparaît ainsi que la France de Louis XIV put être souveraine.
Sans doute l’Amérique croyait-elle l’être quand elle débarqua en France en 1944, non pour la libérer, mais pour en conquérir le territoire avec une monnaie d’occupation (déjà imprimée) dont de Gaulle empêcha la circulation in extremis.
Car il est certain que de Gaulle incarnait l’idéal d’une France indépendante et souveraine. Comme il est évident que Macron, insensible à la France et sans autre idée que celle qu’il a de lui-même, est aujourd’hui un anti de Gaulle.
Entendez ses vœux pour 2024, on croirait le cabri que le Général s’amusait de voir sauter sur sa chaise en invoquant l’Europe et qui en appelle à « une Europe plus souveraine ». Autrement dit, après avoir passé sa présidence à déconstruire la France, à en nier la culture et à la désarmer, le cabri qui en appelle à une France plus effacée encore, aux ordres d’une Commission hors sol. Au profit d’une Europe sans tête, sans corps et sans âme. D’une Europe idéalement réduite à une plate-forme commerciale. A l’heure d’un double péril, démographique et islamiste. D’une Europe au service de qui et souveraine en quoi ?

 

Jeanne-Claude Grosse -

100% reçu 5/5 avec un bémol sur "les benêts de la mondialisation heureuse" => les hyper-riches de la mondialisation construisent leurs bunkers de survivalistes
 
 
Mark se fait construire un bunker de survie de 400m2 à 250 millions €;
font de même les autres de la silicon valley
Jeff Bezos (Amazon) a investi 147 millions de dollars pour acheter deux demeures autonomes et ultra-sécurisées sur l'île d'Indian Creek, en Floride ;
Larry Ellison (Oracle) a carrément acheté l’une des îles de l’archipel de Hawaii, Lanai ;
Peter Thiel (Paypal) a acheté en 2015 un immense domaine de 193 hectares en Nouvelle-Zélande pour se créer un abri anti-apocalypse
 
 
- ils se foutent de nous, pense tout bas celui qui depuis tout petit est aveugle, sourd et muet / pan joue gauche / pan joue droite
- cui-cui chante l'oiseau volant de branche en platane / vlan /
- bel enlèvement que je ne saurais voir dit la pudeur publique en 2024
 
question : quels sont les souverainistes en cette rance d'aujourd'hui avec son résident élyséen résiduel actuel ?
Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, est en train de se construire un immense complexe sur une île de l'archipel d'Hawaï / 250 millions d'euros / Des architectes aux ouvriers, tous ont dû signer un document ultra-confidentiel, ils ont interdiction absolue de parler du projet à la presse.

Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, est en train de se construire un immense complexe sur une île de l'archipel d'Hawaï / 250 millions d'euros / Des architectes aux ouvriers, tous ont dû signer un document ultra-confidentiel, ils ont interdiction absolue de parler du projet à la presse.

Le réel même au sens de Lacan se réduit : reste la liberté intérieure qui est liberté d’un esprit, liberté spirituelle me mettant à hauteur des souffrances corporelles, mentales, psychiques qui me sont infligées dans un camp, un goulag.

deux mots sont utilisés: catastrophe et miracle; il insiste sur le fait que des miracles sont possibles, que les catastrophes annoncées ne seront pas nécessairement effectives;
mais le miracle est quotidien, universel:
celui de vivre, de survivre même (le désir de vivre des survivants est souvent admirable, solidaire)

 

Et quand surviennent massacres ou noyades, il existe des Jean Genet donnant voix et vie aux massacrés durant 36 heures à Sabra et Chatila, du 16 au 18 septembre 1982;

aujourd'hui, il y a massacres anonymes à Gaza et la voix de Gaza Visages;

les noyés de Méditerranée ont leurs statues au fond de cette mer où je refuse désormais de me baigner

la dissolution par le wokisme de toute identité, identification n'est pas que division, extension du domaine des particularismes, des minorités tyranniques, des communautarismes contre la majorité silencieuse, le plus souvent peureuse, incapable de se mettre en branle sauf de rares épisodes;


les mouvements de décolonisation culturelle, de rejet de la blanchité, du suprémacisme blanc, du patriarcat, le combat contre la culture du viol, metoo#, balancetonporc, metoo#theatre, metoo#inceste, le combat des transgenres (Orlando), les combats contre les violences faites aux femmes et contre les féminicides,

contre les maltraitantes infligées aux animaux

(plus de 80 milliards d'animaux terrestres et plus de 300 milliards d'animaux aquatiques abattus chaque année)

la bataille juridique pour la reconnaissance des écocides et autres crimes contre Gaia (Le chiffre est vertigineux : d'après une étude indépendante (en portugais) publiée le 18 juillet par la plateforme collaborative MapBiomas, l'Amazonie a perdu en moyenne dix-huit arbres par seconde en 2021)

sont me semble-t-il des miracles en cours, évidemment sous la forme du conflit et du risque

Je voudrais terminer par plusieurs points :

1 - Et si le miracle passait par une prise de conscience intime, comme une illumination, que tout est connecté, relié, que tout est mémorisé, que chacun est mémoire de l’univers, de la Vie (qui inclut la mort, à désirer, à aimer, la tâche accomplie même si on ne sait pas laquelle) depuis son émergence (peu importe la façon, livre de Jean-Pierre Luminet, L’écume de l’espace-temps), que tout ce que nous vivons, pensons, faisons est livré (sans doute une réplique légèrement déviante, mutante de ce qui a déjà été livré par d’autres, plusieurs fois depuis le mystère-miracle de l’origyne comme tu écris,  voire même une réplique à l’identique parce que déjà écrite de toute éternité;  la recherche du temps perdu est déjà, avant même son écriture, écrite dans le nombre-univers Pi) à cette mémoire éternelle dans l’instant, comme un don, un présent fait au présent, le seul temps réel, pas sûr ?
Vivre alors sous le double pharmacon : Tu es aimé à égalité avec tout ce que à quoi moi, le Sans Forme (le vide du bol du potier sans lequel le bol ne peut exister), je donne forme, de la bactérie à la galaxie
Tu es mon bien-aimé, dans ta singularité, ton unicité, alors éclate-toi, que Sans Forme expérimente ce que c’est que vivre en Frédéric ou en Jeanne-Claude puisque j’ai choisi, il y a peu de signer ainsi pour affirmer, exprimer, réaliser ma part de féminin

je complète en indiquant que la prise de conscience, la transformation peuvent être accompagnées : psychanalyse, psychothérapies et autres techniques, hypnose, coaching

2 - A propos du langage et de son usage, voici via Benoît Rivillon, un extrait d’un livre récent renvoyant au débat entre Platon et les sophistes que M.Jean-Dominique Michel à co-écrit avec le chercheur en neurosciences Mark Waldman.
" On ne convainc personne.
Une recherche décrite dans le numéro de janvier 2017 de Scientific American montre que plus vous essayez de convaincre une personne qu’une croyance à laquelle elle tient est fausse, plus elle s’y accrochera, en particulier s’il s’agit d’une idée conspirationniste (le covidisme, ou adhésion aveugle à la doxa médiatico-politique au sujet du Covid en fait désormais partie !) ou attribuant de la malveillance à autrui. Les coléreux deviennent encore plus fâchés, les bigots encore plus intolérants, les xénophobes encore plus racistes, les abuseurs encore plus abusifs. Et ceux qui sont en désaccord avec vous auront encore plus de mépris à votre égard, même et surtout si vous avez raison.
Alors, que pouvez-vous faire ? La recherche en neurosciences a souligné l’importance du scepticisme : c’est la seule attitude qui permette de questionner nos propres biais de pensées et nos croyances erronées. Comme nos idées de la réalité sont (pour des raisons neuropsychologiques) par définition largement fausses, il s’agit de la seule posture intellectuellement honnête... et saine d’un point de vue relationnel.
Là où cela se complique, c’est que l’incertitude est en soi une cause de stress neural ; plus une personne ou une société dans son ensemble est ébranlée ou en proie à des tensions, plus elle plébiscite des réponses simplistes. Une récente étude de l’Inserm a montré qu’une enfance vécue dans la précarité et l’insécurité prédispose à voter pour un mode de leadership autoritaire à l’âge adulte. Les dirigeants autoritaires, eux, feront tout ce qui est en leur pouvoir pour restreindre la liberté de parole de ceux qui sont en désaccord avec eux.
Quand il s’agit de relations personnelles, le mieux est de rester compassionnels et aimables lorsque nous confrontons les biais et les erreurs de pensée de nos proches. La composante identitaire de l’attachement à des croyances erronées est forte, et toute confrontation trop directe ne peut que conduire à l’inverse de l’effet escompté.
Et si vous faites face à des interlocuteurs extérieurs engoncés dans des certitudes fallacieuses, notre conseil : soyez respectueux de votre temps et de votre énergie en les consacrant à quelque chose d’agréable ou d’utile plutôt qu’à la tâche illusoire d’essayer de leur ouvrir l’esprit !
"


cette "démonstration" disqualifie les discours faisant appel à la raison, au débat, au dialogue; quid alors des "missions" de l'école ? surtout quand on prend conscience que le langage aujourd'hui ne sert plus à chercher la « vérité », à constater, décrire ce qui est  mais sert à manipuler, à discréditer, disqualifier, voire à provoquer le suicide de la harcelée ou la chute de l’ogre ou la démission du poète-aventurier;


l’usage performatif de la langue (quand dire, c’est faire, Austin, un énoncé est fait pour agir, il n’est plus ni vrai ni faux mais une action) l’emporte sur l’usage constatif, cognitif (décrire le monde, le connaître d’où un énoncé est vrai ou faux)


Illustration criante depuis 40 ans : quand on est anti faf, anti FN, RN, on fait monter le % des FN, RN; c'est le paradoxe de certains combats;

ce n'est pas vrai apparemment avec le bashing anti LFI;

il y a donc des questions à se poser du côté de la gauche humaniste, droitdelhommiste, pour la justice, la liberté, l’égalité, la fraternité.

3 - « Apprendre l’empathie, c’est très très bien. C’est structurant pour la personnalité, c’est excellent pour la santé mentale.
Apprendre à débattre sans violence, sans jugement, dans la contradiction, c’est bien aussi.
Ça suppose de savoir réfréner ses pulsions, de savoir maîtriser son agressivité et d’en détourner l’énergie dans le raisonnement.
Ça suppose de savoir Raisonner dans la complexité et de savoir émettre des arguments.
Tout cela participe au recul des violences en même temps qu’au recul de la pensée binaire , primaire et simpliste.
C’est là, il faut le croire, la source du vrai plaisir et même du bonheur. C’est aussi la source du sens profond de l’existence et des perspectives d’avenir.
L’un est indissociable de l’autre.
Neque enim disputari sine reprehensione potest. ("Il ne peut y avoir discussion sans contradiction." Cicéron)
« Quand on me contrarie, on éveille mon attention, non pas ma colère : je m’avance vers celui qui me contredit, qui m’instruit. La cause de la vérité, devrait être la cause commune à l’un et à l’autre. Que répondra-il ? la passion du courroux lui a déjà frappé le jugement : le trouble s’en est saisi, avant la raison ».
Montaigne, De l'art de conférer. »
Nathalie Rocailleux

Cette conception était celle de Marcel Conche qui a tenté de fonder en droit (impossible dans les faits) la morale universelle des droits de l’homme sur l’acceptation par un nazi et un juif du dialogue;

imaginez Netanyahu dialoguant avec le Hamas.

Je crois qu’aujourd’hui, c’est d’apprendre à reconnaître les pervers narcissiques, les techniques d’emprise, les techniques pour déjouer la domination, l’exclusion, le harcèlement qui est important, y compris les outils du combat au corps ou d’esquive, apprendre à traverser les peurs en donnant confiance en soi. Il me semble que Gatti avait tenté cela avec des jeunes filles.

Jeanne-Claude Grosse, 27 janvier 2024

bienveillance, laïcité / apprentissage de la self-défense ?

bienveillance, laïcité / apprentissage de la self-défense ?

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L'ardeur / à bâtir / à détruire / la grâce

23 Janvier 2024 , Rédigé par grossel Publié dans #poésie, #jean-claude grosse

La civilisation (la culture ?) est une histoire contre la poésie.

FLAUBERT

Les oiseaux1 !
Mais pourquoi
On ne chante pas comme eux ?
Car les oiseaux ont leurs langages
Et nous les nôtres.
Tous les êtres vivants ont leurs langages et leurs mondes particuliers. Les oiseaux ont pour monde le ciel et les arbres
Et pour langage le chant.
Les insectes vivent sous terre et dans l’herbe
Et font cricri.
Les animaux dans la forêt
Où ils font ouhouh.
Et nous dans les villes
Où on fait blabla.
Chacun a son monde et son langage, Incompréhensibles aux autres.
Puisqu’on ne peut apprendre les langues des autres, Puisqu’on ne peut pénétrer les mondes des autres,
Alors il faut respecter tout ce qui vit,
Tout ce qui existe.

Tracy-Lee, 6e

1. Ce poème a été écrit, en écho au Rêve d’une école de la vie, (page 23), par une élève de 6e du collège de Barjols, lors d’une bip (brigade d’intervention poétique) pendant Le Printemps des Poètes 2003. Ces bip existent depuis 2000 dans les collèges du Var, organisées par l’Inspection académique du Var, le Conseil général du Var, Les 4 Saisons du Revest et Les Cahiers de l’Égaré. Une trentaine de poètes font partie des bip.

L'ardeur / à bâtir / à détruire / la grâce
L'ardeur / à bâtir / à détruire / la grâce
Rêve d’une école de la vie
Pour Marcel Conche
Je rêve d’une école de la vie de trois classes.
Une classe pour apprendre à raconter. Pour seize enfants de 6 à 9 ans.
Une classe pour apprendre à s’émerveiller. Pour seize adolescents de 11 à 14 ans.
Une classe pour apprendre à penser et à vivre vraiment. Pour seize jeunes gens de 16 à 19 ans.
Des gosses des rues. Pas voulus.
Des survivants du travail précoce, du sida général, de la guerre perpétuelle.
Des adolescents à la dérive sur l’amertumonde.
Bref, tous les jeunes pourraient avoir accès à cette école.
Ont-ils été voulus les ballottés des familles éclatées ?
Ne sont-ils pas livrés au biberon télévisuel ? à la consolation virtuelle ? à la rue commerçante et bruyante ?
Ne sont-ils pas entraînés à s’absenter d’eux-mêmes et de leur vie ?
Se veulent-ils un passé ? un avenir ? Veulent-ils même un présent ?
Veulent-ils une vie autre que celle de soumis volontaires qui refusent d’être cause d’eux-mêmes ?
La classe des petits serait confiée à un aède, Homère par exemple. Ils seraient assis en rond, huit garçons et huit filles. De toutes les couleurs. Ça commencerait par des questions. Pourquoi le soleil ne fait pas le jour toujours ? Pourquoi quand il y a le soleil, il n’y a pas la lune ? Pourquoi la lune n’éclaire pas comme le soleil ? Pourquoi les étoiles brillent la nuit ? C’est quoi la nuit ? Pourquoi il y a la pluie ? le vent ? les nuages ? D’où vient la mer ? Pourquoi les vagues inlassables ? C’est quoi le temps ? Pourquoi on ne chante pas comme les oiseaux ? Pourquoi volent-ils ? Pourquoi les roses ? Pourquoi elles fanent ?
Homère leur raconterait des histoires. Les enfants seraient ravis, auraient peur. Ils riraient, pleureraient. Ouvriraient grands les yeux, comprendraient, resteraient bouche bée. Ils parleraient des histoires, les raconteraient à leur tour, en inventeraient. Il y aurait des livres où sont écrites les histoires racontées. L’Iliade 2. L’Odyssée 3. Des livres sans images. Parce que les mots, ce sont des images. Et maintenant, questionnez. Puis racontez, inventez.
La classe des moyens serait confiée à un poète, Linos, Orphée, Sappho, et à un peintre, celui de la grotte Chauvet, vieux de 33 000 ans. Ils se promèneraient, huit garçons et huit filles de toutes les différences. Ils feraient des promenades d’abord longues, deux mètres en une heure, s’arrêtant au gré de leurs intérêts. Linos ferait entendre un chant très ancien sur le soleil de ce matin-là. Orphée inventerait un poème d’éternité pour un sourire derrière une fenêtre. Avec Sappho, ils goûteraient à l’inachevé : Il faut tout oser, puisque... Les promenades deviendraient plus courtes, quelques centimètres au gré de leurs émerveillements. L’homme de Chauvet les aiderait à impressionner les murs, à faire vibrer la lumière, à donner corps à l’esprit. Ils rempliraient leurs cahiers de peintures rupestres et urbaines, de poèmes des quatre saisons pour leurs enfants dans cent générations : La neige, le vent, les étoiles, pour certains… ce n’est pas assez.
Et maintenant, émerveillez-vous. Puis chantez, créez.
La classe des grands serait confiée à un élu, battu aux élections, à un chef d’entreprise, en faillite, à un directeur de pompes funèbres, en retraite et à un philosophe très ancien, Anaximandre, Héraclite, Parménide, Empédocle. Huit filles et huit garçons en quête de soi, de l’autre et d’une place se poseraient de vraies questions : qu’est-ce que l’homme ? qu’est-ce que la nature ? quelle est la juste place de l’homme dans la nature ? qu’est-ce que vivre vraiment ? qu’est-ce que devenir soi, cause de soi ?
En quelques semaines, ils se sèvreraient de la télévision et des jeux vidéo, ils se purgeraient des modes alimentaires, vestimentaires, langagières et comportementales.
En quelques mois, les multinationales de la mal-bouffe, de la fringue clinquante, du divertissement formaté, les médias du prêt-à-ne-pas-penser et de la manipulation des cerveaux, les partis de l’immobilisme seraient en faillite et sans influence.
En quelques siècles, ils renonceraient aux vains désirs : la richesse, le pouvoir, la gloire, aux valeurs qui ne valent rien : l’argent facile, la beauté trompeuse, la jeunesse éternelle, l’exploit éphémère, le voyage dépaysant, le progrès constant.
En quelques millénaires, ils renonceraient aux illusions : l’amour pour toujours, le bonheur sans le malheur, la santé sans la maladie, le plaisir sans la douleur ; et aux croyances : à la vie éternelle, à l’âme immortelle, au retour perpétuel.
Pour une école du gai savoir, Les Cahiers de l'Égaré, 2004
20° printemps l'ardeur affiche ernest pignon-ernest / 23° frontières / 25° printemps la grâce, affiche fabienne verdier
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TRIBUNE CONTRE LA NOMINATION DE SYLVAIN TESSON COMME PARRAIN DU PRINTEMPS DES POÈTES

Tribune signée par 1200 personnes du monde de la poésie contre la présidence de Sylvain Tesson pour le Printemps des Poètes 2024, dont le thème est la grâce

(réactualisation à la date du 22 janvier 2024, d'un article du 8 mars 2018 sur le 20° Printemps des poètes, 2018)

La fin de l’année 2023 a signé le glissement du second mandat d’Emmanuel Macron, un président auto-désigné comme « ni de droite, ni de gauche », vers un projet politique plus que jamais proche de l’extrême-droite, illustré notamment par le vote de la nouvelle loi sur l’immigration – revendiquée comme une « victoire idéologique » par Marine Le Pen – et marqué par une idéologie réactionnaire où les changements sociaux, pourtant inhérents à toute société démocratique, incarnent un danger.

Au vu de ce contexte, nous, poétesses, poètes, éditrices et éditeurs, libraires, bibliothécaires, enseignantes et enseignants, actrices et acteurs de la scène culturelle française, refusons la nomination de Sylvain Tesson comme parrain du Printemps des Poètes 2024. 

En mars, bien au-delà de la programmation officielle du Printemps des Poètes, la poésie est mise en valeur de façon autonome par de nombreuses structures, notamment en milieu scolaire, en médiathèque, en librairie et dans des festivals, où nombre de poétesses et de poètes sont invité·es. Nous refusons qu’un événement culturel auquel nous sommes de fait inextricablement lié·es de façon symbolique, créé « afin de contrer les idées reçues et de rendre manifeste l’extrême vitalité de la poésie », soit incarné par un écrivain érigé en icône réactionnaire. Sylvain Tesson a été proche par exemple de Jean Raspail, auteur d'un ouvrage de référence de l’extrême-droite, Le camp des saints, qui n’est autre qu’une dystopie raciste sur l’immigration, ou encore déclaré tout sourire à l’Express : « Si vous voulez faire peur à vos enfants, ne leur lisez pas les contes de Grimm, mais certaines sourates du Prophète ! ». Comme l’a largement montré le journaliste indépendant François Krug dans Réactions françaises. Enquêtes sur l’extrême-droite littéraire, un essai publié aux éditions du Seuil en 2023, Sylvain Tesson fait figure de proue de cette « extrême-droite littéraire », aux côtés de Michel Houellebecq et Yann Moix, un triste panel d’« écrivains en vogue » dont les prétendus accidents de parcours se révèlent, en réalité, les arcanes d’un projet « d’une sinistre cohérence » que nous refusons et condamnons.

Nous alertons sur le fait que la nomination de Sylvain Tesson comme parrain du Printemps des Poètes 2024, loin d’être contingente, vient renforcer la banalisation et la normalisation de l’extrême-droite dans les sphères politique, culturelle, et dans l’ensemble de la société. En fermant les yeux sur ce dont cet écrivain est le nom, la directrice Sophie Nauleau et son conseil d’administration témoignent de cette normalisation au sein des institutions culturelles, que nous rejetons fermement. Elle avait déjà, en 2018, inauguré la manifestation par un défilé de la Garde républicaine. De plus, des sommes considérables issues de l’argent public sont allouées au Printemps des poètes, pour une activité concentrée essentiellement sur une manifestation de deux semaines. L’argent public engage à servir le public et non des prises de positions politiques personnelles de la direction, surtout quand celles-ci sont anti-démocratiques. La vague de commentaires d’indignation suite à l’annonce de la nomination de Sylvain Tesson sur les réseaux sociaux, loin d’avoir été prise en compte, a été systématiquement supprimée, sans qu’aucune justification ne soit formulée par le Printemps des poètes.

Nous soutenons que la banalisation d’une idéologie réactionnaire incarnée par Sylvain Tesson va à l’encontre de l’extrême vitalité de la poésie revendiquée par le Printemps des poètes. La poésie est une parole fondamentalement libre et multiple. Elle ne saurait être neutre, sans position face à la vie. La poésie est en nous, elle porte nos douleurs. Elle est dans la masse. Le quotidien. L’infâme. La tendresse. La rue. L’épuisement. Le quartier. Elle est dans nos silences. Nos joies. Elle est dans nos corps broyés, nos corps souples, nos regards flamboyants et nos brèches. Dans les souffrances de nos sœurs. Dans ce qui résiste. Dans la langue debout. Elle est aussi dans le queer, le trash, la barbarie, le vulgaire. Dans la colère qui rythme nos souffles. Dans tout ce que nous sommes et ce en quoi nous n’étions pas destiné·es à survivre. 

Nous, poétesses, poètes, éditrices et éditeurs, libraires, bibliothécaires, enseignantes et enseignants, actrices et acteurs de la scène culturelle française, nous élevons contre la nomination de Sylvain Tesson et demandons au Printemps des Poètes d’y renoncer. S’iels nous prennent la grâce, nous garderons la dignité.

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Une tribune de débat aurait été une tribune de questions et questionnements argumentés

comme il y a quelques années par la revue Art Absolument.

Cette tribune est délibérément polémique. Je n'ai pas cherché à en faire une analyse comme a pu la faire André Markowicz. Une polémique engendre une contre-polémique et pendant ce temps, le monde est comme évaporé.

 

J'ai parcouru 1/4 de la liste des signataires, j'ai trouvé les noms de plus de cinquante poètes, écrivains, éditeurs que je connais, dont j'apprécie le travail ; je ne leur ai pas signifié un quelconque étonnement et ne me suis engagé dans aucune polémique ou débat avec aucun d'entre eux ;

j'ai noté aussi l'absence d'autres poètes, écrivains que je connais, dont j'apprécie le travail ; ils ne s'expriment pas, je respecte et m'en retourne, sans débat ni polémique

- à la complexité de l'être humain qui veut la paix à Gaza et fait sa guerre sur FB

- à la complexité du monde, terrain d'affrontements idéologiques, économiques, religieux, démographiques, territoriaux d'empires et de nations, de manipulations invisibilsées à grande échelle, alors que l'avenir de l'espèce semble se jouer

 

je n'ai pas signé cette tribune ; jamais, je ne signerai une telle tribune (j'en avais connaissance via le site l'atelier de Bernard Noël) ;

je n'ai besoin que de ma seule autorisation pour lire, apprécier, critiquer, me nourrir ou me détourner d'un poète, d'un écrivain, d'un artiste créateur ;

 

d'autres figures que l'artiste sont aussi porteuses de possibles, d'imaginaires

le jeune fou, le vieux sage philosophe, Jésus, François d'Assise, le casanier homme ordinaire, la soigneuse femme de ménage, la vieille dame en soins palliatifs, la clocharde céleste, la femme alcoolique anonyme, la fille de joie mystique Myriam de Magdala, le foetus porteur de la co-naissance absolue avant le doigt de l'ange posé sur les lèvres, la bébé braillarde et goulue, l'infans turbu-lent, la petite fille sage comme une image, l'adolescente rebelle grimpant aux arbres, l'adolescent mutique avachi sur son pupitre

 

bref chacun d'entre nous sur le curseur

entre conformisme et originalité

entre brèves de comptoir et langue de schizo

et sous le double pharmacon : tu es aimé, tu es mon bien-aimé

(émetteur mystérieux, non-géolocalisable dans l'espace et le temps, destinataire sourd, aveugle et muet)

 

Sylvain Tesson fait partie des écrivains que j'aime lire, dont j'ai regardé film (la panthère des neiges) et documentaire (sur l'Odyssée)

(ci-dessous 4 notes de lecture)

 

le problème de l'extrême-droitisation de la société française, de la plupart des pays européens et dans le monde ne relève pas du champ du poïétique (vivre en poète) mais des champs politique et historique

 

les réactions d'une certaine presse à cette tribune (libre à chacun de la lire ou pas, de la commenter ou l'ignorer...) :

je lis

et avec ardeur passe à la grâce de la contemplation sans action

 

"Sylvain Tesson sera-t-il « annulé » par la police des poètes ?"(Le Point)
"le prince des poètes au pays des médiocres"(Le Figaro)
"Les «cultureux» contre Sylvain Tesson" (Europe 1)
"Sylvain Tesson parrain du Printemps des poètes : les cafards se rebiffent"( Valeurs actuelles)
"Printemps des poètes : un collectif woke s'attaque à Sylvain Tesson" (le JDD)
"Ce n’est pas Sylvain Tesson parlant de poésie qui amènera le RN au pouvoir" par Adeline Baldacchino (Marianne)
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une tribune voulant proposer un débat sur le Printemps des poètes aurait posé des questions essentielles comme celles qui ont engendré les écritures de Vélimir Klebnikov ou de Gatti
serait remonté aux conceptions développées par Novalis et Hölderlin
Dans la cosmologie de Novalis où « tout est symptôme de tout », où les corps « peuvent s’évaporer en gaz ou se condenser en or », où « un véritable amour pour une chose inanimée est parfaitement concevable », où toutes les inclinations du cœur « semblent n’être que religion appliquée » et le ciel lui-même rien d’autre que « le produit supérieur du cœur productif » , il n’y a pas de chose absolument isolée, si ce n’est « la chose en soi », c’est-à-dire « la matière simple », non déterminable, ni connaissable. On comprend alors pourquoi il peut affirmer qu’« un amour fondé sur la foi est religion » , car seule une religion qui trouve Dieu partout, jusque dans la moindre chose, peut identifier Dieu et l’amour.
Pour Hölderlin aussi, dans la nuit moderne règne encore le sacré, car même si « Le Père ayant détourné des hommes son visage, la tristesse a établi son juste règne sur la terre », néanmoins « nous gardons souvenance aussi des Immortels, qui furent jadis nos hôtes, et qui reviendrons au temps propice », car « le dieu du vin » que « chantent les poètes » est « celui qui réconcilie le jour avec la nuit »
relirait Pour écrire un seul vers (1910) de Rainer Maria Rilke
serait même remontée jusqu'à la condamnation par Platon des arts / La condamnation platonicienne de l'illusionnisme en art est liée à la normativité ontologique des Idées-Formes, modèles que l'art divin se donna pour informer la matière et façonner le monde (Flaubert semble platonicien dans sa volonté de l'art comme absolu avec dissolution du scripteur).
Chez Aristote, le monde étant éternel, la normativité des formes est prescrite par la raison./
l'affiche du 25° printemps réalisée par Fabienne Verdier /  avec Marina / avec Fernando
l'affiche du 25° printemps réalisée par Fabienne Verdier /  avec Marina / avec Fernando
l'affiche du 25° printemps réalisée par Fabienne Verdier /  avec Marina / avec Fernando

l'affiche du 25° printemps réalisée par Fabienne Verdier / avec Marina / avec Fernando

Édition 2024
La Grâce

 

Pour les 25 ans du Printemps des Poètes, quel emblème arrimer à la septième lettre de l’alphabet, dans l’écho de L’Ardeur, de La Beauté, du Courage, du Désir, de L’Éphémère ou des Frontières ?

 

Quel vocable de fière lignée, qui soit tout aussi déroutant, inspirant que vaste, à la fois doté d’un sens ascendant capable d’éveiller les voix hautes et valeureuses, mais lesté cependant d’injonctions brusquées, franches et quelques fois fatales ?

 

Ce sera donc La Grâce, avec son accent circonflexe qui hausse en un instant le ton. Autrement dit La Grâce dans tous ses états, du plus sublime à celui, brutal et définitif, qui foudroie sur le coup.

 

De grâce implorent à jamais les amants des tragédies, alors que Joachim du Bellay décèle chez Marguerite de France cette grâce et douceur, et ce je ne sais quoi… Ce «  je ne sais quoi  » qui ne cessera, siècle après siècle, de changer de registre, d’appeler à la transcendance ou à la dissonance, jusqu’à Michel Houellebecq, maître du contre-pied : Dans l’abrutissement qui me tient lieu de grâce.

 

Car La Grâce n’est pas que divine ou bénie, pas que gracieuse, évanescente ou mièvre, pas que céleste et inexprimable.

 

Il y a bien sûr la bonne ou la mauvaise grâce rimbaldienne, la grâce consolante de Verlaine, la grâce charnelle d’Éros, la grâce d’union mystique, la grâce du cœur et de l’esprit de Max Jacob mort à Drancy, qu’a célébré Éluard. Il y a ce chant de grâce pour l’attente, et pour l’aube plus noire au cœur des althæas, qui chez Saint-John Perse, et ces fleurs de guimauve claires, amplifie à dessein le mystère.

 

Mais il y a surtout cet état de grâce de la parole, et du corps tout entier, que connaissent les poètes autant que les athlètes ou les aventuriers.

 

Il est temps d’affûter nos âmes pour que la créativité, l’allégresse et la splendeur, comme on le disait des Trois Grâces de la mythologie, transcendent nos imaginaires et nos vies, quelles que soient les heures ténébreuses ou solaires.

 

Sophie Nauleau
l'affiche du 20° Printemps des poètes, réalisée par Ernets Pignon Ernest

l'affiche du 20° Printemps des poètes, réalisée par Ernets Pignon Ernest

poème d'ardeur sans adresse, sans destinataire partant en fumée et réduit en cendres dispersées avec ardeur, le 3 mars 2018 vers 19 H; ce geste poétique n'eut qu'un témoin;  brûler avec ardeur à détruire un poème d'ardeur à bâtir : ce geste poétique est-il recevable par la "communauté" des poètes et par l'inhumaine-humaine humanité (toujours l'unité des contraires) ?

poème d'ardeur sans adresse, sans destinataire partant en fumée et réduit en cendres dispersées avec ardeur, le 3 mars 2018 vers 19 H; ce geste poétique n'eut qu'un témoin; brûler avec ardeur à détruire un poème d'ardeur à bâtir : ce geste poétique est-il recevable par la "communauté" des poètes et par l'inhumaine-humaine humanité (toujours l'unité des contraires) ?

Sophie Nauleau : « Pour Le Printemps des Poètes 2018, je voulais plus qu’un thème, je voulais un emblème. Une bannière qui étonne et aimante à la fois. Un mot dont tous les synonymes disent l’allant, la passion, la vigueur, la fougue, l’emportement. Un vocable vaste et généreux qui, à lui seul, condense l’élan et l’inspiration poétiques. Plus qu’un intitulé, L’Ardeur est le souffle même de la Poésie. Ernest Pignon-Ernest, qui avait calligraphié la signature du Printemps dès l’origine, a imaginé ce somptueux pastel représentant l’envol d’un être ailé. Est-ce un homme, une femme, un ange, une chimère ? C’est tout cela, mais aussi Zélos, le dieu grec du zèle et de l’ardeur, frère méconnu de Niké, la Victoire. Cette aile bleue sur un revers de toile brute est à l’image de notre ambition : à la fois intense et artisanale. Un dessin fait main qui importe en ce troisième millénaire de très haute technologie. Car s’il s’agit d’habiter encore poétiquement le monde, il est vital que la langue des poètes continue de pulser en chacun de nous. Ce qui ne nous empêche guère de travailler à une toute nouvelle version du site internet pour 2018 : la Poésie aussi étant un art de pointe. »

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L'article de Slate ci-dessous montre la face cachée de cette institution qu'est le Printemps des poètes, ce qui se joue entre les poètes nantis et les démunis, entre les poètes et le public.

Dans Pour une école du gai savoir (Les Cahiers de l'Égaré, 2004), j'insiste sur le rôle de la poésie dans l'éducation des enfants et adolescents. Le livre se termine par deux poèmes d'élèves de 6°, Chloé et Tracy-Lee écrits lors du Printemps 2003 et sur cette citation : La civilisation est une histoire contre la poésie (Gustave Flaubert).

ll y eut 5 éditions du Printemps des poètes dans les collèges du Var (2000 à 2004, 20 poètes dans 20 collèges), manifestation initiée par l'Inspection académique du Var en partenariat avec le Conseil Général du Var et Les Cahiers de l'Égaré pour l'édition des textes des élèves et des poètes.

Ma passion pour la poésie s'est exprimée de plusieurs façons: faire créer des textes de haute altitude comme Marie des Brumes d'Odysseus Elytis, Les tragédiennes sont venues de Saint-John Perse, Judée de Lorand Gaspar, Lecture d'une femme de Salah Stétié. Des N° de la revue APORIE ont été consacrés à ces poètes et à ces créations. Des rencontres ont eu lieu avec nombre de poètes pour  parler d'Odysseus Elytis (Toulon), de Lorand Gaspar (La Seyne) et de Salah Stétié (Le Revest). Saint-John Perse eut droit aussi à un hommage à Toulon. Il y eut à la Maison des Comoni des Paroles d'auteur, des Poètes en partage, un colloque sur Léon Vérane, un autre sur Germain Nouveau. Je fus un des invités du colloque Rimbaud à Aden en novembre 1994. Bref, des événements assez nombreux.

Enfin last but not least, je tiens à signaler que je n'ai fait aucun effort pour être reconnu (malgré mes relations dans le milieu  comme on dit) comme poète, pour être dans l'annuaire des 1000 poètes du Centre de ressources du Printemps des poètes.

Comme je tiens à remarquer que tu peux faire plein de manifestations, si tu ne communiques pas, tu restes ignoré. Pas de reconnaissance.

J'aime cette ombre qui me protège.

Dans la cosmologie de Novalis où « tout est symptôme de tout », où les corps « peuvent s’évaporer en gaz ou se condenser en or », où « un véritable amour pour une chose inanimée est parfaitement concevable », où toutes les inclinations du cœur « semblent n’être que religion appliquée » et le ciel lui-même rien d’autre que « le produit supérieur du cœur productif » , il n’y a pas de chose absolument isolée, si ce n’est « la chose en soi », c’est-à-dire « la matière simple », non déterminable, ni connaissable. On comprend alors pourquoi il peut affirmer qu’« un amour fondé sur la foi est religion » , car seule une religion qui trouve Dieu partout, jusque dans la moindre chose, peut identifier Dieu et l’amour.
Pour Hölderlin aussi, dans la nuit moderne règne encore le sacré, car même si « Le Père ayant détourné des hommes son visage, la tristesse a établi son juste règne sur la terre », néanmoins
« nous gardons souvenance aussi des Immortels, qui furent jadis nos hôtes, et qui reviendrons au temps propice », car « le dieu du vin » que « chantent les poètes » est « celui qui réconcilie le jour avec la nuit »

Françoise Dastur dans Retrait des dieux et modernité selon Novalis et Hölderlin (Les études philosophiques 2016)

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"Pour écrire un seul vers, il faut avoir vu beaucoup de villes, d’hommes et de choses, il faut connaître les animaux, il faut sentir comment volent les oiseaux et savoir quel mouvement font les petites fleurs en s’ouvrant le matin. Il faut pouvoir repenser à des chemins dans des régions inconnues, à des rencontres inattendues, à des départs que l’on voyait longtemps approcher, à des jours d’enfance dont le mystère ne s’est pas encore éclairci, à ses parents qu’il fallait qu’on froissât lorsqu’ils vous apportaient une joie et qu’on ne la comprenait pas (c’était une joie faite pour un autre), à des maladies d’enfance qui commençaient si singulièrement, par tant de profondes et graves transformations, à des jours passés dans des chambres calmes et contenues, à des matins au bord de la mer, à la mer elle-même, à des mers, à des nuits de voyage qui frémissaient très haut et volaient avec toutes les étoiles – et il ne suffit même pas de savoir penser à tout cela. Il faut avoir des souvenirs de beaucoup de nuits d’amour, dont aucune ne ressemblait à l’autre, de cris de femmes hurlant en mal d’enfant, et de légères, de blanches, de dormantes accouchées qui se refermaient. Il faut encore avoir été auprès de mourants, être resté assis auprès de morts, dans la chambre, avec la fenêtre ouverte et les bruits qui venaient par à-coups. Et il ne suffit même pas d’avoir des souvenirs. Il faut savoir les oublier quand ils sont nombreux, et il faut avoir la grande patience d’attendre qu’ils reviennent. Car les souvenirs ne sont pas encore cela. Ce n’est que lorsqu’ils deviennent en nous sang, regard, geste, lorsqu’ils n’ont plus de nom et ne se distinguent plus de nous, ce n’est qu’alors qu’il peut arriver qu’en une heure très rare, du milieu d’eux, se lève le premier mot d’un vers.
– Pour écrire un seul vers (1910) - Rainer Maria Rilke
 

20° Printemps des poètes

3-19 mars 2018

Ma participation au 20° Printemps des Poètes sur le mot ardeur (3-19 mars): 3 poèmes d'ardeur (à aimer, à vivre) de 1965 et un poème d'ardeur parti en fumée le 3 mars 2018 (l'ardeur à détruire aussi forte que l'ardeur à bâtir); évidemment j'exclus l'ardeur au travail, j'opte pour l'ardeur à la paresse, retraité doré que je suis, content d'être ponctionné par solidarité inter-générationnelle; ah jeunesse si tu savais, méfie-toi des ardeurs juvéniles

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L'ardeur / Un homme et une femme

 

Je suis le lieu de toutes les contradictions.

J'accepte toutes les souffrances et tous les combats.

Je veux engendrer toutes les douleurs, recevoir tous les coups.

Tout cela pour que rien ne se perde.
Je veux tout recueillir.
La vie a besoin de grands puits où se font toutes les synthèses.
Je veux avoir la profondeur des puits et l'immensité de toutes les mers pour accumuler toutes les larmes.

Et de toutes ces larmes naîtront des nuages de joie.

Au fond de toutes les contradictions, au plus profond des douleurs,

je te retrouverai et nous dénouerons ensemble tous les fils du bonheur.
Ma main n'aura plus besoin de ta main pour me guider.

Elle ne sera plus que caresses sur ta peau.

 

Alors nous pourrons marcher vers la maison de la vérité.

Personne ne se mettra plus en travers de notre chemin parce que nous n'aurons plus de routes à barrer, parce que sur nos chemins nous saurons croiser tout le monde.

Nous ne nous soucierons plus de nous et les hommes seront notre monde.

 

Que ta joie demeure ! Je resterai pour y veiller.

Toi qui n'es plus que toi parce que je suis enfin moi,

je t'aime !

Je t'aime en surface de nos caresses

en profondeur de nos présences et aussi

de nos absences.

 

Viens ! Les sources du bonheur ne tariront jamais pour nous.

Nous saurons épouser toutes les métamorphoses.

Nous serons de toutes les décantations.
Et s'il le faut nous renaîtrons de nos cendres.

(poème écrit en 1965, paru dans le recueil

Poignées de gros sel pour tranches de vie, 1980)

jamais republié

Jean-Claude Grosse

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Désir 1 (1965)

avec toi je me sens (inspirer fort)

(expirer fort) sans toi

avec toi je deviens

prolifération d’analogies

succession d’annexions

chiens et chats s’insinuent dans mes cris d’amour

je suis miaulements avant

grognements pendant

mes ongles et mes doigts deviennent griffes et pattes

aux anges je prends leur légèreté

au taureau sa virilité

dans les plis de mes rêves

je reconstruis sans les déformer

villes d’orgies

clairières de sorcières

sur les draps je me crucifie

râlant et bavant

je deviens théâtre de la cruauté

sur ta peau s’ébauchent formes et volumes nouveaux

mes mains

autour de tes seins

sur ton ventre

font une procession

je construis de longs itinéraires

qui me révèlent

t’édifient

dont les clefs sont l’origine du tracé

nos désirs sans objet

ton vagin sanctifié

sacrifié

tremble sous la pression de ma précipitation

irrépressibles tentations

la peur du sacrilège me tenaille et me déchaîne

pour toi je galope étalon d’alpages

sans bouger du matelas

toi tu passes vite

comme les hirondelles

faisant siffler l’air à nos oreilles à l’approche de l’orage

assis dans la mousse de ton pubis

je joue avec mon pénis

cadeau et défi

tes yeux m’envahissent

et j’apprends à lire

des rires venus de toi me croisent

aèrent mon corps crispé sous le tien

tes étonnements font naître les miens

dans ma main droite ils se débattent

tes yeux parfois alors se voilent

et du merveilleux glisse sur ma peau océane

l’angoisse te fait craquer comme le bois

écorce j’éclate

cuirasse je cède

à tes mains je me livre pour un feu de joie

pour tes yeux je me délivre de mes grincements de scie

(devant L’origine du Monde de Courbet et

le Nu couché, bras ouverts de Modigliani)

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Désir 2  (1965)

Tu sais dire avec des mots de tous les jours

les délices de ta peau

les blandices de ton âme

tu sais dire avec des phrases sans difficultés

ce que tu sens en surface

ce que tu ressens au profond

ainsi tu m’introduis

dans tes jours et nuits de chatte du bonheur

j’y accède

feulant

comme chat attiré attisé au seuil d’une nuit d’allégresse

des jets d’ombre épaississent ta vérité de vibrante

angoisse de la vie

la mort prépare déjà ses allumettes

mais ton corps est encore d’ici

et tes mots me pénètrent

ils tombent drus et durs

morceaux de ta peau

désirante

délirante

ils tombent dans mon sommeil

flaque stagnante en attente

carrousel tournoyant de rêves libérés

ils tombent étoiles froides désorbitées

des couches de tes désirs

lourds et doux

si proches des miens

si lointains

tes mots me pénètrent

mouillés salivés

resurgissent empoussiérés

curetage qui me débarrasse de mes soumissions d’esclave

tes mots se propagent lentement à travers les croûtes de mon être

restes d’autres agressions d’autres fusions

ils se propagent en sautant d’un étage à l’autre de mon être

montant descendant

des escaliers

en ruines

en projets

débris de bombardements insolents

gravats de contacts bouleversants

par toi en moi je trouve mes dimensions

je découvre mon espace

deux visages penchés sur une rêverie de berceau rose et bleu

je touche à mon présent

nos désirs sans retenue pour donner vie

(Désir 1 et Désir 2 ont été publiés dans La Parole éprouvée, 2000)

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Le libre jeu (Une fille à la dérive)
 

Prends
Je t’apporte un corps des lèvres une peau
des yeux une voix des gestes
je t’apporte mes caresses mes mots
mon cafard mes espoirs mes cuisses mon ventre 
Prends-moi dans tes bras dans tes draps
Je t’apporte tout cela
et plus encore
mon cœur et ses faiblesses
ses angoisses sa force et son mystère
et ma tête ni bien pleine ni bien faite
Je t’apporte tout cela
sans calcul sans pari
sans savoir si je me donne ou me refuse 
spontanément facilement
Je t’apporte tout cela
sans tendre la main
ni pour trouver toit
sans cris ni larmes
dispersée rassemblée
enracinée déracinée
dans un sourire 
pour aujourd’hui
Prends-moi dans tes bras dans tes draps 
Débrouille-toi avec tout cela
Je ne sais faire ni vaisselle ni cuisine
pas même l’amour
Je ne sais que croire
sans savoir à quoi et sans savoir pourquoi 
Débrouille-toi avec tout cela
aujourd’hui
peut-être demain
ici n’importe où
peut-être ailleurs
Peut-être que demain tu ne seras plus comme tu es 
peut-être qu’ailleurs ce sera un nouveau départ 
néant ou nouvel élan
peut-être qu’ici ce sera une foi nouvelle
ou une fois de plus
Prends maintenant
que je me délivre
car peut-être tout à l’heure
me verra partir sans bagages
à cause d’un vieux souvenir
qui vient me presser la tête
au milieu de la fête
poussée par le vent
de l’impossible oubli
n’importe où


(JCG, Lille, 1964, au sortir d'un film de Paule Delsol, La dérive ou Une fille à la dérive)

Une fille à la dérive ou La dérive, film de Paule Delsol, vu en février 1964 à Lille; toujours en mémoire, hipocampe, hippocampe, pourquoi ? je n'avais pas encore rencontré la fille de ma vie, la femme d'une vie, cela se passa en octobre 1964 à Le Quesnoy dans le nord
Une fille à la dérive ou La dérive, film de Paule Delsol, vu en février 1964 à Lille; toujours en mémoire, hipocampe, hippocampe, pourquoi ? je n'avais pas encore rencontré la fille de ma vie, la femme d'une vie, cela se passa en octobre 1964 à Le Quesnoy dans le nord

Une fille à la dérive ou La dérive, film de Paule Delsol, vu en février 1964 à Lille; toujours en mémoire, hipocampe, hippocampe, pourquoi ? je n'avais pas encore rencontré la fille de ma vie, la femme d'une vie, cela se passa en octobre 1964 à Le Quesnoy dans le nord

L’ARDEUR DU POÈME

Partout, en tous pays et dans toutes les langues, des poèmes s’improvisent, se composent, se disent ou s’écrivent. Ces chants, ces invocations, ces exorcismes, ces textes sacrés ou profanes, ces cris de révolte, ces blasphèmes, ces jeux, ces litanies d’amour, ces déplorations, ces visions lumineuses ou sombres, qu’on les nomme ou non poèmes, participent d’un même élan, d’une même ardeur. Avoir recours à la parole et aux mots pour créer un alliage de sens et de sons qui excède les limites du langage ordinaire, et par là les interdits et les normes, voilà qui semble une pratique commune sans rien jamais de commun, puisqu’il s’agit d’expériences exception- nelles ou banales, mais transmuées en créations singulières.

Qu’est-ce donc que cette activité qui ne se connaît pas de frontières alors qu’elle requiert une multitude de passeurs ? Qu’est-ce donc que la poésie ? Quelle est sa spécificité dans le champ de la littérature et des arts ? Pourquoi son importance capitale dans l’histoire des civilisations est-elle sans commune mesure avec son audience immédiate ? Quel est son rôle et quel est son défi dans le monde d’aujourd’hui ? En quoi est-elle résistance, en quoi est-elle promesse ? Comment les poètes conçoivent-ils la poésie ? Qu’ont- ils à nous dire de leur expérience et de leur pratique personnelles ? C’est un riche faisceau de questions qui est à l’origine de ce numéro d’Europe. Nous avons voulu mener cette exploration en donnant la parole à des poètes du monde entier, persuadés qu’on respire mieux et plus intensément au grand large que confiné dans son pré carré.

Dans A Defence of Poetry, en 1821, méditant sur le destin de la poésie, Shelley rappelait qu’elle était née en même temps que l’homme et redoutait un âge où sa voix ne se ferait plus entendre que comme les pas d’Astrée quittant le monde. Pourtant, disait-il, « la culture de la poésie n’est jamais plus désirable qu’aux époques pendant lesquelles, par suite d’un excès d’égoïsme et de calcul, l’accumulation des matériaux de la vie extérieure dépasse le pouvoir que nous avons de les assimiler aux lois intérieures de la nature humaine ». C’était souligner à quel point la poésie concerne de près le foyer de l’humain. Dans le rapport entre forme de vie et forme de langage, peut-être est-elle ce qui s’offre en plus active offrande. Pour désigner ce dont il est ici question, Dante avait forgé le néologisme trasumanar : accomplir jusqu’aux plus lointaines limites tout le parcours dans l’humain, jusqu’à un seuil où le poème, après avoir « traité les ombres comme choses solides », ce qui revient à circonscrire jusqu’à l’incorporel dans le corporel, à porter le langage au-delà du sensible avec le sensible, révèle un point d’incandescence qui est aussi un état de silence et de nudité : « Plus pauvre désormais sera ma parole / [...] que celle d’un enfant / qui baigne encore sa langue à la mamelle ». Ainsi, au terme de la Divine comédie, au chant ultime du « Paradis », il y a comme un cri d’enfant, image de la vie au plus près de sa naissance.

Le poème est aussi naissance. «Une âme inaugurant une forme » disait Pierre Jean Jouve. Il constitue une expérience qui nourrit le principe vital. Selon les mots de Shelley, la poésie « crée un être dans notre être... elle libère notre vue intérieure de la pellicule de l’habitude qui nous rend obscure la merveille de notre être, elle nous impose de sentir ce que nous percevons, et d’imaginer ce que nous connaissons ». Même dans le cri d’enfant qui passe entre les vers de Dante, elle est toujours une voix, jamais un écho. Mais de quelle voix et de quelle naissance s’agit-il ?

Sans doute faut-il s’interroger sur le fait qu’en des temps reculés, en Inde comme en Grèce, furent tissés sur une même trame la poésie et le sacrifice. « Le Sacrifice désira la Parole. “Ah ! comme je voudrais faire l’amour avec elle !” Et ils s’unirent » lit-on dans le Shatapatha-Brâhmana (III, 6-2-16). En Grèce ancienne, Apollon était ce dieu dont Pindare nous dit qu’il octroie la cithare et donne la Muse à qui lui plaît. Apollon était aussi le dieu boucher et sacrificateur (mágeiros), celui « qui aiguise, innombrables, les coutelas de Delphes et instruit ses serviteurs en cet office », lit-on chez Aristophane. Qu’il fût habile à manier le couteau, l’épisode du dépeçage de Marsyas nous le rappelle aussi. Et que cette maîtrise ne soit pas sans lien avec l’art du poème, Dante nous le laisse entendre au chant I du Paradis, quand sur le point de s’engager dans ce qu’il estime être le plus haut défi de son poème, il invoque Apollon en ces termes : « Entre dans ma poitrine et souffle, ô dieu, / comme le jour où tu fis Marsyas / hors du fourreau de ses membres jaillir. » Ce qu’implique le propos de Dante, au-delà d’un appel à l’inspiration, c’est que cette dernière ne peut surgir et habiter le poète que s’il s’est préalablement vidé de lui-même, défait de soi jusqu’à atteindre au plus extrême dénuement. Celui qui ressent son insignifiance est mieux que tout autre préparé à tenter le geste du poème. Il va convertir son mutisme douloureux en un silence où la parole pourra s’incarner. Une parole où derrière chaque mot, c’est le langage tout entier qui tente une sortie.

Car le poème est une naissance au monde. Il s’accomplit dans la pleine conscience ou l’intuition obscure que l’origine n’est pas un point fixe à l’orée d’une vie, mais qu’elle constitue un processus constant : une manière d’engager à nouveau un pari avec l’inconnu, une activation de la vie qui autrement s’enliserait dans la narcose, dans la fatigue et l’usure du quotidien. « Incessante origine », a dit Mario Luzi. Mais si le poème est naissance au monde, il est aussi naissance du monde. C’est le sens même du sacrifice.

En effet, la fonction du sacrifice est de revivifier l’univers en actualisant le moment apertural de l’origine. Il n’affirme pas un principe d’invariance et de répétition, mais le fait que depuis le premier jour, et chaque jour depuis, toute chose a été, est et doit être accomplie radicalement, c’est-à-dire selon sa racine, dans l’aurore d’une genèse. L’Inde ancienne nous offre à ce propos des ouvertures fécondes, qui nous incitent aujourd’hui encore à interroger la signification profonde du fait poétique. La pensée védique du sacrifice, intimement liée à la pensée du poème, rejoint les réflexions des Formalistes russes du Xxe siècle sur l’œuvre d’art comme conjuration de l’entropie. « Les premiers poètes ont marché dans le sentier de la Parole grâce au sacrifice » lit-on dans le Rg-Veda (X, 71). Selon les hymnes védiques, la parole a pouvoir d’ordonner et d’harmoniser la totalité du cosmos. Et dans le Shatapatha-Brâhmana, composé entre le Xe siècle et le VIe siècle avant notre ère, le monde régénéré par le poème-sacrifice fait à son tour entendre un chant : « Se sentant tout entière achevée la Terre chanta : d’où son nom de Cantatrice... c’est pourquoi ce qui se croit achevé chante, ou se plaît aux chants ».

La poésie n’est pas une essence. Elle est peut-être ce qui relie l’énergie de l’âme à l’énergie de la langue. Quand ces deux énergies ne sont pas au contact ou restent assoupies, l’humanité en nous mortifie son essor. Nous gisons alors, pour reprendre la phrase de Shelley, « sous les cendres de notre propre naissance et couvons un éclair qui n’a pas trouvé de conducteur ». La poésie ne serait-elle pas, comme l’amour, et dans la conscience même de notre finitude, ce qui nous relève quotidiennement de notre propre mort psychique et spirituelle ? Dans Résurrection du mot (1914), Victor Chklovski observe que dans le langage de tous les jours, nous revêtons fatale- ment la cuirasse de l’habitude et ne prêtons plus attention aux mots que nous employons. Nous ne les entendons plus. De ce fait, si les mots nous permettent encore de reconnaître le monde, ils ne nous invitent plus à le voir et à le ressentir. « Nous sommes semblables aux riverains de la mer qui n’entendent plus le bruit des vagues... semblables au violoniste qui aurait cessé de ressentir son archet et ses cordes... Seule la création de formes nouvelles de l’art peut rendre à l’homme la sensation du monde, peut ressusciter les choses et tuer le pessimisme » écrit Chklovski. Dans le droit fil de cet argument, les Formalistes russes ont mis en circulation le concept d’ostranenié, terme qui pourrait se traduire par défamiliarisation, dans le sens de « rendre étrange », c’est-à-dire « de créer une perception particulière de l’objet, de créer sa vision et non pas sa reconnaissance ». Il y a trois mille ans, l’Inde avait déjà conceptualisé l’écart entre le travail profane et le travail du rite, comme entre le discours de la communication usuelle et le poème. Dans Cuire le monde, Charles Malamoud signale que selon les théoriciens indiens, « le principe qui est la base des figures de la poétique est le vaicitrya (diversité-étrangeté), ou la bhangi (rupture), ou encore la vakrotki (diction courbe). » Et sur ce qui fait lien entre poème et sacrifice, le grand indianiste nous dit encore : « Pindare, arrivant à Delphes, offre un péan, en guise de victime ; le poète taille dans la matière verbale comme le sacrificateur dans la chair de l’animal ; les articulations du vers sont l’image des membres du corps, et les césures une transposition des incisions, etc. Le poème peut être une offrande, parce qu’il est l’analogue d’une victime. Dans l’Inde, la victime peut être une offrande parce que le couteau du dépeceur en fait l’analogue d’un poème. »

Le poème et le sacrifice n’ont d’autre fin que de transformer la parole et le geste humain en véhicule de l’aurore. Au cours du siècle qui vient de s’achever, Pierre Jean Jouve l’a expressément écrit : la fonction du poète, disait-il, implique le sacrifice, « car pour être chargé de la puissance d’amour antagoniste à la mort, le poète doit transporter cette puissance dans tous les endroits où elle est attaquée et recevoir avec elle les coups ». Il précise que dans un monde adonné au ravage, à la destruction, à la négation féroce, l’affirmation du poème doit traverser « une vraie mort, sinon corporelle, du moins mentale : la mort à toute certitude, à la seule certitude nécessaire ». Si le poème participe à la recomposition du monde, c’est qu’il naît d’une dislocation ou qu’il a traversé l’épreuve de l’anéantissement.

On s’étonnera peut-être qu’au seuil d’un numéro d’Europe qui ouvre ses pages aux réflexions de poètes contemporains, on ait risqué une ouverture à tonalité transhistorique. Sans doute y a-t-il là une part d’impertinence, mais on ne répétera jamais assez avec Marina Tsvetaeva que «toute vraie contemporanéité est coexistence des temps ». Et qu’il n’est nullement anachronique, le présent n’étant pas moins tragique que le plus lointain passé, de voir la poésie comme la voyait Mandelstam : « un soc qui affouille le temps afin d’en faire émerger les couches profondes, le tchernoziom », condition nécessaire pour atteindre aux terres vierges du temps.

Apollinaire qui avait connu d’autres combats, de ceux qui laissent le corps physiquement meurtri, demandait néanmoins : « Pitié pour nous qui combattons toujours aux frontières / De l’illimité et de l’avenir ». Alors, pitié ou pas, ne désertons pas cet horizon fragile qui est à reconquérir sitôt conquis, à rêver, à perdre, à réinventer, dans cet irrépressible mouvement qui tient de l’effraction et de la lumière.

Jean-Baptiste PARA et André VELTER Revue Europe, mars 2002

les 3 textes manuscrits ouvrant et fermant La Parole éprouvée, parue le 14 février 2000 / Et ton livre d'éternité ? 2022
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LES DITS D'UN POÈTE

9 POÈMES À VOIX HAUTE

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14 Janvier 2024 , Rédigé par grossel Publié dans #agoras, #engagement, #essais, #histoire, #spectacles, #écriture, #épitaphier, #vraie vie

If I Must Die, by beloved Palestinian poet, teacher and martyr Refaat Alareer,
fondateur du mouvement Nous ne sommes pas que des nombres.
Refaat was killed on December 7th by an Israeli airstrike.
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puis traduit automatiquement
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if I must die by rat alar November the
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1st
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2023 if I must die you must live to tell
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my story to sell my things to buy a
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piece of cloth and some
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strings make it white with a long tail
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so that a child somewhere in Gaza while
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looking heaven in the eye awaiting his
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dad who left in Ablaze and bid no one
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farewell not even to his flesh not even
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to himself seize the kite my kite you
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made flying up above and thinks for a
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moment an angel is there bringing back
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love if I must die let it bring
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hope Let It Be A Tale
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oh
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Si je dois mourir par rat alar le
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1er novembre
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2023 si je dois mourir, tu dois vivre pour le dire
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Mon histoire de vendre mes affaires pour acheter un
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Morceau de tissu et quelques
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Les cordes le rendent blanc avec une longue queue
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Pour qu'un enfant quelque part à Gaza alors que
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Regarder le ciel dans les yeux en attendant son
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Père qui est parti à Ablaze et n'a donné à personne
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Adieu pas même à sa chair pas même
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À lui-même saisir le cerf-volant mon cerf-volant vous
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Fait voler au-dessus et pense pour un
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Moment où un ange est là pour ramener
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Amour si je dois mourir, laisse-le apporter
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J'espère que c'est une histoire
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Oh!

quand on veut prouver, on trouve à prouver (voir la conclusion)

la preuve, cet article sur la page FB d'Yves Sokol, en date du 15 décembre

UN LIVRE DE 1714 APPORTE LA PREUVE QUE LA PALESTINE N’A JAMAIS ÉTÉ ARABE
L’auteur parlait couramment l’hébreu, l’arabe, le grec ancien et les langues européennes. Le livre a été écrit en latin et a été envoyé en 1695 en Israël, alors connu sous le nom de Palestine. Au cours de ses voyages, il a enquêté sur environ 2 500 endroits où vivaient des personnes mentionnées dans la Bible ou Michna.
1) Il a d’abord cartographié la Terre d’Israël.
2) Il a ensuite identifié chacun des lieux mentionnés dans la Michna ou le Talmud avec sa source originale. Si la source était juive, il l'a répertorié dans les Saintes Écritures. Si la source était romaine ou grecque, il indiquait le lien en grec ou en latin.
3) a mené une enquête démographique et un recensement de chaque communauté.
Vos conclusions
1. Aucune colonie en Terre d’Israël n’a de nom d’origine arabe.
La plupart des noms de colonies proviennent de langues hébraïques, grecques, latines ou romaines. En fait, jusqu’à aujourd’hui, sauf à Ramlah, aucune colonie arabe ne possède un nom arabe original. Jusqu’à présent, la plupart des noms de colonies sont d’origine hébraïque ou grecque, noms parfois déformés en noms arabes dénués de sens. Il n’y a aucune signification en arabe dans des noms comme Acco (Acre), Haïfa, Jaffa, Naplouse, Gaza ou Jénine et les villes appelées Ramallah, El Halil et El-Kuds (Jérusalem) manquent de racines historiques ou de philologie arabe. En 1696, l'année où Relaand fit le tour du pays, Ramallah par exemple s'appelait Bet'allah (nom hébreu Beit El) et Hébron s'appelait Hébron (Hevron) et les Arabes appelaient Mearat HaMachpelah El Chalil, leur nom pour l'ancêtre Abraham. .
2. La plupart des terrains étaient vides, désolé.
La plupart des terres étaient vides, désolées et les quelques habitants étaient principalement concentrés dans les villes de Jérusalem, Acco, Tzfat, Jaffa, Tibère et Gaza. La plupart des habitants étaient juifs et autres chrétiens. Peu de musulmans, la plupart des bédouins nomades. Naplouse, connue sous le nom de Shchem, était l'exception, car environ 120 personnes y vivaient, membres de la famille musulmane Natsha, et environ 70 Shomronites.
Dans la capitale de la Galilée, Nazareth, vivaient environ 700 chrétiens et à Jérusalem environ 5 000 personnes, principalement des Juifs et quelques chrétiens.
Ce qui est intéressant est que Reland a mentionné les musulmans comme des Bédouins nomades venus dans la région pour renforcer la main-d'œuvre du bâtiment et de l'agriculture. Autrement dit, des travailleurs saisonniers.
Par exemple, environ 500 personnes vivaient à Gaza, 55 % de juifs et le reste principalement de chrétiens. Les Juifs cultivaient et travaillaient dans leurs vignes florissantes, leurs vergers d’oliviers et leurs champs de blé. Les chrétiens travaillaient dans le commerce et le transport de marchandises et de produits.
Tibère et Tzfat étaient pour la plupart juifs et, à l'exception de la mention des pêcheurs qui pêchaient sur le lac Kinneret - le lac de Galilée - une occupation traditionnelle de Tibère, il n'y a aucune mention de leurs occupations. Une ville comme Um el-Phahem était un village où vivaient dix familles, autour de gens, tous chrétiens. Il y avait aussi une petite église maronite dans le village (famille Shehadah).
3. Pas d’héritage palestinien ni de nation palestinienne.
Le livre contredit totalement toute théorie postmoderne qui revendique un « héritage palestinien » ou une nation palestinienne. Le livre confirme le lien, la pertinence, la parenté de la Terre d'Israël avec les Juifs et le manque absolu d'appartenance aux Arabes, qui ont volé le nom latin de Palestine et l'ont pris comme leur.
Conclusion. - Cette étude exhaustive conclut qu'Israël a le droit absolu de défendre, revendiquer et protéger ce qui lui appartient depuis plus de 3 500 ans. Quand, avant Abraham, il reçut la promesse de la terre promise à ISRAËL ET NON À LA PALESTINE.
C'est le pays d'une promesse qui a été faite à Abram en changeant son nom en Abraham et qui est enregistrée dans
Genèse 17 : 4, 5 (Bible messianique israélite Kadosh)
4. « Quant à moi, voici mon alliance avec vous : ……...
5. Ton nom ne sera plus Avram [père exalté], mais ton nom sera Abraham [père de plusieurs], parce que je t'ai fait père de plusieurs nations.
Il réitéra la même promesse à son fils Isaac :
La même promesse fut répétée à Jacob, le plus jeune fils d'Isaac, le père des 12 tribus d'Israël.
Les documents les plus anciens NE MENTIONNENT PAS LES PALESTINIENS OU LES ARABES.
Les enfants israéliens descendants d'Avram mentionnent que son nom a été changé en Abraham.
Note. - Adrian Reland (1676-1718), orientaliste néerlandais, est né à Ryp, a étudié à Utrecht et Leiden et fut professeur de langues orientales successivement à Harderwijk (1699) et Utrecht (1701). Ses œuvres les plus importantes sont Palaestina ex monumentis veteribus illustré (Utrecht, 1714) et Antigüitates sacrae veterum Hebraeorum.
 
JCG : Yves Sokol se refuse à tirer toutes les conclusions implicites de son analyse,
qu'on remonte dans le temps fictionnel d'Abraham (aucune trace écrite vérifiable, aucun enregistrement audio ou vidéo de la voix faisant la promesse à Abraham, rire)
ou qu'on en arrive à 1948 où il y avait bien des villages et des gens et pas un désert dans ce qu'il appelle Palaestina
il y a bien eu expulsion et assassinats de gens
et aujourd'hui, il y a bien des gens à Gaza, des Gazaouis, plus d'un million en train d'être expulsés, exterminés
TABLE DES MATIERES

 

 Frontispice
 
Introduction, par Baruch Hagani. 
 
 7
 
 
 
 33
 
 
 41
 
 
 
 
 
 
 227
 

 

82 eaux-fortes (les désastres de la guerre) + 3 planches (les prisonniers) / édité en 1955 / visuel mis sur la page FB de Joan Sfar, le 6 novembre avec ce commentaire Si tu énerves les deux camps c'est que tu es sur la bonne voie !
82 eaux-fortes (les désastres de la guerre) + 3 planches (les prisonniers) / édité en 1955 / visuel mis sur la page FB de Joan Sfar, le 6 novembre avec ce commentaire Si tu énerves les deux camps c'est que tu es sur la bonne voie !

82 eaux-fortes (les désastres de la guerre) + 3 planches (les prisonniers) / édité en 1955 / visuel mis sur la page FB de Joan Sfar, le 6 novembre avec ce commentaire Si tu énerves les deux camps c'est que tu es sur la bonne voie !

"S’asseoir au milieu du désastre,

et devenir témoin,

réveiller en soi cet allié qui n’est autre

que le noyau divin en nous.

... Après avoir traversé une existence très préservée, très occupée à éviter les naufrages, toute cette adresse à passer entre les catastrophes, entre les blessures. Et subitement, après quinze ans de mariage, l’arrivée d’une autre femme, l’arrivée dans une existence préservée d’un autre être, qui du jour au lendemain détruit l’univers que vous vous étiez construit.

Et la traversée, pendant deux ans, trois ans, de la solitude, de l’abandon, dans un pays étranger, dans un village au bout du monde. Et la rencontre du travail de Dürckheim et d’une remarquable femme, son élève, qui travaillait avec la voix.

Alors que j’attendais d’elle qu’elle me donne la force de faire mes bagages, et de partir avec mes fils, elle m’a dit : « Tu restes là, assise au milieu du désastre, là ".

Tout le travail que j’ai fait par la suite avec le corps, avec la présence au monde, aux choses, cette leçon, non seulement d’accepter l’inacceptable, mais d’y entrer, d’y établir ses pénates, entrer dans le désastre, à l’intérieur, et y rester, y rester !

Non pas fuir, mais oser rester, à l’endroit où je suis interpellée, à cet endroit où tombent tous les masques, où tout ce que je n’aurais jamais pu croire s’avère être en moi, tous les démons, toute l’ombre. Les paroles éclatent et tous les démons déferlent dans la vie, la jalousie, l’envie de meurtre, l’autodestruction.

Et je reste là et je regarde...

... Nous connaissons dans notre Occident deux voies quand nous sommes dans un état d’étouffement, d’étranglement. L’une c’est le défoulement, c’est crier, c’est exprimer ce qui était jusqu’alors rentré. Il y a de nombreuses formes de thérapies sur ce modèle et c’est probablement, en son lieu et place, quelque chose de très précieux, pour faire déborder le trop plein. Mais au fond, toute l’industrie audiovisuelle, cinématographique, est fondée sur ce défoulement, cette espèce d’éclatement de toute l’horreur, de tout le désespoir rentré, qui en fait le prolonge et le multiplie à l’infini.

L’autre réponse, c’est le refoulement : avaler des couleuvres, et devenir lentement ce nid de serpents sur deux pattes, avec tout ce que ces vipères et couleuvres avalées ont d’effet destructif sur le corps et l’âme.

 

Et le troisième modèle qui nous vient d’Extrême-Orient et qu’incarnait Dürckheim : s’asseoir au milieu du désastre, et devenir témoin, réveiller en soi cet allié qui n’est autre que le noyau divin en nous.

 

J’ai rencontré voilà quatre jours, en faisant une conférence à Vienne, une femme. Et c’est une belle histoire qu’elle m’a racontée qui exprime cela à la perfection. Elle me disait à la perte de son unique enfant, avoir été ravagée de larmes et de désespoir, et un jour, elle s’est placée devant un miroir et a regardé ce visage brûlé de larmes, et elle a dit : « Voilà le visage ravagé d’une femme qui a perdu son enfant unique », et à cet instant, dans cette fissure, cette seconde de non identification, où un être sort d’un millimètre de son désastre et le regarde, s’est engouffrée la grâce. Dans un instant, dans une espèce de joie indescriptible, elle a su : « Mais nous ne sommes pas séparés », et avec cette certitude, le déferlement d’une joie indescriptible qu’exprimait encore son visage. C’était une femme rayonnante de cette plénitude et de cette présence qu’engendre la traversée du désastre.

 

Il existe, paraît-il, dans un maelström, un point où rien ne bouge. 


Se tenir là ! 


Ou encore, pour prendre une autre image: dans la roue d’un chariot emballé, il y a un point du moyeu qui ne bouge pas. Ce point, trouver ce point. 


Et si un seul instant, j’ai trouvé ce point, ma vie bascule, dans la perspective de la grande vie derrière la petite vie, de l’écroulement des paravents, de l’écroulement des représentations.

Un instant, voir cette perspective agrandie..."

 

Christiane Singer

Du bon usage des crises, Albin Michel, 2001

J'ai tenté d'appliquer cette approche d'assise au milieu du désastre à ce qui se passe depuis le 7 octobre au Moyen-Orient.

En ayant aussi conscience que victimes et bourreaux, nous sommes d'abord des humains

que rien de ce qui est humain ne nous est étranger (Térence)

que chaque homme porte la forme entière de l'humaine condition (Montaigne).

Naji al-Ali, né vers 1937 en Palestine et mort assassiné le 29 août 1987, en Grande-Bretagne, est un caricaturiste palestinien. À la suite de l'exode palestinien de 1948 sa famille s'est réfugiée dans camp libanais de Ain al-Hilweh. Handala est un personnage créé par Naji al-ali. Il est apparu pour la première fois en 1969 dans le journal koweitien Alsiyassa (La politique). C'est un petit garçon âgé de 10 ans, c'est l'âge qu'avait Naji lorsqu'il avait quitté la Palestine, pieds nus comme tous les enfants qui habitent les camps de réfugiés palestiniens. Handala est situé dans l'espace sans terrain d'appui car il est sans patrie. C'est le témoin de la tragédie de tout un peuple, le personnage est toujours dessiné de dos, visage tourné vers la Palestine.
Naji al-Ali, né vers 1937 en Palestine et mort assassiné le 29 août 1987, en Grande-Bretagne, est un caricaturiste palestinien. À la suite de l'exode palestinien de 1948 sa famille s'est réfugiée dans camp libanais de Ain al-Hilweh. Handala est un personnage créé par Naji al-ali. Il est apparu pour la première fois en 1969 dans le journal koweitien Alsiyassa (La politique). C'est un petit garçon âgé de 10 ans, c'est l'âge qu'avait Naji lorsqu'il avait quitté la Palestine, pieds nus comme tous les enfants qui habitent les camps de réfugiés palestiniens. Handala est situé dans l'espace sans terrain d'appui car il est sans patrie. C'est le témoin de la tragédie de tout un peuple, le personnage est toujours dessiné de dos, visage tourné vers la Palestine.
Naji al-Ali, né vers 1937 en Palestine et mort assassiné le 29 août 1987, en Grande-Bretagne, est un caricaturiste palestinien. À la suite de l'exode palestinien de 1948 sa famille s'est réfugiée dans camp libanais de Ain al-Hilweh. Handala est un personnage créé par Naji al-ali. Il est apparu pour la première fois en 1969 dans le journal koweitien Alsiyassa (La politique). C'est un petit garçon âgé de 10 ans, c'est l'âge qu'avait Naji lorsqu'il avait quitté la Palestine, pieds nus comme tous les enfants qui habitent les camps de réfugiés palestiniens. Handala est situé dans l'espace sans terrain d'appui car il est sans patrie. C'est le témoin de la tragédie de tout un peuple, le personnage est toujours dessiné de dos, visage tourné vers la Palestine.
Naji al-Ali, né vers 1937 en Palestine et mort assassiné le 29 août 1987, en Grande-Bretagne, est un caricaturiste palestinien. À la suite de l'exode palestinien de 1948 sa famille s'est réfugiée dans camp libanais de Ain al-Hilweh. Handala est un personnage créé par Naji al-ali. Il est apparu pour la première fois en 1969 dans le journal koweitien Alsiyassa (La politique). C'est un petit garçon âgé de 10 ans, c'est l'âge qu'avait Naji lorsqu'il avait quitté la Palestine, pieds nus comme tous les enfants qui habitent les camps de réfugiés palestiniens. Handala est situé dans l'espace sans terrain d'appui car il est sans patrie. C'est le témoin de la tragédie de tout un peuple, le personnage est toujours dessiné de dos, visage tourné vers la Palestine.

Naji al-Ali, né vers 1937 en Palestine et mort assassiné le 29 août 1987, en Grande-Bretagne, est un caricaturiste palestinien. À la suite de l'exode palestinien de 1948 sa famille s'est réfugiée dans camp libanais de Ain al-Hilweh. Handala est un personnage créé par Naji al-ali. Il est apparu pour la première fois en 1969 dans le journal koweitien Alsiyassa (La politique). C'est un petit garçon âgé de 10 ans, c'est l'âge qu'avait Naji lorsqu'il avait quitté la Palestine, pieds nus comme tous les enfants qui habitent les camps de réfugiés palestiniens. Handala est situé dans l'espace sans terrain d'appui car il est sans patrie. C'est le témoin de la tragédie de tout un peuple, le personnage est toujours dessiné de dos, visage tourné vers la Palestine.

Naji al-Ali, né vers 1937 en Palestine et mort assassiné le 29 août 1987, en Grande-Bretagne, est un caricaturiste palestinien.
À la suite de l'exode palestinien de 1948 sa famille s'est réfugiée dans camp libanais de Ain al-Hilweh.
Handala est un personnage créé par Naji al-ali. Il est apparu pour la première fois en 1969 dans le journal koweitien Alsiyassa (La politique). C'est un petit garçon âgé de 10 ans, c'est l'âge qu'avait Naji lorsqu'il avait quitté la Palestine, pieds nus comme tous les enfants qui habitent les camps de réfugiés palestiniens. Handala est situé dans l'espace sans terrain d'appui car il est sans patrie. C'est le témoin de la tragédie de tout un peuple, le personnage est toujours dessiné de dos, visage tourné vers la Palestine, et les mains croisées en signe de refus des solutions proposées par les États-Unis et leurs alliés arabes et israéliens. Il ne devrait dévoiler son visage que le jour où la dignité arabe ne sera plus menacée et où il retrouvera sa terre natale.
Handala est souvent accompagné de trois autres personnages récurrents : Fatima (dessin de gauche), l’homme bon (Al-Zalama, au milieu) et l’homme mauvais (à droite). Fatima représente une forme de refuge, la mère et la terre de Palestine, l’épouse dévouée, la femme souffrante et la protectrice. Elle incarne également l’implication des femmes palestiniennes dans la résistance. Al-Zalama est un homme honnête et bon qui représente, comme Handala, l’homme arabe ordinaire : « je ne suis ni Palestinien, ni Jordanien, ni Koweitien, ni Libanais, ni Egyptien, aucun. En bref, je n’ai pas de carte d’identité et ne suis pas intéressé à prendre la nationalité d’un quelconque pays. Je suis juste une personne arabe ». Sa maigreur symbolise l’oppression et la pauvreté des réfugiés. Son antagoniste, l’homme mauvais - laid, obèse, paresseux, sale, sans jambes car sans soutien populaire - personnifie la stupidité, la bassesse, l’oppression, les trahisons et les complots contre la résistance palestinienne.à combien de degrés, se lave un tissu de mensonges
 
Paroles de Gavroche, même âge que Handala dans les Misérables de Victor Hugo :
 
"Tenter, braver, persister, persévérer, être fidèle à soi-même, prendre corps à corps le destin, étonner la catastrophe par le peu de peur qu’elle nous fait, tantôt affronter la puissance injuste, tantôt insulter la victoire ivre, tenir bon, tenir tête ; voilà l’exemple dont les peuples ont besoin, et la lumière qui les électrise".
à combien de degrés se lave un tissu de mensonges

à combien de degrés se lave un tissu de mensonges

Réveillez-vous, réveillez-vous, ô égarés !
Vos religions sont subterfuges des Anciens.
Ils disent que le Temps mourra bientôt,
Que les jours sont à bout de souffle.
Ils ont menti – ils ignorent son échéance.
N’écoutez pas ces champions de fourberie.
Les gens voudraient qu’un imam se lève
Et prenne la parole devant une foule muette.
Illusion trompeuse – il n’est d’imam que la raison,
Notre guide de jour comme de nuit.
Peut-être dans les temples se trouvent-ils des gens
qui procurent la terreur à l'aide de versets,
Comme d'autres dans les tavernes
Procurent le plaisir.
Les lois divines ont semé parmi nous la rancune
Et nous ont apporté toutes sortes de malheurs,
Les corps vont à la poussière.
Aucun savant ne sait où va l'âme.
Malgré moi, je suis sorti en ce bas monde,
Et mon voyage est pour un monde ailleurs.
Cela malgré moi aussi, et Dieu m'en est témoin !
Suis-je prédestiné, entre ces deux mondes,
A accomplir une tâche,
Ou suis-je libre de mes choix ?
Raison - demeures laissées à l'abandon
Ignorance - solides demeures habitées.
La religion - commerce de morts.
Pour cette raison, c'est un objet invendable
parmi les vivants.
L' égaré appelle impie celui qui ne partage pas sa foi.
Malheur à lui ! Quel homme n'a pas connu l'impiété ?
Le Livre est devenu trompettes des égarés,
Et les versets, mélodies.
Ils en ont joué, puis, dans leur infamie,
Les ont agitées comme des épées
Sur l'homme paisible qui veille
Au clair de lune.
Je ne blâme pas l'athée
Mais plutôt celui qui, craignant l'enfer,
Persiste dans sa furie.
La raison ne peut que s'étonner des lois,
Qu'elles soient païennes, musulmanes,
juives ou chrétiennes...
Quant à la certitude, elle n'existe pas.
L'apogée de mes efforts se trouve
Dans l'intuition et les pressentiments.
J'ai poussé loin mes recherches
Et mes investigations.
J'affirme, malgré cela,
Que je suis perdu et ignorant.
Le mensonge a détruit
Les habitants de la terre.
Leurs descendants se sont groupés en sectes
Qui ne peuvent fraterniser.
Si l'inimitié n'avait été dans leur nature,
Dès l'origine,
Mosquée, église et synagogue
N'auraient fait qu'une.
La vérité est soleil recouvert de ténèbres -
Elle n'a pas d'aube dans les yeux des humains.
La raison, pour le genre humain
Est un spectre qui passe son chemin.
Foi, incroyance, rumeurs colportées,
Coran, Torah, Évangile
Prescrivant leurs lois ...
A toute génération ses mensonges
Que l’on s’empresse de croire et consigner.
Une génération se distinguera-t-elle, un jour,
En suivant la vérité ?
Deux sortes de gens sur la terre :
Ceux qui ont la raison sans religion,
Et ceux qui ont la religion et manquent de raison.
Tous les hommes se hâtent vers la décomposition,
Toutes les religions se valent dans l'égarement.
Si on me demande quelle est ma doctrine,
Elle est claire :
Ne suis-je pas, comme les autres,
Un imbécile ?
 
 
Abu-l-Ala al-Maari  (973-1057),
Aboul Ala El-Maari ou Aboul Alaa El-Maari
est un poète arabe qui naquit dans la ville syrienne de Ma`arrat an-N`uman au sud d'Alep.

 

En , son œuvre était interdite d’exposition au Salon international du livre d'Alger (SILA) sur ordonnance du ministère des Affaires religieuses et des Waqfs algérien.

En 2013, la statue qui lui avait été érigée à Maaret el-Noomane, sa ville de naissance, a été jetée à bas de son socle et décapitée par un groupe djihadiste armé.

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On supprimera la Foi
Au nom de la Lumière,
Puis on supprimera la lumière.
On supprimera l’Âme
Au nom de la Raison,
Puis on supprimera la raison.
On supprimera la Charité
Au nom de la Justice,
Puis on supprimera la justice.
On supprimera l‘Amour
Au nom de la Fraternité,
Puis on supprimera la fraternité.
On supprimera l’Esprit de Vérité
Au nom de l’Esprit critique,
Puis on supprimera l’esprit critique.
On supprimera le Sens du Mot
Au nom du Sens de mots,
Puis on supprimera le sens des mots.
On supprimera le Sublime
Au nom de l’Art,
Puis on supprimera l’art.
On supprimera les Écrits,
Au nom des Commentaires,
Puis on supprimera les commentaires.
On supprimera le Saint
Au nom du Génie,
Puis on supprimera le génie.
On supprimera le Prophète
Au nom du Poète,
Puis on supprimera le poète.
On supprimera l’Esprit
Au nom de la Matière,
Puis on supprimera la matière.
AU NOM DE RIEN ON SUPPRIMERA L’HOMME.
ON SUPPRIMERA LE NOM DE L’HOMME :
IL N’Y AURA PLUS DE NOM ;
NOUS Y SOMMES.
 
Armand Robin, Les Poèmes indésirables
Les Juifs d’Evguéni Tchirikov. pièce écrite en 1903, suite au pogrom de Kichiniov, pendant la Pâque orthodoxe du 6 au 8 avril 1903, éditée en 1906 par Gorki, immédiatement censurée et jamais rééditée.

Les Juifs d’Evguéni Tchirikov. pièce écrite en 1903, suite au pogrom de Kichiniov, pendant la Pâque orthodoxe du 6 au 8 avril 1903, éditée en 1906 par Gorki, immédiatement censurée et jamais rééditée.

Les Juifs d’Evguéni Tchirikov. pièce écrite en 1903, suite au pogrom de Kichiniov, pendant la Pâque orthodoxe du 6 au 8 avril 1903, éditée en 1906 par Gorki, immédiatement censurée et jamais rééditée.

Le pogrom (3 lignes décrivent les atrocités commises, page 15, je ne les reproduis pas) avait eu un immense retentissement, faisant suite au retentissement mondial de l’interminable affaire Dreyfus. Une grande collecte pour les victimes avait été organisée. Y avaient participé entre autres Tolstoï, Tchekhov.

Ce qui est remarquable avec Les Juifs, c’est qu’elle est écrite par un Russe, non par un Juif, tentant de nous faire vivre de l’intérieur d’une maison (mot essentiel en Russie), les doutes, espoirs, angoisses, épreuves d’une famille juive, celle du vieil horloger Leïser Frenkel.

La pièce fut créée en décembre 1904 à Berlin, fit une tournée mondiale, Vienne, Oslo, Londres, New York (un an aux USA).

Elle est créée en Russie même fin 1905. Meyerhold en fit une mise en scène, en février 1906, jouée 3 fois.

En France, la pièce ne fut jouée qu’une fois en juin 1933, au Théâtre du Vieux-Colombier, un an après la mort de Tchirikov, et peu après l’arrivée de Hitler au pouvoir, dans une traduction et une mise en scène de Georges Pitoëff, soirée de gala au profit du Fonds juif international dont la mission était de favoriser l’installation en Palestine des Juifs allemands exilés. La traduction de Pitoëff n’a pas été retrouvée, jamais publiée.

2023, résurrection de cette pièce par les soins d’André Markowicz, 120 ans après son écriture, 90 ans après sa seule représentation en France.

Ma lecture :

Pièce en 4 actes. 150 pages.
1° acte : un acte éminemment politique, idéologique, historique. Échanges vifs et argumentés entre des jeunes gens, l’un sioniste, voulant retourner aux sources, recréer un foyer juif en Palestine. Il est le seul à défendre cette vision. Les autres sont marxistes, il y a des juifs, des russes dont un ouvrier, certains, sont socio-démocrates,  sur la ligne du réformisme (August Bebel est cité), d’autres, révolutionnaires, sur la ligne de la rupture avec le capitalisme, y compris avec les riches Juifs.

2° acte : on entre dans l’intimité de la famille, dans les envies et projets des uns et des autres. Émerge le personnage de Lia, la fille du vieil horloger.  Elle est aimée du sioniste Nachman (26 ans), aime un chrétien russe, révolutionnaire, Bérézine. Dilemme. Beaucoup d’interruptions. Cette vieille maison juive, succession de pièces, atelier, entrepôt, cuisine, chambres, salle à manger, cave, on y entre, on en sort sans frapper, par différentes entrées et sorties. Des Russes passent, des Juifs arrivent dont le frère du vieil horloger, Aaron (55 ans) et sa famille. Des rumeurs courent sur un pogrom annoncé à Kichiniov.

3° acte : les menaces se précisent, des pierres sont jetées, des insultes proférées; que faire ? Fuir, se défendre revolver en mains, se tuer, espérer la solidarité des ouvriers russes, l’intervention de la police; accepter les humiliations, la mort atroce sous les moqueries ?

4° acte : le plus court (17 pages), le pogrom en acte

violente dispute entre le vieil horloger (60 ans) et son fils Boruch ((22 ans), le frère aîné de Lia (18 ans). Boruch et Lia, étudiants, sont interdits de poursuite d’études, pour désordres, ce qui provoque la colère de Leïser, reniant son fils. Bérézine, russe orthodoxe et camarade de Boruch tente de sauver Lia en l’incitant à fuir avec lui. Elle refuse et finit par se suicider avec le revolver de Bérézine, lui-même tué par les pogromistes.

Ça n’arrête pas d’entrer et de sortir. Certains meurent de peur ou de vieillesse.

Des personnages, on passe aux voix sans visage, à leurs injures, insultes, projets de viols, d’assassinats jusqu’à la confusion finale. La police annoncée, le pogrom reflue, des ouvriers solidaires sont maintenant sur les lieux, Nachman cesse d’utiliser son revolver.

 

J’avoue avoir hésité à lire le 4° acte. S’il y avait eu des actes, j’aurais regretté la lecture. Là, on n’entend que les voix des « monstres », des salopards, de la haine anti-sémite. Il faut de l’imagination pour passer

JCG : l'écriture évolutive de cet article,

écrit sans voir d'images, de vidéos, sans écouter les médias, en évitant tout ce qui est tranché comme un couperet idéologique ou religieux, en lisant des articles parfois fort anciens, en faisant des recherches,

écrit du 9 octobre au 22 novembre,

écrit sans colère ni tristesse ni détresse sans espoir

se justifie par l'horreur de ce qui s'est déroulé, se déroule et par les conséquences, les bouleversements qui ne manqueront pas de se produire

le 7 octobre = massacres perpétrés par le Hamas = crimes de guerre

j'ai cherché des responsables

Cheikh Yassine, Yahya Sinwar, Mohammed Deif

https://www.jeuneafrique.com/1491625/politique/du-cheikh-yassine-a-deluge-dal-aqsa-genese-du-hamas/

https://www.jeuneafrique.com/1501644/politique/yahya-sinwar-leader-du-hamas-lart-de-la-manipulation/

https://www.jeuneafrique.com/1490819/politique/qui-est-mohammed-deif-le-cerveau-de-lattaque-du-hamas-en-israel/

et par la réaction de vengeance qui s'en suit =

le choix militaire fait par le gouvernement d'extrême-droite israélien de traiter toute la population de Gaza comme ennemie, comme des "animaux humains" peut être caractérisé juridiquement

ou comme crime contre l'humanité

ou comme génocide;

FLASH | "Le nord de #Gaza est plus beau que jamais. Tout faire exploser et tout aplatir est un régal pour les yeux. Nous allons distribuer des parcelles à tous ceux qui se sont battus pour Gaza, et aux expulsés de Gush Katif", a publié le ministre israélien du Patrimoine, Amichai #Eliyahu, sur Facebook. le 3 novembre, 9:37 AM

même caractérisation pour ce qui se passe à bas bruit au Haut-Karabagh; 

la CPI pourrait d'ores et déjà engager des poursuites mais, hasard ?, ni Israël ni USA ni Russie n'ont ratifié le statut de Rome créant la CPI en 2002

j'ai fait choix, en les reproduisant, ou en donnant les hyper-liens, d'un certain nombre d'analyses, d'interventions, de prises de position (venues essentiellement d'Israël et de Palestine)

j'ai fait choix de contextualiser (le rôle du sionisme révisioniste et de son leader Vladimir Jabotinski (1880-1940) / position d'Einstein et d'Arendt après le massacre de 1948 par le parti de la liberté de Menahem Begin, continuateur de Jabotinski)

NB :  le père de Netanyaou fut le secrétaire de Jabotinski (théoricien du Grand Israël)

j'ai fait entendre des points de vue me semblant proposer  des solutions en me positionnant par rapport à elles

deux questions me semblent essentielles

l'une politique : 1 ou 2 États ?

(2 États semblent être définitivement un échec)

l'autre philosophique : un modèle de gouvernement peut-il prétendre à l'universalité de droit ? la démocratie peut-elle être déclarée de droit universelle et faire valoir dans les faits, y compris par la force, sa suprématie ?

 

Lettre de démission de Craig Mokhiber, directeur du Bureau de New York du Haut Commissariat aux droits de l’Homme adressée le 28 octobre 2023 au Haut-commissaire des droits de l’Homme, Volker Turk.

 

Monsieur le Haut Commissaire,

Ceci sera ma dernière communication officielle en tant que directeur du Bureau de New York du Haut Commissariat aux droits de l’homme (OHCHR).

Je vous écris dans un moment de grande détresse pour le monde, y compris pour beaucoup de nos collègues. Une fois encore, nous assistons à un génocide qui se déroule sous nos yeux, et l’Organisation que nous servons semble impuissante à l’arrêter. En tant que personne ayant enquêté sur les droits de l’homme en Palestine depuis les années 1980, ayant vécu à Gaza comme conseiller des Nations unies pour les droits de l’homme dans les années 1990, et ayant effectué plusieurs missions de défense des droits de l’homme dans le pays avant et depuis ces périodes, cette situation me touche personnellement.

C’est encore dans ces locaux de l’ONU que j’ai travaillé lors des génocides contre les Tutsis, les musulmans bosniaques, les Yazidis et les Rohingyas. Dans chaque cas, alors que la poussière était retombée sur les horreurs perpétrées contre des populations civiles sans défense, il devenait douloureusement évident que nous avions manqué à notre devoir de répondre aux impératifs de prévention des atrocités de masse, de protection des personnes vulnérables et d’obligation d’exiger que les auteurs de ces actes rendent des comptes. Il en a été de même avec les vagues successives de meurtres et de persécutions à l’encontre des Palestiniens, tout au long de l’existence des Nations unies.

Monsieur le Haut Commissaire, nous échouons à nouveau.

En tant que juriste spécialisé dans les droits de l’homme, avec plus de trente ans d’expérience dans ce domaine, je sais bien que le concept de génocide a souvent fait l’objet d’exploitation politique abusive. Mais le massacre actuel du peuple palestinien, ancré dans une idéologie coloniale ethno-nationaliste, dans la continuité de décennies de persécution et d’épuration systématiques, entièrement fondé sur leur statut d’Arabes, et associé à des déclarations d’intention explicites des dirigeants du gouvernement et de l’armée israéliens, ne laisse aucune place au doute ou au débat. À Gaza, les habitations, les écoles, les églises, les mosquées et les établissements médicaux sont attaqués sans raison et des milliers de civils sont massacrés. En Cisjordanie, y compris à Jérusalem occupée, les maisons sont saisies et réattribuées en fonction uniquement de la race. Par ailleurs, de violents pogroms perpétrés par les colons sont accompagnés par des unités militaires israéliennes. Dans tout le pays, l’apartheid règne.

Il s’agit d’un cas d’école de génocide. Le projet colonial européen, ethno-nationaliste, de colonisation en Palestine est entré dans sa phase finale, vers la destruction accélérée des derniers vestiges de la vie palestinienne indigène en Palestine. Qui plus est, les gouvernements des États-Unis, du Royaume-Uni et d’une grande partie de l’Europe sont totalement complices de cet horrible assaut. Non seulement ces gouvernements refusent de remplir leurs obligations conventionnelles “d’assurer le respect” des conventions de Genève, mais ils arment activement l’offensive, fournissent un soutien économique, des renseignements, et couvrent politiquement et diplomatiquement les atrocités commises par Israël.

De concert avec tout cela, les médias corporatifs occidentaux, de plus en plus aux ordres des gouvernements, sont en totale rupture avec l’article 20 du PIDCP (ndt, Pacte international relatif aux droits civils et politiques adopté en 1966), déshumanisant les Palestiniens sans cesse pour justifier le génocide, et diffusant la propagande guerrière et les appels à la haine nationale, raciale ou religieuse qui constituent une incitation à la discrimination, à l’hostilité et à la violence. Les entreprises de réseaux sociaux basées aux États-Unis étouffent les voix des défenseurs des droits de l’homme tout en amplifiant la propagande pro-israélienne. Les gendarmes du lobby israélien sur le net et les GONGOS (ndt, organisations non gouvernementales soutenues par des gouvernements) harcèlent et diffament les défenseurs des droits de l’homme, les universités et employeurs occidentaux collaborent avec eux pour punir ceux qui osent s’élever contre les atrocités. À la suite de ce génocide, ces acteurs devront également rendre des comptes, comme ce fut le cas pour la radio des Milles Collines au Rwanda.

Dans de telles circonstances, notre organisation est plus que jamais appelée à agir de manière efficace et fondée sur des principes. Mais nous n’avons pas relevé ce défi. Le pouvoir de protection du Conseil de sécurité a de nouveau été bloqué par l’intransigeance des États-Unis, le secrétaire général est attaqué pour ses lègères protestations et nos mécanismes de défense des droits de l’Homme font l’objet d’attaques calomnieuses soutenues par un réseau organisé en ligne qui défend l’impunité.

Des décennies de distraction par les promesses illusoires et largement décevantes d’Oslo ont détourné l’Organisation de son devoir essentiel de protection du droit international, des droits de l’Homme et de la Charte elle-même. Le mantra de la “solution à deux États” est devenu une plaisanterie ouverte dans les couloirs de l’ONU, à la fois pour son impossibilité absolue dans les faits et pour son incapacité totale à tenir compte des droits humains inaliénables du peuple palestinien. Le soi-disant “Quartet” n’est plus qu’une feuille de vigne pour l’inaction et la soumission à un statu quo brutal. La référence (écrite par les États-Unis) aux “accords entre les parties elles-mêmes” (au lieu du droit international) a toujours été un tour de passe passe évident, destiné à renforcer le pouvoir d’Israël contre les droits des Palestiniens occupés et dépossédés de leurs biens.

Monsieur le Haut Commissaire, j’ai rejoint cette Organisation dans les années 1980, parce que j’y ai trouvé une institution fondée sur des principes et des normes qui étaient résolument du côté des droits de l’Homme, y compris dans les cas où les puissants États-Unis, Royaume-Uni et Europe n’étaient pas de notre côté. Alors que mon propre gouvernement, ses institutions subsidiaires et une grande partie des médias nord-américains soutenaient ou justifiaient encore l’apartheid sud-africain, l’oppression israélienne et les escadrons de la mort d’Amérique centrale, les Nations unies défendaient les peuples opprimés de ces pays. Nous avions pour nous le droit international. Nous avions pour nous les droits humains. Nous avions pour nous les principes. Notre autorité était ancrée dans notre intégrité. Mais ce n’est plus le cas.

Au cours des dernières décennies, des membres importants des Nations unies ont cédé au pouvoir des États-Unis et à la peur du lobby israélien, abandonnant ces principes et renonçant au droit international lui-même. Nous avons beaucoup perdu dans cet abandon, notamment notre propre crédibilité mondiale. Mais c’est le peuple palestinien qui a subi les plus grandes pertes à cause de nos échecs. L’ironie de l’histoire veut que la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH) ait été adoptée l’année même où la Nakba a été perpétrée contre le peuple palestinien.

Alors que nous commémorons le 75e anniversaire de la DUDH, nous ferions bien d’abandonner le mythe éculé selon lequel la DUDH est née des atrocités qui l’ont précédée, et d’admettre qu’elle est née en même temps que l’un des génocides les plus atroces du XXème siècle, celui de la destruction de la Palestine. D’une certaine manière, les auteurs de la Déclaration promettaient les droits de l’homme à tout le monde, sauf au peuple palestinien. N’oublions pas non plus que les Nations unies ont commis le péché originel de faciliter la dépossession du peuple palestinien en ratifiant le projet colonial européen qui s’est emparé des terres palestiniennes et les a remises aux colons. Nous avons tant à nous faire pardonner.

Mais la voie de l’expiation est claire. Nous avons beaucoup à apprendre de la position de principe adoptée ces derniers jours dans les villes du monde entier, où des millions de personnes s’élèvent contre le génocide, même au risque d’être battues et arrêtées. Les Palestiniens et leurs alliés, les défenseurs des droits de l’homme de tous bords, les organisations chrétiennes, musulmanes et les voix juives progressistes qui disent “pas en notre nom”, montrent tous la voie. Il ne nous reste plus qu’à les suivre.

Hier, à quelques rues d’ici, la gare Grand Central de New York a été complètement envahie par des milliers de juifs défenseurs des droits de l’homme, solidaires du peuple palestinien et exigeant la fin de la tyrannie israélienne (nombre d’entre eux risquant d’être arrêtés). Ce faisant, ils ont balayé en un instant l’argument de propagande de la hasbara israélienne (et le vieux cliché d’antisémitisme) selon lequel Israël représenterait en quelque sorte le peuple juif. Ce n’est pas le cas. Et, en tant que tel, Israël est seul responsable de ses crimes. Sur ce point, il convient de répéter, malgré les calomnies du lobby israélien, que la critique des violations des droits de l’homme par Israël n’est pas antisémite, pas plus que la critique des violations saoudiennes n’est islamophobe, la critique des violations du Myanmar n’est anti-bouddhiste, ou la critique des violations indiennes n’est anti-hindouiste. Lorsqu’ils cherchent à nous faire taire en nous calomniant, plutôt que faire silence, nous devons élever la voix. J’espère que vous conviendrez, Monsieur le Haut Commissaire, qu’il s’agit là de l’essence même du parler vrai aux puissants. 

Mais je trouve également de l’espoir dans tous ces membres des Nations unies qui,en dépit des énormes pressions exercées, ont refusé de compromettre les principes de l’Organisation en matière de droits de l’homme. Nos rapporteurs spéciaux indépendants, nos commissions d’enquête et nos experts des organes de traités, ainsi que la majorité de notre personnel, ont continué à défendre les droits humains du peuple palestinien, alors même que d’autres membres des Nations unies (même au plus haut niveau) ont honteusement courbé l’échine devant les puissants. En tant que gardien des normes et standards en matière de droits de l’homme, le HCDH (ndt Haut-Commissariat aux droits de l’homme) a le devoir particulier de défendre ces normes. Notre tâche, je crois, est de faire entendre notre voix, du secrétaire général à la dernière recrue des Nations unies et, horizontalement, dans l’ensemble du système des Nations unies, en insistant sur le fait que les droits humains du peuple palestinien ne font l’objet d’aucun débat, d’aucune négociation, ni d’aucun compromis, où que ce soit sous la banière bleue.

À quoi ressemblerait donc une position fondée sur les normes de l’ONU ? À quoi travaillerions-nous si nous étions fidèles à nos exhortations rhétoriques sur les droits de l’homme et l’égalité pour tous, la responsabilité pour les criminels, la réparation pour les victimes, la protection des personnes vulnérables et l’autonomisation des détenteurs de droits, le tout dans le cadre de l’État de droit ? La réponse, je crois, est simple – si nous avons la lucidité de voir au-delà des écrans de fumée de la propagande qui déforment la vision de la justice pour laquelle nous avons prêté serment, le courage d’abandonner peur et déférence à l’égard des États puissants et la volonté de brandir l’étendard des droits de l’homme et de la paix. Certes, il s’agit d’un projet à long terme et d’une voie escarpée. Mais nous devons commencer maintenant à moins de nous abandonner à une horreur indicible. Je vois dix points essentiels :

  1. Une action légitime : tout d’abord, nous devons, au sein des Nations unies, abandonner le paradigme d’Oslo, qui a échoué (et qui est en grande partie fallacieux), sa solution illusoire à deux États, son Quartet impuissant et complice, et le détournement du droit international aux diktats de son supposé bien-fondé politique. Nos positions doivent se fonder sans équivoque sur les droits de l’homme et le droit international.
  2. Une vision claire : nous devons cesser de prétendre qu’il s’agit simplement d’un conflit territorial ou religieux entre deux parties belligérantes et admettre la réalité de la situation, à savoir qu’un État au pouvoir disproportionné colonise, persécute et dépossède une population autochtone sur la base de son appartenance ethnique.
  3. Un État unique fondé sur les droits de l’homme : nous devons soutenir l’établissement d’un État unique, démocratique et laïque dans toute la Palestine historique, avec des droits égaux pour les chrétiens, les musulmans et les juifs, et, par conséquent, le démantèlement du projet colonialiste profondément raciste et la fin de l’apartheid sur tout le territoire.
  4. Lutte contre l’apartheid : nous devons réorienter tous les efforts et toutes les ressources des Nations unies vers la lutte contre l’apartheid, comme nous l’avons fait pour l’Afrique du Sud dans les années 1970, 1980 et au début des années 1990.
  5. Retour et indemnisation : nous devons réaffirmer et insister sur le droit au retour et à l’indemnisation complète de tous les Palestiniens et de leurs familles qui vivent actuellement dans les territoires occupés, au Liban, en Jordanie, en Syrie et dans la diaspora à travers le monde.
  6. Vérité et justice : nous devons appeler à un processus de justice transitionnelle, utilisant pleinement les décennies d’enquêtes, de recherches et de rapports accumulés par l’ONU, afin de documenter la vérité et garantir la responsabilité de tous les criminels, la compensation pour toutes les victimes et la réparation des injustices documentées.
  7. Protection : nous devons insister sur le déploiement d’une force de protection de l’ONU dotée de ressources suffisantes et d’un mandat solide pour protéger les civils du fleuve à la mer.
  8. Désarmement : nous devons plaider pour le retrait et la destruction des stocks massifs d’armes nucléaires, chimiques et biologiques d’Israël, évitant ainsi que le conflit ne conduise à la destruction totale de la région et, qui sait, au-delà.
  9. Médiation : nous devons reconnaître que les États-Unis et les autres puissances occidentales ne sont pas des médiateurs crédibles, mais plutôt des parties prenantes du conflit, qui sont complices d’Israël dans la violation des droits des Palestiniens, et nous devons les affronter en tant que tels.
  10. Solidarité : nous devons ouvrir grand nos portes (et celles du secrétariat général) aux légions de défenseurs des droits de l’homme palestiniens, israéliens, juifs, musulmans et chrétiens qui sont solidaires du peuple de Palestine et de ses droits, et mettre un terme au flux incontrôlé de lobbyistes israéliens vers les bureaux des dirigeants de l’ONU, où ils prônent la poursuite de la guerre, de la persécution, de l’apartheid et de l’impunité, tout en dénigrant nos défenseurs des droits humains à cause de leur position de principe sur les droits des Palestiniens. 

Il faudra des années pour y parvenir, et les puissances occidentales nous combattront à chaque étape du processus, c’est pourquoi nous devons faire preuve de fermeté. D’ores et déjà, nous devons œuvrer pour un cessez-le-feu immédiat et la fin du siège de Gaza, nous opposer au nettoyage ethnique de Gaza, Jérusalem, Cisjordanie (et ailleurs), documenter l’assaut génocidaire à Gaza, contribuer à apporter aux Palestiniens une aide humanitaire massive et les moyens de la reconstruction, prendre soin de nos collègues traumatisés et de leurs familles, et nous battre comme des diables pour que la démarche des bureaux politiques de l’ONU soit basée sur des principes.

L’échec des Nations unies en Palestine jusqu’à présent n’est pas une raison pour nous de renoncer. Au contraire, il devrait nous encourager à abandonner le paradigme passé qui a échoué, et à adopter pleinement une ligne de conduite plus fondée sur des principes.

En tant qu’OHCHR, rejoignons avec audace et fierté le mouvement anti-apartheid qui se développe dans le monde entier, en ajoutant notre logo à la bannière de l’égalité et des droits de l’homme pour le peuple palestinien. Le monde nous observe. Nous devrons tous rendre compte de notre position à ce moment crucial de l’histoire. Prenons le parti de la justice.

Je vous remercie, Monsieur le Haut Commissaire Volker, d’avoir écouté ce dernier appel de mon bureau. Dans quelques jours, je quitterai le Bureau pour la dernière fois, après plus de trois décennies de service. Mais n’hésitez pas à me contacter si je peux être utile à l’avenir.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes salutations distinguées,

Craig Mokhiber
JCG : discours droits de l'homme qui ne se pose pas la question des  possibilités de réalisation des propositions faites
ONU aujourd'hui déconsidérée et démunie car divisée avec un péché originel, la création sans l'accord des pays arabes, d'un État israélien en 1948
Occident partisan pratiquant le deux poids deux mesures entre Israël et Palestine, entre Ukraine et Russie, entre Taïwan et Chine...,
affirmation de plus en plus forte de nouveaux empires et d'autres formes de gouvernement (dictatures selon la nomenclature "officielle") même mises au ban de la soi-disant "communauté internationale" que la démocratie pluraliste dite représentative, contestable et de plus en plus contestée, surtout quand on voit se multiplier les régimes d'extrême-droite ou d'extrême-centre, autoritaires et répressifs...
 
La préconisation d'un Etat unique, démocratique et laïque, selon le modèle français (de plus en plus bousculé) qui semble ce qui serait le meilleur modèle se heurterait aux pratiques majoritaires dans le monde et surtout au Proche et Moyen-Orient, de nature communautaristes.

la position de Jean-Pierre Grosse

En Israel, s’affrontent 2 factions fascistes (Netanyaou + ultra-orthodoxes / Hamas ) dont l’objectif majeur est d’anéantir l’autre. Toutes 2 sont coupables de crimes de guerre etc .. La violence ne résoudra rien sinon créer de nouvelles générations de terroristes. Je doute qu’un accord soit possible tant que ces dirigeants sont au pouvoir.

La solution d’un état ne me paraît pas possible : trop de haine accumulée.

La solution à 2 états me paraît la seule viable MAIS pour cela, il faudrait :

  • Transférer tous les Gazaouis (2 M) en Cisjordanie - actuellement un gruyère occupé par Israël – qui deviendrait un véritable état indépendant
  • Et tous les colons (0,5M) à Gaza qui deviendrait israélien.

Techniquement faisable : le monde a l’habitude des transferts de population !

 

La récupération des colonies juives de Cisjordanie permettrait une compensation des dégâts subis par les Gazaouis et les colons pourraient faire à Gaza ce qu’ils font bien : reconstruire !

Jean-Pierre Grosse, Marrakech, 12 novembre 2023

Un régime de suprématie juive de la Méditerranée au Jourdain : c’est un apartheid by B’Tselem

hier soir, 6 octobre 2023, 20 H 30, au Théâtre Denis à Hyères
très beau et dur voyage avec le Transsibérien sur le fleuve Amour où périssent des milliers de cosaques
porté corps, voix et musique par Dominique Lardenois et Ismaïl Safran
du monde
(manque de jeunes cependant)
public très réceptif
avis partagés mais majoritairement très positifs
pour ma part, j'avais et j'ai à nouveau apprécié l'expresionnisme minimaliste dans la gestuelle et modulé dans la voix, allant jusqu'au paroxysme
après spectacle prenant son temps
le temps des échanges en lien ou pas avec le spectacle
le temps du repas indien avec l'équipe (10)
parti à 19 H 15, je suis rentré à 1 H 15
demain, après-midi, Théâtre du Rocher, La Garde
dernière de Mort le Soleil de Gwendoline Soublin avec Guillaume Cantillon
donc pas de Fête de l'automne à Tourris
pas de récital Didier Bourguignon chez Florence
mardi soir, Le Comédia, Geli de Diastème avec Fred Andrau et Aliénor de la Gorce
l'affiche, Lardenois en Cendrars quand il resitue le contexte et avec Safwan en fort mauvais poète
l'affiche, Lardenois en Cendrars quand il resitue le contexte et avec Safwan en fort mauvais poète
l'affiche, Lardenois en Cendrars quand il resitue le contexte et avec Safwan en fort mauvais poète

l'affiche, Lardenois en Cendrars quand il resitue le contexte et avec Safwan en fort mauvais poète

hier dimanche 8 octobre à 16 H au Théâtre du Rocher j'ai vu
Mort le Soleil, pièce de Gwendoline Soublin
éditée à L'oeil du prince
sur les alpha, les masculinistes les plus radicaux
développant une haine de la femme allant ... jusqu'à les abattre
l'idéologue de ce masculinisme dans la pièce a pour prénom, Bertrand
et ce n'est pas un hasard a dit Guillaume
Bertrand dont la postface au livre d'Armand Gatti, la poésie de l'étoile (1988) est remarquable
c'était l'époque de Noir Désir
Guillaume Cantillon en parricide sous influence, condamné à la perpétuité, est l'interprète puissant, subtil de ce haineux, particulièrement touchant à un moment-clef du récit
initialement, j'avais fait choix de ne pas voir ce travail, trop éloigné de ma vision et pratique de la relation, de la disponibilité
 
 
ce sont les messages de 3 amies Sophia Johnson, Florence Morali et Michelle Lissillour qui m'ont fait changer d'avis
merci à elles
depuis hier soir et cette nuit, j'écris dans ma tête l'article que je vais consacrer à cette réalisation
- vue d'abord sous l'angle de la tyrannie des minorités activistes via les réseaux sociaux
illustration : le wokisme
mais pas #metoo qui dévoile l'ampleur universelle de la prédation et donne la parole à plus de la moitié de l'humanité
aujourd'hui, on est déjà dans le post-#metoo comme le montre le récent film de Catherine Breillat, L'été dernier, qui est un film contre #metoo
heureusement, ça peut se dire, se filmer
 
sort ce 11 octobre Le consentement, film dont on dit déjà qu'il est une réussite
 
je ne sais pas encore trancher en ce qui concerne le mouvement décolonisons la culture qui pourrait bien avoir l'impact - à plus long terme - de #metoo
 
les minorités activistes via les réseaux sociaux posent problème et signifient peut-être à terme la mort du modèle politique appelé démocratie qui est par le système (très critiquable) des élections l'expression d'une majorité (silencieuse)
 
comment une majorité silencieuse (qui peut être en retard sur le plan de l'évolution des mentalités, jamais homogène, du même pas, plutôt chaotique, mouvementée) que ce silence soit obtenue par tout le bruit fait par les médias mainstream, communiquant, propagandant en invisibilisant les gens ou qu'il soit individuellement et collectivement le fait des gens ne voulant pas s'en mêler, s'emmêler peut-elle se protéger de ceux qui au nom de leur vérité, sapent, tentent par la stigmatisation de saper ce qui fonde la nation (un territoire, une histoire, un récit national, une mémoire, des valeurs, des traditions...)
 
le problème des réseaux sociaux est complexe
si on sait s'en servir ce sont des outils d'information, de propositions, de discussion; on n'est pas passif, on s'exprime, on commente; il y a des pages sur FB, particulièrement argumentées
 
- vue ensuite en tant que texte et interprétation dont je pense le plus grand bien
merci pour ce puissant moment et pour les échanges ensuite
est-ce un monstre ou un humain ?
discussion déjà au moment du livre pluriel consacré à Agnès Marin, 14 ans, et à son assassin, mineur au moment des faits, Matthieu Moulinas, déclaré irresponsable par les psychiatres et condamné à perpétuité dans une prison psychiatrique
 
évidemment, tu découvres le 9 octobre dans la journée, ce qui s'est déclenché à Gaza, le 7 octobre à 6 H 30, heure locale
et tout d'un coup pour qui se demande en quoi peut bien constituer sa mission de vie, se pose la question du pourquoi choisir de s'intéresser à un phénomène marginal comme les masculinistes quand les fondamentalistes religieux du Proche et Moyen-Orient déploient leur haine de la femme, de leurs peuples massivement, jusqu'aux pires monstruosités
 
pendant que les femmes tant en Iran qu'en Israël et à Gaza ou en Cisjordanie affirment de plus en plus leur refus de cette exclusion grâce à leur capacité individuelle et collective à ne plus avoir peur, à braver les interdits, la répression
 
 
il est évident que l'horreur collective en cours ne m'incite pas à poursuivre mon article sur Mort le soleil mais je maintiens mon appréciation très positive sur texte et interprétation
 
l'affiche et Guillaume Cantillon
l'affiche et Guillaume Cantillon

l'affiche et Guillaume Cantillon

dans le même temps,
sur d'autres scènes que les scènes de théâtre,
sur des scènes de guerre et de terreur,
des horreurs, encore des horreurs,
des exhortations à la paix,
des appels à des solutions politiques qui n'arrivent jamais,
à se demander pourquoi collectivement, on n'y arrive pas :
 
Le positionnement le plus stimulant sur l'horreur sans fin en cours depuis des millénaires et pour encore des millénaires sauf disparition de l'humanité, je l'ai trouvé sur la
vous lui pardonnerez les quelques maladresses qu'on peut trouver
 
"Mme Y. – Vous avez dit « si la religion triomphe, c’est que la psychanalyse aura échoué ». Comment expliquez-vous le triomphe de la psychanalyse sur la religion ?
J. LACANLa psychanalyse ne triomphera pas de la religion ; la religion est increvable. La psychanalyse ne triomphera pas, elle survivra ou pas.
Mme Y. – Pourquoi avoir employé cette expression du triomphe de la religion sur la psychanalyse ? Vous êtes persuadé que la religion triomphera ?
J. LACAN – Oui, elle ne triomphera pas seulement sur la psychanalyse, elle triomphera sur beaucoup d’autres choses encore. On ne peut même pas imaginer ce que c’est puissant, la religion."
Conférence de presse du docteur Jacques Lacan au Centre culturel français, Rome, le 29 octobre 1974
 
Pourquoi la prière à un dieu unique (religion catholique, protestant, orthodoxe, islamique, juif) ne produit pas un monde de paix, mais un horreur sans fin ? Il y a des Saints sans dieu unique pour les protéger et pour le sauver face à ce transfert unique. Transfert Unique d un dieu unique ou transfert unique sans dieu unique ? Quel transfert d amour face à l Un tout seul et sans l Autre ?
Mes prières ne vont jamais vers un dieu unique mais vers des Saints sans dieu unique pour les sauver.
Un dieu unique ne peut jamais nous sauver de l horreur sans fin, de la vengeance sans fin, seul un Saint sans Dieu unique pour nous sauver peut faire des miracles.
Prions Saint Frank Kafka, Saint Water Benjamin sans Un Dieu unique pour nous sauver et nous aurons notre miracle de paix, notre ange de paix. Il y a ange sans Dieu ? Oui, il y aura des Anges multiples sans dieu, anges futurs de monde de paix, anges émancipés de dieu. Nous aurons encore Theatre de dieux multiples ( seul le théâtre nous sauve des dieux) sans dieu unique pour nous sauver, sans Dieu unique pour Apocalypse future, sans Dieux multiples hors du théâtre qui le fait parler.
Il y des saints multiples, saints de paix parce qu'il n'y a pas dieu.
Une guerre termine toujours mais une guerre au nom d' un dieu unique ne se termine jamais, comment ne pas le comprendre ?
Tire enfin quelque conséquence logique de ton athéisme d' amour.
C'est pour te parler d' amour et de paix que je me dis athée.
Et le nazisme n'était pas un athéisme multiple ? Non, le nazisme était le cauchemar d' Un Empire, Un-Pire Unique, au nom d'un Fuhrer Unique à la place d Un dieu, pas Dieu mais un Fuhrer à la place de dieu.
Un coup de dés jamais n'abolira le hasard de paix multiples.
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Il faut nommer des Saints et pas un dieu unique pour nous sauver de l horreur sans fin.
Moi, je en nomme au moins deux Saint Water Benjamin et Saint Franz Kafka.
Ils sont juifs ? non, ils sont des Saints. Ils sont mes Saints. Ils font des miracles ? Oui il font des miracles pour nous sortir d'un horreur sans fin.
Cette nuit je veux faire mes prières à mes deux Saints Water Benjamin et Frank Kafka pour nous sortir de cette horreur sans fin. Tout le monde croit à un dieu unique aussi unique que notre transfert et personne n'est plus capable de nous sortir de notre transfert Unique à l Un-Dieu, dieu de transfert.
Seul un Saint peut faire des miracles face à l horreur sans fin , un Dieu unique lui ne peut rien faire face à l horreur sans fin.
Non, ce n'est pas une guerre c'est un horreur sans fin.
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C'est désespérant, non, encore plus, c'est l horreur sans fin.
Ça va finir un jour ? Non, jamais. L horreur sans fin.
Deux Etats? La paix entre deux peuples ?
Non, encore 1000 ans d horreur sans fin et après 1000 ans ? Encore 1000 ans d horreur. Après l horreur il y a que l horreur.
La paix.
La paix.
La paix.
Non, jamais.
Mais un jour...
Non, jamais.
Dans 1000ans peut-être mais nous ne serons plus là, pour fêter la fin .
Impossible de voir la paix à l intérieur de l horreur, quand il n y a que l horreur et la vengeance de l horreur et l horreur de la vengeance sans fin .
Tu arrives à voir la paix à l'intérieur de l horreur ? Non, je n'arrive pas à voir la paix à l'intérieur de l horreur.
Trouve moi alors de l extériorité. Non l horreur n a pas d extériorité, rien à l extérieur de l horreur peut advenir. L horreur n a pas d extériorité.
Le mot paix serait lui le plus grand blasphème, l' insulte suprême quand il s agit de s'attaquer à l horreur, lui pure, le pure horreur, pure parce que tout extériorité lui est impossible.
L horreur ne rencontrera jamais la paix.
L horreur se veut lui sans fin contrarient à la paix. Il n y aura que de l horreur sans fin.
L amour sans fin ne peut rien contre l horreur sans fin.
Mais avant de mourir j'aimerais voir la fin de cette horreur sans fin.
Non, avant de mourir tu ne verras pas la fin de cette horreur sans fin, ton amour sans fin ne peut rien contre l horreur sans fin.
Notre vie finira bientôt, mais l horreur pure ne finira jamais. Notre amour sans fin s'accorde à la mort d' une vie, l horreur sans fin lui n a pas de mort possible ni de mots pour trouver un seul moment de paix.
Une guerre termine toujours, mais l horreur sans fin, lui ne termine jamais.
C'est une guerre ? non, c'est un horreur sans fin.
D'une guerre on est pas tous coupables. De l horreur sans fin on est tous coupables.
Mais moi je ne suis pas coupable.
Oui de l horreur sans fin toi aussi tu es coupable.
Mais c'est une guerre ?
Non, c'est un horreur sans fin.
Il n y a de religion que de transfert, mais sans transfert rien n'existe au monde.
Tous coupables d' un transfert d' amour oui tous coupables quand le transfert n'arrive plus à voiler l horreur de l Un tout seul et sans l Autre. On a qu'un voile d' amour et une séparation d amour qu'on appelle transfert d amour face à l Un tout seul et sans l'Autre pour le dire moins seul et en manque de l autre (petit autre imaginer). Mais le transfert est seul comme l' invention d un Dieu unique à la place de l' Autre et sans l Autre, Dieu est trop seul, trop unique, face à l horreur sans fin, l' Amour de Dieu ne peut rien face à l horreur, rien ne le sortira de sa solitude face à l horreur, lui Dieu Unique de sa solitude face à l horreur rien ne sortira de là (Water Benjamin l a bien compris, son Ange de l' histoire l'a bien compris mieux que nous, notre capitalisme sans fin lui par contre n a rien compris).
Walter Benjamin lui est un Saint, moi je fais mes prières avant de dormir à Water Benjamin avant de dormir, parce lui est le seul à pouvoir me sauver avant de dormir, parce que lui est un Saint sans Un Dieu pour le sauver.
Jamais la solitude d' un Saint sera expié par solitude d Un Dieu Unique, ces deux solides ne font pas Un ni deux non plus.
Un Saint il a une seule chose à faire pour sortir de l horreur de son Dieu Unique digne d' Amour, il n a que à séparer L' Unique de sa solitude unique, le transfert tout seul ne peut pas faire ça il lui faut aussi un symptôme que à s exclure de son transfert devient évasion ou pure extériorité, évasion ou pure extériorité d extime qui n ont rien à partager avec la folie existentielle d exister propre à tout transfert de l Un tout seul à la place de l Autre.
Un Saint pas-tout dans son transfert à l Unique, au moins il peut faire quelque miracle face à l horreur sans fin, un Dieu lui il ne peut rien faire parce que notre transfert à lui est trop seul, aucune possibilité de s'évader pour ne pas exister.
livre datant déjà d'il y a onze ans, comme s'il avait été écrit pour le désert

livre datant déjà d'il y a onze ans, comme s'il avait été écrit pour le désert

Le mythe de la "terre d'Israël".
« Il arrive que l'histoire fasse preuve d'ironie, notamment lorsque l'on touche au domaine de l'invention des traditions, et particulièrement des traditions du langage. Bien peu sont attentifs au fait, ou prêts à reconnaître, que dans les textes bibliques Jérusalem, Hébron, Bethléem et leurs environs ne font pas partie de la terre d'Israël, laquelle se limite à la Samarie, autrement dit à la terre du royaume d'Israël septentrional !
Sachant qu'il n'a jamais existé de monarchie unissant les royaumes de Judée et d'Israël, aucune dénomination territoriale hébraïque de l'ensemble n'est apparue ; c'est ainsi qu'a été conservée telle quelle, dans tous les récits bibliques, l'appellation de la région du temps des pharaons : « pays de Canaan ». Dieu promet à Abraham, le premier converti : « Je te donnerai, à toi et à tes descendants après toi, le pays où tu séjournes comme étranger, tout le pays de Canaan » (Genèse, 17). Plus tard, sur le même ton, il ordonne à Moïse : « Monte sur cette montagne d'Abarim, sur le mont Nebo, au pays de Moab, vis-à-vis de Jéricho, et regarde le pays de Canaan » (Deutéronome, 32, 49). Ce nom, ainsi popularisé et connu, apparaît dans cinquante-sept versets. Jérusalem, en revanche, s'est toujours trouvée sur la terre de Judée ; cette dénomination géopolitique, enracinée à partir de la création du petit royaume dynastique de David, est mentionnée en vingt-quatre occasions. Aucun des auteurs de la Bible n'aurait imaginé d'appeler « terre d'Israël » le territoire entourant la ville sainte. Ainsi est-il écrit, par exemple, dans le deuxième livre des Chroniques : « Il renversa les autels, brisa et réduisit en poussière les ascherahs et les images sculptées, et abattit toutes les statues consacrées au soleil dans tout le pays d'Israël. Puis il retourna à Jérusalem » (34, 7). La terre d'Israël abritait beaucoup plus de pécheurs que la Judée, et elle figure dans onze autres versets, à connotation majoritairement péjorative. En fin de compte, la base de la conception spatiale des auteurs de la Bible s'accorde avec d'autres témoignages de l'ère antique : l'appellation « terre d'Israël » n'apparaît dans aucun autre texte ou trace archéologique comme un espace géographique identifié et connu. « Cette généralité vaut également pour la longue période dite « du second temple » dans l'historiographie israélienne : la révolte victorieuse des Hasmonéens, dans les années 167 à 160 avant l'ère chrétienne, et le soulèvement défait des Zélotes des années 66 à 73 ne se sont pas déroulés en « terre d'Israël », selon toutes les sources écrites. On cherchera en vain ce terme dans les livres des Maccabées ou dans les autres récits externes. On perdrait également son temps à tenter de repérer la formule dans les essais philosophiques de Philon d'Alexandrie ou dans les écrits de Flavius Josèphe. Pendant toute la durée d'existence d'un royaume judéen, souverain ou sous tutelle, le territoire sis entre la mer et la rive orientale du Jourdain n'est jamais désigné par les termes « terre d'Israël » ! « Les noms de régions et de pays ont connu, dans le passé, de fréquents changements. Il n'est pas rare que des pays très anciens soient désignés par des noms donnés dans des phases ultérieures de leur histoire, mais cette pratique linguistique ne peut s'appliquer qu'en l'absence d'appellations anciennes bien connues et généralement admises. Chacun sait, par exemple, qu'Hammourabi n'a pas régné sur la terre d'Irak éternelle mais sur Babylone, et que Jules César a conquis la Gaule, et non pas la terre de France. Peu d'Israéliens, en revanche, savent que les rois bibliques David ou Josias ont régné sur des lieux appelés Canaan ou Judée, et que le suicide collectif de Massada n'a pas eu lieu en terre d'Israël.
« Ce passé sémantique « trafiqué » ne gêne aucunement les chercheurs israéliens. Ils reproduisent, chaque fois, leur anachronisme langagier sans remords ni hésitations. Yehouda Elitzour, professeur à l'université Bar-Ilan, éminent spécialiste de la Bible et de géographie historique, a en son temps résumé et formulé, avec une rare honnêteté, la position nationale-scientifique : « Selon nos concepts, il faut se garder du simplisme consistant à traiter de façon identique notre rapport à la terre d'Israël et celui d'autres peuples à leur patrie. Israël était Israël avant d'entrer dans le pays. Israël était Israël durant de nombreuses générations suivant son départ en exil, et cette terre, bien que déserte, est demeurée la terre d'Israël. Il n'en n'allait pas ainsi pour les nations du monde. Il n'y a d'Anglais qu'en Angleterre, et il n'y a d'Angleterre que parce que les Anglais y résident. Les Anglais qui ont quitté l'Angleterre, au bout d'une ou deux générations, cesseront d'être Anglais. Et si l'Angleterre se vidait des Anglais, elle cesserait d'être l'Angleterre. Il en va de même pour tous les peuples. »
(...)
La « terre d'Israël » théologique n'a définitivement pris forme qu'au début du XXe siècle, après des années passées au purgatoire protestant qui l'ont polie jusqu'à en faire un concept géopolitique resplendissant. La colonisation sioniste a extrait de la tradition rabbinique cette appellation, et en a fait dans la nouvelle langue des colons le nom exclusif permettant d'en revendiquer la propriété, et ce, entre autres, pour effacer la « Palestine », dont on a vu qu'elle avait été admise, non seulement dans toute l'Europe, mais aussi parmi tous les dirigeants sionistes de la première génération. »
Shlomo Sand, "Comment la terre d'Israël fut inventée".
Professeur au Collège de France, spécialiste du Proche-Orient, l'historien Henry Laurens explique pourquoi l'attaque perpétrée par le Hamas le 7 octobre s'inscrit dans l'histoire longue du conflit israélo-palestinien, tout en marquant une rupture sans précédent.
Professeur au Collège de France, spécialiste du Proche-Orient, l'historien Henry Laurens explique pourquoi l'attaque perpétrée par le Hamas le 7 octobre s'inscrit dans l'histoire longue du conflit israélo-palestinien, tout en marquant une rupture sans précédent.

Professeur au Collège de France, spécialiste du Proche-Orient, l'historien Henry Laurens explique pourquoi l'attaque perpétrée par le Hamas le 7 octobre s'inscrit dans l'histoire longue du conflit israélo-palestinien, tout en marquant une rupture sans précédent.

montage trouvé sur la page FB de Sofia Sept en date du 10 octobre
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spectacles en cours là-bas et ici

Opinion – « Gaza, qui n’a jamais
connu un seul jour de liberté »

8 octobre 2023
Par Gideon Levy

Derrière tout cela se cache l’arrogance israélienne. Nous pensons
que nous avons la permission de faire n’importe quoi et supposons
que nous ne paierons jamais ni ne serons punis.
Et nous pensons que nous continuerons et que rien ne nous
interrompra. Nous arrêterons, nous tuerons, nous maltraiterons, nous
déposséderons, nous protégerons les colons et leurs pogroms, nous
irons au tombeau de Joseph, au tombeau d’Ot’niel, à l’autel de Josué,
le tout en les territoires palestiniens, et bien sûr au Mont du Temple –
plus de 5 000 Juifs rien que pour Souccot.
Nous allons tirer sur des innocents, leur arracher les yeux et leur
fracasser le visage, les expulser, les exproprier, les voler, les kidnapper
de leur lit, les nettoyer ethniquement et, bien sûr, continuer l’incroyable
siège de Gaza.
Et nous supposerons que tout continuera comme si de rien n’était.
Nous pensions qu’avec la construction d’une super barrière autour de
la bande de Gaza, dont le mur souterrain a coûté trois milliards de
shekels, nous étions déjà en sécurité. Nous avions confiance que les
génies du 8200 (unité d’écoute des renseignements militaires) et les
membres du Shin Bet, qui savent tout, nous avertiraient à temps.
Nous pensions déplacer la moitié d’une armée près de Gaza vers
Hawara juste pour protéger les folies de Zvi Souccot et des colons, et
tout irait bien, tant à Hawara qu’à Erez. Il s’avère que lorsqu’il y a une
grande motivation, l’obstacle le plus sophistiqué et le plus coûteux au
monde peut être franchi même par une simple excavatrice et avec une
relative facilité. Vous pouvez traverser ce mur hautain avec des vélos et
des scooters.
Nous pensions que nous allions continuer à harceler Gaza, lui jeter
quelques miettes de gentillesse sous la forme de quelques milliers de
permis de travail en Israël – une goutte dans l’océan, et ils sont toujours
conditionnés à un « comportement correct » – et pourtant nous avons
supposé que nous les garderait comme dans une prison. Nous pensions qu’en faisant la paix avec l’Arabie saoudite et les Émirats, les
Palestiniens seraient oubliés, voire effacés, comme le souhaiteraient de
nombreux Israéliens.
Nous continuerions de détenir des milliers de prisonniers palestiniens, y
compris des prisonniers sans procès, pour la plupart des prisonniers
politiques, et pourtant nous n’accepterions pas de discuter de leur
libération, même après des décennies de prison. Nous leur dirions que
ce n’est que par la force que leurs prisonniers connaîtront la liberté.
Nous pensions que nous continuerions à rejeter avec arrogance toute
tentative de solution politique, simplement parce que cela ne nous
convient pas, et nous pensions que tout continuerait ainsi pour
toujours.
Une fois de plus, il est prouvé que ce n’est pas le cas. Plusieurs
centaines de militants palestiniens ont franchi la barrière et envahi Israël
d’une manière qu’aucun Israélien n’imaginait pouvoir.
Quelques centaines de militants palestiniens ont démontré qu’il est
impossible d’emprisonner pour toujours deux millions de personnes
sans encourir un prix cruel.
Tout comme hier, le bulldozer palestinien fumant et désuet a démoli la
clôture, la plus sophistiquée de toutes les clôtures, il a également
déchiré le manteau d’arrogance d’Israël. Et il a également détruit l’idée
selon laquelle il suffisait d’attaquer et de démanteler Gaza avec des
drones suicides et de les vendre à la moitié du monde pour maintenir la
sécurité.
Hier, Israël a vu des images qu’il n’avait jamais vues auparavant : des
véhicules militaires palestiniens patrouillant dans la ville, des cyclistes
de Gaza franchissant ses portes. Ces images doivent déchirer le voile
de l’arrogance. Les Palestiniens de Gaza ont décidé qu’ils étaient prêts
à payer n’importe quel prix pour une étincelle de liberté.
Mais… Est-ce que cela a un potentiel ? Non. Israël tirera-t-il la leçon ?
Non. Hier, il était déjà question d’effacer des quartiers entiers de la ville
de Gaza, d’occuper la bande de Gaza et de punir Gaza « comme elle
n’a jamais été punie auparavant ».
Mais Gaza n’a cessé d’être punie par Israël depuis 1948, ne serait-ce
qu’un instant. Plus de sept décennies d’abus, et encore une fois, le pire
est à venir. Les menaces d’« aplatir Gaza » ne prouvent qu’une chose :
nous n’avons rien appris.
L’arrogance est là pour rester, même après qu’Israël ait, une fois de
plus, payé le prix fort.
Benjamin Netanyahu porte une grande responsabilité dans ce qui s’est
passé et doit en payer les coûts, mais le problème n’a pas commencé
avec lui et ne se terminera pas après son départ.
Nous devons maintenant pleurer amèrement les victimes israéliennes ;
mais nous devons aussi pleurer pour Gaza. Gaza, la plupart de ses
habitants sont des réfugiés créés par Israël. Gaza, qui n’a jamais connu
un seul jour de liberté. (Source : Haaretz 8/10/2023)

Leila Shahid, déléguée générale de l'Autorité palestinienne jusqu'en 2005 puis ambassadrice de de la Palestine auprès de l'UE jusqu'en 2015

Leila Shahid, déléguée générale de l'Autorité palestinienne jusqu'en 2005 puis ambassadrice de de la Palestine auprès de l'UE jusqu'en 2015

Charles de Gaulle Conférence de presse du 27 novembre 1967 peu après la guerre des 6 jours

L'établissement entre les deux guerres mondiales, car il faut remonter jusque là, l'établissement d'un foyer sioniste en Palestine, et puis après la deuxième guerre mondiale, l'établissement d'un Etat d'Israël soulevait à l'époque un certain nombre d'appréhensions. On pouvait se demander, en effet, et on se demandait, même chez beaucoup de juifs, si l'implantation de cette communauté sur des terres qui avaient été acquises dans des conditions plus ou moins justifiables et au milieu des peuples arabes qui lui sont foncièrement hostiles, n'allaient pas entraîner d'incessants, d'interminables frictions et conflits. Et certain même redoutait que les juifs, jusqu'alors dispersés, et qui étaient restés ce qu'ils avaient été de tout temps, c'est-à-dire un peuple d'élite, sûr de lui-même et dominateur, n'en viennent une fois qu'ils seraient rassemblés dans les sites de son ancienne grandeur, n'en viennent à changer en ambition ardente et conquérante les souhaits très émouvants qu'ils formaient depuis 19 siècles : " l'an prochain à Jérusalem ". En dépit du flot, tantôt montant, tantôt descendant, des malveillances qui le provoquaient, qui le suscitaient plus exactement, dans certains pays à certaines époques, un capital considérable d'intérêt et même de sympathie s'était formé en leur faveur et surtout il faut bien le dire dans la chrétienté. Un capital qui était issu de l'immense souvenir du testament, nourri à toutes les sources d'une magnifique liturgie, entretenu par la commisération qu'inspirait leur antique valeur et que poétisait chez nous la légende du juif errant, accru par les abominables persécutions qu'ils avaient subi pendant la deuxième guerre mondiale et grossi depuis qu'il avait retrouvé une patrie, par les travaux, leurs travaux constructifs et le courage de leurs soldats. C'est pourquoi indépendamment des vastes concours en argent, en influence, en propagande que les Israéliens recevaient des milieux juifs, d'Amérique et d'Europe, beaucoup de pays, dont la France, voyaient avec satisfaction l'établissement de leur Etat sur le territoire que leur avaient reconnu les puissances, que lui avaient reconnu les puissances, tout en désirant qu'ils parviennent en usant d'un peu de modestie à trouver avec ses voisins un modus vivendi pacifique. Il faut dire que ces données psychologiques avaient quelque peu changé depuis 1956. A la faveur de l'expédition franco-britannique de Suez, on avait vu apparaître en effet, un état d'Israël guerrier et résolu à s'agrandir, et ensuite l'action qu'il menait pour doubler sa population par l'immigration de nouveaux éléments donnait à penser que le territoire qu'il avait acquis ne lui suffirait pas longtemps et qu'il serait porté pour l'agrandir à utiliser toute occasion qui se présenterait. C'est pourquoi d'ailleurs, la cinquième république s'était dégagée, vis-à-vis d'Israël, des liens spéciaux et très étroits que le régime précédent avait noué avec et Etat et la cinquième république s'était appliquée, au contraire, à favoriser la détente dans le Moyen-Orient. Bien sûr, nous conservions avec le gouvernement israélien des rapports cordiaux et même lui fournissions pour sa défense éventuelle les armements qu'il demandait d'acheter mais en même temps nous lui prodiguions des avis de modération. Notamment à propos des litiges qui concernait les eaux du Jourdain, des escarmouches qui opposaient périodiquement les forces des deux côtés. Enfin nous ne donnions pas notre aval, à son installation dans un quartier de Jérusalem dont il s'était emparé, et nous maintenions notre ambassade à Tel-Aviv. D'autre part, une fois mis un terme à l'affaire algérienne, nous avions repris avec les peuples arabes d'Orient, la même politique d'amitié et de coopération qui avait été pendant des siècles celle de la France dans cette partie du monde et dont la raison et le sentiment font qu'elle doit être aujourd'hui une des bases fondamentales de notre action extérieure. Bien entendu, nous ne laissions pas ignorer aux arabes que pour nous l'Etat d'Israël était un fait accompli et que nous n'admettrions pas qu'il fut détruit. De sorte que tout compris, on pourrait imaginer qu'un jour viendrait où notre pays pourrait aider directement, à ce qu'une paix réelle fut conclue et garantie en Orient pourvu qu'aucun drame nouveau ne vint à la déchirer. Hélas ! le drame est venu, il avait été préparé par une tension très grave et constante qui résultait du sort scandaleux des réfugiés en Jordanie, et aussi d'une menace de destruction prodiguée contre Israël. Le 22 mai, l'affaire d'Aqaba, fâcheusement créée par l'Egypte, allait offrir un prétexte à ce qui rêvait d'en découdre. Pour éviter les hostilités, la France avait dès le 24 mai, proposé aux trois autres grandes puissances, d'interdire conjointement avec elle, à chacune des deux parties, d'entamer le combat. Le 2 juin, le gouvernement français avait officiellement déclaré, qu'éventuellement il donnerait tort à quiconque entamerait le premier, l'action des armes. Et c'est ce qu'il répétait en toute clarté à tous les Etats en cause. C'est ce que j'avais moi-même, le 24 mai déclaré à Monsieur Ebban, Ministre des affaires étrangères d'Israël que je voyais à Paris. Si Israël est attaqué, lui dis-je alors en substance, nous ne le laisserons pas détruire, mais si vous attaquez, nous condamnerons votre initiative. Certes, malgré l'infériorité numérique de votre population, étant donné que vous êtes beaucoup mieux organisés, beaucoup plus rassemblés, beaucoup mieux armés que les arabes, je ne doute pas que le cas échéant, vous remporteriez des succès militaires. Mais ensuite, vous vous trouveriez engagés sur le terrain, et au point de vue international dans des difficultés grandissantes d'autant plus que la guerre en Orient ne peut pas manquer d'augmenter dans le monde une tension déplorable et d'avoir des conséquences très malencontreuses pour beaucoup de pays. Si bien que c'est à vous, devenu des conquérants, qu'on en attribuerait peu à peu les inconvénients. On sait que la voix de la France n'a pas été entendue, Israël ayant attaqué, s'est emparé en six jours de combat des objectifs qu'il voulait atteindre. Maintenant il organise, sur les territoires qu'il a pris l'occupation qui ne peut aller sans oppression, répression, expulsion et s'il manifeste contre lui la résistance qu'à son tour il qualifie de terrorisme, il est vrai que les deux belligérants observent pour le moment d'une manière plus ou moins précaire et irrégulière le cessez-le-feu prescrit par les Nations Unies mais il est bien évident que le conflit n'est que suspendu et qu'il ne peut pas avoir de solution sauf par la voie internationale. Mais un règlement dans cette voie, à moins que les Nations Unis ne déchirent que, elles-mêmes, leur propre charte, un règlement doit avoir pour base, l'évacuation des territoires qui ont été pris par la force, la fin de toute belligérance, et la reconnaissance de chacun des Eats en cause par tous les autres. Après quoi, par des décisions des Nations Unies avec la présence et la garantie de leur force, il serait probablement possible d'arrêter le tracé précis des frontières, les conditions de la vie et de la sécurité des deux côtés, le sort des réfugiés et des minorités et les modalités de la libre navigation pour tous dans le golfe d'Aqaba et dans le canal de Suez. Pour qu'un règlement quelconque, et notamment celui là, puisse voir le jour, règlement auquel du reste, suivant la France, devrait s'ajouter un statut international pour Jérusalem. Pour qu'un tel règlement puisse être mis en oeuvre, il faut naturellement, il faudrait qu'il eut l'accord des grandes puissances qui entraînerait ipso facto, celui des Nations Unies. Et si un tel accord voyait le jour, la France est d'avance disposée à prêter son concours politique, économique et militaire, pour que cet accord soit effectivement appliqué. Mais on ne voit pas comment un accord quelconque pourrait naître tant que l'un des plus grand des quatre ne se sera pas dégagé de la guerre odieuse qu'il mène ailleurs. Car tout se tient dans le monde d'aujourd'hui. Sans le drame du Vietnam, le conflit entre Israël et les arabes ne serait pas devenu ce qu'il est. Et si l'Asie du sud est, voyait renaître la paix, l'Orient l'aurait bientôt retrouvé, à la faveur de la détente générale qui suivrait un pareil événement. Nous allons parler du Québec. Qui m'avait posé la question ? Je vous en prie.

 

Dominiique Bernard, assassiné au couteau le 13 octobre 2023 par Mohammed Mogouchkov, 20 ans, fiché S. / Samuel Paty, assassiné le 16 octobre 2020 par Abdoullakh Anzorov, citoyen russe d'origine tchétchène âgé de 18 ans et qui bénéficiait du statut de réfugié

Dominiique Bernard, assassiné au couteau le 13 octobre 2023 par Mohammed Mogouchkov, 20 ans, fiché S. / Samuel Paty, assassiné le 16 octobre 2020 par Abdoullakh Anzorov, citoyen russe d'origine tchétchène âgé de 18 ans et qui bénéficiait du statut de réfugié

André Markowicz

 

Le pire, le 9 octobre

La première image, – et la seule, à vrai dire, même si mon « flux » Facebook est envahi de visages inconnus dont je comprends qu’ils sont ceux de personnes (hommes, femmes, enfants, jeunes, vieux) qui ont été tués, ou qui ont disparu (et, au passage, quelle catastrophe la traduction automatique depuis l’hébreu, parce que, c’est clair, l’hébreu n’est pas une langue décisive pour le « métavers »), non, la seule, c’est, au tout début, sur youtube, au milieu de tous les visages floutés, de tous les corps dont on sait juste qu’ils sont des corps, celui de cette vieille dame en fauteuil roulant, en chemise de nuit, sans doute, prise en otage, et à qui un type du Hamas pose une mitraillette sur les genoux et fait esquisser le V de la victoire. Parce que, tout de suite, ce qui surgit, c’est l’image de cette vieille femme, en Pologne, avec l’officier allemand, qui lui relève la tête avec une cravache, et qui rigole. Parce que l’autre aussi, le type du Hamas, il rigole. Je ne mets pas les images, ni dans un cas ni dans l’autre. Quand tu vois ça, quand tu vois qu’ils s’en prennent à tout le monde, et qu’ils se moquent, comme ça, d’une vieille personne, bon, c’est clair comme le jour, nous sommes en présence d’assassins, et d’assassins de la pire espèce, et il n’y a pas d’autre solution que de les combattre jusqu’à les faire disparaître.  Et ça, ça ne se discute pas. Nous sommes en présence de quelque chose qui est de l’ordre de la haine à mort, de quelque chose qui est, radicalement, irréparable.

Ça, c’est une chose, – il est donc hors de question pour moi de ne pas soutenir l’armée israélienne, là, en ce moment, dans sa lutte contre — ça. Ce qui est se passe là, ce qui s’est passé là est injustifiable. Mais, ces monstres, d’où viennent-ils ? La première réponse, c’est que, oui, c’est le Hamas. Et le Hamas, ce sont, et ils ont toujours été, des fascistes. On dit des « islamistes » : peut-être bien, mais ce sont des fascistes. Des fascistes qui se sont emparés du pouvoir dans la bande de Gaza, qui ont éliminé, en les tuant le plus souvent, tous les éléments du Fatah (une force politique un petit peu plus démocrate...— disons ça pour parler vite). Et c’est une force qui règne en maître dans quelque chose qui, théoriquement, est indépendant, mais qui n’a aucune ressource propre, aucun accès à rien (à l’eau, à l’électricité), une chose qui est, objectivement, une prison pour 2 millions d’habitants (une des plus fortes densités de population de toute la terre). C’est-à-dire que c’est quelque chose d’absolument monstrueux, et ces monstres se sont développés dans cette monstruosité. – Encore une fois, ce que je dis là, ce n’est pas pour justifier les monstres, c’est pour dire ce qu’ils sont : jamais, dans des circonstances normales, – je veux dire si ces 2 millions de personnes avaient une vie un tant soit peu normale, j’allais dire civile, ils n’auraient pu se développer ainsi. Et c’est, je ne sais pas, comme un film de zombies qui se passe en ce moment, où comme cette pièce de Léonid Andréïev que nous allons publier en janvier, « Le Roi Famine », – les monstres qui se réveillent. Et les monstres qui se réveillent sont monstrueux, encore plus monstrueux, d’année en année, de jour en jour. Les conditions faites aux gens, en Palestine, par le pouvoir israélien, – et particulièrement par ce pouvoir-là, qui est le plus raciste, le plus extrémiste, le plus fanatiquement délirant du point de vue religieux qu’Israel ait jamais connu (et il en a connu des gratinés), c’est tout cela qui se rejette à la figure du monde. Les monstres, ils viennent de quelque part.

*

Ensuite, il y a cette faillite, effarante, il faut bien le dire, de la « sécurité »  israélienne – le fait qu’une telle opération, préparée depuis des mois et des mois (ce n’est pas possible autrement) ait pu se faire, avec l’ampleur de la contrebande que ça implique, et ce, alors même que la doctrine de la sécurité israélienne réside sur ça, une surveillance, soi-disant, de tout, et qu’Israel vend des satellites espions et toutes sortes d’appareils ultra-sophistiqués pour la surveillance et l’espionnage, et qu’Israel se targue, avec ses murs, de ne pas pouvoir laisser une mouche d’un côté du mur à l’autre, – et là, encore, j’ai l’impression de voir un film de zombies, quand la ville, bien blanche, américaine, généralement, est, d’un coup, submergée par des hordes de morts-vivants. Le fait que le « tout-sécurité » (avec ce que ça implique de choix budgétaires) est un leurre. Que toute la politique d’Israel, donc, est un leurre absolu, – le fait que croire que des murs et des miradors peuvent assurer à une population donnée une vie tranquille pendant qu’une autre population, de l’autre côté du mur, vit constamment sous la menace des colons, des fusils, des spoliations. Parce qu’il faut bien le dire, et le redire, – la paix civile, la vie normale (enfin, de moins en moins, depuis que Netanyahou s’est allié aux fondamentalistes juifs), tout ça, la vie, j’allais dire « comme chez nous », avec des visages souriants sur les photos, tout ça, ça a, en Israel, en Palestine, un prix : celui de la haine des centaines de milliers, des millions de gens spoliés. Il faut le dire, ici et aujourd’hui, dans la monstruosité présente.

Parce que, qu’est-ce que vous allez faire avec la haine ? L’armée, elle va faire quoi ? détruire tous les immeubles de Gaza où les monstres du Hamais peuvent trouver refuge ? Et même si, évidemment, les 2 millions d’habitants de Gaza ne sont pas tous des partisans du Hamas, tu fais quoi avec eux ? Tu les chasses où ? Tu les envoies en Egypte ?... Ils sont là, et ils vont rester là, et la haine va grandir, encore et encore.

*

Et puis, enfin, cette guerre, est-ce celle du Hamas ? Le Hamas, en fait, aujourd’hui, il n’existe pas. Ce qui existe en vrai, c’est l’Iran. Parce que c’est l’Iran qui arme, qui finance le Hamas, et, à l’évidence encore, qu’on le veuille ou non, nous allons à la guerre contre l’Iran. Là, ce n’est pas une décision de Netanyahou qui, s’il était seul, aurait détruit depuis longtemps tout ce qu’il peut en Iran. Non, le feu vert doit être donné par les USA. Pour ça, nous verrons encore.

On a découvert, ai-je entendu, des drones iraniens, donc, entre les mains du Hamas, mais aussi des drones russes (il y en a, maintenant), et il paraît très clair que, ça aussi, d’une façon ou d’une autre, c’est une chaîne : parce que, derrière l’Iran, il y a la Russie. – Je ne sais pas si la chaîne est directe, parce que, du point de vue de Poutine, on pourrait croire que c’est une erreur stratégique (sachant qu’Israel est resté neutre dans la guerre en Ukraine). Mais ça pourrait être une étape de la stratégie du chaos dont je ne cesse de parler, une espèce, je ne sais pas, de réaction en chaîne. Ce qui est clair est que les propagandistes russes se sont mis à dire que le Hamas a des armes ukrainiennes, que les corrompus ukrainiens auraient revendu : comme d’habitude, il faut les comprendre à l’envers. Les armes, elles ne sont pas ukrainiennes, ou occidentales, elles sont iraniennes et russes.

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J’ai écrit, il y a presque dix ans, une chronique sur Israel, après la précédente guerre de Gaza, qui avait fait des milliers de morts dans la population civile arabe (et les civils juifs n’avaient été que peu touchés) : je suis pour un grand Israel. Pas « le » grand Israel. Je suis pour un pays unique, regroupant tous les habitants de la Palestine et d’Israel, sans murs, sans frontières, – et un pays laïque. J’aurai le temps de mourir centenaire avant que ça n’arrive, hélas. Parce que personne n’en veut, d’un pays laïque : ni les Israéliens, ni les Palestiniens. Les murs et les nationalismes, là encore, n’amènent que la surenchère du pire. Ce pire – il est là, devant nous. Pas ce que nous voyons aujourd’hui. Ce que nous devrons voir encore.

 
Les pièges par André Markowicz, le 11 octobre
Le temps passe un peu, on découvre des détails sur l’attaque et on comprend, toujours aussi effaré, que le Hamas a eu les mêmes attitudes que Daesh, réellement. Qu’il ne s’agit pas seulement de la prise en otages de civils mais qu’il y a des cas de décapitations, et de décapitations d’enfants, et des cas – des dizaines de cas connus, visiblement, – de viols. Et que, oui, ce massacre dans la rave, c’était exactement comme le Bataclan. On apprend ça, et je vois, par exemple, sur les pages des « Indigènes de la républiques », des posts de solidarité avec ça, des vœux pour la victoire du peuple palestinien dans sa lutte de libération, – la lutte de libération était, d’après eux, illustrée par ça. Et bien sûr que le Hamas est une organisation terroriste. Ne pas le dire, ça, c'est quoi ? Que François Ruffin soit attaqué parce qu’il le dit montre tellement l’état de confusion auquel est arrivée une partie de la gauche que c’en est à tirer l’échelle pour la suite.
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Une chose est sûre : une action comme celle du 7 octobre n’a pas pu être planifiée juste pour un jour. Les gens qui l’ont planifiée devaient comprendre qu’il y aurait des conséquences et donc, ces conséquences aussi, ils les ont prises en compte. On pense que c’est justement la crainte des conséquences, c’est-à-dire de la réaction de l’armée israélienne, qui explique les prises d’otages massives. Sans doute que oui. Avec plus d’une centaine d’otages répartis sur tout le territoire de Gaza comme bouclier humain, on peut imaginer qu’Israel hésitera à attaquer. Disons, on peut imaginer ça logiquement, et que, donc, ça fera comme une espèce de rapport de force, monstrueux, – un objet de négociations (auxquelles, d’après ce que j’ai appris hier soir, appelle d’ailleurs le Hamas).
J’ai l’impression que le but des assassins est plus pervers que ça.
Parce que nous avons affaire en Israel au gouvernement le plus à l’extrême-droite de l’histoire du pays. Un gouvernement dominé par des racistes et des fondamentalistes. Et que le Hamas, qui n’est pas sans le savoir, se trouve avec lui comme en terrain connu. Il suffit juste pour le Hamas de lui faire suivre sa pente naturelle pour arriver à sa deuxième victoire, non plus militaire cette fois (il ne peut pas y avoir victoire militaire du Hamas), mais autrement plus importante, – symbolique.
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Le fait est qu'il y a les réactions de l’État d’Israël, qui explique, par la bouche, par exemple, de son ministre de la Défense, – lequel répète ça plusieurs fois, dans des circonstances différentes – que ce ne sont pas des hommes, fussent-ils des monstres, qui ont fait ça, mais des « animaux ». Je ne connais pas le mot hébreu qu’il emploie et qu’on traduit ainsi : est-ce qu’il veut dire des « bêtes » (comme on dit des bêtes fauves) ou, réellement, des animaux ? La différence, pour moi, serait fondamentale. Parce qu’autant les « bêtes fauves » pourrait passer pour une expression, et, de fait, les assassins du Hamas se sont comportés comme des bêtes fauves (non, évidemment, les bêtes fauves ne font pas ça), autant les traiter d’animaux est d’un autre registre, qui n’est même pas du racisme. Qui est, oui, autre chose : si nous combattons des « animaux », alors, tout est permis, puisque, par définition, ils ne sont pas des êtres humains.
La question est de savoir qui sont ces « animaux ». S’agit-il de tous qui ont participé aux attaques, ou de tous les membres du Hamas, ou bien de toute la population de la bande de Gaza (2.300.000 personnes) ? Il semble que la réponse soit claire pour ce gouvernement d’enragés : c’est bien toute la population de cette bande de terre qui vit sous blocus militaire depuis qu’elle existe en tant qu’entité soi-disant indépendante, dans une promiscuité inouïe et une misère endémique, sans aucune perspective de rien du tout que la haine. C’est ce qui explique non pas les bombardements, aveugles ou pas, qui ciblent, nous dit-on, des cellules du Hamas, et tuent des femmes et des enfants (les Gazaouis sont, hélas, habitués à cette horreur, et personne dans le monde n’en dit finalement trop rien), mais le blocus total, – qui illustre ce que c’est, réellement, que Gaza. Un pays indépendant qui dépend, totalement, d’un autre pays (en l’occurrence son ennemi) pour ses besoins vitaux : l’eau, l’électricité, la nourriture. C’est-à-dire que l’indépendance de Gaza est, par ce fait même, et dehors de toute opération de guerre, une fiction sanglante, une moquerie cynique de toute la communauté internationale : non, il n’y a, et il ne peut y avoir, aucune indépendance dans ces conditions. Et c’est la première chose que le blocus total décrété par Israël vient de montrer : cette décision, terrifiante, de faire payer, par la faim et la soif, et l’absence de toute électricité une population de 2.300.000 pour les crimes, oui, bestiaux, du groupe de fascistes qui les dirige, c’est une deuxième victoire du Hamas. Une victoire offerte par les frères d’armes du Hamas que sont les hommes qui dirigent Israel en ce moment.
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Il risque d’y avoir une troisième victoire. Netanyahou répète à l’envi que l’État d’Israel fera comprendre aux terroristes que c’était une mauvaise idée de s’attaquer à lui, et qu’ils s’en souviendront pendant des « dizaines d’années ». Ça, ces dizaines d’années, ça veut dire quoi ? Tout laisse à croire que les officiels israéliens vont poursuivre les bombardements, la destruction toujours croissante des immeubles, et, pour parachever ces destructions, à un moment ou à un autre, qu’ils vont faire entrer l’armée à l’intérieur de la bande de Gaza, c’est-à-dire dans la ville. Et, donc, il y aura des combats de rues, ou plutôt pas de rues, justement, mais de décombres, en présence même de la population civile, de ces millions de gens, — parce qu’où voulez-vous qu’ils aillent, les gens, puisqu’ils n’ont nulle part où s’enfuir, malgré les demandes, cyniques encore une fois, des officiels israeliens ? Ils vont se réfugier où ? Sous le ciel bleu ? Il n’y a même pas la place, dans la bande de Gaza, de faire des villes de tentes pour deux millions de personnes.
Il y aura donc, – c’est déjà fait – une première inversion symbolique, et ce n’est pas un hasard si l’ONU n’a pas été capable de publier même un communiqué de condamnation de ces attaques, mais que le secrétaire de l’ONU a condamné (bien justement) le blocus total qui vient de se mettre en place. La haine, dans le monde entier, non pas seulement de la politique d’Israël, mais d’Israël en tant que tel, est si puissante que les États du monde n’arrivent même pas à s’entendre pour dire que des « combattants » qui décapitent des enfants ne sont pas des « combattants », mais des assassins qu’il faut poursuivre et juger.
Si, malgré le gouvernement d’union nationale qu’est en train de former Netanyahou, l’armée entre dans Gaza et que les combats commencent dans la ville, dans les immeubles, dans les ruines, alors, l’inversion symbolique sera totale : ce seront des combats comme ceux de Stalingrad (les Israéliens ne jouant pas le rôle de l’Armée rouge, on comprend bien) ou, pire encore, ce sera l’image des combattants du Ghetto de Varsovie qui nous sautera aux yeux. Les assassins du Hamas auront gagné totalement : ils auront transformé les descendants du Génocide en perpétrateurs d’un autre génocide, et souillé l’image des combattants du Ghetto (la page, sans doute, la plus héroïque de toute l’histoire multi-millénaire du peuple juif) en reprenant, symboliquement, leur rôle : une poignée d’hommes et de femmes qui se dressent, sachant qu’ils n’ont aucun espoir de survivre, contre les « bêtes » nazies.
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Le piège est là. Et, bien sûr que le Hamas appelle le massacre de tous ses vœux, — le massacre des gens qui vivent là, enfermés, pris au piège, parce que, une fois encore, le Hamas est, d’abord, un mouvement fasciste. Le piège est en train de se refermer sur tout le monde : sur tous les Gazaouis, sur ces millions d’êtres humains, ces centaines de milliers d’enfants, – comme sur les malheureux otages israeliens, comme sur l’État d’Israël en tant que tel, qui aura perdu sa dernière légitimité de pays refuge des victimes, et du souvenir, du Génocide.
C’est alors que le Hamas aura gagné, même en étant détruit. Parce que le Hamas n’est pas seulement un mouvement fasciste, mais terroriste et, dans son essence, nihiliste, puisqu’il est islamiste. Le fascination des fondamentalistes de Daesh, le but suprême (proclamé, du moins) de Daesh, ce n’était pas la vie, c’était la mort en martyr. C’était la destruction de tout ce qui pouvait être vivant dans la vie terrestre – y compris soi-même. J’ai peur que Netanyahou et ses monstres ne soutiennent le Hamas pour y arriver.
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Un dernier mot, — sur le sujet d’une chronique ultérieure, et très très importante : il y a des gens en Israel qui, ça, le comprennent, et qui se battent contre ça, tout en se battant, aujourd’hui, contre le Hamas. Il y a beaucoup de gens qui comprennent ce qui est en train de se jouer là. Et qui le disent. – Je suis avec eux.
Les victimes André Markowicz 13 octobre
D’abord, à l'évidence, – on pourrait dire exclusivement, mais non, pas du tout – le nombre de morts (nous en sommes à plus de 1300, si je comprends bien) et de blessés en Israel, – des pertes que le pays n’a pas connues depuis non pas la guerre du Kippour (où la grande majorité étaient des militaires) mais depuis celle de 1948. Parce que le traumatisme essentiel est que, pour la plupart, les victimes sont, justement, des civils, fortuits par définition, et qu’il ne sert à rien de distinguer les femmes, les enfants, – c’est juste comme ça : les types du Hamas tuaient tout ce qui se trouvait sur leur passage, et ils étaient venus pour tuer absolument tout le monde, en tout cas le plus grand nombre, ce qui explique qu’ils enfonçaient les portes des maisons et ils tuaient sans distinction : ils tuaient parce que les gens étaient là. De ce point de vue, non, il n’y a aucune distinction sur le fond entre ce qui s’est passé le 7 octobre et les attentats islamistes dans le reste du monde, que ce soit ceux du 13 novembre à Paris, ou ceux du 11 septembre aux USA. La même sauvagerie, la même rage. La même fascination de la Méduse : c’est l’essence même d'un terrorisme utilisé comme arme de guerre.
Ensuite, – je dirais chronologiquement, puisque c’est maintenant que ça va se passer, il y a les victimes à Gaza. Il y a les gens, là encore femmes, enfants et vieillards (mêlés, par force, aux membres du Hamas) sur lesquels se déverse une apocalypse de bombes, – sachant que ces 2.300.000 personnes sont privées des biens les plus élémentaires, qu’il n’y aura bientôt plus de diesel pour faire marcher les générateurs qui fournissent de l’électricité là où elle fonctionne encore (y compris dans les hôpitaux), plus de nourriture en dehors des réserves que les gens auront pu accumuler, et plus d’eau – puis la bande de Gaza n’a aucun accès à l’eau. Je ne sais pas combien de temps ça pourra durer, mais, juste, cette perspective est là. Sachant qu’elle n’est pas encore la pire, puisqu’on ne voit pas comment il pourrait ne pas y avoir d’intervention terrestre de l’armée d’Israel, et que, sans intervention terrestre, toute cette monstruosité sera considérée comme une victoire du Hamas (c’est le sujet de ma dernière chronique). – Et, au moment d’achever ma chronique, je découvre cette folie : l’ordre donné par Israel de « relocaliser », sous 24h, 1.100.000 personnes habitant au nord de Gaza. Relocaliser où ? Comment ? en 24h ? Et ça y est, le piège est refermé : les parallèles de la « relocalisation » forcée, ils existent, – dans les déportations des peuples par Staline, ou, pire encore, dans les « relocalisations » des gens dans les ghettos. Et le mot, le mot lui-même, il ne vous rappelle rien ??
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Il y a aussi d’autres victimes. Des victimes d’un autre ordre. Ce sont les gens qui, en Israel, étaient en lutte contre le gouvernement d’extrême-droite (comment le qualifier autrement ?) de Netanyahou. Là encore, le piège est ouvert, et il paraît inévitable. – D’un seul coup, devant l’horreur de ce qui s’est produit, c’est toute la société israélienne qui s’est ressoudée, dans une unanimité presque totale. Parce que le mouvement de protestation démocratique contre les fascistes au pouvoir ne faisait que grandir, — ou, du moins continuait de s’affirmer dans sa force pacifique, – passant, peu à peu, de la contestation de la réforme de la Cour suprême (la soumission de la justice au politique) à ce qui est à la base de toute la tragédie du Moyen-Orient. Non pas l’existence d’Israel en tant que telle (cette étape est dépassée depuis les années 80), mais la poursuite de la colonisation, – d’une colonisation faite avec le soutien de l’armée, dans des conditions d’apartheid, et je maintiens ce mot puisqu’il s’agit de transformer ce qui était entendu comme un État palestinien (démilitarisé, mais théoriquement indépendant) en une espèce de bantoustan qui dépendrait du colonisateur pour ses besoins les plus primaires. (Or, si le Hamas a pu si facilement franchir la frontière, c’est aussi à cause de la politique de colonisation : des centaines de militaires censés garder la frontière de Gaza avaient été envoyés en Cisjordanie pour protéger une colonie qui venait de se créer sur un terrain palestinien. ) — Un grand mouvement de protestation s’était levé parmi les réservistes, qui, – et c’était une grande première dans l’histoire d’Israel, – refusaient tout service militaire à un État soumis aux fascistes au pouvoir. Et là, bien sûr, beaucoup de ces gens, au courage exemplaire, des gens qui ont passé leur temps à protester contre la colonisation, sont dans l’armée, et, si les choses se passent comme elles vont se passer, se rendront, eux aussi, coupables de crimes de guerre, – et peut-être pire, puisque l’évacuation d’un million de personnes en 24h pourrait bien être qualifiée autrement...
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L’attaque du Hamas a donc joué le rôle que bien des dirigeants assignent à la guerre en général : créer un sentiment d’union nationale quand le pays est divisé par des fractures internes très profondes, – et la société israélienne est une société fracturée radicalement, justement par la colonisation et par la primauté de religieux qui suivent la pente naturelle de tous les groupes de pression au monde, c’est-à-dire qu’ils se radicalisent au fur et à mesure que les laïcs leur cèdent du terrain.
Qu’on me comprenne : je ne dis pas du tout que Netanyahou avait intérêt à l’attaque du Hamas, et qu’il y aurait je ne sais quel plan machiavélique d’entente entre les deux, par-dessus les populations. Je ne le dis pas, parce que, même s’il y a, aujourd’hui, un gouvernement d’union nationale (mais je ne sais pas, au moment où j’écris, qui occupe quels postes), les questions sur la sécurité ne manqueront pas d’être posées, une fois les opérations militaires achevées : des questions sur la faillite des services de sécurité, ou plutôt la soi-disant faillite, parce qu’il apparaît aujourd’hui que, non, il y avait des voix des services de sécurité qui avaient prévenu qu’il se tramait quelque chose, et que ces voix n’ont pas été entendues, délibérément ou non. Mais quand les responsables de ce désastre devront-ils en répondre ? Je veux dire, quand les opérations militaires sont-elles censées se terminer ? Elles n’ont pas encore commencé... Et quand jugera-t-on les responsables du désastre général qu’est l’idéologie de la colonisation, – une idéologie qui prive plusieurs millions d’êtres humains de toute possibilité d’une vie un tant soit peu indépendante et digne ? – Sachant qu’une fois les opérations militaires achevées, d’une part, elles ne seront pas achevées, et, d’autre part, que c’est l’armée israélienne tout entière qui sera devenue criminelle, parce que cet ordre de « relocalisation » est, oui, un crime, quel que soit le crime auquel il répond. Et c’est un autre degré dans l’effroyable qui se déroule sous nos yeux.
D'autant qu’il y a ça, en face, ou à côté : oui, le Hamas est une organisation terroriste, mais, dans l’état actuel de ce qu’on ne peut pas appeler « la société palestinienne » , parce que cette société n’est qu’un traumatisme général, global, ne connaissant que la misère, la contrainte et la guerre, ce qui me fait peur, c’est ce que disent beaucoup de commentateurs : la disparition du Hamas n’entraînera pas la paix, mais une radicalisation encore croissante. Et, encore une fois, que faire avec les millions de Palestiniens, – eux dont personne ne veut, ni Israel, ni les autres pays arabes ? Vous en faites quoi, de tous ces gens ? Sachant que la moitié de la population de Gaza a moins de 18 ans. Vous faites quoi avec les jeunes ? Vous leur montrez quel avenir ? Ces millions-là aussi, ils sont les victimes de l’horreur qui se déroule sous nos yeux. Les victimes présentes, et les victimes à venir.
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Un dernier mot pour aujourd’hui. Il se trouve que la Russsie a profité de cette catastrophe pour lancer, à Avdéevka, la plus grande offensive de la guerre depuis celle de février-mars 2022. Des milliers et des milliers d’hommes, – c’est un déluge de feu qui s’abat sur ce qui fut, naguère encore, une ville prospère et que jamais les Russes n’ont pu prendre. On ne compte pas les morts, des deux côtés, mais, visiblement, du côté russe, à nouveau, ça se compte par milliers. Et oui, ça se passe, ça, sous le couvert de Gaza, pour qu’on n’en parle pas, – pour que l’Occident ne puisse plus continuer son effort de guerre pour soutenir l’Ukraine, s’il faut soutenir Israel, et pour que l’attention du monde, surtout, se détourne de l’Ukraine. Pour que les crimes russes s’estompent devant les autres. Ils ne doivent pas s’estomper.
Et je n’oublie pas le Karabakh... – C’est juste, je ne sais pas, que c’est trop. Trop dur. Et ça sera pire encore. Tellement pire. Et je suis là, moi, et j’écris... qu’est-ce que je peux faire d’autre ?
La pente naturelle André Markowicz 17 octobre
Le Wall Street Journal a établi qu’une dizaine de jours avant l’attaque du Hamas, le Jihad Islamique avait reçu quelque chose comme 100 millions de dollars en cryptomonnaie sur la plateforme Garantex, laquelle se trouve, physiquement, à Moscou. Ça ne veut pas dire, d’après ce que je comprends, que les 100 millions de dollars viennent directement du budget de l’État de Poutine, mais ça veut dire que Moscou ne pouvait pas ne pas savoir, — au minimum. Ça veut dire plutôt, selon toute vraisemblance, que ces 100 millions viennent bien de Poutine, mais, comme c’est d’habitude le cas, en passant, pour ainsi dire, de main en main (ou de clic en clic, s’agissant de cryptomonnaie). Et ça ne concerne que le Jihad Islamique, lequel est allié du Hamas, mais n’est pas le Hamas. Est-il imaginable que le Hamas n’ait pas touché au moins autant ? Evidemment non — c’est juste que, soit cet argent était destiné aux deux, à partager, soit on n’a pas encore retrouvé les liens informatiques d’un versement équivalent, qui aurait pu être fait en plusieurs fois, venir de sources différentes, bref, être mieux déguisé – parce que, les 100 millions pour le Jihad islamique, ils étaient, si je comprends bien, quasiment à la surface, en accès libre, sans aucun camouflage. – Les journalistes n’ont, jusqu’à présent, découvert que (!...) 41 millions de dollars touchés par le Hamas pendant la même période sur la même plateforme.
Si la chose est avérée – elle semble vraiment l’être –, cela signifie un tournant majeur de la politique de Poutine vers le chaos mondial, ou, disons, vers un nouvel ordre mondial... Parce que c’est une attaque frontale contre Israel, et qu’Israel, de tous les pays occidentaux, est celui qui avait jusqu’alors gardé la plus grand neutralité possible dans la guerre Russie-Ukraine. Israel ne livrait pas d’armes, ou très peu, à l’Ukraine, et Israel compte près de un millions de citoyens venus de Russie, – certes, dans leur écrasante majorité, pas du tout partisans de Poutine, mais quand même. Et donc, si la Russie a financé cette attaque du Hamas, alors, elle est, très concrètement, en guerre avec Israel.
L’iran a organisé et formé, la Russie a financé. – Et je rappelle que le Hamas, en Russie, n’est pas considéré comme « organisation terroriste », mais comme représentant légitime de la lutte du peuple palestinien, et j’ai d’ailleurs vu passer un communiqué du Hamas pour remercier la Russie de sa position.
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Mais la Russie est-elle la seule responsable de l’horreur qui se joue maintenant ? Il faut bien avouer que non. Parce que Poutine ne fait que jouer sur ce que je pourrais appeler les « pentes naturelles » des régimes qu’il combat. Comme il a surfé sur le ressentiment des peuples, avec le succès (au moins temporaire) que nous savons pour détruire toute la France-Afrique, – disons ce qui restait de l’influence française, en quelques mois — de la même façon, il a joué sur la politique de la droite israélienne depuis l’évacuation de la bande de Gaza par Sharon, lequel l’a évacuée justement parce que c’était le moyen le plus sûr de ne jamais avoir un état politiquement viable pour les Palestiniens, dès lors que les religieux du Hamas rejetaient toute politique laïque, et donc, rejetaient l’OLP (la destruction de l’OLP par le Hamas a été faite par une guerre civile, plutôt par un massacre organisé, puisque l’OLP n’avait aucun accès aux armes, – armes que le Hamas avait, étrangement, en abondance). Un grand nombre d’analystes israéliens (comme Charles Enderlin, mais il est loin d’être le seul) ont répété depuis des années et des années que, réellement, il existait entre la droite israélienne et le Hamas un accord, ne serait-ce que tacite : le Hamas s’occupait d’administrer la bande de Gaza, dont la misère était entretenue par le blocus israélien, et, bon, s’il lançait, de loin en loin, quelques attaques isolées, ce n’était pas trop cher pays, pour les calculs cyniques de Netanyahou et de ses affidés, en échange de l’isolement du « gouvernement » de la Cisjordanie, qui ne pouvait rien faire contre une colonisation proliférante et entretenue non seulement par l’État d’Israel mais par la passivité, honteuse et lâche, du monde entier.
Il est arrivé à Netanyahou ce qui est arrivé aux USA avec Al-Qaïda : les USA avaient commencé à financer les talibans contre les Russes, – les Talibans ont pris l’argent, puis tout le pays, puis, d’étape en étape, oui, réellement, par une pente naturelle, entraînant les USA dans des guerres absurdes et criminelles, ils ont ruiné la puissance américaine, – du moins ils l’ont mise en danger d’une façon durable. Parce que, pendant que les USA s’engluaient dans leur politique criminelle et leurs défaites militaires, partout ailleurs, c'était la Chine qui s’imposait. – Le Hamas a attaqué de la même façon. Parce que c’est la pente naturelle, inévitable, la nature même des terroristes islamistes : ils ne peuvent avoir aucune alliance, secrète ou non, avec quiconque n’est pas un islamiste (de ce point de vue, Kadyrov joue pour Poutine un rôle d’intermédiaire essentiel). Et parce qu’ils jouent, eux aussi, la politique du pire (j’en ai déjà parlé dans mes chroniques précédentes).
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J’ai parlé des pièges tendus par le Hamas à Israel, des pièges dans lesquels Israel ne peut que finir de tomber, par la pente naturelle de son gouvernement de fous furieux, de racistes, d’illuminés religieux qui sont l’exact pendant des islamistes, – leurs frères idéologiques, et, j’aillais dire, leurs frères d’armes. Les colons, aujourd’hui, en Israel, se radicalisant, eux aussi par leur pente naturelle, de mois en mois, – dès lors que rien ni personne n’est jamais vu leur mettre des limites et que les laïcs israéliens ont depuis longtemps affiché leur impuissance, – ils sont totalement hors de contrôle, et la haine qu’ils provoquent dans la population palestinienne n’a même pas besoin d’être canalisée par le Hamas. Le Hamas n’a qu’à surfer dessus, parce que, c’est aussi qui est le pire, c’est que la destruction du Hamas ne changera strictement rien, – au contraire, elle ne fera que radicaliser encore plus la jeunesse (je le rappelle, la moitié de la population de la bande de Gaza a moins de 18 ans), et la guerre ne pourra que reprendre, et reprendre encore, inévitable, – et ce sera une guerre dans laquelle, comme je le disais, Israel ne pourra plus, en aucun cas, se revendiquer de la mémoire de la Shoah, parce que qui se passe, d’ores et déjà, à Gaza, est à la limite du massacre de masse – un massacre provoqué, évidemment, par les assassins du Hamas, la chose est claire, et pas que provoqué, non – appelé. Appelé justement pour ça. Pour qu’il ait lieu. Et pour qu’il y ait vengeance.
Parce que, de massacre en massacre, d’horreurs en horreurs, de crimes de masse en crimes de masse, ce qu’Israel va perdre, c’est le peu de soutien international qui lui reste encore – les opinions publiques des pays qui le soutiennent encore ne permettront plus aux gouvernements de le faire, et qu’aurons-nous ? Israel, pour survivre, lancera-t-il une bombe atomique ? Contre qui ? Contre son propre territoire ? Israel finira, là, vraiment, par disparaître, sous les coups combinés de ses propres fascistes et d’un monde extérieur dans lequel les USA n’auront plus le premier rôle. Ce n’est pas pour tout de suite, certes, mais, ce qui est clair et net, c’est que la pente naturelle est là : il suffit juste d’accompagner le mouvement, ce que fait Poutine, – lequel est aujourd’hui en Chine, pour le forum « Une ceinture, une route », un projet qui, lui aussi, est clair et net : la ceinture (de soie ? comme les routes du même nom), et la route chinoises, pour un monde dont le centre sera dorénavant Pékin.
Ce n’est pas un hasard du calendrier si, dans le même temps, un des vice-présidents de la Douma, Piotr Tolstoï, a prononcé un discours solennel dans lequel il demandait à la Russie de quitter toutes les organisations internationales auxquelles elle appartient, – pas l’ONU mais toutes les autres : l’OMC, l’OMS, tous les accords liés l’éducation et aux sports. Tout. Ce n’est pas encore la position officielle du gouvernement de Poutine, mais, clairement, c’est un signal : pour la clique de Poutine, la Russie n’appartient plus au monde occidental. La Russie n’est plus, pour son gouvernement même, en Europe. Ce qui se passe, c’est, réellement, sans aucune exagération, un retour à Ivan le Terrible.
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Pendant ce temps, à Avdéevka, les Russes lancent des assauts frontaux contre le grand terril qui domine la ville, et perdent, jour après jour, des milliers et des milliers d’hommes, – sans aucun résultat au moment où j’écris. Mais ça n’a pas d’importance, les yeux du monde sont ailleurs, et l’aide à l’Ukraine, déjà diminuée, le sera davantage encore.
Je mets en premier commentaire le témoignage, accablant, de la belle-mère de Humza Yusaf, le premier ministre, indépendantiste, de l’Écosse. Elle s’était rendue voir sa famille à Gaza, et elle est bloquée au milieu du chaos et des ruines. – Gaza, réellement, c’est ça : il ne s’agit plus du Hamas. C’est deux millions de personnes sans nourriture, sans eau, sans rien, – des hôpitaux sans rien, avec les bombes qui tombent, et le pire à venir. Le piège s’est déjà refermé. Par pente naturelle.
 
questionnement d'André Markowicz en date du 31 octobre :
Ce qui est sûr, plus largement, dans le monde entier, et particulièrement dans le monde dit-musulman, c’est la montée d’un antisémitisme de plus en plus agressif, de plus en plus menaçant. Depuis les déclarations d’Erdogan jusqu’aux attaques sur les gens. Ce qui est sûr aussi, c’est que les assassins en puissance, ceux qui font des tags antisémites, marquent les maisons supposées juives par des croix, etc. etc., profitent, lâchement, bassement, comme des salauds qu’ils sont, de l'horreur qui se déroule à Gaza, – une horreur qui dépasse l’entendement, et d’une horreur impunie. Pas impunie, que dis-je ? Soutenue, favorisée par l’Occident, malgré (ou par) les faibles protestations de nos gouvernants. La stratégie de Poutine (avec, ici, l’aide du Hamas) est claire : il s’agit, sur le long terme, dans le monde entier, d’approfondir la haine non pas même de l’Occident mais de toutes les valeurs traditionnellement liées à l’Occident, et que nous proclamons universelles, comme, par exemple, la démocratie, puisque nous nous proclamons démocrates mais que nous laissons Israel réduire toute la bande de Gaza en ruines, au prix de dizaines de milliers de morts, pour les punir d’être gouvernés par les assassins du Hamas.
Si, nous qui sommes démocrates, nous n’imposons pas de sanctions au gouvernement de Nétanyahou, alors, notre démocratie est une mascarade. – Et si la démocratie est une mascarade, que reste-t-il ?
 
JCG : ce ne sont pas seulement des sanctions qu'il faut imposer mais
- un cessez-le-feu, des couloirs humanitaires, des aides d'urgence en tous domaines
- puis un processus de paix par la création d'un État unique, démocratique et laïque (proposition à discuter, étant donnés les rapports de force entre modèles démocratiques et modèles communautaristes) dans toute la Palestine historique, avec des droits égaux pour les chrétiens, les musulmans et les juifs accompagné d'un plan de développement massif
- et enfin, les procès
- pour crimes de guerre des dirigeants et miliciens du Hamas (7 octobre)
- pour crimes contre l'humanité ou génocide (quelle qualification juridique choisir ?) des dirigeants et chefs militaires d'Israël (l'après 7 octobre)
 
Quant à la démocratie ? représentative ? pluraliste ? avec des partis bureaucratiques et électoralistes ? des médias mainstream aux mains de milliardaires ? des techniques de manipulation de masse ? d'hypnotisation collective ? des réseaus sociaux "complotistes" ?
 

déclaration sur la censure qui frappe

“AND HERE I AM »

(ET ICI JE SUIS)


LE FREEDOM THEATRE 12 OCTOBRE 2023

Nous avons appris avec consternation que le maire de Choisy-le-Roi avait décidé d'annuler notre représentation de "And Here I Am" au Théâtre-Cinéma de Choisy-le-Roi le 11 octobre.
Après que l'armée israélienne a bouclé la Cisjordanie et fermé les frontières, il a fallu à notre équipe artistique quatre jours pour arriver en France. Les membres de l'équipe ont franchi des checkpoints militaires, subi des humiliations et des interrogatoires sous la menace d'une arme à feu, et un membre de l'équipe a été détenu et menacé d'arrestation par l'armée. Il n'est pas excessif de dire qu'ils ont risqué leur vie et leur sécurité pour que la représentation ait lieu.
Nous nous posons la question : est-il même juste de faire une déclaration publique sur l'annulation de la pièce alors que les Palestiniens subissent des situations bien pires. Alors que des familles entières sont massacrées à Gaza, alors que des quartiers sont complètement rasés. Alors qu'on voit sur une succession de vidéos des enfants palestiniens assassinés, ou d'autres, presque morts, extraits des décombres en ayant perdu leurs membres. Nous nous posons la question : devrions-nous même nous rendre en France alors qu'il est urgent que nous soyons chez nous, au camp de réfugiés de Jénine, à protéger et à préparer nos enfants en vue de la prochaine invasion.
Mais la façon dont les voix palestiniennes sont réduites au silence est intrinsèquement liée à la facilité avec laquelle Israël continue à enfreindre le droit international et à pratiquer depuis 75 ans avec brutalité son occupation militaire, ses invasions, son apartheid. L'effacement de notre histoire est la raison pour laquelle les gouvernements du monde peuvent inciter à notre mise à mort comme si c'était un sport. Les gros titres à la une qui propagent la désinformation contribuent à justifier les attaques d'Israël, alors que les journalistes eux- mêmes précisent que leurs affirmations ne sont pas vérifiées, enfreignant ainsi le code élémentaire du journalisme. Depuis les présidents jusqu'aux présentateurs de la télévision ou aux stars de cinéma, nos vies sont réputées n'avoir aucune valeur et notre contexte est éliminé alors que leur racisme et leur islamophobie ont le champ libre. Une pièce de théâtre est une petite possibilité de raconter notre histoire et son annulation constitue le choix de participer à la violence que nous subissons.
Le maire de Choisy-le-Roi a déclaré que la décision a été prise par « respect pour toutes les victimes ». C’est tout simplement de l’hypocrisie quand Paris illumine la Tour Eiffel en blanc et bleu, quand la Commission Européenne projette le drapeau national d’Israël sur son siège, quand un ministre français propose de dissoudre les organisations qui soutiennent la Palestine.
Nous, Palestiniens, sommes dénigrés, réduits au silence, condamnés, emprisonnés et assassinés dès que nous agissons pour arrêter le nettoyage ethnique. La censure et les attaques contre notre équipe, dont beaucoup viennent du camp, sont au fond de notre histoire. Notre bâtiment est constamment attaqué violemment et la troupe prise comme bouclier humain, le personnel et les étudiants emprisonnés, le président de notre conseil d’administration emprisonné depuis plus d’un an sans inculpation ni procès et notre directrice artistique adjointe britannique, interdite d’entrer en Palestine. Nous sommes des artistes, rien de plus, mais le simple acte de conter des histoires palestiniennes suffit pour être confrontés à cette brutale censure qui se poursuit quand nous sommes en tournée internationale.
Nous continuerons seulement comme nous savons le faire, en disant notre histoire. Nous tenons à remercier les producteurs, les artistes, les ami.e.s et allié.es qui continuent en France à lutter pour que notre voix soit entendue pendant cette tournée. Malgré l’impact personnel et financier que leur soutien envers nous leur impose, leur solidarité et leur détermination nous emplissent d’espoir et de force.
Nous invitons le public à la prochaine étape de la tournée

à Bordeaux les 13 et 14 octobre
https://fab.festivalbordeaux.com/spectacle/and-here-i-am/
Et à Lyon les 18 et 19 

https://www.tng-lyon.fr/evenement/and-here-i-am/

LE FREEDOM THEATRE
CAMP DE RÉFUGIÉS DE JÉNINE
PALESTINE

 

mercredi 13 décembre 2023, trois membres du Freedom Théâtre ont été arrêtés à leurs domiciles respectifs, dans le camp de réfugiés de Jénine (Cisjordanie occupée). Il s’agit d'Ahmed Tobasi, son directeur artistique, de Mustafa Sheta, son directeur général, et de Jamal Abu Joas, formateur et ancien élève. Leur arrestation est intervenue juste après la destruction du Freedom Théâtre par l’armée israélienne.

 

Né pendant la première Intifada palestinienne, Ahmed a grandi dans le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie. À l’âge de 15 ans, il rejoint la résistance armée et assiste à l’invasion de l’armée israélienne. Son destin de soldat prend une tournure inattendue lorsqu’il fait une rencontre impromptue avec le théâtre. Le déclic est immédiat. Réfugié en Norvège, il lâche son fusil pour la scène. And here I am raconte ce passage à l’âge adulte qui témoigne de l’absurdité de grandir dans une zone de conflits. Ahmed Tobasi interprète son propre rôle, revisité par l’écrivain multiprimé Hassan Abdulrazzak. Dans une mise en scène alternant musique et danse, sable et eau, calme et vacarme, Ahmed raconte sa vérité intime, insufflant de l’humanité et un humour teinté d’ironie dans ces traumatismes collectifs. Cet homme ordinaire est parvenu à prendre le contrôle de son avenir et il fait de sa propre histoire une pièce puissante et singulière. Il sensibilise le public, avec sincérité et force de conviction, aux problèmes auxquels est confrontée la nouvelle génération palestinienne. Un plaidoyer sur la résilience, à la fois tranchant et désarmant.

Ce mercredi 8 novembre 2023, le Conseil d’État a donné son feu vert à l’expulsion de Mariam Abu Daqqa, militante palestinienne de 71 ans. Une décision inédite qui s’inscrit dans la criminalisation du soutien à la Palestine. Son avocate prévoit un recours...

elle a été violemment arrêtée à Paris, le 9 novembre au soir, le jour du 53° anniversaire de la mort de De Gaulle, expulsée vers l'Égypte, le 10 novembre 2023.

Mariam Abou Daqqa, connue comme l'une des leaders de la cause féministe dans la Bande de Gaza, a vu sa maison détruite et 26 membres de sa famille tués la semaine dernière dans les bombardements qui ont suivi l'attaque du Hamas.

 

deux récits graphiques dont Razan initié par Chantal Montellier / Razan Ashraf Abdul Qadir al-Najjar, née le 11 septembre 1996 à Khan Younès et morte le 1er juin 2018 dans la bande de Gaza, est une secouriste bénévole palestinienne tuée par un fragment de balle tirée par l'armée israélienne, au cours des évènements de la Marche du retour / Cessez le feu by Chantal Montellier
deux récits graphiques dont Razan initié par Chantal Montellier / Razan Ashraf Abdul Qadir al-Najjar, née le 11 septembre 1996 à Khan Younès et morte le 1er juin 2018 dans la bande de Gaza, est une secouriste bénévole palestinienne tuée par un fragment de balle tirée par l'armée israélienne, au cours des évènements de la Marche du retour / Cessez le feu by Chantal Montellier
deux récits graphiques dont Razan initié par Chantal Montellier / Razan Ashraf Abdul Qadir al-Najjar, née le 11 septembre 1996 à Khan Younès et morte le 1er juin 2018 dans la bande de Gaza, est une secouriste bénévole palestinienne tuée par un fragment de balle tirée par l'armée israélienne, au cours des évènements de la Marche du retour / Cessez le feu by Chantal Montellier

deux récits graphiques dont Razan initié par Chantal Montellier / Razan Ashraf Abdul Qadir al-Najjar, née le 11 septembre 1996 à Khan Younès et morte le 1er juin 2018 dans la bande de Gaza, est une secouriste bénévole palestinienne tuée par un fragment de balle tirée par l'armée israélienne, au cours des évènements de la Marche du retour / Cessez le feu by Chantal Montellier

Razan est un prénom arabe qui signifie "respecté, sage, sérieuse, à l'écoute, loyale" et admirée pour sa perfection. Razan a incarné toutes ces qualités, elle les a habitées et portées avec fierté pour dire haut et fort, les qualités de son peuple, les Palestiniens. Unique, symbole de tous les êtres humains, elle a partagé ses valeurs, ses doutes, ses colères, son amour. Elle n'a jamais cessé de croire dans la nécessité d'agir collectivement pour les droits, pour la santé, pour la vie, pour la liberté.
Devenue icône malgré elle, elle laisse désormais une empreinte forte que Chantal Montellier a voulu mettre en oeuvres : dessins, témoignages, rappels historiques, dialogues imaginaires, hommages.

07/10/2021 / 188 pages / Arcane 17 / 15 €
 
Joann Sfar - Coco - Mana Neyestani - Catel - Pascal Rabaté - Patricia Bolanos - Paco Roca - Bahareh Akrami - Hippolyte - Shabnam Adiban - Lewis Trondheim - Deloupy - Touka Neyestani - Bee - Winshluss - Nicolas Wild - Hamoun Femme, vie, liberté : avoir vingt ans en Iran et mourir pour le droit des femmes.
Le 16 septembre 2022, en Iran, Mahsa Amini succombe aux coups de la police des moeurs parce qu'elle n'avait pas "bien" porté son voile.
Son décès soulève une vague de protestations dans l'ensemble du pays, qui se transforme en un mouvement féministe sans précédent. Marjane Satrapi a réuni trois spécialistes : Farid Vahid, politologue, Jean-Pierre Perrin, grand reporter, Abbas Milani, historien, et dix-sept des plus grands talents de la bande dessinée pour raconter cet évenement majeur pour l'Iran, et pour nous toutes et nous tous.
 
14/09/2023 / 271 pages / L'Iconoclaste / 32 €

 

 

Cher JC

Comment résoudre ce problème à la fois collectif et individuel tant ses causes sont complexes et entremêlées pour encore plus les complexifier?
Causes historiques,religieuses, raciales, sociales et économiques, territoriales…
D’un point de vue personnel j’ai tendance à mettre dos à dos les deux communautés dans leurs droits respectifs et leurs devoirs de vivre ensemble en paix (devoirs souvent oubliés ou bafoués)
D’un point de vue collectif et géostratégique, en particulier franco-Français, j’ai tendance à oublier la compassion et la morale pour hypocritement fermer les yeux devant ce nouveau Guernica.
En pratique, sur terre, c’est encore la loi du plus fort qui fait la loi au moins sur le court terme.
Ps j’ai découvert l’existence de ce monument à la paix en réaction à la boucherie de 14/18. Il est très émouvant même si on peut regretter que le fils tende aussi un poing agressif envers les meurtriers de son père.
Bien à toi,
 
B Hofmann
____________________________________________________________
 
Le point de vue de Jean-Pierre Grosse
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En Israel, s’affrontent 2 factions fascistes (Netanyaou + ultra-orthodoxes / Hamas ) dont l’objectif majeur est d’anéantir l’autre. Toutes 2 sont coupables de crimes de guerre etc .. La violence ne résoudra rien sinon créer de nouvelles générations de terroristes. Je doute qu’un accord soit possible tant que ces dirigeants sont au pouvoir.

La solution d’un état ne me paraît pas possible : trop de haine accumulée.

La solution à 2 états me paraît la seule viable MAIS pour cela, il faudrait :

  • Transférer tous les Gazaouis (2 M) en Cisjordanie - actuellement un gruyère occupé par Israël – qui deviendrait un véritable état indépendant
  • Et tous les colons (0,5M) à Gaza qui deviendrait israélien.

Techniquement faisable : le monde a l’habitude des transferts de population !

 

La récupération des colonies juives de Cisjordanie permettrait une compensation des dégâts subis par les Gazaouis et les colons pourraient faire à Gaza ce qu’ils font bien : reconstruire !

Jean-Pierre Grosse, Marrakech, 12 novembre 2023

"Perlimpinpin'' 1973
 
~VIVRE AVEC TENDRESSE
VIVRE ET DONNER AVEC IVRESSE! ~
BARBARA
 
Pour qui, comment quand et pourquoi ?
Contre qui ? Comment ? Contre quoi ?
C'en est assez de vos violences.
D'où venez-vous ?
Où allez-vous ?
Qui êtes-vous ?
Qui priez-vous ?
Je vous prie de faire silence.
Pour qui, comment, quand et pourquoi ?
S'il faut absolument qu'on soit
Contre quelqu'un ou quelque chose,
Je suis pour le soleil couchant
En haut des collines désertes.
Je suis pour les forêts profondes,
Car un enfant qui pleure,
Qu'il soit de n'importe où,
Car un enfant qui meurt
Au bout de vos fusils
Est un enfant qui meurt.
Que c'est abominable d'avoir à choisir
Entre deux innocences !
Que c'est abominable
d'avoir pour ennemis
Les rires de l'enfance !
Pour qui, comment, quand et combien ?
Contre qui ? Comment et combien ?
À en perdre le goût de vivre,
Le goût de l'eau, le goût du pain
Et pour une rose entr'ouverte,
Et pour une respiration,
Et pour un souffle d'abandon,
Et pour ce jardin qui frissonne !
Rien avoir, mais passionnément,
Ne rien se dire éperdument,
Mais tout donner avec ivresse
Et riche de dépossession,
N'avoir que sa vérité,
Posséder toutes les richesses,
Ne pas parler de poésie,
En écrasant les fleurs sauvages
Et faire jouer la transparence
Au fond d'une cour au murs gris
Où l'aube n'a jamais sa chance.
Contre qui, comment, contre quoi ?
Pour qui, comment, quand et pourquoi ?
Pour retrouver le goût de vivre,
Le goût de l'eau, le goût du pain
Contre personne et contre rien,
Mais pour toutes les fleurs ouvertes,
Mais pour une respiration,
Mais pour un souffle d'abandon
Et pour ce jardin qui frissonne !
Et vivre passionnément,
Et ne se battre seulement
Qu'avec les feux de la tendresse
Et, riche de dépossession,
N'avoir que sa vérité,
Posséder toutes les richesses,
Ne plus parler de poésie,
Mais laisser vivre les fleurs sauvages
Et faire jouer la transparence
Au fond d'une cour aux murs gris
Où l'aube aurait enfin sa chance,
 
~VIVRE AVEC TENDRESSE
VIVRE ET DONNER AVEC IVRESSE! ~
BARBARA
Shein B, slameuse de l'estime sur la Palestine, ci-dessous

Shein B, slameuse de l'estime sur la Palestine, ci-dessous

l'affiche et les intterprètes Fred Andrau, Aliénor de la Gorce /
l'affiche et les intterprètes Fred Andrau, Aliénor de la Gorce /

l'affiche et les intterprètes Fred Andrau, Aliénor de la Gorce /

hier soir, mardi 11 octobre, j'ai vu au Comédia, à Toulon,
Geli de Diastème avec Fred Andrau et Aliénor de la Gorce
j'y étais allé pour Fred, l'ami le plus proche de Cyril (13/4/1971-19/9/2001) avec Jeanne
et je découvre cette histoire incroyable, l'amour d'Adolf pour sa demie-nièce Geli
voilà du théâtre comme j'aime
un texte, des interprètes habités, justes, un décor simple, pas d'effets, juste quelques sons d'intermède et les morceaux chantés, joués par Aliénor
le texte de Diastème évoque sa propre recherche d'auteur sur la mort de Geli à 23 ans, sur les relations entre le demi-oncle et la demie-nièce, recherche de près de 15 ans, 90 ans après, alors que les versions de la mort de Geli sont multiples, contradictoires
l'auteur (Fred Andrau) tente devant son ordinateur de cerner la personnalité de Geli (Aliénor, virevoltante car par son intérêt pour elle, c'est comme si l'auteur ressuscitait Geli, lui redonnait vie),
en effet, la pièce commence par Aliénor à cour, dans l'enfer des morts, se posant les questions d'une jeune femme de 23 ans morte de mort violente, une balle dans la poitrine et petit à petit, elle vient prendre place sur les bancs de la table de travail de l'auteur,
l'auteur est tel Orphée ramenant des enfers la mémoire vive de Geli avec sa participation comme si l'intérêt de l'auteur pour elle se transformait en amour pour le personnage qu'il crée cet amour de fiction créant entre eux une complicité particulièrement sensible sur le plateau
et se dresse devant nous, avec ses interventions à elle, peu à peu, le portrait d'une femme vivante, naturelle, de bonne humeur, mettant toujours une ambiance bon enfant, avec ses aspirations, ses désirs, ses réparties, son refus de richesse, de gloire, de pouvoir; simplicité, légèreté et l'amour pour à deux, si réciproque, le paradis
évidemment, pèse le poids des 64 millions de morts et plus de la guerre
Geli a-t-elle sa part de responsabilité dans ce qu'est devenu Adolf après sa mort (suicide ou meurtre), un monstre (?)
la pièce de Diastème n'est pas éditée, dommage mais il me l'a envoyée et je vais donc pouvoir affiner son travail orphique d'épitaphier
une série de 30 représentations à Paris au théâtre des abesses à partir du 26 novembre, à suivre
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est sorti en 2021 un roman de Fabiano Massimi, L'ange de Munich
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LES AVATARS DE LA CULTURE

Revue des Deux Mondes

Jean d'Ormesson, 12 mars 1973

Une archive d'il y a 50 ans qui décrit fort bien ce qui se passe sous nos yeux à l'échelle planétaire
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présentation par la revue de son archive :
Tout ce que la France réunissait d'élégance, de légèreté et de savoir se résumait en Jean d'Ormesson. On l'aimait parce qu'il illustrait l'esprit français comme personne.
Beaucoup n'ont souvenir de lui qu'avec les cheveux blancs, mais avant d'être l'écrivain prolifique, médiatique et extrêmement populaire que nous avons connu, Jean d'O en a fait des choses.
En 1950, l'agrégé de philo devient secrétaire général de l'UNESCO, ONG créée après la Seconde Guerre mondiale pour maintenir la paix en renforçant la collaboration en matière d'éducation et de culture.
La culture voilà bien un sujet que l'ancien normalien connaît et explore dans une communication qu'il donne à l'Académie des Sciences morales et politiques le 12 mars 1973. Il en confie ensuite le propos à la Revue des Deux Mondes.
C'est à la même époque que Jean d'Ormesson est élu à l'Académie française. Le 18 octobre 1973, il succède à Jules Romains.
Hitler aimait certains livres

Hitler aimait certains livres

C’est l’histoire d’un livre qui au milieu des 683 autres de la rentrée littéraire de 2006 devait passer plutôt inaperçu ; son ampleur (900 pages et plus d’un kilo) le prédisposant plus à caler la table branlante qu’à titiller les cortex des critiques littéraires… Son éditeur ne l’avait tiré qu’à 5000 exemplaires, et personne n’aurait pensé qu’à peine un mois après sa sortie confidentielle, ce roman figurerait dans la sélection de quasiment tous les jurys littéraires de la rentrée !
Informé par une amie libraire aux goûts surs et à la curiosité toujours en éveil, j’avais acheté ce gros livre dès mon retour à Paris, en éprouvant – déjà – quelques difficultés à le trouver… Le premier tirage (confidentiel) avait été rapidement épuisé, grâce notamment au bouche à oreille élogieux que quelques bibliothécaires curieux et libraires sous le choc avaient très vite fait circuler autour d’eux.
Un mois à peine après sa sortie, ce premier roman d’un écrivain totalement inconnu, s’était déjà vendu à …260.000 exemplaires !
Malgré les attaques fielleuses et vaguement malhonnêtes des sectes et coteries habituelles (Libération, Les Inrockuptibles…) ; malgré les jugements sentencieux de ceux (qui comme Claude Lanzman) se jugent les seuls habilités à délivrer l’imprimatur à qui voudrait parler de la Shoah ; malgré les dépits médisants des maisons d’édition habituées au partage des prix littéraires et soudainement frustrées ; et malgré la jalousie amère de quelques écrivains habitués des plateaux télé et des salons guindés, qui pensaient s’être bien placés cette année-là pour la course aux hochets, et qui dépités déployaient soudain tout leur venin à l’égard d’un concurrent qui ne s’était pas annoncé…
Un tel événement en fait, est plutôt rarissime. Tant paraît rodé le ballet complaisant et huilé que les principales maisons d’édition organisent entre elles à chaque rentrée ; et tant paraît incongru, iconoclaste, voire provocateur, l’irruption d’un livre et d’un auteur qui bouleversent soudain – bien involontairement – les us et coutumes d’un petit monde élitiste et fermé, qui a toujours éprouvé une très grande frilosité en face du talent brut, surtout lorsque celui-ci s’impose en dehors de leur flair, de leur influence et de leurs réseaux.
Car – puisqu’il faut bien parler du livre… - nous sommes quand même en face d’un véritable monument. D’un livre exceptionnel, épique et terrifiant, qui nous détaille au creux de l’oreille, l’odieux glissement dans l’inhumanité de ces étudiants brillants, diplômés et cultivés, recrutés par la SS au cœur de leurs universités et glissés dans les rouages des services de sécurité de l’appareil nazi. Du devenir de ces jeunes intellectuels qui citent Platon, parlent grec et lisent Stendhal, et qui vont devenir les artisans consciencieux des massacres planifiés lors de l’entrée des nazis en Pologne et en Ukraine, puis lors de la mise en œuvre de la « solution finale ».
Et au cœur de ce maelström, inhumain et furieux, raconté à la première personne par l’un de ces « docteurs », s’opère la lente glissade en lui-même d’un homme qui des fosses communes de Kiev aux ruines de Berlin, va éclairer sa part d’ombre, faite d’une homosexualité cachée, d’un inceste vertigineux et d’un possible matricide, à la fois nié et enterré.
Mêlant avec une virtuosité inouïe, la petite à la grande histoire, la réalité crue aux rêves nauséeux de son récitant, Jonathan Littell a écrit un roman à dimension « dostoïevskienne », au cœur duquel la merde et le sperme sont intimement mêlées au sang et à la boue qui en constellent le déroulé. On n’est même plus chez Malaparte, mais chez Bataille, Sade et Kafka, pour une fresque d’une ampleur phénoménale sur les ressorts de la bête immonde qui écuma l’Europe il y a un demi-siècle.
Jonathan Littell, a 38 ans. Il a travaillé sept ans dans l’action humanitaire, de Bosnie à l’Afghanistan, en passant par le Congo, le Rwanda et la Tchétchènie. C’est à Moscou qu’il s’est plongé pendant presque deux ans dans les archives de guerre, et c’est à partir d’une photo (« une jeune femme, pendue par les nazis, à Kharkov, en Ukraine, et dont le corps est demeuré ensuite étendu, abîmé dans la neige… ») qu’il a conçu le projet d’un roman portant sur le front de l’Est durant la seconde guerre mondiale.
Puis il voit Shoah et réalise soudain « que le génocide a été l’œuvre d’un appareil bureaucratique organisé, rationalisé, budgété ; je ne le mesurais pas. » Issu « d’une famille juive émigrée de Pologne aux Etats Unis à la fin du XIX ème siècle qui n’avait pas vécu de façon directe ces évènements, j’ai néanmoins grandi avec cette histoire » et Jonathan Littel inscrit ces Mémoires imaginaires d’un SS au cœur du crime incomparable, en posant la question du bourreau. « Aujourd’hui, les bourreaux, c’est un peu nous. »
Marqué par la guerre du Vietnam lorsqu’il était enfant (« j’avais 8, 9 ans, mais l’idée d’être appelé à aller me battre là-bas était une véritable hantise») puis par les guerres de décolonisation, par le Rwanda, la Bosnie et l’Irak, Jonathan Littell nous parle d’un abîme sans fond au fond duquel s’engluent des hommes qui ne croient plus à l’inhumain, et s’en découvrent soudain les soutiers disciplinés.
Cet opéra halluciné, à la fois onirique et réaliste est l’une des œuvres maîtresses de ces dix ou vingt dernières années. Ce livre est déjà un classique. Michel Angot FB
 
Au printemps 1945, dans un Troisième Reich en perdition,
 
la perspective de la défaite prend chaque jour plus d'épaisseur. Cela fait deux ans que les bombardements alliés réduisent les cités allemandes en tas de gravats et de poussière. Les rapports du front, même maquillés par la propagande, font état de plus en plus de victimes. Le rationnement des populations se durcit: à côté des vitrines juives fracassées, les étals des épiciers allemands font pâle figure et les arbres des parcs ont été tronçonnés pour être transformés en bois de chauffage. La famine guette.

Relayée par la radio et les journaux, la propagande amplifie la rumeur, inéluctable, de la défaite. On murmure que les terrifiantes «hordes asiatiques» de l'Armée rouge (le régime nazi assimile les soldats russes aux tribus des steppes, afin de dénoncer leur sauvagerie et leur bestialité) vont dévorer les enfants et violer les femmes. «Sauvez les femmes et les filles d'Allemagne de la souillure et du massacre des limiers bolchéviques», avertit un dépliant de propagande distribué en février 1945. La torture et l'humiliation attendent les perdants, matraquent les haut-parleurs du Reich. Cela va entraîner une première vague de suicides à travers l'Allemagne à partir de janvier 1945.

Les cadres du parti nazi sont les premiers concernés, se donnant la mort en masse en avril et en mai. S'estimant privés de futur, ils emportent souvent leur famille avec eux. L'objectif: marquer les esprits pour faire résonner la chute du Reich dans l'histoire, comme a pu le faire l'Empire romain plus de quatorze siècles plus tôt. «S'il est écrit que nous devons sombrerle peuple allemand tout entier sombrera avec nous, mais d'une manière tellement glorieuse que dans mille ans encore, la chute héroïque des Allemands occupera la première place dans l'histoire mondiale», prévient Joseph Goebbels. Les six enfants de sa famille ont d'ailleurs ingéré le cyanure servi par leur propre mère.

Ces consignes sont largement appliquées aux différents échelons du pouvoir nazi: 19% des chefs régionaux du parti, 10% des généraux de la Wehrmacht, 14% des généraux de la Luftwaffe, 21% des amiraux de la Kriegsmarine et 15% des dirigeants SS se donnent la mort en l'espace de quelques semaines. La population grossit également la cohorte des suicidés: les hommes se font distribuer en pharmacie des capsules de cyanure, les femmes transportent des lames de rasoir dans leurs sacs à main… Rien qu'à Berlin, on recense 4.000 suicides.

Demmin, cité de 15.000 âmes à 200 kilomètres au nord de la capitale, a entendu les rumeurs incriminant les «bêtes bolchéviques». La bataille de Berlin tourne en faveur des Soviétiques. Le drapeau à la faucille et au marteau flotte désormais sur le Reichstag. La ville est évacuée depuis la fin du mois d'avril: dans la précipitation, les responsables du parti nazi sont partis les premiers, à bord de véhicules de pompiers réquisitionnés.

Le 30 avril, les soldats soviétiques de la 65e armée arrivent en vue de Demmin. Conscients que la population ne se rendra pas sans combattre, les «libérateurs» dynamitent les ponts, coupant toute perspective de retraite vers l'ouest. Puis, ils se livrent à trois jours de pillage, d'atrocités et de destructions. Des quartiers entiers sont incendiés, des vieillards abattus sans sommation, des centaines de femmes violées à répétition par les soldats ivres morts. 

Terrorisés, les habitants de Demmin embrassent le modèle du suicide honorable glorifié par Goebbels et s'ôtent la vie par centaines. Certains plongent, lestés de pierres, dans le Peene ou la Tollense –un témoin raconte même avoir vu une femme s'y jeter avec son bébé dans les bras. D'autres utilisent les moyens du bord: on voit des mères tailler les veines de leurs propres enfants, des pères abattre leur progéniture au fusil de chasse.

Une habitante, Gisela Zimmer, 14 ans au moment des faits, se souvient de l'atmosphère de terreur qui pesait, comme un voile opaque, sur la ville. « Ma mère aussi a été violée. Et puis, avec nous et avec des voisins, elle s'est précipitée vers la Tollense, résolument prête à y sauter. Mes frères et sœurs […] n'ont compris que bien plus tard que je l'avais retenue, que je l'avais tirée de ce qu'on pourrait appeler un état de transe, pour l'empêcher de se jeter à l'eau. Il y avait des gens. Il y avait des cris. Les gens étaient prêts à mourir. On disait aux enfants: “Voulez-vous continuer à vivre? La ville brûle. Ceux-ci et ceux-là sont déjà morts.” “Non, nous ne voulons plus vivre.” Et donc, les gens sont principalement allés dans les rivières. »

Si le nombre total de victimes est difficile à estimer, la plupart des historiens retiennent la fourchette de 700 à 1.200 morts –principalement des femmes, des enfants et des vieillards.

 sur les deux millions d'Allemandes violées par les soldats de l'Armée rouge, on estime que 100.000 se sont ôté la vie.

 

Journal de Palestine octobre-novembre 2023 en Cisjordanie / "Comme chaque année ou presque Joëlle et Dominique, un couple d’amis français de Rennes, se sont rendus en Palestine début octobre 2023 pour aider et soutenir leurs amis à la cueillette des olives. Le 7 octobre la guerre éclate. Ils décident de rester pour témoigner. Joëlle tient un journal quotidien. Ils rentrent en France le 12 novembre. Le texte joint (131 pages) est la compilation de ses écrits qu’elle nous demande de diffuser largement."

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Welcome to Paris : innocent monstre

3 Janvier 2024 , Rédigé par grossel Publié dans #FINS DE PARTIES, #SEL, #agoras, #essais, #films, #spectacles, #vraie vie, #écriture, #épitaphier, #éveil

25 février 2024 / Kevin Spacey a été blanchi, cela a été très peu dit, de TOUTES les accusations qui lui ont coûté sa carrière, tant aux USA qu'en GB.

25 février 2024 / Kevin Spacey a été blanchi, cela a été très peu dit, de TOUTES les accusations qui lui ont coûté sa carrière, tant aux USA qu'en GB.

l'article que je construis à partir de points de vue différents me permet de ne pas m'en tenir à des propos outranciers même si je peux les entendre, voire être solidaire, de ne pas me mettre dans des postures extrêmes, même si je peux les comprendre / j'ai indiqué pour tous les posts empruntés, nombre de likes, de commentaires, de partages / ça permet d'évaluer le poids des meutes sur réseaux sociaux : c'est dérisoire / la mousse , l'écume, le bruit est fabriqué par presse, radios, TV mainstream
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artiste à suivre sur ReverbNation et dont j'ai édité en novembre 2005, le recueil de Slam, Larmes 200 avec un CD / slam de Shein B dans le livre pluiriel Elle s'appelait Agnès
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artiste à suivre sur ReverbNation et dont j'ai édité en novembre 2005, le recueil de Slam, Larmes 200 avec un CD / slam de Shein B dans le livre pluiriel Elle s'appelait Agnès

TU SAIS CE QU’IL TE DIT #METOO ? by Sofia Sept, le 3 janvier 2024
Aux vieilles barbes qui bafouent l’intégrité de celles qui ont osé dénoncer, et de celles qui osent les soutenir, aux mascus qui crient à l’hystérisation dans les médias, aux vieux libidineux qui se cachent derrière “on ne peut plus rien dire”, aux beaufs qui racontent que je n’ai pas d’humour, aux petits malins qui balancent qu’”un peu de gauloiserie n’a jamais fait de mal à personne”, aux trolls qui me disent que je suis une frustrée imbaisable, aux violents qui rêvent de m’éclater la tronche ou de me sodomiser, aux rêveurs qui imaginent que Depardieu va se lever pour me foutre une fessée, aux complotistes qui pensent qu’on accuse sans preuves, aux pseudo-juristes qui brandissent la présomption d’innocence pour mieux nous faire taire, aux soutiens de #Depardieu qui se dégonflent sans penser aux victimes, à ceux qui s’acharnent sur un homme déjà à terre alors qu’il y a encore 72h ils lui léchaient les bottes, à ceux qui récupèrent les honneurs de celles qui ont tout perdu en balançant, aux girouettes qui changent leur fusil d’épaule lorsque le vent tourne, aux faux-alliés, aux crevards qui me prédisent que je vais crever d’une balle dans la tête, à ceux qui m’inventent un procès pour diffamation, aux hackers qui tentent de faire sauter mes comptes, aux nouveaux avocats qui se battent pour la totale impunité des hommes puissants, aux flics qui m’ont brûlé la gueule à coup de lacrymo quand j’ai manifesté devant le Casino Barrière à Toulouse, à ceux qui disaient que le mouvement#MeToo était fini
TU SAIS CE QU’IL TE DIT #METOO ? by Sofia Sept, le 3 janvier 2024
220 likes, 9 commentaires, 40 partages au 12 avril )
Depardieu attendu pour une représentation Barbara / Emmanuelle Debever, 1° à avoir porté plainte, suicidée (?) le 7 décembre, la veille du Complément d'enquête
Depardieu attendu pour une représentation Barbara / Emmanuelle Debever, 1° à avoir porté plainte, suicidée (?) le 7 décembre, la veille du Complément d'enquête
Depardieu attendu pour une représentation Barbara / Emmanuelle Debever, 1° à avoir porté plainte, suicidée (?) le 7 décembre, la veille du Complément d'enquête
Depardieu attendu pour une représentation Barbara / Emmanuelle Debever, 1° à avoir porté plainte, suicidée (?) le 7 décembre, la veille du Complément d'enquête

Depardieu attendu pour une représentation Barbara / Emmanuelle Debever, 1° à avoir porté plainte, suicidée (?) le 7 décembre, la veille du Complément d'enquête

COULISSES. 
Affaire Depardieu : faut-il poursuivre l’enquête ? 

 

Par Michaël Hajdenberg, coresponsable du pôle Enquête. 
enquete@mediapart.fr
Certaines enquêtes ont un retentissement immédiat. D’autres peuvent mettre des mois à toucher le grand public. En avril 2023, la journaliste Marine Turchi sort, après un long travail d’investigation, un article titré : « Gérard Depardieu, une complaisance française ». En dépit d’une vingtaine de récits de personnes se disant victimes ou témoins du comportement de l’acteur, la « complaisance » se mue en indulgence. 

L’enquête fait du bruit à l’étranger. En France, cela suscite des reprises dans la presse, France Inter enquête et fait émerger deux nouveaux témoignages, l’acteur est écarté de la promotion d’un film. Mais le monde du cinéma se montre compréhensif à son égard. Et la télévision ignore le sujet. 

Et puis, il y a dix jours, « Complément d’enquête » consacre un sujet à l’affaire. On y voit Gérard Depardieu, en Corée du Nord, tenir des propos obscènes sur une petite fille. Des millions de téléspectateurs et d’internautes regardent la scène, éberlués. Image COULISSES.Il est fréquent que plusieurs mois après nos révélations, France 2, par son magazine « Complément d’enquête», rencontre un écho que nous n’avions pas eu. Notre travail initial, par ricochet, voit son impact démultiplié. Il y a la satisfaction de voir une thématique qui nous est chère enfin mise à sa juste place dans l’agenda public. Même si cela peut nourrir le regret chez nos journalistes que nos seules enquêtes n’aient pas suffi. 

« C’est surtout pour les femmes qui ont témoigné que je trouve ça dur, nuance Marine Turchi. Il y a une prise de conscience réelle seulement aujourd’hui, pour des paroles, certes horribles, mais nous avions aussi rapporté des actes. Et cela dit bien le peu de crédit accordé à 13 femmes qui ne se connaissaient pas mais qui avaient toutes dénoncé, en détail, des mains dans la culotte, sur les fesses, la poitrine, ou des propos sexuels répétés. Des femmes souvent jeunes et précaires, dont la vie a été chamboulée et la carrière parfois brisée : plusieurs ont renoncé à leur métier après avoir subi ces agissements. »

Difficile d’expliquer avec certitude cette dissymétrie dans l’impact : l’aspect viral lié à une vidéo ? Le fait que Depardieu parle d’une enfant ? Le fait d’entendre ces horreurs de la bouche de l’acteur lui-même ? 

Toujours est-il que l’immense écho donné à ces propos a eu une conséquence concrète pour Mediapart : les alertes de personnes se disant victimes ou témoins n’ont cessé d’affluer au journal ou dans la boîte mail de Marine Turchi. « On n’a jamais eu un tel afflux sur une même affaire, commente-t-elle. C’est impensable tout ce qu’on reçoit. L’impression que c’est un puits sans fond. » 

Depuis quelques jours nous nous posons donc la question : que faire de toutes ces nouvelles pistes, sachant que nous ne publions pas de témoignages tels quels. Chaque cas nécessite une enquête pour comprendre le contexte, retrouver des témoins, interroger ceux qui sont restés silencieux, savoir à qui celle qui se dit victime avait confié les faits à l’époque, etc. 

Tout cela est extrêmement chronophage. Or la première enquête de Marine Turchi s’était déjà étalée sur deux ans, avec un quasi-plein-temps sur les quatre derniers mois. Mediapart peut-il de nouveau consacrer autant d’énergie à cette affaire ? 

La responsabilité est d’autant plus lourde que la probabilité est forte que personne d’autre ne le fasse. « Je pense que les gens nous écrivent à nous parce qu’ils savent qu’on fait du travail au long cours, quand la télévision fait souvent un “one shot” : elle traite le sujet et puis n’y revient plus, analyse Marine Turchi. Des journalistes de différents médias me renvoient des victimes en disant : “Nous, on n’a pas le temps”, “On n’est pas outillés pour” ou “On ne sait pas faire”. Mais nous aussi, on fait des articles d’actualité par ailleurs ! » 

Quant à la justice, c’est comme si personne ou presque n’y croyait. « Les gens ne savent même pas à qui écrire. Les victimes ne savent pas qu’elles peuvent témoigner sans porter plainte, ou écrire au procureur sans passer tout de suite par l’étape difficile du commissariat. En allant vers les médias, elles cherchent à alerter, mais aussi parfois à obtenir une justice rapide et empathique. C’est plus facile. Plus indolore. Il n’y a pas à payer un avocat. Et puis dans les médias, même si, par leurs questions, les journalistes ne les ménagent pas, il y a l’anonymat. Or dans le milieu du cinéma, les intermittent·es ont encore peur de parler de Depardieu. Même aujourd’hui. » 

Après nos articles, il arrive fréquemment que des policiers nous contactent pour connaître l’identité des femmes qui ont témoigné anonymement afin de les auditionner. Marine Turchi ne leur dit rien, bien évidemment, mais elle transfère les messages à ces victimes. 

Car Mediapart fait un travail différent de la justice, et ne travaille pas pour elle. « Mais, en l’occurrence, ce serait faux d’affirmer que je n’ai pas l’enquête judiciaire en tête, explique Marine Turchi. Il y a une plainte pour viols, qui a conduit à la mise en examen de Depardieu. C’est rare une mise en examen dans ce type de dossiers pour une personnalité : PPDA, Darmanin et Besson n’ont jamais été mis en examen. Ce dossier peut aller loin, et la presse a son rôle. Car je n’ai jamais vu les policiers, à part dans le volet français de l’affaire Epstein, faire eux-mêmes d’appels à témoignages. »

Est-ce pour autant le rôle d’un média de réfléchir en fonction du possible cheminement judiciaire d’une affaire ? « Non, mais il faut dire la vérité : quand on me confie un récit, je calcule l'ancienneté des faits pour savoir si les faits sont prescrits. Nous, on en fera état même s’ils sont prescrits évidemment ; mais s’ils ne le sont pas, ils pourront être importants pour la justice. »

La question pour Mediapart est éditoriale. Les nouveaux témoignages qui nous parviennent, s’ils étaient recoupés, ne viendraient que confirmer ce que nous avons déjà écrit. En quoi cela apprendra-t-il quelque chose de neuf à nos lecteurs et lectrices ? Sachant que c’est aussi autant de temps qui ne sera pas consacré à d’autres affaires. 

« Mais on se sent une responsabilité, explique Marine Turchi. Les gens nous supplient parfois de faire des articles. Il faut mesurer ça. Là, si on ne fait rien, ces témoignages iront probablement à la poubelle. Et on dit quoi à ces femmes ? Que leurs témoignages valent moins que les précédents ? Au nom de quoi ? Ou on leur dirait qu’on ne s’intéresse plus qu’aux faits les plus graves, les viols ? Alors que, justement, tout notre discours est de dire que même si toutes les violences ne se valent pas, toutes sont graves et méritent d’être racontées. »

Vastes questions. Auxquelles nous n’avons pas encore trouvé de réponse satisfaisante. 
 

Une émission
Complément d’enquête Gérard Depardieu La chute de l’ogre
Diffusée le 7 décembre à 23 H 02

Ça s’emballe sur la toile.

Quelques pages viennent à moi.
Dont la page de Sofia Sept, Femen.
Sur cette page, j’apprends le 10 décembre, que la première dénonciatrice de Monsieur Depardieu, le 5 juin 2019, Emmanuelle Debever, s’est jetée dans la Seine, le 6 décembre, la veille de la diffusion, suicide ? rendu public le 11 décembre.
https://www.public.fr/News/Gerard-Depardieu-sa-premiere-victime-est-decedee-la-piste-du-suicide-evoquee-1793131

Le 8 décembre, Sofia Sept avait posté :
CHARLOTTE,
Nous te croyons. Nous t’avons toujours cru.
Même dans le secret.
Sans rien connaître du dossier.
Nous reconnaissons ton courage. La justice se rend parfois dans un tribunal. Mais, elle s’arrache aussi dans les média et les récits dominants. Nous aurons le dernier mot, c’est promis…
Hier tu étais seule. Aujourd’hui vous êtes 14 à témoigner contre lui.
Demain vous serez une légion de femmes sans peur, dignes, qui lui feront claquer des dents.
Non #GérardDepardieu, nous ne sommes ni « affolées, ni « pas méchantes » ni tout à « l'air du temps ».
#MeToo n’est pas fini. Un premier tremblement cathartique et libérateur, s’est produit il y a 5 ans. Mais l’onde de choc est bien réelle et s’amplifie. Notre avantage, c’est que tu n’en as pas encore pris conscience dans ton petit cercle bien protégé et privilégié.
Nous sommes organisées, tenaces, aguerries, et déterminées à piétiner, à effacer les monstres de l’histoire, et à détrôner les rois et leur fameux droit de cuissage.
La déferlante arrive. Regarde bien autour de toi. L’impunité est révolue.

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Et le 7 décembre :
#DEPARDIEU T’ES FOUTU !
Mieux t’es fini.
Je l’ai cru tout de suite, Charlotte, quand dans un souffle, elle m’a balancé ce que tu lui avais fait subir.
J’ai refusé de fermer les yeux pour ne pas vomir en imaginant tes mains répugnantes la salir à tout jamais.
J’ai vu sur un tournage :
les gens qui piaffaient sur ton passage. Le tapis rouge qu’on te déroulait.
Tes yeux s’arrêtant sur mon corps comme devant un étalage de boucherie.
Tes grognements répugnants.
C’est fini, Gérard, et tu le sais.
D’ailleurs, tu te dépêches de solder tes œuvres d’art, de refourguer rapidos ton patrimoine pendant qu’il est encore temps pour éviter que ça finisse à la benne.
Réjouis-toi, tu vas finir tes jours avec les tiens. À boire le thé avec #Matzneff et #Polanski, dans une cellule VIP ( very important pedocriminel ).
Ou comme un lâche en Russie à lécher le cul de #Poutine.
Je chie sur tous-tes celles et ceux qui t’ont protégé. Qui se sont tu-e-s alors que la voix de Charlotte Arnould s’élevait ds cette mêlée obscène, celles et ceux qui ne l’ont pas cru alors que tout le monde savait.
Ces invisibles qui ont tissé autour de toi une armure d’impunité et   de vénération.
Tu es un monstre, un pervers, un gros dégueulasse.
À partir de ce soir, tout le monde va te « outer ». Tu vas désormais raser les murs.
Place aux héroïnes,
et pour toi Gérard, même si la justice t’absout (ce qui ne m’étonnerais pas) tu vas vieillir à l’ombre de notre mépris et de notre dégoût.

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et ce post du 1° décembre

JE NE CONSENS PAS…
 
C’est pas un scoop !
Une pétition circule.
La France s’oppose à l’inscription de la notion de consentement dans la définition commune du vi0l dans l’Union Européenne.
Tout vient d’une directive du Parlement Européen prévoit d’harmoniser les infractions en matière de violences faites aux femmes et aux enfants.
Et le point qui suscite la controverse :
Le consentement!
le Parlement Européen souhaiterait inscrire et caractériser le vi0l comme un acte sexuel non consenti.
Alors que plus de 100.000 vi0ls sont enregistrés dans l’Union Européenne chaque année, la France dont la grande cause quinquennale est la lutte contre les VFF, refuse au Conseil Européen une avancée majeure pour protéger les femmes européennes ?
On sait que dans la loi française, le vi0l est défini comme un acte sexuel commis sous la menace, la contrainte, la surprise ou la violence et que que le consentement n’y figure pas.
Préjuger et nier la notion consentement ds un vi0l pour 35 millions de femmes en France, en sachant que toutes les 6 minutes l’une de nous est violée, sans leur demander c’est pas très friendly !
Avec 99,4 % en France de vi0ls non sanctionnés, on en a ras-le-viol et du fameux adage : “qui ne dit mot consens…”
 
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Je regarde le documentaire, le 9 décembre

 

Welcome to Paris en décembre 2023 / quand des pétroleuses de 70 ans racontent leur 68 à Clermont-Ferrand : elles sont aussi grivoises, gauloises que le Gégé
Welcome to Paris en décembre 2023 / quand des pétroleuses de 70 ans racontent leur 68 à Clermont-Ferrand : elles sont aussi grivoises, gauloises que le Gégé

Welcome to Paris en décembre 2023 / quand des pétroleuses de 70 ans racontent leur 68 à Clermont-Ferrand : elles sont aussi grivoises, gauloises que le Gégé

censure : France télévisions et la RTSuisse déprogramment les films où Depardieu a le rôle principal / "Je suis effaré par ce climat de censure", abonde l'avocat Charles Consigny. "De quel droit France TV, financé par des fonds publics et les impôts des Français, décrète sans décision de justice, sans aucune consultation, sans que Depardieu n'ait pu faire quoi que ce soit, la censure pure et simple des films où il apparaît ? ".

ma réponse : boycott personnel de France TV; je ne regarde qu'Arte

les temps changent / non c'est non dit le petit chaperon rouge au grand méchant loup qui veut la croquer et le grand méchant loup n'est pas rassuré / dans tous ses déplacements, ses nuits d'hôtel, il filme pour prouver qu'il n'a harcelé personne du sexe fort

les temps changent / non c'est non dit le petit chaperon rouge au grand méchant loup qui veut la croquer et le grand méchant loup n'est pas rassuré / dans tous ses déplacements, ses nuits d'hôtel, il filme pour prouver qu'il n'a harcelé personne du sexe fort

Michelle Perrot NOUS VIVONS UN TEMPS FORT DU FÉMINISME  “Dans les années 1980 et après, le féminisme était plus officiel. Il avait l’avantage d’être reconnu mais il était moins conquérant, moins lumineux. Il me semble que, maintenant, nous sommes à nouveau face à une ouverture formidable. C’est un petit peu comme l’ombre qui se dissipe, une lumière qui arrive… C’est une source d’optimisme, de joie, d’engagement.” Michelle Perrot - Mediapart  25/12/2023

Michelle Perrot NOUS VIVONS UN TEMPS FORT DU FÉMINISME “Dans les années 1980 et après, le féminisme était plus officiel. Il avait l’avantage d’être reconnu mais il était moins conquérant, moins lumineux. Il me semble que, maintenant, nous sommes à nouveau face à une ouverture formidable. C’est un petit peu comme l’ombre qui se dissipe, une lumière qui arrive… C’est une source d’optimisme, de joie, d’engagement.” Michelle Perrot - Mediapart 25/12/2023

lettres volées paru en 1988 / ça s'est fait comme ça
lettres volées paru en 1988 / ça s'est fait comme ça

lettres volées paru en 1988 / ça s'est fait comme ça

un jour, je me suis intéressé à l'épistolier Gérard Depardieu

" Ma chère Catherine,
Nous venons de vivre douze semaines ensemble. C’était la première fois que nous tournions en extérieur, la nuit. Je t’ai vue belle et fatiguée, belle et tendue, je t’ai découverte belle de nuit.
Il y a des beautés figées, égoïstes, des beautés qui cherchent à vous en imposer, à vous réduire à un rôle de Sganarelle ou de Quasimodo. La vraie beauté est enrichissante. Près d’elle, près de toi, je me sentais incapable de mauvaises pensées, d’être violent. Cette beauté-là apaise, rassure, vous rend meilleur. C’est une vraie discipline d’être belle, il faut beaucoup de rigueur, de vigilance. C’est un équilibre précaire. Un homme peut débarquer à une émission sans être rasé, les yeux cernés, un petit coup de maquillage et de rasoir et le tour est joué. Si une femme n’est pas bien dans sa peau, c’est tout de suite catastrophique, on ne peut pas tricher. Il faut être très généreuse pour rester fidèle à sa beauté, il faut beaucoup de tenue. C’est penser à chaque instant aux autres. Il n’y a que la jeunesse qui peut être insolente dans la beauté, qui n’en a rien à foutre.
Notre couple de cinéma est plus intense, plus solide que beaucoup de couples dans la vie. Il y a un vrai désir à jouer ensemble, une complicité professionnelle qui peut en rendre plus d’un jaloux. On s’amuse tous les deux, on s’amuse à s’embrasser devant les caméras alors que la plupart des acteurs vous diront qu’il n’y a rien de plus casse-gueule, de plus angoissant qu’un baiser au cinéma. Nous, on se regarde, on se dit des yeux : « On va encore y avoir droit ! »
J’ai lu dans un sondage que tu étais la maîtresse rêvée des Français. Je sais qu’il y a des légendes qui courent autour de nous, que l’on fantasme sur notre couple depuis Le Dernier métro. Il y a un interdit entre nous. Tu es une idole bourgeoise et racée ; je suis un fils de paysan aux mains fortes, avec toute sa santé. Dans le film de François, tu te donnes brutalement à moi, sans pudeur, par terre, comme seules sont capables d’oser les femmes bien éduquées. Toi et moi, c’est presque une conquête sociale, la chance pour un gars de la terre un peu rustre d’être aimé par la plus belle femme du faubourg Saint-Germain. C’est la prise de la Bastille de l’amour !
Tu traînes avec toi deux énormes valises chargées de fantasmes, alors que tu vis des choses simples, très poétiques. Tu as su protéger ta vie privée, tes enfants. Certains pensent que tu es froide. Tu es simplement directe, franche, sans ambiguïté. On te croit sereine, organisée. Je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi désordonnée, fantaisiste avec l’argent, ses affaires.
Mais il y a plus intéressant que l’actrice, sa beauté institutionnelle. Gainsbourg disait que tu marchais comme un soldat. Mastroianni que tu étais un Prussien. Je ne t’ai jamais vue te plaindre sur un tournage. Tu peux rester debout des heures sans un mot, sous un soleil de feu ou dans un froid de canard. Tu peux faire la fête, boire comme un hussard et être prête au combat le lendemain.
Un jour, dans une interview, j’ai déclaré que « tu étais l’homme que je voudrais être ». J’ai envoyé cette phrase insensée pour dire que j’enviais chez toi ces qualités qu’on prête d’ordinaire aux hommes, et qu’on trouve si rarement chez eux. Tu es plus responsable, plus forte, plus carapacée que les acteurs. Tu es moins vulnérable. Sans doute, ce paradoxe est-il la vraie féminité. La féminité, c’est l’hospitalité, l’ouverture, c’est aussi savoir résister, ne pas se laisser atteindre par ces regards malsains, insistants, allusifs. On n’est pas dans un monde où l’on accepte la féminité.
La nuit, dans la tension du tournage de Drôle d’endroit pour une rencontre, on mangeait ensemble sur le pouce. J’avais besoin de décharger mes angoisses en racontant des choses énormes de vulgarité. Tu riais pourtant, tu m’encourageais à me laisser aller. Ton humour, ton indulgence me libéraient. Il y a souvent des histoires plus fortes entre les hommes et les femmes quand la sexualité n’est pas là.
« Elle était belle, si la nuit
Qui dort dans la sombre chapelle
Où Michel-Ange a fait son lit
Immobile peut être belle. »
Peux-tu m’écrire, Catherine, pour me confirmer qu’il s’agit bien d’un poème d’Alfred de Musset.
Je t’embrasse. "
- Gérard Depardieu -

Je regarde le documentaire, le 9 décembre

J’entends dans un contexte nord-coréen d’images « volées » des propos graveleux adressés à celui qui filme dont pas mal en off (et réinterprétés me semble-t-il en sexualisation d'une petite fille),

j’entends de la bouche de victimes et plaignantes, des accusations d’agressions sexuelles …

un montage à charge ayant clairement l'objectif de démolir sous les apparences d'un équilibre, les pour, les contre

puis je regarde Ondine, de Christian Petzold.
Il y est question d’une ondine tueuse.

Et regardant Orphée raconté par François Busnel, j'assiste au dépecage du poète et musicien par les Ménades en transe orgiaque.

M’arrivent les analyses et contributions de certains amis :

 

Le 9 décembre, Thierry Zalic dans Journal intime, groupe privé :

« À force de vouloir tout lisser on disparaît complètement » propose Elena Venel en accompagnant l’image proposée ci-dessous à gauche.
Je vais rebondir sur l’hypocrisie sociale qui entoure aujourd’hui Depardieu. Que l’on ne se méprenne pas, s’il y a crime avéré, il est bon qu’il en soit puni. Mais mon propos est un peu à côté.
Pourquoi a-t-on aimé Depardieu ? Pour sa truculence, par sa faculté à dire tout haut ce que chacun cache, à oser sans limite, sans frein, avec une rage vivante. Il est d’une humanité crasse, mais dans cette expression, il y a humain. Il est au contact. Il suscite la sympathie.
Il est ce que chaque homme, où la plupart rêvent d’être, sauf que la politesse et les conventions nous limitent, notre manque de force, d’envergure, d’autorité, sans doute fort heureusement car le monde serait difficilement vivable.
Si chacun osait tout, ce serait un enfer. Ainsi ce rôle, décerné par le roi et aujourd’hui par le peuple, est bouffon, le bouffon du roi. Celui-ci ose ce que les autres taisent, et, très souvent voire toujours, ça finit mal.
Il a eu les honneurs, la richesse, très souvent hors de sa condition initiale car celui-ci est toujours un manant, et il est renvoyé dans le caniveau, ou la fosse commune. Il a été un instant un étron parlant renvoyé aux latrines.
L’homme est foncièrement un prédateur qui rêve d’avoir toutes les femmes du monde. Il est facilement excité. Il est un lion.
Bien sûr, quand on voit la plupart des hommes, il est difficile de l’imaginer. Mais dans sa part fantasmée, il l’est. Pas une fesse qui passe sans qu’il ne la reluque.
Depardieu était, et est, celui qui ose à la place de l’homme commun. Il y a toujours une fascination pour le transgressif. Chacun est muselé par une politesse qui souvent l’étrangle, sauf certains que cela rassure.
Aujourd’hui on le dénonce parce qu’il aurait été trop loin, dans une époque différente, celle-ci étant autrement castratrice. Bien, mal… sortons de cela, chaque époque implique ses lois, son champ. Il ne s’est pas adapté. Pourquoi ? Parce qu’il se veut l’inadaptable.
Beaucoup de femmes rêvent du méchant loup, du bad boy, mais pas trop. Il faut que ce soit un jeu, s’approcher du précipice sans tomber dans le cauchemar. Le jeu est avec la frontière. Le plaisir sexuel contient une peur, ce en quoi il est différent d’aimer sexuellement ou d’aimer les fraises.
Que l’on ne se méprenne nullement. Il est bon que les femmes se protègent, qu’un monde soit moins laxiste car sans l’environnement permissif cela ne se produirait pas.
Mais le déferlement médiatique hypocrite est pitoyable, ces mêmes canaux proposant moult émissions sur les violeurs et la pornographie non pour les dénoncer, apparence, mais parce que cela attire les téléspectateurs car ce violeur est en chacun même si l’acte est innommable et que, fort heureusement, très peu l’accomplissent.
La lutte est contre l’antagoniste qui est en soi, pour reprendre des mots de l’excellent École des dieux de Stefano Elio d’Anna.
« La vérité d’hier que l’on ne surpasse pas dégénère et devient le mensonge d’aujourd’hui. »
« Ton seul ennemi est en toi. Dehors, il n’y a pas d’ennemi à absoudre, aucun mal qui puisse t’atteindre. L’antagoniste est ton plus précieux allié, l’instrument de ton amélioration, de ton perfectionnement, de ton intégration, la seule clé qui puisse t’ouvrir des plans supérieurs de l’être. »
Si l’homme est ça, il n’est pas que ça et bien plus que ça, ce qui vaut pour tout le monde et évidemment Depardieu : tous ceux qui le connaissent en témoignent même si le bouffon peut grignoter l’homme ainsi Gainsbarre avec Gainsbourg.
Pour ceux qui veulent, et sortir de la notion de victime, d’autres mots d’Elio d’Anna :
« Tu ne peux améliorer ou contrôler la qualité de tes pensées que si tu parviens à améliorer la qualité de ton être.
Tu dois pour cela étudier et travailler dans une école particulière et appliquer à ta vie, son enseignement et ses principes.
L’homme ne peut agir s’il ne comprend pas que tous les phénomènes extérieurs à lui, ne sont que les conséquences dramatiques de ses attitudes et de ses états d’âme.
Tant que l’homme se laisse gouverner par les circonstances extérieures, il ne pourra jamais trouver la source de la violence humaine. Tout ce qui vient de l'extérieur n'existe pas en soi, en ce sens que tout respire par ton souffle, tout n’est vivant que dans la mesure où tu l’es. »
 
Complément / Réponse à : Qui a « fait » Depardieu ?
Le spectateur qui hier a glorifié son idole et aujourd’hui la détruit
Je veux bien reconnaître avoir aimé qque premiers films du personnage .. mais rapidement sa grossièreté fut affichee au travers de ses discours, ses actes sa gestuelle, les rendus émotionnels de son visage ..
Et aujourd’hui, seulement, on s’en aperçoit !
Poooooovre peuple où est ton libre arbitre ?
Il y à longtemps que je ne participe pas à cette admiration des foules vis à vis de ce grossier personnage.. et qui.. oui qui était constamment obligé de se justifier ? Je vs le demande !
Toujours compliqué de « ramer à contre courant « d’une opinion !
Si chacune et chacun avait une certaine conscience de Soi, de ses valeurs intérieures intangibles , il n’y aurait pas d’affaire D.
Car cela fait longtemps qu’il serait retourné à l’oubli vers ce qu’il est : un moins que rien !
Un bon à rien !
Je me sens et suis Femme debout et c’est ainsi que je vois ce, ces grossiers personnages qui ont marqué l’actualité !
Oui des prédateurs il y en a toujours eu !
Aussi …
Éduquons nos filles , pour que cette spécificité d’animaux en rut soient marginalisés .. et que le choix, le consentement règne entre humains : cela ne se nomme il pas … Amour ?
 
Thierry Zalic :
 
« Que les femmes soient debout est exactement ce à quoi j'aspire et mon travail en thérapie, même s'il est bon de ne pas avoir de but. Cependant deux choses à prendre en compte : le langage de D. ne serait pas sans le contexte social qui le permet. Prenons une script, maquilleuse, l'interprète nord-coréenne... celles-ci pourraient refuser ce discours, dire je suis là pour maquiller, traduire, guider... et rien d’autre. Or, il est probable qu'au lieu d'être soutenues dans cette position, elles soient renvoyées de leur job et blacklistées comme des emmerdeuses.
C'est donc le système qui entrave leur parole, donc leur corps. Leurs corps, et leur parole est entravé, nié. C'est évidemment une souffrance terrible.
Que pourrait faire une femme forte, dans l'idéal ? Au lieu d'être blessée, elle pourrait en rire, dire "ta main tu te la mets sur ton panier etc..."
Celle-ci répondrait d'égale à égal, et aurait sa considération.
Le langage de D. est le langage de tout homme. Ne pas croire qu'il y en a des meilleurs, et quand même si. Ceux-là jouent avec cette vulgarité première, ils ne la refoulent pas ce. qui serait pire car elle éclaterait autrement. Ils la transforment, la subliment, exactement comme un parfum sent bon ou mauvais, et tout condensé de parfum pue, tous les parfumeurs le savent.
D. joue sans avoir de répondant, d'où son désir de se coltiner aux dictateurs.
Est-ce triste ou non ? Ce qui est intéressant c'est de voir qu'il est la résultante et le jouet d'un système qui le permet, en jouit et le dénonce.
Depardieu est en chaque homme d'où mes phrases sur l'antagoniste de d'Anna.
Il est en chaque homme mais chaque homme ne se manifeste pas ainsi. Je pourrais faire une analyse encore plus complète mais m'en abstiens car elle serait encore mal comprise. »

 

Depardieu attendu pour une soirée Barbara / Charlotte Arnould / #metoo / #metooweinstein / #balance ton porc / #metootheatre / #metooinceste / welcome to Pariis décembre 2023
Depardieu attendu pour une soirée Barbara / Charlotte Arnould / #metoo / #metooweinstein / #balance ton porc / #metootheatre / #metooinceste / welcome to Pariis décembre 2023
Depardieu attendu pour une soirée Barbara / Charlotte Arnould / #metoo / #metooweinstein / #balance ton porc / #metootheatre / #metooinceste / welcome to Pariis décembre 2023
Depardieu attendu pour une soirée Barbara / Charlotte Arnould / #metoo / #metooweinstein / #balance ton porc / #metootheatre / #metooinceste / welcome to Pariis décembre 2023

Depardieu attendu pour une soirée Barbara / Charlotte Arnould / #metoo / #metooweinstein / #balance ton porc / #metootheatre / #metooinceste / welcome to Pariis décembre 2023

Réponse à un commentaire : « Et son cas il me semble, relève de la psychiatrie. »
 
Réponse de Thierry Zalic
 
« Un point intéressant, dans le commentaire, est le mot psychiatrie. En dehors de ses agissements précédents, il est possible qu'il y ait désormais une compulsion irraisonnée, par exemple à dire "chatte" dès qu'il voit une femme, semblable à des troubles comme Gilles de la Tourette. Ceci, comme l’a signifié son ancien agent, pouvant être associé à une impuissance, ou début d'impuissance, compensée par les provocations verbales.
L'histrion agit en lui de façon mécanique, comme le rire pour Bergson.
 
Complément :
 
« Je vais aller plus loin dans l’analyse et j’entends très bien que de cette analyse-là, les féministes pures et dures s’en battent les ovaires.
 
J’ai dû bloquer un torrent de haine qui n’apportait rien au débat.
 
Depardieu a longtemps représenté la revanche de l’homme castré, ou « déconstruit » selon Sandrine Rousseau. Il est celui qui fait et ose ce qui ne se fait pas.
 
Mais ce qui ne se fait pas est présent dans l’homme, qu’il déplace en tant que fantasme, qu’il transpose, sublime, ou louvoie avec dans des complicités amoureuses consenties.
 
Car cet homme n’est pas une bête même s’il y a cette bête en lui, ce chasseur, et en face ce gibier. Mais, si on lit bien la philosophie toltèque, chacun est chasseur et gibier. Les approches sont différentes voire opposés : les posséder toutes pour l’homme, et amener et fixer un homme dans son nid pour la femme.
 
J’entends toutes les critiques qu’amèneraient ces mots car les gens ressentent et n’objectivent pas. Cependant, Cyrulnik tient exactement ce discours, comme avant Bachelard etc…
 
Ainsi il y a une projection du prédateur, c’est l’autre et pas moi, tout en jouissant de le dénoncer pour se disculper. De héros à exutoire, la frontière est mince et volatile.
 
Évidemment que tous ne sont pas comme ça, ils n’en ont pas besoin, ils sont représentés, il les venge. Depardieu n’est pas devenu un héros pour rien, en plus de son talent.
 
El les journaux féminins pleurent d’un autre côté que l’on ne trouve plus de vrais hommes. Les hommes se sont sentis castrés par le féminisme. Toujours évidemment, à tort.
 
Que serait un » vrai homme », ou un homme accompli ? Celui qui n’a pas besoin de prouver sa virilité.

 

Le féminisme est une avancée spectaculaire mais le rigidifier devient contreproductif, ce qui est l’avis par exemple de Catherine Deneuve.
 
Je continue sur les viols supposés dans son adolescence. (Sur les supposés actuels, je n’ai pas d’avis)
 
J’ai entendu les témoignages et de Depardieu et des compagnons d’alors.
 
Là encore, et les féministes me rentreraient encore dans les plumes, le mot viol n’est pas approprié, ou mal…
 
Dans sommes à Châteauroux il y a presque 50 ans, dans un univers de petits délinquants, de petits malfrats, qui usent de leur force et de leur charme au sein d’un groupe. Les filles incriminées ne sont pas prises dans la rue mais sont celles qui gravitent autour de ces groupes, qui veulent et ne veulent pas y entrer, comme dans une famille, parce qu’elles sont paumées elles-mêmes, ce qui a très bien été décrit dans les Valseuses alors encensées.
 
Toujours, je n’excuse rien, n’approuve pas, je décrypte.
 
Il est possible que certaines aient été prises par les garçons, comme dans un rite d’initiation tordu.
 
C’est un univers. Qu’il soit dénonçable, certes, mais il est intéressant d’en comprendre les mécanismes et voir que le mot « viol » n’a pas le même sens selon les perspectives différentes et s’avère inapproprié.
 
Pourquoi Depardieu l’a revendiqué après ? Pour se construire une image de marque, une image de malfrat, celui dont le charme fait peur. Il s’amuse à faire peur à la journaliste bcbg new-yorkaise venue l’interviewer sans même penser que ça se retournerait contre lui. Il perd, entre autres, un oscar.
 
Entre ce qu’il est, et ce qu’il parait, il y a une béance qu’il a du mal à combler. Il est l’inéduqué arrivé au pinacle du monde avec des amis comme Carmet qui aimait autant péter en public. Et tous ses proches, Ardant, Deneuve, Bouquet… le décrivent sous un tout autre aspect.
 
Il est l’éternel gamin joueur dans un monde qui a changé ses règles, ce dont on peut se féliciter.

37 commentaires

Le 10 décembre, Sylvia Bagli :

Depardieu c'est compliqué… Depardieu c'est compliqué parce que nous sommes à un temps de règlement de comptes, à un tournant face à des comportements qui étaient jugés comme marrants et acceptables. On ne l'accuse pas simplement de ses errements mais de ceux d'une génération.
Depardieu c'est l'acteur des valseuses ...
Depardieu c'est compliqué parce qu'il a souvent péroré en se créant un personnage odieux sexiste et misanthrope, un personnage d'excès débordant de partout et dégoulinant de son propre corps. Il est donc facile de trouver des épisodes insupportables.
Depardieu c'est l'acteur de Tenue de soirée
Depardieu c'est compliqué parce que ce qui fait qu'on le conspue c'est aussi ce qui fait qu'on l'adore. Sa transcendance son art des mots qu'il repose dans la vulgarité la plus crasse.
Depardieu c'est l'acteur de buffet froid Et c'est l'acteur de Cyrano.
Depardieu c'est compliqué parce que tout le monde sait comment il se comporte quand il a l'esprit amer, peut-être encore plus par dégoût de lui même ?
Depardieu c'est compliqué parce qu'être un gros C ne constitue pas un crime aux yeux de la loi et que c'est sur un acte précis qu'on le jugera.
Et ça soulève des questions ...
Elle dit qu'il la violée, lui dit qu'elle était consentante jusqu'à ce qu'il lui dise qu'il ne chanterait pas avec elle Barbara...
Comment se peut-il, avec tout ce qu'on savait sur lui qui ne s'en est jamais caché, que des femmes se rendent chez lui seules et plusieurs fois pour ensuite se plaindre de viol ?
Il y a des viols odieux. Mais il y a ancrée aussi chez les femmes l'idée qu'on peut se négocier une carrière sur l'oreiller ou en tous cas négocier du boulot en échange de mauvais procédés. Et quand elles n'obtiennent pas ce qu'elles veulent elles appuyent sur un bouton rétroactif du consentement... Une mauvaise décision que l'on regrette n'est pas constitutif d'un viol parce que la faute n'est pas forcément extérieure comme ces nouveaux temps tendent à faire croire, que l'erreur vient peut-être de nous. Si un homme profite d'une situation qu'on a nous même crée, ce n'est certes pas glorieux mais ce n'est pas enfreindre la loi.
Si d'un côté j'ai vu tellement d'actes odieux de la part d'hommes de pouvoir (des hommes se branler pendant votre audition, des hommes qui vous proposaient monts et merveilles vous lâcher quand vous ne vouliez pas aller plus loin...) J'ai aussi vu des femmes se jeter en pâture puis se victimiser, j'ai vu des femmes rêver qu'elles étaient les compagnes d'hommes sur lesquels elles s'étaient littéralement jetées un soir de dernière et ne pas supporter dès le lendemain d'être rejetée ...
Le monde est-il vraiment coupé en deux, d'un côté les méchants hommes de plus de 50 ans et les femmes toutes fragiles pauvres petites agnelettes, ou c'est plus compliqué ?

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Le soir, je regarde Angel Heart, aux portes de l’enfer, d’Alan Parker
Avec le coeur bien accroché pour suivre cette série de plus en plus horrible de meurtres découverts par un détective privé, découvrant qu'il en est l'auteur

.
Comme faut l’avoir bien accroché pour suivre les meurtres des militaires de Tsahal et des colons israéliens tuant des Palestiniens comme les colons américains se comportaient avec les Apaches (déclaration de l’ancien ministre des affaires étrangères Hubert Védrine, le 8 décembre sur France-Info)

 

Le 11 décembre, Yves Ferry :

J'avais écrit ce texte, il y a... quelques temps. Aujourd'hui, avec tout ce qui se dit, se dénonce, défèque sur Depardieu, je n'en retire pas une ligne. Les mots ne sont pas des actes, et cette liberté de parole qui exista dans notre pays, ce jeu libre de l'esprit qui donne à la même pensée un sens et son contraire, la fantaisie tous azimuts qui rend la vie légère, il n'en reste presque plus rien. Depardieu dit des mots, obscènes ou subtils, ou les deux à la fois puisque les mots ne sont jamais simples, univoques, et qu'on les réduit toujours quand on ne sait pas entendre leur musique, mais l'époque est de moins en moins musicienne, l'esprit et la lettre se sont séparés (ici je n'utilise pas l'écriture inclusive), et la lettre a pris le dessus depuis que s'est mêlé de tout une morale puritaine qui donne à tous ceux qui ont des raisons souvent légitimes de s'en servir, le droit et le sale plaisir de s'en servir. La loupe de l'inquisition s'est posée sur un personnage trop énorme pour échapper à la curée acharnée de ces petits saints d'aujourd'hui qui jugent, jugent, jugent, jouissent vulgairement d'être du bon côté de leur morale. Et ce n'est pas parce qu'ils ont souvent des raisons de s'exciter que leur haine doit devenir le droit. Le soupçon doit-il devenir la preuve ? La justice malmenée est encore là pour établir la réalité des faits. Elle seule doit statuer sur le sort d'un être, même si l'on sait qu'elle peut, elle aussi, se tromper. Peut-être qu'un Gérard Depardieu n'est plus un type humain que notre monde peut accepter. Il en sera peut-être de l'humanité elle-même comme d'un pays devenu propre, javellisé, sans saveur, éteint. Adieu délires, extravagances, facéties, truculences, déconnades sexuées, grossièretés, rires énormes, adieu l'intelligence du vivant, et place aux cadres, aux prisons, aux resserrements de la parole, aux costumes bien cintrés... On finira par censurer Frédéric Dard, on expurgera Rabelais, toute la poésie érotique dont la bibliographie est immense, les cons et les connets verdelets seront aux enfers dont plus personne n'aura les clés. L'a-moralité n'est pas l'immoralité, et le monde de la bonté, de la vérité, de l'altruisme et de la générosité n'appartient pas aux êtres étriqués et si sûrs de leur si bonne conscience, bourgeoise, religieuse, écologique, plate comme la terre qui est pourtant ronde et qui tourne dans un univers où nous sommes, merveilleusement, si peu de chose... : "Gérard Depardieu n'est pas "hors norme", comme on écrit partout, comme veulent l'afficher ceux qui sont incapables de vivre à cette mesure d'homme simple et profond, fait de sa propre solitude, poussé dans un monde à la fois hostile et accueillant. Incapables aussi de penser que tout ce que cet homme contient de richesse, c'est ce qu'ils ont négligé en eux-mêmes, préférant le regard court à cette amplitude du voir loin et partout qui rend si vaste cet homme si vivant. Gérard Depardieu est un acteur, mais il ne ment pas quand il prétend le contraire, parce qu'il est seul, presque seul, pas tout seul non, à penser qu'un acteur n'a de dignité et de légitimité que s'il s'incline devant le poète qui respire en lui. En lui, poète écrivant de la vie, de la voix, de la tempête et de la bonté, de l'interrogation à chaque pas accompli dans le voyage. Rien et tout, univers en expansion, enfant et grand comme un cosmos entier, poussière et viande, et calme comme pierre, et pierres comme celles des torrents, porteur de lui-même, des autres, de nous, de tous, vivants et morts. Gérard Depardieu est poète avant tout, pas un faiseur de pages, (encore qu'il sache très bien écrire), mais un savant de la langue, il invente sa phrase avec sa pensée qu'on lit à mesure qu'il parle, tout en lui est parchemin, papyrus, cailloux sur quoi le temps écrit. Je ne connais pas cet homme. Je ne connais que ses images, ses films, ce qu'on raconte. Rien n'est vrai que ce qui sans cesse lui échappe, cette lumière enfantine de ses yeux, cet appel de je ne sais quoi qui le remue, l'inquiète et l'éblouit. Je plains les imbéciles qui devant une parole complexe n'entendent que la provocation première, oublient les paradoxes, s'en tiennent à ce qu'ils veulent entendre avant de prendre ce qui est prononcé là, simplement, justement, et se dit librement, librement, librement. Je ne connais pas cet homme, non, et le connais pourtant, comme un frère de légende, un arbre de mémoire, un qui s'est fait tout seul... construit tout seul, "Tête d'or" éblouissant, dont la force parfois pourrait bousculer et faire mal, mais il paraît que c'est la vie... La vie... La vie empêchée par les donneurs de leçons, et de coups.
Depardieu est un homme du peuple, de la terre de France, c'est un Villon, un Rimbaud, un Hugo, il étonne d'être raffiné comme Ronsard et rabelaisien comme pas un. Ce qu'il possède, propriétairement parlant, c'est clair qu'il s'en fout, qu'il peut tout perdre, et c'est parce qu'il sait perdre qu'il a en lui ce qui ne pèse pas, reste léger comme l'oiseau, insaisissable passant terrestre qui transforme tout ce qu'il approche, par sa seule présence, et sa respiration, son immense bonté dévastatrice, antibourgeoise, et son innocence, oui, comme il le dit si bien. Il est des êtres qui font du bien, savoir qu'ils existent fait du bien, et Depardieu est pour moi cet inconnu fabuleusement bénéfique. Acteur, accessoirement, et des plus grands. Son jeu démolit le jeu, le réinvente, met à bas les règles et les conventions. Il a cependant la force des classiques, de l’inattaquable, de l'exemple à suivre, et à ne pas suivre... Admirer ne peut diminuer celui qui admire, n'est-ce pas? Et comment vivre sans ces admirations qui aident à supporter le pire, quelquefois, sans un poète, une musique, un livre, un regard amical, celui d'un sage, celui d'un fou, simple, multiple, tout à la fois ? »

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Le 11 décembre au soir, je regarde Bigger than us, le film initié et réalisé par Flore Vasseur.

 

Le 11 décembre au soir, je regarde Bigger than us, le film initié et réalisé par Flore Vasseur.

Je me suis convaincu dans la journée d’écrire un article sur cette affaire.
Pendant le film, irrépressible envie de douceur. Tant d’horreurs dans l’enfer du monde. Des degrés dans les horreurs de l’enfer du monde. La tentation du petit paradis personnel. Ce sont des abricots secs qui font l’affaire. Résultat, la nuit passée à me vider. Comme un lavement côlonique (pratiqué 3 fois il y a plusieurs années).
Matinée complètement décalée.

Une petite certitude : je vais tenter d’éviter ce qui me paraît 3 facilités.

- facilité 1 (mais pas fausse, loin de là) : je ne connais pas cet homme, donc je m’abstiens, je n’ajoute pas du bruit au bruit. Mais tout homme porte en lui, l’humaine condition. Si je ne puis parler de l’ogre, connaître son être, son mystère par conséquent (d’où nécessité du silence), je me coltine bien à mon être, je tente bien de me connaître moi-même et je tente bien de devenir qui je suis, mieux que je suis, meilleur que je suis  donc de l’ogre (l'autre mais que je suis aussi), je peux passer à moi, dans le miroir de ce fait social global. Et l’ogre, s’il me lit, ou tout autre lecteur, sera peut-être renvoyé à son miroir. Comment je me comporte avec les femmes, avec telle femme là dans cette situation réelle, ici et maintenant. Comment homme cultivant aussi son féminin, puis-je être en empathie avec les femmes humiliées ? Et femme, cultivant son masculin, puis-je être en empathie avec la sexualité « lourde » du mâle.

Maintenant, je signe JEANNE-CLAUDE GROSSE.

- facilité 2 s’il y a crime, que la justice fasse son travail; je ne suis pas juge et je ne serai donc ni ministère public ni défenseur de plaignantes ou d’accusé; je ne suis pas non plus législateur et je ne dirai pas quelle définition légale du viol est aujourd’hui celle qu’il faut élaborer, poser, en particulier sur la question du consentement; étant un peu sociologue, je dirai éventuellement que la justice est peut-être en retard parce qu'encore patriarcale, encore raciste, encore suprémaciste blanche; je dirai peut-être comment je réagis à ce qui se révèle être au sens sociologique, un fait social global.
Le concept de fait social est forgé en 1895 par Émile Durkheim, dans son livre Les Règles de la méthode sociologique. Le fait social est défini comme « toute manière de faire, fixée ou non, susceptible d'exercer sur l'individu une contrainte extérieure; ou bien encore, qui est générale dans l'étendue d'une société donnée tout en ayant une existence propre, indépendante de ses diverses manifestations au niveau individuel ».

L’affaire montée en épingle de la chute de l’ogre nous renvoie à nos comportements les plus intimes et plutôt que d’être « campiste » (du camp des femmes, contre le camp des hommes, ou l’inverse, ou toute autre position de « juste » milieu;  j’ai lu les hommes violent, les femmes mentent), je veux bien me regarder dans le miroir comme le fait le personnage de Angel Heart finissant par se reconnaître comme le meurtrier d’au moins 5 personnes.

 - facilité 3 il faut séparer l’homme et l’artiste;

si je suis cohérent, de l’homme, je ne sais rien, je ne saurai rien et même un psychanalyste aura du mal à parler de son patient puisque c’est le patient qui fait le travail sur lui, qui laisse faire ses instances faire leur travail inconscient (Anouk Grinberg dit de lui qu'il est fou, détraqué mental; à prendre avec des gants);

si je suis cohérent, je ne sais pas ce que c’est un artiste et ce qu’est le mystérieux processus alchimique de l’acte créateur; mettre l’artiste à part, comme vision, comme liberté, comme engendrement … me semble une déification-réification sclérosante, enfermant l’artiste dans un statut, un rôle (l’artiste maudit, l’artiste mécéné-subventionné, le bouffon du roi);

la société n’a pas opéré de même avec le sage, l’ermite, le mystique, le saint, le fou; donc là encore, user du miroir pour me demander quel homme-femme veux-je être à partir de ce que je crois être ?

Quelle valeur, quelle place, accorderai-je au créateur en moi (de mots = poète, de notes = musicien, de formes = peintre) que je suis possiblement, potentiellement comme tout un chacun,

au sage méditant, au mystique soufi, au fou de l’océan dans une goutte, à l’ermite ascète et aboyeur du mont Athos, au père du désert, au colibri qui fait sa part, au philosophe qui pense, au clown qui fait rire, à l'ogre qui fait peur, au monstre que je suis, à l'enfant "innocent" que je reste

car tout cela, je le suis possiblement, potentiellement; plutôt élargir que séparer, globaliser sans vouloir clore l’enveloppe sur elle-même,

élargissement en hélice, en spirale et non en cercle, en sphère

Donc, il ne s’agit plus de parler de l’ogre, de l’homme, de l’acteur, tout cela indéchiffrable, mélangé.

Je peux me faire tout de même une opinion, la partager, avec prudence.

Tout ce qu’on dit, écrit sur l'ogre est notre légende, ce que nous croyons qu'il est, ce que nous croyons être réel et qui n'est que notre mirage.


Il s’agit de se regarder, à partir de ce fait social global, par exemple

dans le miroir de l’amour devenant si facilement haine, ressentiment, jalousie,

dans le miroir des ambivalences, des oui qui sont des non, des non qui sont des oui, des corps qui accueillent quand des mots disent le refus, du bas du corps qui dit ça et du regard qui dit pas ça ou l’inverse, de ce que l’on appelle la zone grise à propos du consentement,

dans le miroir des pulsions de vie et de mort, d’éros et de thanatos,

dans le miroir de l’impossible récit de l’insistante question d’où venons-nous (17 milliard d’années d’évolution pour cet univers dont nous sommes la mémoire incarnée, vivante),

dans le miroir de l’énigmatique question où allons-nous (pour moi, au suicide de l’espèce).


Conscient que les échanges sur FB sont assez peu constructifs, j’opte pour un article sur mon blog, moins visité.

 

des hommes justes

des hommes justes

EMPRISE / HARCÈLEMENT / VIOL / CONSENTEMENT / DÉNI
Je pense qu'il est temps que les hommes qui n'ont pas/plus la conscience tranquille le disent.
En tout cas c'est ce que je vais faire ici.
Voilà cinq années que je revisite ma vie sentimentale et sexuelle.
Je suis né en 1951 et d'une certaine manière je considère que j'ai eu plusieurs vies sentimentales, sexuelles, amoureuses. Du refoulement quasi pathologique des pulsions durant mon enfance et adolescence catholique à l'abstinence volontaire (ou pas) durant certaines parties de ma vie, de la fameuse "libération sexuelle" des années 70 à l'ordre/désordre familial, des amours multiples à l'amour absolu.
A priori je suis quelqu'un qui dis de lui même et qui pense de lui même qu'il "aime les femmes" et qu'il aime ses propres "histoires d'amour".
Il y a 5 ans, une personne qui m'est très chère m'a dit à quel point notre "relation sexuelle" lorsqu'elle avait 17 ans et moi vingt de plus lui avait pesée toute sa vie. Elle ne m'en voulait pas mais elle souhaitait que je réfléchisse et trouve mes mots pour le dire et pour m'excuser.
Je n'ai jusqu'à présent (jusqu'à cette lettre que je suis en train d'écrire) pas pu trouver ces mots car la remise en question était telle que c'est toute ma vie et ma relation à l'autre (à toutes les "autres") qui aurait été questionnée.
Il est probable que ce qui se dit à propos de Depardieu et ses justifications grotesques et grossières me poussent dans mes propres retranchements.
Je ne me reconnais pas en lui.
Et pourtant dans son déni de la réalité qui lui est rappelée chaque jour émerge le mien.
J'ai passé ma vie de metteur en scène pour le théâtre (50 années) à "visiter" les textes relatifs aux violences faites aux femmes et à leurs tentatives de dépasser la "domination masculine" celle du Père, celle du Frère, celle du Mari, celle de l'Amant...
Inceste, viol, assassinat, torture, folie, pédophilie, infanticide, féminicide... le théâtre tragique et la littérature tragique ne parlent que de cette violence à laquelle on résiste et/ou on succombe.
Et bien si je prends chaque mots de la liste, de ma petite enfance à la vieillesse, je peux dire que j'en sais quelque chose.
Mais à la lisière.
Car j'ai toujours su/pu m'arrêter à l'orée du "passage à l'acte" criminel.
Le champ de la sexualité est plus que vaste.
Il est la vie même, de la naissance à la mort.
Il nous ouvre à l'inconnu, à l'archaïque, au répétitif, à l'abject, au terrifiant, au magnifique.
Mais aussi à l'économique, au "marché", à "l'offre et à la demande".
Les règles édictées par les religions ne se conforment pas aux lois, loin s'en faut. Et la morale peut ne pas s'accorder à l' éthique. Le tout étant en perpétuel évolution ou régression, conflit ou apaisement.
Aujourd'hui et au point où j'en suis, je ne peux que reconnaitre le mal que j'ai pu faire à plusieurs femmes. En les harcelant de mon désir camouflé en tentative de séduction/persuasion. En refusant d'entendre leur "non" là ou je mettais du "peut-être si" ou du "pourquoi pas". Dans certaines circonstances paroxysmiques en leurs faisant peur, en étant menaçant, injurieux, impoli.
Et en conséquence m'excuser pour ce mal et pourquoi pas "réparer" si c'est encore possible.
Le romantisme que j'ai lu, visité, aimé, nourri est au fond l' espace lexical du harcèlement, du désespoir lorsque "ça ne marche pas", du refus de l'excuse en considérant que c'est toujours l'homme qui souffre le plus.
Sur ce "mur" je m'adresse à la multitude.
Des paroles masculines sont attendues par les femmes.
Je suis prêt à poursuivre.
Bruno Boussagol, 29 décembre 2023
enfin à contre-courant du courant

enfin à contre-courant du courant

VOEUX 2024
ENFANCE / VIOLENCE / VIOL / SECRET / TRAUMA / THERAPIE / AVEU / REPARATION
Depuis que j'ai envoyé mon dernier post sur Facebook, les réactions des un(e)s et des autres m'ouvrent des perspectives nouvelles.
J'ai longtemps pensé que les traumatismes sexuels de l'enfance et de l'adolescence pouvaient se régler par la psychanalyse.
Je le pense d'autant plus que j'ai fait une analyse lacanienne durant 10 années.
Terminée il y a plus de 25 ans maintenant.
Excellent analyste.
Excellente analyse.
Tout à très bien fonctionné comme dans les livres.
Et je m'en suis sorti.
Pourtant aujourd'hui, même si je crois toujours aux vertus de l' analyse, je suis convaincu que la dimension public de l'aveu est le véritable recours/secours.
C'est bien sûr ma pratique inlassable du théâtre tragique qui me souffle ce constat.
Mais aujourd'hui c'est MeToo qui confirme et d'une certaine manière renouvelle fondamentalement l'analyse.
Pour l'instant ce sont les/des femmes qui sortent de la sphère privée (travail/couple/famille) pour dénoncer publiquement / médiatiquement / judiciairement leurs agresseurs / abuseurs / violeurs.
La littérature pornographique et l'art, l'étude de l'inconscient et de ses productions nous ont familiarisé à la sexualité humaine jusque dans ses retranchements les plus pervers.
Mais qu'en est il du réel ?
Et qu'en savons nous d'expérience ?
Pour la plupart des femmes c'est de trauma dont il est question.
Ce " cri transparent " nous l'entendons tous les jours, au plus près de chacun et de partout dans le monde.
Je dis " transparent " pour traduire ce silence que nous imposons justement par l'art, la littérature, la coutume, la loi, la religion, l'organisation sociale, la domination.
L'amour ne peut / doit plus être considéré comme un champ neutre, privé, hors la loi.
Ni le désir.
En aucun cas une justification aux contentions physiques et psychiques.
La remise en question du fait / point de vu masculin doit être totale / globale pour comprendre ce dont il s'agit vraiment et que changent fondamentalement nos rapports.
Elle ne peut être que collective et publique.
C'est ce que je nous souhaite pour 2024.
Bruno Boussagol, 2 janvier 2024
Ça m’a beaucoup intéressé de travailler avec Gaby dans la 2° vidéo pour le choix des animations infographiques, générées en partie par des mots du texte
Aucune comparaison entre la 1° et la 2° version you tube  du même poème final Kormorgasmik
d’une série de poèmes inédits et qui le resteront (60 pages)
Métamorphosis
dont voici le 1°, 
Papillon de nuit et fleur équinoxiale, écrit nuit d’équinoxe à 22 H 24’ 24", 
Kosmorgasmik étant rendu public, nuit de solstice à 3 H 27’ 19"
raison suffisante pour livrer ce poème 
aux vents et aux sables aux pollens et aux écumes
 
 
Metamorphosis
 
Poème venu de la nuit du 20 au 21 mars 2023 
1° nuit du printemps
équinoxe à 22 H 24’ 24’’ 
égalité de la nuit et du jour
12 H chacun
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Metamorphosis
du sourire de chat sans chat
 
Papillon de nuit et fleur équinoxiale
 
La fleur équinoxiale :
assise dans coin droit du canapé
bien
 
Le papillon de nuit :
s’assoit à côté d’elle
 
Son corps d’elle-fleur pas bougé
Son corps intérieur s’est ramassé en boule
Chatte 
L’instant du suspens
Accueil de la caresse ?
Coup de griffe acéré ?
 
Son corps de lui-papillon pas bougé
Son corps intérieur s’est déployé
Désir d’homme
Prendre visage dans les mains ?
Poser lèvres sur sa bouche ?
L’instant de l’impulsion
 
Au-dessus d’eux
nuit enlunée
sourire de chat sans chat
 
Chut 
chute
Culbute
 
La boule de fourrure noire électrique
aux pupilles mystiques se love 
coin gauche du canapé
parapet du vertige
 
Verte tige, tu me fais éjaculubrer
 
La chatte - mon dieu, il est fou !
 
2° version avec boobs générés par le logiciel  aux anges
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Dolly / Edgar et Diane Gunzig

2 Janvier 2024 , Rédigé par grossel Publié dans #FINS DE PARTIES, #SEL, #agoras, #amitié, #amour, #engagement, #histoire, #les entretiens d'Altillac, #notes de lecture, #pour toujours, #vide quantique, #voyages, #écriture, #épitaphier, #vraie vie, #éveil

Dolly / le photographe de Mauthausen / Relations d'incertitude
Dolly / le photographe de Mauthausen / Relations d'incertitude
Dolly / le photographe de Mauthausen / Relations d'incertitude

Dolly / le photographe de Mauthausen / Relations d'incertitude

Dolly (sorti chez Lamiroy en Belgique en septembre 2023) a été placé sous le sapin par mère Noëlle qui est allée le chercher à la fabuleuse librairie Tropismes à Bruxelles, pendant le week-end du 24 au 26 novembre car impossible de trouver en librairie française un livre édité par un éditeur belge
alors finir l'année 2023 par la lecture en deux jours de Dolly d'Edgar Gunzig et Diane Gunzig avec une postface de Thomas Gunzig , le petit-fils de Dolly
c'est un moment fort en lien
avec la lecture que j'avais faite du manuscrit que m'avait envoyé Edgar
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Edgar Gunzig reçoit le vendredi 13 juin 2015, la photo sauvée par Francisco Boix de son père, assassiné le 28 février 1942 à 8 H 30 à Mauthausen (il a 37 ans) et se lance dans la reconstruction très documentée de l'histoire de son père intimement liée à l'histoire des Juifs de l'est de l'Europe, ici la Tchécoslovaquie
la photo n'est pas reproduite dans le récit, beau geste puisque le livre ramène à la vie celui dont le nom était inscrit dans le Totenbuch de Mauthausen et qu'avait découvert en octobre 1945, le soldat américain Jo Stripounsky, neveu de Dolly, matricule 11552; ils s'étaient séparés le 10 mai 1940, à la frontière française; Jo et sa famille, belges, avaient pu entrer en France puis partir pour les Etats-Unis. Dolly, tchèque, avait été refoulé avec Rachel.
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Dolly,
c'est une plongée
- dans une histoire de tresse entre Histoire avec grande H et histoires de personnes militantes, principalement juives, motivées par des idéaux de justice, de solidarité (Jacques, Rachel, la mère d'Edgar, et tant d'autres)
- se tressent
les conditions de l'arrivée au pouvoir d'Hitler et du nazisme, de la solution finale (Shoah), de la 2° guerre mondiale, de la confrontation à mort avec le stalinisme (le bolchevisme juif, dixit Hitler) après l'épisode du pacte germano-soviétique
et les intrications avec le parcours militant de Jacques Gunzig, père d'Edgar Gunzig, se retrouvant par choix idéologique de sioniste laïque dans un kibboutz en Palestine en 1931 et comprenant sur place que le sionisme n'est pas la solution à la question juive, d'où son choix du communisme
- c'est un retour sur mes douze années de militantisme trotskiste
Jacques Gunzig fut faussement accusé par deux commissaires politiques staliniens de déviationnisme trotskiste (cela se traduisait le plus souvent par une balle dans le dos, beaucoup de militants du POUM et d'anarchistes furent assassinés par les staliniens) pendant sa participation de 1937 à 1939 avec sa femme Rachel (Edgar naîtra en Espagne, à Mataro, le 21 juin 1938) aux Brigades Internationales en soutien aux républicains espagnols contre le putsch des nationalistes franquistes;
il n'eut pas le temps ni la possibilité de revenir sur son choix idéologique du communisme stalinien; il n'a rien su des procès, des purges, des famines provoquées, du goulag
je suis convaincu que la solution n'est pas du côté du trotskisme, pas du côté de la révolution ou de la grève générale,
et, c'est une conviction récente, pas du côté de la démocratie soi-disant représentative;
j'avoue ne plus savoir si le monde saura en finir avec le capitalisme ou si le capitalisme débouchera sur le suicide de l'humanité
- c'est en résonance très forte avec ce qui s'est déclenché depuis le 7 octobre 2023 tant à Gaza (Hamas fasciste) + (réaction disproportionnée au service d'une politique de colonisation du gouvernement d'extrême-droite d'Israël) qu'en Cisjordanie (agressions des colons et militaires israéliens) et dont les conséquences désastreuses sont devant nous
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un livre qui devrait être lu par le plus grand nombre car le panoramique historique, géographique et idéologique balayé est vertigineux (sur plus d'un siècle avec le rôle du père de Jacques-Dolly, Ie rabbin Israël Gunzig, installé dans la synagogue de Lostice en Tchécoslovaquie)
et surtout peu connu
(avoir été militant révolutionnaire est de ce point de vue une chance car on a eu accès à une autre histoire de l'Histoire que les histoires officielles, sachant cependant que toutes les histoires sont toutes des histoires qu'on se raconte, des légendes, ni fausses, ni vraies, mais nécessaires et éphémères)
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merci au hasard (?) qui a permis à Edgar Gunzig d'accomplir avec Diane ce formidable travail d'épitaphier qui n'épuise pas son questionnement sur ce père perdu à l'adolescence (en particulier son rôle dans l'Orchestre rouge; pourquoi ne fuit-il pas lors du démantèlement de l'antenne bruxelloise ?)
mais livre aux lecteurs de quoi être ému, bouleversé, questionné, interpellé
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si vous voulez en savoir plus sur Edgard Gunzig, lisez Relations d'incertitude, co-écrit avec Elisa Brune ((1966-2018)
Edgard, physicien reconnu, propose à une jeune journaliste d'écrire un ouvrage de vulgarisation. Rapidement, la discussion scientifique se mue en une longue confidence à bâtons rompus. Du Big Bang aux cachots de la douane indienne, de la guerre d'Espagne à la Pologne communiste des années cinquante, de l'enfance cachée pendant la guerre au vide quantique générateur d'univers, Edgard livre les épisodes d'un destin plus que mouvementé.
Disponible en poche chez Espace Nord
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j'ai lu ce roman à sa sortie en 2004, rencontré Edgard Gunzig au salon du livre à Paris en 2005 et c'est ainsi qu'il m'invita à Peyresq Physics 12, les 19 et 20 juin 2007 puis que j'ai organisé sa rencontre avec Marcel Conche à Altillac, le 11 novembre 2009
le siècle de Marcel Conche avec le texte d'Edgar Gunzig rencontre de deux ignorants

le siècle de Marcel Conche avec le texte d'Edgar Gunzig rencontre de deux ignorants

Edgar Gunzig

rencontre de deux ignorants

Mon cher Marcel Conche,

Voilà plus de dix ans, le 11 novembre 2009 à Altillac, qu’eut lieu, à l’initiative de Jean-Claude Grosse, la rencontre de deux « ignorances », celle du philosophe annonçant d’entrée de jeu, sa méconnaissance de la physique et celle du physicien peu éclairé en philoso- phie.

Malgré le peu de compatibilité entre les deux discours, le scientifique et le métaphysique, l’échange fut vif, fructueux, très cordial et non dépourvu d’humour. Il me laisse un souvenir durable et joyeux.

Vous nous parliez de l’infini de la Nature, moi de l’infini de l’Univers.

Cet Univers qui existe depuis 13,7 milliards d’années mais aussi depuis toujours... Cette affirmation appa- remment contradictoire prend néanmoins tout son sens dans un contexte cosmologique novateur (1,2,3,4) : l’Univers n’a d’autre origine que...lui-même !

Il est sa propre cause et s’auto-engendre dans une dé- marche circulaire que les anglo-saxons désignent par l’expression « free lunch », créer quelque chose à par- tir de rien, sans faire appel à un point d’appui et sans apport d’énergie extérieure, par la seule mise en oeuvre adéquate de ressources, d’actions et d’énergies internes. L’expression « bootstrap », littéralement « se hisser en tirant sur ses bottes », se réfère à ce type de situation.

Le bootstrap se retrouve ainsi au coeur de toute dynamique autonome, toute activité qui s’auto- engendre, auto-consistante, fonctionnant en boucle fermée, indépendante de tout ce qui lui est extérieur. Il est à l’oeuvre dans tous processus scientifiques, phi- losophiques, artistiques...qui se créent, se façonnent réciproquement et s’enrichissent par le biais d’un jeu interactif entre l’oeuvre créée et son créateur. Ce dernier pourrait alors dire à l’instar de Montaigne à propos de ses « Essais »: « J’ai autant fait mon oeuvre qu’elle m’a faite »... et Marcel Conche ?

Que l’Univers lui-même puisse s’autocréer sans le recours à un quelconque « extérieur », d’ailleurs inexis- tant, traduit l’ouverture conceptuelle majeure qui bouleverse la physique d’aujourd’hui : la création d’une connivence indissociable entre le temps, l’espace, la matière et l’acteur essentiel, le « Vide Quantique ». C’est autour de ce dernier que s’articule un dialogue inattendu entre le contenant spatio-temporel et le contenu matériel de l’Univers : l’expansion de l’espace et son contenu matériel s’engendrent l’un l’autre dans un « bootstrap cosmologique » énergétiquement gratuit, une rétro-action géométrico-matérielle à l’échelle cosmologique : l’énergie gagnée par le contenu matériel créé étant intégralement puisée dans la géométrie dynamique de l’espace-temps. C’est elle qui, en retour trace les trajectoires des corps matériels et du rayonnement.

Les équations d’Einstein de la relativité générale représentent les contraintes mathématiques précises qui expriment les liens indissociables entre l’espace, le temps, la matière et ...le vide. Elles gèrent les rapports intimes qu’ils entretiennent au coeur des deux grands courants de la physique contemporaine, la relativité générale et la théorie quantique des champs. Elles décrivent une dynamique d’un genre nouveau, la rétroaction perma- nente entre le contenu de matière-énergie de l’univers et sa géométrie, situation sans précédent en physique.

Les questionnements essentiels, qui se posent au sein de ce cadre conceptuel, s’articulent autour de la manière dont l’expansion de l’espace-temps et son contenu matériel se conditionnent l’un l’autre. Autrement dit, comment ce contenu matériel quantique ressent-il cette expansion et, point capital, comment se comporte son état fondamental, par définition son état d’énergie minimale non nulle, le vide quantique ? Cette dynamique entrelacée se déroule sous la contrainte des équations d’Einstein semi-classiques : la géométrie de l’espace-temps y est décrite classiquement alors que son contenu matériel l’est quantiquement. L’expansion de l’espace produit sa propre énergie analogue à celle que produirait une source d’énergie extérieure, et crée ainsi son contenu matériel.

C’est comme si l’Univers possédait son extérieur énergétique en lui- même.

C’est pourquoi cette création, qui ne résulte que de transferts internes d’énergie, est ainsi globalement gratuite. C’est la stratégie la plus subtile jamais mise en oeuvre par l’univers, celle de son autocréation ! La mise au point de cette cosmologie autoconsistante, fut le fruit des travaux déployés par quelques physiciens (1,2,3,4) désireux de cerner le moment zéro de l’émer- gence physique de l’univers issu d’un vide quantique « primordial ». Celui-ci devient l’acteur central d’une histoire cosmologique semi-classique de l’univers. Ce vide quantique est par essence dépourvu de parti- cules réelles mais est le siège d’une mouvance irréduc- tible par principe, les fluctuations quantiques du vide, porteuses de l’énergie de ce niveau fondamental.

La création de particules au sein de ce vide, requiert un apport suffisant d’énergie à ces fluctuations pour qu’elles puissent se « matérialiser » et transporter alors l’équivalent énergétique de la masse de ces particules réelles ainsi créées. Dans ce contexte cosmologique, il n’y a pas d’« ailleurs » de l’univers d’où cette énergie pourrait être importée, semblant ainsi interdire a priori de telles créations.

Et pourtant, il nous est apparu (1,2,3,4) que l’univers en expansion est le seul système physique qui fasse exception : il contient en lui-même un réservoir énergé- tique dans lequel le champ peut puiser l’énergie qui lui convient. C’est dans un dialogue entre les fluctua- tions quantiques du champ matériel et la géométrie courbée de l’espace-temps qu’apparaît une forme inattendue d’énergie, celle qui est associée à l’expan- sion géométrique de l’univers, donc à la géométrie de l’espace-temps dynamique. Cette source géométrique d’énergie donne au vide quantique la possibilité de s’ex- primer cosmologiquement : l’expansion cosmologique de l’espace induit l’excitation du champ quantique, donc la création associée de particules matérielles. Cette matière ainsi créée rétroagit alors en conditionnant, à son tour, l’expansion qui lui a donné naissance... Extraordinaire serpent cosmologique qui se mord la queue ! Bel exemple de mécanisme de rétroaction régi par les équations d’Einstein. C’est une réponse surprenante et essentielle au questionnement relatif au pouvoir créateur du vide : ce processus de feedback géométrico-matériel peut en effet s’enclencher quel que soit l’état quantique initial du champ... même si c’est précisément son état de Vide.

L’existence préalable de matière n’est donc pas requise pour amorcer sa propre création. La totalité du contenu matériel de l’univers pourrait-il donc résulter de ce scénario autocréateur ? Si ce dernier est concep- tuellement attrayant, satisfait-il pour autant à toutes les contraintes de la théorie ? Autrement dit, est-il décrit par une solution des équations semi-classiques d’Einstein qui gèrent ce problème ?

Question conceptuellement excitante s’il en est.

Notre travail collectif (1,2,3,4) aboutit à une conclu- sion plus que satisfaisante : il existe bien une solution mathématique exacte qui décrit ce mécanisme cosmo- logique autoconsistant par lequel la matière, qui est entièrement produite par l’expansion, est précisément celle qui soutient cette expansion au sein d’un bootstrap géométrico-matériel. C’est un phénomène coopératif à l’échelle cosmologique, responsable de la produc- tion coordonnée du contenu matériel de l’univers et de son expansion : la matière créée par l’expansion en est également le moteur. Ce mécanisme coopératif de création souligne un rôle inattendu de l’espace-temps dynamique : le milieu matériel cosmologique s’engendre lui-même par espace-temps interposé́.

Cette prouesse cosmologique est donc énergétique- ment gratuite car elle ne résulte que de transferts internes d’énergie entre la géométrie et la matière, c’est donc un free lunch cosmologique.

Voilà comment le dialogue entre la relativité générale et la théorie quantique des champs pourrait ouvrir la voie à une histoire cosmologique d’un genre nouveau... l’émergence de l’univers à partir du vide quantique pri- mordial.

En dépit de la beauté formelle de ce mécanisme cosmologique autoconsistant exact, le physicien se doit de poser ici la question cruciale : cette solution mathé- matique a-t-elle des raisons physiques de se matériali- ser au coeur de ce vide quantique ?

La réponse positive à ce questionnement résulte d’une propriété ésotérique de ce milieu particulier : son éner- gie étant la plus basse des énergies compatibles avec les règles du jeu quantique, elle ne peut descendre sous ce seuil et ne peut ainsi que rester constante au cours de l’expansion, propriété étrange qui implique- rait que la pression du vide quantique serait négative et engendrerait par cela même un effet gravitationnel répulsif, une antigravitation. C’est elle qui induirait l’expansion et lancerait la création autoconsistante de matière. Un hypothétique vide quantique primordial soumis aux effets de son autogravitation répulsive ne pourrait dès lors que se transformer en un univers matériel en expansion...le nôtre?

L’histoire cosmologique de l’Univers ne résulterait pas de l’explosion mathématique, cataclysmique, infinie de Tout dans Rien, le Big Bang, mais émergerait physi- quement, sans fracas énergétique, d’une instabilité d’un vide quantique primordial soumis aux effets de son au- togravitation répulsive.

Cette propriété déterminante ouvre la voie à des his- toires cosmologiques inconcevables dans le cadre de la cosmologie einsteinienne classique : l’expansion de l’univers naissant est exponentiellement accélérée, sans commune mesure avec l’expansion décélérée du modèle cosmologique standard, c’est une inflation cosmologique. Cerise sur le gâteau : c’est elle qui éradiquerait un grand nombre de ses pathologies et énigmes.

Voilà mon cher Marcel Conche comment l’univers en expansion pourrait se faire naître lui-même. Il s’inspirerait ainsi du Dieu du « Livre des morts de l’Egypte ancienne » clamant : « Je me suis engendré moi-même à partir de la substance originelle que j’ai faite. »

1. R. Brout, F. Englert, E. Gunzig, « The Creation of the Universe as a Quantum Phenomenon, Ann. phys., 115, 78, 1978.

2. E. Gunzig, P. Nardone, « Self-Consistent Cosmology, The Inflationary Universe and all that... », Fund. Cosmic. Phys., 11, 311-443, 1987.

3. E. Gunzig, « Du vide à l’Univers », dans « Le Vide, Univers du Tout et du Rien », 467-486, Ed. Complexe ( Bruxelles, Paris), 1998.

4. E. Gunzig, « Variations sur un même ciel », Ed. la ville brûle (Paris), « Cyrano, le bootstrap et l’histoire cosmologique du vide », 249-266, 2012.

Ce petit travail n’aurait pas vu le jour sous cette forme sans le soutien de ma femme.

Merci Diane, Edgar.

ENTRETIEN ENTRE UNE COSMOLOGISTE ET UN PHILOSOPHE

ENTRETIEN ENTRE UNE COSMOLOGISTE ET UN PHILOSOPHE

JEAN-CLAUDE GROSSE

OPACITÉ/TRANSPARENCE

ENTRETIEN ENTRE UNE COSMOLOGISTE ET UN PHILOSOPHE

10 août 2013. Soirée (g)astronomie au gîte de Batère, 1 500 mètres d’altitude, à Corsavy. Ciel constellé. Pour observation après le repas.

Ont été invités Ada Lovelace, descendante de Lord Byron, 36 ans, cosmologue, génie du calcul intensif et Marceau Farge, fils de paysans corréziens, 91 ans, philosophe naturaliste d’une grande liberté d’esprit.

MARCEAU – Je me suis souvent demandé, Madame, ce que nous apportait la science: des certitudes valables un temps seulement, souvent contestées du temps même de leur prééminence, sur lesquelles s’appuient des volontés intéressées de maîtriser la nature et l’homme. N’est-ce pas ainsi qu’il faut voir la recherche acharnée des constantes universelles ?

ADA – Les quinze constantes physiques actuelles sont d’une précision et d’un équilibre qui nous ont rendu possible: matière, vie, conscience. Votre méditation métaphysique, cher Marceau, n’est qu’une spéculation solitaire sans vérifications. Les chercheurs avec leurs télescopes comme Hubble captent des lumières (la gamma, la X, l’ultraviolette, la visible, l’infrarouge, la radio) de plus en plus faibles provenant de l’univers (sans lumières, ils sont dans le noir). Voir faible c’est voir loin dans l’espace indéfini et tôt dans le temps immense. Nos tâtonnements lents, rigoureux, collectifs, débouchent sur un modèle d’univers cohérent et beau, en symbiose avec nous.

MARCEAU – La disproportion entre l’opacité et la clarté ne plaide-t-elle pas pour la méditation impatiente et quasi- aveugle sur l’opacité? Elle ne dérange pas l’ordre des choses étant sans volonté de puissance, sous-jacente au désir de savoir.

ADA – Vous provoquez là ! Votre métaphore n’a rien d’aveuglant. Nous, chercheurs, mettons en place des notions nous permettant d’éclairer l’opacité : hasard, chaos, inflation, singularité, fluctuation quantique. Nous voyons se multiplier les paradoxes qui mettent en difficulté nos modèles à contraintes et constantes

MARCEAU – la métaphysique a inventé des modèles depuis longtemps. Anaximandre, son infini, son germe universel, Héraclite, le feu comme principe de création, destruction, bien avant votre big bang, Démocrite, ses atomes, Épicure, le clinamen (une déviation, une mutation). La contemplation ouvre sur des visions développées en métaphores

ADA – vos métaphores métaphysiques, Marceau, sont figées. Nos paradoxes scientifiques sont dynamiques. Pensez aux effets du paradoxe EPR (1935) qui révèle qu’ici est identique à là (1998). Observer en 1998 que l’expansion de l’univers, décelée en 1929, est en accélération oblige à poser l’existence d’une énergie répulsive responsable de cette accélération: l’énergie noire. Les calculs intensifs, pétaflopiques, bientôt exaflopiques, que j’entreprends avec les calculateurs Ada et Turing sont réalisés pour tenter de la caractériser avant de la déceler.

MARCEAU – On a donné votre prénom à un calculateur pétaflopique ? (Elle rit.) Rien n’interdit ma méditation de se nourrir de vos calculs. Échange chiffres contre images. Pour évoquer la recherche de la vérité, j’imagine un archer tirant dans le noir. Où est la cible ?

ADA – Les constantes sont d’une telle précision qu’il faut que votre archer vise une cible d’un centimètre carré, placée aux confins de l’univers. Enlevez un 0 à 1035 et vous avez un univers vide, stérile.

MARCEAU – Savoir que nous sommes des poussières d’étoiles dans un univers anthropique, connaissances scientifiques du jour, enrichit ma pensée de la Nature, m’évite de m’égarer dans une théologie créationniste ou dans une métaphysique matérialiste, déterministe et réductionniste comme celle du Rêve de d’Alembert de Diderot

ADA – d’autant que nous distinguons deux sortes de matières, la matière lumineuse, visible, connue et la matière noire, jamais observée, inconnue, comme l’énergie noire

MARCEAU – si vous permettez que je vous appelle Ada, le noir, Ada, semble dominer en astrophysique

ADA – 73 % d’énergie noire, 23 % de matière noire, 4 % de matière ordinaire dont 0,5 % de matière lumineuse, telles sont les proportions proposées aujourd’hui pour l’Univers

MARCEAU – soit 0,5 % de clarté pour 99,5 % d’opacité. Le raccourci de la méditation sur le Tout de la Réalité me convient mieux que le long chemin sinueux de la connaissance parcellaire qui bute sur le mur de Planck.

ADA – Cela nous mène où, Marceau ?

MARCEAU – vous Ada à savoir presque tout sur presque rien, moi à voir la Nature comme infinie, éternelle, un ensemble ouvert, aléatoire, en perpétuelle création de mondes inédits, ordonnés, périssables, inconnaissables. Notre conversation par exemple n’était pas programmée bien qu’annoncée. Elle est inédite et restera unique. Parce que c’est vous, parce que c’est moi. L’infini ne s’épuise pas et ne se répète donc pas. Dans de telles conditions de créativité au hasard et d’inconnaissance de cette créativité, la seule attitude me semble être le respect de ce que je ne peux connaître complètement selon le théorème de Gödel de 1931.

ADA – Connaisseur à ce que j’entends. Le chemin de la connaissance scientifique est à l’opposé de votre raccourci méditatif sur le Tout. Il ne vise à expliquer que du détail, même aux dimensions de l’Univers. Il rend compte de ce qui existe par des lois et du chaos, facteur de créativité.

MARCEAU – Pourquoi ce détail, Ada, l’origine de l’Univers, plutôt que tel autre ? parce que la métaphysique vous attend aux confins. Expliquer par du nécessaire et du contingent n’empêche pas les trous noirs entre les différents domaines expliqués incomplètement.

ADA – Ce sont les visages troués de votre Nature.

MARCEAU – Je médite sur ces visages mais j’en vois les limites, Ada. L’Univers n’est pas la Nature. Vous vouliez un tableau fidèle. La Réalité vous impose le flou quantique.

ADA – Votre raccourci vous a demandé une vie pour déboucher sur une métaphore de dix lignes

MARCEAU – sur l’étonnement et l’émerveillement, chère Ada. Ce qui nous a construits par asymétries et découplages, des atomes primordiaux aux éléments chimiques, puis par code depuis LUCA, des gènes aux hémisphères cérébraux, si dissemblables, le droit (celui des images), le gauche (celui des calculs). Ce qui nous a conduits par les chemins sinueux de la causalité probabiliste, par les raccourcis de la liberté, à Corsavy, aujourd’hui, pour contempler la Beauté.

(Il plonge ses yeux rieurs dans les siens. Elle rit.)

Handala, personnage créé par Naji al-ali. Il est apparu pour la première fois en 1969 dans le journal koweitien Alsiyassa (La politique). C'est un petit garçon âgé de 10 ans, c'est l'âge qu'avait Naji lorsqu'il avait quitté la Palestine, pieds nus comme tous les enfants qui habitent les camps de réfugiés palestiniens. Handala est situé dans l'espace sans terrain d'appui car il est sans patrie.

Handala, personnage créé par Naji al-ali. Il est apparu pour la première fois en 1969 dans le journal koweitien Alsiyassa (La politique). C'est un petit garçon âgé de 10 ans, c'est l'âge qu'avait Naji lorsqu'il avait quitté la Palestine, pieds nus comme tous les enfants qui habitent les camps de réfugiés palestiniens. Handala est situé dans l'espace sans terrain d'appui car il est sans patrie.

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Frank Cassenti

24 Décembre 2023 , Rédigé par grossel Publié dans #FINS DE PARTIES, #album, #cahiers de l'égaré, #engagement, #films, #pour toujours, #épitaphier

Réalisateur, scénariste et musicien, Frank Cassenti est le co-fondateur du festival de jazz de Porquerolles. Il préside l'association depuis 2001. Le livre Jazz à Porquerolles est paru aux Cahiers de l'Égaré en 2016 pour les 15 ans du Festival. Nous étions côte à côte à la fête du livre d'Hyères en 2016. / Le manuscrit de son roman attend son éditeur à titre posthume, travail d'épitaphier.
Réalisateur, scénariste et musicien, Frank Cassenti est le co-fondateur du festival de jazz de Porquerolles. Il préside l'association depuis 2001. Le livre Jazz à Porquerolles est paru aux Cahiers de l'Égaré en 2016 pour les 15 ans du Festival. Nous étions côte à côte à la fête du livre d'Hyères en 2016. / Le manuscrit de son roman attend son éditeur à titre posthume, travail d'épitaphier.
Réalisateur, scénariste et musicien, Frank Cassenti est le co-fondateur du festival de jazz de Porquerolles. Il préside l'association depuis 2001. Le livre Jazz à Porquerolles est paru aux Cahiers de l'Égaré en 2016 pour les 15 ans du Festival. Nous étions côte à côte à la fête du livre d'Hyères en 2016. / Le manuscrit de son roman attend son éditeur à titre posthume, travail d'épitaphier.
Réalisateur, scénariste et musicien, Frank Cassenti est le co-fondateur du festival de jazz de Porquerolles. Il préside l'association depuis 2001. Le livre Jazz à Porquerolles est paru aux Cahiers de l'Égaré en 2016 pour les 15 ans du Festival. Nous étions côte à côte à la fête du livre d'Hyères en 2016. / Le manuscrit de son roman attend son éditeur à titre posthume, travail d'épitaphier.

Réalisateur, scénariste et musicien, Frank Cassenti est le co-fondateur du festival de jazz de Porquerolles. Il préside l'association depuis 2001. Le livre Jazz à Porquerolles est paru aux Cahiers de l'Égaré en 2016 pour les 15 ans du Festival. Nous étions côte à côte à la fête du livre d'Hyères en 2016. / Le manuscrit de son roman attend son éditeur à titre posthume, travail d'épitaphier.

Frank Cassenti à Tournez La Plage : Festival D'Écritures Contemporaines [1ère ÉDITION], à La Ciotat en août 2017

Frank Cassenti à Tournez La Plage : Festival D'Écritures Contemporaines [1ère ÉDITION], à La Ciotat en août 2017

Jazz à Porquerolles / Juillet 2023 / 22ème édition / un des sept meilleurs festivals de l'été en France (dixit Le Monde) / Et ce fut  un plaisir d'applaudir celui que j'avais le bonheur d'accompagner depuis 2002 et qui aimait nous offrir dans la cour aux ombres fantastiques du Fort Sainte Agathe "des moments d'éternité" : Frank Cassenti, le génial inventeur de Jazz à Porquerolles. Qui nous faisait rêver en dehors du prêt à porter et nous comprendre en dehors du prêt à penser. Qui avait mis la culture, le cinéma, le théâtre, la musique, au coeur de sa vie, sans  rien trouver d'autre hors d'elle pour donner un sens à l'existence, aller à l'essentiel et "changer le monde". Sur ce chemin, il fut exemplaire. Aux premières heures de cet hiver, Frank Cassenti est parti tranquillement. F.Carrassan
Jazz à Porquerolles / Juillet 2023 / 22ème édition / un des sept meilleurs festivals de l'été en France (dixit Le Monde) / Et ce fut  un plaisir d'applaudir celui que j'avais le bonheur d'accompagner depuis 2002 et qui aimait nous offrir dans la cour aux ombres fantastiques du Fort Sainte Agathe "des moments d'éternité" : Frank Cassenti, le génial inventeur de Jazz à Porquerolles. Qui nous faisait rêver en dehors du prêt à porter et nous comprendre en dehors du prêt à penser. Qui avait mis la culture, le cinéma, le théâtre, la musique, au coeur de sa vie, sans  rien trouver d'autre hors d'elle pour donner un sens à l'existence, aller à l'essentiel et "changer le monde". Sur ce chemin, il fut exemplaire. Aux premières heures de cet hiver, Frank Cassenti est parti tranquillement. F.Carrassan

Jazz à Porquerolles / Juillet 2023 / 22ème édition / un des sept meilleurs festivals de l'été en France (dixit Le Monde) / Et ce fut un plaisir d'applaudir celui que j'avais le bonheur d'accompagner depuis 2002 et qui aimait nous offrir dans la cour aux ombres fantastiques du Fort Sainte Agathe "des moments d'éternité" : Frank Cassenti, le génial inventeur de Jazz à Porquerolles. Qui nous faisait rêver en dehors du prêt à porter et nous comprendre en dehors du prêt à penser. Qui avait mis la culture, le cinéma, le théâtre, la musique, au coeur de sa vie, sans rien trouver d'autre hors d'elle pour donner un sens à l'existence, aller à l'essentiel et "changer le monde". Sur ce chemin, il fut exemplaire. Aux premières heures de cet hiver, Frank Cassenti est parti tranquillement. F.Carrassan

Frank Cassenti, réalisateur engagé et passionné de jazz, est mort,

par Francis Marmande, Le Monde, 23 décembre, 18 H 00

Surtout connu pour son film « L’Affiche rouge », consacré, en 1976, aux résistants du groupe Manouchian, le cinéaste a aussi tourné plusieurs documentaires musicaux. Il s’est éteint

à La Ciotat (Bouches-du-Rhône), vendredi 22 décembre, entouré des siens, des suites d’un cancer fulgurant. Né le 6 août 1945 à Rabat (Maroc), dans un milieu, comme on dit, modeste, il avait 78 ans. C’est à Alger, en 1962, qu’il devient contrebassiste.

A 17 ans, étudiant à Lille, il fréquente la mouvance anarcho-communiste. Il codirige le ciné-club de l’Union nationale des étudiants de France avec Michèle-Annie Mercier. Ensemble, ils réalisent, en 1968, leur premier court-métrage, Flash Parc, indirectement produit par Jean-Luc Godard et sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes. A cette époque, avec Chris Marker et quelques camarades, il élabore un projet simple : le cinéma comme outil de lutte et d’expérimentation.

En 1973, Frank Cassenti réalise son premier long-métrage, toujours avec Michèle-Annie Mercier, Salut, voleurs ! (avec Jacques Higelin, Jean-Luc Bideau, Claude Melki et Laszlo Szabo). L’Agression (1973), court-métrage de fiction inspiré du très réel meurtre d’un travailleur immigré, est interdit par la censure. Interdiction levée après une campagne de presse. Le film devient un manifeste pour les réseaux associatifs qui luttent contre le racisme et les violences fascistes.

Prix Jean Vigo en 1976

Avec le producteur Pascal Aubier (Les Films de la Commune), Frank Cassenti réalise L’Affiche rouge (avec des comédiens et des rescapés du groupe Manouchian), tourné à La Cartoucherie de Vincennes, Prix Jean Vigo, en 1976. Expédié par Antenne 2 à Cuba en 1978 avec Régis Debray, Cassenti propose un reportage vite déprogrammé par les « esthètes » à la direction de la chaîne, Jean-Pierre Elkabbach, Louis Bériot et Patrick Poivre d’Arvor. La protestation du cinéaste est publiée par Le Monde.

En 1978, il signe un film épique, La Chanson de Roland, avec Alain Cuny, Pierre Clémenti et Laszlo Szabo. Cassenti rencontre Pierre Goldman, dont il veut adapter l’autobiographie, Souvenirs obscurs d’un juif polonais né en France (Seuil, 1975). Après l’assassinat de Goldman par un commando d’extrême droite, en septembre 1979, Cassenti réalise Aïnama, salsa pour Goldman, avec ses amis musiciens antillais et sud-américains.

En 1981, Cassenti réalise Deuil en vingt-quatre heures, série pour Antenne 2 avec Richard Bohringer, adaptation du roman de Vladimir Pozner qui évoque la débâcle de 1940. Prix de la critique, succès public.

Mémoire de ses origines

Avec Lettre à Michel Petrucciani (1983) et Archie Shepp. Je suis jazz… c’est ma vie (1984), celle de Cassenti devient aussi le jazz. Retour en Afrique (1993), filmé au Sénégal et sur l’île de Gorée, d’où partaient les esclaves, précède la comédie musicale Black Ballad (1990), avec les chanteuses Dee Dee Bridgewater ou La Velle. Arte produit ses nombreux documentaires sur les figures-clés du jazz, de Dizzy Gillespie à Nina Simone, en passant par Miles Davis et Abbey Lincoln.

Au théâtre, il met en scène Mademoiselle Else, d’Arthur Schnitzler, en 1990, et Novecento, d’après Alessandro Baricco (avec Jean-François Balmer), en 2001. Il tourne Le Testament d’un poète juif assassiné, d’après le roman d’Elie Wiesel (1987, Michel Jonasz et Philippe Léotard à l’affiche).

Avec Samuel Thiebaut, il fonde la société de production Oléo Films, en 2004. Pluie de documentaires sur les chants zoulou, la musique gnawa avec Gnawa Music. Corps et âme (2010) et La Nuit de la possession (tourné à Essaouira, en 2012), toute son œuvre toujours tournée vers « la rencontre de l’autre » et la mémoire de ses origines (le Maroc).

Déterminé et festif

Œuvre immense, généreuse, qui se condense dans le « festival des musiciens » Jazz à Porquerolles (à Hyères, dans le Var), qu’il crée, en 2002, avec Aldo Romano et Archie Shepp. Programmation insensée, dessinateur maison (Jacek Wozniak), festival aussi déterminé que festif, tout à son image. Cassenti y promenait sa silhouette élégante, sa classe de bassiste infatigablement actif, cet air de ne jamais s’en faire, et ce léger sourire de vraie modestie.

La chaîne TV5 Monde annonce la rediffusion de L’Affiche rouge en février 2024, à l’occasion du transfert au Panthéon de Missak Manouchian. Frank Cassenti était content que son film existe encore. Tout n’est pas perdu. C’est si drôle, un révolutionnaire rassurant.

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Frank Cassenti en quelques dates /

6 août 1945 Naissance à Rabat (Maroc)

1976 « L’Affiche rouge », prix Jean Vigo

1984 « Archie Shepp. Je suis jazz… c’est ma vie »

2002 Création du festival Jazz à Porquerolles (Hyères, dans le Var)

22 décembre 2023 Mort à La Ciotat (Bouches-du-Rhône)

Var-Matin du 24 décembre 2023

Var-Matin du 24 décembre 2023

“ AINAMA ”, salsa pour Goldman de Frank Cassenti

Par FRANCIS MARMANDE.

Publié le 23 septembre 1980 à 00h00, modifié le 23 septembre 1980 à 00h00

Quand Pierre Goldman est mort, le 20 septembre 1979, tué par un étrange commando qui se fait appeler Honneur de la police, Frank Cassenti se mit à filmer Pour tromper son chagrin, ou pour le rendre exact. Il a filmé des lieux de Paris brièvement, des lieux qu'aimait Goldman, et la place où il est mort. Et il a filmé de la musique aussi : parce que Frank Cassenti (l'Affiche rouge, la Chanson de Roland), musicien à ses heures – il est bassiste du Fusion Jazz Quartet, - sait filmer la musique sans bizarreries, mais selon son tempo propre, ses oppositions et il sait nous la faire aimer.

Il ne s’agit pas dans Ainama de n'importe quelle musique, mais de la salsa, cette musique que Goldman aimait à la passion, cette musique qu'il s'employait à faire connaître. Pour lui, la salsa, avec ses pulsations et les mots de ses tambours et le côté clinquant des cuivres, ne pouvait être dissociée des mouvements de libération d'Amérique latine qu'il avait connus ; et elle appartenait de plein droit à sa vie à lui, plus comme un rythme cardiaque que comme une musique de fond : " Mort et plaisir enfin réunis l'apaisent. "

Autour de ce cri de ralliement des musiciens afro-cubains, Ainama, la rage du plaisir et de la danse, on retrouve Azuquita (invité à Paris par Goldman), Henri Guédon (un de ses amis), le groupe Bidon K, l'étonnant Éric Cosaque et Voltage 8, bref tous ceux qui ont participé au concert Salsa pour Goldman. Et le film glissa imperceptiblement de l'événement qui l'a provoqué à des images de musiques et de danses simplement habitées par le souvenir de Goldman. Car la salsa a tout à fait cette gravité étourdie qui la fait aller de la mort ou de la misère au plaisir de l'oubli, sans jamais s'y perdre.

Inutile donc de reprocher au film cette tension maintenue entre deux pôles par quoi il semble esquiver tout en s'y prêtant, le portrait, l'analyse politique et l'analyse musicale. Il est plus que cela : le témoignage d'une sensibilité collective en prise directe sur un accident historique. On en jugera par l'émotion qu'il sait évoquer ou reconstruire autour de l'enterrement de Goldman (images fugitives de Sartre, pleurs et rage des tambours...) comme autour du concert ou des propos des musiciens. Ainama, par quoi on peut découvrir la salsa, est aussi un exemple rare d'impressionnisme – salsa, biographie et récit de Cassenti mêlés – mais d'impressionnisme objectif.

FRANCIS MARMANDE.

affiche de Ainama, salsa pour Goldmman, film de 1980

affiche de Ainama, salsa pour Goldmman, film de 1980

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